Perçage - Profession Santé
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Volume 59 – n° 1 février – mars 2012 Perçage Soins à domicile et gestion des complications Sepsie et choc septique Intoxication chez l’enfant Êtes-vous accro aux applis ? www.professionsante.ca PP 40070230 1200, avenue McGill College, bureau 800, Montréal (QC) H3B 4G7 Éditorial Négociation Éditrice Groupe Santé Caroline Bélisle, 514 843-2569 [email protected] Directeur des rédactions, Groupe Santé Rick Campbell, 416 764-3891 [email protected] Directrice de la rédaction Caroline Baril, 514 843-2573 [email protected] Rédactrice en chef Hélène-M. Blanchette, B. Pharm. Rédacteur en chef adjoint Jean-François Guévin, B. Pharm., M.B.A., Pharm. D. Adjointe à la directrice de la rédaction Mélanie Alain Direction artistique Dino Peressini Graphiste Jocelyne Demers Comité de rédaction Avez-vous entendu parler de... Isabelle Giroux, B. Pharm., M. Sc. Caroline Sirois, B. Pharm., M. Sc., Ph. D. À vos soins Sonia Lacasse, B. Pharm. Sophie Grondin, B. Pharm., M. Sc. À votre service sans ordonnance Nancy Desmarais, B. Pharm. Julie Martineau, B. Pharm. De la mère au nourrisson Caroline Morin, B. Pharm., M. Sc. D’une page à l’autre Nicolas Paquette-Lamontagne, B. Pharm., M. Sc., M.B.A. Inforoute Jean-François Bussières, B. Pharm., M. Sc., M.B.A. Les Pages bleues Odette Grégoire, B. Pharm., M. Sc., M.A.P. Pharmacovigilance Christine Hamel, B. Pharm., M. Sc. Place aux questions Noura A. Shahid, B. Pharm. Santé publique Marie-Jahelle Desjardins, B. Pharm. Membre honoraire Georges Roy, M. Pharm. Publicité Directrices de comptes, Montréal Josée Plante 514 843-2953 Pauline Shanks 514 843-2558 Directrices/Directeurs de comptes Toronto Teresa Tsuji 416 764-3905 Norman Cook 416 764-3918 Sara Mills 416 764-4150 Stephen Kranabetter 416 764-3822 Carrières et professions, Montréal Nancy Dumont 514 843-2132 Gestionnaire des projets spéciaux Chantal Benhamron 514 843-2570 Coordonnatrice de la production Maria Tomasino 514 843-2147 www.professionsante.ca Je déteste parler d’argent et, pire, négocier pour en avoir. J’ai deux cartes de crédit, une marge, une hypothèque, des REER. J’ai eu des actions de Nortel dans mon portefeuille comme tout le monde. J’aime (un peu trop) dépenser pour des vêtements à chaque saison et je me laisserais bien tenter par une nouvelle télévision HD (50 pouces, chéri, minimum !). Mais surtout, je n’ai aucun talent pour la négociation. Je ne sais jamais quoi demander comme augmentation de salaire, ni comme avantages sociaux. Je gagne quand même trois fois ce que je recevais comme jeune pharmacienne, ce qui me stupéfie chaque fois que j’y repense. Je suis toujours heureuse de ce que j’ai. Voilà, je vous l’ai dit, zéro en négo. Je n’envie donc pas ceux qui doivent réfléchir et planifier ce que pourrait être la rémunération des pharmaciens dans les prochaines années. Ce n’est sûrement pas plaisant de parler finance au ministère de la Santé ces temps-ci. C’est clair qu’il n’y aura pas plus d’argent dans le système pour nous, la capacité de payer des Québécois étant étirée au maximum. Alors, j’imagine (j’espère) qu’on se creuse les méninges dans les comités pour être plus inventif. Qui doit payer ? Le patient ? L’État ? Les deux ? Que fait-on avec les patients assurés avec des assurances privées pour leurs médicaments ? Pour une raison que j’ignore, les tiers payeurs s’obstinent à ne pas voir le pharmacien comme un partenaire essentiel dans la santé de leurs clients. La dernière entente ne stipule-t-elle pas que les opinions pharmaceutiques, les refus, la pharmacothérapie initiale et l’opinion pour inobservance sont inclus dans les honoraires « usuels et coutumiers » qu’ils nous consentent ? C’est désolant et inadmissible. Peut-être est-ce le moment idéal pour essayer d’arrêter de penser en silo. Si les nouveaux actes font en sorte que, dans une certaine mesure, les patients (assurés par la RAMQ ou au privé) ne vont pas encombrer les salles d’urgence et les cliniques sans rendez-vous, il serait peut-être logique de débloquer un genre de petit budget pour nos interventions et d’aller le chercher dans le silo d’à côté ? Et dissocier aussi enfin, dans certaines situations, le service pharmaceutique de la vente du médicament ? C’est quand même psychédélique, notre affaire. Nos universités forment des Pharm. D. destinés à intervenir auprès des