l`Autriche, un modèle pour l`Europe - Institut des Hautes Etudes pour
Transcription
l`Autriche, un modèle pour l`Europe - Institut des Hautes Etudes pour
IHEST_Couv Autriche.pdf PR O M OTI O N 1 19/05/14 ouverture public positionnement réaliser processus regard inscrire perspective importance sentir internet science rapport approfondir représentatif interface humain objectif recherche social multiple finalité genre réseau responsabilité relation vision nature média participation anticipation modèle institut partager expertise professionnel laboratoire explorer session étudier compétence influence privé marché europe étonnement national esprit temps visibilité management meilleur identifier B O R I S occasion VIAN mission 11:55 Carnet du voyage d’études en Autriche CYC LE NATIO NAL 2013-2014 Le numérique au service de la société : l’Autriche, un modèle pour l’Europe ? I N S T I T U T D E S HAUTES ÉTUDES POUR LA SCIENCE ET LA TECHNOLOGIE Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Préambule Les voyages d’études du cycle national de l’IHEST sont l’occasion de rencontres et de débats. Ils visent à apprécier d’autres modèles d’émergence de la connaissance et à mesurer l’importance des facteurs culturels et géopolitiques dans le développement de la recherche, de l’éducation et de l’innovation. A l’issue de ces déplacements, des carnets de voyages sont demandés aux auditeurs répartis en groupes. Chaque groupe doit remettre, sur le thème choisi, un chapitre du carnet de voyage de trois à quatre pages. Ces chapitres témoignent de la découverte, circonscrite dans le temps et l’espace, de pays aux contextes politiques et culturels différents, ils expriment les étonnements collectifs. Ces étonnements ne sont ni un compte rendu de visites, ni une critique franco-centrée des personnes et institutions rencontrées, mais le repérage d’éléments originaux et structurants dans les interventions et visites proposées. L’ensemble constitue les « Carnets du voyage d’études » qui font l’objet d’une publication. Remerciements L’IHEST remercie l’Ambassade de France à Vienne et l’Institut Français de Vienne pour leur accueil et leur aide précieuse dans la construction de ce programme, ainsi que la Représentation permanente de la France auprès de l’Office des Nations Unies et des Organisations internationales à Vienne, la Mission économique UbiFrance Autriche-Slovénie, la Chambre de commerce franco-autrichienne pour leurs contributions. L’IHEST adresse ses remerciements à toutes les personnalités, institutions, collectivités et entreprises qui sont venus à la rencontre des auditeurs de l’IHEST ou les accueillent à l’occasion de ce voyage d’études : le Bundeskanzleramt Österreich, le Bundesministerium für Verkehr, Innovation und Technologie, le Rat für Forschung und Technologieentwicklung, la Forschungsförderungsgesellschaft, la plateforme Digitales Österreich, le Kompetenzzentrum Internetgesellschaft, la Municipalité de Vienne, le Naturhistorisches Museum Wien, l’Institut für Höhere Studien Wien, l’Ars Electronica Center de Linz, le Telekom Austria Group, l’A1 Internet für Alle Campus, le TINA VIENNA Urban Technologies & Strategies GmbH, le Rundfunk und Telekom Regulierungs GmbH. -1- Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Orientation générale du voyage d’études Avec cette sixième session du cycle national, la promotion 2013-2014 va poursuivre la réflexion qu’elle avait engagée lors de sa session 4 sur la question de l’espace européen de la recherche et la stratégie de l’Union européenne en matière de numérique. Cette session la conduira en Autriche, où elle approfondira le fil conducteur du cycle, en prenant la mesure du développement des innovations numériques et ses conséquences sur le paysage social et économique dans un pays européen emblématique sur ce sujet. Plus largement, et quelques semaines après la disparition du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche autrichien, elle abordera les nouveaux modèles de gouvernance et les spécificités du système de recherche et d’innovation autrichiens, les axes stratégiques de sa politique de recherche et d’innovation, les régulations à l’œuvre entre pouvoirs publics, recherche, enseignement supérieur, entreprises et le mode de coopération entre acteurs, et la diplomatie qu’elle entretient avec la France sur ces sujets. Selon la dernière enquête sur l’opinion publique dans l’Union (Eurobaromètre Standard 80), les Autrichiens sont moins pessimistes que la moyenne européenne sur le futur de l’Union. Ils se sentent majoritairement européens, soutiennent largement l’euro et paraissent beaucoup moins inquiets sur la situation économique de leur pays que la moyenne européenne. Au total, 63 % ont le sentiment d’être des citoyens de l’Union, contre 42 % seulement pour la France. S’agissant du numérique, selon la dernière étude E-government Benchmark 2012 commanditée par l’Union auprès de Capgemini, l’Autriche se classe au tout premier rang des pays européens pour la disponibilité et la convivialité des documents en ligne. Une telle réussite mérite d’autant plus d’être soulignée qu’elle a été atteinte sans moyens financiers considérables. Durant les dix dernières années, les initiatives gouvernementales pour mettre le numérique à la portée de tous les citoyens autrichiens se sont multipliées. Le secteur numérique représente 5 % des entreprises nationales, 60 % étant des sociétés de services en ingénierie informatique. Les activités les plus performantes concernent les équipements numériques, qui représentent 30 % du chiffre d’affaires du secteur. La volonté des pouvoirs publics de permettre l’accès au numérique le plus large possible, que ce soit du point de vue des infrastructures ou de la formation, sera présentée puis illustrée par la visite d’institutions et la présentation des programmes phares, avec un focus particulier sur les initiatives sociétales. Les quatre jours que la promotion passera à Vienne puis à Linz lui permettront d’aborder, entre autres, les ressorts du dynamisme autrichien en matière de numérique, de prendre la mesure de la dimension géopolitique de l’Autriche dans l’Union européenne ou encore d’apprécier les spécificités des politiques publiques de ce pays en matière de recherche et d’enseignement supérieur. A Vienne, considérée comme la ville la plus agréable à vivre au monde depuis 2009 par le cabinet d’études Mercer, ville qui abrite également l’Organisation des Nations-Unies, les sujets de l’utilisation du numérique pour le développement durable, la protection de l’environnement et la qualité de vie seront abordés avec l’étude de l’initiative Smart City Wien. A Linz, la visite du centre Ars Electronica permettra d’appréhender le caractère transversal du numérique. Lieu de dialogue social, associant arts, culture, sciences, et technologies, ce centre reçoit du public, héberge des chercheurs, entretient des liens avec les entreprises locales et participe à l’innovation. Il s’agira donc, pour la promotion, de poursuivre sur le terrain les travaux initiés sur l’Europe. Marie-Françoise CHEVALLIER-LE GUYADER directrice de l’IHEST -2- Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Sommaire 1 - Le système de recherche et d’enseignement supérieur en Autriche Éric DUFOUR, Chantal de FOUQUET, Pierre-Yves SAINT, Marie-Hélène TIXIER, Matthieu VALETAS 2 - L’Autriche dans l’Union européenne et sa neutralité Michel BECQ, Anne-Sylvie CATHERIN, Yves SAMSON, Jean-Pierre TROEIRA, Claire WAAST-RICHARD 3 - L’e-gouvernement Franck JUNG, Jean-Marc MEUNIER, Thomas ROUSSEL, Richard SALIVES, Fabrice TAUPIN 4 - Le plan numérique de l’Autriche Caroline BONNEFOY, Thérèse BOUVERET, Charles-Ange GINESY, Stéphane UBEDA, Isabelle ZELLER 5 - Art et numérique Philippe BENQUET, Jean CHABAS, Maria-Laura FERRI-FIONI, Eric HEINTZÉ, Bertrand SCHMITT 6 - La culture numérique dans la société Anne-Sophie BOISARD, Carine LEVEAU, Laurent MAHIEU, Joëlle RAGUIDEAU, David SILAGY 7 - Smart city Daniel BARTHELEMY, Jean-Michel CASSAGNE, Anne CATZARAS, Moussa HOUMMADY, Jérôme PEYRARD 8 - Responsabilité sociétale des entreprises en matière de numérique Josiane GAIN, Philippe LEMERCIER, Céline MESQUIDA, Aline RICHARD, Véronique ROCHE Annexes Programme du voyage d’études Liste des auditeurs -3- Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 1 - Le système de recherche et d’enseignement supérieur en Autriche Eric DUFOUR, Chantal de FOUQUET, Pierre-Yves SAINT, Marie-Hélène TIXIER, Matthieu VALETAS Pour 2013, les investissements de l’Autriche en recherche • 13 Universités privées, avec au total 7316 étudiants ; et développement s’élèvent à 8,96 milliards d’euros, soit • 21 Fachhochschulen (FH) ou «universités de sciences 2,81 % de son PIB. Ce résultat est nettement supérieur appliquées», avec sélection à l’entrée pour les 41 366 à la moyenne des pays de l’OCDE (2,33 %). Pour l’ensei- étudiants. Ces formations professionnalisantes, en gnement supérieur, le budget global est de 3,67 milliards développement, s’adressent à des effectifs réduits d’euros, dans un contexte de réelle autonomie des Uni- (30 élèves par classe) avec un encadrement renforcé versités. et des stages. Elles ne délivrent pas le doctorat. Elles sont adossées à des fondations, qui assurent L’Autriche veut atteindre 3,76 % du PIB en R&D à l’horizon le financement privé. Le concept de développement 2020 : l’ambition est de quitter le groupe des Innovation durable est appliqué à l’ensemble des activités. followers en Europe pour celui des Innovation leaders, La recherche fondamentale s’effectue principalement avec 5 priorités stratégiques : dans les universités, avec une participation croissante • développer par l’éducation l’intérêt pour la science et des FH à la recherche plus appliquée. De nombreux instituts sont également présents : la technologie, • renforcer la recherche amont, en créant une dizaine • l’académie des sciences (ÖAW), organisme de clusters d’excellence, de recherche et société savante tout à la fois, • amener à 25 % la part des entreprises ayant une en profonde restructuration ; • L’Austrian Institute of Technology (AIT) - le plus grand activité régulière de recherche, • simplifier la gouvernance des systèmes de recherche organisme extra-universitaire avec un budget de 125 M€ ; et d’innovation, • L’Institute of Science and Technology (IST), basé sur un • intensifier le recours aux financements compétitifs. système de clusters de recherche unique en Europe Les disciplines d’excellence sont les sciences de la vie, les mathématiques appliquées, la physique quantique et (modèle du Weizmann Institute en Israël) ; • L’Austrian Cooperative Research (ACR), réseau de 17 instituts au service des PME innovantes ; l’astronomie. • Des organismes privés (Joanneum Research Graz, Ludwig Boltzmann Society, Christian Doppler Society). Organisation Comme en France, l’enseignement supérieur est struc- À noter le cas de l’Institut international pour l’analyse des turé en deux filières : systèmes appliqués (IIASA), organisme inter-étatique • 22 Universités financées par l’état, pluridisciplinaires qui mène des études interdisciplinaires sur des thèmes ou spécialisées, organisées autour du schéma LMD globaux comme le changement climatique ou l’alimenta- (licence, mastère, doctorat), réunissant 275 523 tion. La France, membre fondateur, s’est retirée en 1993. étudiants en 2012-2013. Face à l’augmentation des L’autonomie des universités permet de développer des étudiants étrangers, principalement allemands, 75 % stratégies spécifiques d’enseignement et de recherche. des places sont réservées aux titulaires de la Matura, Le développement international est soutenu par l’agence 20 % à ceux d’un équivalent européen, et 5 % aux nationale de mobilité universitaire (Österreichischer diplômés hors UE ; Austauschdienst). -4- Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Créée en 2012, la conférence des établissements d’en- L’objectif est d’inciter les Universités à développer leurs seignement supérieur a un rôle de coordination, de ser- ressources externes tout en en laissant les marges néces- vice de conseil et de recherche de solutions aux grandes saires pour la prise de risque, notamment en recherche. problématiques. Elle se compose de membres du minis- À noter l’absence de frais d’inscription à l’université pour tère, des universités et des FH, de représentants des les autrichiens et de quotas pour les non-autrichiens. «sénats» des universités et des associations d’étudiants. Le financement de la R&D provient à 38,7 % de l’État, En 2009, l’effectif en R&D représentait plus de 56 000 à 44,6 % des entreprises et à 16,2 % de l’étranger. équivalents temps plein, dont 34 663 postes de cher- Le financement public est basé sur un schéma classique cheurs (62 % en entreprise, 32 % à l’université). ministères/agences. Trois agences assurent principalement le financement : Une convention a modifié les statuts des personnels • Le Fonds pour la Science (FWF), qui a distribué 172 embauchés après le 1er janvier 2004. Les universités M€ en 2010 sur 700 projets (dont 40 % emploient et gèrent leur personnel de façon autonome en sciences de la vie, 40 % en sciences physique pour dans le cadre d’une convention collective unifiée. L’ac- l’ingénieur). 