L`âme des chimères
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L`âme des chimères
L’âme des chimères (Le franc maçon peut-il retrouver la Parole perdue ?) Ni les anges là-haut dans le ciel, ni les démons au fond des mers Ne pourront jamais séparer mon âme de l’âme des chimères. Annabel Lee Poème d’Edgar Allan Poe (1809-1849 Strophe V 1 La scène se passe dans une crypte souterraine voûtée. On peut apercevoir ça et là des ruines parsemées de colonnes brisées L’action requiert trois personnages : - Guibulum, confident du Roi - Johaben, le plus dévoué des favoris du Roi - Stolkin, l’un des favoris du Roi. Les notes placées en exposant dans le texte signalent des citations. La lettre donne le titre : N pour « La nuit sera calme », T pour « Au delà de cette limite votre ticket ne sera plus valable » et P pour « Pseudo », trois œuvres donc de Romain Gary. Le numéro qui suit indique la page dans l’Edition Folio. Musicologie 1 1 - Vivaldi Symphonie N°4 en si min 2 - Grieg Peer Gynt (La mort d’Ase) 3 - Beethoven Sonate en la maj 4 - Dvorak Concerto violoncelle 5 - Moussorgski Tableaux d’une exposition 6 - Reger Suite en sol min 7 - Bruckner Symphonie N°7 8 - Bach Suite N° 3 Texte original : …de l’âme d’Annabel Lee. L’âme des chimères Introduction Plage musicale N°1 Guibulum Il était deux heures du matin lorsque j'ai brusquement compris, ce qui est toujours le pire P 97... Et si j'essayais l'espoir ? Non, c'est impossible car on verse dans la banalité ; ça fait peuple P 100... En fait, si je suis dans le noir ça n’est pas à cause de la nuit mais parce que je suis placé dans la colonne du Nord. En réalité, je crois que je commençais devenir lucide. Beaucoup vous diront que la lucidité est un symptôme particulièrement fréquent dans la folie. Mais je ne suis pas fou… simplement un peu plus lucide. Or, je commence à me demander ce que je fiche ici ! Et quand on commence à comprendre, le moins que l'on risque, c'est la dépression nerveuse : c'est encore la lucidité qui veut ça P 93... C'est à cause du Roi. L'autre jour il m'a téléphoné, j’étais à la campagne, pour me demander : « As-tu retrouvé la parole perdue ? ». Il est comme ça, faut pas lui en vouloir. D'ailleurs c'était par gentillesse qu'il avait faite ça: il savait (les patrons savent toujours beaucoup de choses, contrairement à ce qu'on pense) que je commençais à me poser des questions sur la recherche de la Perfection et que ça me fichait le noir. Il avait dû se dire: « Faisons le bosser… au moins pendant ce temps-là, il oubliera le reste » C'était gentil de sa part. Je ne l'avais pas encore remercié : maintenant c'est fait. N'empêche ! Retrouver la Parole Perdue, il est trop tôt : je suis encore en période de perfectionnement, il a l'air de l'oublier... C'est peut-être parce qu'il est nouveau dans sa fonction ? D'abord, la Perfection, il y aurait beaucoup à en dire ! Mais on en parlera peut-être tout à l'heure. Pour le moment c'est vrai qu'avec mes deux copains, Stolkin et Johaben on est dans la panade, comme on dit... Ça fait un sacré moment qu'on gratte dans des vieilles pierres et des gravats... C'est toujours pareil en Maçonnerie : on tente de retrouver des tas de choses, bien en arrière… ça n'est pas dangereux... mais on n'avance que très lentement… C'est pas le vrai malheur, celui des hantises désespérées ou l'appel au secours se mêle à l'indifférence absolue et qui ne cesse de se sonner le tocsin pendant la plus banale des conversations T 21... Non... Nous ne faisons plus partie des millions de gens qui, dans le monde appellent au secours à chaque jour qui se lève... Remarquez : il y a surtout des milliards de gens qui se taisent car ils savent que c'est inutile d'appeler au secours, et parfois même dangereux en raison des représailles P 54… Mais nous, on n’est pas dans le bonheur non plus…D’ailleurs le bonheur, c’est toujours un crime passionnel car il supprime tous les précédents T40 Et puis : sans Fraternité, le bonheur et l’amour, ça n’est que des réussites de championnat du monde T37 Enfin, soyons pas chien : faut pas en avoir peur, du bonheur… ça n’est qu’un bon moment à passer T123… Pour être plus clair je veux dire qu’ici, dans nos Loges, nous nageons dans le Luxe en recherchant la Parole perdue, c’est un peu comme si nous discutions du sexe des anges pendant que d’autres se font tuer en Irak ou ailleurs… Annonce du plan D’abord, avec mes deux amis, est-ce que nous la cherchions réellement, la Parole perdue ? Et puis, est-ce que nous en avions les moyens ? D’ailleurs dans cette équipée souterraine, que s’est-il réellement passé ? Et quel est le sens de ce que nous avons découvert ? Serait-ce d’ailleurs suffisant de retrouver cette Parole perdue ? La trouverons nous au degré suivant ? Et finalement que conclure de tout cela ? Voilà les sept questions que je me pose( évidemment il y en a sept…) au début de cette recherche. Plage musicale N°2 Cherchions nous réellement la Parole perdue ? Johaben Moi, je m’appelle Johaben et je tiens à souligner ceci : cherchions nous réellement la Parole perdue? Soyons honnêtes : à vrai dire je ne le crois pas. Avec mes deux copains nous sortions tout juste du degré précédent, et pour nous il ne s'agissait j jusque-là que de vouloir et de construire. Nous étions encore dans le monde matériel et seulement dans celui-là. Lorsque nous sommes allés voir le Roi, nous savions seulement qu'il se réunissait avec ses deux amis dans un lieu particulier. Nous avons demandé à y être admis sans savoir réellement ce qui nous attendait, comme d'habitude en Maçonnerie. Ça nous semblait nécessaire pour notre développement personnel. C'est tout. Mais quant à parler de la Parole perdue ! Nous n'y pensions même pas ! En réalité, nous ne sommes parvenus dans ce collège que par l'effet de la Providence... Vous n'y croyez pas? Réfléchissez: quand nous avons vu