l`Autriche, un modèle pour l`Europe - Institut des Hautes Etudes pour

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l`Autriche, un modèle pour l`Europe - Institut des Hautes Etudes pour
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PR O M OTI O N
1
19/05/14
ouverture
public
positionnement
réaliser
processus
regard
inscrire
perspective
importance
sentir
internet
science
rapport
approfondir
représentatif
interface
humain
objectif
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partager
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session
étudier
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europe
étonnement
national
esprit
temps
visibilité
management
meilleur
identifier
B O R I S occasion
VIAN
mission
11:55
Carnet du voyage
d’études en Autriche
CYC LE NATIO NAL 2013-2014
Le numérique au service de la société :
l’Autriche, un modèle pour l’Europe ?
I N S T I T U T D E S
HAUTES ÉTUDES
POUR LA SCIENCE
ET LA TECHNOLOGIE
Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Préambule
Les voyages d’études du cycle national de l’IHEST sont l’occasion de rencontres et de débats. Ils visent à apprécier
d’autres modèles d’émergence de la connaissance et à mesurer l’importance des facteurs culturels et géopolitiques
dans le développement de la recherche, de l’éducation et de l’innovation.
A l’issue de ces déplacements, des carnets de voyages sont demandés aux auditeurs répartis en groupes. Chaque groupe
doit remettre, sur le thème choisi, un chapitre du carnet de voyage de trois à quatre pages. Ces chapitres témoignent
de la découverte, circonscrite dans le temps et l’espace, de pays aux contextes politiques et culturels différents,
ils expriment les étonnements collectifs.
Ces étonnements ne sont ni un compte rendu de visites, ni une critique franco-centrée des personnes et institutions
rencontrées, mais le repérage d’éléments originaux et structurants dans les interventions et visites proposées.
L’ensemble constitue les « Carnets du voyage d’études » qui font l’objet d’une publication.
Remerciements
L’IHEST remercie l’Ambassade de France à Vienne et l’Institut Français de Vienne pour leur accueil et leur aide précieuse
dans la construction de ce programme, ainsi que la Représentation permanente de la France auprès de l’Office des
Nations Unies et des Organisations internationales à Vienne, la Mission économique UbiFrance Autriche-Slovénie,
la Chambre de commerce franco-autrichienne pour leurs contributions.
L’IHEST adresse ses remerciements à toutes les personnalités, institutions, collectivités et entreprises qui sont venus à
la rencontre des auditeurs de l’IHEST ou les accueillent à l’occasion de ce voyage d’études : le Bundeskanzleramt Österreich,
le Bundesministerium für Verkehr, Innovation und Technologie, le Rat für Forschung und Technologieentwicklung,
la Forschungsförderungsgesellschaft, la plateforme Digitales Österreich, le Kompetenzzentrum Internetgesellschaft,
la Municipalité de Vienne, le Naturhistorisches Museum Wien, l’Institut für Höhere Studien Wien, l’Ars Electronica
Center de Linz, le Telekom Austria Group, l’A1 Internet für Alle Campus, le TINA VIENNA Urban Technologies
& Strategies GmbH, le Rundfunk und Telekom Regulierungs GmbH.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Orientation générale du voyage d’études
Avec cette sixième session du cycle national, la promotion 2013-2014 va poursuivre la réflexion qu’elle avait engagée lors
de sa session 4 sur la question de l’espace européen de la recherche et la stratégie de l’Union européenne en matière
de numérique. Cette session la conduira en Autriche, où elle approfondira le fil conducteur du cycle, en prenant la
mesure du développement des innovations numériques et ses conséquences sur le paysage social et économique dans
un pays européen emblématique sur ce sujet. Plus largement, et quelques semaines après la disparition du ministère
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche autrichien, elle abordera les nouveaux modèles de gouvernance et les
spécificités du système de recherche et d’innovation autrichiens, les axes stratégiques de sa politique de recherche et
d’innovation, les régulations à l’œuvre entre pouvoirs publics, recherche, enseignement supérieur, entreprises et le
mode de coopération entre acteurs, et la diplomatie qu’elle entretient avec la France sur ces sujets.
Selon la dernière enquête sur l’opinion publique dans l’Union (Eurobaromètre Standard 80), les Autrichiens sont moins
pessimistes que la moyenne européenne sur le futur de l’Union. Ils se sentent majoritairement européens, soutiennent
largement l’euro et paraissent beaucoup moins inquiets sur la situation économique de leur pays que la moyenne
européenne. Au total, 63 % ont le sentiment d’être des citoyens de l’Union, contre 42 % seulement pour la France.
S’agissant du numérique, selon la dernière étude E-government Benchmark 2012 commanditée par l’Union auprès
de Capgemini, l’Autriche se classe au tout premier rang des pays européens pour la disponibilité et la convivialité
des documents en ligne. Une telle réussite mérite d’autant plus d’être soulignée qu’elle a été atteinte sans moyens
financiers considérables. Durant les dix dernières années, les initiatives gouvernementales pour mettre le numérique
à la portée de tous les citoyens autrichiens se sont multipliées. Le secteur numérique représente 5 % des entreprises
nationales, 60 % étant des sociétés de services en ingénierie informatique. Les activités les plus performantes
concernent les équipements numériques, qui représentent 30 % du chiffre d’affaires du secteur. La volonté des pouvoirs
publics de permettre l’accès au numérique le plus large possible, que ce soit du point de vue des infrastructures ou de
la formation, sera présentée puis illustrée par la visite d’institutions et la présentation des programmes phares, avec
un focus particulier sur les initiatives sociétales.
Les quatre jours que la promotion passera à Vienne puis à Linz lui permettront d’aborder, entre autres, les ressorts du
dynamisme autrichien en matière de numérique, de prendre la mesure de la dimension géopolitique de l’Autriche dans
l’Union européenne ou encore d’apprécier les spécificités des politiques publiques de ce pays en matière de recherche
et d’enseignement supérieur. A Vienne, considérée comme la ville la plus agréable à vivre au monde depuis 2009 par
le cabinet d’études Mercer, ville qui abrite également l’Organisation des Nations-Unies, les sujets de l’utilisation du
numérique pour le développement durable, la protection de l’environnement et la qualité de vie seront abordés avec
l’étude de l’initiative Smart City Wien. A Linz, la visite du centre Ars Electronica permettra d’appréhender le caractère
transversal du numérique. Lieu de dialogue social, associant arts, culture, sciences, et technologies, ce centre reçoit
du public, héberge des chercheurs, entretient des liens avec les entreprises locales et participe à l’innovation.
Il s’agira donc, pour la promotion, de poursuivre sur le terrain les travaux initiés sur l’Europe.
Marie-Françoise CHEVALLIER-LE GUYADER
directrice de l’IHEST
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Sommaire
1 - Le système de recherche et d’enseignement supérieur en Autriche
Éric DUFOUR, Chantal de FOUQUET, Pierre-Yves SAINT, Marie-Hélène TIXIER, Matthieu VALETAS
2 - L’Autriche dans l’Union européenne et sa neutralité
Michel BECQ, Anne-Sylvie CATHERIN, Yves SAMSON, Jean-Pierre TROEIRA, Claire WAAST-RICHARD
3 - L’e-gouvernement
Franck JUNG, Jean-Marc MEUNIER, Thomas ROUSSEL, Richard SALIVES, Fabrice TAUPIN
4 - Le plan numérique de l’Autriche
Caroline BONNEFOY, Thérèse BOUVERET, Charles-Ange GINESY, Stéphane UBEDA, Isabelle ZELLER
5 - Art et numérique
Philippe BENQUET, Jean CHABAS, Maria-Laura FERRI-FIONI, Eric HEINTZÉ, Bertrand SCHMITT
6 - La culture numérique dans la société
Anne-Sophie BOISARD, Carine LEVEAU, Laurent MAHIEU, Joëlle RAGUIDEAU, David SILAGY
7 - Smart city
Daniel BARTHELEMY, Jean-Michel CASSAGNE, Anne CATZARAS, Moussa HOUMMADY, Jérôme PEYRARD
8 - Responsabilité sociétale des entreprises en matière de numérique
Josiane GAIN, Philippe LEMERCIER, Céline MESQUIDA, Aline RICHARD, Véronique ROCHE
Annexes
Programme du voyage d’études
Liste des auditeurs
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
1 - Le système de recherche et
d’enseignement supérieur en Autriche
Eric DUFOUR, Chantal de FOUQUET, Pierre-Yves SAINT, Marie-Hélène TIXIER, Matthieu VALETAS
Pour 2013, les investissements de l’Autriche en recherche
• 13 Universités privées, avec au total 7316 étudiants ;
et développement s’élèvent à 8,96 milliards d’euros, soit
• 21 Fachhochschulen (FH) ou «universités de sciences
2,81 % de son PIB. Ce résultat est nettement supérieur
appliquées», avec sélection à l’entrée pour les 41 366
à la moyenne des pays de l’OCDE (2,33 %). Pour l’ensei-
étudiants. Ces formations professionnalisantes, en
gnement supérieur, le budget global est de 3,67 milliards
développement, s’adressent à des effectifs réduits
d’euros, dans un contexte de réelle autonomie des Uni-
(30 élèves par classe) avec un encadrement renforcé
versités.
et des stages. Elles ne délivrent pas le doctorat.
Elles sont adossées à des fondations, qui assurent
L’Autriche veut atteindre 3,76 % du PIB en R&D à l’horizon
le financement privé. Le concept de développement
2020 : l’ambition est de quitter le groupe des Innovation
durable est appliqué à l’ensemble des activités.
followers en Europe pour celui des Innovation leaders,
La recherche fondamentale s’effectue principalement
avec 5 priorités stratégiques :
dans les universités, avec une participation croissante
• développer par l’éducation l’intérêt pour la science et
des FH à la recherche plus appliquée. De nombreux
instituts sont également présents :
la technologie,
• renforcer la recherche amont, en créant une dizaine
• l’académie des sciences (ÖAW), organisme
de clusters d’excellence,
de recherche et société savante tout à la fois,
• amener à 25 % la part des entreprises ayant une
en profonde restructuration ;
• L’Austrian Institute of Technology (AIT) - le plus grand
activité régulière de recherche,
• simplifier la gouvernance des systèmes de recherche
organisme extra-universitaire avec un budget
de 125 M€ ;
et d’innovation,
• L’Institute of Science and Technology (IST), basé sur un
• intensifier le recours aux financements compétitifs.
système de clusters de recherche unique en Europe
Les disciplines d’excellence sont les sciences de la vie,
les mathématiques appliquées, la physique quantique et
(modèle du Weizmann Institute en Israël) ;
• L’Austrian Cooperative Research (ACR), réseau de 17
instituts au service des PME innovantes ;
l’astronomie.
• Des organismes privés (Joanneum Research Graz,
Ludwig Boltzmann Society, Christian Doppler Society).
Organisation
Comme en France, l’enseignement supérieur est struc-
À noter le cas de l’Institut international pour l’analyse des
turé en deux filières :
systèmes appliqués (IIASA), organisme inter-étatique
• 22 Universités financées par l’état, pluridisciplinaires
qui mène des études interdisciplinaires sur des thèmes
ou spécialisées, organisées autour du schéma LMD
globaux comme le changement climatique ou l’alimenta-
(licence, mastère, doctorat), réunissant 275 523
tion. La France, membre fondateur, s’est retirée en 1993.
étudiants en 2012-2013. Face à l’augmentation des
L’autonomie des universités permet de développer des
étudiants étrangers, principalement allemands, 75 %
stratégies spécifiques d’enseignement et de recherche.
des places sont réservées aux titulaires de la Matura,
Le développement international est soutenu par l’agence
20 % à ceux d’un équivalent européen, et 5 % aux
nationale de mobilité universitaire (Österreichischer
diplômés hors UE ;
Austauschdienst).
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Créée en 2012, la conférence des établissements d’en-
L’objectif est d’inciter les Universités à développer leurs
seignement supérieur a un rôle de coordination, de ser-
ressources externes tout en en laissant les marges néces-
vice de conseil et de recherche de solutions aux grandes
saires pour la prise de risque, notamment en recherche.
problématiques. Elle se compose de membres du minis-
À noter l’absence de frais d’inscription à l’université pour
tère, des universités et des FH, de représentants des
les autrichiens et de quotas pour les non-autrichiens.
«sénats» des universités et des associations d’étudiants.
Le financement de la R&D provient à 38,7 % de l’État,
En 2009, l’effectif en R&D représentait plus de 56 000
à 44,6 % des entreprises et à 16,2 % de l’étranger.
