Sémiométrie 2004 : Radio et Presse Magazine
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Sémiométrie 2004 : Radio et Presse Magazine
backstage » » » décembre 2005 | numéro 21 | bureau de dépôt : Bruxelles X | 20 ans de l’Audimétrie, un anniversaire à ne pas zapper Radio Observer 2005 Le marketing au féminin Sémiométrie 2004 : Radio et Presse Magazine Editeur responsable FREDDY TACHENY 3 EDITORIAL backstage Rédaction Rédacteur en chef MARCO MARINI Réalisation ISABELLE JORIS Contributions LAURENT BASTIN ANNE BORGERS LUDOVIC DE BARRAU WOUTER DELVA MATHILDE JACQUET LAETITIA MARY SYLVIE VAN HECKE Traduction COMMUNICATION WISE LUC FRANKEN Illustrations IMAGE BANK CORBIS ZEFA IMAGES Lay-out BOONE-ROOSENS N.V. Contact TÉL : 02 679 53 91 FAX : 02 679 52 39 IP Avenue Ariane 5 1200 Bruxelles www.ipb.be «Aucune partie du présent ouvrage ne peut être reproduite et/ou rendue publique sans autorisation écrite préalable de l’éditeur». L ittle Big Brother Dans les sujets récurrents des symposiums, déjeuners débats, soirées GRP, … nous entendons de plus en plus souvent parler de la mesure passive de l’audience de la radio et de la télévision. Ces petits audimètre portables sont capables de définir assez précisément les émissions « entendues » par les auditeurs et téléspectateurs, partout où ils se trouvent, et ceci sans leur demander d’autre effort que de porter sur eux l’audimètre. Un petit « Big Brother » qui se présente sous la forme d’une montre, d’un téléphone portable ou d’un « pager », porté à la ceinture ou dans un sac. On le présente comme la solution miracle à tous les problèmes des études classiques, lesquelles seraient complètement dépassées et appartiendraient déjà à la préhistoire. Certains le voient même comme le futur « single source » réunissant toutes les études d’audience. Evidemment, en dehors du CIM et de ses commissions techniques, il est facile de refaire le monde. Or il y a encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’en arriver à l’utilisation d’un tel système. Les Anglais par exemple testent depuis plus de cinq ans ces petites machines pour déterminer si elles sont bien adaptées à leur marché et évaluer les améliorations nécessaires tenant compte des spécificités de leur paysage radio. Le passage à la mesure passive en radio se ferait dans ce pays en 2007 ou 2008, et un gros investissement est consenti aux tests. Le coût présente un premier problème, car ces technologies coûtent très cher, et ne permettent donc pas de réaliser de gros échantillons. Le Québec par exemple, première région du monde à être passée à la mesure passive de la télévision, compte un panel de seulement 530 audimètres, pour une population de 7,5 millions d’habitants. Pouvons-nous nous contenter d’un si faible échantillon ? Les bureaux d’étude proposent une solution budgétaire en réunissant dans un seul panel la radio et la télévision, mais ces deux médias demandent un « reporting » bien trop différent : un panel relativement réduit mais permanent est souhaité pour la télévision qui a besoin de chiffres quotidiens, alors que la radio requiert des échantillons 10 fois supérieurs, mais n’a pas besoin de rapports aussi réguliers et se contenterait d’une semaine de mesure. Le second inconvénient à régler est de taille lui aussi : trop peu de gens portent l’appareil le matin, dès leur réveil et pendant le petit déjeuner. Or ces heures sont stratégiques pour la mesure de l’audience de la radio, car elles représentent le peak de ce média. Et la perte est estimée à 30% du volume d’écoute ! « Big Brother is watching you », mais à condition que vous participiez un minimum. Il reste donc beaucoup de questions techniques auxquelles nous devons répondre, et une question budgétaire essentielle : l’investissement supplémentaire en vaut-il la peine ? Par ailleurs, ces audimètres sont en plein développement et ont encore beaucoup de progrès à réaliser. Il y a deux ans on ne parlait encore que du PPM d’Arbitron et de la MediaWatch de GFK. Depuis peu on parle beaucoup de l’Italien Eurisko, et enfin d’IPSOS, qui se lance dans le jeu avec un système utilisant des téléphones portables, mais qui n’en est encore qu’au stade des tests en laboratoire. ■ M.M. 4 SOMMAIRE p. DOSSIER 5 La Radio et la Presse Magazine sous l’angle de la Sémiométrie 2004 Depuis 1992, la Sémiométrie analyse, sur base de cartes de mots, les publics cibles sous un angle socioculturel. Cette édition de Backstage propose un focus sur les médias Radio et Presse Magazine, en adoptant deux approches d’analyse différentes. Pour la Radio, les cartes sémiométriques de toutes les stations au Nord et au Sud du pays sont passées au peigne fin et pour la Presse Magazine, c’est la méthode des « champs de valeur » qui a été choisie. Il ressort des deux volets de cette étude d’intéressantes suppositions sur le profil socioculturel des auditeurs et lecteurs belges. FOCUS 16 20 ans de l’Audimétrie, un anniversaire à ne pas zapper SYMPOSIUM 19 • Conférence de Stratégies : le marketing au féminin • Conférence FIPP à Varsovie :‘Succesfull selling through powerful research’ RESEARCH 23 • Radio Observer 2005 METHODOLOGY 26 CIM MDB : vers une nouvelle pige publicitaire … CONSUMPTION 27 Les acheteurs fidèles des marques A sont-ils aussi fidèles aux enseignes de magasins ? BOOK 30 Nicolas Riou : Peur sur la pub DOSSIER Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | 5 La Radio et la Presse Magazine sous l’angle de la Sémiométrie 2004 Depuis 1992, année de la première publication de la « Sémiométrie » en Belgique, IP s’attache à disséquer régulièrement les enseignements de cette étude. C’est le bureau TNS qui produit chaque année des données et des cartes sémiométriques dans son étude « Brand Media Monitor ». a Sémiométrie est l’une des méthodologies les plus abouties pour analyser sous un angle socioculturel les publics cibles. Basée sur des cartes de mots, elle peut paraître étonnante pour les néophytes, mais elle s’est pourtant imposée comme une méthode fiable et d’une approche analytique relativement simple. La sémiométrie permet de dresser des cartes de mots surinvestis par les consommateurs, auditeurs, lecteurs, téléspectateurs… Derrière les mots que l’on aime ou que l’on rejette se cachent des valeurs de société. Et ceci permet d’approcher d’une façon très créative les publics de nos médias. L Pour l’édition 2005, Backstage vous propose un focus sur les médias Radio et Presse Magazine, avec deux approches d’analyse différentes. Pour la radio, nous avons privilégié une approche plus classique, faite d’analyses fouillées des cartes sémiométriques de toutes les stations de radio au Nord comme au Sud du pays. Ces analyses dégagent sur les cartes des groupes de mots homogènes et les valeurs distinguant les univers de chaque radio. Pour la Presse Magazine, nous avons préféré utiliser la méthode des « champs de valeurs », proposée par TNS. Il s’agit en réalité d’une typologie répartissant les 210 mots de la sémiométrie en 13 groupes, ou champs de valeurs : Matérialisme, Sociabilité, Critique, Croyant, Pragmatisme, Sensualité, Rêve, Culture, Discipline, Domination, Idéalisme, Rationalisme et Traditionalisme. »»» » DOSSIER Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | Paysage Radio varié au Sud et uniforme au Nord e cru 2004 de l’étude Brand Media Monitor, et en particulier l’analyse sémiométrique, nous présente un nouveau panorama radiophonique au Sud et au Nord. Ces observations sont d’autant plus intéressantes qu’elles ont été réalisées après les changements survenus dans le paysage francophone et néerlandophone depuis 2001 : apparition de 4FM et Q-music au Nord, refonte des stations de la RTBF et lancement de nouvelles radios privées au Sud. Les cartes sémiométriques reflètent pour chaque station un univers bien distinct et des traits caractéristiques spécifiques au travers des valeurs qu’elles dégagent ou celles que recherchent leurs auditeurs. L Les stations francophones « jeunes » Fun Radio On retrouve 3 grands thèmes dans les valeurs que dégage Fun Radio : • l’insouciance (Danger, Sauvage, Mystère, Masque, Ruse etc.) • la séduction (Séduire, Parfum, Désir, Légèreté etc.) • la réussite (Gloire, Ambition, Puissance, Adorer) NRJ NRJ dessine un nuage assez compact sur la carte, où les mots sur-notés se situent majoritairement du côté du Plaisir. On note un thème essentiel chez NRJ : la sensibilité (Intime, Féconder, Rêver, Séduire, Une île, Une émotion etc.). Ce thème est le reflet du profil féminin de la station. Ses auditrices aiment rêver et s’évader : elles sont en quête d’émotions amoureuses, sensuelles ou simplement tendres. Elles recherchent le bien-être autant en couple qu’en famille. Si on observe le cœur de cible de la station (les 15-34 ans), NRJ se positionne comme une station plaisant à un public de jeunes plus matures, attachés à des valeurs de réconfort familial (La famille, La naissance, Le confort, La confiance, Guérir etc.). En outre, ils valorisent des notions plus tradi- tionnelles proches de l’axe du Devoir, ce qui peut se traduire comme une manifestation de leur idéalisme et de leur quête de l’harmonie parfaite (Sublime, Ambition, Eternel, La tradition, L’honneur etc.). Pure FM A l’opposé de la précédente, cette nouvelle venue dans le paysage radiophonique francophone se place également à proximité de l’axe du Plaisir mais du côté du Détachement et du Conflit. Elle sur-note 3 types de valeurs : • l’esprit « rebelle » (Noir, Le Danger, Le Feu, L’Ironie, Critiquer, Un Labyrinthe etc.) • la sensualité et l’évasion (Rêver, Séduire, Sensuel, La Légèreté) • l’appartenance à une tribu (Original, Différent, Aventurier) Le profil majoritairement masculin de cette station se remarque au travers des mots exprimant le goût de l’aventure, de l’évasion au masculin mais également l’esprit critique et même « rebelle ». Ils veulent se démarquer en contestant les règles de la société actuelle (ils sous-notent La Ferme- 1. Fun Radio Source : BMM 2004 15+ Sud Attachement Overscored words Underscored words Un mariage Une Fleur Une Maison Un Cadeau Une Recompense La Conflit L’Argent La Naissance La Tendresse Rire La Confiance Ensemble La Victoire Contestataire, jeunesse d’esprit La RichesseLa Campagne Consoler Le Pouceur La Mode Gratuit Moelleux La Fermete Un Livre La Morale L’Elegance Le Theatre Séduction La Minceur Une Dynamique La Discipline La Moderation Réussite Un Animal L’Or Un Parfum L’Ecole L’ame L’Ambition Intime La Gloire La Science Bleu Le Recueillement Adorer Feconder Eternel Une Regle L’Eau Efficace Conquerir Rever Un Sacrifice La Perfection Le Desir L’Industrie Interdire La Legerete Sublime Concret Seduire Original La Magie Ocean Maitiser Immense Charnel Sensuel Une Emotion Trahir Un Noeud Metalique Raffine La Chasse Boheme Une Ile Un Defi La Puissance La Nudite Noir Rompre Rigide La Guerre Un S Voluptueux Different L’Audace Une Question Un Masque Commander Asfucieux Interroger Une Faute La Ruse Aventurier Escalader Une Armure La Mort La Mefiance Le Changement L’Ironie Sauvage Un Fusil La Vitesse Le Desordre Le Feu Un Cri Un Labyrinthe Le Desert Un Mystere La Revolte Attaquer La politesse La Proprieté La Purete Le Danger Insouciance Detachement Les auditeurs de Fun Radio ont un profil plutôt masculin : plein d’ambition, ils veulent réussir dans la vie ; contestataires, ils sont éloignés des valeurs de discipline et d’autorité ; sensibles, ils recherchent les plaisirs amoureux ; téméraires parfois même insouciants, ils sont en quête de danger et d’inconnu. Plaisir Ces valeurs sur-notées sont le reflet de celles revendiquées par un public plutôt masculin, composé d’adolescents et de jeunes adultes. Les auditeurs de Fun Radio sont téméraires, parfois même insouciants : ils sont en quête de sensations fortes et n’ont pas peur du danger. On sent donc logiquement chez ces jeunes un esprit contestataire envers les règles de l’ordre moral (sous-valorisation de La Morale, La Discipline, L’Ecole, La Fermeté etc.). De par leur relatif jeune âge, ils sont en quête d’expériences amou- reuses et de plaisir des sens. Mais ils restent optimistes et ambitieux : ils croient en leur réussite dans la vie. En bref, Fun Radio est écoutée par des auditeurs dynamiques, pleins de positivisme et de valeurs masculines fortes, voire de virilité. Devoir 6 DOSSIER Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | té, Le Travail, L’Industrie, L’Elite ou Une Règle). La présence féminine dans son auditorat se manifeste par des valeurs de sensualité, proches de l’axe du Plaisir. Mais qu’ils soient hommes ou femmes, ces jeunes adultes aiment la séduction et recherchent le plaisir des sens. L’appellation de radio musicale prend tout son sens pour Pure FM : elle est une des deux seules stations francophones (avec Musiq’3) à sur-noter le mot La Musique. Cela confirme le fait qu’elle s’adresse à un public de mélomanes avertis. On retrouve d’ailleurs chez les auditeurs de Pure FM le sentiment de se démarquer des autres et d’appartenir à la même tribu. Les stations francophones « adultes » Contact A la frontière entre un public de jeunes adultes et d’adultes affirmés, entre un profil à la fois masculin et féminin, cette station offre une grande palette de valeurs véhiculées. Plaisant à un public large, Contact forme sur la carte un grand nuage, étalé du côté des valeurs du Plaisir : • la sensualité (Séduire, La Magie, Le Désir, Un Parfum, Sensuel, Une Ile etc.) • les valeurs familiales traditionnelles (Une Cérémonie, La Fidélité, La Naissance, Protéger etc.) • la liberté (Aventurier, La Ruse, Sauvage, Un Secret) Le thème de la sensibilité est la manifestation apparente de la présence de femmes dans l’auditorat de Contact : elles aiment rêver, séduire et ressentir des émotions douces. Le côté masculin de la station se manifeste plutôt par la présence de valeurs d’indépendance et de liberté. En outre, la famille est au centre de leurs préoccupations : ils ont un sens du devoir face à leurs proches. Ce sentiment est exacerbé auprès des plus jeunes (les 15-34 ans), qui nourrissent une envie de réussite dans la vie (Ambition, Conquérir, Economiser) et sont idéalistes (La Foi, Eternel, Un créateur, Adorer etc.). Les auditeurs de Contact âgés de 35 à 54 ans sont également ambitieux mais, contrairement à leur cadets, ils sont moins idéa- listes et plus pragmatiques (Ambition, Construire, Concret, Utilitaire, L’Ecole, L’Elite, Un Effort etc.). BXL La nouvelle venue sur les ondes bruxelloises présente une carte aux mille facettes, se situant plutôt du côté des axes d’Attachement et de Plaisir. En effet, les auditeurs de BXL semblent avoir une vie active bien remplie et des centres d’intérêts variés : • la sensibilité féminine (Séduire, Sensuel, Féminin) • la gaieté (Humour, Dynamique, Rire) • l’art et la culture (Un livre, La Poésie, Ecrire, Le Théâtre etc.) • le rationalisme (Réfléchir, Un Nœud, La Science, Efficace) • le matérialisme (Un Cadeau, Une récompense, Hériter) Aucune valeur ne prévaut réellement sur les autres. Chaque thème façonne la personnalité éclectique de cette station. Proche de l’axe du Plaisir, les auditeurs de BXL aiment jouir de la vie : ils aiment s’amuser, séduire et se divertir. Cosmopolites, ils profitent de toutes les activités récréatives, culturelles et artistiques que leur propose la capitale européenne. Ils partagent donc leur vie entre leur boulot, leurs amours, leurs amis et leurs temps libres. Mais ils gardent les pieds sur terre et restent attachés