le roi il nous a dit : « nous allons prier le grand architecte de l'univers de vous permettre d'être reçu ici » ce qui veut dire que nous n'y étions pour rien,: aurions-nous voulu trouver la Parole perdue que nous ne l'aurions pas pu. Ça s'est confirmé par la suite, d'ailleurs... Et plus tard, quand nous avons trouvé ce que vous savez, ça l’a tellement étonné, le Roi, qu'il en est tombé sur un genou, qu'il a levé les bras au ciel et penché la tête (il avait l’air un peu bête, placé ainsi… un homme si sage… enfin, on fait ce qu’on peut… même lui…) et il nous a confirmé : « Le Grand Architecte de l’Univers vous a accordé la plus grande des faveurs : il vous a choisi pour découvrir le plus précieux des trésors des maçons. » Tu es bien d’accord, Stolkin ? Stolkin Tout à fait ! Mais quel est ce trésor ? Est-ce la Parole perdue ? Est-ce la Connaissance ? Si oui : connaissance de quoi ? Ca n’était pas très clair… Peut-être était-ce dû au fait qu’ils n’étaient que deux, lui et le Roi de Tyr, l’Architecte étant mort…Je ne sais pas. Mais ça pose une question terriblement ennuyeuse pour un certain nombre d’entre nous : « être choisi »… Serait-ce une révélation ? Et notre Liberté alors ? D’accord : « choisis », nous l’avons été probablement parce que nous avons travaillé… mais « ça sentait un peu le favoritisme », c’est ce que m’a confié Johaben dans le creux de l’oreille. Je lui ai répondu à mi-voix que ça n’était pas lui qui était descendu dans le puit en premier, qu’au départ il n’avait pris aucun risque, se contentant d’assurer la descente de Guibulum de l’extérieur… G Un jour où j’évoquais tout cela avec d’autres, sur les parvis, ils me demandaient : « pourquoi ce mythe ? Ça n’est qu’un mythe ! Vous n’allez pas prendre ça pour de l’argent comptant !!! » Je leur ai répondu que dès qu’on supprimait la part du mythologique on se retrouvait à quatre pattes, comme un animal N272 et que le but des mythes n’est pas de donner des réponses mais de fournir des pistes pour entretenir le doute créatif. D’ailleurs un jour j’avais dit au patron : « Moi je suis entré ici pour avoir les réponses que je n’ai pas trouvé avec les hommes bleus. » Il s’était moqué de moi en disant « Non mon gars, tu es entré ici pour chercher les bonnes questions et travailler dessus… seulement pour ça… » - Alors pourquoi chercher, si c’est pour ne pas trouver ? - Réfléchis, m’a-t-il rétorqué, c’est Toi qui as perdu la parole… Ca n’est pas Lui… - Alors ? Désespoir ? Inutile de travailler ? Dormir en paix ? Se retrouver gentiment au bistrot avec Stolkin et Johaben pour boire un coup? - Tu m’énerves, a-t-il repris. Tu ne veux rien comprendre C’est l’absence de connaissance qui donne du sens à notre vie ! C’est justement la condition même pour espérer ! Que ce soit par la mort physique, ou le renoncement, c’est l’arrêt de l’existence (stricto sensu) qui est la condition même de l’accès à la connaissance. Cette dernière n’est pas de ce monde. Il faut pénétrer dans une quatrième dimension et même sans doute encore bien plus loin…Nous ne l’imaginons même pas ! C’est ce qui t’a été suggéré par la découverte successive des neufs arches… Il s’est tût un moment puis il a repris : - Pourquoi seulement neuf, d’ailleurs ? Et pas plus ? Il te faut comprendre que l’important n’est pas que ce soit là les premiers architectes, ou certains noms de Dieu, mais que c’est l’Homme qui nomme Dieu… C’est donc bien la preuve de la multiplicité de Sa manifestation… c’est pour cette raison qu’il y a autant d’églises… Il devrait y avoir même autant d’églises que d’hommes normalement… Je lui ai dit : - Par malheur, l’homme qui prétend avoir toujours raison, pense que c’est son approche à lui, qui est la bonne et veut l’imposer aux autres… - -Oui, l’Inquisition… les guerres de religions… mais tu sais, chez nous aussi il y a les Grands Ayatollahs du Rite ! Mais pour en revenir au nombre neuf, ton âge n’est que le carré de 3 multiplié par 7… et 6 et 3 valent 9… d’un plan tu es passé à un volume… C’était un peu trop compliqué pour moi qui n’ai jamais compris grand chose à la symbolique des nombres à laquelle on fait dire beaucoup de choses, alors je lui ai posé la question : - Pourquoi avoir modifié le Rituel d’Initiation au 13° degré et n’avoir qu’une Introduction à l’étude des Séphiroths ? - Ne crois pas que c’est uniquement pour la gloire de la Commission des Rituels et justifier son existence… C’est en réalité pour te laisser la liberté de travailler par toi-même… Mais je n’ai pas été totalement convaincu … Plage musicale N°3 En avions nous les moyens ? J Pas convaincu, du moins au début, en raison notamment des circonstances dans les quelles ça s’est passé. Je sais bien que je suis un des confidents favoris de la Sagesse, je sais bien que c’est pour dédier le temple qu’on m’a demandé de fouiller les gravats, mais je suis quand même allé chercher deux amis qui avaient la même curiosité que moi. Manque de chance Hiram étant toujours mort (on nous avait donc menti chez les bleus…) Salomon et le Roi de Tyr ne pouvaient rien faire, d’où notre équipée. G J’y ai d’abord été seul et me suis arrêté à la 4° trappe car je sentais que je pénétrais dans une autre dimension. Mais je n’ai pu m’éclairer qu’à la 6° avec un flambeau : était-ce l’effet de la rigueur ou celui de la miséricorde ? Je ne sais pas, en tous cas c’était avant la connaissance (petit C), l’intelligence et la sagesse. D’ailleurs il s’est éteint, ce flambeau, juste après la connaissance humaine car on approchait de la couronne et il ne peut pas y avoir deux Lumières en même temps: en fait… la nôtre n’est illuminée que par la Grande Lumière, mais je ne l’ai compris qu’à ce momentlà… Ca m’a fait tomber à genoux 2 ce qui a rassuré mes deux copains : ils sont enfin venus m’accompagner ! Ce n’est qu’après que nous avons trouvé le Delta avec son inscription. Nous