équivalents temps plein, dont 34 663 postes de cher-
Le financement public est basé sur un schéma classique
cheurs (62 % en entreprise, 32 % à l’université).
ministères/agences. Trois agences assurent principalement le financement :
Une convention a modifié les statuts des personnels
• Le Fonds pour la Science (FWF), qui a distribué 172
embauchés après le 1er janvier 2004. Les universités
M€ en 2010 sur 700 projets (dont 40 %
emploient et gèrent leur personnel de façon autonome
en sciences de la vie, 40 % en sciences physique pour
dans le cadre d’une convention collective unifiée. L’ac-
l’ingénieur). 78 % des sommes distribuées couvrent
cès aux postes permanents est réalisé sur un modèle
des frais de personnel. Le financement unitaire par
de « tenure track » qui manque toutefois d’ouverture
projet a augmenté de 50 % depuis 2000. Le FWF
par rapport aux standards mondiaux : en 2010, 68 % des
finance également des réseaux de recherche et
« tenures » étaient accordés à des assistants issus de
des programmes doctoraux.
la même université. Fin 2010, 24 % des scientifiques et
• La Société autrichienne de soutien à la recherche
52 % des professeurs (dont 59 % étrangers - allemands
appliquée (FFG) qui soutient la participation
principalement) étaient fonctionnaires. Certains postes
à la coopération internationale et européenne (125 %
de professeur ont une durée maximale de six ans. Cette
de retour sur le 7e Programme cadre de recherche et
réforme s’est accompagnée d’une forte croissance des
développement technologique), finance les projets de
postes de scientifiques et de professeurs directement
R&D appliquée (forte participation des PME)
et les infrastructures de recherche innovantes.
financés sur ressources externes.
• La Société autrichienne de service à l’économie,
Les jeunes chercheurs peuvent bénéficier de carrières
créé en 2002, intervient à l’aide de prêts à taux réduits,
attractives avec de bonnes conditions de travail et di-
d’avances, de garanties ou de subventions pour
verses aides. Le programme START permet aux plus
encourager le transfert de technologies
brillants de constituer des équipes. Mais «l’exil» consti-
et d’innovations, la création de nouvelles entreprises.
tue la contrepartie de la mobilité obligatoire.
Elle s’adresse à tous les secteurs, des sciences
du vivant à l’économie forestière, en passant par
La formation doctorale reste encore peu ouverte aux
le tourisme.
étrangers hors Union européenne (8,5 % pour une
moyenne UE27 de 19,4 %)
Enfin, les fondations privées, déjà fortement présentes,
verront dans les années à venir leur rôle amplifié dans
Financement
le financement de la recherche.
Le financement des Universités a été réformé en 2012
En plus des programmes nationaux, des programmes au
avec un nouveau système de double allocation : un bud-
niveau des collectivités locales soutiennent également
get de base et un budget calculé sur la base d’indicateurs
la recherche, par exemple le Fonds pour la science, la
de performance concernant l’éducation, la recherche, la
recherche et la technologie de la ville de Vienne (WWTF).
parité et la mobilité des étudiants. Le poids des indicateurs est modulé au regard des différentiels de coûts des
Les évaluations des actions et projets financés sont réa-
activités de recherche et d’enseignement.
lisées sur la base des coûts complets.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Relations partenariales
De très nombreux programmes de soutien à l’innovation
• Un centre, Internet für alle, centre aéré un peu spécial
et à la recherche dans les entreprises permettent un
pour initier les enfants et les moins jeunes
accès rapide aux derniers résultats de la recherche uni-
à la culture numérique. Les milieux défavorisés sont
versitaire et extra-universitaire :
particulièrement visés dans ces espaces
• les « Chèques Innovation » permettent aux PME de
de culture numérique qui constituent un véritable outil
faire appel à l’expertise d’un organisme de recherche
d’intégration.
ou d’une université ;
À signaler également l’initiative de la «longue nuit
• la « Prime recherche pour les entreprises » qui
de la recherche» pour rapprocher public et chercheurs.
peuvent se faire rembourser par l’état 10 % des
sommes dépensées pour leurs activités de R&D.
• L’Autriche a lancé en 2006 le programme COMET
Conclusion
qui finance des centres de compétences facilitant
l’utilisation effective de la recherche par l’industrie.
Ce séjour nous a donc permis de découvrir les
• La plateforme nationale Clusterplattform, créée en
2008, comporte actuellement 50 clusters, regroupant
grandes lignes d’un pays dont l’effort en R&D est
3 500 entreprises, dont une majorité de PME. Ils
très important. Sa spécificité réside, entre autre,
sont centrés sur les points forts du pays (mobilité,
dans sa taille et la souplesse qui en découle. Cet
matériaux, mécatronique, TIC, sciences du vivant,
exemple nous renvoie plus à celui de la Suisse qu’à
environnement et énergie) et constituent des réseaux
celui de la France. Si l’articulation générale des
régionaux au service de la compétitivité et de
organismes et des agences paraît assez proche,
l’innovation, en particulier pour les PME.
la forte autonomie des universités, leur mécanisme
de financement ainsi que les évolutions importantes
dans la gestion de l’emploi scientifique ont pour
Parmi les très bonnes
surprises du séjour :
corollaire le dynamisme de ce système autrichien.
• Une visite passionnante encadrée par un très jeune
conservateur de la collection minéralogique, français
de surcroît, du Musée d’Histoire naturelle de Vienne.
Ludovic Ferrière nous a guidés dans sa recherche
frénétique des météorites et dans les corridors du
musée pour nous en faire découvrir les coulisses.
• Un centre futuriste, novateur et particulièrement visité
par des personnes de toute génération,
le centre Ars Electronica de Linz. La finalité de ce
centre est l’interaction des technologies nouvelles
avec les enfants mais aussi avec les anciens, sont
présentés en particulier de nouveaux objets voués
à remplacer des animaux de compagnie et censés
dégager de la tendresse ou du réconfort. Curieux !
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
2 - L’Autriche dans l’Union européenne
et sa neutralité
Michel BECQ, Anne-Sylvie CATHERIN, Yves SAMSON, Jean-Pierre TROEIRA, Claire WAAST-RICHARD
D’une neutralité subie
à une neutralité active
qui renforce le rôle politique
de l’Autriche dans
l’Union européenne
et l’OSCE s’installent à Vienne ; de plus, plusieurs
rencontres entre dirigeants américains et soviétiques
(Kennedy et Kroutchev, Carter et Brejnev) s’y sont
déroulées.
• L’Autriche, est une terre d’asile, circonscrite
essentiellement aux réfugiés des pays de l’Est :
-- Etablissement de camps de réfugiés à Traiskirchen
La neutralité autrichienne a été imposée par les Alliés
et à Graz par la Croix-Rouge et l’armée autrichienne
dans le contexte de la Guerre froide : la neutralité étant
à la suite de l’écrasement de la Révolution hongroise
une condition pour que l’Union soviétique accepte que
de 1956, qui débuta avec la volonté du Premier
l’indépendance soit accordée à cet État situé entre l’Est
Ministre, Imre Nagy, d’adopter « un statut neutre sur
et l’Ouest. Ainsi, en complément du Traité d’État signé le
le modèle autrichien »,
15 mai 1955 à Vienne et rétablissant un État autrichien
-- Engagement de l’Autriche à accueillir des réfugiés
libre, souverain et démocratique, l’Autriche s’est engagée
politiques de Tchécoslovaquie (Charte 77) à la suite
à une neutralité permanente. En conséquence, les forces
de la répression du Printemps de Prague en 1968,
d’occupation ont quitté son territoire le 25 octobre 1955,
-- Nouvel afflux de réfugiés à la suite de la crise
mettant ainsi fin pacifiquement à dix années de tutelle
polonaise au début des années 1980…
militaire. La loi constitutionnelle sur la neutralité est
Toutefois la population autrichienne est défavorable
adoptée le lendemain de la libération du pays et l’anni-
à l’afflux important d’étrangers et aucune loi ou poli-
versaire de son adoption devient la fête nationale autri-
tique d’immigration n’est mise en place.
chienne en 1965.
• L’Ostpolitik lancée par le chancelier Raab dans
les années 1960 et poursuivie par Bruno Kreisky dans
• Neutre du point de vue politique et militaire, l’Autriche
fait partie, sur le plan économique et culturel, de
les années 1970, a accru le niveau de coopération
l’Europe occidentale.
entre l’Est et l’Ouest, positionnant l’Autriche comme
un acteur clé sur la scène diplomatique européenne
• La neutralité de l’Autriche est établie sur le modèle
et préparant son intégration dans l’Union.
suisse : il s’agit d’une neutralité perpétuelle qui,
conformément au droit international, outre l’adhésion
• Enfin, le 19 août 1989, à la faveur du pique-nique
au principe de non-belligérance, comporte quatre
paneuropéen de Sopron, 600 Allemands de l’Est
composantes principales : devoir d’abstention, devoir
s’enfuirent par surprise de Hongrie vers l’Autriche –
d’impartialité, droit d’inviolabilité territoriale et liberté
les chefs de la diplomatie de l’Autriche, Alois Mock,
des relations commerciales.
et de la Hongrie, Gyula Horn, ayant coupé les barbelés
le 27 juin 1989.
• En complément de ce régime juridique, la politique
de neutralité active menée par l’Autriche pendant la
période de la Guerre froide, couplée à sa situation
Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombe, l’organi-
géographique, permet à l’Autriche de tenir une place
sation de l’Europe change. Contrairement à la Suisse,
particulière en Europe.
l’Autriche décide, par référendum, de participer à la
• En parallèle, tant la neutralité de l’Autriche que
construction européenne et de devenir, en 1995, membre
sa position géographique favorisent l’accueil
de l’Union européenne. D’autres pays, à l’Est de l’Autriche
d’institutions internationales: l’ONU l’AIEA, l’ONUDI
en font autant. La spécificité de la position géostratégique
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
de l’Autriche s’estompe mais cette évolution permet une
des décisions permettant d’éviter la compétition fiscale.
normalisation de sa position au sein de l’Europe.
Elle s’est prononcée contre l’usage des OGM et contre
La notion de neutralité de l’Autriche fait l’objet de nom-
le nucléaire.
breux débats entre spécialistes, portant notamment sur
Une critique amère de la politique européenne actuelle:
le fait que l’Union européenne comme solution légale
L’Autriche « réagit plus qu’elle n’agit ». Après le Royaume
suppose une restriction de la souveraineté nationale
Uni, l’Autriche est le pays le plus euro-sceptique. Cet
(abandon du shilling, soutien à la politique de sécurité et
euroscepticisme est particulièrement le fait des partis
de défense commune et participation potentielle à des in-
politiques extrêmes (droite et gauche) dans un contexte
terventions militaires sans mandat onusien) difficilement
politique changeant. Le parti social-démocrate et le parti
compatible avec le maintien d’une neutralité étatique.
conservateur qui, depuis l’après guerre, gouvernent dans
Cependant, le sujet n’est jamais formellement abordé
une coalition très stable voient, à partir de 2000, leur
et les Autrichiens semblent assez indifférents à l’idée de
influence s’amoindrir au bénéfice marqué de la droite
neutralité -peu savent, par exemple, que le jour de la fête
populiste (23% des suffrages aux élections de 1994).
nationale est celui de la signature du Traité d’État. L’euroscepticisme s’installe alors même que l’entrée de
l’Autriche dans l’Union européenne produit des résultats
L’entrée de l’Autriche
dans l’Union européenne :
des espoirs déçus ?
positifs. La croissance du PIB est rapidement revenue
après la crise de 2008 (-3,8 % en 2009, 2% en 2010, 2,7 %
en 2011). Qualité de vie et bien-être matériel sont parmi
les plus hauts d’Europe. L’Autriche affiche un des chômages les moins élevés d’Europe.
Une entrée dans l’Union européenne
finalement enthousiaste
Cependant, les potentiels d’innovation et de croissance à
Des débats contradictoires ont eu lieu dans les années
long terme de l’économie ne peuvent pas être considérés
1980-1990 : préservation de la neutralité ; plus de libé-
comme garantis. Les enjeux actuels pour l’Autriche sont :
ralisation, moins de réglementation ; préservation de la
• L’emploi et l’innovation qu’il faudra maintenir dans
souveraineté en matière de politique de sécurité (adhé-
un contexte de destruction d’emplois dans l’industrie
sion au Partenariat pour la Paix, mais refus d’entrer dans
lourde, qui remet en question la position de l’Autriche
l’Otan); liberté de privilègier les citoyens autrichiens -ex.
dans la production internationale, et un contexte
droits d’inscription universitaires.
spécifique de changement de propriétaire pour cause
Avec l’entrée dans l’Union européenne, le 12 juin 1994, (le
de transmission générationnelle d’un tiers
référendum sur l’adhésion de l’Autriche est un succès:
des nombreuses entreprises familiales sur
66,4 % de «oui», 82 % des électeurs s’étant exprimés),
les dix prochaines années.
est né l’espoir d’une modernisation du système politique
Le système d’enseignement très fragmenté (il est
autrichien. La situation économique s’est un peu dégra-
observé, par ailleurs, que les résultats sont trop
dée. L’adhésion n’a pas conduit à modifier le Traité d’État.
dépendants du milieu socioéconomique des parents).
L’Autriche souhaite garder sa souveraineté sur les questions budgétaires et de sécurité, tout en acceptant des
entorses à son engagement de neutralité (survol de son
territoire par des avions américains lors de la première
• La politique énergétique: limitation de la dépendance
au gaz tout en demeurant hors du nucléaire; étalement
urbain ; fort développement du transport routier.