78 % des sommes distribuées couvrent cès aux postes permanents est réalisé sur un modèle des frais de personnel. Le financement unitaire par de « tenure track » qui manque toutefois d’ouverture projet a augmenté de 50 % depuis 2000. Le FWF par rapport aux standards mondiaux : en 2010, 68 % des finance également des réseaux de recherche et « tenures » étaient accordés à des assistants issus de des programmes doctoraux. la même université. Fin 2010, 24 % des scientifiques et • La Société autrichienne de soutien à la recherche 52 % des professeurs (dont 59 % étrangers - allemands appliquée (FFG) qui soutient la participation principalement) étaient fonctionnaires. Certains postes à la coopération internationale et européenne (125 % de professeur ont une durée maximale de six ans. Cette de retour sur le 7e Programme cadre de recherche et réforme s’est accompagnée d’une forte croissance des développement technologique), finance les projets de postes de scientifiques et de professeurs directement R&D appliquée (forte participation des PME) et les infrastructures de recherche innovantes. financés sur ressources externes. • La Société autrichienne de service à l’économie, Les jeunes chercheurs peuvent bénéficier de carrières créé en 2002, intervient à l’aide de prêts à taux réduits, attractives avec de bonnes conditions de travail et di- d’avances, de garanties ou de subventions pour verses aides. Le programme START permet aux plus encourager le transfert de technologies brillants de constituer des équipes. Mais «l’exil» consti- et d’innovations, la création de nouvelles entreprises. tue la contrepartie de la mobilité obligatoire. Elle s’adresse à tous les secteurs, des sciences du vivant à l’économie forestière, en passant par La formation doctorale reste encore peu ouverte aux le tourisme. étrangers hors Union européenne (8,5 % pour une moyenne UE27 de 19,4 %) Enfin, les fondations privées, déjà fortement présentes, verront dans les années à venir leur rôle amplifié dans Financement le financement de la recherche. Le financement des Universités a été réformé en 2012 En plus des programmes nationaux, des programmes au avec un nouveau système de double allocation : un bud- niveau des collectivités locales soutiennent également get de base et un budget calculé sur la base d’indicateurs la recherche, par exemple le Fonds pour la science, la de performance concernant l’éducation, la recherche, la recherche et la technologie de la ville de Vienne (WWTF). parité et la mobilité des étudiants. Le poids des indicateurs est modulé au regard des différentiels de coûts des Les évaluations des actions et projets financés sont réa- activités de recherche et d’enseignement. lisées sur la base des coûts complets. -5- Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Relations partenariales De très nombreux programmes de soutien à l’innovation • Un centre, Internet für alle, centre aéré un peu spécial et à la recherche dans les entreprises permettent un pour initier les enfants et les moins jeunes accès rapide aux derniers résultats de la recherche uni- à la culture numérique. Les milieux défavorisés sont versitaire et extra-universitaire : particulièrement visés dans ces espaces • les « Chèques Innovation » permettent aux PME de de culture numérique qui constituent un véritable outil faire appel à l’expertise d’un organisme de recherche d’intégration. ou d’une université ; À signaler également l’initiative de la «longue nuit • la « Prime recherche pour les entreprises » qui de la recherche» pour rapprocher public et chercheurs. peuvent se faire rembourser par l’état 10 % des sommes dépensées pour leurs activités de R&D. • L’Autriche a lancé en 2006 le programme COMET Conclusion qui finance des centres de compétences facilitant l’utilisation effective de la recherche par l’industrie. Ce séjour nous a donc permis de découvrir les • La plateforme nationale Clusterplattform, créée en 2008, comporte actuellement 50 clusters, regroupant grandes lignes d’un pays dont l’effort en R&D est 3 500 entreprises, dont une majorité de PME. Ils très important. Sa spécificité réside, entre autre, sont centrés sur les points forts du pays (mobilité, dans sa taille et la souplesse qui en découle. Cet matériaux, mécatronique, TIC, sciences du vivant, exemple nous renvoie plus à celui de la Suisse qu’à environnement et énergie) et constituent des réseaux celui de la France. Si l’articulation générale des régionaux au service de la compétitivité et de organismes et des agences paraît assez proche, l’innovation, en particulier pour les PME. la forte autonomie des universités, leur mécanisme de financement ainsi que les évolutions importantes dans la gestion de l’emploi scientifique ont pour Parmi les très bonnes surprises du séjour : corollaire le dynamisme de ce système autrichien. • Une visite passionnante encadrée par un très jeune conservateur de la collection minéralogique, français de surcroît, du Musée d’Histoire naturelle de Vienne. Ludovic Ferrière nous a guidés dans sa recherche frénétique des météorites et dans les corridors du musée pour nous en faire découvrir les coulisses. • Un centre futuriste, novateur et particulièrement visité par des personnes de toute génération, le centre Ars Electronica de Linz. La finalité de ce centre est l’interaction des technologies nouvelles avec les enfants mais aussi avec les anciens, sont présentés en particulier de nouveaux objets voués à remplacer des animaux de compagnie et censés dégager de la tendresse ou du réconfort. Curieux ! -6- Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 2 - L’Autriche dans l’Union européenne et sa neutralité Michel BECQ, Anne-Sylvie CATHERIN, Yves SAMSON, Jean-Pierre TROEIRA, Claire WAAST-RICHARD D’une neutralité subie à une neutralité active qui renforce le rôle politique de l’Autriche dans l’Union européenne et l’OSCE s’installent à Vienne ; de plus, plusieurs rencontres entre dirigeants américains et soviétiques (Kennedy et Kroutchev, Carter et Brejnev) s’y sont déroulées. • L’Autriche, est une terre d’asile, circonscrite essentiellement aux réfugiés des pays de l’Est : -- Etablissement de camps de réfugiés à Traiskirchen La neutralité autrichienne a été imposée par les Alliés et à Graz par la Croix-Rouge et l’armée autrichienne dans le contexte de la Guerre froide : la neutralité étant à la suite de l’écrasement de la Révolution hongroise une condition pour que l’Union soviétique accepte que de 1956, qui débuta avec la volonté du Premier l’indépendance soit accordée à cet État situé entre l’Est Ministre, Imre Nagy, d’adopter « un statut neutre sur et l’Ouest. Ainsi, en complément du Traité d’État signé le le modèle autrichien », 15 mai 1955 à Vienne et rétablissant un État autrichien -- Engagement de l’Autriche à accueillir des réfugiés libre, souverain et démocratique, l’Autriche s’est engagée politiques de Tchécoslovaquie (Charte 77) à la suite à une neutralité permanente. En conséquence, les forces de la répression du Printemps de Prague en 1968, d’occupation ont quitté son territoire le 25 octobre 1955, -- Nouvel afflux de réfugiés à la suite de la crise mettant ainsi fin pacifiquement à dix années de tutelle polonaise au début des années 1980… militaire. La loi constitutionnelle sur la neutralité est Toutefois la population autrichienne est défavorable adoptée le lendemain de la libération du pays et l’anni- à l’afflux important d’étrangers et aucune loi ou poli- versaire de son adoption devient la fête nationale autri- tique d’immigration n’est mise en place. chienne en 1965. • L’Ostpolitik lancée par le chancelier Raab dans les années 1960 et poursuivie par Bruno Kreisky dans • Neutre du point de vue politique et militaire, l’Autriche fait partie, sur le plan économique et culturel, de les années 1970, a accru le niveau de coopération l’Europe occidentale. entre l’Est et l’Ouest, positionnant l’Autriche comme un acteur clé sur la scène diplomatique européenne • La neutralité de l’Autriche est établie sur le modèle et préparant son intégration dans l’Union. suisse : il s’agit d’une neutralité perpétuelle qui, conformément au droit international, outre l’adhésion • Enfin, le 19 août 1989, à la faveur du pique-nique au principe de non-belligérance, comporte quatre paneuropéen de Sopron, 600 Allemands de l’Est composantes principales : devoir d’abstention, devoir s’enfuirent par surprise de Hongrie vers l’Autriche – d’impartialité, droit d’inviolabilité territoriale et liberté les chefs de la diplomatie de l’Autriche, Alois Mock, des relations commerciales. et de la Hongrie, Gyula Horn, ayant coupé les barbelés le 27 juin 1989. • En complément de ce régime juridique, la politique de neutralité active menée par l’Autriche pendant la période de la Guerre froide, couplée à sa situation Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombe, l’organi- géographique, permet à l’Autriche de tenir une place sation de l’Europe change. Contrairement à la Suisse, particulière en Europe. l’Autriche décide, par référendum, de participer à la • En parallèle, tant la neutralité de l’Autriche que construction européenne et de devenir, en 1995, membre sa position géographique favorisent l’accueil de l’Union européenne. D’autres pays, à l’Est de l’Autriche d’institutions internationales: l’ONU l’AIEA, l’ONUDI en font autant. La spécificité de la position géostratégique -7- Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 de l’Autriche s’estompe mais cette évolution permet une des décisions permettant d’éviter la compétition fiscale. normalisation de sa position au sein de l’Europe. Elle s’est prononcée contre l’usage des OGM et contre La notion de neutralité de l’Autriche fait l’objet de nom- le nucléaire. breux débats entre spécialistes, portant notamment sur Une critique amère de la politique européenne actuelle: le fait que l’Union européenne comme solution légale L’Autriche « réagit plus qu’elle n’agit ». Après le Royaume suppose une restriction de la souveraineté nationale Uni, l’Autriche est le pays le plus euro-sceptique. Cet (abandon du shilling, soutien à la politique de sécurité et euroscepticisme est particulièrement le fait des partis de défense commune et participation potentielle à des in- politiques extrêmes (droite et gauche) dans un contexte terventions militaires sans mandat onusien) difficilement politique changeant. Le parti social-démocrate et le parti compatible avec le maintien d’une neutralité étatique. conservateur qui, depuis l’après guerre, gouvernent dans Cependant, le sujet n’est jamais formellement abordé une coalition très stable voient, à partir de 2000, leur et les Autrichiens semblent assez indifférents à l’idée de influence s’amoindrir au bénéfice marqué de la droite neutralité -peu savent, par exemple, que le jour de la fête populiste (23% des suffrages aux élections de 1994). nationale est celui de la signature du Traité d’État. L’euroscepticisme s’installe alors même que l’entrée de l’Autriche dans l’Union européenne produit des résultats L’entrée de l’Autriche dans l’Union européenne : des espoirs déçus ? positifs. La croissance du PIB est rapidement revenue après la crise de 2008 (-3,8 % en 2009, 2% en 2010, 2,7 % en 2011). Qualité de vie et bien-être matériel sont parmi les plus hauts d’Europe. L’Autriche affiche un des chômages les moins élevés d’Europe. Une entrée dans l’Union européenne finalement enthousiaste Cependant, les potentiels d’innovation et de croissance à Des débats contradictoires ont eu lieu dans les années long terme de l’économie ne peuvent pas être considérés 1980-1990 : préservation de la neutralité ; plus de libé- comme garantis. Les enjeux actuels pour l’Autriche sont : ralisation, moins de réglementation ; préservation de la • L’emploi et l’innovation qu’il faudra maintenir dans souveraineté en matière de politique de sécurité (adhé- un contexte de destruction d’emplois dans l’industrie sion au Partenariat pour la Paix, mais refus d’entrer dans lourde, qui remet en question la position de l’Autriche l’Otan); liberté de privilègier les citoyens autrichiens -ex. dans la production internationale, et un contexte droits d’inscription universitaires. spécifique de changement de propriétaire pour cause Avec l’entrée dans l’Union européenne, le 12 juin 1994, (le de transmission générationnelle d’un tiers référendum sur l’adhésion de l’Autriche est un succès: des nombreuses entreprises familiales sur 66,4 % de «oui», 82 % des électeurs s’étant exprimés), les dix prochaines années. est né l’espoir d’une modernisation du système politique Le système d’enseignement très fragmenté (il est autrichien. La situation économique s’est un peu dégra- observé, par ailleurs, que les résultats sont trop dée. L’adhésion n’a pas conduit à modifier le Traité d’État. dépendants du milieu socioéconomique des parents). L’Autriche souhaite garder sa souveraineté sur les questions budgétaires et de sécurité, tout en acceptant des entorses à son engagement de neutralité (survol de son territoire par des avions américains lors de la première • La politique énergétique: limitation de la dépendance au gaz tout en demeurant hors du nucléaire; étalement urbain ; fort développement du transport routier. • L’évolution démographique: vieillissement de guerre du Liban, présence de troupes autrichiennes en la population menaçant l’équilibre du système public Afghanistan). de retraite; augmentation du taux d’activité