nous sommes aidés tous les trois pour nous relever avant de remonter. Une fois de plus la meilleure des constructions se faisait dans le labeur et dans la peine, celle des ouvriers 3; il paraît que mon nom vient de là… mais est-on toujours sûr de son propre nom? S Nous étions assez satisfaits de rapporter ce Delta sur sa pierre aux deux Rois, mais ils nous ont encore frustrés en nous interdisant de lire le mot ! J’ai compris seulement après, beaucoup plus tard, pourquoi j’aurais été bien incapable de dire ce mot… Car à ce moment précis je n’avais les moyens ni de dire ce mot ni de retrouver la Parole perdue. D’abord j’étais placé trop loin de l’autel, je pouvais déchiffrer les lettres, mais pas en faire la synthèse ; ensuite le patron m’a enjoint de faire silence, je viens de vous le dire. En outre dans cette voûte souterraine j’étais placé au Nord, ce qui n’arrange rien pour y voir clair, même si on est dans l’endroit le plus sacré de la terre ! Heureusement d’ailleurs qu’on ne peut y être admis qu’en groupe, par trois au minimum, car l’entraide est indispensable pour avancer. J A un moment ceux qui étaient arrivés là avant nous ont applaudi par deux et trois : à y réfléchir maintenant je me dis que c’est parce que nous sommes placés entre la dualité et la synthèse. Ce qui correspond à la structure même de tétragramme comme on le verra plus loin. Mais pour le moment : pas moyen de retrouver la Parole perdue ! De plus nous étions dans une attitude plutôt passive, entre admiration et adoration ce qui correspond bien à mon état : je ne suis qu’un ouvrier (Ghiblim) qui « peut » En moi ne résidait qu’une potentialité et non un savoir, encore moins une connaissance. Mes moyens n’étaient que le zèle et la constance : avouez que c’est peu ! On m’a dit que je pourrais commencer à travailler quand le soleil se lèverait, mais ça ne servait pas à grand chose puisque j’étais dans une voûte aveugle… Encore une preuve de manque de moyens… 2 3 En réalité ce sera un peu plus tard… Ghiblim En fait, j’aurais dû m’en douter, que ça ne serait pas facile : juste avant mon entrée on m’avait retenu par deux fois avant de me laisser aller ! Ensuite on m’avait donné un flambeau pour me le retirer après seulement quelques pas… Sans doute, signe que ce n’est pas une lumière de nature matérielle qui me permettra d’avancer. En plus, ayant la main gauche dans le dos, je ne pouvais me servir de mon intuition… je n’avais que la raison ; et encore… seulement pour me protéger la vue ! C’est vous dire ! G Tout cela pour souligner que, ni nos motivations, ni les circonstances, ni les moyens n’étaient suffisants pour retrouver cette satanée parole ! Plage musicale N°4 Qu’avons nous découvert ? Bon ! C’est vrai j’ai découvert un truc qui, m’a-t-on dit, avait été déposé là il y avait bien longtemps par Enoch. Déjà, Enoch, parlez-en à n’importe qui… faut aller à Questions pour un champion pour en entendre parler… Mais à vrai dire qu’est-ce que c’était ? C’était un Delta resplendissant d’une Grande Lumière sur lequel était gravé quatre signes. Je dis signes et non lettres car je me méfie des mots. Quand on lit, quand on écrit, quand on pense on est dans la peur sans s’en rendre compte. Les mots vous entourent, vous cernent et finissent par vous piéger. J’ai rencontré des mots de toute beauté, mais qui ont mangé à de tels râteliers et, toutes hontes bues, touchés de tels jetons de présence qu’on n’ose plus parler. En plus les mots ont des oreilles : ils vous écoutent et il y a du monde derrière…souvent ils servent à ne pas savoir d’après P44 … Il faut se méfier du linge sale des mots ; on a souvent peur d’y toucher parce qu’ils sont couverts de taches suspectes que le mensonge y a laissé T41 . Et ici, quand on parle de Perfection, bien souvent ce n’est qu’un mot… J Revenons à notre aventure. Qui plus est : la pierre d’Agate n’arrange rien. L'Agate c’est la Prospérité, la longévité, elle donne la santé, mais c’est surtout l’une des douze pierres précieuses de la Jérusalem céleste de St Jean. L’Agate noire c’est le courage qui rend invincible ; la rouge c’est le calme qui préserve des tempêtes. Mais tout ça, ça fait un peu Almanach Vermot et même si c’est pur, l’agate ça n’est pas tellement transparent… G Alors, ce trésor le plus précieux, est-ce la Parole perdue ? Mais la Parole perdue, c’est quoi ? Est-ce le nom ineffable ? Car enfin, les noms substitués n’ont jamais servi à rien aux hommes, sinon ça se saurait ! Moi, je vais vous dire : le Tétragramme, il n’a de véritable sens que pour le Grand Architecte de l’Univers. L’homme ne peut guère en avoir qu’une compréhension intellectuelle de l’ordre du manifesté, alors qu’à mon sens, ce nom est de l’ordre de l’Esprit. Tout ce qui est en bas vient d’en haut, d’accord…mais tout ce qui est en haut ne peut être compris, saisi, intégré… le mot me manque…perçu dans sa réalité par ceux qui sont en bas. Ce grand nom n’est la Parole perdue que si, et seulement si, le Grand Architecte de l’Univers est le tout, car il contient alors aussi la Parole. Mais il n’est pas la Parole si cette dernière n’est qu’une manifestation de sa Puissance. Ii y a donc un prolégomène à la démarche : savoir ce que l’on cherche… or quant à moi, on l’a bien vu, je ne le savais pas… J’en étais encore au moment où je me trouvais devant la trappe condamnée par Salomon… J’était peut-être la demeure de Dieu… mais je n’étais qu’une petite, une toute petite demeure (Zebouloun) … Plage musicale N°5 Tout cela serait-il suffisant pour trouver la Parole perdue ? S Alors que nous révèle cette légende ? G Tout simplement que cette découverte ne peut se faire que par degrés, progressivement, d’où la structure de notre Rite. Et en étant aidé, de surcroît ! Ca remonte loin, tout ça : avant le déluge… Si Enoch a construit plusieurs voûtes c’est bien en raison de la protection que