Nestlé : le dossier noir
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Nestlé : le dossier noir
Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques Nestlé et OMC un mariage d'Amour au profit de quelques uns ² 1) Des profits colossaux 1 Pour comprendre ces graphiques et leurs évolutions, il faut garder à l'esprit qu'avant 1994, l'agriculture n'entrait pas dans le cadre des accords du GATT (General Agreement on Trade and Tariffs), qui ne concernaient que les produits industriels. Ce n'est que le 1er janvier 1995, avec la signature des accords de Marrakech qui marque la naissance de l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), que les marchés internationaux de produits agricoles connaissent une libéralisation accrue. Chiffre d'affaire global Mds € 60,00 50,00 40,00 30,00 20,00 10,00 Graphique 1: évolution du chiffre d'affaires global de Nestlé valeur de l'action Nestlé en Francs Suisses 400 350 300 250 200 150 2001 2000 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 0,00 Toutes choses étant égales par ailleurs, l'effet de cette libéralisation sur les chiffres fondamentaux de Nestlé est des plus surprenante au point que l'on peut se demander s'il n'y a pas de relation directe de cause à effet. Le fait que M. Arthur Dunkel, avant dernier directeur du GATT, ait été un des principaux rédacteurs de l'accord sur l'agriculture de Marrakech, n'est peut-être pas étranger à cette corrélation. Le fait que M. Dunkel ait été nommé par la suite au Conseil d'Administration de Nestlé peut être compris comme une reconnaissance des services rendus. Quoiqu'il en soit cette nomination montre les liens étroits qui unissent les multinationales et les hauts fonctionnaires du GATT puis de l'OMC. 100 50 19 92 19 93 19 94 19 95 19 96 19 97 19 98 19 99 20 00 20 01 0 Graphique 2 : évolution du cours de l'action Nestlé 1 Les trois graphiques présentés montrent une évolution très favorables à partir de 1996 de trois indices clés : le chiffre d'affaires global, l'évolution du cours de l'action de Nestlé et les profits nets. Entre 1996 et 2000, le cours de l'action Nestlé est passé de 143,70 à 378 francs suisses. La législation suisse ne rendant pas obligatoire la publication de la liste des actionnaires, il est difficile de savoir quels sont les principaux bénéficiaires de cette hausse à faire pâlir les start-up. Les chiffres sur lesquels se basent ces graphiques sont disponibles sur le site de Nestlé www.nestle.com 1/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques Profits nets en Mds € L'une d'elle est Madame Bettencourt, qui en 1974 a échangé 46,3 % des actions de l'Oréal, entreprise héritée de son père, contre 4 % des actions de Nestlé. Elle a vu ainsi sa fortune "suisse" passer de 14 à 37 milliards d'euros ! En 2001, ses 15 millions et quelques d'actions lui ont rapporté la bagatelle faramineuse de 65 millions d'euros (+/-5 millions), soit environ 430 millions de francs français ou l'équivalent de 7500 SMIC ! 1 01 20 00 99 20 98 19 97 19 19 96 95 19 94 19 19 93 Dividendes totaux en Mds € 19 19 92 5 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 Graphique 3 profits nets et dividendes 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 1,82 1,95 2,21 2,09 2,44 2,84 2,85 3,19 3,91 4,5 Dividendes totaux distribués en Mds € 1,38 1,55 1,57 1,428 1,56 1,81 1,768 1,76 1,8 1,7 valeur action en F CH 114 128 124 127 143 218 299 291 378 354 Profits nets Mds d'€ en Cette série d'années de vaches grasses semble sans fin pour les actionnaires de Nestlé. Le 27 février 2003, la direction publie un communiqué de presse triomphateur annonçant une nouvelle hausse substantielle des profits qui enregistrent un accroissement de 13,2 % par rapport à l'exercice comptable 2000, atteignant 7,564 milliards de francs suisses ou 5,143 milliards d'€, somme supérieure au budget du ministère français de l'agriculture pour la même année ou représentant 59 % des aides directes PAC perçues par l'ensemble des paysans français2. Le jeudi 3 avril 2003, lors de l'assemblée générale des actionnaires, Madame Bettencourt aura certainement une pensée chaleureuse pour les paysans du monde qui se cotisent et lui permettent ainsi de recevoir environ 73 millions d'€ de dividendes… FY 2002 FY 2001 % change ventes € 60 6128 mio € 57 594 mio +5.3% Profit Net € 5 134 mio € 4 543 mio +13.2% € 4,352 +9.4% Proposition de € 4,76 dividendes / action L'influence bénéfique des accords de Marrakech est donc particulièrement visible sur la courbe d'évolution des profits nets de Nestlé. Un rapide regard sur les graphiques montrent qu'ils connaissaient une relative stagnation entre 1992 et 1995. Les nouvelles conditions internationales créées par l'OMC leur permettent de commencer leur décollage dés 1996, année où ils enregistrent une augmentation de 20 % par rapport à l'exercice précédent. Depuis, cette 2 http://www.agriculture.gouv.fr/fina/financement2003/financement_map.html pour une consultation du buget du minagri. 