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« Le Président » : le système Frêche
sur grand écran
Par Julien Martin | Rue89 | 13/12/2010 | 22H30
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Manipulations, trahisons. Le réalisateur Yves Jeuland a filmé la
dernière campagne du défunt président de Languedoc-Roussillon.
C'est un homme qui chante. Tout le temps. C'est un homme qui mâche ses Post-it.
Longuement. Cet homme, c'est Georges Frêche. Et sa dernière campagne électorale fait
l'objet d'un documentaire admirable, « Le Président », en salle ce mercredi.
Après cinq mandats à la tête de la mairie de Montpellier, il est devenu président de la
région du Languedoc-Roussillon en 2004. Poste qu'il a occupé jusqu'à sa mort, le 24
octobre 2010. Le temps de remporter une énième élection : les régionales
languedociennes du mois de mars dernier, objet de l'œuvre du réalisateur Yves Jeuland,
auteur du déjà remarqué « Paris à tout prix » sur les municipales parisiennes de 2001.
Apparaît la face cachée de cet animal politique décrié mais réélu quarante ans durant.
Une tâche qui relevait de la gageure : taiseux dans le privé, Georges Frêche dévore
médias et meetings pour y jouer avec la vérité. Si bien qu'on ne peut savoir comment
interpréter chacune de ses confidences. Celle-ci notamment, mise en exergue dans la
bande-annonce :
« Je suis bâti en acier. Je suis tendre aussi, mais je ne le montre pas. Si
vous êtes trop tendre, on vous tue. Moi, je tue toujours le premier. Et,
après, je pleure. » (Voir la vidéo)
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« Elle est terminée, on va la liquider »
L'envie de filmer Georges Frêche est ancienne chez Yves Jeuland. Elle tient plus au
personnage qu'aux circonstances : le film commence d'ailleurs avant que Georges
Frêche ne trouve que Laurent Fabius ait « une tronche pas catholique ». Après avoir
fait ses études à Montpellier, il l'a recroisé des années plus tard, à l'occasion d'un autre
documentaire sorti 2008, « Un village en campagne » :
« Quand il est entré dans le champ de ma caméra, j'ai vraiment saisi qu'il
avait une présence à l'image hors du commun. Je me suis dit à ce
moment-là que ce Georges Frêche dans la dernière étape de sa vie était
peut-être bien plus intéressant encore à filmer que celui des années 80 et
90. » (Ecouter le son)
Le réalisateur reconnaît que l'épisode Fabius
demeure « un tournant dramaturgique », d'où
le documentaire tire évidemment une grande
partie de son intérêt. Les traits du baron local
en sont ressortis exacerbés. Sa roublardise
en premier lieu.
L'homme joue le peuple contre les élites.
Hélène Mandroux, la maire de Montpellier qui
conduira la liste socialiste après que le parti
lui a retiré son investiture, ne peut être la cible
publique (« elle est terminée, on va la
liquider », confie-t-il assis entre sa fille et un
colistier un soir de match de foot) ; ses
sbires lui conseillent d'attaquer
directement Martine Aubry (« on ne va pas
se laisser donner la leçon par cette conne »).
Les élites, il n'en a cure et le démontre. Qu'elles soient socialistes ou gouvernementales.
« Qui c'est ce gars ? », s'écrie-t-il devant la télévision, à l'issue du second tour. Ce
« gars », c'était pourtant Luc Chatel, alors ministre de l'Education nationale et porteparole du gouvernement.
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« Il faut que vous m'en allumiez deux ou trois au passage »
Le professeur de droit romain cultive l'ambiguïté, de ses déclarations (qui ne lui ont
jamais valu de condamnation) à ses positions (« je suis lénino-écologiste »). Etait-il
vraiment socialiste ? Là encore, il sème le trouble :
« Mon problème, ce n'est pas d'apparaître comme un homme de gauche.
Si après 40 ans de civilités à la gauche, je ne suis pas perçu comme un
homme de gauche, c'est qu'il y a des connards. Ou alors que je suis très
habile. Je pencherais pour la deuxième solution. »
La ligne directrice est fixée : peu importe ce qu'il pense, l'importance est l'apparence.
