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- Flash innovation et nouvelles technologies © DG Trésor er N°40 – 1 août 2012 SOMMAIRE Cybersécurité Audition au Sénat sur la protection du réseau électrique contre les cyberattaques Entreprises Un nouveau groupe de lobbying pour les leaders du Net Marissa Mayer parviendra-t-elle à redresser Yahoo ? Librairie en ligne : Google poursuit sa conquête de l’Europe Présentation d’entreprise : Netflix La commission européenne ouvre une nouvelle enquête sur Microsoft Protection de la vie privée La reconduction du FISA Amendments Act de 2008 fait polémique FOCUS – Les entreprises innovantes s’inquiètent de l’échéance du crédit d’impôt recherche « R&D Tax Credit » Cybersécurité Audition au Sénat sur la protection du réseau électrique contre les cyberattaques Le 17 juillet a eu lieu au Sénat une audition sur « la protection du réseau électrique contre les cyberattaques ». Les membres du Comité de l’Énergie ont entendu M. McClelland, directeur du département « électricité » au sein de la Federal Energy Regulatory Commission (FERC), M. Wilshusen, directeur « Information & Technology » au sein du Government Accountability Office (GAO), M. Cauley, président de la North American Electric Reliability Corporation (NERC) et M. Snitchler, directeur de la Public Utilities Commission (PUC) de l’Ohio. Le sénateur Bingaman (D-NM), chairman du Comité de l’Energie, a rappelé que la protection des installations électriques contre les cyberattaques est l’une des préoccupations majeures du Sénat, tant chez les démocrates que chez les républicains. En effet, d’après le directeur de la National Intelligence, le nombre de programmes malveillants visant les installations américaines a triplé depuis 2009. De nombreux élus redoutent donc l’éventualité d’un « cyber 11 septembre » qui paralyserait le pays entier en endommageant les infrastructures électriques, largement contrôlées par des systèmes électroniques. Le sénateur Murkowski (R-AL) a confirmé l’importance majeure des enjeux de cybersécurité mais a indiqué que les républicains étaient hostiles à une intervention plus poussée du Department of Homeland Security (DHS) dans la sécurisation des actifs stratégiques américains (infrastructures énergétiques, mais aussi bancaires ou technologiques). Elle a également affirmé être opposée aux mesures qui renforceraient les contraintes AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE Flash Innovation et Nouvelles Technologies – 1 e r a o û t 2 0 1 2 © DG Trésor «bureaucratiques» - mise en place par une agence gouvernementale de standards de cybersécurité obligatoires sur les entreprises privées, qui gèrent actuellement 80% des infrastructures électriques aux Etats-Unis. Elle soutient en revanche la proposition de loi de la représentante républicaine Bono Mack - le SECURE IT Act - qui se concentre sur le développement de plateformes de partage d’informations entre les entreprises et avec les agences gouvernementales. manière active par plus de 500 entreprises. Lorsqu’une faille est découverte, la NERC envoie aux industriels un document en trois parties : une description de la faille, des recommandations et, le cas échéant, les actions essentielles qui doivent être mises en œuvre immédiatement. Cependant, comme il ne s’agit pas d’un standard, il n’y a pas de contrôle de la mise en application de ces recommandations. Les limites du système de protection actuel La protection du réseau électrique : entre production de standards de sécurité et partage d’informations Selon le GAO, le système de protection actuel est trop complexe pour répondre en temps voulu aux nouvelles menaces. En effet, quatre entités sont impliquées dans le processus : la NERC, la FERC, le DHS et le National Institute of Standards and Technology (NIST). L’Energy Independence and Security Act de 2007 a notamment chargé le NIST d’assurer l’interopérabilité des Smart Grid en coordonnant la mise en place de standards et protocoles de cybersécurité compatibles avec cette technologie. M. McClelland a rappelé les dispositions de l’Energy Policy Act de 2005 (EPAct 2005), qui donne autorité à la FERC pour nommer une entité chargée de développer et de mettre en application des standards de sécurité afin de protéger le réseau électrique national. La FERC a désigné la NERC pour remplir cette mission. Ainsi, la