« De jour comme de nuit, réfléchir la lumière »

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« De jour comme de nuit, réfléchir la lumière »
Invitation pour l’édition du 26 mars 2015 de La Grande Lessive® « De jour comme de nuit, réfléchir la lumière » « De jour comme de nuit » ? La Grande Lessive® dure une journée soit 24 heures, ce qui inclut le jour et la nuit. Cette installation artistique éphémère fait désormais le tour de la Terre en se déployant dans des lieux situés dans 80 pays. En conséquence, il fait jour ici, quand il fait déjà nuit là-­‐bas. « De jour comme de nuit » témoigne de cet état de fait. Toutefois, il s’agit aussi de se demander comment procéder pour que l’intérêt des réalisations se maintienne, voire s’accroisse, dès que la pénombre l’emporte sur la luminosité. Dans cette édition, le fait de ne pas décrocher les réalisations la nuit venue, autorise à montrer − à ceux qui n’ont pu découvrir l’installation durant la journée, comme à ceux qui ont vu sa version diurne −, une version nocturne dans laquelle la lumière occupe un rôle majeur. De même qu’il existe le recto et le verso des réalisations, et que les deux versants du support sont à travailler, il y a à concevoir pour cette édition de mars 2015 de La Grande Lessive®, deux aspects par réalisation (avec ou sans lumière du jour), ainsi que deux versions de l’installation. Le format A4 restera constant, tandis que la perception qui en sera donnée, de jour comme de nuit, variera. « Réfléchir la lumière » ? La question de la lumière a toujours intéressé les artistes. Par le passé, sa représentation, plus ou moins illusionniste, a constitué un défi. Désormais, il ne s’agit pas uniquement de la représenter, mais de la rendre présente et active afin d’agir avec elle. La lumière sera sujet, outil et/ou matériau. En vue de questionner quelque chose de l’art, le défi lancé aujourd’hui est d’utiliser certaines qualités de l’ombre et de la lumière qui relèvent de la physique et incitent parfois au bricolage, ainsi qu’une approche polysensorielle. L’invitation s’adresse ainsi à tous, quel que soit l’âge des participants. Il n’est pas nécessaire de se transformer en électricien ou de concevoir des installations électriques, et nous déclinons, par avance, toute responsabilité en cas d’accident. 1 « Réfléchir la lumière » demande à la capter, à la contrôler et à l’orienter afin de s’en servir pour concevoir une réalisation individuelle qui occupera une place au sein d’une installation collective. Le fait d’avoir à concevoir conduit chacun à « réfléchir » aux questions posées par l’utilisation de la lumière, et plus particulièrement à sa « réflexion », au sein d’une démarche artistique dans laquelle la poésie a toute sa place. En français, il existe d’ailleurs un double sens qui rapproche la lumière de la pensée, au point de parler d’« esprits éclairés » et de « siècle des lumières ». Observer, explorer, inventer, installer Il y a ainsi à observer les effets produits par la présence ou l’absence de lumière (éclats, scintillements, faisceaux, reflets, dessins, ombres propres, ombres portées, déformations, métamorphoses, transparences, opacités, colorations et décolorations, surexpositions, apparition/disparition, effacement/révélation, etc.), afin de les initier, de les orienter ou de les contrôler, et de les utiliser en tant que moyens plastiques. L’échange de points de vue, de connaissances et de pratiques, de même que la concertation et la collaboration seront plus que jamais nécessaires afin de concevoir une installation artistique éphémère. En effet, il y a à apprendre, et c’est l’un des objectifs permanents de La Grande Lessive® qui invite à concevoir des réalisations en situation, et non à recycler celles élaborées dans un contexte étranger à cette action. * Il s’agit d’explorer, de recenser et de localiser les sources lumineuses naturelles (le soleil, la lune, les étoiles, les lucioles sont moins fréquentes, mais acceptées..) ou artificielles (éclairages publics, balises, plots lumineux, candélabres urbains, luminaires, plafonniers, néons, ampoules, phares de voitures, lampes