patients, notre Ordre discute avec le Collège des médecins pour planifier de nouveaux actes afin de mieux servir la population québécoise, mais notre rémunération va continuer à s’articuler seulement sur un nombre de prescriptions ? Il y a une limite à penser que le volume va compenser. C’est vrai, ce n’est pas simple. Il faut lutter contre notre petit côté judéo-chrétien missionnaire qui se révolte parfois contre l’idée de monnayer nos services. Nos actes ont une valeur professionnelle et, oui, monétaire. Mais je me connais, je ne pourrai pas refuser la possibilité de soulager un patient souffrant d’une infection urinaire ou d’un problème récurrent d’allergie parce que je ne serai pas payée. Vous voyez, c’est pour cela que je suis nulle en négociation. Nous sommes en train de repenser notre profession. Non, plutôt de la définir, de la mettre enfin en mots. Parce que, pour avoir la reconnaissance de ce qu’on fait, il faut savoir nommer ce que l’on fait. Et pour négocier, il faut savoir convaincre. Et je pense que pour convaincre, il faut être convaincu. Convaincu des opportunités qui s’offrent à nous pour pleinement prendre notre place en première ligne. Il faut savoir expliquer ce momentum avec passion et enthousiasme pour que des personnes qui n’ont peutêtre jamais eu à parler à un pharmacien aient soudainement follement l’envie d’en rencontrer un ! Quant à nous, au quotidien, il faut apprendre à noter, noter, noter. Il faut développer des outils, de préférence informatisés, afin de documenter et, pourquoi pas, nous permettre de facturer éventuellement de façon adéquate, avec rigueur et rapidité. La population vieillit et elle vieillit plus longtemps. Les traitements se complexifient. Depuis 30 ans, notre profession n’a pas seulement évolué, elle s’est littéralement transformée d’une façon fulgurante, plus sans doute que toutes les autres professions de la santé. On peut imaginer qu’un médecin, à peu de choses près, fait un examen physique de la même manière que dans les années 1970. Mais nous, nous sommes passés de la concoction de crèmes et de sirops maison à la création, puis à l’informatisation des dossiers patients. De l’absence d’identification du nom du médicament ou de son indication au suivi de la thérapie enchâssée dans notre loi. Vous ne pouvez pas dire qu’on s’est traîné les pieds. Mais depuis 30 ans, notre mode de rémunération, lui, stagne. Il faudra bien finir par trouver autre chose que des honoraires glorifiant le volume d’ordonnances faites durant une année. En êtes-vous assez convaincu ? ■ février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 3 Sommaire Volume 59 – n° 1 – février-mars 2012 Vous trouverez les questions de formation continue à la fin de chacun des articles. Les Éditions Rogers Media Kenneth Whyte, Président Patrick Renard, Vice-président, Finances Janet Smith, Éditrice exécutive, Groupe Santé Sandra Parente, Directrice générale de Rogers Connecte, titres d’affaires et professionnels 3 Éditorial Négociation 7 Place aux questions 11 À votre service sans ordonnance WEB David Carmichael, Directeur général des activités en ligne Tricia Benn, Directrice principale, Études de marché Rogers connecte Pour nous joindre : Reflux gastro-œsophagien : le lansoprazole en pédiatrie Québec Pharmacie, 1200 avenue McGill College, bureau 800, Montréal (Québec) H3B 4G7. Téléphone : 514 845-5141, Télécopieur : 514 843-2184, Courriel : [email protected] ou Abonnement ou changement d’adresse Pour les pharmaciens Ordre des pharmaciens du Québec par courriel : [email protected] par télécopieur : 514 284-3420 par téléphone : 514 284-9588 Pour les non-pharmaciens 1200, McGill College, bureau 800 Montréal (Québec) H3B 4G7 Perçage : soins à domicile et gestion des complications Francine Beauchamp, coordonnatrice de la diffusion Tél. : 514 843-2594 • Téléc. : 514 843-2180 [email protected] Tarifs : Canada : 76 $ par année, 113 $ pour 2 ans, 8 $ l’exemplaire. Tarif de groupe/vrac : 61 $ (min. 6 exemplaires). États-Unis et international (abonnement individuel seul.) : 110 $ par année. Taxes en vigueur non comprises. Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec, Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0826-9874. Toutes les annonces de produits pharmaceutiques sur ordonnance ont été approuvées par le Conseil consultatif de publicité pharmaceutique. Envoi de poste – publications, convention nº 40070230. Québec Pharmacie est imprimé par Imprimeries Transcontinental et est publié 8 fois l’an par Rogers Media. Vous pouvez consulter notre politique environnementale à : www.leseditionsrogers.ca/about_rogers/environmental.htm 17 Les Pages bleues Sepsie et choc septique 26 Pharmacovigilance 33 Inforoute Êtes-vous accro aux applis ? 52 Santé publique Migraine, thrombose et contraceptifs oraux Intoxications involontaires chez l’enfant SUPPLÉMENT 43 Supplément Cessation tabagique CESSATION TABAGIQUE Pharmacothérapie et le rôle du pharmacien ? PAGE Dommages pulmonaires et cardiaques associés au tabagisme PAGE www.professionsante.ca février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 44 49 5 place aux questions Reflux gastro-œsophagien Comment administrer le lansoprazole en pédiatrie ? Le lansoprazole (PrevacidMD) est un inhibiteur de la pompe à protons (IPP), H+, K+-ATPase, utilisé pour traiter les problèmes d’hyperacidité gastrique et de reflux. Aucune formulation liquide commerciale de lansoprazole n’est disponible sur le marché canadien et la sensibilité des IPP au pH acide de l’estomac rend difficile la conception d’une préparation magistrale. Cet article permettra de guider le pharmacien lors de l’administration du lansoprazole en pédiatrie, selon les données actuelles. Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est très fréquent en pédiatrie, particulièrement chez les nourrissons1,2. Cinquante à soixante pour cent des patients de moins de six mois ont des symptômes au moins une fois par jour, comparativement à moins de 5 % chez les 1 à 2 ans1,2,3. En général, le RGO est considéré physiologiquement comme normal chez le nourrisson. On rassurera les parents à ce sujet. On peut soulager le RGO par différentes mesures non pharmacologiques, telles que fractionner et épaissir les boires, changer de position lors des boires ou surélever la tête de lit1,2,4. Ce reflux peut cependant se détériorer et entraîner plusieurs complications, dont une perte de poids, de l’anémie ferriprive, des symptômes de détresse respiratoire et une œsophagite1,2,3. Le RGO devient alors pathologique et le traitement s’oriente vers un antagoniste des récepteurs H2 de l’histamine (p. ex., ranitidine), un IPP et/ou un prokinétique (p. ex., dompéridone), selon la gravité des symptômes1,2,3. Une revue systématique de la littérature scientifique a démontré que les IPP devraient être utilisés pour traiter un RGO diagnostiqué modéré à sévère et une œsophagite érosive et non érosive, et qu’on ne devrait pas y recourir uniquement pour soulager les signes et symptômes de RGO1,2,4. Le lansoprazole est l’IPP le plus largement utilisé en pédiatrie. Il est disponible sous forme de gélules et de comprimés sécables orodispersibles FastabMD à action retardée (15 et 30 mg). Cette formulation a l’avantage de contenir des microgranules enté- riques plus petits que ceux des autres formulations d’IPP disponibles. Ils se dispersent facilement en milieu aqueux. Sa biodisponibilité et son effet antisécrétoire sont supérieurs au début de l’administration et peu d’interactions majeures ont été observées5,6. Le lansoprazole est habituellement prescrit à raison de 1 à 2 mg/kg/jour PO, divisés en une à deux doses (dose maximale : 60 mg/jour)2,3,5. Des études pharmacocinétiques ont démontré que l’administration BID en pédiatrie avait un certain bénéfice5. Selon la monographie, les doses de FasTabMD 15 mg peuvent être fractionnées en quart ou en demi. Le comprimé peut aussi être pris en entier. Il est alors dissous dans la bouche de l’enfant, qui ne doit jamais croquer les granules. Si l’enfant est trop jeune pour ce type d’administration, la fraction de comprimé peut être déposée dans une seringue pour administration orale, puis diluée dans de l’eau à même la seringue (voir tableau I). Pour assurer une administration adéquate, les microgranules doivent rester intacts et la seringue doit être rincée afin de déloger et d’administrer les microgranules collés aux parois 6. Cette méthode n’est pas contre-indiquée chez les bébés allaités, car ces volumes sont faibles, mais l’eau stérile est alors proposée. Les capsules de 15 et 30 mg peuvent être ouvertes et mélangées à un peu de jus de fruit ou de nourriture molle et acide (p. ex., yogourt, compote de pomme). Il faut toutefois s’assurer que l’enfant ne croque pas les granules, mais