NERC propose des standards dont la mise en application, après approbation par la FERC, devient obligatoire pour les opérateurs et les propriétaires des infrastructures électriques. Pour M. McClelland, les réseaux électriques seraient, avec les infrastructures nucléaires, la seule industrie aux Etats-Unis qui possède un mécanisme de mise en place de standards de sécurité obligatoires au niveau national. Cependant, le directeur de la FERC déplore que les standards validés par son organisation soient limités aux cyberattaques et ne concernent pas les attaques physiques, tout aussi dangereuses - les Electro Magnetic Pulses (EMP) par exemple. Pour le sénateur Bingaman chairman du Comité de l’énergie, les systèmes actuels de production de standards et de partage d’informations sont insuffisants. En effet, soit la NERC propose des standards qui doivent être acceptés par la FERC, mais qui risquent d’être mis en application trop tardivement, étant données la lenteur et la complexité du processus ; soit la NERC envoie des alertes aux industriels, mais il est impossible de vérifier si ces derniers les prennent en compte. Dans le cas du DHS, qui partage de manière ad hoc des informations avec les entreprises, celles-ci ont souvent l’impression de beaucoup donner sans rien recevoir en retour, et réclament une garantie de confidentialité. En conclusion, le chairman a estimé que face au risque d’un « cyber Pearl Harbor », il est urgent pour les Etats-Unis d’adopter une nouvelle loi de cybersécurité : il soutient la proposition de loi Lieberman actuellement en examen au Congrès et a appelé à son adoption avant la fin de l’été. Au-delà cette stratégie de résilience (réduction des vulnérabilités par la mise en place de standards), la NERC a mis en place une stratégie de réponse rapide. Elle a ainsi développé une plateforme de partage et d’analyse de l’information, qui lui permet de transmettre aux entreprises des alertes circonstanciées : l’Electricity Sector Information Sharing and Analysis Center (ES-ISAC). Ce portail sécurisé est utilisé de Entreprises Un nouveau groupe de lobbying pour les leaders du Net Facebook, eBay, Google et Amazon ont annoncé la création d’un groupe commun de lobbying à Washington DC. L’Internet Association, présentée comme « la voix unifiée de l’économie numérique », sera dirigée par Michael Beckerman, ancien directeur adjoint du Comité de l’Energie et du Commerce de la Chambre des Représentants, et conseiller du représentant Fred Upton (R-MI). Alors que son lancement officiel est prévu en septembre, l’association a déjà ciblé les chantiers majeurs sur lesquels elle devra travailler : protection de la vie privée, taxation des ventes sur Internet, cybersécurité et respect des copyrights. AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE - 2 - Flash Innovation et Nouvelles Technologies – 1 e r a o û t 2 0 1 2 © DG Trésor Marissa Mayer parviendra-t-elle à redresser Yahoo ? Le mardi 17 juillet, Marissa Mayer est devenue la nouvelle directrice générale du groupe Yahoo, après avoir passé 13 ans chez Google. Diplômée de Stanford, cette ingénieure de 37 ans a été le 20ème employé recruté chez Google, et sera le 8ème CEO de Yahoo depuis sa fondation en 1995… et son 4ème depuis le début de l’année. 180 degrés, et pallier l’absence de vision claire par une stratégie davantage orientée vers l’innovation technologique. En effet, Marissa Mayer a été responsable pendant 10 ans de l'expérience utilisateur et de la technologie Search chez Google, avant de superviser le lancement et l’évolution des produits grand public - Gmail, iGoogle, Google Maps ou encore Google Offers. Elle s’est également illustrée par la création du programme Associate Product Manager (APM), vivier d’intrapreneurs qui regroupe et accélère la carrière des meilleurs talents de la firme de Mountain View. Cette crise de leadership témoigne du déclin apparemment inexorable du pionnier de l’Internet : chute du chiffre d’affaires de 7 à 5 Md $ entre 2001 et 2007, baisse continue de l’audience et du cours de l’action, réduction massive des effectifs... En cause : le modèle du portail, dominant au commencement d’Internet mais tombé en désuétude au fur et à mesure de l’expansion des moteurs de recherche et des réseaux sociaux. Aujourd’hui, l’identité même du groupe est en question : le core business de Yahoo