8,8 M€ (91 %) sur le premier pilier, crédits en faveur des activités agricoles : mesures de régulation des marchés et de soutien aux productions, pilotées par les Organisations communes de marché (OCM) 2/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques évolution exceptionnelle n'a fait que se renforcer. Entre 1992 et 2001, les profits ont été multipliés par 2,5. Trois raisons permettent d'expliquer ces gains gigantesques. La première, la plus fondamentale et la plus difficile à démontrer repose sur le fait que Nestlé est en mesure de participer ctivement à la définition des politiques agricoles dont elle va tirer parti. La deuxième raisons découle du fait que Nestlé, et ses filiales, derrières lesquelles elle se cache, mène une politique anti-syndicale très agressive et ce particulièrement dans les pays du sud. Enfin, la troisième et la capacité de cette multinationale à placer les paysans du monde en concurrence directe les uns avec les autres pour faire baisser les cours des matières premières. 2) Les droits syndicaux foulés aux pieds Nestlé, comme la plupart des multinationales, est à la recherche d'une image irréprochable. Elle a donc tout naturellement endossé l'habit du "développement durable" et procédé à une vaste campagne de communication visant à assurer ses clients, les consommateurs, qu'elle respecte l'environnement et le droit du travail. Partenaire de l'initiative "Global compact" des Nations unies, elle est tenue d'encourager, ou au moins de respecter les syndicats présents dans ses propres unités de production ou dans les usines de ses sous-traitants. Malgré ses engagements, les entorses de Nestlé au droit syndical sont légion et proviennent des quatre coins de la planète. Montrant une prédilection pour les pays pauvres où il est plus facile de mettre au pas les leaders syndicaux, Nestlé n'hésite pas non plus à utiliser des méthodes éthiquement répréhensibles dans les pays de l'Union européenne. En Colombie, 7 membres de SINALTRAINAL, syndicat de l'agro-alimentaire, créé au début des années 1980, qui travaillaient dans des usines de Nestlé ont disparu dans des conditions restées inélucidées. Même s'il n'existe pas de preuve formelle permettant d'associer Nestlé avec ces assassinats, les positions très agressives de Nestlé pour se débarrasser de toutes les organisations sociales présentes dans ses usines sont bien réelles, et SINAL TRAINAL n'hésite pas à la tenir pour indirectement responsable. Ala fin de l'année 2001, l'encadrement d'une des filiales de Nestlé en Colombie, "Comestibles la Rosa"3, a menacé de renvoyer les salariés qui continueraient à être affiliés à SINALTRAINAL. De même, chez CICOLAC, une autre de ses filiales colombienne Nestlé est parvenue à briser une convention collective bénéficiant à plus de 400 ouvriers, en virant 96 d'entre eux et en rompant le contrat de 58 autres. En novembre 2002, SINALTRAINAL se trouvait de nouveau contraint de lancer un appel de soutien international pour obtenir la réintégration de 13 ouvriers licenciés au seul motif qu'ils appartenaient au syndicat4. Selon la CISL (Confédération Internationale des Syndicats Libres), en 1998, chez Tedaram, un sous-traitant de Nestlé, en Thaïlande, 13 ouvriers créèrent un syndicat pour défendre collectivement leurs droits. Il s'agissait d'une première depuis que la multinationale s'était implantée dans ce pays. Craignant que cet exemple ne fasse contagion, la réaction ne se fit pas attendre. La direction de Nestlé menaça Tedaram de réduire considérablement ses achats si 22 des salariés n'étaient pas placés en disponibilité pour une durée non indéfinie avec une demie paye. Parmi les 22 salariés visés se trouvaient bien évidemment les 13 ouvriers à l'origine de la création du syndicat. La direction de Tedaram obtempéra. Les 22 ouvriers dans l'incapacité de vivre sur un demi salaire durent démissionner5. 3 Depuis 1984, Nestlé possède 100 % des parts de Comestibles La Rosa Colombia (http://www.nestle.com.co/historia.htm) http://colombia.indymedia.org/news/2002/11/318.php 5 http://www.icftu.org/displaydocument.asp?Index=991017083&Language=EN 4 3/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques En France, Nestlé qui avait décidé de se débarrasser de son unité de production de surgelés de Beauvais ni est pas allé avec le dos de la cuillère. Comme le rapporte le journal l'Humanité, le premier plan de licenciement visait à éliminer "des salariés malades, des salariés connus pour leur caractère. " Ce ne sont pas des fortes têtes, simplement des gens qui ne courbent pas toujours la tête, moins dociles que la majorité ", explique Joël Deliens. Sur la liste, il y a aussi les sept délégués CGT. Pendant l'été, la liste diminue, au fur et à mesure des départs volontaires. Au final, la liste ne comporte plus que seize noms : deux délégués CGT, dont la demande d'autorisation de licenciement a été envoyée à l'inspection du travail ; quatorze salariés, qui apprennent fin septembre leur