requiert cette Idée. Elle ne doit pas être divulguée à n’importe qui et c’est pourquoi Salomon le sage fait condamner la trappe… Remarquez : il nous a ensuite suggéré d’aller y fouillasser… Il n’y a que les choses un peu cachées qui excitent les hommes… il savait ce qu’il faisait ce coquin de Salomon… A tout cela s’ajoute la Prudence et l’entre aide : il faut épeler signe par signe… Ca nous rappelle de lointains souvenirs mais ça va beaucoup plus loin que de ne savoir ni lire ni écrire. Car cela signifie que la parole est faite pour être dite, c’est à dire manifestée, mais progressivement. Les signes qui composent le vrai mot, m’ont été dévoilés, encore faut-il que je les mette dans le bon ordre… ordo ab chao… Pour nous les hommes, il s’agit d’abord de vivre. Or les beaucoup plus tôt qu’on ne les enterrent T19 …Et on ne attendre qu’elle se montre capable de génie, d’autant montre capable c’est seulement dans les moments de beaucoup, vivre est une prière… seulement une prière… hommes souvent meurent peut pas passer sa vie à que souvent, si elle s’en cruauté d’après T41 … Et pour Alors, et c’est le second enseignement de ce degré, la Fraternité est nécessaire, ou au moins un compagnonnage bien compris. C’est parfois plus facile qu’on ne pense car la Fraternité comme la Démocratie et la Liberté, ne sont que des valeurs de convention : on ne les reçoit pas de la nature, ce sont des décisions, des choix, des proclamations de l’imaginaire N272 …Mais ça ne doit pas rester que cela. Bâtissons-là ! Faisons comme ce Roi qui, un matin d’été, donne un travail à faire à son ancien secrétaire intime… Ca c’est de la fraternité, rien d’autre… Ne faisons pas comme le christianisme qui, ayant raté la fraternité a permis la naissance du communisme stalinien… L’absence d’amour, vous savez, ça finit par prendre beaucoup de place N310 Alors, construisons-le ! Que voulez-vous, une fois de plus, j’ai le goût du merveilleux… de sont des restes d’enfance N300 …il ne faut pas m’en vouloir… Trouverons-nous la Parole perdue au stade suivant ? J Bon, laissons tomber ! J’admets que nous ne trouverons pas la Parole perdue pour le moment et en ce lieu… mais peut-être au stade suivant G Sous la voûte sacrée ? C’est intéressant ta question… d’abord nous allons nous y retrouver tous les trois… et même richement promus ! Toi, Stolkin tu seras toujours dans le noir mais au moins tu seras chargé des cérémonies. Toi, Johaben, au midi tu seras chargé du brûle parfums, de la truelle et du ciment mystique… Quant à moi, je serai toujours dans la pénombre… ça me sera toujours difficile de comprendre… Le Delta sera toujours présent mais on ne le verra qu’à travers des ruines et des colonnes brisées… c’est te dire… Par contre nous aurons rajeuni, tout en restant dans le nombre neuf… S Peut-être mais notre nourriture sera en plein midi : vin, huile, lait et farine. Evidemment le vin est présent à titre de secours et non de connaissance comme il peut l’être autre part, mais c’est déjà ça… Quant au symbolisme des trois autres aliments il me semble couvrir assez bien nos besoins énergétiques quantitatifs et qualitatifs. La seule chose qu’on nous conseillera d’ailleurs c’est de partager tout cela et de vivre « dans la vertu en s’assistant les uns les autres ». G Sans doute, mais tu t’aperçois très rapidement que la Parole perdue n’avait pas été retrouvée au grade précédent. Et ça, ça répond à la question que m’avais posée le Roi cet été. En effet 1°) les Grands Elus se munissent de leurs glaives pour défendre la Voûte Sacrée, 2°) l’Arche d’Alliance est seulement dévoilée plus tard°, 3°) une garde sévère est mise en place pour que seuls les Grands Elus puissent contempler les mystères du nom sacré et 4°) même Salomon devient sourd à la voix de l’Eternel ! Enfin, pour plus de sécurité, le nom sacré a été martelé !!! Tout ceci me semble prouver que mes deux amis et moi-même n’avions fait qu’entrevoir le Tétragramme avec même interdiction de le prononcer… Mais la plus grande preuve à mes yeux en est que nous avons assuré, devant le Roi, n’avoir jamais failli à nos obligations et devoirs, et n’avoir jamais commis de faute envers un Frère. Pourquoi je dis cela ? Parce que, à mon avis, seul celui qui est dans le noir le plus total peut prétendre cela… Les mecs exemplaires, ça n’existe pas ! Au fond d’eux-mêmes il y a toujours une certaine part d’ordure. Les types irréprochables sont des types qui s’ignorent P130 .Tout homme qui dit être bien dans sa peau est ou bien un inconscient, ou bien un salaud N202 . On ne peut pas avoir trouvé la Parole perdue et prétendre être sublime ! Enfin le Roi nous a demandé ce que nous venions chercher sous cette Voûte et nous avons répondu l’ultime perfection. Nous étions donc bien conscients de nos petites bassesses et de notre grand dénuement. J D’ailleurs, cette Perfection, est-ce bien réaliste ? G Souvent dans cette recherche nous vivons en malheureux, nous nous entretenons de littérature, et sur le dos de l’homme qui plus est ! Il y a de l’imposture dans l’homme, il faut bien le reconnaître… Et combien de tabliers masquent des Sganarelle… Eh oui ! Tu les connais bien toi, ces illustres petits adjudants mal élevés qui cherchent à te donner des leçons… Non, la recherche de la Perfection n’est souvent qu’un alibi moral à notre crime ; le crime de rechercher l’impossible… Et ce petit monde bien rangé correspond assez peu à mon désordre intérieur. Or il est bien difficile de s’oublier soi-même : pour atteindre la perfection et la Parole perdue… il faudrait qu’il y ait en moi encore plus de Rien… encore plus de Vide… qu’il y ait réellement de la place d’après P177 . Pour nourrir une aspiration aussi vaste, il faut beaucoup d’humilité dans les rapports avec soi-même, ça demande beaucoup de renoncement… Je ne sais pas pour vous, mais pour moi c’est difficile… Il