Lignes de vie - Journal interne du Prado (extrait)

Transcription

Lignes de vie - Journal interne du Prado (extrait)
Paroles
des jeunes
La salle TV
La cuisine
du groupe
de semiautonomie
Au foyer, quand on arrive, on
a du mal à se faire une place
avec les autres jeunes. On
ne se sent pas très bien, on
est timide, on se sent un peu
isolé des autres. Mais petit à
petit, on fait connaissance
avec les autres et on fait
notre place.
…
Je n’ai pas les mots pour dire
ma solitude, ma tristesse ou
ma colère. Je n’ai pas les
mots pour dire mon besoin
d’échange, de compréhension, de reconnaissance.
Alors je critique, j’insulte ou
je frappe.
Alors je fume, je picole ou je
déprime.
Viktor C.
--------------------------
Le
J’ai brûlé mes ailes trop rapidement, je m’en suis rendu
compte trop tardivement, aujourd’hui je vis ma vie sans
savoir qui je suis.
Mon cœur oppressé entre la
mélancolie et le désespoir
d’une vie beaucoup trop
triste à mon goût.
Une absence beaucoup trop
lourde à porter, alors j’écris
pour pouvoir cicatriser, l’écriture, échappatoire à mes
pensées.
Je prends ma plume et du papier, mon kit de survie dans
une vie de mélancolie et de
désespoir incompris.
Foye r A 2
Collonges-au-Mt-d’O
r
De la Pelonnière à A2
L
e Centre Educatif et Professionnel
(CEP) du Cantin a vu le jour en 1949.
L’hébergement et la formation cohabitaient sur le même site de FontainesSaint-Martin.
En 1990 le dispositif a été revu et l’internat a commencé à être différencié
du site de formation. C’est ainsi que le
site de Collonges-au-Mont-d’Or, sis au
21 rue de la Pelonnière a vu le jour. Il
a été nommé… « La Pelonnière », et a
ouvert ses portes le 18 juin 1990. Ce
ne fût pas l’appel, mais l’accueil du 18
juin. Ce groupe peut accueillir 10 adolescents âgés de 13 à 21 ans. En 1992
le CEP du Cantin devient l’ISFP (Institut
Spécialisé des Formations du Prado). Un
2
le journal interne de l’Association Prado Rhône-Alpes
deuxième groupe d’internat est externalisé
à Neuville sur Saône rue de la Tatière, il est
nommé… « La Tatière » et peut recevoir 8
jeunes garçons. Le site de Collonges passe
d’une capacité d’accueil de 10 à 14 places.
Le troisième groupe ferme ses portes.
1995 est une année de transition. La direction de l’ISFP change et le projet institutionnel est revisité.
Des travaux sont prévus à la Pelonnière
qui ferme en mars pour rouvrir en septembre. Le groupe s’ouvre à la mixité et
monte à 15 places. La Tatière ferme définitivement en septembre.
Suite aux différents changements, la responsabilité de la gestion de l’activité est
confiée au directeur de la maison d’enfants
des Alizés à St-Romain-au-Mt-d’Or, mais la
Pelonnière reste rattachée à l’ISFP qui en
exerce toujours le suivi administratif.
Le foyer de la Pelonnière est alors perçu
en interne comme en externe comme le
cinquième groupe des Alizés. On entend
parler d’Alizés 2.
En 1997, la Pelonnière devient officiellement le foyer A2 (Accompagnement des
Adolescents). Il y a eu une volonté, pour
ne pas perturber les habitudes, de garder
un lien avec la notion d’Alizés 2 (A2 !)
qui avait été usitée pendant une période
sans que cette appellation ait eu à un
quelconque moment un caractère officiel.
En 1998 le foyer s’agrandit en louant au
Grand Lyon la petite maison qui se si-
n° 13 - mai juin 2009
tue dans l’enceinte du foyer A2. C’est un
groupe de semi autonomie qui peut accueillir 3 ou 4 jeunes. Le foyer A2 passe
donc a une capacité de 18 places.
En juin 2005 l’effectif monte à 19 places
avec la création d’un accueil d’urgence.
Le foyer A2 est toujours sis au 21 rue de
la Pelonnière et n’en bougera pas dans
l’immédiat puisqu’une réhabilitation des
locaux va débuter en 2009. Je devrais
plutôt dire va enfin débuter en 2009.
Projet qui date depuis … combien déjà…
le temps passe et je n’arrive pas à me rappeler depuis quel moment nous parlons
de réhabilitation des locaux. Je crois toujours en avoir entendu parler !