des femmes renforçant la nécessité de politiques L’Autriche est en faveur d’une relation partenariale forte permettant de concilier responsabilités avec la Turquie (mais est opposée à l’adhésion de celle- professionnelles et familiales; poids important ci à l’Union). Elle se concentre, avec succès, sur la lutte des immigrés, peu instruits, exigeant des mesures contre le chômage des jeunes. Elle attend de l’Union correctrices afin de préserver la cohésion sociale. -8- Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 L’Autriche se cherche un nouveau souffle et une identité propre L’Autriche sera-t-elle plus encline à se tourner vers les pays de l’Est de manière à jouer le rôle de chef de file plutôt que de se sentir trop petite et pas assez écoutée dans une Union européenne dominée par des États poids lourds de l’Ouest ? Ou pourrait-elle constituer avec l’Irlande, la Finlande, la Suède et Malte un axe de pays neutres au sein de l’Union, contribuant utilement à la stabilité et la paix en Europe ? La neutralité serait-elle une entrave au devoir de mémoire ? La Déclaration tripartite de Moscou du 1er novembre 1943, un des actes fondateurs de la neutralité autrichienne, déclare l’Anschluss comme nul et non avenu, et présente l’Autriche comme une victime du national-socialisme. Cette difficulté à se confronter au passé, dont témoignent notamment les œuvres du prix Nobel de littérature Elfriede Jelinek, distingue l’Autriche de son voisin allemand. Est-ce là un frein à la poursuite de son intégration dans l’Union européenne? La difficulté à cerner la réalité de la neutralité de l’Autriche tient peut-être à la nature même de son identité nationale, qui n’a réellement pu se forger qu’à travers une histoire récente. L’historien franco-autrichien Felix Kreissler va jusqu’à considérer le principe de nation autrichienne comme exogène car effectivement forgé après 1945. Depuis la fin du Saint Empire romain germanique, rares ont été les périodes où l’Autriche a pu s’affirmer en tant que nation souveraine. Des visions s’opposent, comme celles d’artistes comme Karl Kraus ou de philosophes comme Gerald Stieg, mais cette analyse pourrait aussi expliquer l’un des paradoxes du mouvement nationaliste d’extrême-droite autrichien, encore très fortement attaché aux valeurs du pangermanisme (1990 Jorg Haider et la « Petite réunification allemande »). L’avenir de la neutralité de l’Autriche semble désormais lié à celle de l’Union européenne et à la place accordée par celle-ci au principe de nation. -9- Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 3 - L’e-gouvernement Franck JUNG, Jean-Marc MEUNIER, Thomas ROUSSEL, Richard SALIVES, Fabrice TAUPIN 1. Définition et enjeux de conduire. Ces nouveaux services s’appuient principa- L’e-gouvernement consiste en l’utilisation des techno- www.service-public.fr, guide des droits et démarches, et logies de l’information et des communications dans les annuaire de l’administration ; www.mon.service-public.fr, administrations publiques, associée à des changements un portail personnalisé d’accès aux démarches adminis- au niveau de l’organisation et de nouvelles aptitudes du tratives. personnel. Il vise à améliorer les services publics, à ren- Le dispositif est complété par des sites spécifiques forcer les processus démocratiques et à soutenir les poli- comme www. marches-publics.gouv.fr, pour consulter et tiques publiques. Il va donc au-delà de la seule e-admi- de répondre aux appels d’offres des collectivités locales nistration qui doit permettre au citoyen d’avoir un accès et des services de l’État aisé aux diverses procédures et de partager les informa- En France, un peu moins de 60 % des particuliers ont uti- tions entre différentes administrations, sous réserve de lisé Internet pour des contacts avec les pouvoirs publics. son accord et de son contrôle. Avec ce taux, la France se positionne au 6e rang dans lement sur deux sites : l’Union européenne (Eurostat/enquêtes communautaires sur les TIC 2011). Depuis fin 2011, la plateforme « data.gouv.fr » permet aux services publics de publier des données publiques et à la société civile de les enrichir, modifier, interpréter pour coproduire des informations d’intérêt général. e-Administration : amélioration des processus e-Société : développement durable 3. L’e-gouvernement en Autriche : Une politique fédérale volontariste avec une mise en œuvre décentralisée et partenariale e-Démocratie : participation citoyenne Le gouvernement autrichien poursuit de manière probante une politique volontariste en matière d’e-gouver- 2. L’e-administration en France nement, qui a fait passer le pays de la 13e place au début des années 2000 à la première place depuis 4 ans, dans le classement européen des administrations utilisant le En France, une offre de service en ligne pour les par- numérique. ticuliers, les entreprises et les collectivités locales se Le moteur est la généralisation des services en ligne développe, avec le soutien de la Direction Générale de (plus de 1300) et leur simplification, pour faciliter la vie Modernisation de l’État depuis 2006. De nombreux télé- des usagers et rationaliser les coûts de l’administration. services ont été développés comme la déclaration et le Pour ce faire, trois portails ont été mis en place, dédiés paiement en ligne des impôts, l’accès aux documents respectivement à l’individu, à l’entreprise et à la santé. administratifs fiscaux et la situation des points du permis Chaque usager dispose d’une identification unique. - 10 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Le cloisonnement des services interdisant le croisement Outre l’exemple de Vienne développé infra, l’investisse- des fichiers pour un même individu et la création d’un ment de la ville de Linz avec l’initiative « Ars Electronica » portail pour les données de santé révèlent la reconnais- mérite d’être souligné. La mise à disposition de données sance par les autorités de la sensibilité de l’utilisation des et d’outils permettant de les exploiter, dans des dimen- données personnelles, en particulier dans le domaine sions multiples (géographiques, historiques, sociales, médical avec la possibilité additionnelle de renoncer à économiques...) permet une véritable appropriation ci- son e-dossier médical. toyenne du territoire. L’accès aux services en ligne est aujourd’hui obligatoire pour les seules démarches d’entreprise. Néanmoins, l’incitation du citoyen à utiliser les services en ligne est manifeste et se traduit par les actions suivantes : 1. généralisation des accès à haut et très haut débit ; 4. Une démarche fondée sur la qualité et la transparence… avec d’autres finalités inavouées ? 2. politique d’incitation, et de formation si nécessaire, de l’ensemble de la population à l’usage d’internet ; L’ambition affichée est de construire une société ouverte avec la mise à disposition du public et des entreprises de 3. démonstration de l’attractivité et de l’adaptation des données anonymes et non sensibles, et de rationaliser services en ligne (création d’un portail unique avec des les ressources de traitement des formalités administra- services personnalisés en fonction de l’âge, de la situa- tives. Une place importante est accordée à l’évaluation tion familiale… ). des services. L’effort est prioritairement porté sur les services les plus utilisés, ce qui amplifie le levier de per- Pour le premier point, l’objectif affiché du gouvernement formance. Il est néanmoins difficile de quantifier le gain autrichien est de connecter 100% des foyers avec des de cette démarche, au-delà du temps économisé pour débits de 100 Mbps ou plus, d’ici 2020 ! Pour ce faire, un l’usager et l’administration. bureau fédéral a été créé pour favoriser le déploiement dans les zones à faible potentiel commercial à l’aide de Au-delà de leur dématérialisation, une volonté de sim- subventions incitatives, et sensibiliser les élus locaux aux plification des démarches est également poursuivie, avec enjeux de cet aménagement numérique du territoire. une évaluation permanente au moyen de formulaires et Considérant l’accès aux services en ligne comme stra- de mesures des pertes entre « consultations des pre- tégique et transversal, ce bureau a été positionné au mières pages » et achèvement des démarches. Plus gé- niveau du premier ministre, en associant représentants néralement, l’État affiche clairement un triple objectif de de l’administration centrale, collectivités territoriales et transparence des processus de décision et coopération, usagers. d’économie et de développement économique, et enfin d’intégration des processus administratifs en particulier Cette démarche s’accompagne de sa déclinaison sur le grâce à l’homogénéité des supports. terrain par les associations, les collectivités locales et le mécénat, l’objectif étant de ne pas laisser apparaître Pour le secteur de la santé, le portail dédié est aussi clai- l’e-gouvernement comme la seule préoccupation des rement associé à une volonté de maîtriser les dépenses autorités nationales, mais bien de l’ensemble des acteurs de ce secteur, en écho à l’évolution très préoccupante publics, et parfois privés. de la pyramide des âges. Pour l’open data en revanche, aucun « modèle d’affaire » pour un retour sur investisse- Pour cette dernière catégorie, l’implication du plus grand ment direct et indirect pour le gouvernement ne semble opérateur mobile autrichien, Telekom Austria, pour for- avoir été étudié, malgré les coûts conséquents liés à son mer les jeunes générations à l’usage d’internet, même si développement. une volonté commerciale sous-jacente n’est pas exclue. - 11 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 La question de la réduction d’effectif liée au développe- Ainsi, la production des données par les hôpitaux et ment des e-services a été soigneusement éludée, et le autres structures est gérée par un centre de compé- manque de vision prospective notamment sur les évolu- tences et une infrastructure unique. Ce dispositif trou- tions corrélatives des métiers est frappant. vera sa place dans un projet plus ambitieux de dossier Enfin, les éventuels croisements de données entre admi- médical national (système ELGA). nistrations demeurent exclus, au risque d’interdire toute réflexion sur l’utilisation des données à des fins d’ana- Une perspective affichée vise à interconnecter les infor- lyses statistiques pour le pilotage de l’État. mations du secteur social avec les services de santé. Les applications seront importantes notamment pour aider les personnes dépendantes, mais de nombreux points 5. L’exemple de Vienne de vigilance demeurent : contrôle qualité du dispositif, niveau d’adhésion des patients et des médecins, sécuri- L’agglomération, qui regroupe les compétences commu- sation des données... nales et régionales, affiche une ambition forte de faciliter les démarches administratives pour les citoyens et bien sûr permettre des économies, au bénéfice de l’ensemble Conclusion des parties prenantes : le citoyen, l’entreprise et l’admiL’Autriche poursuit un développement rapide et nistration. ambitieux de l’e-gouvernement, en bénéficiant Une première illustration en est l’initiative d’Open-go- d’un fort investissement combiné de l’État, des vernment. Initiée grâce à un accord politique intervenu en collectivités locales et des entreprises. Elle s’appuie 2010, cette volonté d’ouverture impose une transparence sur d’excellentes infrastructures dont elle favorise des données de l’administration. Cette démarche doit encore le déploiement, mais aussi sur un consensus aussi permettre de créer des applications exploitables autour de ces sujets en évitant manifestement par le plus grand nombre, commerciales ou gratuites, tout débat autour des questions les plus sensibles en garantissant une disponibilité pérenne et un enrichis- comme les réductions d’effectifs et des exploitations sement des données de l’administration, en excluant les plus discutables des données collectées. L’exemple données personnelles ou critiques pour les infrastruc- du portail santé, développé a priori sans associer tures. Plus d’une centaine d’applications facilitant la vie l’ensemble des acteurs concernés avec une adhésion locale (stationnement, guide touristique, signalisation incomplète du corps médical, témoigne pourtant des défauts de voirie...), avec une création de valeur asso- de l’importance cruciale de susciter la controverse ciée estimée à 550 000 euros, témoignent du succès de autour de la thématique phare du développement des la démarche. sociétés. L’e-santé constitue une autre démarche emblématique pour faire face aux enjeux d’accroissement, de mobilité et de vieillissement de la population. Elle consiste à échanger les données des patients entre hôpitaux et médecins de ville ou entre hôpitaux, dont l’association est l’une des plus grandes organisations de santé en Europe : 11 hôpitaux/14 centres gériatriques/30 000 employés/400 000 consultations/4,7 milliards d’€ de budget. Bien que le dossier médical informatisé des patients existe depuis plus de 20 ans, il est apparu nécessaire de fédérer et d’homogénéiser les démarches existantes. - 12 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 4 - Le plan numérique de l’Autriche Caroline BONNEFOY, Thérèse BOUVERET, Charles-Ange GINESY, Stéphane UBEDA, Isabelle ZELLER Introduction