handicap mental, une discrimination devenue banale mais

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handicap mental, une discrimination devenue banale mais
HANDICAP MENTAL, UNE DISCRIMINATION DEVENUE BANALE MAIS PLUS TOLERABLE ! L’Unapei en colère ne peut plus tolérer la banalisation des trop nombreuses discriminations dont sont victimes les personnes handicapées mentales. Les discriminations envers les personnes handicapées mentales sont entrées dans les mœurs voire devenues normales, dans l’indifférence des citoyens qui pourtant pour 84%1 d’entre eux ont conscience de l’importance de ces discriminations ! Ces actes violents, insultants, de rejet font le quotidien des personnes handicapées mentales et de leur famille à tel point qu’eux‐mêmes les ont intégrés comme « ordinaires ». « Nous, parents d’enfants handicapés mentaux, sommes si perpétuellement confrontés à la discrimination, que nous avons tendance à nous y habituer et à ne plus la voir. » Cela ne peut plus durer. En aucun cas cette discrimination doit être banalisée. D’autant plus que l’avenir et l’indépendance de la HALDE sont aujourd’hui menacés… Les chiffres sont accablants2 : Les jeunes handicapés sont huit fois plus discriminés que les autres. 45% des jeunes handicapés mentaux déclarent avoir subi au moins une discrimination. Parmi eux, 64 % déclarent être frappés de mises à l’écart, 87 % se plaignent de moqueries et d’insultes. Les situations de discrimination sont nombreuses et tellement fréquentes que devenues banales :  A Meudon, un riverain s’oppose à la construction d’un établissement pour personnes handicapées mentales vieillissantes, l’Unapei saisit la HALDE.  Le 22 mai 2010, Paul, jeune autiste de 18 ans a été interpellé violemment par la police municipale alors qu’il se promenait dans les rayons d’un supermarché.  Le 29 juin 2010, à Laval, un restaurant refuse un groupe de personnes handicapées mentales.  Le 2 mai 2010, un commerçant du Croisic insulte et chasse des personnes handicapées mentales de sa boutique.  En février 2009 à Pau, Air France refuse d’embarquer une jeune femme trisomique pourtant accompagnée.  A Carrière sur Seine, Monsieur Legendre entend des propos insultants,… Il en est de la responsabilité de chacun pour qu’enfin la France soit un pays plus tolérant, C’EST POURQUOI L’UNAPEI APPELLE : ‐ le gouvernement à montrer sa détermination à faire progresser la lutte contre toutes les discriminations en augmentant les moyens qui y sont consacrés et en garantissant le maintien et l'indépendance de la HALDE qui les combat ; ‐ les pouvoirs publics locaux à développer davantage la scolarisation, l’emploi des personnes handicapées mentales, l’accès aux loisirs, à tout ce qui est disponible pour tout un chacun. Rendre visible les personnes handicapées mentales, les côtoyer depuis le plus jeune âge facilite leur intégration ; ‐ les médias à informer les français sur le handicap mental pour qu’il soit mieux connu, donc mieux intégrer. 1
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Enquête Ipsos/Unapei – mai 2010 – Perception du handicap mental en France
Source : INSEE – Juillet 2010 ‐ étude sur les discriminations liées au handicap et à la santé
1 1. Etat des lieux : des chiffres accablants 
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18,5 % des motifs de saisine de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) sont liés au handicap ou l’état de santé, soit le deuxième motif de réclamation (Source : Rapport annuel de la HALDE) 3 millions de personnes, soit 1 personne sur 20, déclarent avoir fait l’objet de discriminations au cours de leur vie à cause de leur état de santé ou d’un handicap d’ordre moteur, sensoriel ou cognitif3. Ces discriminations peuvent revêtir la forme de moqueries, de mises à l’écart, de traitements injustes, voire de refus de droits en raison du handicap ou d’un problème de santé. (Source : INSEE – Juillet 2010 ‐ étude sur les discriminations liées au handicap et à la santé) 
Les personnes handicapées déclarent être nettement plus discriminées que les autres (8 fois plus pour les jeunes de 10 à 24 ans et 5 fois plus chez les adultes de 25 à 54 ans). (Source : INSEE – Juillet 2010 ‐ étude sur les discriminations liées au handicap et à la santé) ZOOM sur le handicap mental :  Les jeunes handicapés de moins de 25 ans déclarent être huit fois plus discriminés que les autres.  45% des jeunes handicapés présentant une déficience cognitive déclarent avoir subi une discrimination. 