aux biens matériels. Contact2 A l’instar de sa grande sœur Contact, Contact2 se place sur la droite de la carte près des valeurs de Plaisir. Les trois valeurs essentielles, abordées également chez Contact, sont les suivantes : • la sensualité (Une Caresse, Rêver, Séduire, Sensuel, Désir etc.) • l’indépendance (La Ruse, Aventurier, Un Mystère) • la réussite (L’Ambition, Adorer, La Perfection) Les stations du Groupe Contact dégagent donc une image cohérente qui leur est propre. Même si l’auditorat de Contact2 est composé majoritairement d’hommes - surnotant des mots du domaine de l’évasion au masculin et de l’indépendance -, on note la présence de femmes par l’intérêt 7 porté pour les valeurs d’intimité et de sensualité. Leur maturité d’âge se traduit par un certain sens critique (La Méfiance, La Ruse). Son cœur de cible (les 25-44 ans), a une volonté de réussite qui s’affirme du côté de l’Attachement. Ils valorisent des mots liés au confort matériel en famille (Hériter, Un Bijou, Un Cadeau, Gratuit) et à l’ambition teintée d’une dose d’idéalisme (L’Elite, La Perfection, Eternel, Adorer, L’Or). Bel RTL Première constatation, les auditeurs de Bel RTL sont plutôt optimistes car ils surnotent beaucoup de mots (20 mots) et, par contre, en sous-notent très peu (4 mots). Proches des axes d’Attachement et de Plaisir, quatre valeurs importantes ressortent chez les auditeurs de Bel RTL : • le confort familial (Une Maison, Le Confort, Ensemble, L’Enfance) • le matérialisme (Un Bijou, L’Argent, Economiser, Acheter) • la sensualité (Féconder, Séduire, Féminin, Le Désir) • la réussite (L’Ambition, La Gloire, La Victoire) Toutes ces valeurs sont liées les unes aux autres. Les auditeurs de Bel RTL recherchent le confort matériel et veulent connaître la réussite autant sociale que professionnelle, pour plaire à leurs proches et à leur famille. Par rapport aux radios généralistes, Bel RTL est la seule station à dégager des valeurs de sensualité et de sensibilité féminine. En résumé, Bel RTL trace une carte cohérente et homogène. Ces hommes et ces femmes sont positifs et mènent une vie harmonieuse en famille, au boulot et en société. Nostalgie Nostalgie se positionne au cœur des valeurs d’Harmonie - espace compris entre l’axe de l’Attachement et celui du Plaisir : • la tendresse (Féconder, Intime, Une Caresse, Moelleux etc.) • le cocon familial (Maternel, La Naissance, Ensemble, Soigner, La Famille etc.) Ces deux thèmes s’entrecroisent et se justifient l’un par l’autre. Les valeurs de »»» DOSSIER 8 Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | »»» 2. Nostalgie Source : BMM 2004 15+ Sud Attachement Maternel Overscored words Un mariage La Fidelité La Famille Underscored words Le Pardon La politesse Le Respect L’Honneur La Purete La Patrie Charitable Une Ceremonie La Prudence Pecieux La Fermete Un Heros La Moderation La Tradition Le Recueillement Proteger Un Cadeau Une Recompense Bijou La Tendresse La Confiance Ensemble La Gaite Un Nid La Mode Le Pouceur Acheter Gratuit Moelleux Admirer Soigner La Musique L’Enfance Dynamique Une Caresse La Precision Construire Un Animal Enseigner Volontaire L’Or Un Parfum L’ame Un createur La Patience L’Ambition La Poesie Vert Intime Un Batisseur La Gloire Adorer Un Arbre Feconder L’Eau Conquerir Efficace La Peau Le Desir Le Commerce Ecrire Tendresse Nager Souverain Sublime Concret Seduire Original La Magie Charnel Immense L’Ocean L’Infini Sensuel Une Fleuve Absolu Boheme Une Ile Immobile La Nudite Un Sommet Une Evasion La Guerre Detachement Voluptueux Une Question Un Masque L’Audace Asfucieux L’Angoisse Aventurier Escalader Une Armure Le Changement Le Vide Un Fusil Le Desordre Interdire La Loi La Chasse Le Plaisir Devoir La Naissance Une Fleur Guerir Humble Obeir Punir Une Maison Cocon familial La Paix Detachement Les auditeurs de Nostalgie ont un profil plutôt féminin : ils recherchent l’harmonie, le réconfort, la douceur et la tendresse en amour, en amitié et en famille. tendresse sont liées aux valeurs familiales et inversement. Par exemple, le mot Maternel correspond autant au champ lexical de la sensibilité féminine qu’à celui de l’harmonie familiale. L’image de Nostalgie est donc univoque auprès de ses auditeurs. Tournée vers le Plaisir, Nostalgie plaît à un profil plutôt féminin, en quête d’harmonie, de réconfort, de douceur et de tendresse en amour, en amitié et en famille. Ce type d’individus rejette les valeurs de violence et d’agressivité (Un Fusil, Une Armure, L’Angoisse, La Guerre etc.). Ils ne sont pas matérialistes mais ont le sens de la gestion du ménage (Un Cadeau, Gratuit, Une Récompense). Classic 21 Née sur les cendres de Radio 21, Classic 21 est encore plus masculine que sa stationmère. Comme cette dernière, elle dessine un nuage défendant des valeurs de Liberté, entre l’axe du Plaisir et celui du Détachement : • la sensualité masculine (Intime, Sensuel, La Nudité, Charnel etc.) • la force d’indépendance (Le Feu, L’Ironie, La Vitesse, La Révolte, Attaquer etc.) Le nuage de Classic 21 est assez proche de celui de Pure FM : 9 mots sur-notés sont communs aux deux cartes. On trouve chez les auditeurs de Classic 21 les mêmes valeurs d’esprit « rebelles » que sur Pure FM. Malgré leur âge mûr, les auditeurs de Classic 21 ont su garder une âme d’adolescents et un esprit de contestation. En effet, ils sont critiques face aux règles traditionnelles et à l’ordre moral (sous-note pour L’Honneur, Une Cérémonie, Un sacrifice, La Discipline etc.). La volonté de se différencier est aussi bien présente chez ces quinquagénaires (Différent et Original). Les stations francophones pour un public âgé Contact Plus C’est la station la plus proche de l’Axe du Devoir. Les auditeurs de Contact Plus valorisent les thèmes suivants : • les règles traditionnelles (La Politesse, L’Honneur, La Prudence, La Discipline etc.) • le conservatisme (Un Sacrifice, Souverain, l’Elite, Interdire etc.) • l’affirmation de soi (Efficace, Conquérir, Viril) • le matérialisme (La Richesse, Le Commerce, Un Bijou, L’Argent) Vu leur âge mûr, les auditeurs de Contact Plus ont un caractère bien affirmé : ils sont fermes et déterminés. Dès lors, ils font preuve d’une sensibilité moins marquée par rapport aux autres stations sous-note pour La Tendresse, Une Emotion, La Douceur etc. D’autre part, ils sont respectueux de l’ordre moral et social : ils dévalorisent les notions d’évasion et d’insouciance (Sauvage, Une Montagne, Escalader, La Révolte, Le Désordre etc.). VivaCité Par l’éparpillement des mots sur la carte, on sent que cette station, au moment de l’enquête, n’avait pas encore défini une image bien homogène d’elle-même. On peut quand même en ressortir deux thèmes aux antipodes sur l’axe Attachement/Détachement : • le réconfort familial (La Famille, La Paix, Un Nid, L’Enfance, Soigner etc.) • l’aventure et l’évasion (Bohème, Une Montagne, Un Etranger, Sauvage, Un Chercheur etc.) Plaisant à un public autant masculin que féminin, cette ambivalence se retrouve dans les thèmes véhiculés par VivaCité : le cocon familial reflétant son côté féminin et la quête de liberté traduisant son trait plus masculin. Les mots reliant ces deux mondes expriment un aspect de la personnalité de ses auditeurs plus rationnel et pragmatique (Volontaire, La Science, Métallique, Le Commerce). Par rapport aux autres stations ciblées sur un public de 45 ans et plus (La Première, Musiq’3 et Contact Plus), VivaCité valorise des notions d’évasion masculine (Un Etranger, La Vitesse, Sauvage, Aventurier etc.) et de domination (Le Danger, Attaquer, Maîtriser, Le Commerce). La Première Positionnée près du centre de la carte, La Première se définit en trois grands thèmes : • la droiture (La Justice, La Modération, La Loi, La Science etc.) • la sensibilité à la culture et la nature (Le Théâtre, L’Art, Un Arbre, Vert) • l’ouverture d’esprit et le sens critique (Le Détachement, Critiquer, Le Feu, L’Ironie, Différent, Un Sommet etc.) Vu leur maturité d’âge, les auditeurs de La Première sont justes et respectueux des règles et de l’ordre établi par la société. Malgré cela, ils sont réactifs et même parfois critiques – nombre important de mots sur- et sous-notés. Ils cherchent à se détacher du matérialisme (sous-note pour Une Récompense, Un Cadeau, Un Bijou, La Richesse etc.) et des apparences (sous-note pour La Mode, La Minceur, Un Parfum etc.). En outre, ils sont sensibles à l’art, à la culture et à la nature. Toutes ces notions confirment le profil plutôt masculin de la station. Et elles correspondent bien au ton neutre des animateurs et au traitement sérieux et raisonné des sujets abordés dans leurs émissions. DOSSIER Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | 3. La Première Source : BMM 2004 15+ Sud Attachement Un Cadeau Guerir Honnete Une Recompense Non Heriter La NaissanceUn Bijou L’Argent La Richesse L’Amitie Consoler Un nirLa Mode Overscored words La Fidelité La Famille Underscored words La Foi Un Pretre La Discipline La Patrie Une Ceremonie Droiture La Fermete La Moderation L’Ecole Devoir Construire La Precision Volontaire Enseigner La Modestie Un createur La Patience L’Art La Poesie La Science La Gloire Un Batisseur Efficace La Perfection La Raison La Logique Concret Maitriser Vieillir Conquerir Ecrire L’Or Un Animal Un Parfum L’Humour Vert Un Arbre Adorer Feconder La Lune Art et nature Un Inventeur Original Rouge Immense Absolu Le Doute Reflechir Une Montagne Un Chercheur Une Muraille Immobile Une Evasion La Puissance Un Sommet Punir Rigide La Guerre Un Etranger Le Detachement Different Une Question L’Audace Un Masque Asfucieux Interroger L’Angoisse Une Faute Un Effort Sens critique Seduire Plaisir Le Recueillement Une Regie Un Sacrifice matérialiste Pas attaché à l’apparence La Minceur Le Theatre nfance La Justice Le Travail Obeir La Loi Metallique 9 La Nudite L’Ironie Le Changement Sauvage Le Desprdr Le Feu La Mor Le Vide Critiquer Un Fusil Un Labyrinthe Attaquer Mystere Ouverture d’esprit rage Detachement Les auditeurs de La Première ont un profil à dominante masculine : droits et respectueux des règles morales, ils ne s’intéressent pas à l’apparence et aux biens matériels ; ils sont pourtant ouverts et critiques, et sont sensibles à la nature et à l’art. Les auditeurs de Musiq’3 veulent atteindre la Sublimation : ils ont une grande curiosité intellectuelle et valorisent l’éducation et l’apprentissage. Pour parvenir au Savoir, ils s’intéressent à différentes formes d’art, comme La Musique. Mais ils gardent les pieds sur terre et sont rationnels. Les stations musicales néerlandophones Donna Radio Donna forme une carte typique de station musicale. Ses valeurs véhiculées se positionnent près des axes du Plaisir et du Ses auditeurs privilégient les sentiments à la raison. Ils vivent dans l’émotif et se lais- Q-music Q-music serait-elle dans un registre identique à celui de Radio Donna ? Etonnant, et pourtant l’analyse sémio tend à nous le prouver. Sur les 20 mots valorisés chez chaque station, 17 sont communs aux deux. Les auditeurs de Q-music revendiquent les mêmes valeurs que ceux de Radio Donna mais à différents degrés d’importance. Q-music plaît également à un large public autant masculin que féminin. Cette ambivalence se traduit dans les valeurs de liberté : • la sensualité (Intime, Féconder, Séduire, Sensuel, Voluptueux, Une Emotion etc.) • l’aventure (Aventurier, La Vitesse, Un Mystère, Le Désordre, Un Défi etc.) La sensibilité féminine représente le côté émotionnel de ses auditeurs et l’évasion masculine, le côté aventurier, rêveur et parfois critique. 4. Q-Music Source : BMM 2004 15+ Nord Attachement Une Fleur Overscored words Un Cadeau Une Recompense Le Confort L’Argent Un Bijou La Gaite La Propriete Le Respect La Foi La Confiance Rire Ensemble L’Amitie La Victoire La Richesse Le Courage Un Pretre La Douceur Proteger La Mode Admirer Moelleux Sacre Un Heros La Fermete Acheter Gratuit La Musique Un Livre La Minceur Une Caresse Sensualité Un Animal Humble Enseigner L’Or La Tradition La Modestie L’Humour Un Parfum Un Createur La Poesie L’Ambition Intime Materiel L’Art La Gloire Un Batisseur Bleu La Science Feconder Le Recueillement Eternel Feminin L’Eau Produire La Lune Un Sacrifice Rever La Peau Le Desir Le Commerce Viril Nager Sublime La Logerete Seduire Original La Magie Rouge Charnel L’Ocean Immense Une Emotion Sensuel Trahir Un Effort Raffine Absolu La Chasse Acharnement Une Montagne Une Ile Un Defi Un Chercheur Une Muraille La Nudite La Puissance Noir Un Sommet Une Evasion La Guerre Un Secret Different Voluptueux Une Question Un Masque Une Faute Astucieux L’Angoisse Aventurier Escalader Une Armure L’Ironie Le Changement Un Inconnu Critiquer Sauvage Un Fusil La Vitesse Le Desordre Le Feu Un Cri Un Mystere Un Labyrinthe La revolte Attaquer Témérité Le Danger Underscored words Plaisir Passons à l’analyse sémiométrique des stations du Nord. Plutôt que de faire une analyse par type de stations (jeunes, adultes et adultes d’âge mûr) comme au Sud, l’analyse a été divisée en deux parties : les musicales et les généralistes. Détachement, à savoir dans le carré des valeurs de liberté, de rêve et d’évasion. Ayant un niveau d’audience très élevé, elle plaît autant aux hommes qu’aux femmes. On retrouve cette dichotomie dans les valeurs qu’elle dégage : • la sensualité (Intime, Féconder, Séduire, Sensuel, Voluptueux, Une Emotion etc.) • l’aventure (Aventurier, La Vitesse, Un Mystère, Le Désordre, Un Défi etc.) Devoir Musiq’3 Comme La Première, les valeurs transmises par Musiq’3 forment un nuage proche du centre de la carte mais plutôt du côté de l’Attachement. Cette station musicale partage avec La Première deux thèmes sur les trois qu’elle véhicule : • la droiture (La Fermeté, La Justice, Noble, La Modération) • la sensibilité à l’art et la culture (L’Art, Un Livre, Le Théâtre, La Musique etc.) • le rationalisme (Un Chercheur, Réfléchir, Un Bâtisseur, Le Détachement) sent porter au gré de leurs sensations amoureuses, amicales et simplement tendres. Cet aspect est le reflet d’une sensibilité féminine. A l’opposé, leurs aspirations masculines se traduisent par un goût du risque et une envie de défis. On sent également chez eux un certain sens critique (Raffiné, Astucieux, Le Désordre). En outre, ils ne sont pas attachés à l’art et à la culture. Detachement Le public de Q-music est mixte et porté vers les valeurs de rêve, d’évasion et de liberté. Sa sensibilité féminine se traduit par son caractère émotif, guidé par ses sensations amoureuses, amicales et tendres ; son côté masculin se manifeste par son envie d’aventure et son goût du risque. »»» 10 DOSSIER Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | »»» A ces deux notions, s’ajoute une troisième, plus proche du Détachement : • l’esprit critique (L’Ironie, Le Désordre, La Révolte, Attaquer, Une Question etc.) Le caractère non-conformiste voire individualiste des auditeurs de 4FM se confirme par les valeurs sous-notées dans les champs de l’Attachement (La Paix, La Fidélité, Le Respect, Un Mariage etc.) et du Devoir (Le Travail, La Foi, Sacré, La Tradition etc.). Pour différencier ces trois stations, il faut les analyser sur les 25-54 ans. Donna et Q-music se situent dans les valeurs d’Attachement - besoin d’un confort matériel pour atteindre la réussite sociale - et de Plaisir - recherche d’émotions sensuelles et intimes. En revanche, 4FM se positionne près de l’axe du Détachement. Elle diffuse des valeurs d’individualisme et même de domination (La Chasse, Une