SAINT-JULIEN-MONT-DENIS dans l`Histoire des communes
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SAINT-JULIEN-MONT-DENIS dans l`Histoire des communes
Usine d'aluminium Pechiney (cuves de 175.000 ampères) - (Document aimablement communiqué par l'usine). loppent les P .M.E. : de ce fait la structure socio-professionnelle de la population de Saint-Jean fait ressortir une nette prédominance du secteur secondaire, ain si qu ' une forte proportion d ' étrangers (I8,3 OJo en 1976), parmi lesquels une majorité d ' Italiens, puis d 'Africains du Nord . Le travail féminin est par contre un problème: le nombre d 'emplois est inférieur à la moyenne nationale. Une au tre mutation affecte indirectement Saint-Jean: l'essor du tourisme, timide entre les deux guerres, plus rapide après les années 50. Certes, l'or blanc est moins exploité en Maurienne que dans les grandes vallées de la Taren- 336 taise voisine, mais de nombreuses station s s'y sont développées, dont SaintJean est la plaque tournante, d'où l'accroissement récent du secteur tertiaire . Au milieu d'une Maurienne qui se dépeuple la population de Saint-Jean a augmenté jusqu'à ces dernières années. Aujourd ' hui, par suite de la pénurie des terrains à bâtir et de leur coût, on assiste à un tassement et l'expansion se fait désormais au profit des communes immédiatement voisines : Jarrier, Saint Pancrace , Villargondran. Quoiqu 'il en soit Saint-Jean continue d'être un pôle de développement pour la vallée, conservant ainsi son rôle de capitale de la Maurienne. SAINT -JULIEN -MO NTDENIS Appel/ations anciennes: 1143 : Sanctus Julinus; 1540 : Saint Jul/in ; 1555 : Saint Jelin (Nœlz de Nicolas Martin), en patois: Saint Delin; 1557 : Saint Julien. Montdenis : 1225 : (Jacobus de) Monte Lineto; 1533 : (Parrochia) Montis Ligneti ; 1546: Montdenis. Habitants: Saint-Delenins (Montdeniens). Population: Saint-Julien: En 1561 : 952 habitants soit 213 feux dont 23 pauvres. En 1732: 215 feux; en 1801 : 789 h. ; 1860: 900; 1901 : 1492 habitants (grâce à l'essor des ardoisières). Montdenis : 1732 : 102 feux soit environ 350 habitants; 1789: 390; 1858: 387; 1901: 488 (grâce aux ardoisières). Après 1921, déc/in: 224 habitants en 1936; 193 en 1941. En 1954, St-JulienMontdenis totalisait 1628 habitants, en 1962 : 1644; en 1968: 1678; en 1975 : 1623; en 1982: 1612. Altitude: 660 mètres à Saint-Julien, 1370 mètres au vil/age de l'église à Montdenis . Etagement de 544 à 2885 m au Grand Perron. Superficie: 3304 hectares. A 6 km de Saint-Jean-de-Maurienne. Quartiers et hameaux: La Gare, Les Plantées, Plan-d'Arc, le Poutet, La Ruaz, Le Bourg, St Pierre, Costerg, Le Claret, La Bourbandière, Serpolière, Villard-Clément, Tourmentier (1300 mètres d'altitude), Grenis (1200 ml. Montdenis comprend trois hameaux: L'Eglise (1370 ml, Les Rieux (1450 ml, les Villes (1500 ml. Localisation: Commune formée en février 1965 par l'associatinll de St-Julien de Maurienne et de .Wontdenis. Située sur la rive droite de l'Arc, la commune est limitée à l'est par le Rieu Sec, la Croix des Tê/es (2492 ml, le signal du Génie (2510 ml, le Petit Perron (2699 ml, le Grand Perron des Encombres (2825 ml, Cime Noire (2626 ml. Au Nord-Ouest par la Cime de Lancheton (2419 ml, à l'ouest par la Combe des Fourneaux et au sud - sud-ouest par l'Arc. Historique Une lointaine origine L'origine de la commune est très ancienne comme le prouvent de nombreuses trouvailles archéologiques, mais elle est assez confuse. L'auteur de la monographie de Montdenis, dans "La Maurienne par les Instituteurs" citait une tradition selon laquelle le village aurait été fondé par des habitants venus de Tarentaise, sous la direction d'un certain Denis . Ils se seraient fixés d'abord sur la rive droite du torrent de St-Julien, au lieu-dit "Les Côtes" et ne se seraient installés qu'ensuite sur la rive gauche. Ils auraient également créé le village de St-Julien avec lequel ils n'auraient formé qu'une seule commune jusqu'au XVI' siècle . Ils se seraient alors séparés, Grenis (où était l'église commune) restant avec St-Julien; les forêts du Solliers et de Tourmentier, des pâturages, des broussailles et des ravins demeurant indivis . Malheureusement, mise à part cette indivision, tout cela est en contradiction avec les quelques données que nous fournissent l'archéologie ou l'histoire. Montdenis possède un mégalithe, "La Pei rra do Carro" ou "Pierre du coin", roche à cupules qui se trouve à l'est du village des Rieux et c'est non loin de là, à Champ-Cortiou, qu'ont été découvertes des sépultures de l'Age du Fer. Un transfert de l'habitat d 'une rive à l'autre serait donc fort ancien et la Tradition aurait bonne mémoire ! De même à St-Julien ont été trouvés des bracelets et des fibules de l'Age du Fer. Quant à la séparation des deux paroisses, elle est bien antérieure au XVlème siècle puisqu'il est fait mention de celle 337 de St-Julien dans un texte