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Les principaux types de discrimination qu’ils ont connus : mises à l’écart et moqueries, insultes. Et selon 45 % d’entre eux, cette discrimination est due à des préjugés et jugements de valeur. (Source : INSEE – Juillet 2010) En mai 2010 une enquête réalisée par Ipsos pour l’Unapei sur la perception du handicap mental en France révélait que :  84 % des français estiment que les personnes handicapées mentales font l’objet de discriminations importantes  67 % des français partagent au moins une idée reçue sur le handicap mental et même 81% des 70 ans et plus !  L’idée reçue arrivant en tête est celle qui consiste à croire que les personnes handicapées mentales n’ont pas conscience de leur différence (36 % des personnes interrogées). La discrimination envers les personnes handicapées mentales, au regard des chiffres, est due essentiellement aux préjugés et idées reçues. Il faut donc les combattre. Convaincue que connaitre les personnes handicapées mentales permet de mieux les accepter et donc de les intégrer, l’Unapei appelle toutes les parties prenantes: Etat, gouvernement, pouvoirs publics, médias, citoyens à prendre ses responsabilités. Les personnes handicapées mentales sont stigmatisées. Elles sont la cible privilégiée des moqueries et insultes. Si une majorité de français pensent qu’elles n’ont pas conscience de leur différence, peut‐être pensent‐ils que cela ne leur fait pas de mal… La méconnaissance est un fléau qui pousse au rejet. Il faut donc informer davantage la société pour qu’elle accepte enfin d’intégrer ses concitoyens handicapés mentaux » déclare Christel Prado, Présidente de l’Unapei. « 3
Déficience cognitive : troubles du comportement, les difficultés d’apprentissage, de concentration, de compréhension – s’apparente à la déficience intellectuelle/ handicap mental (autisme, Trisomie, TED, retard mental, …) 2 2. Un scandale à Meudon : L’Unapei saisit la HALDE A Meudon, un riverain s’oppose à la construction d’un établissement pour personnes handicapées mentales vieillissantes. L’Unapei saisit la Halde pour lui faire entendre raison. Verbatim : « Ils seraient mieux à la campagne »‐ « Je ne veux pas d’handicapés à côté de chez moi » Les faits : L’Apei de Meudon, en étroite collaboration avec la Mairie, envisage la construction d’un foyer accueillant 30 personnes handicapées mentales de 40 ans et plus, qui ne peuvent plus travailler et qui emploierait autant de personnel encadrant. L’Apei a obtenu les financements du Conseil Général des Hauts de Seine en 2009. La construction doit être entamée avant les 3 ans qui suivent l’accord des financements, soit avant 2012. La Mairie a associé les riverains au projet en créant un conseil consultatif. Un futur voisin du foyer se rend, en février 2009, au bureau de l’Apei de Meudon et déclare à Monsieur Beranger, secrétaire général : « Je ne veux pas d’handicapés à côté de chez moi ! » En mai 2009, ce voisin s’est invité à l’assemblée générale de l’Apei de Meudon et y a pris la parole devant 150 personnes : « ce n’est pas un endroit pour eux. Ils seraient mieux à la campagne,… » L’Apei de Meudon lui écrit de nombreuses fois pour essayer de lui faire entendre raison, en vain. Le permis de construire a été obtenu en avril 2010. Un voisin a déposé un recours gracieux et demandait la révision du projet. La Mairie a fait des propositions qu’il a jugées insuffisantes et a déposé un recours contentieux. Les conséquences :  La construction de l’établissement ne peut pas être engagée avant la décision du Tribunal administratif.  Les 30 personnes handicapées attendent avec impatience les places qui leur sont réservées. Certaines continuent à travailler en Esat et leur fatigabilité s’accroit, d’autres ont été renvoyés dans leur famille elle‐
même vieillissante, … L’Unapei soutient l’Apei de Meudon pour faire entendre raison à ce riverain qui à lui seul conditionne la vie de 30 personnes handicapées mentales et a donc saisi la HALDE. Aujourd’hui les manques de places en établissements sont criants :  13 000 enfants handicapés n’ont pas de solution éducative (Chiffre CNSA 2010)  30 500 personnes handicapées mentales vieillissantes (de plus de 45 ans) sont sans solution adaptées (Source : enquête interne Unapei juin 2009)  15 000 personnes handicapées mentales en attente de place en ESAT (Etablissement et service d’aide par le travail) (Source : recensement interne Unapei 2009) En plus des difficultés liées au financement de ces structures, les associations font face au rejet des citoyens. Ce type de discrimination n’est pas isolé. Une majorité des associations de l’Unapei sont ou ont été confrontées à des pétitions de riverains, des recours pour empêcher leur projet de construction d’établissement de voir le jour. Ici, c’est la goutte d’eau. Nous ne tolérons plus. Nous avons donc saisi la HALDE » déclare Christel Prado. « 3 3. Témoignages de victimes de discrimination Paul, jeune autiste de 18 ans, interpellé violemment par la police municipale alors qu’il se promenait dans les rayons d’un supermarché « Peut‐être faudrait‐il qu'il porte un T‐shirt avec une inscription : « Je suis autiste mais inoffensif … » Comme à son habitude, Paul parcourt les rayons du supermarché Carrefour de Saint‐Lô pendant que ses parents font leurs courses. Le vigile le voit, le poursuit. Paul court. Le vigile appelle le directeur du supermarché qui appelle aussitôt la police nationale. Les policiers plaquent Paul au sol et le menottent avec une violence telle que Paul en gardera des traces quelques jours. Cet événement dramatique nous a fait brutalement prendre conscience qu'il deviendrait difficile de faire nos courses avec notre fils à l'âge adulte. Désormais, nous appréhendons les sorties en public. Peut‐être faudrait‐il qu'il porte un T‐shirt avec une inscription : « Je suis autiste mais inoffensif » ? Cela n’arriverait pas si la société était sensibilisée au handicap mental. Le comportement et le mutisme de Paul auraient été mieux compris. Paul a eu de nombreuses ecchymoses et son pull déchiré. Il a surtout été très ébranlé par cet incident. Nous avons dû consulter le psychologue de l’IME dans lequel il est accueilli. Les parents de Paul avec le soutien de l’Apei Centre‐Manche ont écrit au directeur du supermarché afin de solliciter un rendez‐vous. Lors de cette rencontre, le directeur a reconnu la nécessité de former son personnel à l’accueil de personnes handicapées. Depuis, le directeur n’a plus jamais répondu aux relances de l’Apei Centre‐Manche.