Armure, Un Fusil, Attaquer, La Révolte etc.), témoignant de la maturité de ses auditeurs. Comme toute radio musicale, Contact insuffle des valeurs d’émotion et de sensibilité féminine. Mais elle se distingue des autres stations musicales par son intérêt pour les biens matériels. S’adressant à un public plus jeune, ses auditeurs appréhen- Studio Brussel Malgré le relatif jeune âge de ses auditeurs, elle présente un nuage proche de ses concurrentes plus « âgées » (Donna, Q-music et 4FM) mais transmet des valeurs différentes : • l’insouciance (Un Défi, Un Orage, La Vitesse, Le Feu etc.) • l’esprit « rebelle » (Attaquer, La Révolte, Le Désordre, Aventurier etc.) • la sensualité (L’Océan, Séduire, Sensuel, Voluptueux, La Nudité etc.) Studio Brussel est située dans le champ de la liberté et de l’indépendance. Ses auditeurs, au profil plus masculin, aiment les défis. Ils ont un sens critique développé et même un esprit de contestation : ils dévalorisent les valeurs traditionnelles (La Discipline, La Tradition, La Patrie, La Politesse etc.). Klara Malgré la moyenne d’âge assez élevée de ses auditeurs, Klara valorise des mots majoritairement dans le Plaisir. C’est ce qui la rapproche des autre radios musicales. Elle aborde les thèmes suivants : • l’art et la culture (La Poésie, Un Livre, Le Théâtre, Ecrire) • le rationalisme (La Raison, La Logique, Réfléchir, Le Détachement) • l’ouverture d’esprit (Le Changement, Un Etranger, Sublime, Original, L’Ironie etc.) Ces individus veulent atteindre la sublimation. Ils désirent se détacher des biens matériels (sous-note pour La Propriété, L’Argent, La Richesse etc.) pour s’élever vers des buts plus louables. Raisonnés, ils vivent à travers la connaissance et le savoir. Et ils nourrissent une grande sensibilité à l’art et à la culture. Les stations généralistes néerlandophones Radio 1 Elle présente une carte à peu près semblable à celle de Klara : sur les 20 mots sur-notés, 12 sont communs avec cette dernière. Radio 1 valorise donc, comme Klara, les thèmes suivants : • l’art et la culture (La Poésie, L’Art, Le Théâtre, Ecrire) • l’ouverture d’esprit (Bohème, Un Etranger, Sublime, Une Montagne, L’Ironie etc.) Mais elle se différencie par : • le pragmatisme (Utilitaire, Concret, Un Inventeur, La Raison) Les auditeurs de Radio 1, comme ceux de Klara, cherchent à dépasser leur attachement au matériel et à l’apparence pour s’élever vers des buts altruistes et spirituels. Ils transposent leur intérêt égoïste vers des activités intellectuelles ou artistiques. Cet aspect confirme bien leur maturité d’âge. 5. Radio 2 Source : BMM 2004 15+ Nord Règles traditionnelles Attachement La Paix Une Fleur La Fidelite Maternel Un Mariage Guerir Honnete Une Maison La Famille Underscored words Le Pardon Heriter La Politesse Sacré La Tendresse Le Respect La Naissance La Propriete La Foi L’Attachement La Purete L’Honneur La Patrie La Victoire La Campagne Un Pretre Une Ceremonie La Prud Sens moral Proteger Un Nid La Fermete Sacre Un Livre Admirer La Musique La Morale La Confiance Le Theatre La Minceur Le Travail Noble La Justice Dynamique La Discipline La Moderation Precision Humble Volontaire Enseigner La Tradition La Modestie L’Ecole Un Createur Vert Intime L’Art La Poesie Obeir Materiel Un Batisseur La Science Un Arbre Une Regle Le Recueillement Feminin Produire Conquerir Rever L’Industrie Un Sacrifice Perfection Le Commerce Utilitaire La Peau Ecrire Interdire Souverain Nager Concret Un Soldat Un Inventeur Seduire Original La Magie La Loi Economiser Vieillir Immense Charnel Une EmotionL’Ocean Sens du devoir L’Infini Sensuel Un Effort Metallique Un Noeud Raffine Absolu La Chasse Reflechir Une Ile Acharnement Immobile Noir Punir Different Commander Astucieux La Ruse Aventurier Une Armure La Mort Le Vide La Mefiance Un Inconnu Overscored words Plaisir Contact Orientée vers la même cible d’âge, Contact propose une carte différente de ses concurrentes. Touchant également à l’émotion et à la liberté de penser, elle est la seule à transmettre des valeurs proches de l’axe de l’Attachement. Ses valeurs véhiculées sont les suivantes : • la sensualité (Rêver, Séduire, Sensuel, Voluptueux, La Magie etc.) • le matérialisme (L’Argent, La Richesse, La Mode, Matériel etc.) • l’idéalisme (L’Ambition, La Puissance, Adorer, Eternel) dent la vie avec optimisme et même idéalisme. Devoir 4FM 4FM dessine une carte assez proche des deux précédentes. Sur les 20 mots qu’elle valorise, elle comptabilise 11 mots communs avec Q-music et 10 avec Radio Donna. Deux des trois valeurs essentielles de 4FM sont communes à ces deux dernières : • la sensualité (Rêver, Séduire, Sensuel, Voluptueux, Une Emotion etc.) • l’aventure (Aventurier, La Vitesse, Un Mystère, Le Feu, Le Danger etc.) La Vitesse Un Mystere Attaquer Un Orage Detachement Les auditeurs de Radio 2 sont élitistes et ils affectionnent les valeurs traditionnelles : l’ordre morale, le sacré, l’éducation et le devoir; réalistes, ils cherchent la reconnaissance sociale. DOSSIER Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | Radio 2 C’est la seule station du paysage Nord qui se situe pleinement dans les valeurs de tradition : • le sens du devoir (Le Respect, Une Règle, Un Sacrifice) • l’ordre moral (Une Cérémonie, La Tradition, Humble, Interdire) • le sacré (Dieu, La Foi, Un Prêtre) • l’éducation (Enseigner, L’Ecole, L’Industrie) Pure FM. L’axe du Plaisir est occupé par les radios adultes – et musicales pour la plupart. La différence qu’on peut trouver entre chacune d’elles dépend de leur position sur l’axe de l’Attachement/Détachement. Bel RTL, Nostalgie et BXL se positionnent près de l’attachement à la société, Classic 21 plutôt dans le conflit et les deux stations adultes du Groupe Contact entre les deux, plus proches des valeurs liées au plaisir et à l’émotion. Les auditeurs de Radio 2 sont élitistes et recherchent la valorisation sociale. Ils sous-notent donc des valeurs de sensibilité et d’intimité (Intime, Rêver, Océan, La Magie etc.). On trouve également chez eux un certain réalisme et pragmatisme (Concret, Produire). Enfin, les stations plaisant à des auditeurs plus âgés véhiculent logiquement des mots exprimant le sens du devoir et de la tradition, à l’exception de VivaCité, qui oscille entre les valeurs d’évasion au féminin et au masculin. Conclusion Le paysage radiophonique au Sud s’est enrichi depuis l’édition 2001. Cinq nouvelles stations sont venues compléter l’offre francophone. La plupart d’entre elles dessinent des nuages clairs et bien délimités sur la carte. Même si le paysage au Sud était déjà mature en 2001, ces nouvelles stations ont permis de mieux remplir l’espace sur la carte et de représenter à peu près tout le champ des valeurs existant. Au Sud, les stations destinées au public jeune transmettent toutes les trois des valeurs de liberté, d’évasion et de volonté d’indépendance. Et elles ont chacune réussi à se créer leur propre univers : le goût de l’aventure pour Fun Radio, l’émotion pour NRJ et l’esprit « rebelle » pour 11 Au Nord, malgré l’arrivée de deux nouvelles stations musicales privées (Q-music et 4FM), on note moins de bouleversements qu’au Sud. Parmi les huit radios maintenant présentes au Nord, aucune n’aborde les thèmes de l’attachement à la famille, au maternalisme, à la tendresse et à la convivialité. Donna, Q-Music, 4FM, Contact et Studio Brussel forment des nuages véhiculant des valeurs assez proches. Toutes ces stations se trouvent dans le cadre de la liberté, de l’indépendance, du rêve et de l’évasion au masculin et au féminin. Q-music et 4FM n’ont donc pas vraiment modifié l’offre au Nord en termes sémiométriques et présentent des cartes proches de celle de Radio Donna. D’autre part, chez les stations ciblant un public plus mûr, Radio 2 valorise clairement des mots reflétant l’ordre moral et les règles traditionnelles, tandis que Radio 1 et Klara véhiculent plutôt des valeurs portées sur l’intellect et la culture. ■ M.J. »»» DOSSIER 12 » Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | Les « champs de valeurs » de la Presse Magazine a Presse Magazine est certainement le média le plus intéressant à analyser sous l’angle de la sémiométrie, la relation avec le lecteur étant plus intime et personnelle qu’avec tout autre média. Les valeurs des lecteurs permettent une connaissance beaucoup plus approfondie du titre, et on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement direct avec le contenu éditorial. Le champ d’investigation étant trop vaste, nous nous limiterons à quelques familles de magazines : les magazines Tv et familiaux, ainsi que les magazines féminins dans le Sud et les magazines masculins dans le Nord. L Pour l’analyse, c’est la méthode des champs de valeurs de TNS qui a été privilégiée. Celle-ci répartit par analyse factorielle les 210 mots du corpus de la Sémiométrie en 13 champs de Valeurs. Chaque titre de presse est ensuite mis en perspective en fonction des affinités de ses lecteurs avec ces champs de valeur (le matérialisme, la sensualité, l’idéalisme, la culture, la discipline, …). Magazines Tv et familiaux Univers Sud – 15 ans et plus Chez Télépro, la concentration de mots sur-investis dans le quadrant « Ordre social » et « Tradition » frappe immédiatement. Il n’est donc pas surprenant que le champ de valeurs « Croyant » obtienne une cote élevée (+++) et que ses lecteurs présentent un schéma de valeurs très traditionnel, avec des mots tels que foi, patrie, prêtre, saint et Dieu. Le champ de valeurs « Discipline » (++) se démarque également, avec des mots comme ténacité, discipline et règle. Mais nous trouvons également quelques mots du côté de l’« Harmonie », comme campagne, douceur, admirer, naissance et musique. A l’inverse, les lecteurs de Télépro sous-évaluent désordre et ironie et n’apparaissent donc pas particulièrement critiques par rapport à la société. Télépro s’inscrit donc comme le plus traditionnel de cette famille de magazines, ce qui correspond à un lectorat assez sélectif sur les plus de 50 ans. Les lecteurs de Télé Star quant à eux surévaluent plutôt des mots qui se trouvent dans le haut de la carte (famille, fidélité, protéger, maison, bijou,…), zone d’harmonie, et d’attachement à la société. Ceci n’est pas surprenant étant donné que Télé Star présente le profil le plus féminin de cette famille. Le « Matérialisme » est une autre facette de ces lecteurs qui positivent les mots gratuit et or. Plus étonnant pour ce type de lecteurs (trices) plutôt jeunes, est l’apparition du champ de valeurs « Croyant », mais avec des mots sur-investis différents de leurs ainés. Ainsi les mots saint ou respect seront positivés, mais le mot morale sera plutôt rejeté. Ces lecteurs rejettent clairement les valeurs de « Conflit » et de « Domination » avec des mots comme renoncement, critiquer, mort, fusil et trahir. Ciné-Télé-Revue offre une image assez comparable à l’édition de sémiométrie précédente. Nous retrouvons la plupart des mots à droite de la carte, autour de l’axe du Plaisir, et plus particulièrement sélectif sur le champ de valeurs « Sensualité » (sensuel, séduire, rêver, désirer, émotion,…). Juste derrière nous retrouvons le « Matérialisme » avec des mots comme richesse, or, gratuit. Ces lecteurs ne sont cependant pas très sensibles aux valeurs « Pragmatique » (--), « Discipline » (-) et « Culture » (-). Les 13 champs de valeur avec quelques mots qui en font partie : MATERIALISME SOCIABILITE CRITIQUE CROYANT PRAGMATISME SENSUALITE REVE CULTURE DISCIPLINE DOMINATION IDEALISME RATIONALISME TRADITIONALISME La Richesse, L'Or, L'Argent, Hériter, La Propriété, Un Bijou, Le Confort, Acheter, Un Cadeau, Une Récompense Honnête, La Gaieté, Rire, L'Amitié, La Confiance, Guérir, La Tendresse, La Douceur, Le Courage, Une Fleur Astucieux, Une Evasion, Raffiné, Commander, La Ruse, La Puissance, L'Audace, Interroger, La Méfiance, Un Cri Dieu, La Foi, Un Prêtre, Sacré, L'Ame, Le Recueillement, Un Créateur, Charitable, La Tradition, Adorer Efficace, La Précision,Volontaire, La Souplesse, Concret, Robuste, Dynamique, La Raison, Produire, Maîtriser La Nudité, Sensuel,Voluptueux, Séduire, Charnel, Féminin, Intime, La Peau, Féconder, Le Désir L'Eau, Un Arbre,Vert, Nager, L'Océan, Un Fleuve, Une Ile, Un Animal, La Lune, Un Sommet Le Théâtre, L'Art, Ecrire, La Poésie, Un Livre, L'Elégance, Enseigner, Noble, L'Ecole, La Musique Obéir, Un Effort, Réfléchir, Une Frontière, La Fermeté, Un Secret, La Discipline, Un Sacrifice, Economiser, Une Règle Un Fusil, Une Armure, La Chasse, Attaquer, Un Soldat, Rompre, Une Muraille, Le Désordre, La Guerre, Un Mystère L'Infini, Immense, Eternel, Absolu, Une Cérémonie, Protéger, Le Détachement, La Gloire, Sublime, Un Jeu Un Inventeur, Un Chercheur, La Science, Un Bâtisseur, L'Industrie, La Logique, Construire, Un Nid, Le Commerce, Métallique Humble, La Modestie, La Modération, La Tradition, La Prudence, Le Respect, La Morale, La Politesse, La Patience, La Famille DOSSIER Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | 1. Epicentres Magazines Tv Source : BMM 2004 FR Ordre Harmonie NL Traditionalisme Croyant Sociabilité Story Télépro Idéalisme Dag Allemaal TV Familie + Blik Télé Star Matérialisme Ciné-Télé-Revue Pragmatisme Culture Discipline Sensualité Rationalisme TéléMoustique Humo Rêve Domination Critique Conflit Télémoustique enfin, est le seul magazine francophone à occuper le bas de la carte, plus dans le détachement vis-à-vis de la société, avec sans doute un œil plus critique ou idéaliste. Ainsi retrouve-t-on un peu plus parmi ses lecteurs les valeurs liées à la « Culture » et l’ « Idéalisme ». Par contre ils rejettent la « Discipline » (obéir, règle, souverain), et le champ de valeurs « Croyant » (Dieu et honneur). Les magazines familiaux et Tv francophones se répartissent donc assez bien sur la carte et répondent, du point de vue rédactionnel et chacun à leur manière, aux attentes des lecteurs. Magazines Tv et familiaux Univers Nord – 15 ans et plus Parmi les magazines Tv néerlandophones (à l’exception des guides), trois d’entre eux se retrouvent très près l’un de l’autre et peu différenciés au niveau des valeurs de leurs lecteurs : Story, Dag Allemaal, et TV Familie+Blik. Humo par contre se retrouve aux antipodes des valeurs des autres magazines de sa famille. Le schéma de valeurs de Dag Allemaal a peu évolué dans le temps. Ses lecteurs accordent beaucoup d’importance au matérialisme. S’il est vrai que par rapport Liberté à la précédente édition les mots richesse, récompense et maison ont disparu, ses lecteurs retiennent maintenant les mots propriété, argent, bijou, cadeau et gratuit. Les mots du bas de la carte représentant tout ce qui est détachement, ouverture d’esprit, sens critique, révolte, ironie, … restent également tous légèrement sousévalués, mais pas de façon très marquée. Les lecteurs de TV Familie+Blik sont plus sociables (guérir et douceur), sensuels (charnel et intime) et idéalistes (protéger et consoler) mais restent par-dessus tout matérialistes (propriété, argent, sécurité, acheter et richesse). Ils ne sont ni rationnels ni pragmatiques et la domination n’est pas un trait de caractère dominant chez eux. Les lecteurs du magazine Story, comme ceux des deux titres précédents, sont matérialistes (maison, richesse, propriété et or) mais accordent également de l’importance à la tradition et à l’aspect social (famille & patrie et tendresse & doux). Chez eux non plus, la domination n’est pas un trait de caractère très marqué. Ils ne sont pas