faudrait prendre de la distance avec ce que je fais et ce que je suis… Il faudrait d’abord s’incliner, céder du territoire, c’est très dévirilisant…d’après T90 Les traités de paix avec soi-même sont les plus difficiles à conclure T109 …Il faudrait savoir ne plus vouloir être toujours vainqueur… tu sais : cette image du toréador en habit de lumière… les oreilles et la queue… Cette recherche de la Parole perdue, c’est seulement une question de rentabilité… savoir ce que ça nous rapporte comme Joie et ce que ça nous coûte en Souffrance… Il faudrait savoir faire le bilan froidement…Combien d’entre nous savent le faire d’aprèsT235 ? C’est dommage car je crois bien qu’elle est derrière ce voilelà, la Parole perdue… Plage musicale N°6 Conclusions S Alors que déduire de tout cela ? J Qu’on ne trouve la Parole perdue ni au 13° ni au14° degré, tout simplement ? S Alors ? Désespoir ? Laisser-aller ? Matérialisme pur et dur ? Le Paris-Rome, le Racing-Club de Lens, Conforama et Jean Pierre Foucault ? G Tu me connais trop pour savoir que c’est non. Je crois tout simplement nécessaire de continuer à travailler, à chercher, à tailler notre pierre. Tu le sais la transmission initiatique est lente, progressive et se fait par degrés. Sans doute atteindrons la Parole perdue dans un stade ultérieur… Sera-t-elle suggérée ? Révélée ? Découverte ? Chacun d’entre nous fera cette ascension différemment… A travers un certain nombre d’avatars sur lesquels on peut gloser un temps interminable, et nous ne nous en privons pas, quelle est la seule découverte à ce degré ? C’est le delta sur lequel s’inscrit le Tétragramme. Pour la première fois dans notre Rite, il est abordé réellement approché et touché. Pour la première fois on nous montre que cette découverte doit être entourée d’un certain protocole. D’où l’introduction des Séphiroths à ce moment-là précis. En effet, à quoi se réfèrent ces quatre signes ? Yod-Hé (Je Suis) représentent le monde caché, inaccessible à l’homme, l’ineffable et la nature même de cet ineffable… Vav-Hé (Celui qui Est) représentent les mondes effectivement créés, manifestation de la présence de Dieu, et le nôtre n’est certainement pas le seul. Enfin il y a le non-écrit, le discret ; le « à-découvrir » : c’est la copule entre les deux. Et c’est là, le plus important . C’est entre ces deux termes, en effet, qu’à mon sens se situe le concept d’Immanence, de Présence du Créateur dans le monde matériel. Le symbole que nous utilisons, nous après bien d’autres et notamment les kabbalistes, c’est celui de la Lumière. Et c’est pour cette raison que notre Rite ne peut se confondre, ni même s’accorder avec d’autres, en particulier le Rite français, malgré les tentatives récurrentes, malhonnêtes et grossières que ce dernier continue d’impulser et auxquelles certains hommes bleus sont tentés de succomber…Ce qui ne veut pas que l’on doive refuser de « causer » ensemble comme on dit… mais seulement sur les parvis… J Tu veux dire que si Dieu est parfait et inaccessible à notre entendement, le seul moyen d’approcher, de loin seulement, cette Parole perdue, ne saurait être que l’étude de sa manifestation dans la création ? Et de contribuer activement à cette dernière à notre poste et à notre office dans le monde ? Que c’est en faisant un travail sur soi constant pour respecter les Lois de la Nature, que se restaure une Unité au sein de laquelle nous pourrons peut-être découvrir la Parole perdue ? Cela, bien entendu passerait aussi par l’action… parfois on nous prendrait pour des fous, nous-mêmes, nous nous dirions éventuellement « c’est tellement dingue qu’il me faudrait peut-être me mettre au Lithium… » G Probable… Mais si vous allez voir votre psy il vous fera comprendre habilement que ce sont les autres qui n’ont pas les couilles suffisantes pour aller au bout d’euxmêmes…et alors vous vous réveillerez à deux heures du mat en vous disant que vous avez brusquement compris… Plage musicale N°7 C’est cette découverte, l’unité du Tétragramme à travers ses deux composantes, ainsi que sa réalisation 4 en quatre plans qui fait la spécificité de ce degré. C’est là l’intérêt de l’ultime des degrés salomoniens : ils proposent un mode d’investigation tant sur nos origines que sur notre devenir. Et si le Chevalier de Royal Arche ne retrouve pas la Parole perdue, il est du moins sur un nouveau chemin : celui qui conduit du Royaume à la Couronne. Quant à l’En-Soph!!! …Il ne faut donc pas s’étonner que les deux Rois fassent à cette vue un signe d’admiration et tombent à genoux. Ce sont deux nouveaux Moïse face à un buisson ardent. Et comme on les comprend ! Que faire d’autre face à ce verbe attribué à Dieu 5 qui n’est autre que sa Permanence dans le monde créé Ce Delta d’or sur la Pierre d’Agate n’est autre que la manifestation de la Gloire divine et les grands philosophes juifs en ont fait sa première création, de Saadia Gaon à Maimonide 6 .Cette Lumière est à la fois une demeure, un lieu et une permanence. C’est à la fois la Reine et le Roi, l’Epoux et l’Epouse, la Promise et l’Amant. Cette chekhina biblique devient la sakina arabe (Sourate II) 7 et la Shakti 4 Formation-Yetsirah, Emanation-Atsiluth, Création-Beryah, et Action-Asya . Beryah est le monde manifesté. C’est le lieu de la Gloire divine et aussi le lieu où l’âme apparaît. Asyah est le stade final du processus créateur, auquel nous participons. 5 « Sa lumière » écrit Maimonide dans le Monde des égarés I-64 . 