Copie du courrier des parents de Paul envoyé au Directeur du supermarché : 4 A Laval, un restaurant refuse un groupe de personnes handicapées mentales « L’Adapei de la Mayenne a saisit la HALDE » Le 29 juin 2010, une accompagnatrice a téléphoné en fin de matinée à un restaurant de Laval pour réserver une table pour le soir même. Lorsqu’elle a précisé qu’elle réservait une table de 12 personnes déficientes intellectuelles la réponse a été la suivante : « Je suis désolée, mon chef n’accepte pas les personnes handicapées, il veut avoir une certaine clientèle, je n’y suis pour rien, c’est mon chef qui décide ». Face à cette situation inacceptable, l’Adapei de la Mayenne a saisi la HALDE. Le dossier est en court d’étude. Un commerçant du Croisic insulte et chasse des personnes handicapées mentales de sa boutique « Les accompagnatrices ont porté plainte » Le 2 mai 2010, après une visite d’exposition artisanale dans l’ancienne cité du Croisic, cinq personnes handicapées mentales avec deux accompagnatrices s’arrêtent devant la vitrine d’une jolie boutique de décoration. Ils entrent. Il y avait du monde dans la boutique lorsqu’il bruit retentit. Le commerçant s’exclame en regardant avec insistance l’une des accompagnatrices : « eh ben voilà ! ». Une cliente explique que c’est une boite à bijou qui s’est refermée toute seule. L’accompagnatrice en question lui demande « est‐ce qu’il y a un problème ? » et le commerçant de répondre : « ben oui y’a un problème ! Sortez du magasin ! C’est dimanche, il y a du monde ! ». L’accompagnatrice outrée s’exécute. Elle sera bientôt rejointe des autres membres du groupe. Le commerçant menaçant sort de son magasin et leur barre la route : « Grosse conne ! Je t’aurai ! Des clients cons j’en ai ! » et il ajoute qu’elle faisait fuir les autres clients. L’expérience a été traumatisante pour les personnes handicapées. Les accompagnatrices ont porté plainte. Refus d’accès à l’embarquement pour une jeune femme trisomique « Le handicap se voit, il est discriminé » Tout le monde se souviendra du refus d’Air France à embarquer une jeune femme trisomique en février 2009, du seul fait de son handicap. La jeune femme se rendait avec 4 autres skieurs béarnais aux Jeux Mondiaux d'Hiver aux Etats‐Unis. Les sportifs, atteints d'un handicap mental, étaient accompagnés par deux personnes. Le comandant de bord veut vérifier qu'aucun problème particulier ne se poserait si ces passagers étaient amenés à appliquer les consignes de sécurité auprès de l’un des accompagnateurs du groupe. L'avion finit par décoller après un retard. Interrogé par le quotidien Sud Ouest, le président de l'ADAPEI 64 estime que "c'est parce que le handicap de la jeune skieuse se voyait sur son visage que le problème est survenu, ce qui n'a pas été le cas pour les autres sportifs ". Monsieur Jean‐Luc LEGENDRE ‐ AVENIR APEI a CARRIERE S/SEINE (78) « Les parents se taisent, il faut que ça cesse » Nous étions ma femme et moi dans un magasin de vêtements de travail à St Cyr l'Ecole, pour compléter les vêtements de travail de mon fils, porteur d’un handicap mental léger. 5 Une mère de famille et son mari, qui venaient de passer deux jours à chercher l'adresse du magasin entrent en furie. Des propos de la mère, d'environ 40 ans je retiens les suivants : « C'est probablement pour respecter votre quota d'handicapés que vous mettez des débiles pour répondre au téléphone, ça fait 2 jours que nous cherchons partout votre magasin, et personne de votre standard n'est capable de nous renseigner... » Ces propos nous ont été droits au cœur. Ce qui me frappe dans cette situation est que cette mère de famille, n'ayant de culture sur le handicap, n’a su imaginer les ravages qu'il fait chez les personnes elles‐mêmes, leurs familles et leurs amis. Je n'avais aucune haine pour cette femme, plutôt de la pitié qu'elle puisse penser ainsi. Les grands responsables sont le manque d'information du public, leur invisibilité dans la société. J’entends de plus en plus « ras le bol les handicapés, ils nous prennent notre fric, nos places de parking, etc. ». Les parents se taisent, il faut que ça cesse. 6 

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