licenciement. " C'était un mercredi, vers 13 heures, raconte l'un deux, gorge serrée. J'avais fini ma journée. Mon nom était sur le planning du lendemain. Le DRH et le directeur me convoquent. Ils me disent que ce n'est pas la peine de revenir le lendemain, qu'ils me paient le préavis de deux mois. Être traité comme ça, avec vingt et un ans d'ancienneté... " Pour tous les salariés, il est évident que ces licenciements secs auraient pu être évités, simplement en élargissant le bénéfice des préretraites. La direction a donc voulu se débarrasser de ces seize personnes. Quand les lettres de licenciement tombent, un arrêt de travail de protestation est suivi à 70 %. Mais la direction riposte en mettant la moitié des grévistes en chômage partiel. " On a changé notre fusil d'épaule, en organisant une manifestation devant l'usine et en ville, le 5 octobre, racontent les syndicalistes. Il y avait 150 personnes, ce qui est pas mal, vu les pressions du directeur, qui menace les grévistes de les mettre sur la liste de licenciés. " Le 17 octobre, une délégation a participé à la manifestation devant le siège de Nestlé France à Noisiel (Seine-et-Marne), de tous les salariés de sites menacés (cf. ci-dessous). " Nestlé se sent fort, il ne respecte même pas les procédures, explique Maryse Treton. Maintenant on va entamer deux actions en justice, pour annuler le plan de restructuration, dont la procédure n'a pas été respectée, et pour demander la réintégration des salariés licenciés sans motif valable. " Une pétition contre les licenciements circule dans l'entreprise. " Les salariés regardent à droite et à gauche avant de signer, déplore Jocelyne Onesime, déléguée du personnel CGT. Certains disent que s'ils signent, ils vont être virés. Il y a un climat de peur. Il n'y a plus de confiance entre les salariés. " " Faire front à Nestlé, c'est dur, confirme Joël Deliens. Comme syndicaliste, on se fait matraquer. On nous maltraite en comité d'entreprise, on nous colle des avertissements au moindre prétexte, on intoxique les salariés sur nous. Les syndiqués CGT flippent. On est obligés de faire les réunions à l'extérieur de l'entreprise, le samedi. Nestlé n'aime pas la CGT, c'est sûr. En 1988, après une grève pour des augmentations de salaire, ils ont déjà voulu licencier une trentaine de personnes dont douze élus CGT. On s'est battu, on a gagné la réintégration de huit élus et de huit salariés non protégés. "6 Au Philippines, le syndicat PAMANTIK-KMU dénonce des pratiques similaires d'intimidation de représentants du personnel. Nestlé n'a pas hésité à licencier 67 employés de l'usine de Cabuyaon, membre de l'Union of Filpro. Présenté comme un plan de restructuration, cette mesure visait en fait à réduire les salaires et les avantages sociaux dont jouissent les employés de cette unité de production et les aligner sur ceux, bien moins favorables de l'usine de Cagayan.7 A force de serrer les prix au maximum, et l'on finit par faire travailler des esclaves et des prisonniers politiques. C'est en tout cas l'accusation de Madame Jennifer Zeng (35 ans) de l'organisation Falun Gong, persécutée par le pouvoir communiste de Pékin, actuellement réfugiée en Australie, qui affirme avoir fabriqué des petits lapins en peluche bleu, mascotte de Nesquik, pendant ces douze mois d'emprisonnement dans le camp de travail forcé de laogai en 1999. Cette mise en cause a bien été réfutée par la direction de la multinationale qui, toutefois, a reconnu avoir passé une commande de 110.000 peluches à un fabricant de jouets chinois, MiQi Toys Company 8 . Se protégeant derrière le fait qu'elle ne pouvait être garante de l'ensemble des entreprises avec lesquelles elles travaillent, Nestlé s'est empressée d'ajouter une clause aux contrats la liant à ses sous-traitants, clause interdisant le recours à la main d'œuvre forcée. 6 http://www.humanite.presse.fr/journal/2002/2002-11/2002-11-15/2002-11-15-064.html Rapporté par "les Amis de la terre – Royaume-Uni" http://www.foe.co.uk/resource/reports/terrible_ten.pdf 8 http://www.falunau.org/indexArticle.jsp?itemID=253 7 4/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques Cette mise au pas brutale des syndicats, ce recours de plus en plus fréquent à des sous-traitants opaques, permet de baisser brutalement les salaires dans des pays où les milices patronales sont en mesure de faire régner la terreur. Dans le même temps, Nestlé n'hésite pas à publier sur son site Internet une brochure dans laquelle elle se targue de soutenir "pleinement les quatre principes du Pacte Mondial des Nations Unies relatifs au travail : en conséquence Nestlé s'engage à soutenir : la liberté d'association et la reconnaissance effective du droit aux conventions collectives". Ce double langage dont se sert Nestlé doit être dénoncé avec la plus grande fermeté. 