non plus très rêveurs ni critiques puisqu’ils sous-évaluent des mots comme ironie, sauvage, aventurier et labyrinthe. L’hebdomadaire Humo est un cas particulier dans cette famille de magazines, quit- 13 tant les valeurs d’Harmonie pour celles de Liberté. Ainsi, des mots tels que séduire, sensuel, émotion, désordre, nudité et danger sont surévalués par ses lecteurs, qui apparaissent donc comme sensuels, dominants et rêveurs. Enfin rien d’étonnant à ce que les valeurs plus traditionnelles et matérialistes soient plutôt rejetées chez les lecteurs de Humo. Son contenu rédactionnel et son profil beaucoup plus masculin est tout à fait en phase avec ces valeurs. Magazines masculins néerlandophones Univers Nord - Hommes Dans cette famille, nous retrouvons une grande variété de centres d’intérêts plus masculins, de l’automobile à l’informatique, en passant par le sport, l’information ou les styles de vie. Les deux magazines automobiles néerlandophones s’adressent à des lecteurs assez comparables. Nous ne nous étonnons pas de retrouver sur leurs cartes respectives des mots comme bleu, mode, inventeur et vitesse, traduisant des valeurs bien masculines, mais aussi un caractère « Lifestyle ». Ces lecteurs sont également rationnels et sociables (inventeur, rire et douceur). Quelques différences apparaissent toutefois entre les deux titres. Les lecteurs de Autogids sont plus portés sur le rêve que ceux d’AutoWereld, lesquels sous-évaluent beaucoup plus la culture, la discipline et le champ de valeur « Croyant ». Les adeptes du magazine Sport/Voetbal Magazine sont un peu plus « machos ». Ils aiment la domination et la sensualité (intime, féconder, séduire et nudité) et ne sont pas attirés par la culture puisqu’ils sous-évaluent des mots comme théâtre, art et noble. Mais la science et la logique ne sont pas appréciées non plus chez ces lecteurs. La carte d’EOS offre une belle image du profil psychologique de ses lecteurs. Pragmatiques (efficace, dynamique, volontaire) et rationnels (science, logique, inventeur), ils sont également rêveurs et aiment la culture. Tout comme les lecteurs d’EOS, les lecteurs de DENG sont fortement typés. Ils sous-évaluent les mots foi, prêtre et patrie mais surévaluent poésie, écrire, art. Ils »»» DOSSIER 14 Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | »»» 2. Epicentres Magazines masculins NL Source : BMM 2004 Hommes francophones 15+ Ordre Harmonie Traditionalisme Sociabilité Croyant A première vue, les lecteurs de Menzo ressemblent à ceux de Ché, sensuels et critiques. Mais ils se positionnent différemment par rapport à la domination : armure, cri et attaquer sont des mots que l’on retrouve chez les lecteurs de Menzo et pas chez ceux de Ché. Idéalisme Matérialisme AutoWereld Pragmatisme Autogids Sport/Voetbal Magazine EOS Culture P-magazine Knack Discipline Sensualité Rationalisme Maxim, enfin, touche des hommes plus sensuels, rêveurs ou dominants (séduire, sensuel, attaquer, chasse, mystère île, nudité), et, comme Ché, ils rejettent la tradition, la foi ou la discipline. Ils ne sont pas très friands non plus de culture, ni d’idéalisme. DENG Bizz NL Netwerk Ché Maxim Menzo Rêve Domination Critique Liberté Conflit Ché est le plus libertaire des trois. Très clairement sensuel, mais aussi critique et rêveur, son lecteur type aime les mots nudité, séduire, raffiné, mystère, aventurier, ironie, fuite. En contrepartie, il rejette l’ordre, la discipline et la tradition. « Féminins » francophones sous-évaluent le matérialisme et la tradition, mais surévaluent toutes les valeurs de liberté (étranger, audace, bohémien, original, révolte et ironie). ailleurs assez pragmatiques, mais également un peu rêveurs et épris de liberté (bohémien, révolte, critiquer, grimper, sublime). Nettement plus sensuel et rêveur, le lecteur de P-magazine cotera très positivement des mots comme séduire, sensuel, nudité, volupté, rêver, intime et féconder. Il est également sociable (douceur, mode, caresse et doux), mais pas spécialement porté sur la culture. Pas plus que sur les valeurs traditionnelles de discipline, croyance et rationalité qui sont toutes en retrait sur cette cible. Les trois magazine plus « Lifestyle » que sont Ché, Maxim et Menzo se retrouvent dans une zone qui valorise plus la liberté de penser, la sensualité ou le rêve. 3. Epicentres Magazines féminins FR Source : BMM 2004 Femmes francophones 15+ Ordre Harmonie Traditionalisme Les lecteurs de Bizz et de Netwerk semblent beaucoup plus sérieux, et se retrouvent plutôt dans les valeurs de conflit. Ils partagent un lectorat plutôt porté sur la domination (muraille, angoisse, attaquer, guerre, révolte, désordre et mystère). Mais Bizz compte un peu plus de rêveurs et Netwerk de rationnels. Ce qu’ils rejettent c’est la discipline, la tradition, mais aussi la plupart des valeurs plus féminines d’harmonie (tendresse, rire, paix et affection) et même la sensualité, valeur plus masculine, n’obtient pas leurs faveurs. Les lecteurs de Knack rejettent la discipline et le matérialisme. Ils sont plutôt des culturels, livre, théâtre, art et poésie étant des mots très appréciés. Ils sont par Univers Sud - Femmes Les dix magazines de cette catégorie se répartissent auprès de styles de lectrices bien différents. De façon générale, les femmes valorisent plutôt la tendresse, l’harmonie, la séduction, la famille… à l’inverse des hommes qui sont plus aventuriers, critiques, conflictuels ou encore sensuels. Mais ce n’est qu’une image très Sociabilité Croyant Top Santé Femmes d’Aujourd’hui Femme Actuelle Idéalisme Matérialisme Ma Santé Flair FR Madame Figaro Pragmatisme Discipline Weekend LíExpress Culture Elle Belgique Gael Rationalisme Sensualité Marie Claire Belgique Rêve Domination Critique Conflit Liberté DOSSIER Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | moyenne, et au travers des lectrices de magazines nous retrouvons tous les types de femme. Top Santé par exemple touche des lectrices assez matérialistes (or, richesse, récompense, gratuit et acheter), ce qui était déjà le cas l’année précédente, mais qui se révèlent également, et c’est nouveau, très sociables. Les mots tendresse, gaieté, douceur et guérir sont des nouveaux venus et déplacent la position de Top Santé sur la carte. Il devient ainsi le magazine féminin le plus marqué sur l’axe de l’« Harmonie ». Par ailleurs, ces lectrices rejettent clairement la domination et les mots tels que chasse, casser, fusil et mort. Femmes d’Aujourd’hui offre quant à lui un lectorat plus mûr et traditionnel. Ainsi les mots tradition, confiance, créateur ou méditation appartiennent plus à cette cible. On y retrouve également une prédilection pour la culture (théâtre, écrire) et toujours les valeurs féminines classiques de sociabilité (fleur, tendresse). Avec des mots comme gaieté, rire, raffiné, maîtriser, dynamique, humour, théâtre, élégance et art, Madame Figaro se situe lui aussi dans l’ « Harmonie ». Ses lectrices sont essentiellement sociables, pragmatiques et très culturelles. Flair FR touche des lectrices plus jeunes, pour lesquelles la sensualité est plus importante (féconder, désirer, séduire, sensuel), ainsi que le matérialisme (cadeau, bijou, gratuit). Et comme c’est souvent le cas auprès de publics plus jeunes, elles sont contre la discipline et la domination. Le profil de Week-end L'Express diffère fortement des titres précédents. On retrouve pour ce titre un cocktail étonnant de lectrices sociables (rire, confiance, courage), aimant la culture (art, livre, théâtre) et le rêve. Par contre, elles ne sont ni matérialistes, ni critiques, ni idéalistes, ni rationnelles. Tout ceci dénote sans doute un lectorat assez peu homogène, aux valeurs très divergentes. Femme Actuelle semble toucher des lectrices avec des valeurs de sociabilité (tendresse, caresse), mais avec un sens critique un peu plus marqué que les deux titres précédents. Elles rejettent par ailleurs la discipline (obéir, règle, épargner). Elle Belgique nous rapproche de lectrices plus sensuelles avec les mots volupté, charnel et sensuel. Elles aiment également rêver (nager, fuite), sont idéalistes (immense, sublime) et aiment la culture (élégance, livre). Par ailleurs elles rejettent les mots règle, sacrifice et obéissance, en d’autres termes la discipline. Ma Santé occupe une place plus centrale sur la carte, plus proche de valeurs très traditionnelles. Ces lectrices sont plutôt croyantes (prêtre, charitable, méditation) et rationnelles. Elles apprécient aussi la culture (livre, théâtre, art) et le rêve (lune, fuite). Enfin, elles rejettent les valeurs de domination (fusil, limite, attaquer et guerre). La carte de Gaël a beaucoup évolué par rapport à l’étude précédente. Ses lectrices aiment toujours la culture (élégance, art) mais n’accordent plus du tout d’importance au rêve. Comme les lectrices de Elle Belgique, elles rejettent la discipline mais également toutes les valeurs de raison et de tradition. 15 Marie Claire Belgique, enfin, est le titre le plus éloigné de la zone d’ « Harmonie ». Ses lectrices accordent beaucoup d’importance à la sensualité (séduire, voluptueux), aiment la culture (art, élégance) et sont idéalistes (sublime et absolu). Conclusion Confrontés à un nombre important de titres de presse magazine, il est très utile de disposer de données qualitatives permettant de dégager des types de lecteurs en fonction de leurs valeurs. De très nombreux magazine s’adressent à des cibles socio-démographiques proches, mais pourtant très différentes vues sous l’angle de la sémiométrie. Un point de vue auquel on ne donne pas assez d’importance, et pourtant essentiel quand on cherche à optimiser l’efficacité de la publicité. En effet, un message publicitaire efficace ne s’adresse pas à des jeunes, à des hommes de classes sociales élevées, ou à des PRA de 18 à 44 ans, mais à des personnes susceptibles d’êtres touchées par un certain type de message. La sensibilité des publics cibles prend ici toute son importance. Un message très rationnel et pragmatique par exemple touchera certainement peu la sensibilité de lecteurs fondamentalement idéalistes, rêvant de liberté et d’évasion. Par ailleurs, les éditeurs eux-mêmes trouveront dans cette étude matière à peaufiner leur contenu rédactionnel en comprenant un peu mieux les schémas de valeurs et les aspirations de leurs lecteurs. ■ A.B. et W.D. 16 FOCUS Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | 20 ans de l’Audimétrie, un anniversaire à ne pas zapper arfois craint, parfois critiqué, toujours décortiqué, ce média fascinant qu’est la télévision ne bénéficie pas seulement d’un attrait énorme et jamais égalé auprès de la population, il est également le média le plus étudié par le marché publicitaire ; ses téléspectateurs sont suivis à la loupe. Depuis 20 ans en Belgique, l’Audimétrie scrute les mouvements de chaque panéliste, seconde par seconde, chaque jour de l’année... une base de données à donner le tournis. P Arrêt sur image : la naissance d’une étude, un événement majeur dans l’histoire de la recherche média de notre pays Pour analyser les audiences TV en 1984, le CIM a fait un appel d’offre portant sur un panel téléphonique. A l’époque, personne ne parlait d’audimétrie. Pourtant, la Sobemap a remis, outre une offre pour un panel téléphonique, une offre pour un système audimétrique (pour la simple raison qu’il y avait un projet de développement d’un audimètre à l’intérieur du groupe Sofres). Suite à cette initiative et sous la recommandation de RTL et de sa régie IP, le CIM a refait un appel d’offre, mais cette fois pour un panel audimétrique. Et c’est la Sobemap qui a emporté le contrat avec l’appareil Telecontrol du Suisse Steinman (le seul audimètre individuel en application à l’époque, déjà implémenté en Suisse et en Allemagne). L’histoire était en marche… Le Sud de la Belgique a donc été le troisième territoire européen à être équipé d’audimètres à bouton-poussoir. La première « boîte » fut installée au mois de mai 1985 et le panel de 600 ménages fut opérationnel fin septembre de la même année (la première semaine prise en compte dans les analyses est la semaine du lundi 16 au dimanche 23 septembre 1985). Il aura fallu pas moins de 6 mois d’installation1. L’audimétrie lancée en Belgique francophone dès 1985 était d’emblée de génération 2. Elle était l’émanation en toute logique de la génération 1 aussi appelée audimétrie foyer (utilisée en France jusqu’en 1989). La différence dans le développement de l’outil étant le bouton poussoir qui permet d’identifier le panéliste au sein du ménage. C’est donc le comportement de l’individu pris séparément que l’on suit, qu’il regarde la télévision seul ou accompagné. Dans le Nord du pays, il a fallu l’arrivée de VTM, première chaîne privée à proposer des écrans publicitaires, pour relancer le débat de l’audimétrie ; toutefois, les études furent sensiblement différentes jusqu’en 1997, puisqu’en 1987, la Flandre adopta le système en vigueur aux Pays-Bas, AGB utilisé par Aspemar. 1 D’après René Piret, l’audimaître in Coverage, IP 08/11/1995. Photo Zefa Images FOCUS Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | Au début de l’Audimétrie, le marché était clairement dominé par deux émetteurs, à savoir RTL et son challenger RTB. Loin derrière ces positions insolentes, on retrouvait deux chaînes publiques françaises : TF1 et A2. La privatisation de la première chaîne française en 1987 influença considérablement les audiences du Paysage Audiovisuel belge francophone, entraînant un resserrement des positions concurrentielles. RTL (devenue entre-temps RTL TVI) décida alors d’investir davantage dans la proximité et dans l’auto-production afin de mieux séduire Le détail (à la seconde près) des observations garantit la maîtrise des phénomènes tels que le zapping en fournissant de manière isolée les performances des écrans publicitaires. Plus encore, puisque l’étude permet en Belgique de connaître 1. 20 ans de PDM Source : CIM Audimétrie Sud / 15 ans et plus / 17h-23h. RTL-TVI AB3 La chasse gardée CLUB RTL AB4 Le repli du public La valse à 3 PLUG TV TF1 L’érosion française 30% RTBF1 FR2 La consolidation de la Famille Télé 21 / 21 FR3 Post-TV Reality 20% 10% 2 Cette précision de l’information n’est pas disponible dans tous les pays audimétrés puisqu’aux Pays-Bas par exemple, c’est l’audience de la minute qui est prise en compte pour le calcul du spot dans le bilan de campagne. janv-05 janv-04 janv-03 janv-02 janv-01 janv-00 janv-99 janv-98 janv-97 janv-96 janv-95 janv-94 janv-93 janv-92 0% janv-91 Ces mutations attendues ne doivent pas occulter les grands avantages de l’étude. Avant l’audimétrie, la recherche spécialisée en télévision se limitait à l’interview face à face et au carnet de vision. Après avoir rendu hommage à l’outil, nous ne pouvions clôturer cet article sans nous pencher sur les résultats d’audience. Les données sont récupérées la nuit, ce qui assure la quasi instantanéité de la mise à disposition des résultats ; en effet, chaque matin, les résultats sont disponibles. janv-90 D’autres évolutions technologiques sont prises en compte avec plus d’intérêt ; l’arrivée de la télévision numérique par exemple a nécessité des investissements technologiques afin d’assurer une bonne reconnaissance des chaînes regardées (grâce aux technologies nouvelles comme le Picture Matching, l’utilisation du code CNI et l’arrivée de la Scart Box en fin d’année). Mais la télévision sera bientôt également relayée par d’autres supports que le poste de télévision traditionnel, comme le téléphone portable par exemple… L’étude devra donc naturellement s’adapter également. 