La pub d`un salon érotique agace les communes

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La pub d`un salon érotique agace les communes
Genève 15
Tribune de Genève | Samedi-dimanche 29-30 août 2015
Affichage
La pub d’un salon érotique agace les communes
Pour sa dernière
campagne, le salon
érotique a démarché
directement les
mairies. La Ville
a refusé ces affiches
Aurélie Toninato
Ça jase dans les mairies. Les secrétaires ont réceptionné un courrier
signé par le salon érotique Venusia
et adressé… au Conseil administratif. A l’intérieur, deux affiches: la
photo d’un mouchoir souillé collé
dans une main, sur fond noir. Et un
pantalon taché vers l’entre-jambes.
Une inscription: «Venusia, convertisseurs de branleurs». C’est la nouvelle campagne de publicité du
grand salon érotique genevois.
«Aujourd’hui, de nombreux hommes se masturbent en consommant du porno sur Internet, explique la patronne du salon, Madame
Lisa. L’objectif de cette campagne
est de les encourager à franchir les
portes de Venusia pour expérimenter une vraie relation sexuelle.»
Pour la première fois, l’établissement érotique a démarché directement les communes. Un procédé
légal mais très rare, indique la Société générale d’affichage (SGA).
«En règle générale, c’est nous qui
prenons contact avec les communes lorsqu’une affiche est susceptible de heurter l’opinion publique,
indique Olivier Chabanel, responsable SGA pour la Suisse romande.
Nous ne sommes pas des censeurs,
ce sont les communes qui donnent
l’aval ou non pour ce type d’affichage. Mais cette procédure peut
prendre du temps et Venusia a visiblement préféré prendre les devants.» C’est après le refus de la
Ville de Genève que Venusia s’est
tournée vers les autres communes,
précise Madame Lisa. Au total, 18
mairies ont reçu le courrier: Bernex, Carouge, Confignon, Genthod, Troinex, Satigny ou encore
Veyrier. Pour l’instant, le «convertisseur» est plutôt mal passé puisque sept mairies ont renvoyé leur
réponse, négative. Au Grand-Saconnex par exemple, on indique
«Je me sens
discriminée. On
affiche des
publicités bien plus
provocantes avec
des filles dénudées»
Madame Lisa
Patronne du Venusia
«qu’entre l’humour et le mauvais
goût il y a une frontière que Venusia a franchie». A Satigny, on explique que «ces affiches ne correspondent pas au caractère villageois
et rural de la commune». Une manière de botter en touche qui fait
sourire Madame Lisa: «Près de la
moitié de nos clients vient de ces
régions rurales!» Ces refus la déçoivent. «Le message est certes provocant mais les affiches sont sobres
pour le contrebalancer, mon commerce est légal, je ne comprends
pas ces réactions. Je me sens discriminée. On affiche des publicités
bien plus provocantes, comme celles des marques de lingerie avec
des filles dénudées.» Le salon espère démarrer sa campagne cet
automne, il attend les réponses des
communes et avisera ensuite.
Ce n’est pas la première fois que
le marketing de Venusia est critiqué. En 2010, une affiche montrant
une pipe sur fond jaune, avec
comme texte: «Dès 160 fr.» est censurée par le département de la police car elle viole la loi sur la publicité en faveur du tabac! Venusia
remplace alors la pipe par des
moules. En 2011, le Tribunal administratif de première instance admet que la censure de l’affiche
n’était pas du ressort du Canton
mais de la Ville et les pipes ont refleuri sur les murs de Genève.
Fête de la communication
Salle comble dès le débat
inaugural de la 18e Fête de la
communication, hier soir. Il
s’agissait d’abord de discuter
entre dessinateurs de presse et
président du Forum contre les
préjudices. Thématique:
comment dessiner et penser
après «Charlie». Etaient
attendus le directeur général de
l’ONUG, le président du Conseil
d’Etat, la maire de Genève et des
centaines de personnes, volet
Genève internationale inclu.
Objectif? Communiquer… en
faisant la fête. D.E.
Les Evangélistes partent
sur l’eau pour Berne
Le parti, qui met à l’honneur
les valeurs chrétiennes et la
durabilité, présente quatre
candidats au Conseil
national, dont trois femmes
A défaut de marcher sur l’eau, le
Parti évangélique de Genève (PEV)
a pédalé sur le Léman pour le lancement de sa campagne en vue des
élections fédérales. En catimini.