3) L'implication dans la définition des politiques économiques internationales…. L'influence des multinationales sur les décideurs politiques et les fonctionnaires internationaux de l'OMC, de la Banque Mondiale ou du FMI est difficile à exposer en plein jour. Les cas de corruptions actives directs ne sont pas aussi flagrants que dans les pays du sud. La technique la mieux acceptée et la plus discrète semble-t-il, est celle du pantouflage, les anglo-saxons parlent de revolving door (porte tournante), qui permet de passer, sans faire de bruits, d'une fonction dans l'administration publique (ministère, OMC), à un siège dans un conseil d'administration d'une grande compagnie internationale. Nestlé en la personne d'Arthur Dunkel, nous offre un cas d'école remarquable, qui vaut la peine d'être étudié. Il fut le Directeur Général du GATT (General Agreement on Trade and Tariffs ) de 1980 à 1993, et à ce titre il fut responsable de la rédaction du tristement célèbre "Dunkel Draft" (document préparatoire) qui jeta les bases de l'Organisation Mondiale du Commerce. Il permit la signature des accords de Marrakech. Il fut donc la cheville ouvrière de la libéralisation forcée des marchés agricoles mondiaux, du démantèlement de la Politique Agricole Commune, de l'obligation faite au pays du nord comme du sud de tourner définitivement le dos à la souveraineté alimentaire en les obligeant à ouvrir leur marchés à hauteur de 5 % de leur consommation intérieure. La baisse des prix que ces mesures entraînèrent sur le marché européen permirent aux multinationales de l'agro-alimentaires, comme le signale un rapport de la CNUCED9, de faire des économies sur leur coûts d'approvisionnement sans répercuter ces baisses sur les consommateurs et donc de maximiser les profits, d’où l'envol de l'action Nestlé à partir du milieu des années 1990. Arthur Dunkel est également l'un des arbitres de l'Organisme de Règlement des Différents de l'OMC, ce qui signifie qu'il est l'un des rares privilégiés à pouvoir décider si l'Europe peut importer des bananes des Caraïbes, si les bœuf aux hormones peut légalement être interdit de vente dans l'Union européenne et si les lois sur l'environnement ne sont pas des entorses au commerce international. Il fut également l'un des membres de la Chambre de Commerce Internationale, un des lobby néo-libéraux les plus influents. Il est selon l'association britannique Corporate Watch, l'un des plus clairs exemples montrant que l'OMC a été conçue par et pour les multinationales. 9 Rapport du 14 mai 1999 : INCIDENCES DE L'ÉVOLUTION DES STRUCTURES DES MARCHÉS, DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE SUR LES PRIX DES PRODUITS DE BASE ET LES EXPORTATIONS PRÉSENTANT UN GRAND INTÉRÊT POUR LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT "Le progrès technologique réduit sans cesse le coût de production des produits de base. Il s'agit là d'un facteur important de la tendance à la baisse de leur prix du fait de la concurrence. Par contraste, les coûts de la commercialisation et de la distribution ne semblent guère flexibles et il semblerait qu'une bonne partie des gains de productivité ne soient pas répercutés sur les prix à la consommation". (page 5) 5/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques M. Arthur Dunkel est actuellement un des membres du Conseil d'Administration de Nestlé. Il bénéficie directement des politiques publiques qu'il a contribuées à mettre en place alors qu'il était fonctionnaire international au GATT. Les accords de Marrakech ont eu, comme nous l'avons rapidement montré, un tel impact bénéfique sur les chiffres de Nestlé (l'action a été multipliée par 2,5 en 5 an), que la possibilité d'une collusion d'intérêts entre cette multinationale, l'OMC et M. Dunkel n'est pas à écarter. Pour éviter toute suspicion, il serait souhaitable que Nestlé fasse preuve de transparence en rendant public les émoluments, tant en numéraire qu'en avantages divers, qu'elle verse à son dirigeant. Nestlé poursuit activement ses actions de lobbying en particulier auprès de la Commission européenne, son PDG actuel M. Peter Brabeck-Lemathe, est également un des membres de l'European Round Table of Industrialists (ERT), un puissant groupe de pression qui regroupe 45 multinationales mondiales. A ce titre, il peut exprimer les "besoins" de l'industrie agroalimentaire, qui sont une nouvelle fois d'obtenir une baisse des prix des matières premières alimentaires (lait, céréales, cacao…), qui ne sera que très partiellement répercutée sur le prix des yaourts, des desserts, des barres chocolatées. La différence viendra conforter une nouvelle fois les indicateurs économiques fondamentaux de Nestlé. Bien que cette stratégie ait été dénoncée par la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement), il y a près de quatre, l'Union européenne s'apprête à obtempérer une nouvelle fois. La proposition qu'elle a faite à l'OMC le 16 décembre 2002 rentre parfaitement dans cette logique. Les relations avec les autres grandes multinationales de l'agro-chimie ne sont pas à négliger. M. Helmut O. Maucher, Président Honorifique de Nestlé, occupe également une place au Conseil d'Administration de Bayer, ce qui contribue certainement à expliquer l'attitude très conciliante de Nestlé par rapport aux produits transgéniques. 