de la fin du XIIème siècle. Le nom même de Denis n'apparaît pas dans les premières mentions de la commune dans nos chartes. En effet jusqu'en 1546 on trouve Mont Linet, qui était sans doute le nom officiel, Montdenis étant une appellation populaire qui finit par supplanter la première. cinq chefs-lieux de mestralie . Nous n'avons pas de renseignement sur les rapports des deux vi llages avec leur seigneur jusqu'au début du XIV' siècle: l'anarchie du Haut Moyen Age leur avait sans doute laissé la bride sur le cou. Mais au début du XIV' le comte tendit à renforcer son pouvoir et ses droits sur les communes, en même temps qu'il s'efforçait d'empiéter sur les 1\taufllcnne St-.Jl!LIEN (Savoie) La Meipie L a Rue Pilli n clpale . r.oll . 1.. f;riHlal , n, . ul h ~ r y La rue du bourg autrefois. Pour Saint-Julien, Mabillon pensait l'avoir identifié sous le nom de "Nanosces" dans le testament d'Abbon (739). Mais il ne donnait aucune raison à cette identification qui semble un peu fantaisiste. La paroisse apparait sous le nom . de son Saint Patron dès 1143 : "in Mauriana Locus qui vocatur Sanctus Julinus" . La châtellenie de Maurienne Au Mo yen Age Saint-Julien et Montdenis appartenaient à la Chatellenie de Maurienne, et St-Julien était l'un des 338 juridictions des petits seigneurs et notamment des évêques. Une charte de 1315 concernant les hommes de la comm unauté de Montdenis est particulièrement explicite à cet égard. On y apprend que, depuis un temps immémorial, ils jouissaient des forêt s, pâturages et comm unaux et en disposaient à leur gré pour la construction de leurs maisons, l'affouage, la pâture de leur bétail. L 'empereur ayant rendu au comte Amédée V le droit de régale que , selon la charte, il possédait déjà de droit ancien, son châtelain Humbert de Sala saisit tous ces communaux, contraignant tous les habitants à supplier le comte de leur céder en albergement l'usage de ce qu'ils avaient jusque là librement: ils payèrent pour cela 40 sous forts neufs d 'introge et s'engagèrent à payer un servis annuel de 10 sous forts neufs. Selon le même processus les Montdeniens obtinrent, en 1319, l'albergement de forêts et de pâturages situés sur le territoire d'Hermillon, dont ils partageaient l' usage avec les communiers de cette paroisse, et à la fin de la même année un partage fut fait entre ces deux communes. En 1314, le châtelain Hugonet Barral autorisait Montdenis à al berger une partie des communaux à divers habitants, à distribuer bois, eau et pâturage sous le contrôle de quatre prud'hommes dont l'élection devait être approuvée par lui. Pour les eaux elle devrait payer un servi s de douze deniers forts. Comme on le voit, le comte recherchait tous les moyens d'accroître ses droits. Mais les communiers ne perdaient aucune occasion de bien préciser les leurs, en obtenant des franchises. Pour St-Julien, on ne sait depuis quelle date existaient ces franchises, mais il en est question dans un texte du 10 novembre 1314 que rapportent les "Récits Mauriennais" du chanoine Truchet : "Plusieurs hommes et bourgeois de Saint-Julien se sont plaints à nous que quelques-uns de vous et de vos officiers .... attentent à leur franchise et liberté, saisissent les biens des défunts, mettent les scellés sur leur porte et causent divers autres dommages aux dit bourgeois. Nous ordonnons et commandons ... que vous mainteniez, défendiez et observiez fidèlement leurs franchises et libertés ... ". Un autre texte nous apprend de quelle manière étaient obtenues ces franchises: ce n'était pas gratuit! Le 10 août 1391, le comte Rouge connaissant des problèmes financiers se trouva dans l'obligation d'obtenir rapidement de l'argent, ce qu'il fit en octroyant, en échange d'une contribution exceptionnelle, de nouvelles franchises et en confirmant les anciennes . Dans ce texte il reconnaissait que ses officiers ne pouvaient qu'en pressurant le peuple, récupérer les sommes qu'ils lui avaient fournies ; il remplaçait donc pour sept ans les autres impôts par une contribution d'un florin d'or (ou 15 deniers gros) par feu, sauf les feux pauvres, payable chaque année à Noël. Il était bien précisé que cette contribution n'était pas un dû, renouvelable dans l'avenir, mais un "don par grâce spéciale" en échange duquel étaient accordées les franchises. Les attributions des officiers du comte y étaient bien précisées, pour tenter d 'éviter les abus de pouvoir et préserver les libertés individuelles. Si les communiers tenaient à faire préciser leurs droits, le comte ne manquait pas de faire reconnaître les siens. Ces reconnaissances étaient faites entre les mains du commissaire des extentes ; le 7 mars 1396 c'était Maître Jean Ballay, bourgeois de St-Julien qui recevait celles de la population amassée dans la galerie et la place devant sa maison (près de la mairie actuelle) . Soixante douze chefs de familles se reconnurent homme lige du comte; trente