« Qu'est-ce qu'on fait pour Guillaume Durand ? Je fais la victime ? », demande-t-il à ses
collaborateurs avant d'être interrogé par lui sur Radio Classique. Georges Frêche n'est
pas plus gêné que Jean-Pierre Elkabbach vienne la veille de son interview sur Europe 1
préparer avec lui les questions et les réponses :
« Les réponses, il faut les ramasser. [P] Il faut que vous m'en allumiez
deux ou trois au passage. [P] Alors, qu'est-ce qu'on va dire demain ? »
(Voir la vidéo, en exclusivité sur Rue89)
« Ils discutent très longtemps », précise Yves Jeuland à propos de cette préparation
« d'une bonne heure » qui se déroule dans les bureaux du conseil régional. Il sait dès
qu'il y assiste que « c'est une séquence qui sera dans le film ». Mais ne fustige pas pour
autant le journaliste d'Europe 1 :
« C'est le jeu médiatique, Elkabbach n'est pas le seul là-dedans. Il a
envie d'avoir une bonne émission et il s'entraîne pour qu'elle soit la
meilleure possible. [P] Il a neuf minutes et il explique comment réussir un
court métrage. » (Ecouter le son)
Jouer dans un court métrage, voilà qui n'est pas pour déplaire au Président. Ni à ses
collaborateurs. Son directeur de cabinet, Frédéric Bort, en tête. La consigne de ce
dernier aux têtes de listes dans chaque département ?
« Il faut mentir, sortir des chiffres avec de l'aplomb, dire que vous avez
fait le double, etc. C'est ça qui compte, c'est l'essentiel. En période
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électorale, n'importe quoi peut se dire et peut être accrédité de la même
manière, alors même que c'est faux. »
« L'histoire des sabots, ce n'est pas vrai ? »
Georges Frêche porte ces collaborateurs en piètre estime, sachant qu'ils ne sont rien
sans lui et que l'inverse ne se vérifie pas. Il ne prend pas la peine de les mettre au
courant de ses propres mensonges et les leur avoue a posteriori sans précaution
aucune.
L'histoire des sabots de son père en est l'illustration parfaite. Au cours de plusieurs
meetings, il relate la même histoire :
« Mon père, il était fils de famille de paysans misérables. A 17 ans, il a
quitté la ferme parce qu'il n'avait pas de quoi vivre. Il est parti pieds-nus,
avec les sabots sur le dos, pour s'engager dans l'armée. Il m'a appris les
chemins de l'honneur. »
Plus tard, au bord de la piscine de sa propriété, un verre de rosé de la main, il glisse
dans un sourire à ses lieutenants :
« Mon grand-père, il était richissime parce qu'il avait vendu en 1914 une
colline pour faire une carrière et faire passer la ligne de chemin de fer
Saint-Girons-Toulouse. On lui avait payé 30 000 francs en Louis d'or.
- Ça veut dire que l'histoire des sabots [de votre père], ce n'est pas vrai ?
- Non, sûrement pas ! »
L'habileté de Georges Frêche apparaît ici autant que celle d'Yves Jeuland. Si l'élu a
réussi à berner jusque ses proches, le réalisateur a réussi à tout capter. Grâce à « la
durée » de l'immersion, au « fait d'être seul » avec sa caméra et à « une grande liberté
au tournage et au montage » laissée par un politique finissant, soucieux de léguer un
témoignage. (Ecouter le son)
« Je l'ai vue sécher ses larmes et rire avec Georges Frêche »
Il est loin d'être évident que la révélation de ces manipulations avant l'élection aurait pu
avoir une quelconque incidence sur le résultat. Yves Jeuland conte cette scène,
survenue lors d'une récente avant-première à Montpellier :
« Il y avait une femme derrière moi que j'entendais pleurer à chaudes
larmes pendant le meeting, où justement il parlait de son père, de ses
sabots et où il finissait en larmes. Au moment de la révélation de cette
fausse anecdote, je l'ai vue sécher ses larmes et rire avec Georges
Frêche. » (Ecouter le son)
C'est peut-être le reproche que l'on peut faire à ce documentaire : ne pas donner les
clés du succès. Une carrière politique longue de quarante années ne se construit pas
que sur des contre-vérités. L'énorme bâtisseur qu'a été Georges Frêche ne transpire
pas ici. Mais Yves Jeuland assume ce parti pris :
« Ce n'est pas un film sur la politique au sens citoyen du terme. C'est
vraiment un film sur le pouvoir [P] et sur l'impossibilité pour tant
d'hommes politiques de quitter la scène publique. » (Ecouter le son)
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Un film monté avant la mort de Georges Frêche, mais qui se finit là où sa vie s'est
également achevée : sur son bureau, recouvert des parapheurs qu'il était en train de
signer lorsqu'une crise cardiaque l'a terrassé.
