FireFox, le renard qui veut grignoter Explorer

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FireFox, le renard qui veut grignoter Explorer
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Economie
FireFox, le renard qui veut grignoter Explorer
Le navigateur, développé par un réseau de bénévoles, a été lancé mardi dans sa version
1.0 • Son ambition: devenir une alternative grand public au logiciel de Microsoft •
Par E.C.
mardi 09 novembre 2004 (Liberation.fr - 18:08)
Un air de révolution plane sur le Web. La sortie, mardi, du navigateur Firefox pourrait relancer une technologie
qui, fait exceptionnel dans l'informatique, stagne depuis presque six ans. Avec Internet Explorer, Microsoft est
aujourd'hui en situation de quasi monopole sur le marché du navigateur, l'élément clef qui permet d'accéder à
tout le contenu disponible sur le Web. Or, depuis 1999, et la version 5.5 de son butineur, la firme de Redmond
n'a plus fait évoluer les fonctionnalités de son produit, se contentant, avec la version 6 sortie en 2001, d'une
évolution essentiellement cosmétique.
«Par rapport à Internet Explorer, Firefox constitue un bond technologique, explique Tristan Nitot, président de
l'association Mozilla-Europe qui promeut le logiciel. Il est plus rapide, plus pratique pour le grand public...» Et
gratuit. Fruit de plusieurs années de travail, Firefox est en effet un logiciel dit «libre», créé par une
communauté de développeurs «open-source» bénévoles regroupés autour de la Fondation Mozilla. «C'était une
révolution culturelle, se souvient Tristan Nitot, président de l'association Mozilla-Europe. Nous ne devions plus
seulement nous occuper de l'informatique, mais aussi de la distribution, de l'image, et de la promotion de notre
produit. Nous avons décidé de créer un navigateur très simple à utiliser, convivial. Parfait pour 90% des
utilisateurs.»
Objectif: 10% de part de marché
Si les alternatives existaient déjà (Opera ou Safari...), aucune n'avaient réussi à séduire massivement le public.
Firefox a déjà réussi sa percée: depuis le 13 septembre dernier, sa version test - uniquement en anglais et
souffrant encore de quelques bugs - a été téléchargée plus de 8 millions de fois. La semaine dernière, sur
Liberation.fr, plus de 12% des internautes utilisaient déjà Firefox, ou Mozilla. Ils étaient 5% au mois de janvier.
Tristan Nitot n'en revient pas: «On s'attendait à un million en dix jours, surtout de la part des gens qui nous
connaissaient déjà. Il y en a eu deux millions. Alors que normalement, pour une version de test, il baisse, le
taux de téléchargement est resté presque constant depuis.» La version définitive, rendue disponible mardi
matin aux alentours de 10h heure française, en quatorze langues, dont le français, et débarrassée de tout bug,
devrait donc logiquement s'imposer comme le concurrent majeur d'Internet Explorer, faire passer ce dernier en
dessous de la barre des 90% de part de marché.
Une pub sur le New York Times
C'est en tout cas ce qu'espère la communauté Mozilla qui ne lésine pas sur les moyens pour y parvenir. Un
appel à dons a en effet été lancé pour assurer la promotion de Firefox, et 250.000 dollars ont pu être réunis. Ils
ont entre autre servi à acheter une pleine page de publicité dans le New York Times. Du jamais vu dans la
«communauté du libre». Les créateurs de Firefox restent cependant persuadés que leur meilleure publicité
reste le navigateur lui-même. «En plus, dit Tristan Nitot, il respecte totalement les standards du Web. Même si
ça semble moins important pour l'utilisateur lambda, c'est sans doute le point le plus important pour l'avenir
d'Internet.»
Depuis ce matin, le site Mozilla.org est quasiment inaccessible. En plus d'un nombre accrus de visites, il
semblerait, d'après nos informations, qu'il soit l'objet d'une attaque de type «déni de service». Pas d'inquiétude
pour autant, quelques heures à peine après son arrivée officielle, Firefox est déjà présent sur les sites de
téléchargement (par exemple telecharger.com ou clubic.com). On n'arrête pas une révolution si facilement...
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