deux autres se joignirent à eux pour reconnaître qu'ils tenaient en albergement : tous les communaux, contre un servis de 20 sols forts 1 denier par sétorée de forêt; le droit de prendre du bois dans la forêt d'Orelle pour piquets de vigne, tonneaux, cuves (sans pouvoir les vendre) contre 10 sols forts de servis. Sur la vente des maisons on payait le trézain (un treizième du prix de vente). Les maisons du Bourg devraient le droit de toise: 2 deniers forts par toise de façade. Enfin chaque propriétaire énumérait les redevances auxquelles il était astreint pour les propriétés qu'il exploitait. Un droit était généralement réservé au seigneur: le droit de chasse. En fait, chez nous ce monopole de seigneur se limitait à l'ours et à l'épervier, les habitants pouvaient chasser "les bêtes ravis339 santes" (c'est-à-dire qui "ravissaient", enlevaient les enfants) mais pas les dimanches et jours de fête. A St-Julien ils s'étaient fait reconnaître ce droit , en donnant un motif religieux à leur chasse: la vente des produits en était affectée à l'entretien du luminaire et des ornements de l'église. Le 13 juillet 1557, le roi de France Henri II, alors maître de la Savoie, confirmait ces droits. Les St-Delenains pouvaient chasser "chamois, ours, cerveys (loups cerviers), loups et autres "bêtes ravissantes" . Le texte semble classer les chamois parmi les "bêtes ravissantes " ! Ce droit s'étendait aux dimanches et fêtes, dans les limites de la commune et avec interdiction aux étrangers de chasser dans ce territoire. La seule limitation était l' interdiction des "hacquebuttes et autres semblables bastons intimidant les dictes bestes" . Les "hacquebuttes" étaient des arquebuses et les "bastons" désignent évidemment des "bâtons à feu", arquebuses ou mousquets. Le chapitre et les familles nobles Le comte n'était pas le seul seigneur à posséder des fiefs à St-Julien. Le chapître de la cathédrale de St-Jean y possédait la cure, le fief de la "Traverse" et en 1620 il avait acquis le prieuré fondé avant 1184. Ce prieuré fut affermé à un vice-prieur qui percevait une quarte de blé par 16 quartelées de terre en plaine et par 32 en montagne, un pot de vin par fossorée de vigne des habitants de St-Julien et de Montdenis, trois pots de moût par fo ssorée pour les étrangers, etc ... Parmi les familles nobles, on peut citer les Manuel, De Bavoz (Urbain de Bavoz fut châtelain de Maurienne en 1519), d'Albert, Du Pont (qui furent peut-être les propriétaires de la Tour octogonale qui passa ensuite à la famille Christin). Un petit détail sur la vie quotidienne de ces nobles nous est fourni par le contrat de mariage d'Iolande de Bavoz et d'Etienne Michaëlis, le 29 août 340 1540. La dot de l'épouse se montait à 400 fl orins donnés par son père, 800 par sa mère, 200 par ses frères qui fournirent en outre des vêtements. Pour le mariage: une robe de damas doublée de velours et une cotte de satin à bandes de velours, une robe de bon drap doublée de satin et une cotte d'estamet rouge à bande de velours; un an après Noël, en payant le reste de la dot : une robe de camelot doublée de fourrure noire de Roumanie, une cotte de bon drap, à bandes de velours, de la couleur qu 'il plaira à lolande de choisir, des manches de damas et d'autres manches de satin et de soie . Hôpital, maladière et confréries Si ces nobles de village pouvaient se permettre un certain luxe ce n'était pas le cas de toute la population. En 1561, sur 213 feux, il y avait 23 feux "pauvres", ce qui n'est pas négligeable, surtout si l'on considère que les critères de pauvreté de cette époque n'étaient pas les mêmes que les nôtres et que nous ferions entrer sans doute plus de foyers d ans cette catégorie. Pour leur venir en aide, il n 'y avait que les aumônes. Par exemple, le prieur devait donner, depuis le l' lundi du carême jusqu 'à la veille des Rameaux, sauf les jours de fête, le samedi et le dimanche, quatre onces de pain d'orge et d'avoine à tous les pauvres qui se présentaient. Le jeudi saint c'était une assiette de fèves, une demielivre de pain et un peu de vin. A Montdenis, en 1635, Etienne Julien léguait une pi èce de vigne pour que soit servis , à la sortie de la messe de Pâques huit pots de vin rouge. Pour les pauvres de passage, St-Julien possédait un hôpital, à côté du pont. On ignore sa date de fondation, mais en 1385 , sans doute à cause d 'un caprice du torrent , il n'avait pas de maison . C'est alors que Jacques Melin acheta de Guillaume Didier , un bâtiment d' un étage dont il fit don pour "y recevoir les pau- vres passants". En 1708, monseigneur de Masin le décrivait ainsi : une cuisine, trois chambres, quatre lits pour les pauvres de passage à qui l'on donnait un quart de vin, pour un sou de pain et la soupe. Pour assurer ses dépenses l'hôpital disposait des rentes de quelques terres et vignes. Il fut détruit par le ruisseau en 1824 ou 1826 et ses rentes allèrent