6 voir supplément à ordo ab Chao N° 49 7 Le Sepher Yetsirah - Le Livre kabbalistique de la Formation Traduit et annoté par Georges Lahy (Virya) - (Entrevue avec Virya) Editions Lahy (1995) - 14,48 € - ISBN 2-9508887-1-2 - 183 pp. Le Sepher Yetsirah, ou Livre de la Formation, est le plus important des écrits anonymes de la Kabbale. Les kabbalistes, les alchimistes et les érudits de toutes les générations ont cherché à en percer le mystère. Le livre hébreu de la Formation décrit, en quelques pages, le processus de la Création du monde, à partir de l'émanation de dix Lumières divines (Séphiroth) et de vingt-deux lettres hébraïques, constituant les trente-deux sentiers mystiques de la Sagesse. hindoue : mère divine qui soutient aussi bien l’Univers que tous les êtres et les manifestations des dieux. Tentons d’imaginer que nous sommes Lumière, que tout ce qui nous entoure est Lumière, dans chaque direction… Imaginons… croyons sans fondement… la création est Lumière… 8 Mais c’est toujours la même histoire : si on veut parvenir à ce qui est en haut, il faut d’abord intégrer ce qui est en bas comme manifestation du Grand Architecte de l’Univers … Les deux parties du tétragramme n’en font qu’une en réalité, elles sont essentielles 9 et pourtant séparées…et c’est de cet exil que vient notre souffrance. Il nous faut réintégrer la Materia Prima… et cette réintégration est souffrance… c’est la mort… pas la mort du vieil homme… la vraie… acceptons le…c’est cela notre réalité ! L’halopéridol et les tranquillisants sont des trucs qui calment la réalité et la rendent moins agressive P172 c’est tout…Tous ce que nous croyons savoir est fait pour une bonne part de ce qui ne vaut pas la peine d’être connu N155 … nous sommes comme un bouquet de fleurs qui cherche un cœur et ne trouve qu’un vase T67 … J’ai compris cette nuit-là en me réveillant que je devenais chaque jour un peu plus étranger à moi-même et rien n’est plus inhumain, ou plus humain ce qui revient au même T155 C’est un sale truc de rester toujours jeune quand on vieillit, et c’est pourtant ce que nous essayons de faire dans nos temples. C’est d’autant plus difficile que la part d’inconnu et d’incompréhensible dans chacun de nous augmente avec notre progression. C’est un voyage sans retour, alors on peut comprendre qu’on hésite avant d’acheter le billet ! d’après T169 S Avoue que nous acceptons difficilement qu’une chose se manifeste simultanément sous deux aspects différents ! G Et pourtant, tiens, un exemple : la Lumière justement… n’est elle pas à la fois onde et matière ? L’eau ne porte-t-elle pas trois potentialités en elle même ? Le feu n’estil pas ensemble lumière et chaleur? La terre n’est-elle pas immobile pour nous et emportée dans un ouragan que nous ne soupçonnons même pas ? L’air, invisible et immobile en apparence, n’est-il pas violemment aspiré jusqu’au tréfonds de nous ? La lecture du livre se fait à plusieurs niveaux ; certains y découvrent les clés de la Création, d'autres une méthode de méditation sur les lettres hébraïques favorisant une réédification spirituelle. Les larges utilisations et reproductions des manuscrits du Sepher Yetsirah, au moyen-âge, ont eu pour conséquence la diffusion de versions divergentes. Actuellement, les étudiants en Kabbale ou Philosophie Occulte ont souvent du mal à accorder les relations symboliques données par le livre avec des citations de divers auteurs utilisant des versions différentes. C'est pourquoi, après avoir recensé les versions modifiées du Sepher Yetsirah, Virya propose ici l'édition des quatre textes les plus utilisés par les kabbalistes mais aussi les plus divergents. Ceci afin que chaque utilisateur du livre ait la vision la plus large et la plus intègre du texte. L'auteur présente quatre traductions du Sepher Yetsirah, dont deux avec le texte hébreu, à savoir : la version du Gaon de Vilna et d'Isaac Louria, qui fait référence ; la version dite "courte" d'Abraham de Posquières ; la version "longue" de Shabbataï Donnelo ; et la version de Saadya Gaon. Ces textes sont suivis de commentaires généraux proposés par Virya et de tableaux comparatifs entre les versions. Il ne s'agit pas d'un commentaire de plus sur le Livre de la Formation, mais plutôt d'une synthèse libre des grands commentaires élaborés par les maîtres de la Kabbale du XIIe au XXe siècle. L'auteur a inséré, en annexe, la traduction complète des propos de Nah'manide (1190-1270) sur le Sepher Yetsirah. 8 Azziel de Gérone. 9 Au sens propre du mot Essence et non existence Nous mêmes, ne sommes nous pas à la fois pensée et cerveau , germe d’humanité et pitoyables baiseurs, petits actes minables et don de nous mêmes, cordons misérables et parfois éclairs de génie ? J Tout à l’heure, au 14° degré nous serons devant la balustrade… pourrons-nous la franchir ? G Non… Notre construction se fait en repoussant sans cesse les limites…Ah ! Ce fameux problème scientifique des limites… Plage musicale N°8 C’est notre seule volonté qui va permettre ce choix : faire un pas de plus, ou ne pas le faire… Vais-je rentrer dans ce bistrot et boire une bière… et perdre d’un coup trente ans d’abstinence… ? Nous avons la liberté de passer mais parfois nous ne l’utilisons pas…Finalement, porter ce cordon autour de notre cou, c’est être disponible… disponible au monde, à autrui… à soi-même…à la nouveauté… à l’ordre et non au Chaos…à l’amour…mais aussi à la souffrance et à la peine… Tout se construit dans la douleur, nous a-t-on dit… C’est pourquoi décider d’arrêter cette progression, c’est décider de mourir… c’est pourquoi il faut décider de plonger dans ces dix miroirs afin d’avoir une vision, toujours partielle certes, mais cependant vision, de la divinité… comme il nous faudra bien un jour plonger dans cet autre miroir qu’est la mort, vers cet autre nous-même inconnu de nous et terrifiant, pour pouvoir mettre en œuvre notre Espérance de Le connaître… ce n’est que là que nous serons Autre et le Même pourtant… C’est pourquoi vers la fin de jours il serait bon que notre Malkuth rejoigne notre Kether… C’est cela que, in fine, la découverte du triangle d’or veut signifier. Notre dualisme, qui n’est que transitoire, historique, éphémère, doit se fondre à ce moment-là dans l’Unité créatrice. C’est uniquement pour