doit-il être la technologie, le contenu, la recherche ou encore la vente d’espaces publicitaires ? Au-delà de ses compétences de manager et de technologiste, Marissa Mayer est réputée pour son ambition : à quatre reprises le magazine Fortune l’a classée parmi les 50 femmes les plus puissantes dans le monde des affaires. Ainsi, sa décision de quitter Google peut aussi s’expliquer par le plafond de verre qu’elle y a rencontré, particulièrement depuis la nomination de son fondateur Larry Page au poste de CEO en 2011 : d’abord intégrée à l’operating comitee – ou « L team » pour « Larry’s team » – elle est exclue de l’équipe dirigeante au bout de quelques mois. Enfin, le conseil d’administration de Yahoo a misé sur les incitations financières pour exploiter au maximum le potentiel de la nouvelle CEO : si son salaire de base annuel ne dépasse pas le million de dollars, les bonus et autres stockoptions pourraient lui rapporter plus de 60 millions de dollars supplémentaires. L’une des pistes privilégiées par les analystes consisterait pour Yahoo à se séparer à la fois de son activité de recherche – qui utilise depuis 2009 l’algorithme de Bing – en la cédant à Microsoft, et de ses technologies de ciblage marketing et de liens sponsorisés qui seraient vendues à Google. Le portail se focaliserait alors sur le divertissement et la diffusion de contenus, comme le suggèrent ses accords récents avec les chaînes CNBC et ABC. Cependant, la « Google Girl » qui vient de prendre les commandes du groupe pourrait opérer un virage à Librairie en ligne : Google poursuit sa conquête de l’Europe À la suite du Royaume-Uni, de l'Italie, de l'Espagne et de l'Allemagne, Google vient d’ouvrir sa librairie en ligne en France, après six ans de négociation avec les grands éditeurs français. Intégré au service Google Play, le catalogue contient plusieurs centaines de milliers de titres gratuits ou payants. Cette expansion intervient alors que Google négocie depuis plusieurs mois avec la Commission Européenne afin d’éviter une amende (qui pourrait aller jusqu’à 4 milliards de dollars) et la mise en place de lois plus contraignantes en Europe en matière de concurrence et de protection de la vie privée. Cette nouvelle offre devrait renforcer l’attractivité de la tablette Nexus 7 en termes de contenus numériques, face à l’iPad et au Kindle Fire. La stratégie de Google pour s’opposer à l’hégémonie d’Amazon sur son marché d’origine se heurte cependant aux contraintes règlementaires : son siège social étant situé en Irlande, la TVA sur ses livres numériques en Europe sera de 23%, contre 3% pour les filiales européennes de ses deux concurrents, enregistrés au Luxembourg. Alors que la Federal Trade Commission (FTC) commence à peine à examiner ces sujets aux Etats-Unis, de nombreux observateurs américains estiment désormais que les normes juridiques encadrant ces sujets seront davantage déterminés par les régulateurs européens, largement en avance sur leurs homologues des Etats-Unis. AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL - 3 - Flash Innovation et Nouvelles Technologies – 1 e r a o û t 2 0 1 2 © DG Trésor Présentation d’entreprise : Netflix Créée en 1997 à Los Gatos en Californie par Marc Randolph et Ree Hastings, la société Netflix proposait historiquement des services de locations de films et séries télévisées à ses abonnés via la livraison de DVD (puis disques Blu-Ray) par courrier postal, avant de lancer son offre de streaming sur internet. En 2011, Netflix affichait un chiffre d’affaires de 3,2 milliards de dollars et comptait 50 millions d’abonnés dans le monde, dont 24 aux Etats-Unis ; son catalogue comptait plus de 100 000 films. Nintendo pour obtenir une interface de diffusion Netflix sur les systèmes de navigation des machines : l’utilisateur peut dès lors visionner les vidéos en streaming directement depuis son canapé. Sur le même principe, Netflix établit des partenariats avec Vizio, LG, Sony ou Panasonic pour diffuser ses vidéos en streaming depuis les télévisions des fabricants ; par cette nouvelle stratégie, Netflix semble en fait décidé à attaquer le géant Apple sur son terrain : la diffusion multiplateforme. L’histoire de Netflix commence en 1997, quand Reed Hastings, son futur fondateur, se voit facturer une pénalité de retard pour un DVD de location ramené au magasin quelques jours après