au bureau de bienfaisance. Une maladière construite à l'est du village, près de la route de St-Michel, accueillait les gens atteints de maladie contagieuse, comme on peut le lire dans une visite pastorale de Monseigneur de Masin. On ignore sa date de construction, mais en 1504, Monseigneur de Gorrevod cite la "chapelle de SteMadeleine, proche de la maison où habitent les pauvres lépreux de ce lieu" . Elle accueillait aussi des lépreux d'autres communes, ainsi en 1509, Jean Varrocti de Termignon. Le cardinal de Gorrevod afin que "des aumônes plus abondantes affluent et soient distribuées aux pauvres atteints de la lèpre qui habitent cette maison" accordait des indulgences à ceux qui visiteraient la chapelle aux principales fêtes de l'année. De cette maladière, il reste le nom et quelques ruines près desquelles a été érigée une croix. Comme on le voit, une grande part de la vie sociale était réglée sur la vie religieuse. De nombreuses confréries assuraient la solidarité entre leurs membres. La plantation d'une croix était un petit évènement et chaque quartier se la disputait. Ainsi, en 1623, les habitants ayant fait faire une croix et se querellant sur son emplacement, ils firent appel au prince Thomas, qui décida de la faire mettre à la "Croix Blanche", celle-ci (qui existait déjà en 1393 si l'on en croit un texte signé Jean Balay notaire) étant transportée au cimetière. Cette décision ne satisfaisant pas tous les habitants, ils firent appel, en 1624, à l'arbitrage d'un capucin, le père Loys. Il semble que, malgré la volonté de se plier à cet arbitrage, il y eut encore des difficultés puisque "La Croix Blanche'" actuelle porte sur son socle la date de 1636. Procès contre les amblevins Qu'un ennui se présente, on faisait appel à l'intervention divine: si des charençons s'attaquaient aux vignes, on faisait une procession, et si cela ne suffisait pas, on demandait l'excommunication des coupables. Ceci fut à l'origine d'un curieux procès. Des insectes, que les textes décrivent ainsi: "des animaux brutes, volants, de couleur verte, semblables à des mouches, vulgairement appelés verpillons ou amblevins", s'en prirent en grand nombre à l'une des principales richesses de St-Julien: les vignes. En 1545, les St Delenins leur intentèrent un procès. Les amblevins furent représentés par un procureur, Pierre Falcon, et défendus par l'avocat Claude Morel. Une première comparution conciliatrice n'ayant pas eu de résultat, les syndics se pourvurent à l'official de St-Jean (c'est à dire au juge de l'évêque) ils avaient pour avocat Pierre Ducal. Lettres monitoires, interlocutoire, visites d'experts, plaidoyers se succédèrent et le 18 mai 1546, l'official écartant la demande d'excommunication contre les amblevins, se contenta de prescrire des prières publiques . Celles-ci durent avoir une certaine efficacité, puisqu'on ne parle plus d'amblevins jusqu'en 1587, date à laquelle les syndics voulurent renouveler l'instance commencée en 1545 car, depuis deux ans, les insectes étaient revenus en nombre si effroyable qu'ils avaient détruit tout espoir de récolte en dévorant feuilles et pampres. Les syndics reconnaissaient que la cause en était peut-être "les péchés des hommes, moins assidus à la prière et au culte divin et moins exacts à s'acquitter de leurs vœux et obligations". Ils adressèrent donc, le 13 avril 1587, une requête, signée François Fay, à l'official pour 341 que les insectes aient un nouveau procureur, l'ancien étant mort, pour que l'on fasse une expertise et que les animaux soient expulsés par la censure écclésiastique. Le co-syndic François Amevet choisit comme procureur Pétremond Bertrand. Les insectes reçurent comme procureur Antoine Filliol et comme avocat Pierre Rambaud. Le curé de St Julien fut commis pour faire exécuter à nouveau l'ordonnance de 1546 : inviter les fidèles à vivre chrétiennement à payer les dimes, à faire trois processi~ns dans les vignobles, avec grand messe, chant de psaumes et aspersion d'eau bénite. Ce qui fut fait les 20, 21 et 22 mai 1587, le curé Romanet en .signa l'attestation. Suivent de nouvelles comparutions, des renvois, etc .... Le procureur des animaux fait ressortir le fait que ses clients, bêtes brutes, ne pouvaient être raisonnablement cités en justice, condamnés par contumace, ni frappés d'excommunication. Créés par Dieu afin de croître et de se multiplier, Ils le faisaient en mangeant les végétaux qui étaient aussi bien leur nourriture que celle de l'homme. A quoi l'avocat Fay répliqua que les animaux avaient été créés pour l'utilité que 1'homme pouvait en retirer. Les parties avaient déjà comparu à neuf reprises: les syndics décidérent alors de recourir à un moyen terme. Le 29 juin, à l'issue de la messe tous les manants furent convoqués par le métrai Guillaume Morard, pour se rendre, l'après-midi, au Parloir-d'Amont, la place publique, afin d'assister à une assemblée