Dubonusagedumarin

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04 // WEEKEND
Vendredi 15 et samedi 16 mars 2013 Les Echos
MODE
W E
BON PLACEMENT
Dubonusagedumarin
Trompe-l’œil
DR
De l’officier au matelot,
l’homme de la mer est une
figure tutélaire du vestiaire
mâle : face au gros temps,
il est en pleine forme
cette saison. Par Gilles Denis
Le luxe ? Plus que jamais, c’est sans
doute tromper les apparences. Ainsi,
le ton de pierre grise adoptée par la
ligne Kudu de Longchamp accentue
le côté déjà porté de ses modèles de
sacs, besaces et autres messengers
masculins. Une manière de clin d’œil
à la vague du vintage, qui devrait
séduire clientèle traditionnelle et jeunes fashionistas en quête de frisson
authentique.
S
Combien ? A partir de 340 euros,
www.longchamp.com
RETAIL THERAPY
Loin des atermoiements
du printemps français
faisant passer Marcel Proust pour
l’acmé du « decision maker », le
soleil brille avec
assurance à
Miami. On peut
donc se payer le luxe
de s’en protéger grâce au choix du
Webster, une casquette de hipster
shooté à l’azur floridien et signée de
la marque américaine made in the
US, The Ampal Creative. Plus contemporain que le panama et plus
créatif que le modèle canal historique à la Poulidor. Un couvre-chef forcément essentiel.
Louis Vuitton. Photo Louis Vuitton
RalphLaurenPurpleLabel. Photo Drew Doggett
Moncler Gamme Bleu. Photo Marcus Tondo
que le caban version Ivy League.
Demeure que cette saison, c’est Dior
Homme qui s’en empare avec le plus
d’appétit, Kris Van Assche en faisant le
point départ d’une collection déployant
le navy blue comme fil rouge.
Demeure également que nombre de
créateurs ont dédaigné le capitaine et
opté pour les hommes d’équipage. On
enlève de cette catégorie Jean Paul Gaultier, qui a fait du mousse, version Querelle, et de sa marinière un manifeste
d’identité de sa marque et de ses parfums
– on l’a connu mieux inspiré que ce printemps-ci. Non, contre le distingué gentleman du pont supérieur, c’est le pêcheur et
son ciré qui rafle la mise en 2013 : la Bretagne l’emporte sur les Hamptons, les
embruns contre les flots azurés – trop
bling peut-être, la protection contre le
show off. C’est ainsi avec un mélange de
stupéfaction et d’appréhension que
rédactrices de mode et acheteurs ont vu
débouler les matelots estivaux de Mon-
cler prêts à se lancer dans la pêche au
gros à Terre Neuve. Moins risqué, les
skippers de Louis Vuitton jouent du ciré
jaune ou gris tempête avec un chic
décontracté à la limite de l’arrogance :
logique somme toute, leur créateur, Kim
Jones, n’a pas tenté de jouer les pythies ou
l’écho. Il s’est simplement souvenu
que 2013 était une année à America’s Cup
et donc à Louis Vuitton’s Cup. Une intelligence de la marque qui vaut toutes les
assurances-vie. E la nave va ! n
Des jardins de l’Alhambra au cou des femmes,
le célèbre quadrilobe
de Van Cleef & Arpels,
devenu icône, célèbre
cette année ses 45 ans.
Le 21 mars prochain, le joaillier Van
Cleef & Arpels lance une nouvelle version d’Alhambra, collection caractérisée
par un motif en forme de fleur quadrilobée. Cette dernière version est proposée
en malachite, une pierre précieuse vert
foncé aux marbrures plus claires. L’histoire d’Alhambra commence, elle,
en 1968, avec juste un sautoir. « Impossible de dire quelle est l’origine exacte de ce
motif quadrilobé », reconnaît la directrice du patrimoine, Catherine Cariou,
qui a pourtant multiplié les recherches.
« Ni abstrait ni figuratif, il fait évidemment
référence au motif très présent dans les jardins de l’Alhambra à Grenade, mais il évoque aussi un trèfle à quatre feuilles que
pourrait avoir proposé Pierre Arpels, très
superstitieux. »
En malachite
et or jaune,
cette
nouvelle
version
du bracelet
Alhambra
sort
le 21 mars
prochain.
En cristal
de roche,
un modèle
rare ayant
appartenu
à Elisabeth
Taylor.