cette façon de faire est moins précise quant à la dose administrée6. Texte rédigé par Ariane Blanc, B. Pharm., M.Sc., et Alexandre Melkoumov, B. Pharm. et étudiant à la maîtrise en sciences pharmaceutiques à l’Université de Montréal. Texte original soumis le 20 octobre 2011. Texte final soumis le 8 novembre 2011. Révisé par : Noura A. Shahid, B. Pharm., et Geneviève Duperron, B. Pharm. Remerciements à : Jean-Marc Forest, B. Pharm., M.Sc., pharmacien au CHU Sainte-Justine, Patrice Hildgen, Ph. D., D.E.A., professeur titulaire, et Grégoire Leclair, B. Pharm., Ph. D., professeur adjoint à l’Université de Montréal. Tableau I Dilutions du Prevacid FasTabMD Dose Fraction de (mg) comprimé FasTabMD 3,75 ¼ 7,5 ½ 15 1 30 1 www.professionsante.ca Dosage de Dilution comprimé FasTabMD (mL eau) (mg) 15 2 15 2 15 4 30 10 Rinçage seringue (mL eau) 1à2 1à2 2 5 février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 7 place aux questions les IPP devraient être utilisés pour traiter un RGO diagnostiqué modéré à sévère et une œsophagite érosive et non érosive. On ne devrait pas y recourir uniquement pour soulager les signes et symptômes de RGO 1,2,4. Avant l’arrivée des comprimés de lansoprazole FasTabMD, une préparation magistrale à base de bicarbonate de sodium, ayant une stabilité de 90 jours, était utilisée pour mettre en solution les granules entériques des capsules de lansoprazole3. L’ajout de bicarbonate détruit l’enrobage entérique des granules de lansoprazole et libère ce dernier en solution. Sachant que le lansoprazole est très sensible à l’acide (temps de demi-vie de 4,6 minutes à un pH de 2), le volume de bicarbonate doit être suffisant pour neutraliser l’acidité gastrique générée par le patient7. Cependant, ce volume est insuffisant pour neutraliser l’acide gastrique produit par certains enfants atteints d’œsophagite et le surplus d’acide inactiverait le lansoprazole8. Quelques études ont examiné l’efficacité de la formulation de bicarbonate. Sharma et ses collaborateurs ont évalué cette dernière chez 12 volontaires sains adultes9. Ils ont démontré qu’après la première administration, la formulation de bicarbonate avait une biodisponibilité de 67,5 %, comparativement aux capsules intactes. Une étude clinique a comparé la formulation de bicarbonate aux capsules dans la réduction de l’acide gastrique après 24 heures10. La biodisponibilité de la formulation de bicarbonate était inférieure (AUC 81,9 %, n = 36)10. De plus, cette baisse de la biodisponibilité a été observée, bien que les sujets aient subi un jeûne prolongé et non représentatif des conditions cliniques réelles (12 h avant et 5 h après la prise de l’IPP). La formulation de bicarbonate semble fonctionner adéquatement chez les sujets sains à jeun, mais une réduction de la biodisponibilité est remarquée. Notons que les sécrétions gastriques d’un patient atteint de RGO sont supérieures à celles de volontaires sains8. Une nouvelle formulation de lansoprazole liquide propose de préserver les propriétés entériques11. Cette formulation est composée d’un comprimé de Prevacid FasTabMD broyé délicatement au mortier, sans briser les granules, et de 10 mL d’OrablendMD 11. L’OrablendMD est un agent de suspension légèrement acide (pH 4,0), équivalent au mélange 50:50 OraplusMD et OrasweetMD, qui n’entraîne pas la dissolution de l’enrobage entérique des microgranules. Une étude a comparé le profil de dissolution de la formulation OrablendMD à celui du bicarbonate, selon le protocole de la pharmacopée américaine (USP)12. En effet, chaque formulation devait résister à un milieu acide (500 mL d’acide chlorhydrique 0,1N) puis, subséquem- ment, libérer le lansoprazole dans un milieu tamponné (pH 6,8). Seulement 2,7 % de ce dernier produit a été retrouvé dans la formulation de bicarbonate, tandis que 99,4 % a été extrait de la formulation d’Orablend MD 11. De plus, cette dernière peut être administrée par des tubes nasogastriques de 6, 8 et 10 French11. Malheureusement, la formulation d’Orablend MD présente une stabilité de seulement trois jours au réfrigérateur11. Conclusion Le reflux gastro-œsophagien est un problème fréquent en pédiatrie, particulièrement chez les nourrissons, où il est souvent considéré comme physiologique. Un IPP est couramment prescrit chez les patients qui ont reçu un diagnostic de RGO pathologique modéré à sévère ou atteints d’œsophagite. Cependant, il