l`image de la main, symbole de communication depuis 30 000 ans

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l`image de la main, symbole de communication depuis 30 000 ans
L’IMAGE DE LA MAIN,
SYMBOLE DE COMMUNICATION
DEPUIS 30 000 ANS
Par Christophe Huguenin
INTRODUCTION :
La première écriture connue, le cunéïforme sumerien, est apparue durant le
quatrième millénaire avant J.-C. dans le Sud de l’actuel Irak, précédant de
quelques siècles seulement l’écriture hiéroglyphique des anciens égyptiens.
Bien entendu, c’est la main qui trace les lettres ou les symboles qui en font
office, tenant ainsi le premier rôle dans la communication écrite.
En fait la main tenait un rôle important dans la communication depuis de
nombreux millénaires. Sans que l’on puisse réellement parler d’écriture au sens
propre du terme, les peintures de mains qui apparaissent dans les grottes
préhistoriques depuis 30 000 ans semblent vouloir transmettre un message.
Nombreux sont les scientifiques qui ont essayé de percer le sens de ce message
sans jamais y parvenir réellement, du moins certaines hypothèses ont-elles pu
être écartées. Ce dont on est certain en revanche, c’est qu’il s’agit bien d’une
représentation symbolique destinée à exprimer quelque chose. Il pourrait donc
s’agir d’une première forme embryonnaire d’écriture, et c’est la main qui en est
le symbole premier.
Depuis cette lointaine époque, sur tous les continents et dans toutes les
civilisations, la main n’a jamais cessé de jouer un rôle important dans la
transmission des idées, rôle symbolique et sacré ou tout simplement rôle d’outil
servant à tracer les lettres ou à taper sur un clavier.
Depuis 30 000 ans, la main est au centre de la communication.
Argentine. Région de Santa-Cruz. Mains négatives.
“ Ces peintures de mains positives ou négatives(…) constituent la première
écriture, 35 000 années avant celle conventionnelle et linéaire que l’on a
coutume de considérer comme la plus ancienne. Extraordinaire outil(…) de
l’écriture comme de la parole, la main est sans aucun doute l’organe qui a
participé le plus à faire de l’homme un drôle de petit mammifère doté de
dignité. ”
Yves Coppens
Professeur au collège de France
Membre de l’Institut
( et l’un des découvreurs de “ Lucy ” )
PREHISTOIRE :
EUROPE
Main négative mutilée
Exemples :
Dans la grotte de Maltravieso en Espagne, toutes les mains (24) sont “ mutilées
” au niveau du cinquième doigt (le petit doigt).
Dans la grotte de Gargas (Pyrénnées), sur 236 mains, 114 sont “ mutilées ”. Ici
les mutilations sont variables dans leur localisation sur la main, mais on
distingue cinq grands types de “ mutilations ”. Sur les 114 cas de “ mutilations ”
il n’y a que 9 cas uniques.
Dans la grotte de Tibiran à quelques centaines de mètres de Gargas, sur 10
mains négatives, toutes étaient “ mutilées ”, chacune d’une façon différente.
On constate que les “ mutilations ” sont plus fréquentes et plus graves chez les
hommes adultes que chez les femmes adolescentes.
Mains négatives mutilées
Hypothèses :
Si à Maltravieso, il n’est pas impossible que l’on soit en présence d’une
amputation rituelle puisque c’est toujours le cinquième doigt qui est “ mutilé ” et
que la perte du petit doigt n’est pas gravement handicapante, en revanche pour
d’autres sites où les “ mutilations ” sont variées et graves, A. Leroi-Gourhan
considérait “ qu’imaginer des chasseurs se couper tous les doigts de la main
Certains ont cru démontrer par l’étude et l’expérimentation qu’il n’était pas
pour avoir plus de chance à la chasse ne correspond pas à une démarche
possible de réaliser les “ mutilations ” constatées par le simple pliage des doigts
économiquement défendable même et surtout dans des collectivités primitives.
(cet avis est encore contesté aujourd’hui).
Qu’ils aient connus, comme beaucoup de peuples chasseurs, des jeux de doigts
En ce qui concerne la maladie, toutes les hypothèses pathologiques formulées
pour se signaler la présence de tel ou tel gibier ne sort pas des limites du
ont étés réfutées cliniquement.
vraisemblable ”.
Quant aux accidents, nul n’en est à l’abri. Mais leur caractère accidentel,
justement, en fait des phénomènes peu fréquents, en tout cas pas aussi fréquents
que les cas rencontrés dans les grottes préhistoriques.
Restent donc en lice, l’hypothèse des amputations rituelles et celle d’un langage
des doigts. Peut-être ne pourra-t-on jamais trancher.
Ce qui est certain, c’est que ceux qui ont laissé les images de leurs mains dans
les grottes, l’ont fait d’une façon délibérée et que, ce faisant, ils voulaient
signifier quelque chose. En laissant l’image de leurs mains comme symbole d’un
message, ils réalisaient ainsi la première forme d’écriture.
http://www.ricochet-jeunes.org/main/main.htm