Photos DR
Un trèfle devenu star
Dans les années 1970, le sautoir Alhambra est parfaitement représentatif de l’air
du temps. En rupture avec les pièces tra-
Combien ? 55 dollars.
www.thewebstermiami.com
Motif
d’excellence
JOAILLERIE
DR
Le choix du Webster
En or jaune, ce sautoir était un
des bijoux fétiches de Grace Kelly.
ditionnelles surchargées de pierres précieuses que proposent les joailliers, il contribue à révolutionner l’univers du bijou :
il est simple, léger, tout en or et facile à
porter. Complètement en phase avec les
femmes qui commencent à s’émanciper,
il devient le bijou fétiche de Françoise
Hardy ou de Grace Kelly. Au fil du temps,
le sautoir se métamorphose en boucles
d’oreilles, en pendentif et en bague. Il est
aussi réinterprété en bracelet ou en bague
entre-deux-doigts, la spécialité de la maison Van Cleef & Arpels. La célèbre fleur
quadrilobée se décline en version ajourée, elle peut être gansée d’un feston d’or
rose, jaune ou blanc. Elle grossit ou
devient mini. Elle est accompagnée
d’autres motifs comme le cœur ou la
feuille. Mais elle a beau être bousculée,
décalée et stylisée, on la reconnaît toujours au premier coup d’œil.
La principale évolution d’Alhambra
tient aux pierres dans lesquelles le motif
est taillé. Elles se comptent aujourd’hui
par centaines... On recense des pierres
opaques typiques des « seventies » dont
font partie le corail, le jade mauve ou vert,
l’œil-de-tigre marron aux reflets changeants ou encore le lapis-lazuli bleu électrique. Viennent s’ajouter aussi le diamant et des matières inattendues comme
l’écaille, l’ébène ou le bois d’amourette.
Dans les ventes aux enchères, le sautoir
Alhambra est aujourd’hui l’une des pièces les plus prisées : le plus cher jamais
vendu à ce jour est celui ayant appartenu
à Elisabeth Taylor. « Il était en cristal de
roche, l’une des déclinaisons les plus
ra re s » , p r é c i s e l a m a i s o n Va n
Cleef & Arpels. Il a été adjugé chez Christie’s, en décembre 2012, lors de la vente de
la collection de bijoux de la star, pour
47.400 euros soit 62.500 dollars. La version en malachite connaîtra-t-elle un
destin aussi fabuleux ?
— Sandrine Merle
TRIPLE A
Studio des Fleurs
Crème de la crème
Le chef Jean-François Piège a fait
appel aux métiers d’art pour concevoir un écrin qui soit digne de son
dessert signature : la crème aux œufs
à la Bergamote. Un coffret en bois de
chêne Maleville, de la vaisselle Pieter
Stocksman, des cuillères du céramiste Jars, une fiole d’extrait de Bergamote, sans oublier la fameuse
recette. Edition limitée à 10 coffrets.
Prix sur demande. www.thoumieux.fr
POWER
DRESSING
Labotted’été
deChanel
Pourquoi ?
Cette chaussure de gladiateur est surprenante, radicalement nouvelle. Composée
de multibrides, elle
monte jusqu’au genou
comme une botte d’été. Et
elle est aussi sexy qu’une
cuissarde.
Avec quoi ?
Des jambes absolument
parfaites.
Une longueur micro et
rien d’autre : un tailleur
short très chic ou une
robe-tunique graphique
et légèrement trapèze.
Combien ?
En cuir, 1.400 euros.
DR
avoir si la mode n’est que l’écho
du monde ou si elle est la pythie
des humeurs de l’humanité est
une interrogation pour sophistes en mal d’œuf et de poule. L’homme du
printemps 2013 n’échappe pourtant pas à
ce questionnement : en période instable,
pas drôle-drôle côté perspectives, les vestiaires riment avec protection et figures
tutélaires. Parmi celles-ci, celle du marin
n’est pas en reste. Avec le dandy et le militaire – dont elle est une des variations –,
elle constitue même une manière de
sainte trilogie des placards. Elle est donc
naturellement devenue une manière
d’assurance-vie du designer. A coup de
blazers, de cabans, de cirés, bref de pièces
de dessus dont les hommes ont encore
plus besoin qu’envie, le créateur peut être
à peu près certain de rassurer son président, ses services marketing et financiers, ses retailers et somme toute ses
clients en quête d’outils contre les aléas
climatiques et économiques. Banco donc
pour le marin et ses variations, du
mousse à l’officier. C’est du côté des gradés que se rencontre le blazer, créé à l’origine pour les commandants des navires
de la Couronne britannique. Depuis, il a
fait sa migration vers les côtes, et via les
clubs de yachting dont il fut le dress code,
il a gagné les villes et leurs quartiers
BCBG en mal de respectabilité. Si
d’aucuns l’osent encore avec écusson
brodé – ce qui constitue une faute de goût
certaine si l’on n’est membre d’aucune
association aqueuse –, la plupart optent
pour des versions plus contemporaines,
à l’instar de Ferragamo qui se pique de le
colorer. Toutes les bonnes maisons en
proposent, de Burberry dont il est avec le
trench une des icônes, à Ralph Lauren et
Tommy Hillfiger qui l’ont intégré dans
leurs uniformes WASP, au même titre