A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89
► Mort de Frêche, « empereur » du Languedoc-Roussillon
► Frêche et les journalistes, une histoire d'amour-haine
► Georges Frêche, l'ami des juifs accusé d'antisémitisme
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De MamaPacha
... | 23H11 | 13/12/2010 |
J'ai habité trois ans dans les P.O (66) , Livres scolaires gratuits, abonnement bus
scolaire pas trop cher, aide aux frais d'internat, cantine scolaire exemplaire, le bus à
1 euro, enseignement public des plus correct etc .. etc ... je lui tire mon chapeau.
Après pour moi ça reste un homme politique, mais lui au moins il s'est UN PEU
bougé le cul pour sa région et ses habitants. On peut lui reprocher sa grande
gueule ... et alors ? je préfère ça aux petits saloperies perverses qui fagocytent tout
notre système.
Paix à son âme.
VOIR LE COMMENTAIRE DANS SON CONTEXTE
29 VOTES
De padiran
Chroniqueur Grolandais | 23H24 | 13/12/2010 |
29/12/2010 04:26
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Frêche vu de Normandie, c'est entre Tartarin de Tarascon et J.M. Le Pen, il faut
être du cru pour comprendre le système et en apprécier ses qualités. Se faire traiter
de con, d'esclave et en redemander, verser des larmes quand le "grand homme"
passe l'arme à gauche sont des faits qu'on a du mal à comprendre au nord de la
Loire. Quand on voit la diversité des sensibilités politiques qui ont aidé Frêche à
monter son empire et les difficultés que le PS a rencontré pour exclure cet
iconoclaste, on se dit que le clientélisme à de beaux jours devant lui.
VOIR LE COMMENTAIRE DANS SON CONTEXTE
28 VOTES
De Yago
23H46 | 13/12/2010 |
Pourquoi ne pas diffuser ce type de film avant les élections ?
La politique serait moins empruntée et moins clivée. On saurait pour qui on vote à
défaut de savoir exactement pourquoi.
Dès lors que l'on a démystifié l'orateur, il est plus facile se faire une opinion sur les
idées. Les journalistes politique le savent bien.
Au diable ces discours d'énarques aussi maîtrisés que factices.
Je suis Méditerranéen et j'avoue que Frêche me parle d'avantage avec ces
quelques extraits, qu'au travers de son portrait médiatique officiel.
Le populisme n'est pas un défaut en démocratie dès l'instant où on a de vraies
convictions.
VOIR LE COMMENTAIRE DANS SON CONTEXTE
15 VOTES
De inspecteur crouton
extrême iréniste | 07H30 | 14/12/2010 |
Pas de mystère, Frêche fait partie de la famille des hommes ( pour le coup,
essentiellement ) politiques grandes gueules et populistes, à l' instar des Marchais,
Mélenchon, Le Pen ( père plus que fille, pour l' instant ), Tapie, et pas si loin que ça
Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
Un mélange de roublardise, d' empathie, de charisme, de foutage de gueule... qui
provoque fascination et répulsion, à des degrés divers.
C' est sûr qu' ils sont plus "marrants" que des Jospin-Rocard-Mendès voire Juppé (
il m' en faut un de droite ), pour lesquels manifestement on a un peu de mal à se
lever pour aller voter, ce qui jette quand même un voile trouble sur le principe de la
démocratie ( ou en tout cas du suffrage universel ).
Qu' un type comme Balkany ait pu être réélu un paquet de fois laisse vraiment
songeur...
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