parler infrastructure l’un des premiers objectifs du plan Dans la plupart des pays développés, le taux de croissance moyens nécessaires pour avancer sous la forme d’une de l’économie numérique est le double de celui de l’écono- série de mesures et de dispositifs de soutien aux initia- mie globale. Au début des années 2000, en réaction à plu- tives locales. fut d’informer les responsables locaux des enjeux et des sieurs indicateurs démontrant un certain retard, l’Autriche lança un plan numérique en deux phases, la première Un centre de compétence est créé à l’échelle fédérale, re- ciblant le déploiement des infrastructures, la seconde se groupant les experts et centralisant l’information. Au delà centrant sur le développement des usages. d’une incitation active au développement de l’infrastructure, nous sommes surpris par un modèle dans lequel Dans un État fédéral comme l’Autriche, un plan associé les collectivités peuvent s’adresser au Bureau du Haut à une grande cause nationale revêt une forme très diffé- débit fédéral pour obtenir de l’aide. Il s’agit d’un fonc- rente de ce qu’un État centralisé comme la France met tionnement en mode « projet », dans lequel l’État offre habituellement en place. Notre voyage a permis de sou- des services dont des études de faisabilité et d’ingénierie lever le voile de la méthode autrichienne à travers son financière. « Plan numérique », un ensemble d’outils incitatifs et de méthodes participatives ayant réussi en une décennie à Ce modèle d’organisation, surprenant vu depuis la France combler le retard et même à démontrer un réel succès et ne semblant pas au premier abord optimal pour des dans le domaine du E-Gouvernement. projets d’infrastructures, a permis un véritable rattrapage du retard de l’Autriche en matière d’équipement. En Une méthode de mise en œuvre originale 2013 le taux de pénétration d’Internet en Autriche est de 81%, ce qui la place au 29 rang mondial. Le défi du Haut débit Le rattrapage de l’infrastructure Internet classique a été basé sur l’infrastructure téléphonique préexistante. Le retard en termes d’accès à Internet et du nombre d’utilisateur étant comblé, l’Autriche vise le haut débit, en phase avec la politique européenne. L’Europe souhaite relancer la croissance dans le domaine du numérique, facteur important de la reprise économique, le taux l’emploi lié à Internet restant trop faible par rapport à l’Asie ou l’Amérique du Nord. Un déficit d’innovation est clairement pointé du doigt et l’Autriche entend apporter sa Dans un pays fédéral comme l’Autriche, les prérogatives contribution aux changements nécessaires pour inverser des länder sont extrêmement larges et pour toute mise la tendance. En se basant sur l’agenda numérique euro- en œuvre d’un programme au niveau national, l’État stra- péen, l’Autriche se fixe un objectif de 30 Mbit/s en 2020, tège doit convaincre ses partenaires des länder et les sur la majeure partie de son territoire, puis de 100Mbit/s collectivités locales qui le composent. Avant même de pour 50% de son territoire à l’horizon 2020. - 13 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Il faut 5 milliards d’€ pour déployer le haut débit sur tout Plan Numérique qui vise l’accès à un portail unique pour le pays. Des fonds FEDER 2014-2020 seront mobilisés l’ensemble des services administratifs ciblés sur chaque à hauteur de 40 millions d’€ ainsi que les revenus des citoyen grâce à son profil. Trois portails sont créés -ci- licences LTE. L’existence de 8 à 9 opérateurs « Internet toyens, entreprises et santé -à la disposition des länder/ fixe » ne facilite pas le développement de l’infrastructure, villes qui peuvent les personnaliser. La loi « e-gouverne- malgré l’obligation qui leur est faite de les partager. Une ment » a permis de réglementer transversalement, sans base de données centralisée à la chancellerie regroupant avoir à amender la loi dans chaque secteur administratif. l’ensemble des projets de développement a vocation à devenir un véritable cadastre des infrastructures. Pendant 5 ans, le gouvernement fédéral a fait participer l’ensemble des ministères, les représentants des Länder Des facteurs d’économie peuvent être dégagés par la et des grandes villes ainsi que des usagers, pour créer coordination avec d’autres projets d’infrastructures, la plateforme « Autriche numérique ». Les priorités sont comme les réseaux d’eau ou d’énergie. Au vu des besoins fixées collectivement et des outils communs sont propo- en investissement, la coordination mise en place lors de sés pour une stratégie nationale de forte ambition : un la première phase est encore plus importante. Trois ni- espace numérique administratif unique. En 2012, 99% veaux de décisions sont concernés : des entreprises utilisent Internet pour leurs démarches • Stratégiques - coopérations et coordinations administratives et depuis 2013, les facturations aux mi- • Schéma de subvention/d’aides, nistères et les appels d’offres fédéraux sont dématéria- • Accompagnement, mesures d’activités, feedback, lisés. Pour harmoniser les différents portails, la gestion des L’Autriche, leader de l’E-Administration identités et des signatures est un point central. Le respect de la vie privée est pris en compte, les citoyens disposant de plusieurs identités disjointes. Le gouvernement fédéral veille à maintenir une activité de recherche importante autour des sujets de la sécurité et de la protection des données personnelles. Autriche et l’Open Data Dans la mouvance de l’Open Data qui déferle sur l’Europe, l’Autriche a réalisé la richesse que constituent les données de chaque administration et a mis ce trésor à la disposition des citoyens. De ces gisements de données devrait émerger une création de valeur d’ordre économique ou sociétal importante. L’Autriche coordonne ce mouvement sur la base des critères standard, internatioEn 2000, l’Europe avait classé l’Autriche en numéro 13 nalement reconnus : pour l’E-Administration, ce qui l’incita à porter ses efforts sur ce domaine. Au delà des infrastructures, le gouverne- 1. pas de discrimination ; ment autrichien était conscient de la nécessité de déve- 2. utilisation de standards ouverts ; lopper les usages. Une analyse rapide montra qu’outre 3. licence unique Open Gouvernment Data les échanges de courriels et la recherche d’informations, les principaux usages se développant naturellement Au niveau fédéral, le portail data.gv.at a été mis en place, étaient liés à la banque en ligne et à l’achat sur Internet. chaque Land pouvant le décliner à ses couleurs ou y ad- Le citoyen est placé au cœur de la seconde phase du joindre ses services. La ville de Vienne est très en pointe - 14 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 avec des communautés d’utilisateurs informant les habi- les initiatives locales. Un programme national ambitieux tants sur l’utilisation possible des données en matière « A1, Internet pour tous » est né en 2012 sous l’impulsion de services. La généralisation de ce programme à l’en- de « Telekom Austria Group », opérateur historique en semble du pays sera difficile à mettre en œuvre, tous les Autriche. Il mêle différents partenaires pour diffuser un länder ne disposant pas des moyens de la capitale. Le enseignement et une sensibilisation à Internet gratuite. gouvernement autrichien prépare une loi constitution- Regroupant plus de 9000 collaborateurs sur l’ensemble nelle encadrant l’ouverture des données publiques, ga- du territoire, A1 vise à atteindre les populations les plus rantissant leur transparence et la protection des citoyens. à l’écart du numérique grâce à un travail en réseau qui devrait en assurer le succès. Un centre pour la jeunesse Un Internet au service de la société existe à Vienne et un bus circule à travers tous le pays. En deux ans, 2800 ateliers ont eu lieu et 92% des participants déclarent en avoir tiré un bénéfice réel. Pour évaluer le programme, Telekom Austria a établi a un partenariat scientifique avec un laboratoire du Vienna University Children’s Office. Le citoyen est placé au cœur du Plan Numérique autri- Conclusion chien, l’éducation de la population aux usages et aux technologies de l’Internet étant toute aussi déterminante Le plan numérique Autrichien a permis de rattraper que la mise en place des infrastructures. Comment for- le retard du pays au plan de la pénétration d’Inter- mer les talents nécessaires, les maintenir sur place et net. Reste à savoir si le même modèle suffira pour attirer les talents à l’international ? Quel niveau de for- le haut débit. En termes de service, l’accent a été mation pour les citoyens qui seront les usagers, les sala- mis sur l’E-Administration avec un réel succès, riés et les innovateurs de demain ? Avec 22 Universités l’Autriche étant dans le Top 3 des pays Européens publiques, 13 universités privées, 21 écoles d’ingénieurs dans ce domaine. Nous avons pu découvrir pendant et de nombreuses formations techniques, le numérique notre voyage un pays conscient de l’enjeu d’Inter- est bien pris en compte en Autriche, même si les flux net, proposant une approche surprenante vu depuis de formation dans ces domaines doivent être amplifiés. la France qui n’est pas sans rappeler les méthodes L’enjeu reste l’entreprenariat qui ne dépend pas unique- « agiles » de gestion de projets, et un opérateur ment de la formation. historique, Telekom Autria, investissant dans la formation des citoyens au titre de son rôle social. Le La loi stipule qu’il ne doit pas exister de barrière pour les Français Jacobin ne pourra s’empêcher de voir dans citoyens. Tous doivent acquérir les mêmes compétences cette organisation un risque d’inégalité entre un dans l’utilisation du numérique or un million d’autrichiens Land de Vienne, dynamique et aux moyens consé- en sont dépourvus. Cependant, la responsabilité des Län- quents, et d’autres parties du territoire ayant du der en matière d’éducation rend difficile la mise en œuvre mal à suivre le train du numérique. des plans nationaux. Le gouvernement fédéral s’appuie sur - 15 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 ANNEXE Importance économique d’internet en Autriche En 2012 17,3 milliards € de valeur est attribuée à Internet Internet représente 5,6% du PIB national • -4,3 milliards € pour les biens et services achetés sur Internet • -2,9 milliards € issus directement des biens et services TIC (notamment dans les télécommunications) Avec ces chiffres, l’Autriche est une bonne élève européenne. Ménages disposant d'un accès à internet, d'une connexion à haut débit (%) Accès à Internet UE27 Connexion à haut débit 2006 2011 2006 2011 49 73 30 68 Belgique 54 77 48 74 Bulgarie 17 45 10 40 Rép. tchèque 29 67 17 63 Danemark 79 90 63 84 Allemagne 67 83 34 78 Estonie 46 71 37 66 Irlande 50 78 13 65 Grèce 23 50 4 45 Espagne 39 64 29 62 France 41 76 30 70 Italie 40 62 16 52 Chypre 37 57 12 56 Lettonie 42 64 23 59 Lituanie 35 62 19 57 Luxembourg 70 91 44 68 Hongrie 32 65 22 61 Malte 53 75 41 75 Pays-Bas 80 94 66 83 Autriche 52 75 33 72 Pologne 36 67 22 61 Portugal 35 58 24 57 Roumanie 14 47 5 31 Slovénie 54 73 34 67 Slovaquie 27 71 11 55 Finlande 65 84 53 81 Suède 77 91 51 86 Royaume-Uni 63 85 44 83 Islande 83 93 72 93 Norvège 69 92 57 80 Croatie* 41 61 23 56 anc. Rép. Youg. de Macédoine* 14 46 1 37 Turquie* 20 43 17 39 - 16 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 5 - Art et numérique Philippe BENQUET, Jean CHABAS, Maria-Laura FERRI-FIONI, Éric HEINTZÉ, Bertrand SCHMITT Dans un contexte sociétal autrichien où les technologies pour une meilleure compréhension des fonctionnalités et numériques apparaissent très prégnantes, il n’est pas de l’environnement de la ville), des stands sur la biolo- surprenant qu’elles investissent également les domaines gie synthétique (ex : opimilk et les nouveaux modes de artistiques. Les arts numériques peuvent ainsi être mis traitement naturel de la douleur), de l’approche du corps à disposition de l’ouverture aux sciences, tout comme humain et du recours à la robotique, de l’appréhension les démarches artistiques mobilisent ces outils qui en 3D de l’Univers au sein du « Deep Space », … transforment par eux-mêmes la nature de l’œuvre. Mais l’intégration entre art, technologie numérique et science Dans un monde où les cloisonnements scien- s’arrête-t-elle à cette simple relation biunivoque ? tifiques sont encore marqués, l’opportunité 1. Le digital au service de la muséographie des sciences et de l’éducation aux sciences de faire des analogies entre disciplines (ex : comparaison entre nébuleuse planétaire et structure de la rétine humaine) pour initier de nouveaux développements technologiques et prendre en considération les besoins exprimés par la société est un atout au service de l’innovation. Un tel processus Ville au passé industriel marqué par la sidérurgie, Linz d’intermédiation scientifique repose sur se présente comme le berceau de nombreuses techno- l’action de guides expérimentés qui consti- logies de pointe : citons, par exemple, la fabrication des tuent la pertinence de ce centre. « Taurus » qui constituent le plus important parc de locomotives des chemins de fer autrichiens ou encore l’en- La démarche autrichienne qui permet à une majorité treprise « Silhouette » qui fabrique des lunettes solaires de la population d’être sensibilisée à l’émergence, voire