1109 - L`Entreprise - France

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1109 - L`Entreprise - France
OCTOBRE 11
Mensuel
OJD : 75291
29 RUE DE CHATEAUDUN
75308 PARIS CEDEX 9 - 01 75 55 10 00
Surface approx. (cm²) : 910
N° de page : 70-71
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STRATEGIES
Marché
La chaussure, c'est le pied !
RENAISSANCE) L'industrie de la chaussure est, à nouveau, bien dans ses pompes Cinq créateurs
incarnent le dynamisme de ce business. Suivons leur parcours, pas à pas.
PAR CORINE MORIOU
A
dulés par des clientes fol
dingues de la mode, les stylistes Christian Louboutin
et Pierre Hardy ont fait du
soulier de luxe un nouvel
objet du désir Après l'engouement quasi
hystérique des fashionistas pour les
grands sacs fourré-tout hyperclinquants,
les chaussures semblent avoir pris la
relève. Elles constituent une nouvelle
machine à fantasmes. En pleine « shoemania », les Galeries. Lafayette ont inauguré en grande pompe, fin 2009, le plus
important espace au monde consacré à
la chaussure proposant un « personal
chausseur» (conseiller attitré à une
cliente) et des leçons pour apprendre
à marcher - comme une star - sur
des talons aiguilles de 15 cm. Avec
six achats par an, les Français
sont les plus gros consommateurs de chaussures au monde
derrière les Américains, et les
ventes globales dans l'Hexagone ont progressé de 4 %
en 2010.
De quoi rasséréner les acteurs de ce secteur qui a
connu une kyrielle de fermetures d'entreprises, le nombre
de fabricants français étant passé
de 199 en 2000 à HO en 2011.
Il n'empêche, une cinquantaine de
créateurs se lancent chaque année
dans le métier, même si seulement une
dizaine d'entre eux franchissent le cap
de la commercialisation. Alors que faire
pour ne pas décourager les jeunes talents ?
La Fédération française de la chaussure
va ouvrir un incubateur qui sera opérationnel en 2012. « Ce dispositif permettra
de soutenir les créateurs et les repreneurs
d'entreprise, notamment à travers un guichet unique à Paris, un outil industriel à
Romans et un fonds d'amorçage et de déCTC
7724069200524/GPP/OTO/3
veloppement », souligne avec satisfaction
Jean-Pierre Renaudin, le président de la
fédération.
Style poético-industrielchic
Le signe distinctif dc la marque dc Sandie
Jancovek, ce sont les boulons, les écrous,
mais aussi les nœuds en satin et les rubans
tressés. Le modèle « Daisy » représente
bien cet esprit « poético-industriel-chic »,
selon ses propres termes. « J'aime les
chaussures qui ont une allure rebelle et
féminine Elles sont destinées à des
femmes qui ne se prennent pas au sérieux ». commente la styliste trentenaire
qui a fait ses classes chez Chanel, puis
chez Sonia Rykiel.
Pour lancer ses créations, Sandie Jancovek a investi 40 000 euros
en 2007. Elle a obtenu une
subvention de 6 000 euros (tremplin rural) du
conseil général du Lot-
et- Garonne et un prêt de 15 000 euros sans
intérêt et sans caution ainsi qu'une aide à
la création de prototypes, à la communication et à la participation à des salons prof esssionnels. Après six tentatives, elle a fini
par trouver Ic bon fabricant à Elda, petite
ville située près d'Alicante en Espagne. Le
nerf de la guerre dans ce métier ! Prix
moyen de l'objet convoité : 260 euros.
Confortée par le succès, la créatrice a ouvert sa boutique rue du Cherche-Midi,
dans le 6° arrondissement de Paris... la
veille des soldes.
U ne chaussure,
deux talons amovibles
« Aprés trois grossesses, j'en avais ras-lebol de porter des talons hauts, j'ai pensé
qu'il y avait une autre solution lorsque
l'on n'est pas une grande blonde et que l'on
veut rester élégante », lâche Tanya Heath,
une brunette d'origine canadienne. La créatrice d'entreprise a imaginé sept modèles
de chaussures avec deux jeux de talons,
l'un de 4,5 cm, l'autre de 8,5 cm, façon
stiletto ou bottier. Ils sont interchangeables selon que l'on grimpe sur son
scooter ou que l'on piétine dans un
cocktail. Il suffit de cliquer sur un
bouton et de changer le talon.
Astucieux, non ?
Pour lancer ta première collection, Tanya Heath a vendu
son appartement et dépense
Pointures
extrêmes
(du 34 au 45)
pour les modèles
Charlotte Vanel
Eléments de recherche : Toutes citations : - CTC ou Centre Technique du Cuir : service de conseil/formation et contrôle qualité pour les secteurs
chaussures/maroquinerie - B2S ou Bureau de Style Chaussure Maroquinerie Cuir - INTERIEURS CUIR ...