4) … pour influencer à la baisse le cours des matières premières agricoles "Le coût des produits vendus en pourcentage des ventes a connu une évolution très positive durant les six premiers mois de 2002. Elle s'explique par l'évolution favorable du coût des matières premières par rapport à la période correspondante de 2001". Ce passage des plus clairs, est extrait de la page 4 du Rapport semestriel du groupe Nestlé10. Ce document, destinés aux investisseurs et aux actionnaires, dévoile de manière très explicite la stratégie macro-économique de Nestlé : peser sur les cours mondiaux afin de réduire les charges SANS répercuter ces baisses sur les prix de ventes aux consommateurs ! En parfait accord avec les règles courantes du capitalisme, il s'agit de spolier les producteurs de la plus-value qu'ils génèrent sur leurs fermes. Les intérêts économiques des paysans européens ou des régions du sud entrent donc en conflit direct avec ceux des actionnaires de Nestlé. Chaque euro de dividendes versés, a été récupéré, soit sur le dos de paysans en sous-payant leurs produits, soit sur le dos des salariés des unités de transformation en sous-payant la main d'œuvre, comme nous l'avons vu précédemment. Pour peser sur le coût des matières, Nestlé utilise parfois des moyens féroces. En Colombie, le syndicat SINAL TRAINAL accuse "Nestlé – Cicolac" d'avoir obtenue une licence d'importation supplémentaire de 25.125 tonnes de lait en poudre en 2001, correspondant à l'équivalent de 200 millions de litres de lait. Cette politique axée sur le marché mondial a entraîné la faillite de centaines de petits paysans de la région de Cesar, où la collecte n'était plus assurée. Elle a par ailleurs permis de faire pression à la baisse sur le prix du lait observé sur le marché intérieur colombien. Et comme le reconnaissent les dirigeants de Nestlé, ces approvisionnement 10 www.nestle.com 6/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques à moindre coût ne se traduisent pas par une baisse équivalente au niveau des prix de vente aux consommateurs. Comme tous les moyens semblent permis pour faire des économies sur les matières premières, en Colombie, Nestlé a été attrapée la main dans le sac entrain de changer des étiquettes sur des milliers de sac de poudre de lait afin de prolonger leur validité commerciale. Vingt-six députés de ce pays ont décidé de saisir la justice pour ce trafic illégal11. Début décembre de l'année dernière, Nestlé a encore été surprise entrain d'importer de manière illégale 120 tonnes de poudre de lait d'Uruguay et de procéder à un ré étiquetage pour faire croire qu'il s'agissait d'une production locale. Ces pratiques illégales ont déclenché la colère des producteurs de lait et de Angel María Caballero 12 , président de la Asociación Nacional por la Salvación Agropecuaria, qui accuse Nestlé de tout mettre en œuvre pour éliminer la production locale. L'exemple colombien est révélateur de la manière de procéder des multinationales agroalimentaires et laisse présager un avenir difficile aux producteurs de lait européens si les quotas laitiers venaient à être abandonnés. En France, où Nestlé, se classait 9ième dans la collecte du lait en ramassant plus de 500 millions13 de litres en 1996, une baisse de 0,5 cts d€ sur le prix du lait non répercutée sur celui des yaourts se traduirait par un gain supplémentaire de 2,5 millions d'€. En Europe, toujours selon une étude plus récente de l'Onilait, Les importations réelles de poudre de lait écrémé sont passées entre 1995 et 2000 de 31 200 à 73 400 tonnes ; elles ont été multipliées par 2,514. Ces importations représentent l'équivalent de 600 millions de litres de lait ou l'équivalent de la production réalisée par 6000 éleveurs ayant 100.000 litres de quotas. La plus grande opacité régnant sur les importations, il est malheureusement impossible de savoir quelles sont les multinationales qui bénéficient de ces importations. Au vue de l'attitude de Nestlé en Colombie, il serait fort surprenant que la multinationale suisse ne se trouve pas parmi elles. Les rapports des Nations Unies et de l'UNICEF (Agence pour l'Enfance) font état de travail d'enfants esclaves dans les plantations de cacao de la Côted'Ivoire à une échelle non négligeable. Malgré les accusations répétées, le gouvernement ivoirien ne prend aucune mesure coercitive pour mettre un terme à ces pratiques. La Côte-d'Ivoire est le premier exportateur mondial de cacao. Ses exportations représentent 40 % des échanges planétaires ! Deux grandes associations caritatives, OXFAM et Global Exchange, soulignent que 10 multinationales se sont partagées ce marché. Trois d'entre elles, Nestlé, Cargill et Archer Daniels Midland (ADM) ont des unités industrielles de production et de transformation sur place. A ce titre elles sont autorisées par le gouvernement à acheter directement aux planteurs ivoiriens et pourraient exiger d'eux une éthique irréprochable. Oxfam et Global Exchange accusent Nestlé à mots couverts de fermer les yeux sur le travail des enfants esclaves. 