• L’évolution démographique: vieillissement de
guerre du Liban, présence de troupes autrichiennes en
la population menaçant l’équilibre du système public
Afghanistan).
de retraite; augmentation du taux d’activité des
femmes renforçant la nécessité de politiques
L’Autriche est en faveur d’une relation partenariale forte
permettant de concilier responsabilités
avec la Turquie (mais est opposée à l’adhésion de celle-
professionnelles et familiales; poids important
ci à l’Union). Elle se concentre, avec succès, sur la lutte
des immigrés, peu instruits, exigeant des mesures
contre le chômage des jeunes. Elle attend de l’Union
correctrices afin de préserver la cohésion sociale.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
L’Autriche se cherche
un nouveau souffle
et une identité propre
L’Autriche sera-t-elle plus encline à se tourner vers
les pays de l’Est de manière à jouer le rôle de chef de
file plutôt que de se sentir trop petite et pas assez écoutée dans une Union européenne dominée par des États
poids lourds de l’Ouest ? Ou pourrait-elle constituer avec
l’Irlande, la Finlande, la Suède et Malte un axe de pays
neutres au sein de l’Union, contribuant utilement à la
stabilité et la paix en Europe ?
La neutralité serait-elle une entrave au devoir de
mémoire ? La Déclaration tripartite de Moscou du
1er novembre 1943, un des actes fondateurs de la
neutralité autrichienne, déclare l’Anschluss comme nul
et non avenu, et présente l’Autriche comme une victime
du national-socialisme. Cette difficulté à se confronter au
passé, dont témoignent notamment les œuvres du prix
Nobel de littérature Elfriede Jelinek, distingue l’Autriche
de son voisin allemand. Est-ce là un frein à la poursuite
de son intégration dans l’Union européenne?
La difficulté à cerner la réalité de la neutralité de l’Autriche
tient peut-être à la nature même de son identité nationale,
qui n’a réellement pu se forger qu’à travers une histoire
récente. L’historien franco-autrichien Felix Kreissler va
jusqu’à considérer le principe de nation autrichienne
comme exogène car effectivement forgé après 1945.
Depuis la fin du Saint Empire romain germanique, rares
ont été les périodes où l’Autriche a pu s’affirmer en tant
que nation souveraine. Des visions s’opposent, comme
celles d’artistes comme Karl Kraus ou de philosophes
comme Gerald Stieg, mais cette analyse pourrait aussi
expliquer l’un des paradoxes du mouvement nationaliste
d’extrême-droite autrichien, encore très fortement attaché
aux valeurs du pangermanisme (1990 Jorg Haider et la
« Petite réunification allemande »). L’avenir de la neutralité
de l’Autriche semble désormais lié à celle de l’Union
européenne et à la place accordée par celle-ci au principe
de nation.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
3 - L’e-gouvernement
Franck JUNG, Jean-Marc MEUNIER, Thomas ROUSSEL, Richard SALIVES, Fabrice TAUPIN
1. Définition et enjeux
de conduire. Ces nouveaux services s’appuient principa-
L’e-gouvernement consiste en l’utilisation des techno-
www.service-public.fr, guide des droits et démarches, et
logies de l’information et des communications dans les
annuaire de l’administration ; www.mon.service-public.fr,
administrations publiques, associée à des changements
un portail personnalisé d’accès aux démarches adminis-
au niveau de l’organisation et de nouvelles aptitudes du
tratives.
personnel. Il vise à améliorer les services publics, à ren-
Le dispositif est complété par des sites spécifiques
forcer les processus démocratiques et à soutenir les poli-
comme www. marches-publics.gouv.fr, pour consulter et
tiques publiques. Il va donc au-delà de la seule e-admi-
de répondre aux appels d’offres des collectivités locales
nistration qui doit permettre au citoyen d’avoir un accès
et des services de l’État
aisé aux diverses procédures et de partager les informa-
En France, un peu moins de 60 % des particuliers ont uti-
tions entre différentes administrations, sous réserve de
lisé Internet pour des contacts avec les pouvoirs publics.
son accord et de son contrôle.
Avec ce taux, la France se positionne au 6e rang dans
lement sur deux sites :
l’Union européenne (Eurostat/enquêtes communautaires
sur les TIC 2011).
Depuis fin 2011, la plateforme « data.gouv.fr » permet aux
services publics de publier des données publiques et à la
société civile de les enrichir, modifier, interpréter pour
coproduire des informations d’intérêt général.
e-Administration :
amélioration
des processus
e-Société :
développement
durable
3. L’e-gouvernement
en Autriche : Une politique
fédérale volontariste
avec une mise en œuvre
décentralisée et partenariale
e-Démocratie :
participation
citoyenne
Le gouvernement autrichien poursuit de manière probante une politique volontariste en matière d’e-gouver-
2. L’e-administration
en France
nement, qui a fait passer le pays de la 13e place au début
des années 2000 à la première place depuis 4 ans, dans
le classement européen des administrations utilisant le
En France, une offre de service en ligne pour les par-
numérique.
ticuliers, les entreprises et les collectivités locales se
Le moteur est la généralisation des services en ligne
développe, avec le soutien de la Direction Générale de
(plus de 1300) et leur simplification, pour faciliter la vie
Modernisation de l’État depuis 2006. De nombreux télé-
des usagers et rationaliser les coûts de l’administration.
services ont été développés comme la déclaration et le
Pour ce faire, trois portails ont été mis en place, dédiés
paiement en ligne des impôts, l’accès aux documents
respectivement à l’individu, à l’entreprise et à la santé.
administratifs fiscaux et la situation des points du permis
Chaque usager dispose d’une identification unique.
- 10 -
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Le cloisonnement des services interdisant le croisement
Outre l’exemple de Vienne développé infra, l’investisse-
des fichiers pour un même individu et la création d’un
ment de la ville de Linz avec l’initiative « Ars Electronica »
portail pour les données de santé révèlent la reconnais-
mérite d’être souligné. La mise à disposition de données
sance par les autorités de la sensibilité de l’utilisation des
et d’outils permettant de les exploiter, dans des dimen-
données personnelles, en particulier dans le domaine
sions multiples (géographiques, historiques, sociales,
médical avec la possibilité additionnelle de renoncer à
économiques...) permet une véritable appropriation ci-
son e-dossier médical.
toyenne du territoire.
L’accès aux services en ligne est aujourd’hui obligatoire
pour les seules démarches d’entreprise. Néanmoins,
l’incitation du citoyen à utiliser les services en ligne est
manifeste et se traduit par les actions suivantes :
1. généralisation des accès à haut et très haut débit ;
4. Une démarche fondée
sur la qualité et
la transparence… avec
d’autres finalités inavouées ?
2. politique d’incitation, et de formation si nécessaire, de
l’ensemble de la population à l’usage d’internet ;
L’ambition affichée est de construire une société ouverte
avec la mise à disposition du public et des entreprises de
3. démonstration de l’attractivité et de l’adaptation des
données anonymes et non sensibles, et de rationaliser
services en ligne (création d’un portail unique avec des
les ressources de traitement des formalités administra-
services personnalisés en fonction de l’âge, de la situa-
tives. Une place importante est accordée à l’évaluation
tion familiale… ).
des services. L’effort est prioritairement porté sur les
services les plus utilisés, ce qui amplifie le levier de per-
Pour le premier point, l’objectif affiché du gouvernement
formance. Il est néanmoins difficile de quantifier le gain
autrichien est de connecter 100% des foyers avec des
de cette démarche, au-delà du temps économisé pour
débits de 100 Mbps ou plus, d’ici 2020 ! Pour ce faire, un
l’usager et l’administration.
bureau fédéral a été créé pour favoriser le déploiement
dans les zones à faible potentiel commercial à l’aide de
Au-delà de leur dématérialisation, une volonté de sim-
subventions incitatives, et sensibiliser les élus locaux aux
plification des démarches est également poursuivie, avec
enjeux de cet aménagement numérique du territoire.
une évaluation permanente au moyen de formulaires et
Considérant l’accès aux services en ligne comme stra-
de mesures des pertes entre « consultations des pre-
tégique et transversal, ce bureau a été positionné au
mières pages » et achèvement des démarches. Plus gé-
niveau du premier ministre, en associant représentants
néralement, l’État affiche clairement un triple objectif de
de l’administration centrale, collectivités territoriales et
transparence des processus de décision et coopération,
usagers.
d’économie et de développement économique, et enfin
d’intégration des processus administratifs en particulier
Cette démarche s’accompagne de sa déclinaison sur le
grâce à l’homogénéité des supports.
terrain par les associations, les collectivités locales et
le mécénat, l’objectif étant de ne pas laisser apparaître
Pour le secteur de la santé, le portail dédié est aussi clai-
l’e-gouvernement comme la seule préoccupation des
rement associé à une volonté de maîtriser les dépenses
autorités nationales, mais bien de l’ensemble des acteurs
de ce secteur, en écho à l’évolution très préoccupante
publics, et parfois privés.
de la pyramide des âges. Pour l’open data en revanche,
aucun « modèle d’affaire » pour un retour sur investisse-
Pour cette dernière catégorie, l’implication du plus grand
ment direct et indirect pour le gouvernement ne semble
opérateur mobile autrichien, Telekom Austria, pour for-
avoir été étudié, malgré les coûts conséquents liés à son
mer les jeunes générations à l’usage d’internet, même si
développement.
une volonté commerciale sous-jacente n’est pas exclue.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
La question de la réduction d’effectif liée au développe-
Ainsi, la production des données par les hôpitaux et
ment des e-services a été soigneusement éludée, et le
autres structures est gérée par un centre de compé-
manque de vision prospective notamment sur les évolu-
tences et une infrastructure unique. Ce dispositif trou-
tions corrélatives des métiers est frappant.
vera sa place dans un projet plus ambitieux de dossier
Enfin, les éventuels croisements de données entre admi-
médical national (système ELGA).
nistrations demeurent exclus, au risque d’interdire toute
réflexion sur l’utilisation des données à des fins d’ana-
Une perspective affichée vise à interconnecter les infor-
lyses statistiques pour le pilotage de l’État.
mations du secteur social avec les services de santé. Les
applications seront importantes notamment pour aider
les personnes dépendantes, mais de nombreux points
5. L’exemple de Vienne
de vigilance demeurent : contrôle qualité du dispositif,
niveau d’adhésion des patients et des médecins, sécuri-
L’agglomération, qui regroupe les compétences commu-
sation des données...
nales et régionales, affiche une ambition forte de faciliter
les démarches administratives pour les citoyens et bien
sûr permettre des économies, au bénéfice de l’ensemble
Conclusion
des parties prenantes : le citoyen, l’entreprise et l’admiL’Autriche poursuit un développement rapide et
nistration.
ambitieux de l’e-gouvernement, en bénéficiant
Une première illustration en est l’initiative d’Open-go-
d’un fort investissement combiné de l’État, des
vernment. Initiée grâce à un accord politique intervenu en
collectivités locales et des entreprises. Elle s’appuie
2010, cette volonté d’ouverture impose une transparence
sur d’excellentes infrastructures dont elle favorise
des données de l’administration. Cette démarche doit
encore le déploiement, mais aussi sur un consensus
aussi permettre de créer des applications exploitables
autour de ces sujets en évitant manifestement
par le plus grand nombre, commerciales ou gratuites,
tout débat autour des questions les plus sensibles
en garantissant une disponibilité pérenne et un enrichis-
comme les réductions d’effectifs et des exploitations
sement des données de l’administration, en excluant les
plus discutables des données collectées. L’exemple
données personnelles ou critiques pour les infrastruc-
du portail santé, développé a priori sans associer
tures. Plus d’une centaine d’applications facilitant la vie
l’ensemble des acteurs concernés avec une adhésion
locale (stationnement, guide touristique, signalisation
incomplète du corps médical, témoigne pourtant
des défauts de voirie...), avec une création de valeur asso-
de l’importance cruciale de susciter la controverse
ciée estimée à 550 000 euros, témoignent du succès de
autour de la thématique phare du développement des
la démarche.
sociétés.
L’e-santé constitue une autre démarche emblématique
pour faire face aux enjeux d’accroissement, de mobilité et
de vieillissement de la population. Elle consiste à échanger les données des patients entre hôpitaux et médecins
de ville ou entre hôpitaux, dont l’association est l’une des
plus grandes organisations de santé en Europe : 11 hôpitaux/14 centres gériatriques/30 000 employés/400 000
consultations/4,7 milliards d’€ de budget.
Bien que le dossier médical informatisé des patients
existe depuis plus de 20 ans, il est apparu nécessaire
de fédérer et d’homogénéiser les démarches existantes.