générale sous la présidence du vice-châtelain Jean Depupet. On proposa alors de donner "aux dits animaux place et lieu de souffisante pâture hors des vignobles de St-Julien". L'assemblée décida d'offrir une terre connue sous le nom de la Grand 'Feisse au-dessus du Claret, où ils trouveron; herbe, buissons, et toutes sortes de bois. Après quelques renvois, l'avocat des amblevins finit par refuser la proposition, la terre étant stérile. Une expertise 342 fut décidée, mais la suite du procès n'est pas connue, à cause de la détérioration du manuscrit. Léon Ménabréa, qui a été le premier à rapporter cette affaire, pense que les procès contre les animaux étaient symboliques et avaient pour but d'inculquer au peuple l'idée de la justice universelle. Mais ajoutons que cela n'était pas gratuit et que la crédulité des uns faisait vivre les autres. En tout cas, le procès fut peu efficace : les amblevins étaient toujours là. On préféra alors faire appel à la miséricorde divine en multipliant pèlerinages et processions. Ce n'est qu'au XVIII' siècle que l'on pensa à recourir à des moyens de lutte naturels. En 1751 on demanda à l'intendant d'obliger les particuliers à ramasser les amblevins dès leur apparition; on y ajoutait exorcismes et processions. Après 1756, plus d'intervention religieuse, mais en 1767, en 1788, en l'an IX, et 1847 encore, des injonctions à ramasser et brûler les amblevins et les feuilles où ils ont déposé leurs œufs. Aujourd'hui, si l'on ne parle plus d'amblevins, ce n'est pas à cause de leur disparition, mais de la raréfaction des vignes, raréfaction dont les causes n'ont pas suscité la même haine que ces petits insectes volants. La commune ne fut pas épargnée, non plus, par la guerre. En 1597, pour empêcher ou du moins retarder la marche de Lesdiguières, Don Sanche de Salinas avait massé son armée de 600 chevaux et 1000 hommes de pied sur le plateau de Villarclément. Mais, sans tenter le combat, cette troupe battit en retraite en désordre vers le Mont Cenis et le 26 juin 1597, Lesdiguières prenait St-Julien. Les réquisitions égalèrent bien la dime prélevée par les amblevins. Affranchissement et Révolution La fin du XVIII' siècle vit l'affranchissement des droits seigneuriaux. Nous avons vu qu'après la Maison de Savoie, l' un des principaux détenteurs d e fief était le chapitre de la Cat hédrale. Le curé de Montdenis, sans attendre l' acte d'affranchissement de 1771 , racheta de ses deniers des droits que le chapitre possédait sur la cure depuis 1297. Il lui en coûta "400 pièces de cinq sous, comptés, dénombrés, vérifiés, retirés et portés ensu ite au dépôt du chapitre en présence du notaire et de témoins" . A St-Julien le chapitre possédait essentiellement les fiefs du prieuré et de la Traverse. Après l'édit de 1771 , la commune discuta avec le chapitre et finit par s'entendre le 27 janvier 1789. Le fief de la Traverse fut affranch i pour 48 livres, celui du prieuré pour 1 328 livres 9 sols, 8 deniers. Même si cela avait pris du temps, à la veille de la Révo lu tion les droits seigneuriaux étaient abolis. Sous la Révolution, nous trouvons peu d'événements marquants. St-Julien semble se soumettre de bonne grâce aux ordres de l'administration du district: a in si durant l'été de l'An II elle fut l'une des quatre communes qui répondirent seules à la demande d'ouvriers pour fauc her et rentrer le foin dans les magasins militaires du Mont-Cenis. En l'An III, elle fournit dix livres d'ocre pour la peinture de la guillotine. Mais tous les habitants n'étaient pas unanimes: en 1793, le citoyen Dalbanne fut arrêté pour avoir tenu des propos antirévolutionnaires, il fut finalement relâché, à la condition de fréquenter les sociétés révolutionnaires et d'assister au moins deux fois par semaine aux séances de l'administration du district. De même on essaya de ne pas obéir à l'ordre d'abattre le clocher, sous le prétexte que personne n 'était assez hardi pour s' introduire entre les bois très serrés de la charpente. Il fallut cependant s 'exécuter; en 1807 la municipalité demanda d 'affecter des fonds de la fabriq ue à la réfection de la flèche. Montdenis également semble avo ir ap p orté quelque résistance en n'envoyant l'inventaire des biens de l'église que lorsqu' il ne fut plus possible d'éluder les ordres; de plus, on avait bien du mal à y trouver des agents, comme le montre le procès verbal de la séance de l'administration du canton de St Jean, le 17 plu viose An VI (5 février 1798) que cite le chanoine Gros: "consi dérant que les citoyens Buttard Richard agent, et Coutaz Jean-Claude adjoint ... de même que les citoyens Jean Bochet , Maurice Coutaz, J .B. Joubert et Jean-Maurice Coutaz ... ont successivement tous refusé de correspondre à la confiance de ces mêmes autorités; considérant que cette administration ne connaît dans ladite commune aucun républicain ... en état de rempli r les fonction s