AFPP – 2ème CONFÉRENCE SUR L`ENTRETIEN
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AFPP – 2ème CONFÉRENCE SUR L`ENTRETIEN
AFPP – 3e CONFÉRENCE SUR L’ENTRETIEN DES ESPACES VERTS, JARDINS, GAZONS, FORÊTS, ZONES AQUATIQUES ET AUTRES ZONES NON AGRICOLES TOULOUSE – 15, 16 ET 17 OCTOBRE 2013 OBSERVATIONS DE TERRAIN ET PREMIERS ÉLÉMENTS DE BIOLOGIE CHEZ PISTOSIA DACTYLIFERAE (MAULIK, 1919) : NOUVEAU DANGER POUR LES PALMIERS ? K. PANCHAUD(1) & F. DUSOULIER(2) (1) VEGETECH – 33 Chemin de la Source – 83260 LA CRAU – France – [email protected] (2) MUSÉUM D’HISTOIRE NATURELLE DE TOULON ET DU VAR – 737 Chemin du Jonquet – 83200 TOULON – France – [email protected] RÉSUMÉ Sur la commune de Saint-Jean-Cap-Ferrat (06), le ravageur des palmiers Pistosia dactyliferae (Maulik, 1919) considéré comme éradiqué en 2005 est de nouveau signalé en 2012. La société VEGETECH est mandatée dans le cadre de son expérience sur l’étude des ravageurs des palmiers, afin d’effectuer une prospection de terrain sur la commune, d’évaluer le niveau d’infestation et de commencer à travailler sur la biologie de l’insecte. Les premiers résultats des observations terrain et des études en laboratoire sont ici présentés et ouvrent la voie à des analyses plus approfondies. Cette démarche a pour but, à terme, de définir une stratégie et des moyens de lutte contre un insecte jusqu’à présent non réglementé et ne bénéficiant pas de financements publics pour la recherche (travaux réalisés sur des fonds privés). Mots-clés : Pistosia dactyliferae, palmier, biologie, nuisibilité, expansion géographique. ABSTRACT FIELD OBSERVATIONS AND FIRST ELEMENTS OF BIOLOGY IN PISTOSIA DACTYLIFERAE (MAULIK, 1919): NEW THREAT FOR PALM TREES? In 2012, in the Saint-Jean-Cap-Ferrat (06) town’s territory, a palm tree pest considered as eradicated in 2005 has been once again reported. In the frame of its experience on palm trees pests’ studies, VEGETECH company is commissioned to set up gardens prospections in the municipality, to evaluate the infestation level and to begin to work on the insect biology. The first results of field observations and of laboratory studies are presented here and open the way to more detailed analysis. In the end, this approach aims to define strategies and control methods against this pest not regulated for the time being and without any public financial supports for research (work done on private funds). Keywords: Pistosia dactyliferae, palm tree, biology, pest, spreading. INTRODUCTION Pistosia dactyliferae est un Coléoptère de la famille des Chrysomelidae. Il a été décrit en 1919 par Maulik mais sa biologie n’a pas encore été étudiée. L’aire naturelle de répartition de cette espèce semble se situer en Inde. Identifié en 2004 sur la commune de Saint-Jean-Cap-Ferrat, il fait l’objet d’un signalement auprès de l’Office pour les insectes et leur Environnement (OPIE). En 2006, il est considéré comme éradiqué par les Services de l’Etat suite aux mesures de lutte chimique, à l’aide de bifenthrine, mises en place sur les sites contaminés. En 2012, dans le cadre de la surveillance du territoire mise en œuvre par le comité de pilotage Azuréen (COPIL Azuréen) contre le charançon rouge du palmier, il est à nouveau signalé. Après identification par le Service Régional de l’Alimentation (SRAL) et la Direction Régionale de l’Alimentation et de la Forêt (DRAAF) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, il est décidé de commencer son étude afin d’approfondir et d’étayer les données disponibles sur sa biologie. Dans le cadre de la mise en œuvre de stratégies de lutte contre les ravageurs des palmiers, son cas doit être considéré. Cet article fait le point sur l’avancée des tous premiers travaux menés sur le terrain et en laboratoire. MÉTHODE DE TRAVAIL À partir de la déclaration