n’existe actuellement aucune formulation liquide d’IPP qui soit biodisponible et stable suffisamment longtemps pour être utilisée en pédiatrie et la préparation magistrale d’IPP dans la solution de bicarbonate ne devrait plus être utilisée. Selon nous, le lansoprazole, avec ses capsules et sa formulation FasTabMD, est la solution la mieux adaptée en pédiatrie pour facilement administrer un IPP. ■ Références 1. Vandenplas Y, Rudolp C, DiLorenzo C, et coll. North American Society for Pediatric Gastroenterology Hepatology and Nutrition (NASPGHAN). European Society for Pediatric Gastroenterology Hepatology and Nutrition (ESPGHAN). Pediatric gastroesophageal reflux clinical practice guidelines joint recommendations of the NASPGHAN and ESPGHAN. J Pediatr Gastroenterol Nutr. 2009; 49 (4): 498-547. 2. Tighe MP, Afzal NA, Bevan A, Beattie M. Current pharmacological management of gastro-esophageal reflux in children. Pediatr Drugs. 2009; 11 (3): 185-202. 3. Wagner I, Laverdière I. Le reflux gastro-œsophagien chez l’enfant. Québec Pharmacie. 2007; 54(12) : 19-26. 4. VanderPol RJ, Smits MJ, VanWijk MP, et coll. Efficacy of proton-pump inhibitors in children with gastroesophageal reflux disease: A systematic review. Pediatrics. 2011:127 (5): 925-35. 5. Litalien C, Théorêt Y, Faure C. Pharmacokinetics of proton pump inhibitor in children. Clin Pharmacokinet. 2005; 44 (5): 441-66. 6. Laboratoires Abbott, Limitée. Monographie PrevacidMD. Révision 2010 : 1-124. 7. Kristl A, Vrecer F. Preformulation Investigation of the Novel Proton Pump Inhibitor Lansoprazole. Drug Dev Ind Pharm. 2000; 26:781-3. 8. Kalach N, Badran AM, Jaffray P, et coll. Correlation between gastric acid secretion and severity of acid reflux in children. The Turkish Journal of Pediatrics. 2003; 45: 6-10. 9. Sharma VK, Peyton B, Spears T, et coll. Oral pharmacokinetics of omeprazole and lansoprazole after single and repeated doses as intact capsules or as suspensions in sodium bicarbonate. Aliment Pharmacol Ther. 2000; 14:887-92. 10.Doan TT, Wang Q, Griffin JS, et coll. Comparative pharmacokinetics and pharmacodynamics of lansoprazole oral capsules and suspension in healthy subjects. Am J Health-Syst Pharm. 2001; 58: 1512-9. 11.Melkoumov A, Soukrati A, Elkin I, Forest JM, Hildgen P, Leclair G. Pharmaceutical characteristics of extemporaneous delayed-released liquid formulation of lansoprazole. Am J Health-Syst Pharm. 2011; 68: 2069-74. 12.Lansoprazole delayed-release capsules monograph. Dans : The United States Pharmacopeia, 33rd rev., et The national formulary, 28th ed., MD : United States Pharmacopeial Convention. 2010. 8 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 Question de formation continue 1) Parmi les énoncés suivants, lequel est vrai ? A. Un IPP tel que le lansoprazole doit être rapidement instauré pour traiter le reflux gastro-œsophagien en pédiatrie. B.Les mesures non pharmacologiques sont peu efficaces pour traiter le reflux gastro-œsophagien chez l’enfant. C.La préparation magistrale d’IPP dans le bicarbonate est la meilleure méthode d’administration en pédiatrie, car elle a démontré une biodisponibilité et une stabilité fiables. D.La dose de comprimé de lansoprazole FasTabMD peut être réduite à certaines conditions. Répondez maintenant en ligne. Voir page 78. À votre service sans ordonnance Soins à apporter à un perçage Il est fréquent en pharmacie de faire face à des problèmes liés à des perçages, que ce soit pour une infection, de la douleur ou des conseils sur le nettoyage. Parfois, il peut être compliqué de satisfaire cette clientèle, car chaque perceur a sa recette et sa manière de procéder. En effet, certains recommandent d’écraser des comprimés d’AdvilMD, d’en faire une pâte et de l’appliquer localement ! D’autres diront qu’il suffit de mettre du sel sur la plaie. Les clients nous demandent s’ils doivent mettre du PolysporinMD en onguent ou non. Voici donc quelques renseignements pour bien conseiller ces patients sur les perçages de façon générale, sur les soins à domicile et sur la gestion des complications en pharmacie. Qu’est-ce qu’un perçage ? Le perçage est défini comme l’introduction d’un objet ornemental, tel qu’un bijou, dans des ouvertures pratiquées dans certaines parties du corps, comme le sourcil, le cartilage de l’oreille, la lèvre, le nez, etc.1,2 Le perçage des oreilles a longtemps été le seul à être