20 ans d’audimétrie, c’est plus de 7300 « vagues » d’analyse janv-89 Fin des années ‘80, certaines initiatives tentent de faire aboutir ce que l’on appelle l’audimétrie passive. L’objectif est de supprimer totalement l’intervention du panéliste, mais tant pour des raisons techniques qu’économiques, cette alternative est rejetée. L’avantage de l’audimétrie sur ces deux méthodes est d’éviter le recours à la mémoire des panélistes. De plus, la légèreté des interventions qui leur sont demandées garantit également d’échapper au biais du laboratoire. Les panélistes ne se sentent pas réellement sondés et leur comportement de vision est donc plus en phase avec la réalité. janv-88 Depuis le lancement de l’étude, le CIM et sa Commission Technique TV assurent l’adéquation de l’outil d’analyse avec l’évolution du média. l’audience précise d’un spot2, elle assure donc à l’annonceur la vérification après diffusion du nombre de téléspectateurs qui ont réellement vu la campagne. C’est aujourd’hui la seule étude du CIM qui permet d’analyser l’efficacité d’une campagne publicitaire à ce niveau de détail. janv-87 Une étude en phase avec les évolutions technologiques L’année 1997 marqua un nouveau tournant dans l’audimétrie. L’étude devint nationale, elle fut remaniée, le panel fut élargi et les données disponibles pour les agences devinrent plus importantes. Le CIM confia la réalisation de l’étude à la société Audimétrie S.A, le recrutement initial du panel à Research International et l’horodatage (à la seconde près) fut fourni par TV Times. • L’interview en face à face permet de déterminer les habitudes TV et plus précisément la retranscription, via appel à la mémoire de la vision de la veille. • Le carnet de vision permet de suivre durant un laps de temps déterminé le comportement télévisuel d’un individu ou d’un foyer. janv-86 Evolution du meilleur des espions, toujours au service du média 17 »»» 18 FOCUS Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | »»» ses téléspectateurs. Par cette politique de proximité, l’année 1990 vit RTL TVI reprendre progressivement ses distances face à TF1. Cette période, très chahutée dans le service public3 correspond également à la régression des audiences de la RTBF. S’ensuit une longue période que nous avions appelée « l’érosion française »4 ou consolidation de la famille RTL. Cette période s’étend de septembre 1994 à mars 2001. La perte des parts de marché constatée sur notre marché par TF1 (les premières années et les chaînes publiques ensuite) s’explique par un recentrage catégorique de programmation vers la proximité et l’événementiel franco-français. Les émetteurs belges, par une politique de première diffusion (des films, séries, …), accentuent encore le désintérêt des téléspectateurs belges pour les chaînes françaises. Cette période correspond également au lancement de Club RTL en février 1995. Petit à petit, Club RTL gagne des parts marché sans toutefois engendrer une diminution des téléspectateurs de RTL TVI (grâce à une bonne politique de complémentarité). Après cette période très bénéfique pour les chaînes belges, on assiste ces dernières années à une période plus mouvementée de l’histoire de la télévision belge : la redistribution des cartes. L’arrivée de la téléréalité génére une concurrence accrue entre les chaînes commerciales TF1 et M6 en France. En 2001, avec LoftStory et l’épisode de la piscine, M6 déchaîne les passions et attire les téléspectateurs (français uniquement, car M6 n’est pas captable en Belgique). TF1 se sent pour la première fois menacée sur sa cible de prédilection : les ménagères de moins de 50 ans. La chaîne adopte alors une contre-programmation agressive qui se ressent directement dans les audiences belges. Et cette année déjà mouvementée, un nouvel entrant fait son apparition : AB3. Après les années sereines, le marché belge est à nouveau en ébullition. Les deux principaux acteurs se penchent aussi sur leur grille de programmation pour satisfaire au mieux les attentes des Audimétrie : les détails de l’étude actuelle L’échantillon constitué compte 1.500 ménages (750 par région linguistique). La population étudiée rassemble les Belges et les étrangers parlant une des deux langues nationales, résidant en Belgique, âgés de 4 ans et plus. Pour garantir la représentativité sur un plan individuel, l’audimétrie utilise principalement l’univers de référence de l’étude CIM PluriMédia-Produits (qui se base pour la constitution de son univers sur les données de l’INS). Le panel initial est constitué de manière aléatoire. Les ménages qui satisfont au recrutement sont contactés. Une fois leur accord donné, un questionnaire complet leur est soumis. L’institut fournit ensuite aux ménages panélisés trois instruments : un audimètre, une télécommande et un modem. L’audimètre est connecté directement sur le téléviseur. Celui-ci enregistre de manière systématique tout moment de la journée. Ceci comprend l’heure à laquelle la télévision ou les autres formes de vision sont utilisées (magnétoscope, télétexte,…), les chaînes regardées, les changements de chaînes, etc. Chaque ménage panélisé reçoit autant d’audimètres qu’il y a de téléviseurs dans la famille. La télécommande est associée à l’audimètre. Grâce à un bouton-poussoir, chaque membre du panel peut s’identifier séparément lorsqu’il pénètre dans le champ de vision du téléviseur. Une réinterrogation annuelle de chaque ménage permet d’adopter les critères sociodémo du panel. Depuis avril 2005, elles sont adaptées en continu par l’institut. Enfin, le modem permet de relier chaque ménage à l’ordinateur central situé à Bruxelles. En effet, chaque nuit entre 2 heures et 6 heures du matin, les données récoltées au cours de la journée sont envoyées via modem à Audimétrie S.A. Les données provenant de familles nouvellement panélisées ne sont prises en compte qu’un mois après l’introduction de l’audimètre dans le ménage. L’objectif de cette mesure est d’éviter les comportements atypiques des « nouveaux étudiés ». Afin d’assurer encore plus la qualité de l’étude, un renouvellement annuel de 20% du panel est exigé par le CIM. Les retraits sont spontanés ou forcés (manque de discipline du ménage, problème de représentativité ou simplement présence trop longue dans le panel). Toutes ces sécurités permettent d’accorder à l’étude le qualificatif d’outil optimal ! téléspectateurs belges ; des initiatives fusent, un partenariat étroit entre RTL et M6 permet de diffuser certains programmes de Reality TV et une troisième chaîne est lancée au sein du groupe RTL : Plug TV, destinée aux 15-34 ans. Pourtant, malgré des efforts pour mieux s’adapter à la nouvelle concurrence, un acteur traverse une zone de dépression sans pouvoir redresser la barre : la RTBF. (alors que la population belge est plutôt vieillissante), ce média se doit d’être en parfaite adéquation avec son temps et de satisfaire ses nombreux téléspectateurs. Pour être présente chaque soir au cœur des foyers, la télévision n’en n’a pas encore fini de nous étonner par sa complexité. Depuis toujours et certainement sur ces 20 dernières années, la télévision se présente comme un média en mutation permanente. Afin de ne pas prendre une ride 3 Période de restructuration au sein du service public suivie de grèves tant en Belgique qu’en France. 4 « 10 ans de l’audimétrie », IP avril 1996. A lire également, l’article paru dans le Backstage n° 18 de juin 2004 « Mesures CIM : évolution des méthodologies », concernant le fonctionnement des audimètres de nouvelle génération ayant recours au Picture Matching et du code CNI. ■ S.V.H. SYMPOSIUM Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | 19 Conférence de Stratégies : le marketing au féminin Comment parler aux femmes en parlant des femmes la fin du mois de mai 2005, Stratégies a organisé un séminaire de 2 jours à Paris sur les femmes et la manière d’aborder ce public-cible. La première journée portait sur l’évolution de la femme et sa situation actuelle, tandis que la seconde analysait des exemples de marketing en profondeur à partir d’études de cas concrets. Cet article résume les thèmes essentiels des allocutions de la première journée. A ce à part entière dans la société et en fait de nouveaux symboles de pouvoir. L’élément masculin perd ainsi son ‘hégémonie’ et se voit même remis en question, traversant dès lors une crise d’identité. Jolanta Bak a donné l’exemple américain, où la nouvelle économie, notamment fondée sur le networking, le coaching et la communication, se rapproche davantage des valeurs féminines. Elle débouche donc, par exemple, sur une expansion rapide des « home-based heroes » : la femme recherche l’équilibre adéquat entre sa vie privée et sa vie professionnelle sur la base d’une grande indépendance. Cela signifie aussi la fin de la « wonder woman », puisque les femmes cherchent un équilibre et comprennent parfaitement L’objectif de cette conférence était de déterminer la manière d’aborder les femmes en parlant des femmes. La (r)évolution vécue par les femmes au cours des 50 dernières années, sur le plan biologique comme technologique, leur a permis d’occuper leur propre place au sein de la société. L’allocution la plus intéressante a été menée par Jolanta Bak, du bureau Intuition, et décrivait la recherche d’une nouvelle harmonie par les femmes. Auparavant, elle a naturellement dressé le bilan de 50 années d’émancipation féminine, au travers des droits fondamentaux (du droit de vote au droit de donner son nom à un enfant). Sa conclusion était que les femmes occupent désormais une position sociale unique. L’autonomie dont elles jouissent à présent, les femmes l’ont obtenue grâce à trois facteurs : la contraception, l’accès à l’enseignement et l’accès au travail. Par ailleurs, les valeurs typiquement féminines telles que l’intuition, la solidarité, l’écoute, etc. bénéficient d’une reconnaissance croissante, qui leur confère une pla- Photo Corbis »»» 20 SYMPOSIUM Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | »»» que cet objectif exige des compromis, d’un point de vue professionnel comme relationnel, ce qui n’est pas toujours aisé. Elles rencontrent divers obstacles, notamment parce que l’environnement ne suit pas toujours la même évolution. C’est chez les « cobayes », les quadragénaires d’aujourd’hui, que l’on compte le plus grand nombre de femmes isolées. L’harmonie recherchée se déploie à tous les niveaux et s’efforce de faire rimer les valeurs féminines d’antan, telles que la maternité, la beauté et la vulnérabilité, avec celles d’aujourd’hui, comme le pouvoir, l’indépendance et le travail. L’aspect ‘maternité’ a d’ailleurs fortement évolué, d’un sort inéluctable à une décision propre, un souhait et un choix conscient qui complète sa vie. Dans son couple également, la femme recherche l’harmonie, non pas en essayant d’être à l’image de son partenaire mais en optant pour la complémentarité. Elle a également besoin d’avoir un peu de temps à elle, de pouvoir mettre ses responsabilités de côté, de moments où d’autres prennent soin d’elle et où elle ne doit pas être le moteur. Cette femme est donc femme jusqu’au bout des ongles dans tous les aspects de sa vie, et se sent très bien ainsi. Elle ne doit plus essayer d’être l’égale de l’homme ou de devenir son fidèle reflet. En dehors des frontières de sa propre vie, la femme s’efforce aussi d’atteindre l’harmonie, rêve d’un monde en paix et accorde beaucoup d’importance à l’environnement, auquel elle entend contribuer personnellement. Revenons sur les différentes générations de femmes, décrites par Jolanta Bak. Chez les plus jeunes, âgées de 15 à 24 ans, deux thèmes apparemment opposés jouent un rôle important : la contemplation des étoiles et l’envie de devenir une idole le plus vite possible ainsi que l’altruisme. Elles veulent améliorer le monde et se préoccupent de l’environnement et de l’injustice. En ce qui concerne leurs relations personnelles, elles rêvent du prin- ce sur son cheval blanc, du grand amour et de la fidélité au sein de la relation. Dans la génération des 25-35 ans, nous retrouvons également l’idéal d’une relation durable mais pas à n’importe quel prix. Le partenaire idéal est à la fois homme, amant, ami et père. L’équilibre occupe une fois encore une place centrale : l’équilibre au sein de la relation, en termes de finances, de tâches ménagères et de sentiments. Cette phase représente souvent un moment-charnière dans le passage de la femme à la vie ‘adulte’ : sa relation se développe, elle construit sa carrière, elle a souvent son premier enfant et essaie de trouver un peu de temps pour elle-même. Nous constatons que le temps est très précieux pour les femmes de cet âge. Les femmes de 35-50 ans constituent la première génération arrivée en masse sur le marché de l’emploi. Elles ont connu la crise des années 1990, les divorces, la combinaison du travail et du ménage, etc. Elles ont souvent trouvé leur nouvelle identité et bénéficient des possibilités et opportunités y afférentes, pour lesquelles elles recherchent une fois encore le juste équilibre. Les plus de 50 ans sont celles qui ont suivi de près et vécu l’émancipation de la femme, et qui en ressentent souvent les conséquences concrètes dans leur vie, auquel cas le couple ne survit pas toujours aisément, surtout après la pension. Elles entretiennent souvent un lien étroit avec leur fille et principalement avec leurs petits-enfants. Elles supportent en outre chaque jour les conséquences du vieillissement physique, de sorte qu’elles sont encore plus résolues à vivre une vie plus intense et à s’éloigner des obligations sociales. Ce groupe-cible s’avère très intéressant car les femmes de cette tranche d’âge ont un pouvoir d’achat élevé et une autre disposition d’esprit que les pensionnées d’autrefois ; ces plus de 55 ans n’épargnent pas un capital pour leurs descendants mais jouissent pleinement de leur vie et dépensent de l’argent pour se faire plaisir et découvrir de nouvelles expériences : voyages, parfums, thalassothérapie, concerts, … Tout cela est très beau dans la théorie, et nous espérons qu’un jour, toutes les femmes trouveront l’harmonie et l’équilibre dans leur vie. Malheureusement, les droits des femmes demeurent fréquemment bafoués ; les femmes sont encore souvent victimes de violences, elles gagnent toujours moins que les hommes pour un travail égal (ce qui entraîne également des répercussions pour leur pension) ; après un divorce, la femme s’occupe encore souvent seule de l’éducation des enfants (et en assume seule l’impact financier), … La réalité de chaque jour entrave encore souvent l’idéal d’équilibre et d’harmonie au travers des soucis quotidiens et des mesures pratiques requises, qu’elles assument encore souvent seules. Un planning concret du quotidien, combiné à la recherche permanente du juste équilibre dans sa propre vie sans perdre de vue son individualité… La femme se sent parfois « fatiguée ». Sans vouloir rebrousser chemin, elle se rend parfois compte que la distribution des rôles d’autrefois lui conférait une vie plus paisible et planifiée d’avance. Elle recherche des moments de liberté, d’insouciance, sans pour autant nier ses responsabilités. Cette réflexion débouche notamment sur la prise de conscience du fait qu’être « mère » est un travail à part entière, et de plus en plus de femmes choisissent alors sciemment de