du premier foyer sur la commune de Saint-Jean-Cap-Ferrat (06), il est décidé de conduire une prospection de terrain afin de : - cartographier les foyers (répartition géographique), - observer l’insecte in situ, - identifier un maximum de plantes hôtes (la commune se caractérise par la présence d’une grande diversité végétale dans des jardins remarquables), - prélever des individus pour mise en élevage et étude de leur biologie au laboratoire. La cartographie et le travail de prospection ont été menés avec l’aide du service des espaces verts de la commune. Le site étant caractérisé par de très grandes propriétés privées, à accès réglementé, les agents communaux se sont chargés de communiquer auprès des propriétaires et d’organiser les rendez-vous sous clause de confidentialité. L’insecte n’étant pas réglementé et afin d’éviter tout risque de dissémination lors du transport, les mêmes mesures que pour le transport d’organismes de quarantaine ont été appliquées (la société VEGETECH dispose de l’agrément 95/44). Les insectes ont ainsi été placés en boîtes individuelles, dans un caisson sous scellés portant mention « n’ouvrir que dans une structure de quarantaine ». Au laboratoire, les individus ont été mis en élevage sur des palmiers du genre Washingtonia positionnés dans des cages claires. PREMIERS RÉSULTATS DE L’ÉTUDE DE TERRAIN L’étude de terrain a montré une importante répartition des foyers sur quasiment toute la commune de Saint-Jean-Cap-Ferrat (06). Les prospections à venir montreront si l’insecte s’est également propagé sur les communes voisines. Sa large répartition actuelle permet toutefois de le qualifier « d’installé » sur la commune. L’étude de terrain a également permis de confirmer et compléter les indicateurs de présence identifiés par Drescher et Martinez en 2005 : - décapage des rachis avec présence de sciure fine (Figure 1), - brunissement du cœur lié aux prises alimentaires et/ou encroutement du cœur qui s’atrophie (Figure 1), - petites perforations sur les pinacules des palmes - présence d’adultes et de larves à la base des rachis ou dans les pliures des palmes sur la face inférieure (Figure 2) Figure 1 : Dégâts observés sur Phoenix canariensis en milieu naturel A gauche : Broutage des pinacules et décapage des rachis A droite : Décapage des rachis (Damages observed on Phoenix canariensis in natural environment) Figure 2 : Pistosia dactyliferae in situ et dégâts causés - A gauche : adultes - A droite : larves (Pistosia dactyliferae in situ and damages - Lelft : adults - Right : pupae) L’étude de terrain a permis d’établir qu’une grande partie (environ 150 espèces) de la famille des Arecaceae pouvait être attaquée : principalement Phoenix spp., Washingtonia spp., Chamaeops spp., Trachycarpus spp.. Sa présence est aussi avérée sur Calamus spp., Rhapidophylum spp. et Metroxylon spp.. Chez les Sabal spp., seuls quelques taxons peuvent être attaqués : leur identification est en cours. L’insecte n’a pour le moment pas été observé sur Butia spp. et Erythea spp.. La hauteur du sujet ne semble pas influencer le fait que le palmier soit attaqué ou non, mais les sujets situés en zone ombragée ou sous la canopée sont attaqués préférentiellement. Cela démontre très certainement une préférence écologique sciaphile du taxon. Des larves vivant en colonies et des adultes, se déplaçant par le vol, ont été observés in situ. Ces derniers ont été observés en janvier mais pas les larves, laissant supposer que l’espèce passe l’hiver sous la forme d’adultes peu mobiles. La collecte et l’observation d’insectes à différents stades ont permis d’envisager la détermination des critères morphologiques de l’espèce et l’étude complète de la biologie de l’insecte. Un travail de description plus complet est mené en coopération avec le Muséum d’histoire