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4 - Le plan numérique de l’Autriche
Caroline BONNEFOY, Thérèse BOUVERET, Charles-Ange GINESY, Stéphane UBEDA, Isabelle ZELLER
Introduction
parler infrastructure l’un des premiers objectifs du plan
Dans la plupart des pays développés, le taux de croissance
moyens nécessaires pour avancer sous la forme d’une
de l’économie numérique est le double de celui de l’écono-
série de mesures et de dispositifs de soutien aux initia-
mie globale. Au début des années 2000, en réaction à plu-
tives locales.
fut d’informer les responsables locaux des enjeux et des
sieurs indicateurs démontrant un certain retard, l’Autriche
lança un plan numérique en deux phases, la première
Un centre de compétence est créé à l’échelle fédérale, re-
ciblant le déploiement des infrastructures, la seconde se
groupant les experts et centralisant l’information. Au delà
centrant sur le développement des usages.
d’une incitation active au développement de l’infrastructure, nous sommes surpris par un modèle dans lequel
Dans un État fédéral comme l’Autriche, un plan associé
les collectivités peuvent s’adresser au Bureau du Haut
à une grande cause nationale revêt une forme très diffé-
débit fédéral pour obtenir de l’aide. Il s’agit d’un fonc-
rente de ce qu’un État centralisé comme la France met
tionnement en mode « projet », dans lequel l’État offre
habituellement en place. Notre voyage a permis de sou-
des services dont des études de faisabilité et d’ingénierie
lever le voile de la méthode autrichienne à travers son
financière.
« Plan numérique », un ensemble d’outils incitatifs et de
méthodes participatives ayant réussi en une décennie à
Ce modèle d’organisation, surprenant vu depuis la France
combler le retard et même à démontrer un réel succès
et ne semblant pas au premier abord optimal pour des
dans le domaine du E-Gouvernement.
projets d’infrastructures, a permis un véritable rattrapage du retard de l’Autriche en matière d’équipement. En
Une méthode de mise
en œuvre originale
2013 le taux de pénétration d’Internet en Autriche est de
81%, ce qui la place au 29 rang mondial.
Le défi du Haut débit
Le rattrapage de l’infrastructure Internet classique a été
basé sur l’infrastructure téléphonique préexistante. Le
retard en termes d’accès à Internet et du nombre d’utilisateur étant comblé, l’Autriche vise le haut débit, en
phase avec la politique européenne. L’Europe souhaite
relancer la croissance dans le domaine du numérique,
facteur important de la reprise économique, le taux l’emploi lié à Internet restant trop faible par rapport à l’Asie
ou l’Amérique du Nord. Un déficit d’innovation est clairement pointé du doigt et l’Autriche entend apporter sa
Dans un pays fédéral comme l’Autriche, les prérogatives
contribution aux changements nécessaires pour inverser
des länder sont extrêmement larges et pour toute mise
la tendance. En se basant sur l’agenda numérique euro-
en œuvre d’un programme au niveau national, l’État stra-
péen, l’Autriche se fixe un objectif de 30 Mbit/s en 2020,
tège doit convaincre ses partenaires des länder et les
sur la majeure partie de son territoire, puis de 100Mbit/s
collectivités locales qui le composent. Avant même de
pour 50% de son territoire à l’horizon 2020.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Il faut 5 milliards d’€ pour déployer le haut débit sur tout
Plan Numérique qui vise l’accès à un portail unique pour
le pays. Des fonds FEDER 2014-2020 seront mobilisés
l’ensemble des services administratifs ciblés sur chaque
à hauteur de 40 millions d’€ ainsi que les revenus des
citoyen grâce à son profil. Trois portails sont créés -ci-
licences LTE. L’existence de 8 à 9 opérateurs « Internet
toyens, entreprises et santé -à la disposition des länder/
fixe » ne facilite pas le développement de l’infrastructure,
villes qui peuvent les personnaliser. La loi « e-gouverne-
malgré l’obligation qui leur est faite de les partager. Une
ment » a permis de réglementer transversalement, sans
base de données centralisée à la chancellerie regroupant
avoir à amender la loi dans chaque secteur administratif.
l’ensemble des projets de développement a vocation à
devenir un véritable cadastre des infrastructures.
Pendant 5 ans, le gouvernement fédéral a fait participer
l’ensemble des ministères, les représentants des Länder
Des facteurs d’économie peuvent être dégagés par la
et des grandes villes ainsi que des usagers, pour créer
coordination avec d’autres projets d’infrastructures,
la plateforme « Autriche numérique ». Les priorités sont
comme les réseaux d’eau ou d’énergie. Au vu des besoins
fixées collectivement et des outils communs sont propo-
en investissement, la coordination mise en place lors de
sés pour une stratégie nationale de forte ambition : un
la première phase est encore plus importante. Trois ni-
espace numérique administratif unique. En 2012, 99%
veaux de décisions sont concernés :
des entreprises utilisent Internet pour leurs démarches
• Stratégiques - coopérations et coordinations
administratives et depuis 2013, les facturations aux mi-
• Schéma de subvention/d’aides,
nistères et les appels d’offres fédéraux sont dématéria-
• Accompagnement, mesures d’activités, feedback,
lisés.
Pour harmoniser les différents portails, la gestion des
L’Autriche, leader
de l’E-Administration
identités et des signatures est un point central. Le respect de la vie privée est pris en compte, les citoyens disposant de plusieurs identités disjointes. Le gouvernement fédéral veille à maintenir une activité de recherche
importante autour des sujets de la sécurité et de la protection des données personnelles.
Autriche et l’Open Data
Dans la mouvance de l’Open Data qui déferle sur
l’Europe, l’Autriche a réalisé la richesse que constituent
les données de chaque administration et a mis ce trésor à
la disposition des citoyens. De ces gisements de données
devrait émerger une création de valeur d’ordre économique ou sociétal importante. L’Autriche coordonne ce
mouvement sur la base des critères standard, internatioEn 2000, l’Europe avait classé l’Autriche en numéro 13
nalement reconnus :
pour l’E-Administration, ce qui l’incita à porter ses efforts
sur ce domaine. Au delà des infrastructures, le gouverne-
1. pas de discrimination ;
ment autrichien était conscient de la nécessité de déve-
2. utilisation de standards ouverts ;
lopper les usages. Une analyse rapide montra qu’outre
3. licence unique Open Gouvernment Data
les échanges de courriels et la recherche d’informations,
les principaux usages se développant naturellement
Au niveau fédéral, le portail data.gv.at a été mis en place,
étaient liés à la banque en ligne et à l’achat sur Internet.
chaque Land pouvant le décliner à ses couleurs ou y ad-
Le citoyen est placé au cœur de la seconde phase du
joindre ses services. La ville de Vienne est très en pointe
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
avec des communautés d’utilisateurs informant les habi-
les initiatives locales. Un programme national ambitieux
tants sur l’utilisation possible des données en matière
« A1, Internet pour tous » est né en 2012 sous l’impulsion
de services. La généralisation de ce programme à l’en-
de « Telekom Austria Group », opérateur historique en
semble du pays sera difficile à mettre en œuvre, tous les
Autriche. Il mêle différents partenaires pour diffuser un
länder ne disposant pas des moyens de la capitale. Le
enseignement et une sensibilisation à Internet gratuite.
gouvernement autrichien prépare une loi constitution-
Regroupant plus de 9000 collaborateurs sur l’ensemble
nelle encadrant l’ouverture des données publiques, ga-
du territoire, A1 vise à atteindre les populations les plus
rantissant leur transparence et la protection des citoyens.
à l’écart du numérique grâce à un travail en réseau qui
devrait en assurer le succès. Un centre pour la jeunesse
Un Internet au service
de la société
existe à Vienne et un bus circule à travers tous le pays.
En deux ans, 2800
ateliers ont eu lieu
et 92% des participants déclarent en
avoir tiré un bénéfice
réel.
Pour
évaluer
le programme, Telekom Austria a établi a un partenariat
scientifique avec un
laboratoire du Vienna
University Children’s
Office.
Le citoyen est placé au cœur du Plan Numérique autri-
Conclusion
chien, l’éducation de la population aux usages et aux
technologies de l’Internet étant toute aussi déterminante
Le plan numérique Autrichien a permis de rattraper
que la mise en place des infrastructures. Comment for-
le retard du pays au plan de la pénétration d’Inter-
mer les talents nécessaires, les maintenir sur place et
net. Reste à savoir si le même modèle suffira pour
attirer les talents à l’international ? Quel niveau de for-
le haut débit. En termes de service, l’accent a été
mation pour les citoyens qui seront les usagers, les sala-
mis sur l’E-Administration avec un réel succès,
riés et les innovateurs de demain ? Avec 22 Universités
l’Autriche étant dans le Top 3 des pays Européens
publiques, 13 universités privées, 21 écoles d’ingénieurs
dans ce domaine. Nous avons pu découvrir pendant
et de nombreuses formations techniques, le numérique
notre voyage un pays conscient de l’enjeu d’Inter-
est bien pris en compte en Autriche, même si les flux
net, proposant une approche surprenante vu depuis
de formation dans ces domaines doivent être amplifiés.
la France qui n’est pas sans rappeler les méthodes
L’enjeu reste l’entreprenariat qui ne dépend pas unique-
« agiles » de gestion de projets, et un opérateur
ment de la formation.
historique, Telekom Autria, investissant dans la formation des citoyens au titre de son rôle social. Le
La loi stipule qu’il ne doit pas exister de barrière pour les
Français Jacobin ne pourra s’empêcher de voir dans
citoyens. Tous doivent acquérir les mêmes compétences
cette organisation un risque d’inégalité entre un
dans l’utilisation du numérique or un million d’autrichiens
Land de Vienne, dynamique et aux moyens consé-
en sont dépourvus. Cependant, la responsabilité des Län-
quents, et d’autres parties du territoire ayant du
der en matière d’éducation rend difficile la mise en œuvre
mal à suivre le train du numérique.
des plans nationaux. Le gouvernement fédéral s’appuie sur
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
ANNEXE
Importance économique d’internet en Autriche
En 2012 17,3 milliards € de valeur est attribuée à Internet
Internet représente 5,6% du PIB national
• -4,3 milliards € pour les biens et services achetés sur Internet
• -2,9 milliards € issus directement des biens et services TIC (notamment dans les télécommunications)
Avec ces chiffres, l’Autriche est une bonne élève européenne.
Ménages disposant d'un accès à internet, d'une connexion à haut débit (%)
Accès à Internet
UE27
Connexion à haut débit
2006
2011
2006
2011
49
73
30
68
Belgique
54
77
48
74
Bulgarie
17
45
10
40
Rép. tchèque
29
67
17
63
Danemark
79
90
63
84
Allemagne
67
83
34
78
Estonie
46
71
37
66
Irlande
50
78
13
65
Grèce
23
50
4
45
Espagne
39
64
29
62
France
41
76
30
70
Italie
40
62
16
52
Chypre
37
57
12
56
Lettonie
42
64
23
59
Lituanie
35
62
19
57
Luxembourg
70
91
44
68
Hongrie
32
65
22
61
Malte
53
75
41
75
Pays-Bas
80
94
66
83
Autriche
52
75
33
72
Pologne
36
67
22
61
Portugal
35
58
24
57
Roumanie
14
47
5
31
Slovénie
54
73
34
67
Slovaquie
27
71
11
55
Finlande
65
84
53
81
Suède
77
91
51
86
Royaume-Uni
63
85
44
83
Islande
83
93
72
93
Norvège
69
92
57
80
Croatie*
41
61
23
56
anc. Rép. Youg. de Macédoine*
14
46
1
37
Turquie*
20
43
17
39
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5 - Art et numérique
Philippe BENQUET, Jean CHABAS, Maria-Laura FERRI-FIONI, Éric HEINTZÉ, Bertrand SCHMITT
Dans un contexte sociétal autrichien où les technologies
pour une meilleure compréhension des fonctionnalités et
numériques apparaissent très prégnantes, il n’est pas
de l’environnement de la ville), des stands sur la biolo-
surprenant qu’elles investissent également les domaines
gie synthétique (ex : opimilk et les nouveaux modes de
artistiques. Les arts numériques peuvent ainsi être mis
traitement naturel de la douleur), de l’approche du corps
à disposition de l’ouverture aux sciences, tout comme
humain et du recours à la robotique, de l’appréhension
les démarches artistiques mobilisent ces outils qui
en 3D de l’Univers au sein du « Deep Space », …
transforment par eux-mêmes la nature de l’œuvre. Mais
l’intégration entre art, technologie numérique et science
Dans un monde où les cloisonnements scien-
s’arrête-t-elle à cette simple relation biunivoque ?
tifiques sont encore marqués, l’opportunité
1. Le digital au service
de la muséographie
des sciences et
de l’éducation aux sciences
de faire des analogies entre disciplines (ex :
comparaison entre nébuleuse planétaire et
structure de la rétine humaine) pour initier
de nouveaux développements technologiques et prendre en considération les besoins exprimés par la société est un atout
au service de l’innovation. Un tel processus
Ville au passé industriel marqué par la sidérurgie, Linz
d’intermédiation scientifique repose sur
se présente comme le berceau de nombreuses techno-
l’action de guides expérimentés qui consti-
logies de pointe : citons, par exemple, la fabrication des
tuent la pertinence de ce centre.