Chacun – Association, Direction Géné-
n° 13 - mai juin 2009
rale, PJJ, Département… et personnel
d’A2, mais est-ce bien la peine de le
rappeler ! - est bien conscient du fait
qu’il était plus que nécessaire de revoir
le bâtit entièrement afin de le mettre
aux normes en vigueur, mais aussi et
surtout afin de le mettre en adéquation
avec le projet d’accueil et de prise en
charges des jeunes que nous recevons
aujourd’hui. Le personnel a néanmoins,
pendant ces dernières années, su remplir les missions qui lui étaient confiées,
alors que les outils mis à disposition
n’étaient pas toujours adaptés.
Une jeune fille qui à fait un bout de
chemin à A2
Jean-Christophe BOSC
Chef de service éducatif
le journal interne de l’Association Prado Rhône-Alpes
3
Témoignage de Sébastien
Le Challenge MICHELET, vu par Walid
Je suis arrivé au foyer A2 à 13 ans. J’y ai fait mes armes, il y a eu des moments de tristesse, mais ce
qu’il me reste aujourd’hui en mémoire ce sont surtout les bons souvenirs.
J’ai oublié les histoires difficiles, les bêtises et peu à peu avec la confiance des éducateurs, j’ai appris
les limites, le respect, le travail. J’ai pu passer un CAP et quand je suis parti, à 19 ans, je suis parti
avec encore des difficultés, mais aussi avec des conseils, des phrases que les éducateurs ont pu me
dire et que j’ai pu garder en moi.
Je vis en ménage, j’ai deux enfants et j’envisage d’acheter une maison.
Aujourd’hui, je repasse avec plaisir au foyer pour voir les éducateurs et leur montrer comment
j’ai évolué. J’avais envie de savoir s’ils étaient fiers de moi, de ce que je suis devenu. Mais surtout j’avais envie de leur faire connaître ma famille, mes enfants.
Je les remercie tous de leur aide et de leur soutien.
J’
ai été préselectionné au stade de
Parilly pour aller au Challenge MICHELET. J’avais déjà été repéré dans mon
école à l’ISFP car les profs avaient vu que
je courrais bien.
A Parilly, j’ai fait du foot et de l’escalade
car il faut être sélectionné dans deux
épreuves. J’ai réussi l’escalade mieux que
le foot. J’ai fait un week-end de préparation au CREPS à Vaulx en Velin. On était
bien, au calme. Les repas c’était pas trop
ça mais le reste c’était super.
Avant le départ, notre sponsor EDF nous
a offert une tenue de sport complète plus
le sac à dos. C’était une bonne marque, le
Kway est dans une super matière, même
avec 20 litres d’eau on reste au sec. En-
Sébastien
Accueilli au foyer A2 de juillet 97 jusqu’en juin 2003
« Familles, je vous aime »
Le Foyer A2
00m
à1
Cuisine et salle à manger
HABILITATION(S)
Le foyer est agréé par l’Aide
Sociale à l’Enfance et habilité par la PJJ du Rhône.
Nouvelle entrée
« L’orangerie » qui abrite actuellement les bureaux administratifs, sera intégrée à la nouvelle
construction.
Groupe de semi-autonomie
6 chambres individuelles,
kichenette et lieu de vie
P
nu
e
de
l
aG
are
CAPACITE D’ACCUEIL
18 places + 1 place en
accueil d’urgence
éQUIPES
Direction & Administration / éducative /
Paramédicale / Services
Généraux.
Bureaux administratifs, accueil
et salle de réunion
r
CHEF DE SERVICE
M. Jean-Christophe BOSC
TYPE DE PRISE EN CHARGE
Accueil permanent ou
séquentiel. Ouverture
24h/24, 365 jours par an.
fe
de
s
nge
DIRECTRICE
Mme émilie ABIZMUL
POPULATION ACCUEILLIE
Garçons et filles âgés
de 13 à 19 ans.
ollo
Le foyer actuel dit « la grande maison ». L’intérieur sera totalement
réhabilité. Rez-de-chaussée : Lieu de vie du foyer, bureau des éducateurs. 1er et 2e étage : 6 chambres individuelles par étages
SITUATION
Collonges-au-Mt-d’Or (69)
min
Hélène BAZARD
éducatrice
spécialisée
Projet de réhabilitation du foyer A2
che
boration étroite de chaque instant.
Notre travail d’éducateur spécialisé n’est pas devenu plus facile ou
moins risqué mais il s’est enrichi de
tous ces moments partagés avec ces
jeunes et leurs parents à essayer de
démêler ce qui est cause de rupture,
de souffrance dans leur relation.