15 Cette information est d'ailleurs repris par "l'International Herald Tribune" dans son édition du 1er novembre 2002 16. Pourtant dans la brochure "Principes de conduite des affaires du groupe Nestlé", au chapitre Ressources humaines et conditions de travail (page 11), il est dit : • • Nestlé s'engage à éliminer toute forme de travail forcé ou de travail obligatoire ; A l'abolition effective du travail des enfants. En tant que première multinationale agroalimentaire de la planète, Nestlé ne peut se contenter de mots. Elle doit prendre les dispositions nécessaires et effectives pour agir dans cette direction. 11 http://www.adital.org.br/asp2/noticia.asp?idioma=ES¬icia=4591 http://www.elcorreo.eu.org/esp/article.php3?id_article=690 13 D'après une étude de l'Onilait publiée en 1996 Nestlé disponible sur le site : http://www.onilait.fr/_private/documents/CMECahier19.pdf 14 http://www.onilait.fr/_private/documents/CMEComMar20010315.pdf 15 http://www.globalexchange.org/cocoa/20020603_113.html 12 16 7/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques D'une manière peu surprenante, la guerre qui fait rage en Côte-d'Ivoire concerne essentiellement les régions occidentales du pays à la frontière du Libéria, où les plantations cacaoyères sont les plus nombreuses. Le port de San Pedro, par lequel transite la moitié de la production ivoirienne, soit 20 % de la production mondiale est l'objet de toutes les convoitises. Les attaques des forces rebelles sur cette ville redoublent et l'armée loyaliste déploie des moyens énormes pour la défendre. La guerre civile en Côte d'Ivoire peut-être assimilée à une guerre pour le cacao. Pour les principales multinationales, dont Nestlé, le résultat du conflit et primordial. A n'en pas douté, les futurs vainqueurs se rappelleront des soutiens financiers qu'ils auront reçu au cours du conflit. Au vu des exemples précédents, la position de Nestlé concernant la production de café est profondément originale. Elle peut laisser perplexe et dubitatif. Nestlé a bâti sa fortune sur les substituts de lait maternelle en poudre, puis à partir des années 1940 sur le café lyophilisé. Face aux critiques d'OXFAM qui l'accusait de profiter de l'effondrement des cours du café sur le marché mondial (divisé par presque 3 en 5 ans), la multinationale suisse a su développer un argumentaire original. Nestlé assure qu'elle est favorable à une forme d'organisation internationale du marché du café avec un contingentement des productions afin de maintenir les cours mondiaux entre un prix plancher et un prix plafond. Selon eux, les ventes de café de Nestlé, reposent essentiellement sur des cafés lyophilisés réalisés à base de grains bas de gamme. La firme suisse gagne des parts des marchés par rapport aux cafés torréfiés lorsque les cours de café noble sont élevés car ses produits voient leur compétitivité accrue. Cette attitude économique réaliste ne doit donc rien à un accès subit de vertu de la part du Conseil d'administration de Nestlé. Elle répond plutôt à la nécessité de se battre contre les concurrents mondiaux tels que Krafter et Sara Lee et de tirer partie d'un avantage comparatif. De plus, Nestlé se garde bien de proposer la tenue d'une réflexion mondiale qui permettrait de stabiliser puis de relever le cours du café. Une telle initiative pourrait avoir des répercussions néfastes sur le business du cacao, ou du lait Il est donc tout à fait inacceptable que Nestlé utilise l'exemple du café pour se refaire une vertu. Les pratiques qu'elle utilise en Colombie pour faire chuter le prix du lait ou qu'elle cautionne implicitement dans les plantations de cacao de Côte d'Ivoire ne laissent planer aucun doute sur les finalités recherchées par ses dirigeants : maximiser les profits et les dividendes ! 5) Le dossier noir des laits maternels en poudre. L'histoire officielle de Nestlé commence comme un joli conte de fée pour enfants: "Au milieu des années 1860, Henri Nestlé, pharmacien, commença a expérimenter diverses combinaisons de lait de vache, de farine de blé et de sucre pour développer une source alternative de nutrition pour les mères incapables d'allaiter leur enfant. Son objectif était de combattre la mortalité infantile causée par la malnutrition. Il baptisa le nouveau produit Farine Lactée Henri Nestlé. Le premier client de Nestlé fut un enfant prématuré qu ne pouvait supporter ni le lait de sa mère, ni aucun autre substitut conventionnel, et qui était considéré comme perdu par les médecins locaux. Après que la nouvelle formule de Nestlé eut sauvé la vie de l'enfant, très rapidement les gens reconnurent la valeur de ce nouveau produit et en quelques années la Farine Lactée Nestlé fut commercialisée dans l'Europe entière"17 L'allaitement maternel