« Taurus » qui constituent le plus important parc de locomotives des chemins de fer autrichiens ou encore l’en-
La démarche autrichienne qui permet à une majorité
treprise « Silhouette » qui fabrique des lunettes solaires
de la population d’être sensibilisée à l’émergence, voire
performantes dont l’esthétique et les fonctionnalités sont
d’être formée à l’utilisation de ces technologies, apparaît
empruntes des derniers progrès du numérique.
être un bon moyen de tisser du lien social et de prévenir
la défiance potentielle entre science et société. Néan-
S’appuyant sur cette tradition technologique forte, l’Ars
moins, l’acceptation par le plus grand nombre de ces
Electronica Center de Linz permet de percevoir concrète-
technologies, dont les industriels mais également les
ment la façon dont les technologies numériques peuvent
politiques savent efficacement faire l’apologie, interroge
être combinées aux démarches muséographiques pour
quant à la prise de recul qui permettrait de les qualifier
nourrir une volonté pédagogique qui s’étend à toutes
de réels progrès pour la société.
les générations et qui vise à mieux appréhender l’impact des nouvelles technologies sur notre quotidien.
Ainsi, dans ce musée de l’avenir et de la technologie,
espace interactif de découverte, de nombreux stands
2. Le digital au service
des arts
d’exposition mais également de laboratoires (FabLab,
L’art numérique, souvent nommé également « Cyber Art »,
« Laboratory for future innovations ») permettent d’expé-
« Media Art » ou « Techno Art », a véritablement émergé
rimenter de nouveaux produits et d’approcher de nou-
vers la fin des années 80. Ce courant artistique entend
velles découvertes dans divers domaines de notre socié-
démultiplier la créativité et l’inspiration par les perfor-
té. La démarche s’appuie sur une immersion dans l’objet
mances et les puissances de calcul des ordinateurs, ainsi
scientifique rendue possible grâce au numérique. Ainsi
que le développement d’interfaces électroniques autori-
en est-il de GeoCity (collecte de données et interprétation
sant une interaction avec l’artiste.
- 17 -
Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Le festival Ars Electronica fut l’un des premiers à mettre
la planète. La pervasivité du numérique joue en cela un
en son et en lumière cet art dès 1979 et, ce faisant, à le
rôle essentiel en permettant à chacun d’être un artiste en
faire sortir d’un certain élitisme. Les thématiques qu’il
herbe, sans avoir à acquérir les savoir-faire exigeants des
affiche annuellement depuis 1987 sont significatives
arts majeurs : peinture, sculpture ou musique classique.
de la démarche : de Free Sound en 1987 à Total Recall:
Et le public du Deep Space est plus représentatif de la
The Evolution of Memory en 2013, en passant par Endo
société autrichienne que celui du Grand Opéra de Vienne.
& Nano – The World From Within en 1992, Genetic Art –
Ce « décalage systématique » en matière de création
Artificial Life en 1993, Human Nature – The Anthropocene
artistique revendiqué par Ars Electronica et rendu possible
en 2009 ou Origin – How It All Begins en 2011. Egalement
par le numérique, apparaît finalement comme un courant
en 1987, vint s’y ajouter le prix Ars Electronica, attribué
artistique authentique, un héritage Rimbalien du « long,
selon 3 catégories parmi 700 œuvres. Ce prix est encore
immense et raisonné dérèglement de tous les sens ».
aujourd’hui le plus doté au niveau mondial pour l’art nu-
Cependant, le numérique est également mis au ser-
mérique. En 2013, il fut attribué selon 7 catégories parmi
vice d’approches plus classiques, servant alors de
plus de 4000 œuvres, une de ces catégories s’intitulant
trait d’union entre notre passé et notre futur. Les
« Art and Technology Grant ».
grandes œuvres de l’opéra national de Vienne sont,
depuis octobre 2013, diffusées en « livestream »,
permettant ainsi à tous (moyennant abonnement)
Ars Electronica Center (Linz)
d’être un « téléspectateur » privilégié et de bénéficier de services complémentaires améliorant l’approche de l’œuvre (sous-titres, notes, multi-caméra,
…). Au même titre, la « Maison de la Musique » (Haus der
Musik) est un musée moderne, interactif et expérimental
destiné à montrer les multiples facettes de la musique
et du son. Grâce au numérique, vous pourrez y faire vos
premières expériences de compositeur et de directeur
d’orchestre.
L’originalité des œuvres est souvent sublimée par la mobilisation simultanée de plusieurs disciplines artistiques
(arts graphiques et musique, notamment) et par l’immer-
3. Quand l’intégration
numérique, art et science
va plus loin …
sion du spectateur dans l’objet. Le Centre Ars Electronica
Chez Ars Electronica, la volonté d’intégration pluridis-
dispose pour cela avec Deep Space d’une salle de projec-
ciplinaire entre science, technologie, innovation, art et
tion géante en 2D et en 3D utilisant murs et sol comme
société s’inscrit dans une démarche dynamique et évo-
écran et permettant de véritables voyages virtuels aux
lutive, qui se concrétise par de fortes synergies et par la
spectateurs. Ce dispositif permet également de proposer
création d’un réseau efficace d’artistes et de scientifiques
des observations détaillées à base de zooms puissants
du monde entier. Dès l’origine, le Festival Ars Electronica
sur des photographies à giga-pixels d’œuvres classiques
utilise le numérique pour faire face aux questions socié-
afin d’observer ce qui ne peut être vu à l’œil nu, mettant
tales émergentes. Cet événement bénéficie d’une cou-
ainsi la technologie au service de l’histoire de l’art.
verture médiatique croissante qui contribue à sa diffusion
mondiale. L’on retrouve cette dimension internationale
Par ailleurs, ce positionnement très high tech de la scène
dans l’organisation du Prix Ars Electronica, qui met à
artistique autrichienne vise le grand public plus que les
l’honneur la créativité et l’innovation dans l’utilisation des
élites. La scène électro underground autrichienne est
médias numériques.
particulièrement active, à l’image des sons indépendants
Depuis 2012, a été conçu un nouveau concours qui
de Kruder & Dorfmeister connus (presque) partout sur
va plus loin dans la démarche intégrative : le prix Ars
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Electronica Collide@CERN a pour objectif d’accélérer
Certains de ses projets donnent lieu à des collaborations
l’innovation grâce à la « mise en collision » entre les
industrielles et se traduisent par des dépôts de brevets
idées des ingénieurs et scientifiques du CERN et celles
(avec Siemens, notamment). Enfin, la participation active
des artistes, en collaboration avec l’expertise transdisci-
d’Ars Electronica Futurelab au projet européen Studio-
plinaire de l’Ars Electronica Futurelab. Le CERN servant
lab exprime la volonté d’Ars Electronica de se position-
plutôt de lieu d’inspiration et d’exposition aux artistes,
ner comme une plate-forme unique au monde pour des
l’appui technologique et innovateur est réalisé par Ars
projets créatifs et pluridisciplinaires et capable de relier,
Electronica Futurelab, ce laboratoire de Recherche et
au-delà de toutes frontières, la science, l’art numérique
Développement (public mais non universitaire) d’un type
et la culture médiatique.
particulier. Il vise en effet au développement de nouvelles
connaissances et expériences sociales au travers de
La démarche d’innovation ne se cantonne pas à la sphère
méthodes et stratégies de sciences appliquées et réu-
de l’Ars Electronica Futurelab. Elle est ouverte à tous les
publics, notamment au travers du FabLab où des outils
numériques sont rendus accessibles à un large public
pour lui permettre de passer à l’action et de créer par
lui-même de nouveaux objets. Plus largement, dès le début de la visite de l’Ars Electronica Center, un ensemble
d’outils méthodologiques sont disponibles pour offrir aux
visiteurs des approches multiples visant à faciliter l’interaction avec le monde d’aujourd’hui et de demain. Non seulement on interagit avec les expositions mais on s’y sent aussi
acteur. Il s’agit de l’un des rares « musées » où l’affiche
« ne pas toucher » n’existe pas et où, au contraire, les
accompagnateurs incitent à s’immerger dans l’objet ! Le
visiteur ne joue pas simplement le rôle de consommateur
des nouvelles technologies, mais il en devient contributeur. Enfin, si le visiteur peut profiter de l’Ars Electronica
Interactions entre designers,
artistes numériques et développeurs informatiques
Center en toute liberté, des guides experts sont à sa disposition pour des programmes diversifiés et adaptés aux
différents publics et groupes d’âge, ou tout simplement
pour l’accompagner, échanger et mieux appréhender les
nombreuses activités proposées.
Longtemps considéré comme un pays de frontières
(entre Orient et Occident, entre bloc de l’Est et bloc de
l’Ouest), l’Autriche, désormais au centre de l’Europe,
développe une forte dynamique vers les nouvelles frontières du numérique et des arts numériques en particulier. Si la renommée de l’Ars Electronica Center, de ses
prix et de ses activités s’étend au-delà des frontières
autrichiennes, on ne peut que constater que la démarche
d’innovation est activement présente en Autriche. Et cela
nit des équipes pluridisciplinaires au sein desquels sont
ne date pas d’aujourd’hui, les guides touristiques de Linz
favorisées les interactions entre designers, artistes nu-
mentionnent que la plus ancienne recette de gâteau
mériques, développeurs informatiques (software et hard-
« Linzer Torte » du monde a été retrouvée dans un livre
ware), spécialistes des sciences sociales et culturelles.
vieux de plus de 350 ans.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
6 - La culture numérique dans la société
Anne-Sophie BOISARD, Carine LEVEAU, Laurent MAHIEU, Joëlle RAGUIDEAU, David SILAGY
Qu’est-ce que la culture
numérique ?
Le futur va de soi…
La culture numérique s’est imposée dans le délai très
de la fertilisation croisée de la culture musicale et des
bref d’une vingtaine d’années en tant que somme de
outils numériques datait de 1979: il s’agit du festival de
« connaissances acquises qui permettent de dévelop-
création musicale « Ars Electronica », à Linz, évoqué plus
per le sens critique, le jugement » (Le Robert). En 2014,
en détail ci-dessous. Le caractère original de cette mani-
l’enjeu culturel avec le numérique est de trouver l’infor-
festation tient dans le choix politique de ne pas en faire un
mation écrite dont nous avons besoin. La « littéracie »,
événement réservé à quelques créateurs spécialisés et
du terme anglo-saxon digital literacy, constitue l’une
amateurs éclairés mais d’en faire à la fois un creuset de
des qualifications-clé au XXIe siècle. Plusieurs types de
productions culturelles diffusées vers la population locale
culture numérique coexistent.
et d’engager la création d’une nouvelle culture, après le
Il nous a été donné de voir qu’une manifestation résultant
déclin de la culture industrielle. Trente ans après, la ville
• L’accès aux infrastructures et aux outils, ainsi que la
capacité à les utiliser. Cette dimension de la culture
de Linz est capitale culturelle de l’Europe : coïncidence
ou conséquence ?
numérique est déterminante sur le plan social : elle
aide à inclure et à accélérer la transformation d’une
Du festival musical est né un Centre embrassant largement
société.
les champs du numérique. C’est là même que nous avons
• Afin que le numérique facilite les recherches
pu entendre cette affirmation « le futur va de soi », affirma-
d’information, les démarches et les services,
tion que l’on peut interpréter de deux façons: d’une part
apparaît alors un besoin de développement de
comme une évidence que le futur sera, numérique en
nouvelles capacités et de nouvelles connaissances:
l’occurrence, de façon quasi naturelle, voire même qu’il
habileté dans la recherche et la compréhension de
est déjà là, et d’autre part que le futur va en se forgeant
l’information, sens critique.
de lui–même comme tirant son devenir de la propre im-
• La culture numérique peut également se relier à
plication au fur et à mesure de ses parties prenantes et
la créativité et se définir en tant que somme de
qu’il ne résulte pas d’une visée prédéfinie.
productions originales d’œuvres créées et diffusées
Comme à Linz, il peut apparaître que l’engagement de
via les technologies de l’information et de la
l’Autriche consiste en la mise en place des infrastruc-
communication.
tures et la mise à disposition des données nécessaires
à l’émergence des innovations provenant de la société et
La démarche collaborative sans frontière, ouverte par les
à leur mise en avant (cf. le concours d’applications de la
nouvelles technologies de l’information, crée un besoin
Ville de Vienne).
social polymorphe en termes d’éducation. Par la fulgurance de son développement, la culture numérique
L’administration se transforme par, et s’équipe pour, le
constitue un enjeu complexe à appréhender aussi bien
numérique afin de libérer l’énergie des citoyens créa-
pour l’individu, le politique, la société, puisqu’elle peut
teurs, celle des entreprises, des universités, en veillant
aller d’une simple approche technologique à une vision
à ne pas créer d’inégalités, à maintenir la qualité de vie
ambitieuse avec un véritable projet de société.
autrichienne, le bien-être de tous.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Des initiatives locales
et ponctuelles
les pratiques sociales grâce aux outils numériques. Certaines déclarations des entreprises envers l’administration, comme par exemple l’e-facturation, ne peuvent désormais se faire que par voie électronique. Les ambitions
La culture numérique dans la société autrichienne nous
dépassent l’objectif classique de toucher le plus grand
est apparue sous la forme d’initiatives diversifiées et
nombre de citoyens et celui d’accélérer les démarches
complémentaires, permettant d’augmenter les chances
administratives. Le tout numérique doit également se
de dissémination et de constituer une force motrice qui
traduire dans une dynamisation de l’économie grâce à la
semble efficace.
simplification des processus, comme espéré dans le système santé mais aussi celui des appels d’offres.