ça que dans nos Ateliers on burine, on sculpte, on taille, on martèle, on polit, on ajuste, on cisèle… Même ceux qui parmi nous se disent agnostiques, les incroyants, les matérialistes à tous crins, les bouffeurs de curés, les petits-pères-combistes et raisonneurs de tous poils, les ayatollahs du Rituel, les Très Illustres mal élevés et autres petits capitaines…eh bien ! Tous ceux-là burinent, taillent, sculptent… ils travaillent, quoi ! C’est pour ça qu’il ne faut pas démissionner aux deux sens du terme… Quand tout va mal, quand il pleut, quand il pleure, quand tout nous fait chier, quand le voile du temple se déchire, quand on a l’impression d’être cocu, quand tout est mauvais et surtout nous-mêmes, quand plus rien ne marche et que la solution serait de partir seul dans sa solitude vers un univers enfin complet… alors là, à ce moment là…à cet instant impensable où la main va déconstruire… c’est à ce moment précis qu’il faut le prendre ce petit triangle d’or, le chérir, le contempler, prendre sa clé d’ivoire et pénétrer dans la resplendeur de l’Immanence…se faire tout petit, tout humble ; être soi-même et un autre à la fois… et que même s’il est tentant de ne plus y croire, le prendre ce risque créateur… aussi créateur que le doute… oui, prendre le risque de croire… c’est la seule chose à faire… Oh ! Oui… Je vous vois, mes petits Frères, ou du moins certains d’entre vous, je les entends les bons apôtres : « ma parole, ce Guibulum, mais ce n’est qu’une Foi de charbonnier ! Il va bientôt nous sortir Catherine Labouré ou Bernadette Soubirous… » Mais, qu’est-ce que vous croyez, mes Chéris ? Que croyez-vous que nous fassions ici ? Nous cultivons notre Foi, c’est tout ! Qu’elle soit maçonnique, ou autre, chacun la sienne ! Nous y croyons d’abord… et ensuite, mais seulement ensuite, nous tentons de la prouver, de la justifier… Ca vient après ! Regardons au fond de nousmêmes… et même quand nous sommes tentés de ne plus y croire… ça nous démange tellement… ça nous fait tellement peur…Alors, tout simplement, tout bêtement osera vous dire Guibulum, derrière cette trappe, par delà ces neuf voûtes, tombons à genoux et tendons nos mains ouvertes vers ce triangle, ce fabuleux trésor de quatre signes… et pour la Parole perdue, attendons encore un peu… cessons nos bavardages inutiles et orgueilleux… Heureux les cœurs purs Car ils verront Dieu et Heureux les simples en Esprit Car c’est à eux, et à eux seuls qu’appartiendront le Règne, la Puissance et la Gloire ! J’ai dit Discussion Question Nous percevons tous, en nous ce qu’il est nécessaire de chercher : cela est dû peutêtre à l’intuition de ce qui pourrait être parfait… Quant au Delta, il est martelé par la suite ce qui montre bien qu’on ne peut l’appréhender. Mais selon toi, faut-il « exporter » à l’extérieur de nous ce que nous portons à l’intérieur ? En tous les cas si c’est le cas faisons-le avec le sourire… Réponse Malheureusement non enregistrée, le magnétophone n’étant pas encore branché … Q On parle dans les degrés antérieurs, d’Emerek ; à degré-ci qu’est-il devenu ? R Emerek, homme vrai… Oui, dans d’autres degrés aussi on parle de Vérité. J’ai bien peur que cela aussi ne soit qu’un vœu pieux… C’est comme disait notre Président tout à l’heure… Moi, j’ai toujours peur du vœu qui n’est que pieu, car je n’ai pas assez confiance en moi, et ce sont des travaux comme celui-ci qui permettent de se reprendre un peu, de se resituer. Mais je crois que c’est la volonté, notre bouleusis, et la volonté seule qui permet ce travail. Mais il faut le vouloir, être motivé, il faut se raccrocher au travail sur soi-même, accepter de chuter… c’est un peu comme dans la recherche : c’est un processus par essais et erreurs. A chaque fois nous progressons un peu. Alors, pour te répondre : l’homme vrai, il devrait être toujours là, Mais l’est-il ? Je n’en suis pas certain. Dans mes planches, et dans la vie, je tente… Je n’y arrive pas toujours… Q La planche est celle d’un homme vrai. Il faut s’imposer des souffrances si nous voulons rester sur le chemin…. R Il n’y aurait qu’une réponse, c’est de te remercier de cette appréciation ! Mais de toutes les façons, nos travaux ne sont valables que dans la mesure où celui qui tient l’outil cherche à se dépasser. Et cela est souffrance, à un moment ou à un autre, puisqu’il passe d’un état à un autre… C’est une maïeutique à chaque fois… Quand on demande, au bout de la première année, ses impressions à un nouvel initié, généralement sa réponse ne contient que du rituel, uniquement du rituel, c’est une compilation, rien d’autre… C’est d’ailleurs la même chose dans les degrés dits supérieurs, jusqu’au trentième… C’est une bonne manière de se cacher, d’être politiquement correct… de ne pas mettre ses tripes à l’air… et, moi, ça ne me satisfait pas. Ce que j’attends, c’est qu’il nous dise ce qui s’est impressionné en lui, ce qui a modifié la nature même de la planche photographique… ce qui l’a marqué profondément, ce qui va faire mourir ce qui est ancien et mauvais en lui… Il me retourne de l’intellectuel alors que j’attends du ressenti. Je me trompe peut-être, mais je suis frustré, à chaque fois… Q Tu n’as pas besoin de trouver la parole Perdue, parce que tu as trouvé ta vérité. On n’a pas besoin, peut-être, de trouver la Parole Perdue… De toutes les façons, c’est le verbe de Dieu… R Ca, c’est intéressant, parce que c’est dans le Tétragramme ! C’est, comme je le disais, la copule entre les deux premiers et les deux derniers signes. C’est ce qui relie l’Essence à la Manifestation et donne du sens à celle-ci… D’où la devise Ordo ab Chao. Parce qu’il faut bien que nous nous y retrouvions dans cette fange ! Il faut déplacer les colonnes brisées, les vieilles pierres, bousculer les ruines ! Alors, avons nous besoin de retrouver la Parole perdue ? Je crois que oui…Avons nous besoin d’être