naturelle de Toulon et du Var. L’étude approfondie de ces éléments permettra, à terme, de mieux connaître l’espèce et d’avoir une meilleure gestion de la lutte. PREMIERS RÉSULTATS DE L’ÉTUDE EN LABORATOIRE Le travail de laboratoire a permis de mettre au point les techniques d’élevage sur matière végétale afin de disposer de suffisamment de matériel pour déterminer les éléments suivants : - l’insecte vit en colonie, la population s’accroit très rapidement dès qu’il dispose d’une quantité de nourriture non limitante. Son pouvoir invasif est donc important ; - il n’a pas été observé de cannibalisme dans les populations ; - le régime alimentaire se compose de la cuticule de la partie épigée des palmes et du cœur. L’insecte est sensible aux odeurs qui lui permettent la détection des palmiers (un morceau de palmier visible par l’insecte mais non détectable par l’odeur n’entraîne pas de comportement migratoire) ; - les adultes et larves sont sensibles à la lumière, leur activité est plutôt crépusculaire ; - Les femelles possèdent un ovopositeur d’environ 2,5 mm de long, l’accouplement se fait par chevauchement ; - Environ un mois est nécessaire à 20°C pour le passage de l’œuf à l’adulte ; les générations se succédant toute l’année à température ambiante. - Les plaies nutritionnelles se sont révélées attractives pour le charançon rouge du palmier, ravageur majeur sur les palmiers du genre Phoenix, et favorisent également le développement de champignons phytopathogènes ; CONCLUSION La mise en œuvre d’un projet d’étude locale a permis une réelle avancée dans la connaissance de Pistosia dactyliferae et de sa répartition. Une importante campagne de communication et de sensibilisation a été assurée par le COPIL Azuréen sur la commune concernée, les communes voisines et auprès des professionnels du paysage. Cette approche a permis la collecte rapide de données sur l’insecte. La coopération collectivités territoriales / laboratoire privé a permis une grande réactivité autour de la mise en commun des compétences de chaque structure. Ce mode de fonctionnement peut être un outil performant à optimiser et faire perdurer pour d’autres problématiques de gestion d’urgence. Bien que devant être encore complétées, ces premières données laissent penser que ce ravageur constitue une réelle menace pour les palmiers. Son évolution va donc devoir être suivie et des stratégies de lutte envisagées à moyen terme au vu des éléments acquis. L’insecte étant non réglementé et ayant une répartition géographique encore limitée, peu de financements sont pour l’heure alloués au sujet (étude sur fonds privés), il est également difficile de solliciter des détenteurs de molécules (biologiques ou chimiques) pour une mise sur le marché de produits autorisés pour cet usage. Le cas de Pistosia est un marché de niche et il conviendra d’avoir une approche concertée et de bien utiliser les outils réglementaires pour amener rapidement une solution technique efficace contre ce ravageur. REMERCIEMENTS Nous tenons à remercier le COPIL Azuréen et la mairie de Saint-Jean-Cap-Ferrat pour leur soutien logistique sur le terrain, ainsi que le SRAL et la DRAAF PACA pour la confirmation de l’identification de l’insecte et les réponses apportées d’un point de vue réglementaire. BIBLIOGRAPHIE Besse S., Panchaud K., Gahlin S. 2013. Palmiers, encore un nouveau ravageur. Phytoma, 661 : 14-17. Chapin E., Germain J.-F. 2005. Des ravageurs des palmiers en France, espèces établies, introduites ou interceptées. 7e Conférence internationale sur les ravageurs en agriculture (CIRA), Montpelier, octobre 2005. DrescherJ., Martinez M. 2005. Le coléoptère Pistosia dactyliferae menace les palmiers du sud de la France. PHM, 468 : 34-38. Haddad Y. 2007. Palmiers sous haute surveillance. Matériel et Paysages, 42 :55-57.