performantes dont l’esthétique et les fonctionnalités sont d’être formée à l’utilisation de ces technologies, apparaît empruntes des derniers progrès du numérique. être un bon moyen de tisser du lien social et de prévenir la défiance potentielle entre science et société. Néan- S’appuyant sur cette tradition technologique forte, l’Ars moins, l’acceptation par le plus grand nombre de ces Electronica Center de Linz permet de percevoir concrète- technologies, dont les industriels mais également les ment la façon dont les technologies numériques peuvent politiques savent efficacement faire l’apologie, interroge être combinées aux démarches muséographiques pour quant à la prise de recul qui permettrait de les qualifier nourrir une volonté pédagogique qui s’étend à toutes de réels progrès pour la société. les générations et qui vise à mieux appréhender l’impact des nouvelles technologies sur notre quotidien. Ainsi, dans ce musée de l’avenir et de la technologie, espace interactif de découverte, de nombreux stands 2. Le digital au service des arts d’exposition mais également de laboratoires (FabLab, L’art numérique, souvent nommé également « Cyber Art », « Laboratory for future innovations ») permettent d’expé- « Media Art » ou « Techno Art », a véritablement émergé rimenter de nouveaux produits et d’approcher de nou- vers la fin des années 80. Ce courant artistique entend velles découvertes dans divers domaines de notre socié- démultiplier la créativité et l’inspiration par les perfor- té. La démarche s’appuie sur une immersion dans l’objet mances et les puissances de calcul des ordinateurs, ainsi scientifique rendue possible grâce au numérique. Ainsi que le développement d’interfaces électroniques autori- en est-il de GeoCity (collecte de données et interprétation sant une interaction avec l’artiste. - 17 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Le festival Ars Electronica fut l’un des premiers à mettre la planète. La pervasivité du numérique joue en cela un en son et en lumière cet art dès 1979 et, ce faisant, à le rôle essentiel en permettant à chacun d’être un artiste en faire sortir d’un certain élitisme. Les thématiques qu’il herbe, sans avoir à acquérir les savoir-faire exigeants des affiche annuellement depuis 1987 sont significatives arts majeurs : peinture, sculpture ou musique classique. de la démarche : de Free Sound en 1987 à Total Recall: Et le public du Deep Space est plus représentatif de la The Evolution of Memory en 2013, en passant par Endo société autrichienne que celui du Grand Opéra de Vienne. & Nano – The World From Within en 1992, Genetic Art – Ce « décalage systématique » en matière de création Artificial Life en 1993, Human Nature – The Anthropocene artistique revendiqué par Ars Electronica et rendu possible en 2009 ou Origin – How It All Begins en 2011. Egalement par le numérique, apparaît finalement comme un courant en 1987, vint s’y ajouter le prix Ars Electronica, attribué artistique authentique, un héritage Rimbalien du « long, selon 3 catégories parmi 700 œuvres. Ce prix est encore immense et raisonné dérèglement de tous les sens ». aujourd’hui le plus doté au niveau mondial pour l’art nu- Cependant, le numérique est également mis au ser- mérique. En 2013, il fut attribué selon 7 catégories parmi vice d’approches plus classiques, servant alors de plus de 4000 œuvres, une de ces catégories s’intitulant trait d’union entre notre passé et notre futur. Les « Art and Technology Grant ». grandes œuvres de l’opéra national de Vienne sont, depuis octobre 2013, diffusées en « livestream », permettant ainsi à tous (moyennant abonnement) Ars Electronica Center (Linz) d’être un « téléspectateur » privilégié et de bénéficier de services complémentaires améliorant l’approche de l’œuvre (sous-titres, notes, multi-caméra, …). Au même titre, la « Maison de la Musique » (Haus der Musik) est un musée moderne, interactif et expérimental destiné à montrer les multiples facettes de la musique et du son. Grâce au numérique, vous pourrez y faire vos premières expériences de compositeur et de directeur d’orchestre. L’originalité des œuvres est souvent sublimée par la mobilisation simultanée de plusieurs disciplines artistiques (arts graphiques et musique, notamment) et par l’immer- 3. Quand l’intégration numérique, art et science va plus loin … sion du spectateur dans l’objet. Le Centre Ars Electronica Chez Ars Electronica, la volonté d’intégration pluridis- dispose pour cela avec Deep Space d’une salle de projec- ciplinaire entre science, technologie, innovation, art et tion géante en 2D et en 3D utilisant murs et sol comme société s’inscrit dans une démarche dynamique et évo- écran et permettant de véritables voyages virtuels aux lutive, qui se concrétise par de fortes synergies et par la spectateurs. Ce dispositif permet également de proposer création d’un réseau efficace d’artistes et de scientifiques des observations détaillées à base de zooms puissants du monde entier. Dès l’origine, le Festival Ars Electronica sur des photographies à giga-pixels d’œuvres classiques utilise le numérique pour faire face aux questions socié- afin d’observer ce qui ne peut être vu à l’œil nu, mettant tales émergentes. Cet événement bénéficie d’une cou- ainsi la technologie au service de l’histoire de l’art. verture médiatique croissante qui contribue à sa diffusion mondiale. L’on retrouve cette dimension internationale Par ailleurs, ce positionnement très high tech de la scène dans l’organisation du Prix Ars Electronica, qui met à artistique autrichienne vise le grand public plus que les l’honneur la créativité et l’innovation dans l’utilisation des élites. La scène électro underground autrichienne est médias numériques. particulièrement active, à l’image des sons indépendants Depuis 2012, a été conçu un nouveau concours qui de Kruder & Dorfmeister connus (presque) partout sur va plus loin dans la démarche intégrative : le prix Ars - 18 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Electronica Collide@CERN a pour objectif d’accélérer Certains de ses projets donnent lieu à des collaborations l’innovation grâce à la « mise en collision » entre les industrielles et se traduisent par des dépôts de brevets idées des ingénieurs et scientifiques du CERN et celles (avec Siemens, notamment). Enfin, la participation active des artistes, en collaboration avec l’expertise transdisci- d’Ars Electronica Futurelab au projet européen Studio- plinaire de l’Ars Electronica Futurelab. Le CERN servant lab exprime la volonté d’Ars Electronica de se position- plutôt de lieu d’inspiration et d’exposition aux artistes, ner comme une plate-forme unique au monde pour des l’appui technologique et innovateur est réalisé par Ars projets créatifs et pluridisciplinaires et capable de relier, Electronica Futurelab, ce laboratoire de Recherche et au-delà de toutes frontières, la science, l’art numérique Développement (public mais non universitaire) d’un type et la culture médiatique. particulier. Il vise en effet au développement de nouvelles connaissances et expériences sociales au travers de La démarche d’innovation ne se cantonne pas à la sphère méthodes et stratégies de sciences appliquées et réu- de l’Ars Electronica Futurelab. Elle est ouverte à tous les publics, notamment au travers du FabLab où des outils numériques sont rendus accessibles à un large public pour lui permettre de passer à l’action et de créer par lui-même de nouveaux objets. Plus largement, dès le début de la visite de l’Ars Electronica Center, un ensemble d’outils méthodologiques sont disponibles pour offrir aux visiteurs des approches multiples visant à faciliter l’interaction avec le monde d’aujourd’hui et de demain. Non seulement on interagit avec les expositions mais on s’y sent aussi acteur. Il s’agit de l’un des rares « musées » où l’affiche « ne pas toucher » n’existe pas et où, au contraire, les accompagnateurs incitent à s’immerger dans l’objet ! Le visiteur ne joue pas simplement le rôle de consommateur des nouvelles technologies, mais il en devient contributeur. Enfin, si le visiteur peut profiter de l’Ars Electronica Interactions entre designers, artistes numériques et développeurs informatiques Center en toute liberté, des guides experts sont à sa disposition pour des programmes diversifiés et adaptés aux différents publics et groupes d’âge, ou tout simplement pour l’accompagner, échanger et mieux appréhender les nombreuses activités proposées. Longtemps considéré comme un pays de frontières (entre Orient et Occident, entre bloc de l’Est et bloc de l’Ouest), l’Autriche, désormais au centre de l’Europe, développe une forte dynamique vers les nouvelles frontières du numérique et des arts numériques en particulier. Si la renommée de l’Ars Electronica Center, de ses prix et de ses activités s’étend au-delà des frontières autrichiennes, on ne peut que constater que la démarche d’innovation est activement présente en Autriche. Et cela nit des équipes pluridisciplinaires au sein desquels sont ne date pas d’aujourd’hui, les guides touristiques de Linz favorisées les interactions entre designers, artistes nu- mentionnent que la plus ancienne recette de gâteau mériques, développeurs informatiques (software et hard- « Linzer Torte » du monde a été retrouvée dans un livre ware), spécialistes des sciences sociales et culturelles. vieux de plus de 350 ans. - 19 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 6 - La culture numérique dans la société Anne-Sophie BOISARD, Carine LEVEAU, Laurent MAHIEU, Joëlle RAGUIDEAU, David SILAGY Qu’est-ce que la culture numérique ? Le futur va de soi… La culture numérique s’est imposée dans le délai très de la fertilisation croisée de la culture musicale et des bref d’une vingtaine d’années en tant que somme de outils numériques datait de 1979: il s’agit du festival de « connaissances acquises qui permettent de dévelop- création musicale « Ars Electronica », à Linz, évoqué plus per le sens critique, le jugement » (Le Robert). En 2014, en détail ci-dessous. Le caractère original de cette mani- l’enjeu culturel avec le numérique est de trouver l’infor- festation tient dans le choix politique de ne pas en faire un mation écrite dont nous avons besoin. La « littéracie », événement réservé à quelques créateurs spécialisés et du terme anglo-saxon digital literacy, constitue l’une amateurs éclairés mais d’en faire à la fois un creuset de des qualifications-clé au XXIe siècle. Plusieurs types de productions culturelles diffusées vers la population locale culture numérique coexistent. et d’engager la création d’une nouvelle culture, après le Il nous a été donné de voir qu’une manifestation résultant déclin de la culture industrielle. Trente ans après, la ville • L’accès aux infrastructures et aux outils, ainsi que la capacité à les utiliser. Cette dimension de la culture de Linz est capitale culturelle de l’Europe : coïncidence ou conséquence ? numérique est déterminante sur le plan social : elle aide à inclure et à accélérer la transformation d’une Du festival musical est né un Centre embrassant largement société. les champs du numérique. C’est là même que nous avons • Afin que le numérique facilite les recherches pu entendre cette affirmation « le futur va de soi », affirma- d’information, les démarches et les services, tion que l’on peut interpréter de deux façons: d’une part apparaît alors un besoin de développement de comme une évidence que le futur sera, numérique en nouvelles capacités et de nouvelles connaissances: l’occurrence, de façon quasi naturelle, voire même qu’il habileté dans la recherche et la compréhension de est déjà là, et d’autre part que le futur va en se forgeant l’information, sens critique. de lui–même comme tirant son devenir de la propre im- • La culture numérique peut également se relier à plication au fur et à mesure de ses parties prenantes et la créativité et se définir en tant que somme de qu’il ne résulte pas d’une visée prédéfinie. productions originales d’œuvres créées et diffusées Comme à Linz, il peut apparaître que l’engagement de via les technologies de l’information et de la l’Autriche consiste en la mise en place des infrastruc- communication. tures et la mise à disposition des données nécessaires à l’émergence des innovations provenant de la société et La démarche collaborative sans frontière, ouverte par les à leur mise en avant (cf. le concours d’applications de la nouvelles technologies de l’information, crée un besoin Ville de Vienne). social polymorphe en termes d’éducation. Par la fulgurance de son développement, la culture numérique L’administration se transforme par, et s’équipe pour, le constitue un enjeu complexe à appréhender aussi bien numérique afin de libérer l’énergie des citoyens créa- pour l’individu, le politique, la société, puisqu’elle peut teurs, celle des entreprises, des universités, en veillant aller d’une simple approche technologique à une vision à ne pas créer d’inégalités, à maintenir la qualité de vie ambitieuse avec un véritable projet de société. autrichienne, le bien-être de tous. - 20 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Des initiatives locales et ponctuelles les pratiques sociales grâce aux outils numériques. Certaines déclarations des entreprises envers l’administration, comme par exemple l’e-facturation, ne peuvent désormais se