vrai ? Je le crois également… Mais à cet égard il convient avant tout de rester simple, et si on ne peut répondre à cette question, il suffit de vivre, tout simplement… encore une fois : « Heureux les simples… » Vivre, oui, mais pas comme un salaud, évidemment ! et en disant « salaud » je ne parle pas des « bourgeois » comme Sartre, je parle de véritables salauds… Q C’est en nommant que l’on crée… D’où ton explication… Mais qui peut dire : « J’ai été en possession de la Parole Perdue » ? Il nous faut donc créer notre propre parole. R Entièrement d’accord ! D’ailleurs dès le début de cette planche je me demandais si nous la recherchions vraiment la parole Perdue ! Mais méfions nous… souviens toi : je me méfiais, avec Romain Gary, des mots… ces mots pleins de taches suspectes… Ne créons pas des mots, tenons de créer autre chose… Rituellement à nos degrés, on ne peut pas dire qu’on la recherche. Pendant cette aventure souterraine, on a trouvé le Delta, d’accord, mais qu’en fait-on ensuite ? Et surtout : quel est le sens de cette découverte ? Est-il suffisant que les Justes ne se plaignent pas du manque de Justice… simplement, ils œuvrent pour qu’il y en ait un peu plus… C’est pour cette raison que je dis : « Et maintenant il s’agit de vivre »… Mais ça ne force pas le sourire… Q Que vais-je garder de cette planche ? La nécessité d’être un réceptacle en permanence. Mais une question : en quoi cette recherche permet-elle de modifier le regard sur l’histoire des hommes ? R J’ai peur de prendre une échappatoire en te répondant ceci : l’histoire des hommes n’est faite que de cette recherche-là ! Je ne veux pas faire un jeu de mots, ni une virevolte, mais si on regarde l’Histoire, les guerres, les conflits et les avancées, les progrès ne surviennent qu’aux moments où les hommes ressentent de façon aiguë ce manque fondamental dans notre façon d’être. Bien sûr il y a en première ligne le manque de territoire, de nourriture, de puissance, de possibilités de développement, ou à l’inverse une soumission intolérable… tout ceci est le starter des conflits, mais la véritable raison, le commun dénominateur, c’est le manque, pas le manque de pain, mais le manque d’Esprit, le manque de sens… Par exemple, le développement du national-socialisme, et du communisme, et du terrorisme, et de toutes leurs déviations… C’est pour cela que l’Histoire se répète : nous ne trouvons pas les moyens de donner du sens. Ni individuellement, ni collectivement. Encore moins collectivement. Honnêtement, il n’y a que notre petite histoire personnelle qui nous intéresse ! On peut se demander si pour Bernadette Soubirous, il n’y a pas que sa relation à la Vierge qui l’intéresse… Ce qui n’est nullement réducteur d’ailleurs ! Nous vivons avec du sodium, du potassium et du vide… et pour remplacer ce Vide on fait la guerre, on torture, ou bien on écrit des sonnets et des opéras… Mais je suis bien conscient que ce n’est pas la réponse que tu attends… Parlons-en au repas qui va suivre… Q Qu’apporte ce degré après la beauté du précédent ? Et pourquoi Guibulum se retrouve-t-il finalement trésorier ? R Ce degré peut laisser une impression générale de frustration car c’est la fin d’un cycle. Dans notre Rite il y a des sommets et des vallées pleines d’ombre. Le 13° est un de ces sommets, alors après, évidemment on peut être déçu ! D’où peut-être, les trois étoiles : elles annoncent l’Espérance… Quant à Guibulum, s’il se retrouve trésorier c’est peut-être que la fonction d’un trésorier est de garder un trésor… Q La recherche de la parole perdue peut-elle changer l’avenir ? R Je crois que oui… quand même… parce que, sinon ce serait trop désespérant ! D’ailleurs si on survole l’Histoire avec un peu de hauteur, on ne peut pas dire que l’homme est meilleur qu’il y a quarante siècles, mais qu’il y a quand même des avancées… petites… regarde : les génocides, maintenant on les réprouve… ça n’empêche pas qu’il y en aient mais c’est répréhensible…c’est peu, c’est vrai… je pense qu’il y a plus de Justes qu’avant… mais ça aussi c’est une histoire de croyances… Q Cette recherche ne correspond-elle pas à la nostalgie des origines ? Celle de l’Unité perdue ? R Oui… Milton... Pourquoi ma réponse serait-elle meilleure que la tienne ? Mais pourquoi pas, oui la recherche de nos origines qui se trouveraient dans une unicité perdue ? Adam et Eve… mais aussi Caïn… de toutes façons comme je ne vais pas me dédire et comme je ne l’ai pas trouvée, cette parole, je ne sais pas… Je ne peux pas te dire Qui a raison, ou tort parmi tous ceux qui se posent la même question que toi ? C’est peut-être cela que le Tétragramme signifie Qu4il soit le Principe Créateur, je le crois ; que ce soit donc l’alpha et l’oméga, oui… Que ce soit à la fois notre origine et la réponse à la question, probablement, mais je ne peux le démontrer. Si le Grand Architecte de l’Univers existe, et que donc cette Unité Est, il n’y a que lui même pour avoir la réponse. Et c’est peut-être ce manque là qui nous fait rechercher la parole Perdue… Mais, dans ce cas : rendez-vous… là-haut… Q C’est quoi, l’Espérance ? R C’est une vertu. Et là aussi, ça n’est pas une pirouette. C’est pour cette raison que je dis qu’il y a de la Souffrance là-dedans. Car pour être un homme ami de la vertu et des hommes vertueux, il y a forcément de la souffrance. Je dis bien « de la souffrance » et non de « la douleur ». Il y a de la peur, aussi…Et l’Espérance est une vertu dont j’essaye qu’elle m’habite, même si je me dis sans espoir. L’Espérance est une vertu comme l’espoir n’est qu’un comportement. Un homme désespéré peut être habité par l’Espérance… ça n’est pas antinomique… voir le Docteur Rieux… la Peste n’empêche pas l’action… * * * Puis les travaux ont été clos rituellement. Nous sommes allé souper. Et les échanges ont continué… pendant que nous partagions le même pain…