“La meilleure façon de commenter un morceau, c`est d`en écouter un

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“La meilleure façon de commenter un morceau, c`est d`en écouter un
 “La meilleure façon de commenter un morceau, c’est d’en écouter un autre.” (Marie Richeux, productrice sur France Culture, à l’un de ses invités qui ne savait par quoi dire sur la plage musicale qu’il avait choisi). L’invitation à cette Bulle Sonore pour Oreilles Curieuses : Le vocable américain BLUES aurait la même racine que BLUETTE en français. Et le sens de ce lien est fort, nous le verrons. Néanmoins loin de la bluette, nous écouterons une dizaine de titres intégralement, parfois avec les images, pour en une heure toucher du doigt la diversité du blues, genre pourtant immédiatement reconnaissable, parmi les plus codifiés, les plus "cernés". L’origine vraisemblable du mot Blues est liée à ​
blue devils​
(« diables bleus »), qui signifie à peu près « idées noires », mais plus encore. Comme “saudade” , comme “Sturm &Drang”, le ressenti est assez intraduisible. Sauf en musique ? le Blues, la Saudade, Le Sturm & Drang évoque immédiatement quelque chose de précis à une âme musicale,... même si les mots manquent pour dire quoi ! Outre les “diables bleus”, le mot Blues ferait aussi référence au vieux français "blue", mot disparu qui désignait une chanson qui parle de soi, qui dit “je”. C’est bien là une caractéristique du Blues traditionnel, qui raconte une histoire sous l’angle “voici ce qui m’est arrivé”, “voici ce qu’est ma vie en ce moment”. Le mot blue a disparu, mais nous reste bluette (de sens un peu différent). Enfin, le mot Blues évoque la Blue Note, ou “note bleue”, une légère altération de certains degrés de la gamme majeure, qui créé une sensation de déséquilibre, de tension, de la phrase musicale. Le Blues influence la plupart des autres genres musicaux (au moins les musiques non écrites). Il se décline dans plusieurs contextes historico­géographiques plus ou moins détachés de l’origine noires­américaines. On pourra rencontrer du Blues européen, du Blues africain, du Blues amérindien; du Blues­rock, etc etc. Le 22 mai 2015, nous avons écouté ensemble : 1.
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W.C. HANDY​
, auteur de la première apparition (~1914 ? 1905 ?) du mot Blues, en titre de la partition de Memphis Blues. ​
C’est une chanson de meeting électoral, écrite puis retouchée par WC Handy avant sa publication. Nous écoutons son “tube”, très souvent repris au fil de l’histoire : St Louis Blues. https://youtu.be/Gpp75gQ­T6Y JOHN LEE HOOKER​
, (seul à la guitare, remarquer le “footstomp”) ; nous écoutons le début de : https://www.youtube.com/watch?v=rOyj4ciJk34&list=RDrOyj4ciJk34&index=1 Malgré une très mauvaise qualité d’image, il est amusant d’entendre Keith Richards définir le Blues : https://www.youtube.com/watch?v=U5ANjb­yAVE BUDDY GUY​
, dans un contexte très différent de celui d’un Bluesman seul en scène avec sa guitare, devant un public très participatif, raconte bien une histoire (​
Hoochie Coochie Man ​
est l’histoire d’un homme bardés de talismans, allumettes et aurtes porte­bonheur (magie, vaudou,...) qui expliquent ses succès auprès des femmes. Avant que le set ne tourne “rock”, avec ses plans de guitar­heroe, le rif à trois notes est très “Blues”. https://www.youtube.com/watch?v=yowJiQZBXrA&index=6&list=RDNvYxFX­gC­U BJORN BERGE​
, norvégien, seul en scène, produit une ampleur sonore très différent de celle de John Lee Hooker (doubles cordes, bottle neck, doigts métalliques, footstomp, guitare pas électrique mais amplifiée). Nous écoutons un extrait du CD “Live in Europe / Bjorn Berge. JOHNY HODGES ­ DUKE ELLINGTON​