la date autorisée. Désireux de développer un service plus flexible, Reed Hastings s’associe alors à Marc Randolph et imagine un système de location illimitée ; ce modèle économique est alors – et restera – la recette du succès de l’entreprise. Concrètement, l’abonné paye une somme relativement réduite (proportionnelle au nombre de DVD qu’il souhaite pouvoir emprunter en même temps) et peut se faire livrer à domicile autant de films qu’il le souhaite tout au long de la durée du contrat. Le client peut dès lors conserver le - ou les - DVD chez lui autant de temps qu’il le désire avant de les retourner à Netflix, mais se sanctionne luimême en ne rentabilisant pas véritablement son abonnement : ingénieux système permettant à Netflix d’optimiser son service en laisser le client gérer lui-même son rythme et ses envies, tout en évitant les abus via la limitation du nombre de DVD conservés en même temps par l’abonné. Apple, seul concurrent sérieux, privilégie cependant le téléchargement définitif et la VOD à l’unité (sans abonnement). Amazon, via sa plateforme Amazon Prime, propose un catalogue à peu près aussi complet, mais la différence de prix est telle (3,99 dollars pour un film en moyenne chez Amazon contre 7,99 dollars mensuels pour une offre à volonté chez Netflix) qu’il est peu probable que ce nouveau concurrent détourne à terme le consommateur américain de son attrait pour les offres illimitées. Microsoft, Walmart ou Sony via leurs plateformes Zune (7,6% de parts de marché), Vudu (4,2%) et Playstation Store (2,4%) restent également trop en retrait sur le plan marketing pour remettre en question la domination de Netflix. Hulu, enfin, propose un service de VOD avec abonnement relativement complet et financièrement accessible, mais souffre de sa dépendance à la publicité qui alourdit considérablement le visionnage des programmes. Actuellement présent sur la quasi-totalité du continent américain, Netflix cherche désormais à s’implanter dans le reste du monde où peu d’acteurs, à part Apple pour la VOD, sont en mesure de proposer un service équivalent. Le 9 janvier 2012, Netflix a ouvert deux filiales au Royaume-Uni et en Irlande. L’arrivée en France et en Espagne semble imminente. Le succès commercial du groupe repose également sur le système de recommandations automatisées mis en place sur le site pour orienter l’utilisateur vers des films susceptibles de correspondre à ses goûts : en 2006, déjà, la société proposait un million de dollars de récompense pour le développement d’un algorithme affichant un taux de prédiction supérieur à 10% l’algorithme proposé, très efficace, est encore exploité en 2012. Le nombre d’abonnés du site progresse de façon spectaculaire, passant d’un petit million en 2002, à 5,6 millions en 2006. Néanmoins, outre les attaques en règle de ses concurrents, Netflix a essuyé de sérieuses difficultés en 2011, avec une chute du titre en bourse à l’été à la veille d’une hausse des tarifs, puis en octobre avec l’annonce de séparation des activités livraison de DVD et streaming en deux sociétés distinctes. Près d’un million d’abonnés avaient alors résilié leur contrat obligeant Netflix à faire machine arrière en trois semaines. Enfin les investissements à l’international seraient responsables du recul en bourse de la valeur Netflix au 1er trimestre 2012, qui enregistre sa première perte depuis 7 ans (4,6 millions de dollars contre un bénéfice net de 60 millions sur le 1er trimestre 2011), un chiffre d’affaires toujours en hausse +21% au 1er trimestre 2012, et de bons résultats en Irlande et en Grande-Bretagne. En 2007, Netflix développe une offre commerciale complémentaire via un système de streaming en ligne qui constituera le véritable tremplin de l’entreprise. Les vidéos consultées peuvent être visionnées à tout moment et de manière instantanée, sans publicité, et dans une qualité remarquable : Netflix écrase rapidement la concurrence et s’arroge 44% de parts de marché aux Etats-Unis en 2011 sur le créneau de la vidéo à la demande (VOD) avec abonnement. A partir de 2008, la société développe par ailleurs des partenariats avec les consoles Xbox de Microsoft, Playstation3 de Sony ou Wii de En attaquant les grands marchés d’Apple, Netflix cherche donc visiblement à mettre à terre son unique véritable compétiteur. AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE - 4 - Flash Innovation et Nouvelles Technologies – 1 e r a o û t 2 0 1 2 © DG Trésor Pour cela, la société bénéficie de l’avantage de proposer une offre physique (livraison postale) et numérique (VOD en streaming), contre laquelle Apple ne semble pas armée pour se défendre (pour preuve, en 2011, Netflix passe pour la première fois devant Apple sur le créneau de la VOD aux Etats-Unis). Dictant depuis longtemps déjà les lois du marché de la location physique aux Etats-Unis (la plupart des enseignes « survivantes » de location en magasin ayant, par exemple, dû lancer des offres d’abonnement illimité), Netflix apparait désormais préparé à imposer sa stratégie aux acteurs de la VOD qui oseraient encore lui résister. La commission européenne ouvre une nouvelle enquête sur Microsoft Le 24 juillet, Joaquin Almunia, commissaire européen chargé de la concurrence, a annoncé l’ouverture d’une enquête sur un « possible non-respect des engagements de Microsoft » sur le choix laissé aux utilisateurs de Windows en termes de navigateurs internet. Le commissaire a déclaré qu’une telle situation était « sans précèdent » et que Microsoft s’exposait à « de lourdes sanctions financières ». En effet, Microsoft avait été accusé de profiter de sa position dominante sur le segment des systèmes d’exploitation (avec Windows) pour imposer son propre navigateur Internet : Internet Explorer. En décembre 2009, la Commission avait donc obligé Microsoft à afficher pour les utilisateurs européens de Windows une fenêtre proposant plusieurs choix de navigateurs. Or, selon M. Almunia, « bien que Microsoft ait soumis un rapport à la Commission en décembre dernier, affirmant que cette fenêtre multichoix était toujours présente, nous avons reçu des indications par des tierces parties selon lesquelles Microsoft ne s'était pas plié à ses engagements depuis février 2011 ». Les soupçons concernent Windows 7 SP1, lancé en février 2011 et utilisé par plus de 28 millions d'utilisateurs. Protection de la vie privée La reconduction du FISA Amendments Act de 2008 fait polémique La tension monte au Congrès et dans la société civile autour des pratiques autorisées de surveillance des communications électroniques, et révèle la prise en compte grandissante par la population américaine de l’importance de concilier sécurité nationale et protection des données privées. Les citoyens américains réunis sous la bannière de l’American Civil Liberties Union, association non partisane de défense des libertés individuelles, et d’une dizaine d’autres associations de la société civile, ont entamé une croisade en vue d’obtenir plus de transparence et de protection. Le sénateur Ron Wyden (D-OR) et le Représentant Jason Chaffetz (R-UT) ont présenté un projet de loi qui impose un mandat obligatoire pour toute requête auprès des sociétés de télécoms et régule l’utilisation des données collectées. Ce projet pourrait devenir une composante de la loi sur la cybersécurité en cours de discussion au Congrès. Le Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA) de 1978, et le FISA Amendments Act de 2008 qui renforce le pouvoir des autorités américaines dans la collecte d’informations confidentielles, autorisent l’Etat, pour raison de sécurité, à collecter les données de télécommunications des citoyens américains de et vers l’étranger : listes d’appels téléphoniques, données de géolocalisation, sms… La société civile s’était émue des résultats de l’enquête diligentée par le Congrès (Cf. Flash n°39) qui révélait que les opérateurs de téléphonie mobile auraient répondu à plus d’1,3 million de requête des forces de l’ordre et services de l’Etat en 2011. L’enquête rapporte par ailleurs que les sociétés de télécoms mobilisent désormais une partie de leur personnel à plein temps à ces demandes et, pour certains, font appel à des prestataires externes, pour le contrôle de la légalité des requêtes par exemple. AT&T déclare avoir facturé 8,3 millions de dollars les agences fédérales et forces de l’ordre (contre 2,8 millions cinq ans plus tôt), pour défraiement, pour partie seulement, du coût de ces services. La semaine dernière, le gouvernement américain aurait pour la première fois reconnu que la Loi FISA contrevenait au 4ème amendement de la Constitution, de même que le fonctionnement de la Foreign Intelligence Surveillance Court, qui opère dans la