est essential pour des millions d'enfants. Il fournit la nutrition la mieux adaptée à leurs besoins et n'a pas d'effet préjudiciable pour l'environnement. De plus il contribue à renforcer l'autonomie de l'économie familiale. Mais depuis les années 1950, 17 http://www.nestle.com/pdf/english/Nestle_History.pdf - traduction JMD 8/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques l'allaitement maternel doit faire face à une compétition exacerbée et déloyale de la part des substituts de lait maternels en poudre vendu par les multinationales. La Farine Lactée Henri Nestlé fut promut très agressivement Les laits en poudre représentent actuellement un marché mondial de 10,9 milliards de dollars. Selon l'ONG Baby Food Action, Nestlé commercialise 11.000 marques de substituts de lait maternel sur la planète et contrôle approximativement 40 % de ce marché. Au milieu des années 1970, Nestlé a du faire face à un terrible boycott de la part de nombreuses associations qui lui reprochaient d'inciter les mères des pays du tiers monde à arrêter l'allaitement maternel et à utiliser ses produits de substitutions. Une de ses stratégies commerciales consistaient à faire distribuer des échantillons de poudre de lait par des vendeuses habillées de telle sorte qu'il était possible de les confondre avec des infirmières ! A l'époque les Nations Unies estimaient que les enfants élevés au biberon dans les pays pauvres avaient un taux de mortalité infantile 25 fois supérieur à ceux élevés au sein suite à l'utilisation d'eaux mal stérilisées ou carrément non potable et n'hésitaient pas à avancer le chiffre terrible de 1,5 millions de morts par an. Le conte de fée d'Henri Nestlé sauvant le petit nourrisson suisse tournait au cauchemar. Face au scandale, en 1981, l'UNICEF parvint à rédiger un code de bonnes pratiques visant à interdire les publicités agressives et les distributions d'échantillons gratuits. Nestlé fut une des premières compagnies à le signer. Depuis cette date l'IBFAN (International Baby Food Action Network18) continue de relever à travers le monde des exemples concrets de la part de Nestlé de violation de ce code international de bonne conduite. 19 Pour l'IBFAN, une des pratiques actuelles le plus dangereuses consiste à placer dans les rayonnages des magasins des boites de poudres de lait de vache entier au milieu de boites de substituts de lait maternel. La différence de prix est telle que les mamans, qui ne parviennent pas toujours à comprendre la différence entre ces deux types de produits, portent leur choix sur la solution la plus économique : le simple lait de vache en poudre. L'IBFAN dénonce également les publicités qui après avoir abandonné l'usage d'images de nourrissons sur les boites, s'en sert maintenant abondamment sur ses sites internet. Nestlé utilise maintenant des "personnages" en peluche destinée à attirer la sympathie des consommateurs. L'IBFAN rappelle que les poudres de substitution doivent être considérées comme l'ultime recours lorsque l'allaitement maternel est impossible. 6) OGM : Nord et Sud : deux politiques et deux visages Pierre Lescures du journal Helvétique "la République" a écrit un petit mail à nestle.com leur demandant de ce positionner face aux ogm et voici la réponse : Monsieur, En réponse à votre e-mail de ce jour, je vous prie de trouver ci-joint un statement sur notre politique dans ce domaine. Je ne pense pas que l'hostilité des consommateurs aux OGM soit un 18 19 http://www.ibfan.org/ Image tirée du site canadien de Nestlé. 9/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques phénomène généralisé - malgré les efforts de certains groupes de pression - et nous continuerons à mettre sur le marché de tels produits tant que les consommateurs les acceptent et dans la mesure où la législation le permet. En Suisse et en Europe, il est évident qu'actuellement les produits OGM se heurtent à une perception négative dans le public, raison pour laquelle il n'y a pas de tels produits sur le marché chez nous et chez nos voisins. Par contre, dans la grande majorité des pays du monde, les autorités et les consommateurs ont une attitude bien plus ouverte. Avec mes salutations les meilleures. F.X.Perroud Nestlé S.A. Nestlé a une attitude très conciliante vis-à-vis des OGM, qu'elle considère visiblement comme une avancée indéniable que les consommateurs européens finiront par reconnaître, et ce, malgré l'influence de "certains groupes de pression (sic)", parmi lesquels la Confédération paysanne et Greenpeace occupent une place privilégiée. Par rapport aux marchés riches des pays occidentaux, elle est visiblement dans une position d'attentisme. Dés le milieu des années 1990, Nestlé a utilisé des OGM dans certains de ces produits en Angleterre. Ce n'est que le 28 avril 1999, qu'elle a suivi ses principaux rivaux, Unilever et Tesco, et annoncé qu'elle arrêtait la fabrication et la commercialisation au Royaume-Uni d'aliments de produits alimentaires transgéniques