d'administrateurs municipaux . .. " elle demandait à l'administration du département de prendre des mesures pour faire cesser ces actes d ' incivisme. Sous l'Empire, en 1806, Montdenis reçut l'u n des neuf postes du télégraphe à signaux Chappe qui traversait la Mau rienne. La population au XIXème siècle En fait, la Révolution, avec ses nombreux passages de troupes et ses réquisitions avait épuisé le pays . Sa situation est connue par les réponses faites à un questionnaire du 22 fév rier 1800 par le secrétaire de mairie Pierre-François d ' Albanne. En voici les extraits les plus signi ficat i fs. Esprit public: "Bon, mais le peuple désire ardemment de pouvoir exercer en liberté le culte de la religion" .. . lui redonner son pasteur rendrait le peuple "plus dévoué pour le gouvernement de la République, quoique fatigué par la guerre , logement et contribution". Ecoles: " il n'y a qu'un petit revenu qui peut à peine satisfaire le traitement d'un petit maître pendant deux mois, qui ne fait pas seulement bien li re, ni écrire, ni parler françai s, et les enfants 343 oublient pendant le reste de l'année ce qu'ils ont appris". Contributions : "... plusieurs sont dan s l'imp oss ibilité d ' y sati sfaire jusqu'à la récolte du vin, leur unique ressource ... " . Commerce: "il ne se fait aucun commerce. L'agriculture est leur unique occupation. Les pauvres font des ardoises pour se procurer ce qui est nécessaire pour la vie". L'année 1816, succédant aux occupations autrichiennes de 1814 et de 1815 où, non contents des réquisitions les soldats se livrèrent au pillage, fracturant les celliers et maltraitant les habitants, fut celle d'une grande misère. Selon J .M. Féaz : "II est beaucoup de monde qui souffre de la faim. Une quantité ne mange que de la " polente" ... Ceux qui avaient encore de l'avoine la faisaient moudre et, avec la farine , le son non retiré, ils faisaient du pain. Ce pain se brisait dans le four; il fallait se servir du racle pour le sortir. Tout le monde allait par les champs ... arracher les herbes supposées mangeables ... Dans les bonnes maisons on tuait le bétail...". Mais ce bétail, tué avant d 'être à point, faisait défaut ensuite pour la reconstitution du cheptel. Ces privations devaient avoir de fâcheuses conséquences sur l'état sanitaire de la population . En 1836, Victor d 'Albanne, fils de Pierre-François, et à son tour secrétaire de mairie, établissait un rapport alarmant : "Sur une population de 824 individus, un fort tiers se trouve atteint de crétinisme plus ou moins prononcé, un autre tiers de goître, et c'est à peine si le dernier tiers, réputé sain, n'a pas encore quelques symptômes ou propension à ces deux genres de maladies ... ". Il voyait pour causes le manque de vent du Nord, purificateur, les logements insalubres et "le manque d'eau potable" . Une enquête, réalisée en 1845 , reconnaît elle aussi que deux tiers de la population étaient atteints de goître ou de crétinisme, mais, en s'en tenant seulement aux " cas les 344 plus apparents" elle n'en citait en fait que 54, ce qui n'était pas supérieur à la moyenne des communes du fond de la vallée. On pourrait même supposer que les rapports noircissent le tableau aux yeux de l'administration, pour limiter la conscription. Quoiqu'il en soit, les tableaux des conscrits nous permettent de constater les progrès réalisés au cours du XIXème siècle . En l'An IX (1801), la commune n'a eu que deux conscrits "dont l'un renvoyé à cause d'infirmités et l'autre reconnu trop court " ; en l'An X elle en a fourni 6, réformés "pour n'être pas de taille et par rapport à des infirmités habituelles, une grosse partie de la population étant atteinte de crétinisme ou de goître les affligeant plus ou moins ... ". Sur les 80 conscrits recensés de 1852 à 1861 , nous trouvons 23 réformés pour goître ; 4 pour crétinisme; 23 pour défaut de taille (dont l ,3D m, 1,31 m, 1,37 m: avaient-ils envoyé leurs petits frères à leur place ?) , 9 pour autre motif : 7 exemptés pour motifs divers, 2 ajournés. Il en restait 8 aptes au service et 4 déclarés rénitents pour ne s'être pas présentés. On pense alors à cette réflexion d ' Isaïe-Marcellin Thomasset, conscrit de Valmeinier à la même époque , au sujet des réformés de Valloire : "comment se fait-il qu'il n'y ait de myopes que dans cette commune et cela depuis un temps immémorial ?". En tout cas, les chiffres des années suivantes montrent une nette régression du phénomène. Il est vrai que cette deuxième moitié du XIXème siècle correspond à une élévation du niveau de vie, grâce à l'essor des ardoisières. Voies de communications et torrents Autre fait du XIXème siècle, on avait vu disparaître le rôle d'étape de St-Julien, avec la construction de la route nationale décid ée par Napoléon en 1812, à 600 mètres en aval du bourg, au bord de l'Arc. Dès le 22 juin 1817 d'ailleurs, l'Arc vengeait les St Delenins de cet abandon en