faire que par voie électronique. Les ambitions La culture numérique dans la société autrichienne nous dépassent l’objectif classique de toucher le plus grand est apparue sous la forme d’initiatives diversifiées et nombre de citoyens et celui d’accélérer les démarches complémentaires, permettant d’augmenter les chances administratives. Le tout numérique doit également se de dissémination et de constituer une force motrice qui traduire dans une dynamisation de l’économie grâce à la semble efficace. simplification des processus, comme espéré dans le système santé mais aussi celui des appels d’offres. Nous retiendrons d’abord l’initiative privée « A1 : Internet für Alle », qui a pour vocation de remédier à la problématique de la digital literacy, en tentant de combler le Le numérique avant tout fossé entre seniors et jeune génération grâce à un accompagnement professionnel de l’apprentissage de la La relation des Autrichiens avec ces initiatives numé- culture numérique. Cadre convivial, choix pragmatique riques semble en effet suivre une approche très prag- des sujets (aussi simple que l’utilisation d’internet ou matique. Là où on aurait pu s’attendre à ce que la plus sérieux comme celui du comportement à adopter sécurité des données et le respect de la vie privée soient sur les réseaux sociaux vis-à-vis de la sécurité), péda- évoqués comme des préoccupations majeures (données gogie définie conjointement avec le monde universitaire de la ville de Vienne dans le centre informatique Start et adaptée aux catégories ciblées (avec une attention 22 ou encore données personnelles des citoyens pour particulière aux groupes sociaux défavorisés) sont autant l’e-gouvernement), ces deux thématiques ont été peu de caractéristiques permettant de minimiser l’exclusion mises en avant. Pour autant, le sujet n’est ni oublié, ni numérique, et donc l’exclusion sociale. ignoré. En effet, ces questions sont régies par la loi fede- rale Datenschutzgesetz (DSG). La vérification de la bonne L’Art comme vecteur de dissémination de la culture nu- application de cette loi est confiée à une commission, la mérique dans la société constitue la seconde initiative. Datenschutzkommission (DSK) dont le personnel est rat- Convaincu que nous ne sommes qu’au début de l’assimi- taché à la chancellerie. Le lien entre l’État et l’organisme lation des technologies numériques, le centre Ars Elec- de contrôle ne semble pas poser de soucis aux citoyens. tronica permet de faire des démonstrations de leurs utili- Ces derniers semblent adopter une approche très simple sations dans le but d’en inspirer d’autres usages. En plus de la question : il y a une loi, elle nous protège et nos de sa vocation à favoriser une prise de conscience socié- administrations et politiques prendront les bonnes déci- tale, illustrée récemment avec l’intégration des sciences sions si un jour cette loi ne suffit plus. Ainsi la relation de de la vie dans les travaux du centre, Ars Electronica joue confiance est totale. un rôle vis-à-vis des entreprises et essaye de transfor- Ce dernier point s’illustre également au travers de l’ini- mer des idées numériques en solutions techniques ma- tiative A1 Internet für Alle évoquée plus haut qui est 100% térialisées dans la vie de tous les jours. L’impression 3D privée, soutenue et encouragée par les citoyens, mais pour les écoles est à ce titre très illustratif, car il essaye également par la ville de Vienne et la chancellerie. Sur de transformer de simples futurs consommateurs de des sujets comme la formation et l’éducation, a priori technologie en nouveaux entrepreneurs. du ressort étatique, une entreprise privée a toute liberté d’agir. Et ce, quasi sans contrôle. Pourvu que ça aille Les institutions autrichiennes participent également à dans le sens du plan numérique autrichien. L’État et les cette démarche aussi bien au niveau local, avec les initia- citoyens font confiance aux entreprises privées. Ces der- tives numériques de la ville de Vienne, que national, avec nières font évoluer l’Autriche, lui permettant d’être dans la plateforme « Digital Österreich ». Le programme de la les 20 premières places des classements mondiaux rela- chancellerie témoigne d’une conviction forte pour cadrer tifs au numérique. - 21 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 La confiance que les citoyens ont dans les décisions politiques relatives au numérique fait que l’Autriche est plus dans l’action que dans le principe de précaution. Le futur numérique, et après ? Au travers de toutes ces initiatives, l’Autriche semble bien avoir pris le train du numérique, avec modestie et pragmatisme certes, mais à marche forcée quand même. Avec une loi-cadre consacrant les démarches publiques administratives (The Austrian E-governement Act), un rappel fréquent par nos interlocuteurs de suivre l’agenda européen 2020 en matière de numérique, tout se passe comme si l’Autriche s’était entièrement saisie de la culture numérique pour en faire un vecteur de bien-être et de progrès pour sa population, tout en veillant à ne pas exclure une partie de ses concitoyens. A cet égard, il nous a semblé qu’il s’agissait moins de laisser les mécontents ou les réfractaires s’exprimer que d’emmener tout le monde dans la même direction. Dès lors, notre étonnement porte principalement sur le levier de transformation que constituerait le numérique vis-à-vis de la société autrichienne. Existe-t-il une vision (globale, articulée et traduite en stratégie et en plans d’actions) de la culture numérique qui dépasse la mise en place volontariste des technologies numériques ? La culture numérique au service des citoyens ne se résumet-elle qu’à une très forte valorisation du progrès et ses multiples déclinaisons comme le futur souhaitable pour l’Autriche ? Si la société ne sait pas où elle va, elle y va résolument comme le dit le slogan de la Ville de Vienne « Go Ahead ! ». Nous n’avons pu répondre à ce questionnement au fil des rencontres. Toutefois, nous faisons l’hypothèse que la culture numérique doit se diffuser, s’apprendre et s’exercer aussi ailleurs et notamment dans l’enseignement avec peut-être l’enseignement des sciences informatiques et numérique dans les lycées, le soutien et le développement du secteur de l’industrie créative, la numérisation « intelligente » du patrimoine historique et artistique… Il est fort à parier que nous n’avons eu qu’un bref aperçu de ce que l’Autriche a mis en place pour faire accéder ses citoyens à l’ère numérique. - 22 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 7 - Smart city Daniel BARTHELEMY, Jean-Michel CASSAGNE, Anne CATZARAS, Moussa HOUMMADY, Jérôme PEYRARD • l’intégration des nouvelles technologies (de l’information et de la communication, les capteurs, les systèmes de transports intelligents, etc.) pour faciliter ce fonctionnement en réseau, favoriser 1. Introduction : Vienne occupe la première place mondiale de l’index des smart cities du stratège climatique américain Boyd Cohen la transition énergétique et accompagner, voire inciter, les changements de comportements et d’usages ; • la rationalisation des moyens et le renforcement (www.fastcoexist.com/1679127/the-top-10-smart-cities- de l’efficience globale avec bénéfices partagés pour on-the-planet?fullsite) et elle est la 3ème ville européenne l’administration, les acteurs, les citoyens innovante en termes d’infrastructures, de respect de et l’environnement. l’environnement, de technologie et d’entreprenariat selon le magazine FastCompany (www.decisionsdurables.com/ Ces 5 champs constituent des relais d’innovation et de et-les-10-villes-europeennes-intelligentes-sont/). croissance importants pour les entreprises. Mais cela Mais quel est donc le secret de la capitale autrichienne va bien au-delà car il s’agit de construire de nouveaux pour systématiquement figurer sur le podium des villes modèles de développement durable pour les territoires. mondiales les plus smarts ? La prise en compte de ce concept de Smart City implique C’est la question à laquelle nous nous efforcerons de également de repenser le fonctionnement et l’organisa- répondre en nous appuyant sur les témoignages et idées tion collective y compris des administrations. Les diffé- recueillis lors de notre voyage d’étude. Après avoir repré- rents services doivent se décloisonner et les mentalités cisé les contours du concept de Smart City, nous expo- évoluer pour s’adapter aux nouveaux modes de fonction- serons les éléments clés de la stratégie de Vienne dans nement et usages. ce domaine et analyserons l’originalité de la démarche et des défis à relever avant de conclure. Les objectifs visés par la ville Vienne Smart City (https:// smartcity.wien.at/site/) concernent tous les aspects du 2. Le concept de Smart City et approche retenue par la ville de Vienne : développement urbain avec une ambition de construire, à l’horizon 2050, une ville où il fait bon vivre sans que l’activité économique et humaine n’empiète sur le lien social et l’environnement. Les axes de travail ciblent donc le développement d’énergies renouvelables et la réduction Le concept de «Smart City» (ville intelligente) s’articule des gaz à effet de serre, la mobilité, l’amélioration des autour de 5 idées majeures : transports en commun et des infrastructures, la concep- • la prise en compte, sur le long terme, des enjeux tion/rénovation de bâtiments « intelligents » thermique- environnementaux globaux : transport, santé, bien ment, et l’économie de l’innovation. être, contraintes énergétiques et gestion durable de la cité; • le fonctionnement en réseau des acteurs et parties La gouvernance et la méthode reflètent une réelle volonté d’associer tous les acteurs de la « cité », dans une prenantes : administrations, collectivités, citoyens et démarche intégrant approches bottom up et top down, entreprises ; réflexion stratégique avec mise en œuvre opérationnelle • le passage de la propriété à l’usage : participation des usagers à la définition des produits et services ; des projets de terrain, le tout regroupé et piloté par une Agence « TINA VIENNA Urban Technologies & Strategies - 23 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 GmbH (http://www.tinavienna.at/en) », structure transver- • la vision politique et stratégique de la ville à l’horizon sale et interdisciplinaire. Ainsi, les différentes directions de 2050 est portée par son Maire, qui met tout en œuvre l’administration municipale, des Key experts, des citoyens pour ce projet de transformation : consultations, et des entreprises œuvrent tous dans un but commun, op- forums, site web, réforme des administrations, timisant la mise en œuvre des actions sur le terrain. projets pilotes ou même expérimentaux… Il s’agit là d’une véritable rupture profonde par rapport à La diversité des projets qui émergent illustrent la la pensée traditionnelle, basée plutôt sur une avancée co-construction de la Smart City : centrales solaires progressive avec un déroulement clairement défini citoyennes (capteurs photovoltaïques sur les toits) dont (planning, objectifs, moyens). Cette approche est les emplacements sont optimisés par cartographie sa- surprenante, car atypique dans notre monde actuel tellitaire, incinération des ordures au cœur de la ville, où tout doit être précisément défini avant d’envisager smart-grids, bâtiments à énergies positives, eco-trams la mise en œuvre d’un tel projet, ce qui implique fonctionnant à l’énergie de freinage, politique volontariste évidemment des délais très longs. d’Open Data et projet phare d’ASPERN : cité lacustre laboratoire de 20 000 personnes dont la livraison est prévue pour 2028. • la mise en œuvre de ce projet s’appuyant sur une démarche de changement de mode de fonctionnement collectif nécessitant du temps pour l’adaptation et l’appropriation par l’ensemble des acteurs (personnels 3. Originalité de l’approche : communaux et citoyens) d’une part, et la mise en place d’actions concrètes immédiates d’autre part. Le projet Smart City de la ville de Vienne est porté par une vision politique forte, puisque c’est en mars 2011 que • l’audace et le pragmatisme dont fait preuve la ville Michael Häupl, Maire de Vienne, lance cette initiative. En de Vienne est remarquable. Les différents projets moins de trois ans, tous les acteurs institutionnels concer- menés (centrales solaires citoyennes, incinération nés se sont fédérés autour de cet objectif ambitieux de dé- des ordures, ville d’Aspern, écotrain,…) bénéficient veloppement de la ville, avec une approche d’intelligence déjà d’une visibilité internationale et démontrent collective, responsable et constructive, en associant une la capacité de changement de la ville de Vienne. forte implication des citoyens. Les six axes de réflexion étant développement de la population, environnement, points remarquables, notamment : 4. Questionnement sur la démarche et les défis à relever : • l’adhésion des acteurs publics et en particulier les Pour la réussite de cet ambitieux projet de smart city sur administration, économie, énergie et mobilité. L’originalité de cette approche repose sur plusieurs 65 000 employés municipaux en dépit de l’évolution le long terme, différents défis sont à relever. Sans vouloir très rapide des modes de fonctionnement. Les être exhaustif, nous citons notamment : différents services ont donc été