confidentialité absolue du secret défense. Ce qui interdit de fait toute évaluation par le Congrès de l’importance et du caractère abusif ou non des données collectées et de l’utilisation qui en est faite (partage avec d’autres agences, stockage ?). AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE - 5 - Flash Innovation et Nouvelles Technologies – 1 e r a o û t 2 0 1 2 © DG Trésor FOCUS – Les entreprises innovantes s’inquiètent de l’échéance du crédit d’impôt recherche « R&D Tax Credit » La section 41 du Code des impôts, Research & Experimentation Tax Credit, communément appelée R&D Tax Credit, prévoit un crédit d’impôt accordé aux entreprises qui réalisent des dépenses de R&D aux Etats Unis. Introduite en 1981 par la Loi Economic Recovery Tax Act of 1981 pour stimuler l’innovation scientifique et technologique et contrer la perte de compétitivité internationale des entreprises américaines, cette mesure a été reconduite à plusieurs reprises par les administrations successives. Alors que l’année budgétaire 2013 (1er oct. 2012 -30 sept. 2013), est sur le point de démarrer, le Congrès n’a pas encore statué sur une série de dispositions fiscales qui arriveront à échéance. Arrivé une nouvelle fois à son terme en décembre 2011, le crédit d’impôt recherche pourrait bien être menacé, quand bien même il est admis que cette mesure pèse modérément dans le budget de l’Etat (dépense fiscale de 6 à 8 milliards annuels) et ne participerait que marginalement à la contraction budgétaire abrupte « fiscal cliff » qui s’annonce. Les dernières statistiques émises par l’administration fiscale IRS (Internal Revenue Services) font état de 12 359 entreprises ayant sollicité un crédit d’impôt recherche en 2009 pour un montant total de 7,7 milliards de dollars (8,3 Md en 2008). La répartition par taille d’entreprises était la suivante : 24% d’entreprises dont le montant total des actifs n’excédait pas 1 million de dollars, 20% dont les actifs étaient compris entre 1 et 5 millions de dollars, 30% de 5 à 50 millions et 26% totalisant des actifs supérieurs à 50 millions de dollars (dont la moitié de plus de 250 millions). Parmi ces entreprises environ 70% relevaient des industries manufacturières et 30% des sociétés étaient actives dans les services, les technologies de l’information et le secteur agricole. L’efficacité du R&D tax credit et l’impact d’un éventuel renforcement du taux actuel sur l’économie américaine Parmi ses plus fidèles défenseurs, le Représentant Kevin Brady (R, TX) et le Sénateur Chris Coons (D, DE) proposent de rendre le R&D Tax Credit permanent, afin de continuer à stimuler les investissements R&D du secteur privé et mettre fin à l’incertitude des entreprises à chaque nouvelle échéance. En outre le taux de ce crédit pourrait être élevé pour favoriser davantage l’innovation et la création d’emplois. Portant sur l’accroissement des dépenses de R&D, l’incidence du crédit d’impôt recherche sur la recherche du secteur privé a été estimée par différents économistes. Variable selon les études, de 1,10 dollar de R&D réalisée pour chaque dollar de taxe non prélevée par l’Etat (Bloom, Griffith and Van Reenen) et jusqu’à 2,96 dollars de R&D supplémentaire pour chaque dollar de crédit d’impôt (Klassen, Pittman and Reed), l’effet de levier est indiscutable sur l’accroissement des budgets R&D investis par les entreprises privées. Se basant sur un ratio modéré de 1/1,25, le think tank ITIF, Information Technology and Innovation Foundation, entrevoit qu’une hausse du taux de l’Alternative Simplified Credit (ASC, l’une des formes de calcul du credit) de 14% actuel à 20% engendrerait 7,5 milliards de dollars supplémentaires investis dans la recherche. En parallèle une augmentation du taux à 20% aurait pour effet immédiat de créer 162 000 nouveaux emplois directs et indirects à court terme, et plus sur le long terme, d’injecter 66 Md de dollars au PIB annuel et de générer 3 850 nouveaux brevets. Le bénéfice pour le Trésor américain serait perceptible au bout de 15 ans par le biais des recettes issues de l’impôt. S’agissant de l’emploi, les postes seraient tout à la fois des postes de chercheurs, ingénieurs et techniciens (emplois détruits lors de la crise pour partie) mais aussi d’emplois indirects (fournisseurs…) ou induits par le bénéfice global sur l’économie d’un renforcement de l’innovation, puissant