fabriqués à base de transgéniques. C'est donc sous la pression de l'opinion publique que Nestlé peu à peu à été contrainte de faire machine arrière. Il faut noter que parmi toutes les multinationales de l'agro-alimentaire, elle est celle qui lâche prise en dernier. Le fait que M. Helmut O. Maucher, Président d'honneur de Nestlé, soit également administrateur de BAYER, n'est certainement pas étranger à cette attitude. Les propos de M. F.X. Perroud qui affirme que son entreprise respecte les législations nationales sont mis en doute par le journal China Daily qui dans son édition du 12 juin 200220, sous-entend que Nestlé ne respecterait l'obligation d'un étiquetage clair et explicit sur les produits alimentaires contenant des transgéniques. Il est indispensable que Nestlé offre le même degré de sécurité alimentaire à l'ensemble quelque soit le pays où elle effectue ses ventes. La pratique d'un double standard, élevé pour les consommateurs des pays riches et bas pour ceux des pays pauvres des pays du sud est inacceptable. Nestlé doit adopter une politique claire au niveau global et tourner le dos définitivement aux transgéniques. 7) Nestlé : une affaire de marque Pas facile d'échapper à Nestlé, que l'on soit consommateur épanoui, adepte des longues promenades dans les hypermarchés le samedi après-midi ou Boycotteur acharné se réfugiant dans les petites épiceries de villages, lorsque l'on choisit une eau minérale, on a une chance sur deux de venir grossir le chiffre d'affaires de la multinationale suisse. Nestlé truste 50 % des ventes de cafés lyophilisés et domine de la tête et des épaules celui du lait condensé. Le secteur des pâtes alimentaires n'échappe pas à son emprise tentaculaire, ni celui de la purée en flocon, ou des soupes en sachet. Les coqueurs de chocolat plantent leurs dents dans des tablettes "Nestlé", les amateurs de bonbons anglais, sucent des sucreries Nestlé. Dans le Monde 40 % du lait pour bébé vient de chez Nestlé, qui est commercialisé sous plus de 11000 noms de marque différents ! 20 http://www1.chinadaily.com.cn/cndy/2002-12-06/96752.html 10/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques L'homme rassasié, Nestlé s'intéresse à son compagnon à quatre pattes : Fido, Friskies, Mac'ani. En rachetant le leader américain, Purina, Nestlé occupe une position tellement dominante sur ce secteur très juteux qu'elle en devient caricaturalement monopolistique. La liste, malheureusement non exhaustive des marques Nestlé est tiré du site wwww.transnationale.org extrêmement bien documenté. Elle permet d'apprécier l'envergure de la première multinationale de l'agro-alimentaire. Aliments pour animaux de Fido compagnie Crunch Barres chocolatées Friskies Mac'ani Kit Kat Lion Nestlé Nuts Nesquik Cafés Nescafé Céréales Nestlé Charcuterie Chocolats Herta Galak Bonbons After Eight Eaux minérales Aquarel Fromages fondus Gervais Glaces Gervais San Motta Jambons cuits Herta Aliments pour nourissons Guigoz Pâtes 11/14 Buitoni Nestlé Nesquik Nestlé Pellegrino Nestlé Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques Potages Plats préparés Maggi Bolino Buitoni Maggi Mousline Purées Mousline Sauces Buitoni Yaourts Galak Maggi Nestlé La Laitière Aberfoyle Springs Toutes les marques After Eight Alemagna Antica Gelateria del Aquarel Corso Baci Bakers Complete Berni Blaue Quellen Butterfinger Buitoni Acqua Brillante Recoaro Aero Alpo Alsoy Arrowhead Baby Ruth Barenmarke Bolino Buxton Belté Bonka Cailler Calistoga Camy Carnation Caro Cérélac Chino Claudia Contadina Cheerios Chocapic Coffee-Mate Crosse & Blackwell Chef Chokito Condipasta Chef America Ciocoblocco Condiriso Dairy Farm Davigel Fancy Feast Diger Selz Fibre 1 Ecco Franck Friskies Frubetto 12/14 Crunch Fido Fruit Joy Excelsia Frigor Fruttolo Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques Galak Gingerino Recoaro Gourmet Garoto Giulia Guigoz Gervais Gloria Giara Golden Grahams Hills Brothers' Kit Kat Kix Herta La Cremeria La Lechera Le Ore Liete Lion Maggi La Valle degli Orti Levissima Lora Recoaro Magnolia Lactogen Libby's Loumidis Malto Kneipp LC1 Limpia Mac'ani Mare Fresco Mighty Dog MJB Milkmaid Motta Milo Mirage Munch Bunch La Laitière Nescafé Mousline Nescau Nespray Nestéa Nestlé Nestum Nico Nidal Nidina Omega Complete Panna Poland Spring Ricoffy San Bernardo One-to-One Pejo Polo Ricoré Ortega Perugina Pracastello Rolo Sanbitter Nuts Orzoro Pezzullo Quality Street Rowtree Macintosh Sandalia Santa Maria Schoeller Stouffer's Tione Ulmeta Yes Santa Rica Ski Surgela Toll House Vera Zoegas Sasso Smarties Taster's Choice Totole Group Willy Wonka Sassonaise Spillers Thomy Trio Wonka Nan Nesquik San Pellegrino Sans oublier la gamme des eaux minérales ! 13/14 Nestlé – OMC un mariage d'amour au profit de quelques 8) Pour se rendre au siège social de Nestlé à Vevey en Suisse A Vevey, il est impossible de manquer le siège social de Nestlé, installé à l'entrée de la ville sur les bords du Lac Léman, avenue….. Nestlé ! 14/14