décloisonnés pour • foisonnement des projets issus de la méthodologie œuvrer de manière transversale et interdisciplinaire autour d’objectifs partagés. La mise en place d’une bottom up tel que le soutien à la mise en œuvre de équipe dédiée au projet Smart City et des rencontres projets individuels citoyens : au-delà de la stimulation trimestrielles de l’ensemble de ces acteurs publics ont et la diversité de l’innovation citoyenne et individuelle permis de renforcer l’adhésion, de faire émerger une qu’il provoque, ne pourrait-il pas conduire à un effet dynamique collective constructive, et une démarche de dispersion des actions et à un saupoudrage du d’amélioration continue. Un tel changement en très soutien financier public sans véritable effet de levier peu de temps semble tout à fait impressionnant. et de masse critique ? - 24 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 • optimisation de l’action publique et son ajustement 5. Conclusion dans le temps pour accompagner et consolider les différentes initiatives individuelles : cela peut Le projet Smart City de la ville de Vienne s’inscrit nécessiter des mesures correctrices. Est-il prévu, dans une vision politique forte et dans le cadre d’une des évaluations ou grilles d’analyse s’appuyant approche collaborative entre citoyens, adminis- sur des objectifs quantifiables et mesurables ? tration, industries. Il a déjà permis à la ville de se positionner de manière volontariste au niveau inter- • organisation du travail : comment gérer dans le temps national dans ce domaine en s’appuyant sur des réa- la réallocation budgétaire et le travail des acteurs lisations concrètes. Les résultats précis escomptés publics en réseau dont les activités sont portées par à chaque étape ne font pas forcément l’objet d’un des finalités et non pas par des logiques de métier ? plan prédéfini à long terme mais nous paraissent relever davantage d’une stratégie «agile» sans doute • modèle sociologique pour des villes nouvelles : adaptée aux enjeux et défis d’innovations à relever la création ex nihilo d’une partie de ville (Aspern) ou à mettre en œuvre dans le futur. S’inscrivant en résulte d’un besoin lié à l’augmentation de la partie dans le plan numérique national dont elle population et à un foncier contraint. Elle vise à créer pourrait être un des points forts, cette initiative, por- une ville idéale, smart, dans toutes ses composantes. teuse de différentes formes d’innovations, peut as- Notamment la création d’emplois permettant surer un lien structurant entre les différents acteurs à ses habitants de travailler au plus près de leurs de la cité et du pays et servir d’exemple ou a mini- habitations devrait induire de nouvelles formes ma alimenter les réflexions sur l’avenir des cités de relations sociales intégrant à la fois des relations d’Europe voire d’autres régions du monde. de travail et de voisinage/habitation. Comment accompagner les citoyens de ces nouvelles villes et quel modèle socio-ethnologique envisager (nouvelles citoyennetés, organisation sociale centralisée, partage de valeur, subsidiarité) ? • articulation entre les actions nationales et régionales : le gouvernement autrichien porte également une politique numérique, relais de l’agenda européen, dont certains axes pourraient interférer avec les actions de la ville de Vienne ou des initiatives citoyennes. C’est notamment le cas pour les infrastructures de télécommunication. Comment s’articulent les différentes strates territoriales (et budgétaires) ? - 25 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 8 - Responsabilité sociétale des entreprises en matière de numérique Josiane GAIN, Philippe LEMERCIER, Céline MESQUIDA, Aline RICHARD, Véronique ROCHE « Nous fermerons ensemble le fossé numérique. Chaque L’entreprise a évidemment intérêt à collaborer avec citoyen autrichien doit avoir accès à Internet et l’utiliser l’État autrichien pour être bien positionnée dans les ap- de façon compétente », estime Petra Gallaun. Au siège pels d’offres, que ce soit pour les fréquences mobiles de de la société de télécoms autrichienne Telekom Austria quatrième génération ou d’autres marchés. Mais cette A1, cette responsable du département « responsabilité action du privé est-elle réellement corrélée au plan sociétale des entreprises » exprime ainsi la volonté de numérique que l’Autriche met en place, ou ne s’agit-il cet opérateur privé d’assumer pleinement son rôle de qu’une simple délégation à une structure privée ? société dans la Cité : l’initiative, lancée en 2011, est intitulée « A1 Internet für Alle », l’Internet pour tous. Qu’en Ce n’est pas propre à l’Autriche. Il se passe la même penser ? Et comment cette initiative est-elle perçue en chose en France où les opérateurs travaillent avec les Autriche, ce pays de 8,5 millions d’habitants, l’un des pouvoirs publics (l’ARCEP) sur les sujets liés à la frac- plus riches de l’Europe, mais où il y a près d’un million ture numérique, avec son lot d’initiatives ciblées sur d’« exclus du numérique », selon nos interlocuteurs ? les populations les plus défavorisées, comme l’accord Notre étonnement porte sur le poids des entreprises par passé entre SFR et Emmaüs. A la Mairie de Vienne, on rapport aux services publics dans une politique de dif- nous a également parlé d’une action similaire avec un fusion du numérique auprès de populations potentielle- point de rechargement de téléphone mobile pour les ment marginalisées. SDF. Est-ce une réelle implication humanitaire, ou bien une façon de botter en touche, afin d’éviter toute critique Ce qui questionne, tout d’abord, c’est l’implication du sur les profits réalisés ? Rappelons à ce propos les cri- privé dans un domaine central des politiques publiques tiques récurrentes contre Apple, société « cool » s’il en d’aujourd’hui. Décrivons en quelques mots A1 Telekom est une, mais qui n’a pas refusé de travailler en Chine Austria. Filiale du groupe Telekom Austria, l’ancien mo- avec des sous-traitants peu scrupuleux des lois sociales nopole, elle est présente dans les domaines de la télé- et du bien-être de ses travailleurs. phonie mobile et fixe, de l’accès à internet ainsi que de la télévision par câble. Avec 5,1 millions de clients pour L’une des dimensions de la fracture numérique est la téléphonie mobile et 2,3 millions de clients téléphonie particulièrement importante : c’est celle concernant fixe en 2012, A1 Telekom Austria est le premier opérateur les « territoires ». En Autriche, chez « A1 », une idée de téléphonie d’Autriche (Source : Wikipédia). On peut originale a émergé pour y remédier. Des tournées en penser que l’altruisme n’est pas le seul moteur de sa bus pour aider les populations isolées et/ou rurales à politique volontariste d’Internet pour tous. Les politiques utiliser au mieux Internet. Imaginez des camionnettes de développement durable ont toujours servi à créer une blanches, marquées du sigle « Internet für Alle » sillon- image positive pour les entreprises qui s’engagent dans nant le pays huit semaines par an. Un peu à la manière ce type de politique. On peut être surpris qu’une entre- des « bus bibliothèques » d’antan qui permettaient le prise de télécoms, dont le marché est tout autant celui prêt de livres dans certains villages français. Quand des entreprises que du grand public, utilise à ce point ce la camionnette arrive, les enfants des écoles peuvent type d’actions à des fins marketing : captage de nouveaux participer à une chasse aux trésors « 2.0 ». Quant aux et très jeunes clients, affichage du logo sur tous les sup- seniors, ils se voient offrir des formations « premiers ports possibles mis à disposition et/ou portée de vue des pas avec Internet ». utilisateurs de leurs centres... - 26 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Ce sont ces deux publics qui sont principalement visés des organismes liés au monde du travail, d’intégration par les promoteurs de « Internet für Alle ». Là encore, des immigrés, sans oublier des organisations d’aide ce n’est pas spécifique à l’Autriche puisque, selon des comme Caritas. études de pays de l’OCDE, ce sont les très jeunes et les personnes âgées qui semblent avoir besoin d’une aide. Au total, l’initiative « Internet für Alle » a concerné 37 000 « Pour les seniors, il s’agit de montrer l’outil, puis de personnes en deux ans d’existence au travers de 2800 démontrer que tout le monde peut l’utiliser. Pour les cours, initiations, rencontres... Une statistique est le re- jeunes, le défi est autre. Ils utilisent Facebook tout na- flet d’un certain succès par rapport à l’objectif « fermer le turellement mais n’ont pas forcement conscience des fossé numérique » : 24% des participants aux initiations aspects liés à la sécurité », remarque Petra Gallaun. n’avaient jamais auparavant touché l’outil Internet. Pour conclure sur ce point, la notion de responsabilité Lors du lancement de « Internet für Alle », la société A1 sociétale d’A1 peut apparaître plus développée en a ouvert un centre dédié dans le second arrondissement Autriche qu’en France mais peut aussi apparaître ambi- de Vienne. Dans 360 m de locaux lumineux, adultes et guë. Les efforts que l’entreprise consent sont-ils désin- enfants peuvent se familiariser au numérique, dans tous téressés ou correspondent-ils à un investissement en ses aspects. Le jour de notre visite, dans la « room’s kids vue de conquérir de nouveaux clients en se donnant une » décorée de dessins d’enfants, huit gamins entourent image de marque généreuse ? 2 l’animateur. Calepin en main, l’animateur lance un jeu où les enfants cherchent des mots à partir d’indices. Des Nous avons pu aussi voir en quoi les entreprises autri- cris saluent chaque bonne réponse... « Trois fois par chiennes soutiennent les efforts sociétaux en faveur semaine, nous invitons des jeunes socialement défavo- du numérique en visitant ce beau musée qu’est Ars risés. Ils viennent avec leurs sujets. On fait des vidéos, Electronica dans la ville de Linz. Ancien bastion de de la musique. C’est leur créativité qui compte, on ne la sidérurgie, Linz s’est réinventée digitale en proposant leur dit pas ce qu’il faut qu’ils fassent », raconte Caro- à ses habitants un lieu unique, à la fois musée, centre line Bieber, responsable d’un programme pour enfants d’éducation, laboratoire de recherche, où l’art se marie (Kinder Buro) de l’université de Vienne. En 2012, pour harmonieusement avec la science. Le privé est présent renforcer l’ancrage dans le pays, deux autres centres « chez Ars Electronica via des partenariats, somme toute Internet für Alle » ont été créé en Autriche, à Salzburg et assez classiques dans le cadre de musées de science. à Klagenfurt, en Carinthie. Citons la Caisse d’épargne d’Autriche, Mercedes-Benz, Sony ou Hewlett-Packard, entre autres. Des entreprises Ce qui rend l’initiative « Internet für Alle » particuliè- viennent aussi solliciter l’expertise du lieu pour expo- rement intéressante, et originale par rapport à ce que ser leur savoir-faire, comme Swaroski et son « voyage l’on peut voir en France, ce sont les liens établis entre de découvertes » (que nous n’avons pas eu l’occasion public et privé, opérateur de télécoms, organisations de voir). humanitaires, université, ville de Vienne, État autrichien qui travaillent tous ensemble pour un objectif commun. La visite de cette mini Cité des Sciences de Linz est un Le réseau partenaire inclut ainsi des universitaires qui bel exemple d’accès à l’éducation : elle s’inscrit dans sont susceptibles d’évaluer les programmes, une rareté une logique participative des citoyens et institutions pour ce type d’initiative privée. Ainsi, la Faculté d’Eco- à des fins de culture scientifique et numérique (peut- nomie à Vienne est en train de réaliser une étude sur on dissocier l’un de l’autre ?). En particulier, le travail l’impact social de « Internet für Alle » pour l’Autriche (en réalisé sur les données en temps réel qui intéressent cours de réalisation). Cela marche aussi en sens inverse la vie des habitants (circulation de l’eau potable, trafic puisque le « Kinder Buro » de Caroline Bieber citée automobile, point de location des vélos, écoles, etc.), plus haut est soutenu par « A1 ». Du côté des pouvoirs montré sur des écrans est très convainquant. On peut publics, on trouve notamment la « plateforme digitale penser que de tels dispositifs devraient aussi intéresser Autriche » du gouvernement, la ville de Vienne, plus le privé. - 27 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Ce que nous avons vu à Ars Electronica ne ressemble La notion de responsabilité sociétale fait référence clas- finalement pas à de la responsabilité sociétale, mais à de siquement à un idéal de bien-être collectif et de respect l’initiative très féconde et ayant des retombées. Ceci dit, de valeurs communes. On ne peut s’empêcher de faire la France a fait de même (Plan informatique pour tous) un parallèle entre la France des trente glorieuses et l’Au- il y a quelques années, avec des initiatives « top down ». triche actuelle. Mais il faut nuancer. Car, en France, certaines grandes entreprises prennent leurs responsabilités sociétales en Les acteurs rencontrés en Autriche cultivaient tous les œuvrant dans le sens de la promotion et de la forma- classements (économie, taux de chômage, numérique...) tion aux métiers du