Le Blues dans son expression jazz, sans parole, musicalement sophistiqué. Nous écoutons St Louis Blues de WC Handy, extrait du CD​
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“Back to Back, Johnny Hodgs and Duke Ellington plays ​
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JJ CALE​
, surnommé le bluesman blanc, est l’auteur du célébrissime Cocaine, popularisé par Eric Clapton, figure majeure du blues­rock. Ecoute (extrait du cd “Troubadour” de JJ Cale, et d’une version Clapton, extraite du cd “ Just one night”. ROBERT JOHNSON​
: de qui se réclame Eric Clapton, qui “refuse d’adresser la parole à un interviewer qui ne connaîtrait pas Robert Johnson”. Ecoute de Crossroad Blues, extrait du CD “The Complete Recordings of Robert Hohnson”. Crossroad Bles raconte un pacte avec le diable, qui montre au musicien en mal de reconnaissance et qui se repose à un carrefour (“cross road”), l’enchaînement musical qui fera son succès (la légende reprise dans le film O’Brother des frères Cohen). Robert Johnson n’a enregistré que pendant deux ans, et est mort mystérieusement à 27 ans. Il est rétrospectivement le premier du mythique “Club des 27” (​
Brian Jones​
, ​
Jimi Hendrix​
, ​
Janis Joplin​
et ​
Jim Morrison​
puis Kurt Cobain (suicide) et Amy Winehouse). B B KING​
, mort ces jours­ci à 90 ans. Ecoute de https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=0yOymBfnmTk#t=11​
, qui montre bien l’orchestre de cuivres par exemple. BB King est l’initiateur d’un Blues moins rustique, plus orchestral. PAUL PERSONNE​
est une figure du Blues français, en langue française. Passionné au point d’assurer en studio toutes les parties (guitares, basse, batterie, voix). Etait très récemment sur scène au Radiant­Bellevue à Caluire. Extrait du “Festival des Vielles Charrues 2004”. Dr JOHN​
est emblématique d’un Blues créole. On retrouve la narration, la scansion, le contrepoint aux paroles ici à l’orgue. Ecoute d’n extrait du CD “Créole Moon”. LEYLA MCCALLA​
est une violoncelliste et chanteuse Newyorkaise, attirée par le Blues louisiannais au point de s’installer à la Nouvelle Orléans, et d’y enregistrer son CD “Vari­Colored Songs”. ELVIS PRESLEY et ses sources​
. (Qu’est­ce qui distingue le Blues du Rock ? Par exemple le jeu de guitare, très mis en avant en rock). Nous écoutons la version originale de “That’s allright Mama”, suivie de la reprise par Presley. Hors l’aspect financier, ill ne s’agit pas d’un simple “pillage” : Elvis Presley est un rès remarquable chanteur… qui assurera le succès d’un tel titre. Mais l’écoute intégrale de “Blues vs Rock and Roll” montrera qu’au contraire, la version originale de tel ou tel “tube” était bien supérieure, mais restée moins connue... CLIFTON CHENIER​
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envisageait le Blues comme une musique à danser, le “Zydeco”. Ecoute pour terminer du titre le plus “Blues” du CD “Bogalusa Boogie”. J’aurais aimé écouter aussi avec vous : ●
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Pura Fé (et peut­être parler des “Black Indians”) et d’autres femmes, assez rares dans le Blues Popa Chubby Jef Lee Johnson ​
“Plus une musique paraît bordée, calculée, calibrée et plus les déviances et expérimentations en ressortent grandies, gigantesques, bouleversantes.” Taj Mahal Louis Armstrong (son “St Louis Blues” de WC Handy) Big Daddy Wilson et tant d’autres bluesmen tout­à­fait contemporains Gospel : Golden Gate 4tet (plus de femmes en gospel qu'en blues) Kristin Asbjornsen, gospel “suédois” C.W. Stoneking (une nouveauté “vintage”) …. 

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