facteur de croissance. Précurseurs du crédit d’impôt recherche il y a trente ans, les Etats Unis sont largement devancés par les autres pays développés et les BRIC Les Etats Unis se situent en 27ème position mondiale des 42 pays couvert par l’étude 2012 de l’OCDE en matière de soutien fiscal à la R&D (selon le « B index » défini comme le bénéfice avant impôt nécessaire pour financer un euro de R&D), ce qui engendre un désavantage comparatif en termes de compétitivité et de capacité à maintenir ou attirer les investissements sur le territoire américain. Les partisans d’un renforcement et de la pérennisation du crédit d’impôt recherche s’inquiètent du recul des Etats-Unis (encore situés au 17ème rang du classement OCDE cinq ans plus tôt) dans ce classement, majoritairement en raison de l’augmentation des incitations AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE REGIONAL – 1 e r a o û t 2 0 1 2 © DG Trésor Flash Innovation et Nouvelles Technologies fiscales proposées par les autres pays. La France, en 2ème position après l’Inde pour sa politique d’appui fiscal en direction des grandes entreprises (grâce au crédit d’impôt de 30% sur les 100 premiers millions de dépenses R&D, 5% au-delà) et 4ème pour les PME/PMI est citée en exemple par l’ITIF, qui relève également les efforts récemment consentis par le Brésil, le Canada et la Chine, devenus largement plus généreux que les Etats Unis. Enjeu économique, bataille politique La perte d’attractivité qui en résulterait, au profit de pays concurrents, pourrait rapidement influer sur les décisions de nouveaux investissements R&D des firmes internationales à la fois en termes de montants et de pays d’investissement. La reconduction rapide de cette mesure par le Congrès et sa pérennisation constitueraient un signal rassurant et stabilisant. La hausse de l’ASC à 20%, proposition soumise au Congrès, qui représente un effort supérieur aux 17% appelés par le Président Obama, apparait comme un luxe indispensable au soutien de l’innovation, de la compétitivité et de l’économie. C’est le message porté par l’ITIF, en soutien à la proposition du Représentant Brady, qui milite pour plus d’innovation et plus d’appui au secteur des TIC particulièrement intensif en R&D et concerné par le devenir de cette mesure fiscale. Restera à rallier les opposants à cette mesure qu’ils considèrent interventionniste et coûteuse, avant l’échéance électorale. Selon le Code des impôts (§41 IRS), pour être éligibles, les dépenses effectuées à des fins de recherche doivent répondre à 4 critères (Four-Part-Test): (1) objectif autorisé de l’activité ou du projet ; (2) élimination de l’incertitude concernant le développement ou l’amélioration d’un élément d’affaire « business component »; (3) mise en place d’un processus d’expérimentation des activités de recherche et (4) nature technologique du processus d’expérimentation. Cependant, certaines dépenses sont exclues (ex : recherche effectuée après commercialisation de business component, duplication de business component existants…). Il existe 2 méthodes de calcul du montant du crédit d’impôt : Le Regular research credit : 20 % x (dépenses de recherche éligibles de l’année en cours –montant de base). Le montant de base = somme des dépenses de recherche éligible des 4 dernières années/somme des revenus bruts des 4 dernières années x montant moyen des chiffres d’affaires des 4 dernières années L’Alternative simplified credit * : 14 % (dépenses de recherche éligibles de l’année en cours - 50% des dépenses de recherche éligibles moyennes des 3 années précédentes. * L’ASC représente plus de la moitié des dépenses déclarées. En effet selon l’IRS, 84 milliards engagés en recherche par les entreprises déclarantes en 2008 relèvent de l’ASC, soit 55% du total des 150 Md déclarés par les entreprises. Copyright Tous droits de reproduction réservés, sauf autorisation expresse du Service Économique de Washington (adresser les demandes à [email protected]). Auteur : Service Économique de Washington Ambassade de France – 4101 Reservoir road NW Washington DC 20007 Clause de non-responsabilité Le Service Économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Rédigé par : Linda Ammar, Annie Biro, Ghislain de Salins, Damien Launoy Revu par : Jean-François Boittin AMBASSADE DE FRANCE AUX ÉTATS-UNIS – SERVICE ÉCONOMIQUE - 7 -