rester à la maison et de se consacrer à l’éducation des enfants. Mais la grande différence par rapport au passé est que cette occupation est désormais davantage reconnue comme un travail à temps plein. Les femmes plus jeunes donnent la priorité à une relation et à une vie où elles s’épanouissent pleinement, sans limiter cette ambition à une carrière professionnelle réussie. Ces 50 dernières années, la femme a parcouru un chemin particulièrement important et elle ne reviendra jamais en arrière. Les années à venir lui permettront de trouver un équilibre dans les différentes facettes de sa vie. ■ A.B. SYMPOSIUM Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | Conférence FIPP à Varsovie : ‘Succesfull selling through powerful research’ près sa précédente édition à Amsterdam, fin 2003, la conférence FIPP de cette année s’est tenue à Varsovie. Il semblerait que la conférence soit influencée par la ville où elle se déroule. Si elle avait pris la tournure d’un événement dynamique et prospectif à Amsterdam, les interventions n’étaient guère novatrices ni palpitantes dans le décor gris de Varsovie. De plus, les différences entre l’Europe orientale et occidentale sont nettement ressorties et le niveau de notre pays en matière de recherche s’avère particulièrement élevé. A La position des divers médias est également différente : la télévision représente une part de marché considérable dans les pays d’Europe orientale mais y est moins chère que les magazines. Ces derniers jouent un rôle important dans toute l’Europe occidentale, mais l’on constate de profondes divergences entre le Nord et le Sud, avec un extrême comme la Turquie, où 6 % seulement de la population lit des magazines, et où les écrans publicitaires à la télévision durent 15 minutes. Nous avons néanmoins eu droit à des allocutions très intéressantes du RoyaumeUni (concernant le Royaume-Uni et l’Australie), du Danemark et de la Belgique. Il n’est guère étonnant qu’elles aient été si intéressantes car ces pays sont à peu près au même niveau, possèdent une bonne étude de presse nationale et sont allés une étape plus loin dans la promotion du média ‘magazines’ via une collaboration entre éditeurs. L’Angleterre et l’Australie ont emprunté cette voie depuis environ 2 ans, la Belgique a franchi le cap l’année Photo Corbis 21 22 SYMPOSIUM dernière et le Danemark vient de lui emboîter le pas. Dans cet article, nous parlerons surtout des interventions anglaise et danoise car l’étude de cas belge portait sur la présentation de Maglab, menée avec brio par Patrick Hermie et fort appréciée par le public. Dans ce contexte, le projet de l’étude WAR s’est avéré très novateur et l’initiative Maglab a suscité un fervent intérêt. Valeur sûre des conférences FIPP, l’Anglais Guy Consterdine (consultant en recherche FIPP) a lancé le mot-clé ‘Channel Planning’ avec une réflexion capitale : « Every point where people can meet brand is communication » (tout point de rencontre entre le public et la marque relève de la communication). Outre les médias classiques, nous assistons à l’avènement de nouveaux médias numériques, qui entraînent une importante fragmentation. D’autres formes de communication, telles que le sponsoring ou la PLV, gagnent elles aussi en intérêt. Le problème est que cet ensemble de ‘contacts’ au travers des différents canaux n’est plus mesuré via une seule méthode. Le classique OTS (opportunity to see) n’est donc plus suffisant et il faut plutôt chercher une ‘opportunity to engage’ et y attribuer des ‘brand experience points’. Certaines agences médias ont créé leur propre outil à cet effet, comme Zenith Optimedia et Mindshare. Le message était clair : la possibilité d’effectuer des mesures est devenue primordiale. Tim Lucas, quant à lui, est venu raconter la suite de l’histoire qu’il avait commencée à Amsterdam : l’Agency Training Program, une collaboration très intéressante entre les éditeurs de magazines de la PPA (Periodical Press Association) afin d’apprendre à mieux connaître le média ‘magazines’. Il a encadré cette initiative au Royaume-Uni et en Australie, sujet déjà Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | abordé dans l’article sur la conférence FIPP d’Amsterdam dans le Backstage de juin 2004. L’idée de base consiste à former les Senior Sales en tant que ‘Magazine Advocates’ afin de défendre le média magazines dans son ensemble auprès des agences et agences médias, et de chercher avec elles leur affectation optimale pour un client donné. Parmi les projets figure également un programme de formation qui permettrait aux annonceurs et agences de découvrir l’impact des magazines. Il existe en outre une importante base de données en ligne, l’Advertising Resource Centre, qui regroupe les données les plus récentes concernant les recherches relatives au média magazines. Entre-temps, le programme a continué à évoluer, débouchant sur la formation de 64 Senior Sales et la soumission de 83 présentations à 300 clients, qui ont d’ores et déjà généré quelques succès. La formation portait sur les cycles d’achat des consommateurs, le rôle de la publicité et de la stratégie média, et la sélection média. L’étape suivante réside dans la formation en matière de ROI (return on investment). des types de consommateurs très différents, en différenciant les Heavy, Medium et Light Spenders. Il a en outre montré, via différentes études de cas, que l’utilisation d’un mix accroît la couverture et améliore la sensibilisation et l’efficacité par rapport à une campagne exclusive en télévision. Son allocution a également souligné la relation privilégiée entre le lecteur et le magazine, ainsi que le coût au mille avantageux pour une campagne magazine. Sans oublier que : « Magazine Advertising Sells ! ». Comme davantage de consommateurs entrent en contact avec la publicité et que la présence peut être étalée sur toute une année, la marque couvre chaque moment du cycle d’achat, donc aussi le moment où le consommateur est ‘ready to buy’. Tim Lucas a même évoqué la complémentarité entre les hémisphères cérébraux afin de prouver qu’un mix stimule les deux hémisphères : le droit avec les images mobiles et le gauche avec les textes, le langage et les images fixes. Un autre volet de cette initiative est le M.A.G., Magazine Advertising Group, dont l’objectif est de réunir les principaux délégués des agences et éditeurs pendant une demi-journée autour d’un thème, afin de dégager des pistes pour un nouveau mode de réflexion axé sur la planification des magazines. Au Danemark aussi, une ‘Magazine Academy’ a été mise sur pied avec un triple objectif : mieux former les sales, professionnaliser le média et stimuler la recherche. Les annonceurs et les agences sont invités pour un programme de 5 jours qui parcourra le paysage médiatique, clarifiera la relation avec le média et débattra sur les notions de reach, frequency, recency, channel planning et ROI. Tim Lucas a présenté une deuxième allocution soulignant une fois encore les avantages de la publicité dans les magazines. Il a mis l’accent sur le mix media avec la télévision, et a insisté sur la complémentarité de ces médias, en démontrant que les magazines sont sélectifs sur Bien que l’édition précédente était plus diversifiée et couvrait des thèmes plus intéressants, la conférence FIPP demeure efficace pour rester informé de ce qui se passe au-delà de nos frontières, et donne une bonne image de notre niveau par rapport à celui des autres pays. ■ A.B. RESEARCH Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | 23 Radio Observer 2005 La « consommation » détaillée L’information décortiquée e 20 juin dernier, les équipes d’IP Marketing et du Laboratoire Sonore d’IP présentaient la version 2005 du Radio Observer dans le prestigieux cadre du Musée des Instruments de Musique. Nous avons déjà eu l’occasion de dresser les principales tendances de cette édition dans le dernier numéro de Backstage. La brochure publiée à l’occasion de cette présentation résume quant à elle les paysages radiophoniques francophones et néerlandophones et rentre dans le détail de la programmation et de l’offre musicale de chaque station. Cette quatrième édition a aussi été l’occasion de réaliser certains focus, tant sur les parallèles entre offre « proposée » et offre « consommée » que sur le traitement que chaque rédaction donne à l’information. L Il en résulte une audience par station observée sous un angle de programmes. Elle nous permet de comparer l’offre « proposée » (les types de programmes diffusés de 6 heures à 22 heures) à l’offre « consommée », c’est à dire ces mêmes types de programmes pondérés par leur audience. Voici un bref aperçu des résultats par type de radio : Comme dans les éditions précédentes, nous notons une nette surconsommation de l’information et des magazines pour les radios généralistes et talk francophones. Normal quand on sait que ces stations ont des peaks d’audience marqués en matinée, donc à une période qui privilégie ce type de programmes. Particularité de Bel RTL, son offre de services, proposée essentiellement en matinée et en fin d’après-midi, recueille elle aussi un indice offre/consommation positif. Chez VivaCi- té et La Première, ce sont plutôt les émissions de divertissement qui viennent compléter le duo information & magazines parmi les styles surconsommés. Chez les musicales, la musique est présente tout au long de la journée. Elle est néanmoins souvent moins présente lors des peaks d’écoute (matin et fin d’aprèsmidi) pour faire place aux séquences de services, de magazines ou de divertissement. Il est donc logique de ne pas retrouver la musique comme catégorie particulièrement surconsommée, même si elle constitue plus de 59% de la consommation totale de radio au Sud, toutes stations confondues. D’autres catégories sortent donc du lot et sont différentes selon les stations. Bien sûr, Nostalgie et Fun Radio sont très performantes sur le divertissement avec des indices respectifs de 129 et 138. En revanche, il est plus étonnant de 1. Radio offer vs listening 12+ South Source Listening : CIM Radio w.6, M-F, 6h-22h, Basis : Rating 12+ South Que consomme-t-on ? La volonté de chaque station est de proposer une programmation qui répond au mieux aux attentes de ses auditeurs. Pour mesurer la performance de chaque émission, l’étude CIM Radio indique, deux fois par an, des évolutions d’audience. Par la suite, celles-ci serviront souvent à faire évoluer la programmation pour qu’elle soit la plus en phase possible avec les préférences des auditeurs. Dans le Radio Observer, IP a mis en parallèle les audiences par quart d’heure avec le type de programmes proposés par chaque radio. Chacune des séquences observées s’est donc vue attribuer le « rating » du quart d’heure qui lui correspondait, pondéré par son poids en secondes dans cette tranche. Other Animation 9.9% 2.7% Service 3.6% Magazine 6.9% 12+ 12-34 35-54 55+ 94 95 94 95 Information 125 121 129 124 Entertainment 113 118 109 94 Magazine 103 101 101 104 Music Service Animation Other Radio Offer Entertain. 6.7% Radio listening index 102 96 106 107 96 93 97 99 109 108 110 110 Music 63.1% Info. 7.1% Animation 2.6% Service 3.6% Magazine 7.1% Other 10.8% Radio Listening 12+ Entertain. 7.6% Music 59.4% Info. 8.8% »»» RESEARCH 24 Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | »»» 2. Radio offer vs listening 12+ North Source Listening : CIM Radio w.6, M-F, 6h-22h, Basis : Rating 12+ North Other Animation 7.5% Service 4.7% 2.9% Magazine 6.1% Entertain. 2.2% Info. 5.5% Radio listening in index 12+ 12-34 35-54 55+ 96 98 96 96 118 117 117 118 93 93 96 84 Magazine 115 108 117 115 Service 117 111 115 121 96 95 95 97 107 105 109 108 Music Information Entertainment Animation Other constater que l’indice entre offre et consommation de divertissement pour NRJ est négatif (87). Chez elle, les séquences de services et de magazines sont plus demandées. Radio Contact conserve des indices pour la musique et les informations proches de 100 et les auditeurs semblent apprécier les séquences de magazines, de jeux et de services. Les attentes des auditeurs de Contact2 sont assez proches, tout en y ajoutant l’animation. Certaines stations musicales privilégient les forts moments d’écoute pour placer leurs séquences d’information. Il est donc logique que leur indice offre/consommation sur cette catégorie soit positif. On retrouve parmi celles-ci Nostalgie, Fun Radio et NRJ mais également les trois musicales de la RTBF : Pure FM, Classic 21 et Musiq’3. L’offre globale au Sud voit donc plusieurs catégories émerger : • L’information : des plus jeunes aux plus âgés, tous surconsomment cette catégorie de programme. • Grâce à l’offre puissante de Fun Radio et de NRJ auprès des cibles jeunes, ainsi que celles de Bel RTL et Nostalgie auprès des cibles adultes, le divertissement est également surconsommé. • Les magazines et les services ont aussi des indices de consommation positifs. Mais autant les magazines touchent de manière plus ou moins équivalente toutes les cibles, autant les services sont plutôt demandés par les cibles de 35 ans et plus. stations voient leurs séquences d’information être surconsommées : Radio Contact, Donna, TopRadio et Mango. Donna et TopRadio sont également fort appréciées pour leurs magazines, ceux-ci étant surtout proposés en fin d’après-midi. Q-music est quant à elle plus particulièrement appréciée pour son offre de services, d’informations et de divertissement. Radio Offer Music 71.1% Other Animation 8.0% 4.6% Service 3.4% Magazine 7.1% Entertain. Radio Listening 12+ 2.1% Info. 6.4% Music 68.4% • Enfin, pointons l’indice de la catégorie « autres », qui lui aussi est positif. Cette catégorie est majoritairement constituée de publicités, le reste étant partagé entre autopromotions, jingles et remplissage d’antenne. Cet indice positif prouve que la publicité est placée lors des meilleurs moments d’écoute, mais était-il nécessaire de le relever ? Comme au Sud du pays, les stations généralistes néerlandophones privilégient nettement trois catégories de programmes. Tout d’abord, l’information. Elle y est non seulement très présente en offre, mais est également fortement « consommée » puisque les indices offre/consommation de Radio 1 et Radio 2 pour cette catégorie sont respectivement de 145 et 124. Là où Radio 1 consacre un peu moins de 10% de son temps d’antenne à l’information, c’est plus de 14% de l’écoute des auditeurs de radio 1 qui est concentrée sur ce genre de programme. Les deux autres catégories appréciées des auditeurs de Radio 1 et Radio 2 sont les magazines et les séquences de services. A noter aussi que Radio 1 se distingue en étant la station ayant l’indice sur la catégorie « musique » le plus faible : 77. Toutes les stations musicales du Nord sont constituées, pour plus des deux tiers de leurs programmes, de musique. Elles laissent ainsi peu de place aux autres catégories. Les volumes de consommation diffèrent donc peu des volumes d’offre. On notera néanmoins certaines affinités d’auditeurs envers certaines catégories. Quatre Bien que les catégories divertissement et services représentent un faible volume de programme sur Studio Brussel, elles sont également appréciées par les auditeurs. De même, sur 4FM, les deux catégories qui émergent sont les magazines et les services, mais le cumul de celles-ci ne représente pas plus de 5% de la programmation. Le paysage radiophonique néerlandophone est donc dominé par la musique. Son offre constitue 71% de la programmation