emportant plusieurs centaines de mètres de chaussée: on reconstruisit plus solidement en exhaussant la route d'un mètre. L'Arc recommença en 1824. La même année, le 18 juillet, le ruisseau de St Julien débordait également, recouvrant une trentaine de maisons du Bourg, tuant deux femmes, recouvrant de boue les deux tiers des terres cultivables. Ce torrent devait encore déborder en 1834, ainsi que l'Arc . En 1837, la route était coupée par le torrent du Claret, en 1848 par l'Arc , ainsi qu'en 1856, 1859. Entre 1815 et 1860 le Claret coupa onze fois la route. En 1862, la voie ferrée St-Jean-StMichel était ouverte à la circulation: les torrents avaient avec elle une cible supplémentaire. Le 20 juillet 1871, les eaux ont pour quelques instants envahi le Bourg, s 'élevant à plus de deux mètres, comblant les caves, les écuries, les rezde-chaussée . La circulation fut interrompue quinze jours. Même alerte en 1872 avec dix neuf jours d'interruption. La compagnie P.L.M. protégea alors la voie ferrée, en face de St-Julien, en prolongeant un tunnel de cent quatre vingts-mètres. Si la voie ferrée était à l'abri, il n'en était pas de même de St-Julien, toujours menacé par son torrent, et cette menace était encore accrue par un glissement de terrain latent, au-dessous de Montdenis. En 1895-1896, l'administration des Eaux et Forêts fit percer un tunnel de 202 mètres pour canaliser le ruisseau en cet endroit. Il était temps, le 6 avril 1897, après une chute de neige et des averses de pluie chaude, le terrain gorgé d'eau glisse, remplissant le lit du torrent et l'exhaussant parfois de 30 mètres. Sans le tunnel, ces matériaux auraient constitué un barrage entraînant la formation d'un lac qui aurait fini par forcer le passage, au risque de détruire St-Julien. Précisons que ce tunnel avait été calculé pour livrer passage, sans problème, aux plus grandes crues: il permet un débit de 1 442 mètres cubes secondes . Ce travail fut complété par un barrage sur voûte servant de pied à l'éboulement. Le terrain fut asséché par 11 693 mètres de drains en éventail. Le lit du torrent fut aménagé par la construction de cinq barrages dans la partie supérieure, ainsi que de vingt six seuils; dans la partie inférieure un canal de 1 196 mètres de long coupé par des seuils de 1,20 m de chute. En 1906 la gare de St Julien entrait en service : jusque là les trains passaient sans s'arrêter. Cela fit se développer un nouveau quartier. St-Julien et Montdenis Enfin le principal événement du XXème siècle fut la réunion de St-Julien et de Montdenis en février 1965, mettant ainsi fin à quatre siècles de querelles dues aux forêts et communaux indivis . Dès 1530 des difficultés avaient surgi. En 1531, six notables de St Jean, appelés en arbitres, ne trancheront rien, en déclarant que les deux communes devaient en user et en jouir en commun. Même type d'arbitrage en 1613, puis en 1729. Le cadastre de 1732 avait jeté l 'huile sur le feu: St-Julien avait 215 feux, Montdenis 102, le verbal d'estimation attribua à St-Julien les deux tiers de la valeur estimative des communaux. Mais au cadastre de Montdenis les biens indivis étaient portés à une valeur double de celle de St-Julien: elle a donc payé une part d'impôt double. Chacun gênant l'autre, il y eut des procès. Entre 1854 et 1858 aucune coupe ne fut possible. C'est finalement la fusion en une seule commune qui a pu seule résoudre le problème . Archéologie La "Peira do Carro" ou "Pierre du Coin", à l'est du village des Rieux est une grande dalle horizontale entaillée d'une quinzaine de cupules. Montdenis est surtout riche en découvertes de l'Age du Fer. Au siècle dernier 345 Eglise de Montdeni s : vocable SaintMaurice. Chapelles rurales: Montdenis: Notre Dame de Pitié au village des Villes; Notre Dame des Neiges au-dessus du village. St-Julien: St Roch. A l'intérieur un tableau sur ardoise représentant la Visitation. Il porte dans un angle: "Claude Exartier F.F. (Fecit Fieri) 1710" et dans l'autre angle: "Laurentius Dufour Pingebat 1710" . A côté, la Croix Blanche porte: "D.O.M. communitas errexit 1636" . Villard-Clément: une chapelle. Le Claret: St Roch, Notre Dame des Neiges, Saint Antoine, Sainte Trinité, Saint Bernard, Saint François, Sainte Anne. Châteaux et maisons fortes La tour octogonale (cliché P. Dompnier). au Crêt du Saut (ou du Sureau ?) plusieurs sépultures du Hallstatt Final et de la Tène Ancienne ont été découvertes, ainsi que diverses tombes dispersées. La plupart des objets avaient été rassemblés dans la collection Vuillermet. Aujourd'hui un certain nombre se trouve aux musées de Chambéry, d'Annecy ou à St-Germain-en-Laye. Principaux objets: bracelets de jayet, chainettes de bronze, bracelets de bronze. Eglises Eglise de St-Julien: entièrement reconstruite en 1850 surtout grâce à la générosité de son curé Martin Dussuel (qui paya 4000 livres sur les 12500 !). Maître-autel des Gilardi: 