Salle Pleyel | Chanson, rock, musiques de films
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Salle Pleyel | Chanson, rock, musiques de films
Salle Pleyel | Chanson, rock, musiques de films | 08|09 MERCREDI 25 FÉVRIER, 20H SAMEDI 28 FÉVRIER, 20H LUNDI 29 JUIN, 20H John Zorn & Tzadik présentent la musique de Serge Gainsbourg Michel Legrand back in Paris : Le Grand Jazz Nosfell Le Lac aux vélies En 1960, sortait l’album Le Grand Jazz réunissant autour de Michel Legrand le must du jazz de l’époque. Un nouvel album à paraître fin 2008 propose le second volet de cette aventure. À cette occasion, un concert exceptionnel avec Le Big Band Michel Legrand réunit autour de cet artiste international ses amis jazzmen et propose une synthèse de son art. Labyala Nosfell, chant, guitare, narration Ensemble Bourgeois Orchestre National d’Île-de-France Christophe Mangou, direction Avec Sean Lennon, Elysian Fields, Marc Ribot & Ceramic Dog / Esther Balint, Cyro Baptista & Banquet of the Spirits, John Zorn... C’est en conviant des figures d’exception de l’underground new-yorkais que John Zorn et son foisonnant label Tzadik revisitent, de manière forcément décalée, l’univers de l’artiste français. mercredi 3 décembre – 20H Étienne Daho Nosfell, artiste polymorphe, déploie ses talents de conteur et de chanteur dans Le Lac aux vélies, un conte musical où se mêlent images, musique et danse. Étienne Daho, chant Mako, claviers François Poggio, guitare Marcello Giuliani, basse Philippe Entressangle, batterie Karen Kochafian, violon Camille Borsarello, alto Delphine Capuçon, violoncelle MARDI 23 JUIN, 20H vendredi 27 FÉVRIER, 20H Hommage à Boris Vian Michel Legrand back in Paris : Le cinéma Avec la participation de l’Orchetre National d’Île-de-France Michel Legrand a composé la musique de plus de deux cents films réalisés par les plus grands cinéastes. À la tête d’un orchestre symphonique et en présence de ses amis musiciens, il nous fait revivre cinquante ans d’aventures musicales et cinématographiques. Avec la participation du Big band Le Sacre du tympan Sous le regard complice de Jean-Christophe Averty, plusieurs artistes incontournables de la chanson française se réunissent à l’occasion du cinquantième anniversaire de la disparition du grand écrivain, poète, chanteur et musicien de jazz. Président : Laurent Bayle Notes de programme Éditeur : Hugues de Saint Simon Rédacteur en chef : Pascal Huynh Rédactrice : Gaëlle Plasseraud Correctrice : Angèle Leroy Maquettiste : Ariane Fermont Stagiaires : Marie Laviéville, Romain Pangaud Mécène de l’art de la voix Les partenaires média de la Salle Pleyel Imprimeur France Repro | Licences 7503078, 7503079, 7503080 Salle Pleyel Ce concert se déroulera sans entracte. Fin du concert vers 22h15. Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.sallepleyel.fr Étienne Daho 20 décembre 1978, un surveillant d’internat nommé Étienne Daho casse sa tirelire et fonde une association pour faire venir à Rennes un groupe punk parisien qu’il adore, les Stinky Toys, amenés par le couple Elli Medeiros et Jacno. 3 décembre 2008, le même Étienne Daho boucle un Obsession Tour triomphal par un concert apothéose Salle Pleyel. Trente ans séparent ces deux dates et Daho n’a presque pas changé. Il est juste devenu entre-temps l’un des chanteurs français les plus populaires et influents, il a publié neuf albums, imprimé des dizaines de refrains dans la mémoire collective, collaboré avec des artistes français et internationaux de prestige – de Françoise Hardy à Marianne Faithfull. Il a également initié presque toutes les évolutions importantes dans la chanson et la pop hexagonales depuis les années quatre-vingt, occupant ainsi une position enviée mais nullement contestée de parrain et de passeur, avec ce charme discret et cette intuition stylée qui l’auront protégé de l’usure de l’âge et des caprices de la mode. Un chanteur pop, dans la plus noble définition du genre, un peu à la Bowie, à la fois populaire et exigeant, sûr de ses choix et en perpétuel mouvement, étranger aux combines et usages de la « variété » mais compatible avec le goût du plus grand nombre. Une belle exception française, à l’instar d’un Bashung, d’un Christophe ou, autrefois, d’un Gainsbourg. Cette réussite n’est pas le fruit du hasard mais bien celui d’une obstination qui anime depuis l’enfance ce natif d’Oran, en Algérie, débarqué en France à l’âge de six ans et doublement déraciné : par la guerre et en raison d’une tragédie familiale désormais connue, où l’abandon d’un père l’aura plus tôt que beaucoup d’autres confronté à la violence des adultes. Enfant solitaire, Daho se réfugie dans la musique, qui lui ouvre un monde fantastique où la noirceur du Velvet Underground croise la candeur des yéyés sous un microclimat intime réchauffé par les harmonies solaires des Beach Boys et troublé par les