et représente plus de 68% des programmes écoutés. Derrière, trois catégories semblent être appréciées des auditeurs : les magazines, l’information et les services. Logiquement, ce sont les trois catégories qui sont principalement proposées en matinée et en fin d’après-midi, lors des moments de plus grande écoute. Contrairement au paysage francophone, la « demande » par cibles d’âge est moins marquée au Nord. Seule la musique semble être encore plus consommée par les jeunes que par les 35+, et inversément, les magazines et services plus demandés par les 35+ que par les plus jeunes. Focus on news Autre particularité de cette édition, la comparaison du traitement de l’information par les rédactions des radios. Les journaux d’information du matin, et en particulier ceux de 7 heures, étaient les plus représentatifs car les plus longs de la journée pour la plupart des radios. Au Sud, la journée enregistrée, celle du 16 novembre 2004, était marquée par trois nouvelles importantes : sur un plan international, la démission de Colin Powell de son poste de Secrétaire d’Etat du gouvernement américain ; en Belgique, la poursuite des incendies criminels qui sévissaient dans la ville d’Arlon depuis quelques semaines ; enfin, toujours en Belgique, la réouverture du Théâtre national de Bruxelles. Chacune des trois stations généralistes et RESEARCH Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | 3. News Content in the South November 16, 2004 – 7:00 AM news, except for Contact radios, Fun Radio and NRJ : 7:30 AM Titles International Première / Cl.21 12’17’’ VivaCité 11’00’’ Bel RTL 10’02’’ Gr.Contact 6’59’’ Nostalgie 5’40’’ Pure FM 4’46’’ NRJ 2’37’’ BXL 2’14’’ Fun Radio 1’56’’ National Culture/Leisure News in brief Sports Other 0 1 2 3 4 talk avait choisi de débuter son journal par une information différente. La Première commençait avec l’actualité internationale, et lui consacrait même presque les deux tiers de son contenu total. VivaCité jouait plus sur la proximité en privilégiant les événements d’Arlon pour débuter ses infos. Elle réservait même presque un quart de son journal à cette information. Bel RTL choisissait pour ce journal-ci de 5 6 7 8 9 10 11 12 13 Minutes parler dans un premier temps de la réouverture du Théâtre national, puis enchaînait avec d’autres actualités nationales puis internationales. Chez les musicales, certaines radios sortaient également du lot. Les stations du Groupe Contact se distinguent par leur approche particulière de l’information. Premièrement, les journaux sont décalés à l’heure et demi plutôt qu’à l’heure juste. Ensuite, ils proposent en premier lieu des informations régionales ou locales, grâce aux 16 décrochages régionaux et locaux 4. News Content in the North November 23, 2004 – 7:00 AM news, except Contact : 7:30 AM Titles Radio 1 / 2 7’35’’ Donna / Stu Bru 4’14’’ 4FM 3’15’’ Q-music 2’45’’ Contact 2’01’’ TopRadio 1’28’’ International National Culture/Leisure News in brief Sports Other 0 1 2 3 4 5 6 7 8 Minutes 25 de la station. Enfin, une information souriante ou anecdotique permet de faire une transition douce avec la programmation musicale qui suit. Classic 21 et Musiq’3 donnent aussi un poids important à l’information en matinée, en diffusant simultanément les journaux du matin de La Première. BXL a fait le choix de multiplier les flashs d’information : elle en propose trois par heure, tout au long de la journée. Enfin, même si l’information est traitée avec rigueur et sérieux, le ton des journaux de Fun Radio se distingue de celui des autres en étant bien plus détaché et en apportant parfois une touche d’ironie ou l’avis personnel du journaliste. Au Nord, la journée du 23 novembre était dominée par les prémices de la révolution orange en Ukraine. Les premières élections présidentielles – qui furent par la suite annulées – avaient eu lieu le dimanche précédent, et déjà les partisans de Viktor Yushchenko manifestaient leur mécontentement face aux irrégularités du scrutin. En Belgique, l’actualité était marquée par le mécontentement des professions médicales face au plan de réforme du Ministre Demot. Toutes les radios choisissaient de commencer par l’actualité nationale. Elles lui consacraient même pour la plupart plus des trois-quarts de leurs journaux. L’actualité internationale était reléguée en fin de journal. Autre élément commun à toutes les radios : le ton toujours très sérieux, presque rigide. Aucune radio, qu’elle soit généraliste ou musicale, ou encore destinée à un public jeune ou plus adulte, ne sort de cette rigueur caractéristique des journaux parlés néerlandophones. Ces capsules sérieuses contrastent parfois avec le reste de la programmation de certaines radios, en particulier celles qui proposent des animations riches et destinées aux publics jeunes ou jeunes adultes. Au-delà des observations de la programmation et de l’offre musicale, l’étude Radio Observer permet donc également d’analyser la « demande » ou « consommation » des catégories de programmes. Les applications sont multiples, en particulier pour les stations, mais également pour les agences et agences médias. Une brochure très détaillée offrant également un aperçu complet des genres de musique diffusés est toujours disponible chez IP. ■ L. de B. 26 METHODOLOGY Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | CIM MDB : vers une nouvelle pige publicitaire… a pige publicitaire belge est réalisée depuis 2000 sur un modèle entièrement déclaratif. Les régies envoient, chaque jour, des fichiers très détaillés respectant un format spécifique. Toutes les campagnes sont identifiées grâce à un identifiant unique (le fameux MDB-id). Les régies et agences média doivent créer ces identifiants uniques via un site internet reprenant toute la nomenclature et le « dictionnaire » de la pige. De cette façon, une campagne passant dans divers supports et régies conserve toujours le même identifiant. La pige MDB reprend les médias magazines, quotidiens, radio, télévision, cinéma et affichage. L’internet et les toutes-boîtes ne font pas encore partie du système mais des travaux sont en cours pour les intégrer. L Ce système entièrement déclaratif, qui aura cinq ans fin 2005, sera progressivement remplacé en 2006 par une pige basée cette fois sur la numérisation du matériel publicitaire, mais qui restera toujours enrichie de fichiers déclaratifs des régies publicitaires. C’est Mediaxim qui se chargera de numériser le matériel publicitaire et de lui attribuer un identifiant « produit ». Mediaxim sera donc responsable de la cohérence du « dictionnaire » de la pige. La télévision entre d’emblée dans le nouveau système, puisqu’elle est déjà numérisée pour les besoins de l’horodatage des chaînes. Ensuite, le print (magazines et quotidiens) devrait passer au système numérisé dès le premier trimestre 2006, suivi par l’affichage un peu plus tard. Enfin la radio, plus complexe, devrait être numérisée dès le mois d’octobre 2006. En attendant, la radio continuera donc d’être déclarée comme dans le système actuel, de même que le cinéma, l’internet et les toutes-boîtes. Les deux systèmes de pige coexisteront, le temps de faire passer progressivement un média à la fois au système de numérisation. Notons encore que la numérisation est possible pour les supports nationaux et les insertions classiques. Le sponsoring et les campagnes régionales continueront à être déclarés comme dans la pige actuelle. A terme, la numérisation offrira plusieurs avantages : • Une nouvelle dimension qualitative, puisque presque tout le matériel des campagnes nationales sera numérisé. • Un contrôle renforcé de la déclaration. • Une attribution des identifiants de campagnes (MDB-id) réalisée par Mediaxim et les régies, les agences média ne devant plus intervenir pour créer ces codes. Ceci devrait diminuer les risques d’erreurs et la charge de travail des agences média. Pour les régies cependant, l’implication dans le système devient un peu plus contraignante. Elles devront continuer à déclarer leurs investissements sous le même format qu’aujourd’hui. Ces fichiers d’investissement serviront à vérifier que l’information collectée par Mediaxim au travers de la numérisation est juste, mais également à compléter la pige pour tout ce qui ne sera pas numérisé par Mediaxim : le sponsoring, le régional, le cinéma, ... Et pour ces campagnes non numérisées, elles devront créer les MDB-id, ce qu’elles ne faisaient pas auparavant. Outre l’aspect technique et le nouveau produit de pige qualitative, c’est donc surtout au niveau de l’attribution des campagnes que la pige gagnera en qualité, et c’était sans doute sa seule faiblesse. En effet, même si beaucoup de critiques ont fusé sur la pige, il faut bien reconnaître que la plupart n’étaient pas fondées. La pige actuelle a beaucoup évolué par rapport à l’ancienne pige Mediamark. Les publications sont bien plus rapides, suivent un calendrier très régulier, sont plus fréquentes et surtout beaucoup plus détaillées. Rappelons-nous en effet que la vieille pige donnait des informations globales mensuelles, alors que nous traitons aujourd’hui des données quotidiennes jusqu’au niveau de l’insertion et même du type d’insertion. La nomenclature des secteurs est également beaucoup mieux structurée et régulièrement adaptée par le CIM. Les annonceurs conservent leur historicité dans la base de données (cela peut paraître évident, mais ce n’était pas le cas avant 2001). Enfin, au niveau de la quali- té, même si la dénomination des campagnes et l’attribution d’un bon identifiant MDB doivent encore être améliorées, elles sont certainement beaucoup plus précises et justes que dans le passé. La numérisation des publicités La numérisation se fera avec de nouvelles technologies de reconnaissance multimédia. La télévision est déjà numérisée depuis de nombreuses années par Mediaxim, et pour ce média rien ne change. Toutes les chaînes sont horodatées et chaque écran est visualisé par des personnes en charge de l’attribution des identifiants de campagnes et de matériel publicitaire. En radio, c’est un système de reconnaissance sonore qui sera mis en place. Il sera similaire à ce que fait en France la société Yacast, qui pige pour le compte de la SACEM (SABAM française) les disques diffusés sur les ondes radio. Evidemment, ce système ne sera pas capable de tout numériser. Les campagnes nationales ne poseront normalement pas de problème, mais il sera impossible de piger par ce biais le sponsoring et les campagnes régionales. En presse, les magazines seront démontés et entièrement scannés dans des machines spécialement conçues à cet effet. La presse quotidienne sera également scannée, mais manuellement, le format et la qualité de papier permettant difficilement la mécanisation du processus. Pour l’affichage, le système n’est pas encore précisé, mais il s’agira sans doute de photographier chaque semaine un panel de panneaux représentatifs de tous les réseaux d’affichage. Ceci excluant les panneaux vendus à la pièce. Le produit de pige publicitaire que nous aurons en retour sera pratiquement identique en apparence, mais certainement mieux contrôlé et plus précis au niveau de la dénomination des campagnes. A côté de la base de données classique, Mediaxim commercialisera également une pige qualitative et une pige d’alerte au travers d’un site internet à venir. ■ M.M. CONSUMPTION Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | 27 Les acheteurs fidèles des marques A sont-ils aussi fidèles aux enseignes de magasins ? ors du symposium GfK du 9 juin 2005 à Bruxelles, un exposé a plus particulièrement retenu notre attention : celui de Dirk Vanderveken, traitant de la fidélité des acheteurs vis-à-vis des marques et des enseignes de magasins. Mais avant d’aborder son exposé, retraçons en quelques lignes l’évolution de la distribution et des dépenses des ménages… L Pour ce qui est du comportement des ménages, il est à noter que leurs dépenses ne font qu’augmenter selon le « Consummerscan Belgium » de GfK. Un ménage belge moyen dépensait en effet 4.572 EUR en 2004 pour des produits frais et FMCG, soit 8,3% de plus qu’en 2000. Leurs occasions d’achat par contre baissent conti- nuellement chaque année (7,6% de moins qu’en 2000). Par conséquent, les dépenses moyennes par visite au magasin augmentent et passent de 20,1 EUR en 2000 à 23,6 EUR en 2004. Les deux premiers critères de choix du consommateur belge par rapport à une enseigne sont la Qualité et la Fraîcheur des produits. Le ‘Low Price’ vient seulement en 5° position derrière la Propreté du lieu de vente et la qualité du Service. Quant aux Private Labels, leur part face aux marques A ne fait qu’augmenter au sein des hypermarchés. Leur part en volume est passée de 37,4% en 2003 à 39,5% en 2004, et leur part en valeur de 22,8% à 24,2%. Une tendance qui devrait persister dans le futur, la part des Private Labels étant directement corrélée avec l'indice de Confiance des consommateurs (BNB). Et celui-ci devrait selon la BNB rester bas pour les mois à venir. Il est donc plus que probable que les Private Labels obtiennent de meilleures parts de marché… Contrairement aux Private Labels, les hypermarchés, apparus dans les années 1960, connaissent aujourd’hui un certain essoufflement, au profit d’une autre formule de magasins : les Hard Discounters. Leur nombre ne cesse en effet d'augmenter. Les premiers magasins de ce type ont vu le jour à la fin des années ‘80 avec l’arrivée des enseignes alimentaires allemandes Aldi et Lidl. Le nombre de points de vente du premier a progressé de 18% entre 2000 et 2003 et de 52% pour le second… Il est aussi intéressant de noter que parmi les acheteurs qui visitent Aldi et Lidl, 51% sont exclusifs à Aldi, 14% sont exclusifs à Lidl et les 36% restant fréquentent les 2 enseignes. Ces Hard Discounters sont surtout fréquentés au Nord du pays, viennent ensuite le Sud puis Bruxelles. Habitués à des niveaux de croissance élevés, les distributeurs doivent revoir leur stratégie face au déploiement de cet autre réseau de distribution. Notons cependant que la progression des Hard Discounters est davantage due (à 56%) au nombre croissant d'enseignes qu'à la prise de PDM aux autres marchés (qui explique 44% de la progression). L'image et la clientèle de ces magasins ont aussi beaucoup évolué. « Plus les gens sont pauvres, plus nous nous enrichissons », disait-on à la fin des années 80 chez les propriétaires d’Aldi, troisième fortune mondiale selon le magazine business Forbes. Il est vrai que la montée du chômage et le passage à l’euro ont été les premiers incitants à pousser la porte des magasins discount. Longtemps ces magasins à bas prix, « aussi gais que les épiceries soviétiques », ont véhiculé l’image de magasins pour « pauvres ». On y trouvait Photo Zefa Images »»» 28 CONSUMPTION Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | »»» peu de choix, les palettes et marchandises étaient mal rangées, le confort et l'éclairage sommaires, la qualité inégale et les services inexistants. Mais depuis quelques années, l’adepte du bas prix a changé. Le hard discount (ou maxi-discompte) séduit désormais une population de plus en plus nombreuse, attirée par une offre claire (les Hard Discounters ne proposent qu'une ou deux références par produit) et bon marché (service minimal). Aujourd'hui, tous les niveaux de rémunération vont faire leurs achats dans les Hard Discounters. En fonction des produits recherchés, les spécialistes de la consommation, tel que le Crédoc1, notent que « le consommateur peut être client à la fois du réseau hard discount, des hypermarchés et, pourquoi pas, d’autres magasins spécialisés ». « Le phénomène touche toutes les couches de la population », dit-on chez TNS Secodip. Fini le temps où les Hard Discounters étaient les magasins des chômeurs et des bas salaires. On est passé d’une fréquentation davantage voulue que subie. Pour ce qui est de leur profil, les adeptes des magasins à bas coûts sont plutôt jeunes. Les familles avec enfants constituent plus de 40% de leurs clients et il s'agit avant tout de personnes ayant des enfants de 6 à 17 ans. Ceux qui les fréquentent le moins sont les plus de 35 ans sans enfants ainsi que les personnes avec des enfants en bas âge. Le hard discount alimentaire est donc aujourd’hui devenu un circuit de distribution à part entière, clairement identifié et bien défini chez le consommateur. Devenu la référence du « moins cher », du plus simple, voire du plus proche, le hard discount n’a pas fini de menacer le modèle hypermarché. Dans ce contexte inquiétant pour les distributeurs, la démonstration de GfK prend tout son intérêt : les acheteurs fidèles des Marques sont-ils aussi fidèles à une enseigne de magasin ? Toute l'analyse se base sur le panel de GfK qui mesure quotidiennement les comportements d'achat de 3000 ménages représentatifs de la population belge. Les membres de ces ménages sont équipés de scanners à domicile pour identifier leurs achats. Pour différencier les acheteurs fidèles des infidèles, GfK a défini les « Loyal Shoppers » comme étant les ménages qui font au moins 50% de tous leurs achats FMCG chez un même distributeur (enseigne) et les « Hoppers » qui changent plus souvent d'enseigne. Les Loyal Shoppers représentent 41,7% de la population et les Hoppers 58,3%. Le nombre de Loyal Shoppers décroît chaque année : ils représentaient 43,4% des acheteurs en 2002 pour 41,7% en 2004. Si les deux catégories dépensent annuellement les mêmes montants (+/- 4.500 EUR par an), les Hoppers se distinguent en fréquentant davantage de magasins (225 visites vs 151 pour les Loyal Shoppers). Notons aussi que si les Hoppers se rendent plus souvent au magasin, ils multiplient aussi les enseignes (sur 6 mois de temps, les Hoppers auront visité 5,2 magasins différents vs 3,5 pour les Loyal Shoppers). En changeant régulièrement d'enseigne, les Hoppers recherchent activement les promotions et autres Low Prices… Cette pratique leur permet d'obtenir un prix moyen pour leur panier de courses de 10% moins cher que celui des Loyal Shoppers. Le comportement vis-à-vis des Supermarchés et des Hard Discounters n'est pas le même non plus pour les Loyal Shoppers et les Hoppers. Les Hoppers achètent plus souvent auprès des Hard Discounters, et achètent davantage les marques Hard Discount que les Private Labels. Que met le Hopper dans son panier quand il visite les supermarchés / hypermarchés (exclus : Hard Discounters) ? Quand le Hopper achète en dehors des Hard Discounters, il recherche les Marques ! Tableau 1 : Part de Marché EUR des Hard Discounters parmi… Heavy PLB Open Medium PLB Open Low PLB Open Heavy A Brand Buyers 4,1% 4,9% 5,9% En effet, lors de ses visites de supermarchés / hypermarchés, le Shopper aura des Private Labels dans son panier dans 78% des cas, tandis que pour le Hopper ce ne sera que dans 68% des cas … Il est dès lors légitime de se demander si les Marques peuvent générer de la fidélité au lieu de vente? Pour répondre à cette question, GfK a trié les ménages des plus attachés aux marques à ceux qui en achètent le moins et les a ensuite répartis en trois groupes : Heavy-Medium-Light Buyers. De manière générale, nous remarquons que les Heavy Brand Buyers sont les moins fervents de Hard Discounters, ils n'y consacrent que 5% de leur budget. Les Medium y consacrent 8,7%. Les Light Brand Buyers sont ceux qui achètent le plus dans les Hard Discounters : 20,5% de leurs dépenses ! Dans un même temps, les ménages ont également été classés en fonction de leurs dépenses en Private Labels (Hard Discounter exclus), et GFK fait la même constatation : les clients les moins fidèles aux marques de Private Labels seront également les plus adeptes des magasins à bas prix. En effet, les Light Private Labels Buyers consacrent aux Hard Discounters 15,9% de leurs dépenses. Les Medium y consacrent 9,6% et les Heavy n'y consacrent que 6,3% de leur budget. Les distributeurs comme Delhaize, Carrefour, Cora ou Colruyt… ont donc tout intérêt à attirer des Heavy et Medium Brand Buyers s'ils veulent réduire leur perte de clients au profit des Hard Discounters. Ceci se confirme quand on observe la part de marché des Hard Discounters auprès des différents types d'acheteurs. Medium A Brand Buyers 6,1% 8,4% 10,6% Note : PLB Open = Private Label Brands et Open Market (Super- et Hypermarchés). 1 CRÉDOC : Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie, organisme français d'études et de recherche au service des acteurs de la vie économique et sociale. Low A Brand Buyers 11,9% 15,4% 24,1% CONSUMPTION Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | Définitions : Marque A ou Marque de producteur : marque apposée par le producteur sur ses produits ou services. Il s'agit de la forme la plus courante de la marque et la précision marque de producteur est surtout utilisée en opposition aux marques de distributeur. La marque constitue un repère pour le consommateur et éventuellement une « garantie ». PL (private labels) : marque de distributeur, marque créée par une entreprise de distribution pour une vente de type exclusif. Cette marque est utilisée pour des produits fabriqués sur demande pour le distributeur. La marque de distributeur peut reprendre la marque de l'enseigne (Marque Carrefour) ou être créée spécifiquement (Marques Repères). La marque de distributeur atteint des volumes de ventes et surtout, une rentabilité généralement élevés grâce à la quasi-absence d'investissement publicitaire direct pour le produit et à l'emplacement privilégié qui lui est réservé. Les professionnels parlent aussi de « marque propre ». Hard discount (discompte agressif) : mode de distribution en moyenne sur- face basé sur une pratique de prix bas. Ces prix bas sont obtenus par la quasiabsence de services, un environnement de vente spartiate, une limitation des références offertes et une présence souvent très limitée des grandes marques. Open market : super- et hypermarchés. Total Grocery : super- et hypermarchés ainsi que les Hard Discounters. Supermarché : point de vente d'une surface de vente compris entre 400 et 2500 m2 et dont l'assortiment est à dominante alimentaire. Hypermarché : point de vente dont la surface de vente est supérieure à 2500 m2 et qui propose un assortiment à dominante alimentaire. Les hypermarchés sont généralement situés en périphérie pour faciliter l'accès et le stationnement. Loyal Shoppers : acheteurs fidèles ou selon la définition de GfK, les ménages qui font au moins 50% de tous leurs achats FMCG chez un même distributeur. Hoppers : acheteurs infidèles ou selon la définition de GfK, les ménages qui font moins de 50% de tous leurs achats FMCG chez un même distributeur. 29 Les Hard Discounters obtiennent la plus faible part de marché parmi les ménages qui achètent beaucoup de Marques, qu’ils achètent beaucoup ou peu de Private Labels. Il est surtout important de noter que la part des Hard Discounters est plus importante parmi les ménages qui achètent beaucoup de Private Labels et peu de Marques (11,9%) que parmi les gros acheteurs de marques qui achètent peu de Private Labels (5,9%). Les Hard Discounters sont donc davantage dangereux pour les Private Labels que pour les Marques. Les Marques restent donc bien les meilleures armes contre les Hard Discounters. Mais qu’en est-il de la concurrence interdistributeurs du même type ? Les Marques incitent-elles les Loyal Shoppers à changer de comportement vis-à-vis de ces enseignes ? Pour répondre à cette question, GfK a isolé les Loyal Shoppers de 5 Distributeurs (54% du marché belge) hors Hard Discounter. Pour chacun des distributeurs sélectionnés, GfK analyse la Fidélité et la Perte d'acheteurs parmi les Heavy, Medium et Light Brand Buyers. On constate que les Shoppers les plus fidèles aux enseignes de magasin sont les moins fidèles aux Marques. Mais la situation s'inverse quand on prend en compte les Hard discounters… Cette fois, les Shoppers les plus fidèles au distributeur sont les Heavy/Medium Brand Buyers. C'est donc au sein des Shoppers les moins fidèles aux marques que les supermarchés perdent le plus de clients au profit des Hard Discount. Tableau 2 : Quelle est la Fidélité moyenne ? % average loyalty of 5 retailers All Loyal Shoppers Loyal Shoppers and Heavy Brand users Loyal Shoppers and Light Brand users Total Open market (super- et hypermarchés) 34,9 % 33,7 % 37,1 % En conclusion, les marques n'empêchent pas le passage de clientèle vers d’autres enseignes de Supermarchés, mais elles sont nécessaires pour se protéger de la nouvelle forme de distribution que sont les Hard Discounters. Le distributeur doit tenter d'attirer un maximum de Heavy et Medium Brand Buyers. Un bon équilibre entre les Marques est donc plus que jamais nécessaire ! ■ L.M. 30 BOOK Backstage numéro 21 | Décembre 2005 | Nicolas Riou : Peur sur la pub et ouvrage, très agréable à la lecture, revient avec de nombreux exemples à la clé sur l’évolution de la relation entre l’entreprise, ses marques et le consommateur. Il s’intéresse aussi au rôle de la publicité dans ce triangle relationnel car si celle-ci est de plus en plus décriée, elle est certainement très loin d’avoir dit son dernier mot ! C Nicolas Riou est un homme de pub. Il a débuté sa carrière en agence de publicité dans différentes fonctions, lancé une startup internet avant de créer Brain Value, société de formation aux métiers de la publicité et de conseil en stratégie de communication. Parallèlement, il enseigne depuis 1999 la publicité à HEC et a publié différents essais dont son dernier né, Peur sur la pub, évoqué dans les lignes qui suivent. Le credo de base de l’ouvrage est assez simple : pour séduire un consommateur saturé et désabusé, la pub doit redevenir attractive, divertissante et constructive. Face à la concurrence accrue des hard discounters et des marques distributeurs, les directeurs marketing des grandes marques subissent une pression alourdie qu’ils transmettent sur la publicité. La peur qui règne parmi les marques oriente la publicité vers une culture du résultat, essentielle bien sûr, mais qui l’éloigne de la créativité. On favorise avant tout ce qui permettra d’améliorer les ventes à court terme. La tendance à la répétition des messages trop basiques limite sérieusement la construction des marques. Or celles-ci ont 3 fonctions qui les différencient des marques distributeurs : • Elles sont vectrices de confiance en présentant une garantie de qualité ou en servant de repère dans une offre pléthorique. • Elles différencient les produits par leur personnalité, leur origine ou encore leur savoir-faire. • Elles créent du sens en apportant une valeur ajoutée imaginaire. Elles permettent au consommateur de se différencier et de montrer son appartenance à une tribu. Le défi crucial pour les publicitaires est de réinventer le désir, moteur de notre société de consommation, de l’entretenir et de créer la préférence pour les marques. Dans son livre, Nicolas Riou relate l’évolution des relations entre l’entreprise, ses marques et le consommateur au cours des dernières années. De nombreux exemples concrets et reconnus viennent éclairer le lecteur et conforter son propos. On se rappelle notamment qu’à la fin des années 90, la tendance des grands groupes fut à la reconfiguration de leur offre : moins de marques mais des marques plus fortes. On développa des super marques internationales qui visaient les nouveaux consommateurs dits globaux. On paria sur l’homogénéisation des goûts. La marque devait être passerelle entre notre monde personnel et le village global. Cette tendance permit aussi d’importantes économies d’échelle. Mais la mondialisation effraie, le 11 septembre passe aussi par là… Le « mondialisé-standardisé » finit par paraitre aseptisé car la simplification a été excessive. Les marques sont chères vu qu’elles concentrent les innovations techniques et les budgets marketing ; le lien avec le consommateur se détend. Celui-ci a en fait besoin d’authenticité, il est en quête de vivre mieux et n’hésite pas à mettre sa fidélité en cause pour un meilleur prix. On se rend compte aussi que les marchés ont des spécificités locales. Finalement, l’apport d’une valeur ajoutée locale vaut mieux que la vague promesse d’appartenance à une communauté mondiale. En outre, les campagnes publicitaires internationales ont déçu par manque d’efficacité, surplus de consensualisme ou désincarnation. L’obsession globalisatrice est donc derrière nous. L’auteur nous explique également que sous la pression de la société civile, l’entreprise assume désormais ses responsabilités. Le lien entre l’entreprise, les champs dans lesquels elle intervient et ses marques est maintenant évident pour le public mieux informé. L’image institutionnelle des entreprises prend un rôle majeur. Il existe plusieurs zones de vulnérabilité pour celles-ci : les questions de sécurité alimentaire (la croisade anti-OGM ou la vache folle), la crise environnementale (le naufrage de l’Erika), le domaine social (fermeture d’usines) ou encore certaines pratiques professionnelles qui sont mises sur la sellette (les salaires des dirigeants). On ne peut plus se limiter à une approche purement commerciale sans intégrer ces questions et d’autres encore. A ce niveau, la publicité a un rôle primordial à jouer en rendant public les engagements ou en accélérant la visibilité des changements. Finalement, Nicolas Riou nous rassure car même si la publicité souffre de la fragmentation des médias, qu’elle perd de son charme face au prix et qu’elle est souvent décriée, elle a encore de beaux jours devant elle. Le consommateur est intelligent, les grandes campagnes de pub doivent être ancrées dans un bon produit. Un succès de vente est avant tout dû à une alchimie entre un produit, la valeur ajoutée qu’il offre, l’image de la marque et sa campagne de pub. Les marques peuvent toujours acquérir une dimension existentielle au cœur du quotidien d’un individu (Apple par exemple). La publicité, cible facile des critiques, ne doit pas se noyer dans le flot des messages qu’elle a elle-même produits. Pour s’inventer un avenir, elle doit imposer des exigences de qualité, respecter sa liberté de création et se responsabiliser afin de mieux se soucier du public. De la sorte, elle reste pour les grandes marques le meilleur rempart contre les marques distributeurs ou les hard discounters. ■ L.B. Peur sur la pub, Nicolas Riou, Eyrolles, 2005. ✃ Pour plus de renseignements ou pour nous soumettre des suggestions, n’hésitez pas à nous renvoyer ce coupon-réponse au 02 679 52 39 Nom Société Fonction Adresse Téléphone Articles Suggestions «Loi du 8/12/92 : les présentes données seront reprises dans le traitement automatisé d’Epona. Ces données peuvent être transmises à des tiers.Vous disposez en tout temps d’un droit d’accès et de rectification. Le gestionnaire de ce traitement est Epona, Avenue du Forum 17 bte 18 à 1020 Bruxelles. Pour tout renseignement complémentaire, il vous est loisible de consulter le registre public.»