Dans ce travail souvent titanesque
à accomplir pour ces jeunes et ces
familles, nous sommes revenus à
une place de simples accompagnateurs de ce cheminement, montrant
parfois quels fils tirés pour dénouer
certaines situations et apprenant
parfois en même temps qu’eux.
C’est un travail passionnant dont
je ne me lasse pas et, quinze ans
après, je suis très touchée de toutes
ces rencontres, très fière d’avoir pu
partager des moments de vie avec
ces jeunes et leur famille.
eC
ed
Gar
défaillantes nous sommes devenus
des collaborateurs devant travailler
ensemble pour le bien du jeune
placé.
Au lieu de nier ces familles à histoires nous nous sommes intéressés
aux histoires de ces familles.
Notre travail s’est enrichi en même
temps que nous devenions plus
humbles ; acceptant de ne plus détenir la solution magique aux problèmes de ces jeunes en difficulté.
Il faut dire que la magie nous a souvent explosé au visage lorsqu’après
des années de placement, après
avoir côtoyés moult éducateurs et
leurs recommandations, ces jeunes
retournaient en famille à peine leur
18e bougie soufflée !
Tout le travail que nous n’avions
pas fait avec ces parents et leurs
enfants restait à faire. Toutes les
blessures que nous avions occultées, en travaillant trop loin de ces
familles, revenaient plus vivaces
que jamais.
Il en aura fallu des formations, des
temps de travail, des lectures, des
orientations législatives, pour que
la rencontre parents/éducateurs ne
se négocie pas simplement dans la
rivalité, mais bien dans une colla-
<-
e travaille au Prado en tant
qu’éducatrice spécialisée depuis
une quinzaine d’années. Tout au
long de ces années, j’ai suivi l’évolution du travail avec les familles des
adolescents placés en institution.
Au début de ma vie professionnelle,
il n’était pas question de travailler
avec ces familles ; ces jeunes étaient
placés en institution, à nous alors
de réussir là où ces parents avaient
échoué. Nous les tenions parfois informés de quelques bribes de la vie
de leurs enfants et nous les rencontrions parfois au tribunal pour enfants histoire de s’assurer que c’était
vraiment sans espoir !
Cela peut sembler incroyable à la
lecture de notre métier, après la loi
de 2002 qui a recadrée notre intervention en nous repositionnant face
aux responsables légaux. Ce sont
bien les parents qui sont au cœur
de la vie de ces adolescents et nous
ne sommes là que pour aider, accompagner parents et enfants dans
des moments difficiles.
L’évolution des politiques sociales
nous a obligé à reconsidérer les familles et nos relations avec celles-ci.
Au lieu de chercher à les remplacer ou à les stigmatiser comme
Walid
Av
e
J
ils avaient même caché des racines… il y
avait plein de jeunes au centre de secours
à la fin. Je suis tombé une seule fois, je me
suis fait mal à la cheville. J’ai continué ma
course « sans la cheville » car je boitais.
C’est passé dans la soirée, après avoir été
soigné (pommade plus massage).
Le lendemain j’ai pu faire le relais
6x400m, on est arrivé deuxième au classement national. J’étais trop content,
c’est la première fois que Lyon arrivait
2ème. Il fallait que je vienne !!
Le bilan c’est que je me suis bien amusé
et que je veux y retourner l’année prochaine.
suite, départ pour QUIMPER, c’était trop
long 15h de bus. On était 30 jeunes de
LYON que je ne connaissais pas (j’étais
seul avec un jeune de mon école), mais
on a vite fait connaissance ; on à rigolé,
dansé, regardé des films…
Les adultes qui nous accompagnaient
étaient « pète sa mère », « y’avais un bon
courant entre nous ». Arrivés à QUIMPER,
après l’installation (trop bien installé),
on est allé à la mer. Le lendemain échauffement physique et moral puis cérémonie
d’ouverture (ça nous a fané, les écossais
c’était hors sujet). Après il y a eu toutes
les épreuves, foot, basket etc…
J’ai couru mes 4 km le jeudi, le parcours
était trop dur. Le terrain était difficile,
Destruction de la « petite
maison » qui accueille
actuellement le groupe
de semi autonomie
Local technique
Rue
la
de
o
Pel
Nouvelle construction
è
nni
re
Ont participé à l’élaboration de ce dossier : Les Jeunes (actuels ou anciens) du Foyer A2 : Walid,
Viktor & Sébastien - Jean-Christophe BOSC, Chef de service éducatif - Hélène BAZARD, éducatrice
spécialisé - Patrice myotte-duquet, Chargé de communication.
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le journal interne de l’Association Prado Rhône-Alpes
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n° 13 - mai juin 2009
n° 13 - mai juin 2009
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