pratiqué dans les sociétés occidentales3. Pourtant, dans d’autres cultures, les perçages sur le corps sont monnaie courante depuis plusieurs décennies. Dans certains cas, ils représentent un rite de passage, un état matrimonial ou encore un certain statut social 2,3. Chaque perçage a son histoire et chaque culture, sa tradition. Les centurions romains, par exemple, avaient, dit-on, le sein percé pour retenir leur cape et signifier leur loyauté envers leur empereur. Les Mayas, quant à eux, auraient eu la langue percée pour des raisons de spiritualité et les pharaons auraient organisé des cérémonies durant lesquelles ils exécutaient des perçages de nombril3. Types de perçage et temps de guérison Étant donné que chaque perçage est différent, le temps de guérison varie selon le site. Les perçages au niveau des oreilles et de la langue sont les plus rapides à guérir, soit en trois à six semaines3. Au niveau du sourcil ou des parties génitales, le temps de guérison varie entre six et huit semaines. Ce temps est encore plus variable pour le sein3. Ici, le temps de convalescence dépend surtout du type de vêtement porté. Il peut varier entre huit et 16 semaines. Le nombril est le perçage nécessitant la plus longue convalescence. La guérison peut prendre jusqu’à neuf mois3. Afin d’améliorer la cicatrisation et de prévenir les complications, il est conseillé de ne pas porter de vêtements trop ajustés pour ce qui est des perçages sur le corps (sein, nombril, parties génitales). Les vêtements serrés auraient tendance à freiner la guérison3. Il est également déconseillé de bouger le bijou avant que la cicatrisation ne soit complète. Étant donné que le perçage guérit de l’extérieur vers l’intérieur, son aspect extérieur n’indique pas nécessairement que la cicatrisation est complète. Conseils avant le perçage L’association des perceurs professionnels (APP), basée en Californie, est une organisation internationale à but non lucratif. Sa mission est de transwww.professionsante.ca mettre de l’information relative à l’hygiène et à la sécurité des perçages pour les perceurs, les professionnels de la santé, les législateurs et le public. Ce site Internet est une bonne source d’information à conseiller au patient qui cherche de l’information sur les perçages. Il donne des conseils avisés sur la préparation, le perçage lui-même et les soins à domicile4. Le client désireux de se faire faire un perçage par l’un de ses membres peut retrouver ces informations sur le site Web de l’APP. Malheureusement, peu de cliniques en sont membres ici, au Québec. Par contre, les gens peuvent se fier à certains critères pour choisir leur perceur. Tout d’abord, le studio doit être divisé en cinq zones distinctes : l’espace de vente, la zone d’attente, les cabines de perçage, les toilettes, ainsi qu’une zone de stérilisation à part5. Le studio doit également avoir un permis d’activité. Enfin, le personnel devrait utiliser des instruments stérilisés à l’autoclave ou jetables5. Il faut cependant indiquer au patient que les conseils contenus dans ce site sont issus d’expériences personnelles de perceurs, et non d’études cliniques. La plupart des studios exigent que le client soit sobre, qu’il ait mangé au cours des quatre heures précédentes, qu’il porte des vêtements propres, spécialement si le perçage doit se faire sur les parties génitales, qu’il évite l’usage d’aspirine ou autres anticoagulants et qu’il soit globalement en bonne santé5. Texte rédigé par Julie Richer, étudiante en pharmacie (4e année), et François P. Turgeon, B. Pharm., M.Sc., Pharmacie François P. Turgeon. Texte original soumis le 23 octobre 2011. Texte final remis le 10 décembre 2011. Révision : Nancy Desmarais, B. Pharm., et Julie Martineau, B. Pharm. Tableau I Nettoyage des perçages selon le site7,8 Perçage corporelSe laver les mains Humecter ou tremper la région percée dans de l’eau saline pendant 5 à 10 minutes, une ou plusieurs fois par jour Rincer abondamment à l’eau pour enlever les débris organiques Sous la douche deux fois par jour maximum, frotter l’ouverture du perçage et le bijou avec une goutte de savon antibactérien. Laisser agir 30 secondes, puis irriguer Perçage dans la bouche (langue)Se gargariser la bouche avec de l’eau saline ou un bain de bouche antiseptique sans alcool pendant 30 secondes, quatre fois par jour (après les repas et au