L`église royale de l`hôtel des Invalides

Transcription

L`église royale de l`hôtel des Invalides
MUSÉE DE L’ARMÉE
FICHE-OBJET
Histoire de l’hôtel des Invalides
L’église royale de l’hôtel des Invalides
En 1676, l’architecte Jules Hardouin-Mansart est appelé
par Louvois pour édifier l’église Saint-Louis des Invalides.
Il prolonge la nef, dite aujourd’hui « église des soldats »,
par une impressionnante chapelle royale, « l’église du
Dôme ».
L’objet en lui-même…
L’édifice forme un volume, presque carré à sa base, couvert
d‘une terrasse surmontée d’un dôme sur tambour. La
façade orientée au sud est précédée par un frontispice
saillant qui constitue l’entrée monumentale de l’église
royale. Elle est structurée par une forte corniche et un jeu
de colonnes alignées et superposées dont l’ordre architectural
change à chaque niveau. Le fronton qui couronne
le portail élève le regard vers le dôme. De part et d’autre
de l’entrée, les grandes statues de saint Louis par Nicolas
Coustou et celle de saint Charlemagne par Coysevox
introduisent le discours décoratif.
Le tambour comporte deux niveaux d’inégales hauteurs.
Le second niveau du tambour est percé de petites fenêtres
invisibles de l’intérieur de l’édifice : s’intégrant à un
Façade de l’église du Dôme des Invalides.
ingénieux système de coupoles emboîtées, elles éclairent
© Paris, Musée de l’Armée/RMN-GP 11-540219.
la peinture de la coupole sur charpente (cf fiche-objet
« La coupole du Dôme par Charles de la Fosse »). Le dôme porte un lanternon surmonté d’une flèche fleurdelisée,
sommée d’une croix. L’ensemble s’élance vers le ciel et culmine à plus de 101 m. L’impression de légèreté est
accentuée par la distribution en quartiers des motifs du toit dont la dorure souligne, et guide le regard jusqu’à
la croix. L’église royale reste le monument le plus haut de Paris jusqu’à la construction de la tour Eiffel.
Le plan intérieur a été fortement transformé, entre 1842 et 1853, par le creusement de l’excavation et l’érection
du grand autel à baldaquin lié au tombeau de Napoléon. Néanmoins, on perçoit encore l’organisation initiale
autour d’un espace central en forme de croix grecque qui délimite quatre chapelles latérales.
Action pédagogique du musée de l’Armée - hôtel des Invalides / [email protected]
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Avant l’édification de la verrière, en 1873, le chœur était
commun aux deux églises ; le souverain et les pensionnaires
pouvaient ainsi assister, chacun de leur côté, à une
même célébration.
Le décor extérieur et intérieur suit le même programme
symbolique : célébrer l’alliance de la monarchie
française et de l’Église catholique. À l’intérieur, même
si le travail de la pierre domine dans les parties basses,
l’œil est immédiatement attiré par les peintures des
coupoles emboîtées. La coupole inférieure (percée en
son centre) est découpée en douze quartiers, chacun
dédié à un apôtre peint par Jouvenet. Ils forment une
sorte de piédestal visuel à l’imposante composition
de Charles de La Fosse qui orne la coupole sommitale :
« entrant dans la gloire, parmi les anges, Saint Louis
présente au Christ sa couronne, son épée et son blason ».
Mosaïque en marbre du pavement de l’église du Dôme , réalisé entre 1701 et 1709.
© Paris, Musée de l’Armée/RMN-GP 06-506860
À la base du tambour, une frise fleurdelisée présente
douze portraits de rois de France, commençant par
Clovis et s’achevant par Louis XIV. Les murs et les sols
multiplient les symboles personnels ou dynastiques du
roi et les références à saint Louis.
L’objet nous raconte...
Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) est un jeune
architecte lancé quand Louvois lui demande d’élaborer
un projet d’église monumentale pour les Invalides,
puisque Bruant, jusqu’ici en charge des travaux de
l’Hôtel, n’y parvient pas. Hardouin-Mansart réagit
rapidement en adaptant un projet inabouti de chapelle
funéraire conçu par son grand-oncle François Mansart
pour les Bourbons à Saint-Denis.
Ange tenant la Sainte Ampoule par Anselme Flamen (1647-1717). En dessous, monogramme
de saint Louis. © Paris, Musée de l’Armée/RMN-GP 06-505715
Médaillon « Louis XIV », dôme des Invalides.
© Paris, Musée de l’Armée/DRHAPM
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Action pédagogique du musée de l’Armée - hôtel des Invalides / [email protected]
Hardouin-Mansart s’appuie sur l’existant : la nef conçue par Bruant subsiste, avec son entrée au nord, destinée
au culte quotidien des vieux soldats, tandis que le roi dispose, par le sud, d’un accès grandiose qui lui est réservé.
Les artistes les plus réputés sont engagés et placés sous la direction de Girardon et de Le Brun, puis HardouinMansart impose une nouvelle génération d’artistes : Coysevox, Coustou, de la Fosse, Jouvenet parmi les plus
importants. Le programme symbolique présente de multiples variations sur un même thème unitaire : le roi
de France tient son pouvoir directement de Dieu ; la continuité et l’ancienneté remarquables de la dynastie à
laquelle il se rattache témoignent de son statut exceptionnel. Nous sommes ici au cœur de la conception d’une
monarchie de droit divin. Le roi, lieutenant de Dieu sur terre, a pour mission de défendre la vraie foi, c’est-à-dire
la religion catholique. Comme son ancêtre et modèle saint Louis, Louis XIV doit pourchasser l’hérésie : en 1685,
il révoque l’édit de Nantes, pensant – à tort – mettre fin au protestantisme dans le royaume. Les pères de l’église
sont régulièrement évoqués, par exemple dans les chapelles d’angle. Clovis, roi des Francs, illustre la
longévité dynastique et l’ancienneté de la dimension catholique. Charlemagne associe les rois de France, par
droit d’héritage et d’ancienneté, au prestige impérial, les plaçant au-dessus de tous les autres souverains d’Europe,
comme le souligne Louis XIV dans ses Mémoires pour l’instruction du dauphin : « Je ne vois donc pas, mon fils,
par quelle raison des rois de France, rois héréditaires et qui peuvent se vanter qu’il n’y a pas aujourd’hui dans le
monde, sans exception, ni meilleure maison que la leur, ni monarchie aussi ancienne, ni puissance plus grande,
ni autorité plus absolue, seraient inférieurs à ces princes électifs » : il s’agit des Habsbourg, empereurs du Saint
Empire romain germanique, élus et non héréditaires.
Les travaux durent une trentaine d’années, retardés et limités par les contraintes financières causées par les
guerres continuelles du royaume. Hardouin-Mansart renonce ainsi, au sud, à compléter l’accès à l’église royale
par une grande place en partie cernée par une colonnade en hémicycle.
Vue de la coupole © Paris, Musée de l’Armée/RMN-GP 11-540219.
Action pédagogique du musée de l’Armée - hôtel des Invalides / [email protected]
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