comptines psychédéliques de Pink Floyd. Par chance, Daho a atterri à Rennes, qui devient lorsqu’il est étudiant la capitale française du rock au lendemain du punk, en connexion avec Londres et une certaine new wave existentielle dont le groupe Marquis de Sade constitue le fer de lance frenchy. C’est en compagnie des musiciens de Marquis de Sade, et particulièrement de leur guitariste Franck Darcel, que Daho enregistre ses premières maquettes qui attirent très vite l’attention du label Virgin, dont il devient la première signature française en 1981. Cette année-là, l’album Mythomane, produit par Jacno, ne remporte qu’un succès d’estime mais permet à Daho d’affirmer un ton et une empreinte résolument nouvelle dans la chanson française, avec cette distance chic inspirée du meilleur des sixties (Dutronc) et cette modernité d’écriture par flashs propre à l’Angleterre new wave. Dans un numéro d’Actuel, le nom de Daho est associé à une étiquette qui résume bien l’époque, celle des « Jeunes gens modernes » où l’on rassemble aussi bien Jacno que Taxi Girl, Lio et Marquis de Sade. Mais c’est à partir du single Le Grand Sommeil, fin 1982, puis de l’album La notte la notte début 1984, produit cette fois par Franck Darcel et marqué par l’introduction de synthés, que Daho commence à attirer l’oreille du grand public, notamment grâce au tube Week-end à Rome, promesse tenue de faire des années quatre-vingt une bulle à la légèreté apparente qui n’empêche pas la complexité des sentiments ni une certaine mélancolie que la voix veloutée de Daho exprime au plus juste. Avec Tombé pour la France, single triomphal de 1985, c’est la déferlante qui succède à la mini-vague, et la « Dahomania » y prend sa source pour véritablement tout éclabousser sur son passage avec l’album Pop Satori (1986), enregistré à Londres et fruit d’une collaboration d’écriture gagnante avec Arnold Turboust ou encore Jérôme Soligny sur la ballade folk Duel au soleil qui est aujourd’hui un standard, repris aussi bien par Luz Casal que par Laurent Voulzy. Leader d’une génération qui a considérablement fait bouger les lignes entre rock et variété (avec les Rita Mitsouko et quelques autres), Daho cultive avec beaucoup d’intelligence cette double appartenance, et si son cœur bat toujours pour le Velvet, Syd Barrett ou encore Jesus and Mary Chain, il est dépositaire d’une recette unique qui permet de conjuguer ces références underground avec les exigences moins élevées du Top 50. Loin de retomber comme tant d’euphories passagères, l’adhésion du public pour Daho va au contraire connaître un crescendo ininterrompu avec Pour nos vies martiennes (1988) et surtout Paris ailleurs (1991), couronnés par un double disque de platine. Enregistré à New York, ce dernier album, où les guitares dominent et où l’influence de la soul façon Tamla Motown, qu’il adore depuis toujours, se fait enfin entendre, constitue un virage en souplesse vers des thèmes plus adultes, plus introspectifs également. Étienne Daho ne se dissimule plus derrière des filtres adoucissants mais apparaît au contraire, à l’image de la pochette signée Nick Knight, sous un éclairage plus contrasté et ombreux. Il profite de sa notoriété de l’époque pour faire retourner en studio quelques muses plus ou moins célèbres comme Françoise Hardy, Dani ou Brigitte Fontaine, ou pour aider de jeunes musiciens comme Les Valentins, qui deviennent ses plus fidèles collaborateurs. Après une retraite londonienne, où il enregistre notamment avec le groupe Saint Etienne, Daho déboussole le public en 1996 avec Eden, album aventureux marqué par les sonorités électroniques, en phase avec cette french touch (Air, Cassius) qui le considère comme l’un des pionniers des noces entre chanson et électro. Malgré l’échec commercial relatif de l’album, Daho ose surprendre encore sur scène en s’appropriant dans une version solennelle et dépouillée Sur mon cou, extrait du Condamné à mort de Jean Genet. Après sa version de Mon manège à moi de Piaf en 1993, il dévoile ainsi la souplesse qui est la sienne lorsqu’il glisse vers des répertoires jugés intouchables. Son goût pour la sophistication musicale prendra toute sa mesure avec l’album Corps et armes (2000) réalisé à Abbey Road, tandis qu’avec le suivant (Réévolution, 2003) Daho s’emploie à retrouver la spontanéité rock de ses concerts. Autant de pistes différentes dont sa voix de plus en plus affirmée, ses mélodies vibrantes et ses textes à la fois intimes et universels constituent les balises inflexibles. Son dernier album, l’accueillant et bouillonnant L’Invitation, à l’automne 2007, qu’il a enregistré en grande partie chez lui, le révèle encore plus enclin aux confessions tout en préservant ce voile pudique et ces petits mystères qui font toujours de Daho un artiste à part, un continent à lui seul, dans la cartographie musicale française. Christophe Conte