OCTOBRE 11
Mensuel
OJD : 75291
29 RUE DE CHATEAUDUN
75308 PARIS CEDEX 9 - 01 75 55 10 00
Surface approx. (cm²) : 910
N° de page : 70-71
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250 DOO euros en R&D. Elle a fait appel à
14 ingénieurs et déposé un brevet... sans
tout révéler pour garderie secret de cette
innovation qui pourrait bien révolutionner
la vie des femmes de toute la planète. Fini
le mal de dos. « Lorsque je travaillais dans
le private equity et que je portais des talons
hauts pour être "à la hauteur" de ces messieurs, j'avais l'impression de vendre du
vent. Aujourd'hui, je suis comblée, car ma
petite entreprise a une véritable utilité sociale », s'enthousiasme cette ancienne businesswoman qui a néanmoins gardé d'excellents réflexes puisqu'elle recherche des
investisseurs pour développer sa société
au niveau international.
Belle plante et grande pointure
Toute expérience personnelle difficile est
profitable dès lors que l'on sait en tirer
parti. Charlotte Perreux, 1,86 m, peinture 43, désespérait de trouver jolie chaussure à son pied. Alors, elle s'est intéressée
aux femmes qui avaient des pieds trop
grands... ou trop petits. Elle a monté
l'EURL Charlotte Vanel au capital de
20 000 euros spécialisée dans les chaussures pointures extrêmes, fin 2010. Le créneau était déjà occupé depuis cinquante
ans ! Mais elle a apporté une touche urban
chic, parfois rock et provoc... loin de l'univers des chaussures mémères. « J'ai fait appel au styliste Olivier Richard, qui a notamment travaillé pour Kenzo », précise
Charlotte Perreux, qui est is{ sue du monde de la finance
8 et de la logistique.
Lauréate du concours
« Cuir et Création » organisé par le Centre technique du cuir, elle a bénéficié
de la gratuite d'un stand au salon
parisien du prêt-à-porter Who's
Next Et après sa participation au Salon des grands (eh oui, il existe depuis
deux ans), elle s'est fait remarquer au salon
GDS, à Dùsseldorf. Ses collections sont
commercialisées sur son site Charlottevanel.com et les nouveaux modèles font
du buzz sur Facebook. « Les jeunes sont
de plus en plus grands. Je pense que mon
entreprise a un bel avenir devant elle »,
s'amuse-t-elle à faire observer, perchée sur
ses escarpins bicolores.
L'espadrille sociodurable
Maurice et moi, c'est le nom désuet d'une
marque d'espadrilles qui plaît follement
aux Américains un brin snobinards. Derrière, il y a deux jeunes Français, des amis
qui ont fait une école de commerce et ont
décidé de lancer ensemble leur business
en juin 2010. Leurs espadrilles ont cartonné cet été à Saint-Tropez et Palm Beach.
Maurice et moi est diffusé dans 14 points
de vente, dont quatre boutiques en France.
« Nos modèles correspondent aux goûts
d'une clientèle qui veut une chaussure à la
fois chic et décontractée. La paire est vendue entre 70 et 130 euros. Mais la version
en piton est à 250 euros », commente
Julien Cunze, l'un des deux fondateurs.
Bref, c'est la Rolls Royce de l'espadrille.
« J'ai toujours cru
à un business
qui serait fondé sur
des services plutôt
que sur du low-cost »
Boris Saragaglia,
cofondateur de Spartoo
Mais cela n'empêche pas nos deux compères d'avoir une vision sociodurable de
leur affaire. D'une part, ils fabriquent en
France, à Mauléon-Licharre, la Mecque de
l'espadrille au Pays basque. D'autre part,
sur chaque paire vendue, ils prélèvent deux
euros pour soutenir un projet de microcrédit via le réseau Babyloan. Ne sont-ils pas
sympas ces deux-là ? En 2012, ils devraient
tripler le nombre d'espadrilles vendues.
Le filon du Net
Allure rebelle
et feminine pour
les sandales
a nœud de satin
deSandieJankovec
CTC
7724069200524/GPP/OTO/3
l\
Rien d'étonnant que, dans ce contexte
d'addiction aux pompes en tout genre,
la commercialisation sur le Net soit
devenue le nouveau paradis des startupers. Sarenza et Spartoo, pure players,
ont défriché le terrain, dès 2006. Il fallait oser faire le pari de la vente avec livraison et retour gratuits, 30 jours pour
essayer, mais au prix boutique.
« J'ai toujours cru à un business fondé
sur une offre et des services plutôt que
sur du low-cost », assure Boris Saragaglia,
l'heureux cofondateur de Spartoo. Bon
feeling, bon filon. Présent dans 27 pays, le
groupe Spartoo est passé de 5 millions de
chiffre d'affaires en 2007 à une prévision
de 100 millions en 2011. Mais le Net n'a pas
de frontière et la concurrence est rude.
Même les grandes pointures doivent trouver de nouveaux investisseurs. •
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