numérique, directement ou via des d’autant plus qu’ils leur sont favorables. C’est ce que nous associations professionnelles telles que Pascaline ou le avons fait durant de longues années. Nous ne sommes Syntec Numérique. Cependant, ces initiatives peinent pas devenus intrinsèquement moins bons, et nos com- souvent à se mettre en place, et cela est dû en partie à la pétiteurs meilleurs, mais l’évolution de l’environnement défiance qu’éprouve le secteur public vis-à-vis du secteur a libéré les énergies des pays endormis et révélé notre privé. Cela a des conséquences d’autant plus fortes que état de léthargie. l’État est désormais sans le sou... À l’inverse, en Autriche, ce qui caractérise les relations entre État et entreprises, c’est un climat de confiance. Évoquons maintenant des remarques d’ordre plus général, fruits de réflexions de notre groupe autour des liens entre société, entreprises, citoyens et environnement dans la perspective du numérique. En fin de compte, la responsabilité sociétale se développe sur 4 axes : elle demande une économie nationale performante comme il en existe en Autriche, des compétences à développer, et plus généralement un maintien des savoir-faire à un haut niveau par rapport à la démographie et aux besoins économiques. Enfin, il est nécessaire de respecter l’environnement. Pour ces objectifs, le numérique est utile. Il ne doit pas être la propriété des entreprises mais doit être accessible pour tous. - 28 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Annexes Le numérique au service de la société : l’Autriche, un modèle pour l’Europe ? Mardi 28 Janvier 2014 • Vienne L’Autriche et l’Union européenne Accueil Michael JUNGWIRTH, directeur du groupe de régulation et des affaires europénnes, TelekomAustria Group L’Autriche en Europe : Agenda-settler ou Agenda-taker ? Johannes POLLAK, professeur, Webster University Vienna, chef du département de sciences politiques, Institut für höhere Studien Wien Les actions du Telekom Austria Group pour la démocratisation du numérique Les programmes M2M (Machine to machine)/Smart Metering Phat HUYNH, directeur général, responsable du marketing et des ventes, M2M, Telekom Austria Group L’initiative A1 Internet pour tous d’éducation aux médias Petra GALLAUN, chef du département Responsabilité sociétale des entreprises, A1, Telekom Austria Group Christina KOGELNIK-ANTIOCHOS, chef de projet de l’initiative « A1 Internet für Alle », département Responsabilité sociétale des entreprises, A1, Telekom Austria Group Visite à pied du Campus « A1 Internet pour tous », Engersthstraße 169,1020 Wien Karoline IBER, directrice, bureau de l’enfance, université de Vienne La politique numérique autrichienne Le plan numérique autrichien et la stratégie haut-débit Alfred RUZICKA, directeur, département Infrastructures Informations et Télécommunications, responsable, Breitbandbüro, Bundesministerium für Verkehr, Innovation und Technologie Alois SCHREMS, consultant, Breitbandbüro, Bundesministerium für Verkehr, Innovation und Technologie Mercredi 29 janvier 2014 Regards croisés diplomatiques sur l’Autriche L’Institut Français de Vienne Guillaume ROUSSON, directeur, Ambassade de France à Vienne, conseiller de coopération et d’action culturelle, Institut Français de Vienne Le système d’enseignement supérieur et de recherche autrichien Jean-Luc STEFFAN, attaché de coopération universitaire et scientifique, Ambassade de France à Vienne Les actions de la mission économique UbiFrance Bruno LANTERNIER, directeur Ubifrance Autriche – Slovénie La représentation permanente de la France auprès de Nations Unies et organismes internationaux Marion PARADAS, ambassadrice, représentante permanente de la France auprès de l’Office des Nations Unies et des Organisations internationales à Vienne - 29 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Les initiatives numériques de la ville de Vienne Accueil et présentation de la ville de Vienne Thomas SKERLAN-SCHUHBÖCK, service organisation, sécurité, technologies de l’information et des communications, direction de la municipalité de Vienne La mairie de Vienne Le projet Smart City de la ville de Vienne Volker SCHAFFLER, porteur de projets, TINA VIENNA Urban Technologies and Strategies GmbH L’initiative open government de la ville de Vienne Thomas SKERLAN-SCHUHBÖCK, service organisation, sécurité, technologies de l’information et des communications, direction de la municipalité de Vienne Star22 – Le nouveau centre informatique de la ville de Vienne Robin HEILIG, service traitement des données, technologies de l’information et de la communication, municipalité de Vienne L’e-santé à Vienne Sandra HEISSENBERGER, service organisation, sécurité, technologies de l’information et des communications, direction de la municipalité de Vienne L’e-gouvernement à Vienne Robin HEILIG, service traitement des données, technologies de l’information et de la communication, municipalité de Vienne Le Muséum d’Histoire naturelle de Vienne Le Muséum d’Histoire naturelle Aperçu et historique du MHN et visite guides des collections de minéralogie, de météorites et de géologie Ludovic FERRIERE, conservateur de la collection de roches et co-conservateur de la collection Les coulisses du département de minéralogie et les laboratoires Ludovic FERRIERE, conservateur de la collection de roches et co-conservateur de la collection de météorites, Naturhistorisches Museum Wien Jeudi 30 janvier 2014 Ars Electronica Linz : lieu de rencontre et de créativité autour du numérique Accueil au centre Ars Electronica Andreas BAUER, chef d’unité, Ars Electronica Linz GmbH Diethard SCHWARZMAIR, directeur commercial, Ars Electronica Linz GmbH Le musée et les plateformes Geocity et Geopulse Blanka DENKMAIR, Ars Electronica Center Stefan SCHWARZMAIR, Ars Electronica Center Michael BADICS, directeur, Ars Electronica Solutions Les actions de l’Ars Electronica Linz Gerfried STOCKER, directeur artistique, Ars Electronica Linz GmbH Horst HÖRTNER, chef d’unité, Ars Electronica Futurelab Michael BADICS, chef d’unité, Ars Electronica Solutions Andreas BAUER, directeur, Ars Electronica Center Vol de drones Andreas LEEB, Ars Electronica Center Mathias PÖSCHKO, Ars Electronica Center Perles rares / DeepSpace Michaela OBERMAYER, Ars Electronica Center Ambassade de France à Vienne Rencontre avec l’Ambassadeur de France Stéphane GOMPERTZ, ambassadeur de France en Autriche En présence des conseillers du commerce extérieur de la France et des entreprises membres de la Chambre de commerce franco-autrichienne Vendredi 31 janvier 2014 Emmanuel GLENCK, responsable des programmes thématiques, Forschungsförderungsgesellschaft L’organisation du système de recherche autrichien Ludovit GARZIK, directeur, Rat für Forschung und Technologieentwicklung La politique fédérale de développement de l’e-gouvernement La plateforme « Autriche numérique » Roland LEDINGER, directeur, plateforme Digitales Österreich Le « KIG », Centre de compétence de la société internet, et les activités internationales du RTR Dieter STAUDACHER, Senior espert, International Relation & ICT Po-Wen LIU, directeur, bureau du Kompetenzzentrum Internetgesellschaft, Rundfunk und Telekom Regulierungs-GmbH (RTR-GmbH) - 30 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Liste des 41 candidats admis à suivre le cycle national de formation 2013-2014 de l’IHEST Daniel BARTHELEMY, Chantal de FOUQUET, Directeur, Département Systèmes biologiques, Centre international en recherche agronomique pour le développement (Cirad) Directrice de recherche, Centre de géosciences, Ecole des Mines de Paris Michel BECQ, Délégué régional, Délégation régionale à la recherche et à la technologie - Auvergne, ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Conseiller, Responsable du secrétariat, Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques Philippe BENQUET, Eric DUFOUR, Frédéric DUPUCH, Vice président Stratégie R&T, Thales Avionics Directeur, Institut national de police scientifique, Ministère de l’Intérieur Anne-Sophie BOISARD, Maria-Laura FERRI-FIONI, Directrice de mission, Cigref Réseau de Grandes Entreprises Professeur chargée de cours, Département biologie, Ecole polytechnique Caroline BONNEFOY, Josiane GAIN, Inspectrice pédagogique régionale biologie, biotechnologie, ministère de l’Education nationale, Rectorat de Versailles Directrice des relations universitaires, Présidence, IBM Charles-Ange GINESY, Député des Alpes Maritimes Thérèse BOUVERET, Directeur, Direction Mécanique appliquée, IFP Energies nouvelles Journaliste, Usine Nouvelle, Groupe Industrie Service Info Jean-Michel CASSAGNE, Responsable des ressources humaines, division administration, Synchrotron Soleil Anne-Sylvie CATHERIN, Chef des ressources humaines, CERN Anne CATZARAS, Chef du service marketing stratégique et territorial, Département développement numérique des territoires, Groupe Caisse des Dépôts Eric HEINTZÉ, Moussa HOUMMADY, Responsable stratégie, prospective et partenariats, Direction de la stratégie, BRGM Franck JUNG, Sous-directeur de l’animation scientifique et technique, Commissariat général au développement durable, ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie Philippe LEMERCIER, Jean CHABAS, Officier de cohérence plans «maîtrise de l’information», Direction du renseignement militaire, ministère de la Défense Chargé d’études prospectives et économiques, SNCF Infrastructure Carine LEVEAU, Sous-directrice technique adjointe, Direction des lanceurs, Centre national d’études spatiales (Cnes) - 31 - Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014 Laurent MAHIEU, Yves SAMSON, Chargé de mission, Vice-Président de la Commission des Titres d’Ingénieur, CFDT Cadres Directeur, Institut nanosciences et cryogénie, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) Céline MESQUIDA, Bertrand SCHMITT, Conseillère, Groupe Environnement et Nature, Conseil Economique, Social et Environnemental Jean-Marc MEUNIER, Directeur, Délégation à l’Expertise, à la Prospective et aux Etudes, Institut national de la recherche agronomique (Inra) Maître de conférences, Institut d’enseignement à distance, Université Paris 8 David SILAGY, Directeur, Centre de recherche Cerdato, Arkema Jérôme PEYRARD, Fabrice TAUPIN, Chef de projet Innovation, Direction de la recherche, des études avancées et des matériaux, Renault Chef du bureau des systèmes de communication opérationnelle, Direction générale de la Gendarmerie nationale, ministère de l’Intérieur Joëlle RAGUIDEAU, Directrice de la mission pour le pilotage et les relations avec les délégations régionales et les instituts, Direction générale déléguée aux ressources, Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Aline RICHARD, Marie-Hélène TIXIER, Ingénieur d’affaires, Global Technology Services, IBM Jean-Pierre TROEIRA, Directrice de la rédaction, Magazine La Recherche, Sophia Publications Directeur des systèmes d’information, Pôle ressources et moyens des services, Conseil général de Seine SaintDenis Véronique ROCHE, Stéphane UBÉDA, Membre du bureau fédéral CFE-CGC Chimie, Chef de projet, Rio Tinto France Directeur du développement technologique, Direction scientifique, Institut national de recherche en informatique et automatique (Inria) Thomas-Pierre ROUSSEL, Matthieu VALETAS, Chef du département Lubrifiants, Centre de recherche de Solaize, Direction Stratégie Marketing Recherche, Total Responsable Département Incubateur, Agence pour la valorisation de la recherche universitaire du Limousin (Avrul) Pierre-Yves SAINT, Conseiller du Président, Présidence, Institut national de recherche en sciences et technologie pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) Claire WAAST-RICHARD, Richard SALIVES, Isabelle ZELLER, Responsable des relations européennes, Département des partenariats et des relations extérieures, Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) Directrice adjointe, Direction Recherche, Enseignement supérieur, Santé, TIC, Conseil régional Nord-Pas-de-Calais Directrice des systèmes et technologies de l’information, EDF R & D - 32 - 2 19/05/14 entreprise accès conférer diversité effet complexité impact idée parole SUR INTERNET SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX PAR COURRIEL réalité sensibiliser plan notion société professionnel opinion humain monde expérience gestion fonder ouverture public positionnement réaliser processus regard inscrire perspective importance sentir internet science rapport approfondir représentatif interface humain objectif recherche social multiple finalité genre réseau responsabilité relation vision nature média participation anticipation modèle institut partager expertise professionnel laboratoire explorer session étudier compétence influence privé marché europe étonnement national esprit temps visibilité management meilleur identifier occasion mission 11:55 En savoir plus sur l’IHEST : www.ihest.fr twitter, linkedin, dailymotion, knowtex, facebook, viadeo [email protected] L’IHEST est un établissement public à caractère administratif, prestataire de formation enregistré sous le n° 11 75 42988 75. Cet enregistrement ne vaut pas agrément de l’État. Siret n° 130 003 825 00010. Agence LINÉAL : 03 20 41 40 76 IHEST_Couv Autriche.pdf 1, RUE DESCARTES - 75231 PARIS CEDEX 05 TÉL. 33 (0)1 55 55 89 67 • FAX 33 (0)1 55 55 88 32 • Email : [email protected]