1857 (3276 francs 50 dont 1 900 du chanoine Gravier, 960 du chanoine d'Humbert, 416,50 du curé Dussuel). Chaire des Gilardi : (1852) 700 francs par la fabrique. Il dut y en avoir quatre. - La Maison Forte de Costerg (ou Cotard, en latin : in costa), aux nobles Manuel, existait déjà au XIllème siècle, elle a disparue au XVIllème. - La Maison Forte de Ballay exista dès le XIVème siècle, passa ensuite aux Bavoz (début XVlème), puis aux d 'Albert (1693). - Maison Forte Du Pont, aux nobles Du Pont du Villaret, ils avaient au XVlème siècle une mai son à St-Julien, peut-être celle de la Tour Octogonale, qui existe toujours, magnifiquement restaurée. Vers 1730 elle appartenait à Joseph-François Christin, juge temporel de l'évêché. - Au XVlème siècle, une famille est nommée Voutier de la Tour de SaintJulien. Activités Montdenis était avant tout une commune rurale. Les forêts y ont été très tôt défrichées pour faire des champs et des pâturages, ce qui a entraîné souvent le ravinement. On pratiquait l'élevage, la culture des céréales, du chanvre , plus 346 -1iII' __ récemment de la pomme de terre, qui était d'un bon rapport. St-Julien fut aussi une commune agricole. Un recensement de 1561 y signale 452 bovins et 767 ovins, ce qui paraît être un chiffre élevé et en contradiction avec ce qu'on lit par ailleurs. Ainsi en 1624 on citait le vignoble comme principale ressource "à cause de la pénurie d'autres moyens". De même, dans une enquête de 1800 on peut lire: "Ils n'ont que très peu de bestiaux, n'ayant que très peu de foin dont il faut aller prendre la majeure partie ... au sommet des rocs, où on ne peut aller qu'avec des grappes (crampons) aux pieds". La vigne était donc la culture principale et produisait un "picolo" chanté au XVlème siècle par le poète Nicolas Martin. La plupart des terres étaient en vignes, qui escaladaient la pente par des terrasses soutenues par des murs de pierre sèche. Elles alimentaient une vingtaine de communes. De nombreux propriétaires, habitants d'autres villages, avaient une vigne et une petite maison où ils descendaient pour les travaux et les vendanges. L'importance du vignoble nous fait mieux comprendre l'ardeur des habitants à combattre les amblevins. En fait, le bon ensoleillement de la commune permettait bien d'autres cultures, comme celle du safran, qui entre dans de nombreuses recettes de la cuisine mauriennaise d'autrefois. Si aucune trace ne reste de cette culture, les textes en ont gardé de nombreux témoignages. Ainsi en 1535 la commune albergeait des propriétés appartenant à 1'hôpital, près du safranier du noble Richard de Manuel. Le 3 mai 1555, Messire Jacques Voutier lègue une partie de ses biens à la chapelle de Jésus et de Marie, entre autre deux safraniers situés à Côte Rousse . En 1617, un texte cite le safranier de la cure; en 1624 le safranier de Michel Voutier ; en 1625 un safranier au lieu-dit la Buffardière. Mais à côté de ces activités agricoles, St-Julien fut animé par diverses indus- tries. Un acte de donation entre vifs (dont le donateur se nomme Michel Cheys) du 9 février 1326, cite au Plan d'Arc: un moulin avec ses fers, meules, roues, carraux, aqueducs, biefs, vases, places et cours d'eau ... des artifices de forge, pressoir à huile .. . On exploitait également des carrières d'ocre. Dans la donation faite aux amblevins d'une pièce de terre au-dessus du Claret, en 1587, les habitants se réservaient le droit de passage pour l'exploitation de "mines de colleur". On a vu que sous la Révolution St-Julien avait fourni 10 livres d'ocre pour la peinture de la guillotine. Selon M . Barbier en 1858 les mines étaient encore exploitées: "on en envoyait de grandes quantités en Piémont et un chimiste habile de Chambéry, M. Genin, le préparait et en obtenait de forts beaux produits, excellents pour la peinture". Mais la principale production était celle des ardoises, dont le commerce semble fort ancien: en 1430, Amédée VIII faisant restaurer le château d'Annecy, envoya chercher des ardoises à St-Julien; en 1650, les syndics de Chambéry écrivaient à ceux de St-Jean pour "traicter avec quelques muletiers pour le port des ardoises nécessaires pour le couvert de l'église de Sainct Légier". En fait cette exploitation était encore peu importante, comme on l'a vu dans l'enquête de 1800, les pauvres y trouvaient seulement un complément de ressources . La gare de St Jean, puis la suppression des douanes avec l'annexion en 1860 allaient provoquer un rapide essor. De un million d'ardoises en 1860, la production passait à 3,6 millions en 1869, 5,7 millions en 1876 puis, après un fléchissement, 7,1 millions en 1885 et plus de Il millions en 1895 . Montdenis passait de 300 000 en 1882 à 900 000 en 1894, mais la production baissait ensuite à cause des difficultés de transports. La fi ssibilité des schistes facilitait la tâche du fendeur et permettait d'obtenir le meilleur rendement 347