Nous retiendrons d’abord l’initiative privée « A1 : Internet
für Alle », qui a pour vocation de remédier à la problématique de la digital literacy, en tentant de combler le
Le numérique avant tout
fossé entre seniors et jeune génération grâce à un accompagnement professionnel de l’apprentissage de la
La relation des Autrichiens avec ces initiatives numé-
culture numérique. Cadre convivial, choix pragmatique
riques semble en effet suivre une approche très prag-
des sujets (aussi simple que l’utilisation d’internet ou
matique. Là où on aurait pu s’attendre à ce que la
plus sérieux comme celui du comportement à adopter
sécurité des données et le respect de la vie privée soient
sur les réseaux sociaux vis-à-vis de la sécurité), péda-
évoqués comme des préoccupations majeures (données
gogie définie conjointement avec le monde universitaire
de la ville de Vienne dans le centre informatique Start
et adaptée aux catégories ciblées (avec une attention
22 ou encore données personnelles des citoyens pour
particulière aux groupes sociaux défavorisés) sont autant
l’e-gouvernement), ces deux thématiques ont été peu
de caractéristiques permettant de minimiser l’exclusion
mises en avant. Pour autant, le sujet n’est ni oublié, ni
numérique, et donc l’exclusion sociale.
ignoré. En effet, ces questions sont régies par la loi fede-
rale Datenschutzgesetz (DSG). La vérification de la bonne
L’Art comme vecteur de dissémination de la culture nu-
application de cette loi est confiée à une commission, la
mérique dans la société constitue la seconde initiative.
Datenschutzkommission (DSK) dont le personnel est rat-
Convaincu que nous ne sommes qu’au début de l’assimi-
taché à la chancellerie. Le lien entre l’État et l’organisme
lation des technologies numériques, le centre Ars Elec-
de contrôle ne semble pas poser de soucis aux citoyens.
tronica permet de faire des démonstrations de leurs utili-
Ces derniers semblent adopter une approche très simple
sations dans le but d’en inspirer d’autres usages. En plus
de la question : il y a une loi, elle nous protège et nos
de sa vocation à favoriser une prise de conscience socié-
administrations et politiques prendront les bonnes déci-
tale, illustrée récemment avec l’intégration des sciences
sions si un jour cette loi ne suffit plus. Ainsi la relation de
de la vie dans les travaux du centre, Ars Electronica joue
confiance est totale.
un rôle vis-à-vis des entreprises et essaye de transfor-
Ce dernier point s’illustre également au travers de l’ini-
mer des idées numériques en solutions techniques ma-
tiative A1 Internet für Alle évoquée plus haut qui est 100%
térialisées dans la vie de tous les jours. L’impression 3D
privée, soutenue et encouragée par les citoyens, mais
pour les écoles est à ce titre très illustratif, car il essaye
également par la ville de Vienne et la chancellerie. Sur
de transformer de simples futurs consommateurs de
des sujets comme la formation et l’éducation, a priori
technologie en nouveaux entrepreneurs.
du ressort étatique, une entreprise privée a toute liberté d’agir. Et ce, quasi sans contrôle. Pourvu que ça aille
Les institutions autrichiennes participent également à
dans le sens du plan numérique autrichien. L’État et les
cette démarche aussi bien au niveau local, avec les initia-
citoyens font confiance aux entreprises privées. Ces der-
tives numériques de la ville de Vienne, que national, avec
nières font évoluer l’Autriche, lui permettant d’être dans
la plateforme « Digital Österreich ». Le programme de la
les 20 premières places des classements mondiaux rela-
chancellerie témoigne d’une conviction forte pour cadrer
tifs au numérique.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
La confiance que les citoyens ont dans les décisions politiques relatives au numérique fait que l’Autriche est plus
dans l’action que dans le principe de précaution.
Le futur numérique, et après ?
Au travers de toutes ces initiatives, l’Autriche semble bien
avoir pris le train du numérique, avec modestie et pragmatisme certes, mais à marche forcée quand même.
Avec une loi-cadre consacrant les démarches publiques
administratives (The Austrian E-governement Act), un
rappel fréquent par nos interlocuteurs de suivre l’agenda
européen 2020 en matière de numérique, tout se passe
comme si l’Autriche s’était entièrement saisie de la
culture numérique pour en faire un vecteur de bien-être
et de progrès pour sa population, tout en veillant à ne pas
exclure une partie de ses concitoyens. A cet égard, il nous
a semblé qu’il s’agissait moins de laisser les mécontents
ou les réfractaires s’exprimer que d’emmener tout le
monde dans la même direction.
Dès lors, notre étonnement porte principalement sur le
levier de transformation que constituerait le numérique
vis-à-vis de la société autrichienne. Existe-t-il une vision
(globale, articulée et traduite en stratégie et en plans
d’actions) de la culture numérique qui dépasse la mise
en place volontariste des technologies numériques ? La
culture numérique au service des citoyens ne se résumet-elle qu’à une très forte valorisation du progrès et ses
multiples déclinaisons comme le futur souhaitable pour
l’Autriche ? Si la société ne sait pas où elle va, elle y va
résolument comme le dit le slogan de la Ville de Vienne
« Go Ahead ! ».
Nous n’avons pu répondre à ce questionnement au fil
des rencontres. Toutefois, nous faisons l’hypothèse que
la culture numérique doit se diffuser, s’apprendre et
s’exercer aussi ailleurs et notamment dans l’enseignement avec peut-être l’enseignement des sciences informatiques et numérique dans les lycées, le soutien et
le développement du secteur de l’industrie créative, la
numérisation « intelligente » du patrimoine historique et
artistique… Il est fort à parier que nous n’avons eu qu’un
bref aperçu de ce que l’Autriche a mis en place pour faire
accéder ses citoyens à l’ère numérique.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
7 - Smart city
Daniel BARTHELEMY, Jean-Michel CASSAGNE, Anne CATZARAS, Moussa HOUMMADY, Jérôme PEYRARD
• l’intégration des nouvelles technologies
(de l’information et de la communication, les capteurs,
les systèmes de transports intelligents, etc.)
pour faciliter ce fonctionnement en réseau, favoriser
1. Introduction :
Vienne occupe la première place mondiale de l’index des
smart cities du stratège climatique américain Boyd Cohen
la transition énergétique et accompagner, voire
inciter, les changements de comportements
et d’usages ;
• la rationalisation des moyens et le renforcement
(www.fastcoexist.com/1679127/the-top-10-smart-cities-
de l’efficience globale avec bénéfices partagés pour
on-the-planet?fullsite) et elle est la 3ème ville européenne
l’administration, les acteurs, les citoyens
innovante en termes d’infrastructures, de respect de
et l’environnement.
l’environnement, de technologie et d’entreprenariat selon
le magazine FastCompany (www.decisionsdurables.com/
Ces 5 champs constituent des relais d’innovation et de
et-les-10-villes-europeennes-intelligentes-sont/).
croissance importants pour les entreprises. Mais cela
Mais quel est donc le secret de la capitale autrichienne
va bien au-delà car il s’agit de construire de nouveaux
pour systématiquement figurer sur le podium des villes
modèles de développement durable pour les territoires.
mondiales les plus smarts ?
La prise en compte de ce concept de Smart City implique
C’est la question à laquelle nous nous efforcerons de
également de repenser le fonctionnement et l’organisa-
répondre en nous appuyant sur les témoignages et idées
tion collective y compris des administrations. Les diffé-
recueillis lors de notre voyage d’étude. Après avoir repré-
rents services doivent se décloisonner et les mentalités
cisé les contours du concept de Smart City, nous expo-
évoluer pour s’adapter aux nouveaux modes de fonction-
serons les éléments clés de la stratégie de Vienne dans
nement et usages.
ce domaine et analyserons l’originalité de la démarche et
des défis à relever avant de conclure.
Les objectifs visés par la ville Vienne Smart City (https://
smartcity.wien.at/site/) concernent tous les aspects du
2. Le concept de Smart City
et approche retenue par
la ville de Vienne :
développement urbain avec une ambition de construire, à
l’horizon 2050, une ville où il fait bon vivre sans que l’activité économique et humaine n’empiète sur le lien social
et l’environnement. Les axes de travail ciblent donc le
développement d’énergies renouvelables et la réduction
Le concept de «Smart City» (ville intelligente) s’articule
des gaz à effet de serre, la mobilité, l’amélioration des
autour de 5 idées majeures :
transports en commun et des infrastructures, la concep-
• la prise en compte, sur le long terme, des enjeux
tion/rénovation de bâtiments « intelligents » thermique-
environnementaux globaux : transport, santé, bien
ment, et l’économie de l’innovation.
être, contraintes énergétiques et gestion durable de
la cité;
• le fonctionnement en réseau des acteurs et parties
La gouvernance et la méthode reflètent une réelle volonté d’associer tous les acteurs de la « cité », dans une
prenantes : administrations, collectivités, citoyens et
démarche intégrant approches bottom up et top down,
entreprises ;
réflexion stratégique avec mise en œuvre opérationnelle
• le passage de la propriété à l’usage : participation des
usagers à la définition des produits et services ;
des projets de terrain, le tout regroupé et piloté par une
Agence « TINA VIENNA Urban Technologies & Strategies
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
GmbH (http://www.tinavienna.at/en) », structure transver-
• la vision politique et stratégique de la ville à l’horizon
sale et interdisciplinaire. Ainsi, les différentes directions de
2050 est portée par son Maire, qui met tout en œuvre
l’administration municipale, des Key experts, des citoyens
pour ce projet de transformation : consultations,
et des entreprises œuvrent tous dans un but commun, op-
forums, site web, réforme des administrations,
timisant la mise en œuvre des actions sur le terrain.
projets pilotes ou même expérimentaux… Il s’agit
là d’une véritable rupture profonde par rapport à
La diversité des projets qui émergent illustrent la
la pensée traditionnelle, basée plutôt sur une avancée
co-construction de la Smart City : centrales solaires
progressive avec un déroulement clairement défini
citoyennes (capteurs photovoltaïques sur les toits) dont
(planning, objectifs, moyens). Cette approche est
les emplacements sont optimisés par cartographie sa-
surprenante, car atypique dans notre monde actuel
tellitaire, incinération des ordures au cœur de la ville,
où tout doit être précisément défini avant d’envisager
smart-grids, bâtiments à énergies positives, eco-trams
la mise en œuvre d’un tel projet, ce qui implique
fonctionnant à l’énergie de freinage, politique volontariste
évidemment des délais très longs.
d’Open Data et projet phare d’ASPERN : cité lacustre laboratoire de 20 000 personnes dont la livraison est prévue
pour 2028.
• la mise en œuvre de ce projet s’appuyant sur une
démarche de changement de mode de fonctionnement
collectif nécessitant du temps pour l’adaptation et
l’appropriation par l’ensemble des acteurs (personnels
3. Originalité de l’approche :
communaux et citoyens) d’une part, et la mise en
place d’actions concrètes immédiates d’autre part.
Le projet Smart City de la ville de Vienne est porté par
une vision politique forte, puisque c’est en mars 2011 que
• l’audace et le pragmatisme dont fait preuve la ville
Michael Häupl, Maire de Vienne, lance cette initiative. En
de Vienne est remarquable. Les différents projets
moins de trois ans, tous les acteurs institutionnels concer-
menés (centrales solaires citoyennes, incinération
nés se sont fédérés autour de cet objectif ambitieux de dé-
des ordures, ville d’Aspern, écotrain,…) bénéficient
veloppement de la ville, avec une approche d’intelligence
déjà d’une visibilité internationale et démontrent
collective, responsable et constructive, en associant une
la capacité de changement de la ville de Vienne.
forte implication des citoyens. Les six axes de réflexion
étant développement de la population, environnement,
points remarquables, notamment :
4. Questionnement sur
la démarche et les défis
à relever :
• l’adhésion des acteurs publics et en particulier les
Pour la réussite de cet ambitieux projet de smart city sur
administration, économie, énergie et mobilité.
L’originalité de cette approche repose sur plusieurs
65 000 employés municipaux en dépit de l’évolution
le long terme, différents défis sont à relever. Sans vouloir
très rapide des modes de fonctionnement. Les
être exhaustif, nous citons notamment :
différents services ont donc été décloisonnés pour
• foisonnement des projets issus de la méthodologie
œuvrer de manière transversale et interdisciplinaire
autour d’objectifs partagés. La mise en place d’une
bottom up tel que le soutien à la mise en œuvre de
équipe dédiée au projet Smart City et des rencontres
projets individuels citoyens : au-delà de la stimulation
trimestrielles de l’ensemble de ces acteurs publics ont
et la diversité de l’innovation citoyenne et individuelle
permis de renforcer l’adhésion, de faire émerger une
qu’il provoque, ne pourrait-il pas conduire à un effet
dynamique collective constructive, et une démarche
de dispersion des actions et à un saupoudrage du
d’amélioration continue. Un tel changement en très
soutien financier public sans véritable effet de levier
peu de temps semble tout à fait impressionnant.
et de masse critique ?