coucher) février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 11 À votre service sans ordonnance Tableau II Complications des perçages9 ComplicationSymptômes Traitement Infection légère Œdème légerAppliquer des gazes stériles imbibées d’eau saline isotonique Écoulement léger plusieurs fois par jour Rougeur autour de la plaieAppliquer des compresses chaudes pour drainer Pas de symptômes systémiquesMupirocine (Bactroban) en crème deux fois par jour Dermatite de contactRougeur et démangeaisonÉliminer la cause : nettoyer ou remplacer le bijou par un métal chirurgical, plus étendue de l’or en 14 carats ou un objet en plastique Épaississement de la peau, Diphenhydramine 25 mg à 50 mg toutes les 4 à 6 heures au besoin agrandissement du trou autour du bijou Aux parents désireux de faire percer les oreilles à leur enfant, on peut toujours suggérer l’emploi d’une crème anesthésique comme l’Emla pour désensibiliser la région à percer. Le perçage des oreilles et certains perçages au niveau du pénis sont les seuls pour lesquels on recommande généralement l’utilisation d’un anesthésique topique. Ces produits ne sont généralement pas utiles pour les autres types de perçage3. On peut simplement appliquer une quantité de crème sur le lobe de l’oreille avec un petit pansement occlusif et faire le perçage dans les 30 à 60 minutes qui suivent. Le perçage des oreilles est généralement réalisé avec un poinçon perforant l’oreille directement avec la boucle d’oreille. Par contre, il a récemment été démontré que l’utilisation de cet outil favoriserait la transmission des virus de l’hépatite, car ce poinçon ne se nettoie pas facilement et est rarement stérilisé3. Aucune étude n’a toutefois évalué le risque réel de transmission avec ce type d’outil. On peut comparer les poinçons aux autopiqueurs des patients diabétiques, puisque le fonctionnement de l’appareil est très similaire. Dans le cas des autopiqueurs, leur utilisation a démontré un risque de transmission de l’hépatite B pour plusieurs patients3. Conseils après perçage Une fois le perçage terminé, il faut conseiller au patient de se laver fréquemment les mains et de ne pas toucher au perçage sans avoir procédé à cette mesure d’hygiène au préalable. Pour le nettoyage, l’APP suggère d’humecter le perçage d’une solution saline (solution saline en ampoule stérile sans additif ou mélange de sel marin non iodé à raison de ⅛ à 1∕4 de cuillère à thé de sel dans 20 mL d’eau distillée). Le patient peut aussi utiliser de la gaze stérile, imbibée de ce liquide. Puis, il faut bien rincer la région afin d’éliminer les débris organiques. On peut ensuite utiliser un savon, de préférence liquide, antimicrobien et germicide (p. ex., gluconate de chlorhexidine 4 % ou DexedinMD) au maximum deux fois par jour6. En fait, n’importe quel savon antibactérien pourrait être utilisé, tel 12 que le CetaphilMD ou le Spectro JelMD 7, de préférence sous la douche. Il suffit de faire mousser le savon de la grosseur d’un pois sur l’ouverture du perçage et sur le bijou. On peut laisser agir pendant un maximum de 30 secondes. Rincer adéquatement pour ne pas laisser de résidu de savon, qui pourrait irriter la peau entourant le bijou. Sécher avec un papier à usage unique ou une gaze stérile. Il vaut mieux ne pas utiliser de serviette en tissu, car elle pourrait contenir des germes7. Pour ce qui est des perçages à la langue, le meilleur choix est d’opter pour un bain de bouche antibactérien sans alcool (Steri/solMD). On peut aussi suggérer de rincer la bouche avec la même solution saline que celle recommandée pour le corps8. Répéter le nettoyage pendant 30 secondes quatre fois par jour, après les repas et au coucher. Pour les perçages sur la lèvre ou la joue, les mêmes recommandations que pour les autres perçages s’appliquent8. Un résumé du nettoyage des perçages selon le site est présenté au tableau I. Dans les jours qui suivent, il est normal de voir un peu de sang, une tuméfaction, un hématome ou une sensibilité au toucher7. Pendant la cicatrisation, il est possible de voir une certaine rougeur, du prurit et une sécrétion de liquide blanc ou jaunâtre, formant une petite croûte autour du bijou7. Il ne faut pas oublier que le fait d’être globalement en bonne santé, de bien manger et de bien dormir facilite la cicatrisation. Une alimentation équilibrée peut aussi accélérer la guérison. Certains perceurs suggèrent au patient un