Jeudi, seuls ses membres avaient
rendez-vous aux Eaux-Vives pour
une balade en pédalo, avec un mot
d’ordre: «C’est le moment de se
jeter à l’eau et nous n’avons pas
peur de nous mouiller!»
A l’aise sur deux embarcations,
d’après les images transmises aux
rédactions, l’équipée a écouté le
programme politique des candidats au Conseil national, les coprésidents Valérie Kasteler-Budde et
Florian Baier, accompagnés de
Joanne Suardi et Rym Voeffray
Louhichi «sous les brumes du Jet
d’eau».
Le PEV, qui désire «mettre à
l’honneur les valeurs chrétiennes
et la durabilité», rapporte son
communiqué, décline son programme autour de trois axes: «Vivre durablement et non gaspiller
les ressources, agir avec justice et
non légitimer les injustices, garantir la dignité humaine et non propager la mort.» La liste n° 24 a la
particularité d’être composée à
75% de candidates, ce qui «réjouit»
son unique représentant masculin. Julien de Weck
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Musée Barbier-Mueller
Exposition Art s du Nig eri a rev isit és
L’hôtel Nash, un bâtiment construit en 1967 qui n’est plus aux normes et est aujourd’hui condamné. LAURENT GUIRAUD
«Le pire hôtel du monde» se fait croquer aux Pâquis
Le quatre-étoiles de la rue
de Berne aura totalement
disparu dans quelques
jours. Un étonnant
spectacle
C’est pour encore quelques jours
une adresse vraiment spectaculaire. Elle se mérite. Bruit et poussière. A côté, le montage du Cirque Knie sur la plaine de Plainpalais s’apparente à un jeu d’enfant.
Ici, à la rue de Berne, au cœur des
Pâquis, tout est compliqué. On a
amené du lourd, une machine de
100 tonnes, construite au Japon,
équipée en Angleterre, propriété
de l’entreprise de démolition
Orllati. Un groupe basé dans le
canton de Vaud, avec des antennes jusqu’à Genève. Tous les gros
chantiers de Suisse romande sont
Contrôle qualité
pour eux. Pas étonnant qu’on les
retrouve aux affaires au pied de
cette dépouille architecturale à
faire disparaître – l’hôtel Nash, un
4-étoiles à la réputation déclinante (nos éditions du 21 juillet) –
un bâtiment construit en 1967,
étriqué, plus aux normes, en un
mot condamné.
Trois étapes depuis le début de
l’été. D’abord le déménagement
du mobilier hôtelier, 92 chambres
à vider; c’est fait. Ensuite la purge,
le désamiantage, le retrait des portes, le démantèlement du bois incinérable. Afin de valoriser le tri
des matériaux, il ne doit rester au
final que du béton et de la ferraille.
C’est le cas. Depuis lundi, on
est entré dans la dernière phase,
celle dite du croquage. La
«100 tonnes» a sa petite sœur
juste à côté. Au bout des bras arti-
culés, grappins, pinces, mâchoires en acier. Aux commandes de
cet impressionnant ballet aérien
(le 6e étage est à 20 mètres de
hauteur), des machinistes au savoir-faire supérieur. Aucun ne se
laisse distraire par le voisinage.
Du beau monde pourtant sur
les trottoirs. Entre deux montées
en chambre, les professionnelles
du quartier suivent avec intérêt
l’avancée de ce chantier confiné
dans un espace restreint qu’il a
fallu palissader de façon rigoureuse. Un tapis géant en caoutchouc, accroché dans les airs, suit
de près la démolition, afin de retenir les projections de cailloux sous
la pression des engins broyeurs.
On a pensé à tout, y compris à
arroser en continu le nuage de
poussière. Des lances et un canon
à eau, branchés sur les bornes à
incendie des rues voisines, Sismondi et Pellegrino-Rossi. C’est là
qu’il faut se placer pour voir les
démolisseurs au travail. Comme
ils tiennent les délais, le dernier
étage devrait disparaître en début
de semaine à venir. Après quoi, la
rotation des camions pourra commencer. Il s’agira alors de vider les
sous-sols, servant pour l’heure de
benne de récupération naturelle.
Et à la place on mettra quoi?
Un nouvel hôtel, moins étoilé,
dont l’ouverture est programmée
pour le Salon de l’automobile
2017. Après-demain en somme.
Thierry Mertenat
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