électriques, lampes frontales, surfaces réfléchissantes fluorescentes ou argentées, réflecteurs de bicyclettes, etc.) afin d’imaginer une réalisation et une installation collective permettant de jouer avec elles. C’est pourquoi la mise en place des fils tiendra compte de l’emplacement, de l’intensité, de la hauteur et de l’orientation de sources lumineuses. * Il y a également à repenser le support A4 afin de jouer avec l’ombre et la lumière. Des dessins et des peintures en relief ou en creux, des photographies qui sont écritures de lumière, des photomontages, des collages et des assemblages, comme 2 des réalisations numériques ouvrent un champ infini sollicitant tous les sens, sans exclure ceux d’entre nous qui sont privés de la vue. Certains matériaux (le buvard, l’éponge, le feutre..) absorbent la luminosité, tandis que d’autres deviennent de véritables réflecteurs (celluloïd, plastique, aluminium, papier blanc..). Leur texture y contribue puisque selon ce qu’elle soit rugueuse, lisse, pliée, froissée, martelée, ajourée ou encore perforée, la lumière se retrouvera piégée ou diffusée. Le choix des couleurs agit également. Le blanc est adapté à l’écran qui accueille une image projetée, tandis que le noir mat semble éteint et le noir brillant lumineux. L’épaisseur de la peinture s’il y en a (passée en pleine pâte ou diluée) et les traces laissées (touches, sillons, empâtements..) modifient aussi l’incidence de la lumière et génèrent des effets plastiques. La forme rectangulaire du support (feuille A4) qui se distingue par ses angles et sa planéité ou se confond peut-­‐être avec l’environnement, produit des effets de premier plan, de cadrage ou de camouflage.. Concevoir une installation artistique éphémère De jour sous l’éclat du soleil ou avec une luminosité réduite par la pluie, comme de nuit grâce à la lumière artificielle, l’installation changera d’aspect. L’effet sur les visiteurs également. La visite de l’étendage peut de la sorte se transformer en expédition, une lampe électrique en main afin de découvrir comment la pénombre transforme – y compris pour son auteur − ce qui a été fait à la lumière du jour. Il est ainsi possible de convenir d’un rendez-­‐vous, d’un parcours et d’accompagner la visite de narration, de textes, de poèmes, de musiques, de bruitages, et pourquoi pas d’envisager d’effectuer des projections la nuit venue sur des réalisations transformées en écrans. * La pratique artistique contemporaine fait de l'installation l'une de ses modalités. L'installation, le plus souvent éphémère, instaure des relations entre des éléments constitutifs de l'œuvre, le lieu de leur présentation et le spectateur. C’est pourquoi La Grande Lessive® est le fait de partager un dispositif commun fait de fils et de pinces à linge, d'un format commun (le format A4), et d'une invitation commune adressée à tous pour un même jour. Ce sont le respect et la conjonction de toutes ces composantes qui font œuvre et non une réalisation isolée. C’est pourquoi le fait de la photographier et de la filmer, puis d’adresser vos témoignages afin de les partager à lagrandelessive(at)gmail.com est une étape indissociable de cette action. 3 Pourquoi cette invitation ? « De jour comme de nuit, réfléchir la lumière » signifie qu’il y a à utiliser la réflexion physique de la lumière, autant que celle la réflexion nécessaire à l’invention et à la réalisation. Cette invitation a été choisie afin de prolonger les recherches initiées par l’édition « Transparents/Pas transparents ». Les réalisations d’octobre 2014 témoignent en effet d’une étape franchie dans la compréhension de l’action. Prolonger une telle dynamique semble important, tant l’élaboration plastique se nourrit d’expériences. Par ailleurs, l’année 2015 a été décrétée l’année de la lumière par l’Unesco. La Grande Lessive® s’associe ainsi à une réflexion qui traversera le monde. Enfin, le cinéma inventé par les frères Lumière aura 120 ans en 2015. L’occasion est ainsi offerte d’intégrer l’image animée à une installation qui jusque-­‐là a été composée d’images fixes. Pour l’équipe de La Grande Lessive®, Joëlle Gonthier, novembre 2014 4