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
• optimisation de l’action publique et son ajustement
5. Conclusion
dans le temps pour accompagner et consolider
les différentes initiatives individuelles : cela peut
Le projet Smart City de la ville de Vienne s’inscrit
nécessiter des mesures correctrices. Est-il prévu,
dans une vision politique forte et dans le cadre d’une
des évaluations ou grilles d’analyse s’appuyant
approche collaborative entre citoyens, adminis-
sur des objectifs quantifiables et mesurables ?
tration, industries. Il a déjà permis à la ville de se
positionner de manière volontariste au niveau inter-
• organisation du travail : comment gérer dans le temps
national dans ce domaine en s’appuyant sur des réa-
la réallocation budgétaire et le travail des acteurs
lisations concrètes. Les résultats précis escomptés
publics en réseau dont les activités sont portées par
à chaque étape ne font pas forcément l’objet d’un
des finalités et non pas par des logiques de métier ?
plan prédéfini à long terme mais nous paraissent
relever davantage d’une stratégie «agile» sans doute
• modèle sociologique pour des villes nouvelles :
adaptée aux enjeux et défis d’innovations à relever
la création ex nihilo d’une partie de ville (Aspern)
ou à mettre en œuvre dans le futur. S’inscrivant en
résulte d’un besoin lié à l’augmentation de la
partie dans le plan numérique national dont elle
population et à un foncier contraint. Elle vise à créer
pourrait être un des points forts, cette initiative, por-
une ville idéale, smart, dans toutes ses composantes.
teuse de différentes formes d’innovations, peut as-
Notamment la création d’emplois permettant
surer un lien structurant entre les différents acteurs
à ses habitants de travailler au plus près de leurs
de la cité et du pays et servir d’exemple ou a mini-
habitations devrait induire de nouvelles formes
ma alimenter les réflexions sur l’avenir des cités
de relations sociales intégrant à la fois des relations
d’Europe voire d’autres régions du monde.
de travail et de voisinage/habitation. Comment
accompagner les citoyens de ces nouvelles villes
et quel modèle socio-ethnologique envisager
(nouvelles citoyennetés, organisation sociale
centralisée, partage de valeur, subsidiarité) ?
• articulation entre les actions nationales et régionales :
le gouvernement autrichien porte également une
politique numérique, relais de l’agenda européen,
dont certains axes pourraient interférer avec
les actions de la ville de Vienne ou des initiatives
citoyennes. C’est notamment le cas pour
les infrastructures de télécommunication.
Comment s’articulent les différentes strates
territoriales (et budgétaires) ?
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
8 - Responsabilité sociétale des
entreprises en matière de numérique
Josiane GAIN, Philippe LEMERCIER, Céline MESQUIDA, Aline RICHARD, Véronique ROCHE
« Nous fermerons ensemble le fossé numérique. Chaque
L’entreprise a évidemment intérêt à collaborer avec
citoyen autrichien doit avoir accès à Internet et l’utiliser
l’État autrichien pour être bien positionnée dans les ap-
de façon compétente », estime Petra Gallaun. Au siège
pels d’offres, que ce soit pour les fréquences mobiles de
de la société de télécoms autrichienne Telekom Austria
quatrième génération ou d’autres marchés. Mais cette
A1, cette responsable du département « responsabilité
action du privé est-elle réellement corrélée au plan
sociétale des entreprises » exprime ainsi la volonté de
numérique que l’Autriche met en place, ou ne s’agit-il
cet opérateur privé d’assumer pleinement son rôle de
qu’une simple délégation à une structure privée ?
société dans la Cité : l’initiative, lancée en 2011, est intitulée « A1 Internet für Alle », l’Internet pour tous. Qu’en
Ce n’est pas propre à l’Autriche. Il se passe la même
penser ? Et comment cette initiative est-elle perçue en
chose en France où les opérateurs travaillent avec les
Autriche, ce pays de 8,5 millions d’habitants, l’un des
pouvoirs publics (l’ARCEP) sur les sujets liés à la frac-
plus riches de l’Europe, mais où il y a près d’un million
ture numérique, avec son lot d’initiatives ciblées sur
d’« exclus du numérique », selon nos interlocuteurs ?
les populations les plus défavorisées, comme l’accord
Notre étonnement porte sur le poids des entreprises par
passé entre SFR et Emmaüs. A la Mairie de Vienne, on
rapport aux services publics dans une politique de dif-
nous a également parlé d’une action similaire avec un
fusion du numérique auprès de populations potentielle-
point de rechargement de téléphone mobile pour les
ment marginalisées.
SDF. Est-ce une réelle implication humanitaire, ou bien
une façon de botter en touche, afin d’éviter toute critique
Ce qui questionne, tout d’abord, c’est l’implication du
sur les profits réalisés ? Rappelons à ce propos les cri-
privé dans un domaine central des politiques publiques
tiques récurrentes contre Apple, société « cool » s’il en
d’aujourd’hui. Décrivons en quelques mots A1 Telekom
est une, mais qui n’a pas refusé de travailler en Chine
Austria. Filiale du groupe Telekom Austria, l’ancien mo-
avec des sous-traitants peu scrupuleux des lois sociales
nopole, elle est présente dans les domaines de la télé-
et du bien-être de ses travailleurs.
phonie mobile et fixe, de l’accès à internet ainsi que de
la télévision par câble. Avec 5,1 millions de clients pour
L’une des dimensions de la fracture numérique est
la téléphonie mobile et 2,3 millions de clients téléphonie
particulièrement importante : c’est celle concernant
fixe en 2012, A1 Telekom Austria est le premier opérateur
les « territoires ». En Autriche, chez « A1 », une idée
de téléphonie d’Autriche (Source : Wikipédia). On peut
originale a émergé pour y remédier. Des tournées en
penser que l’altruisme n’est pas le seul moteur de sa
bus pour aider les populations isolées et/ou rurales à
politique volontariste d’Internet pour tous. Les politiques
utiliser au mieux Internet. Imaginez des camionnettes
de développement durable ont toujours servi à créer une
blanches, marquées du sigle « Internet für Alle » sillon-
image positive pour les entreprises qui s’engagent dans
nant le pays huit semaines par an. Un peu à la manière
ce type de politique. On peut être surpris qu’une entre-
des « bus bibliothèques » d’antan qui permettaient le
prise de télécoms, dont le marché est tout autant celui
prêt de livres dans certains villages français. Quand
des entreprises que du grand public, utilise à ce point ce
la camionnette arrive, les enfants des écoles peuvent
type d’actions à des fins marketing : captage de nouveaux
participer à une chasse aux trésors « 2.0 ». Quant aux
et très jeunes clients, affichage du logo sur tous les sup-
seniors, ils se voient offrir des formations « premiers
ports possibles mis à disposition et/ou portée de vue des
pas avec Internet ».
utilisateurs de leurs centres...
- 26 -
Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Ce sont ces deux publics qui sont principalement visés
des organismes liés au monde du travail, d’intégration
par les promoteurs de « Internet für Alle ». Là encore,
des immigrés, sans oublier des organisations d’aide
ce n’est pas spécifique à l’Autriche puisque, selon des
comme Caritas.
études de pays de l’OCDE, ce sont les très jeunes et les
personnes âgées qui semblent avoir besoin d’une aide.
Au total, l’initiative « Internet für Alle » a concerné 37 000
« Pour les seniors, il s’agit de montrer l’outil, puis de
personnes en deux ans d’existence au travers de 2800
démontrer que tout le monde peut l’utiliser. Pour les
cours, initiations, rencontres... Une statistique est le re-
jeunes, le défi est autre. Ils utilisent Facebook tout na-
flet d’un certain succès par rapport à l’objectif « fermer le
turellement mais n’ont pas forcement conscience des
fossé numérique » : 24% des participants aux initiations
aspects liés à la sécurité », remarque Petra Gallaun.
n’avaient jamais auparavant touché l’outil Internet.
Pour conclure sur ce point, la notion de responsabilité
Lors du lancement de « Internet für Alle », la société A1
sociétale d’A1 peut apparaître plus développée en
a ouvert un centre dédié dans le second arrondissement
Autriche qu’en France mais peut aussi apparaître ambi-
de Vienne. Dans 360 m de locaux lumineux, adultes et
guë. Les efforts que l’entreprise consent sont-ils désin-
enfants peuvent se familiariser au numérique, dans tous
téressés ou correspondent-ils à un investissement en
ses aspects. Le jour de notre visite, dans la « room’s kids
vue de conquérir de nouveaux clients en se donnant une
» décorée de dessins d’enfants, huit gamins entourent
image de marque généreuse ?
2
l’animateur. Calepin en main, l’animateur lance un jeu où
les enfants cherchent des mots à partir d’indices. Des
Nous avons pu aussi voir en quoi les entreprises autri-
cris saluent chaque bonne réponse... « Trois fois par
chiennes soutiennent les efforts sociétaux en faveur
semaine, nous invitons des jeunes socialement défavo-
du numérique en visitant ce beau musée qu’est Ars
risés. Ils viennent avec leurs sujets. On fait des vidéos,
Electronica dans la ville de Linz. Ancien bastion de
de la musique. C’est leur créativité qui compte, on ne
la sidérurgie, Linz s’est réinventée digitale en proposant
leur dit pas ce qu’il faut qu’ils fassent », raconte Caro-
à ses habitants un lieu unique, à la fois musée, centre
line Bieber, responsable d’un programme pour enfants
d’éducation, laboratoire de recherche, où l’art se marie
(Kinder Buro) de l’université de Vienne. En 2012, pour
harmonieusement avec la science. Le privé est présent
renforcer l’ancrage dans le pays, deux autres centres «
chez Ars Electronica via des partenariats, somme toute
Internet für Alle » ont été créé en Autriche, à Salzburg et
assez classiques dans le cadre de musées de science.
à Klagenfurt, en Carinthie.
Citons la Caisse d’épargne d’Autriche, Mercedes-Benz,
Sony ou Hewlett-Packard, entre autres. Des entreprises
Ce qui rend l’initiative « Internet für Alle » particuliè-
viennent aussi solliciter l’expertise du lieu pour expo-
rement intéressante, et originale par rapport à ce que
ser leur savoir-faire, comme Swaroski et son « voyage
l’on peut voir en France, ce sont les liens établis entre
de découvertes » (que nous n’avons pas eu l’occasion
public et privé, opérateur de télécoms, organisations
de voir).
humanitaires, université, ville de Vienne, État autrichien
qui travaillent tous ensemble pour un objectif commun.
La visite de cette mini Cité des Sciences de Linz est un
Le réseau partenaire inclut ainsi des universitaires qui
bel exemple d’accès à l’éducation : elle s’inscrit dans
sont susceptibles d’évaluer les programmes, une rareté
une logique participative des citoyens et institutions
pour ce type d’initiative privée. Ainsi, la Faculté d’Eco-
à des fins de culture scientifique et numérique (peut-
nomie à Vienne est en train de réaliser une étude sur
on dissocier l’un de l’autre ?). En particulier, le travail
l’impact social de « Internet für Alle » pour l’Autriche (en
réalisé sur les données en temps réel qui intéressent
cours de réalisation). Cela marche aussi en sens inverse
la vie des habitants (circulation de l’eau potable, trafic
puisque le « Kinder Buro » de Caroline Bieber citée
automobile, point de location des vélos, écoles, etc.),
plus haut est soutenu par « A1 ». Du côté des pouvoirs
montré sur des écrans est très convainquant. On peut
publics, on trouve notamment la « plateforme digitale
penser que de tels dispositifs devraient aussi intéresser
Autriche » du gouvernement, la ville de Vienne, plus
le privé.
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Ce que nous avons vu à Ars Electronica ne ressemble
La notion de responsabilité sociétale fait référence clas-
finalement pas à de la responsabilité sociétale, mais à de
siquement à un idéal de bien-être collectif et de respect
l’initiative très féconde et ayant des retombées. Ceci dit,
de valeurs communes. On ne peut s’empêcher de faire
la France a fait de même (Plan informatique pour tous)
un parallèle entre la France des trente glorieuses et l’Au-
il y a quelques années, avec des initiatives « top down ».
triche actuelle.
Mais il faut nuancer. Car, en France, certaines grandes
entreprises prennent leurs responsabilités sociétales en
Les acteurs rencontrés en Autriche cultivaient tous les
œuvrant dans le sens de la promotion et de la forma-
classements (économie, taux de chômage, numérique...)
tion aux métiers du numérique, directement ou via des
d’autant plus qu’ils leur sont favorables. C’est ce que nous
associations professionnelles telles que Pascaline ou le
avons fait durant de longues années. Nous ne sommes
Syntec Numérique. Cependant, ces initiatives peinent
pas devenus intrinsèquement moins bons, et nos com-
souvent à se mettre en place, et cela est dû en partie à la
pétiteurs meilleurs, mais l’évolution de l’environnement
défiance qu’éprouve le secteur public vis-à-vis du secteur
a libéré les énergies des pays endormis et révélé notre
privé. Cela a des conséquences d’autant plus fortes que
état de léthargie.
l’État est désormais sans le sou... À l’inverse, en Autriche,
ce qui caractérise les relations entre État et entreprises,
c’est un climat de confiance.
Évoquons maintenant des remarques d’ordre plus général, fruits de réflexions de notre groupe autour des liens
entre société, entreprises, citoyens et environnement
dans la perspective du numérique. En fin de compte, la
responsabilité sociétale se développe sur 4 axes : elle
demande une économie nationale performante comme il
en existe en Autriche, des compétences à développer, et
plus généralement un maintien des savoir-faire à un haut
niveau par rapport à la démographie et aux besoins économiques. Enfin, il est nécessaire de respecter l’environnement. Pour ces objectifs, le numérique est utile. Il ne
doit pas être la propriété des entreprises mais doit être
accessible pour tous.
- 28 -
Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Annexes
Le numérique au service de la société :
l’Autriche, un modèle pour l’Europe ?
Mardi 28 Janvier 2014 • Vienne
L’Autriche et l’Union européenne
Accueil
Michael JUNGWIRTH, directeur du groupe de régulation
et des affaires europénnes, TelekomAustria Group
L’Autriche en Europe : Agenda-settler ou Agenda-taker ?
Johannes POLLAK, professeur, Webster University
Vienna, chef du département de sciences politiques,
Institut für höhere Studien Wien
Les actions du Telekom Austria Group pour la démocratisation du numérique
Les programmes M2M
(Machine to machine)/Smart Metering
Phat HUYNH, directeur général, responsable du marketing
et des ventes, M2M, Telekom Austria Group
L’initiative A1 Internet pour tous d’éducation aux médias
Petra GALLAUN, chef du département Responsabilité
sociétale des entreprises, A1, Telekom Austria Group
Christina KOGELNIK-ANTIOCHOS, chef de projet
de l’initiative « A1 Internet für Alle », département
Responsabilité sociétale des entreprises, A1, Telekom
Austria Group
Visite à pied du Campus « A1 Internet pour tous »,
Engersthstraße 169,1020 Wien
Karoline IBER, directrice, bureau de l’enfance,
université de Vienne
La politique numérique autrichienne
Le plan numérique autrichien et la stratégie haut-débit
Alfred RUZICKA, directeur, département Infrastructures
Informations et Télécommunications, responsable,
Breitbandbüro, Bundesministerium für Verkehr,
Innovation und Technologie
Alois SCHREMS, consultant, Breitbandbüro,
Bundesministerium für Verkehr, Innovation und
Technologie
Mercredi 29 janvier 2014
Regards croisés diplomatiques sur l’Autriche
L’Institut Français de Vienne
Guillaume ROUSSON, directeur, Ambassade de France
à Vienne, conseiller de coopération et d’action culturelle,
Institut Français de Vienne
Le système d’enseignement supérieur et
de recherche autrichien
Jean-Luc STEFFAN, attaché de coopération universitaire
et scientifique, Ambassade de France à Vienne
Les actions de la mission économique UbiFrance
Bruno LANTERNIER, directeur Ubifrance Autriche –
Slovénie
La représentation permanente de la France auprès
de Nations Unies et organismes internationaux
Marion PARADAS, ambassadrice, représentante
permanente de la France auprès de l’Office des Nations
Unies et des Organisations internationales à Vienne
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Les initiatives numériques de la ville de Vienne
Accueil et présentation de la ville de Vienne
Thomas SKERLAN-SCHUHBÖCK, service organisation,
sécurité, technologies de l’information et des communications, direction de la municipalité de Vienne
La mairie de Vienne
Le projet Smart City de la ville de Vienne
Volker SCHAFFLER, porteur de projets, TINA VIENNA
Urban Technologies and Strategies GmbH
L’initiative open government de la ville de Vienne
Thomas SKERLAN-SCHUHBÖCK, service organisation,
sécurité, technologies de l’information et des communications, direction de la municipalité de Vienne
Star22 – Le nouveau centre informatique de la ville de Vienne
Robin HEILIG, service traitement des données,
technologies de l’information et de la communication,
municipalité de Vienne
L’e-santé à Vienne
Sandra HEISSENBERGER, service organisation, sécurité,
technologies de l’information et des communications,
direction de la municipalité de Vienne
L’e-gouvernement à Vienne
Robin HEILIG, service traitement des données,
technologies de l’information et de la communication,
municipalité de Vienne
Le Muséum d’Histoire naturelle de Vienne
Le Muséum d’Histoire naturelle
Aperçu et historique du MHN et visite guides des collections de minéralogie, de météorites et de géologie
Ludovic FERRIERE, conservateur de la collection
de roches et co-conservateur de la collection
Les coulisses du département de minéralogie
et les laboratoires
Ludovic FERRIERE, conservateur de la collection
de roches et co-conservateur de la collection
de météorites, Naturhistorisches Museum Wien
Jeudi 30 janvier 2014
Ars Electronica Linz : lieu de rencontre et de créativité autour du numérique
Accueil au centre Ars Electronica
Andreas BAUER, chef d’unité, Ars Electronica Linz GmbH
Diethard SCHWARZMAIR, directeur commercial,
Ars Electronica Linz GmbH
Le musée et les plateformes Geocity et Geopulse
Blanka DENKMAIR, Ars Electronica Center
Stefan SCHWARZMAIR, Ars Electronica Center
Michael BADICS, directeur, Ars Electronica Solutions
Les actions de l’Ars Electronica Linz
Gerfried STOCKER, directeur artistique, Ars Electronica
Linz GmbH
Horst HÖRTNER, chef d’unité, Ars Electronica Futurelab
Michael BADICS, chef d’unité, Ars Electronica Solutions
Andreas BAUER, directeur, Ars Electronica Center
Vol de drones
Andreas LEEB, Ars Electronica Center
Mathias PÖSCHKO, Ars Electronica Center
Perles rares / DeepSpace
Michaela OBERMAYER, Ars Electronica Center
Ambassade de France à Vienne
Rencontre avec l’Ambassadeur de France
Stéphane GOMPERTZ,
ambassadeur de France en Autriche
En présence des conseillers du commerce extérieur de
la France et des entreprises membres de la Chambre de
commerce franco-autrichienne
Vendredi 31 janvier 2014
Emmanuel GLENCK, responsable des programmes
thématiques, Forschungsförderungsgesellschaft
L’organisation du système de recherche autrichien
Ludovit GARZIK, directeur, Rat für Forschung und
Technologieentwicklung
La politique fédérale de développement de l’e-gouvernement
La plateforme « Autriche numérique »
Roland LEDINGER, directeur, plateforme Digitales
Österreich
Le « KIG », Centre de compétence de la société internet,
et les activités internationales du RTR
Dieter STAUDACHER, Senior espert, International
Relation & ICT
Po-Wen LIU, directeur, bureau du Kompetenzzentrum
Internetgesellschaft, Rundfunk und Telekom
Regulierungs-GmbH (RTR-GmbH)
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Liste des 41 candidats admis à suivre
le cycle national de formation 2013-2014 de l’IHEST
Daniel BARTHELEMY,
Chantal de FOUQUET,
Directeur, Département Systèmes biologiques,
Centre international en recherche agronomique
pour le développement (Cirad)
Directrice de recherche, Centre de géosciences,
Ecole des Mines de Paris
Michel BECQ,
Délégué régional, Délégation régionale à la recherche
et à la technologie - Auvergne, ministère de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Conseiller, Responsable du secrétariat,
Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques
et technologiques
Philippe BENQUET,
Eric DUFOUR,
Frédéric DUPUCH,
Vice président Stratégie R&T, Thales Avionics
Directeur, Institut national de police scientifique,
Ministère de l’Intérieur
Anne-Sophie BOISARD,
Maria-Laura FERRI-FIONI,
Directrice de mission, Cigref Réseau de Grandes
Entreprises
Professeur chargée de cours, Département biologie,
Ecole polytechnique
Caroline BONNEFOY,
Josiane GAIN,
Inspectrice pédagogique régionale biologie,
biotechnologie, ministère de l’Education nationale,
Rectorat de Versailles
Directrice des relations universitaires, Présidence, IBM
Charles-Ange GINESY, Député des Alpes Maritimes
Thérèse BOUVERET,
Directeur, Direction Mécanique appliquée,
IFP Energies nouvelles
Journaliste, Usine Nouvelle, Groupe Industrie
Service Info
Jean-Michel CASSAGNE,
Responsable des ressources humaines, division
administration, Synchrotron Soleil
Anne-Sylvie CATHERIN,
Chef des ressources humaines, CERN
Anne CATZARAS,
Chef du service marketing stratégique et territorial,
Département développement numérique des territoires,
Groupe Caisse des Dépôts
Eric HEINTZÉ,
Moussa HOUMMADY,
Responsable stratégie, prospective et partenariats,
Direction de la stratégie, BRGM
Franck JUNG,
Sous-directeur de l’animation scientifique et technique,
Commissariat général au développement durable,
ministère de l’Écologie, du Développement durable
et de l’Énergie
Philippe LEMERCIER,
Jean CHABAS,
Officier de cohérence plans «maîtrise de l’information»,
Direction du renseignement militaire,
ministère de la Défense
Chargé d’études prospectives et économiques,
SNCF Infrastructure
Carine LEVEAU,
Sous-directrice technique adjointe, Direction
des lanceurs, Centre national d’études spatiales (Cnes)
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Carnet du voyage d’études en Autriche CYCLE NATIONAL 2013-2014
Laurent MAHIEU,
Yves SAMSON,
Chargé de mission, Vice-Président de la Commission
des Titres d’Ingénieur, CFDT Cadres
Directeur, Institut nanosciences et cryogénie,
Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies
alternatives (CEA)
Céline MESQUIDA,
Bertrand SCHMITT,
Conseillère, Groupe Environnement et Nature,
Conseil Economique, Social et Environnemental
Jean-Marc MEUNIER,
Directeur, Délégation à l’Expertise, à la Prospective
et aux Etudes, Institut national de la recherche
agronomique (Inra)
Maître de conférences, Institut d’enseignement
à distance, Université Paris 8
David SILAGY,
Directeur, Centre de recherche Cerdato, Arkema
Jérôme PEYRARD,
Fabrice TAUPIN,
Chef de projet Innovation, Direction de la recherche,
des études avancées et des matériaux, Renault
Chef du bureau des systèmes de communication
opérationnelle, Direction générale de la Gendarmerie
nationale, ministère de l’Intérieur
Joëlle RAGUIDEAU,
Directrice de la mission pour le pilotage et les relations
avec les délégations régionales et les instituts,
Direction générale déléguée aux ressources,
Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
Aline RICHARD,
Marie-Hélène TIXIER,
Ingénieur d’affaires, Global Technology Services, IBM
Jean-Pierre TROEIRA,
Directrice de la rédaction, Magazine La Recherche,
Sophia Publications
Directeur des systèmes d’information, Pôle ressources
et moyens des services, Conseil général de Seine SaintDenis
Véronique ROCHE,
Stéphane UBÉDA,
Membre du bureau fédéral CFE-CGC Chimie,
Chef de projet, Rio Tinto France
Directeur du développement technologique,
Direction scientifique, Institut national de recherche
en informatique et automatique (Inria)
Thomas-Pierre ROUSSEL,
Matthieu VALETAS,
Chef du département Lubrifiants, Centre de recherche
de Solaize, Direction Stratégie Marketing Recherche,
Total
Responsable Département Incubateur, Agence pour
la valorisation de la recherche universitaire du Limousin
(Avrul)
Pierre-Yves SAINT,
Conseiller du Président, Présidence, Institut national
de recherche en sciences et technologie pour
l’environnement et l’agriculture (Irstea)
Claire WAAST-RICHARD,
Richard SALIVES,
Isabelle ZELLER,
Responsable des relations européennes, Département
des partenariats et des relations extérieures,
Institut national de la santé et de la recherche médicale
(Inserm)
Directrice adjointe, Direction Recherche, Enseignement
supérieur, Santé, TIC, Conseil régional
Nord-Pas-de-Calais
Directrice des systèmes et technologies de l’information,
EDF R & D
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2
19/05/14
entreprise
accès
conférer
diversité
effet
complexité
impact
idée
parole
SUR INTERNET
SUR LES
RÉSEAUX
SOCIAUX
PAR COURRIEL
réalité
sensibiliser
plan
notion
société
professionnel
opinion
humain
monde
expérience
gestion
fonder
ouverture
public
positionnement
réaliser
processus
regard
inscrire
perspective
importance
sentir
internet
science
rapport
approfondir
représentatif
interface
humain
objectif
recherche
social
multiple
finalité
genre
réseau
responsabilité
relation
vision
nature
média
participation
anticipation
modèle
institut
partager
expertise
professionnel
laboratoire
explorer
session
étudier
compétence
influence
privé
marché
europe
étonnement
national
esprit
temps
visibilité
management
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11:55
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