complexe de vitamine C ou de zinc pour compléter l’alimentation et améliorer la cicatrisation5. Il n’existe toutefois pas de preuves solides de l’impact de cette mesure. De plus, il est important de dormir dans des draps et des vêtements propres, et de les laver régulièrement afin d’éviter la contamination croisée7. Il est préférable d’opter pour les douches plutôt que pour le bain, car si la baignoire est mal nettoyée, il risque d’y avoir des bactéries stagnantes pouvant entrer en contact avec la plaie. Il est aussi suggéré de ne pas appliquer d’alcool ou de peroxyde d’hydrogène sur les perçages7. Ils pourraient Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 irriter davantage et nuire à la guérison. Les pommades antibiotiques sont aussi à éviter, car elles peuvent retenir les germes et la poussière à l’intérieur du perçage, et empêcher l’oxygène d’atteindre la plaie5. Il faut aussi éviter les crèmes parfumées et autres produits cosmétiques dans les régions aux abords du perçage. Dans le cas où le patient se plaindrait de friction ou de frottement des vêtements sur le bijou, ou s’il fallait couvrir le perçage (p. ex., à la piscine), les pansements de style Tegaderm ou Opsite seraient une très bonne option3. Types de complications les plus fréquentes Les complications les plus fréquentes sont les saignements, les traumas et les infections bactériennes1. De même que le temps de guérison, le taux de complications varie selon le site du perçage, le matériel utilisé par le perceur, son expérience, l’hygiène et les soins à domicile effectués après le perçage1. Les sites les plus vulnérables selon l’ensemble des consultations médicales seraient le nombril (40 %), l’oreille (35 %), le nez (12 %), la langue, le menton, le sourcil et les parties génitales (8 %) et, enfin, le sein (5 %)1. Les symptômes les plus souvent rapportés sont la rougeur, l’enflure, la chaleur, la douleur et les écoulements purulents1. Les agents les plus souvent en cause d’infection sont Staphylococcus aureus, Streptococcus du groupe A et Pseudomonas spp1,3. Les risques sont nettement plus élevés si le patient n’a pas nettoyé correctement son perçage ou l’a touché à répétition, sans se laver les mains3. Dans certains cas, lorsque l’infection est trop importante, le retrait du bijou peut être nécessaire afin de permettre à la plaie de guérir3. Choisir consciencieusement son perceur est très important, puisqu’il y a également risque de transmission virale, dont transmission de l’hépatite B et C avec une aiguille ou du matériel souillé1,3. Par conséquent, mieux vaut choisir un endroit propre où les instruments sont bien stérilisés. Il est aussi préférable d’avoir reçu son vaccin contre l’hépatite B avant de penser à un perçage. S’ajoutent les cas de lèpre, de Soins à apporter à un perçage Le perçage est une pratique qui est là pour rester. Le nombre de consultations en pharmacie ne fera donc qu’augmenter dans les années à venir. tuberculose et de tétanos rapportés dans la littérature médicale1. Il est important de prévenir les patients que, si le perçage est génital, le risque de transmission du VIH lors de relations sexuelles non protégées augmente1. D’autres types de complications sont rapportés, tels que les dermatites de contact si le bijou est en métal3. Les métaux recommandés pour éviter les infections et les dermatites sont le métal chirurgical, l’or en 14 carats, le niobium et le titanium2,6. N’oublions pas que les bijoux en métal doivent absolument être retirés avant une résonance magnétique1. Quelques complications souvent rencontrées en pharmacie Dans la plupart des cas, les problèmes peuvent être gérés sans que le bijou soit retiré. Si le patient tient à son perçage, il ne faut pas l’enlever, car la plaie peut se refermer très vite et la réinsertion du bijou peut s’avérer impossible9. Dans le cas où il y aurait infection légère, le bijou peut servir à drainer cette dernière. Son retrait pourrait résulter en la formation d’un abcès. On peut suggérer au patient d’humecter le perçage dans une eau salée isotonique, avec ou sans compresses chaudes, ce qui facilitera le drainage de la plaie9. On peut aussi lui suggérer l’application de mupirocine en crème, cette dernière permettant une meilleure oxygénation de la plaie et rendant le nettoyage plus facile qu’avec un onguent9. Dans le cas où le patient aurait une dermatite de contact, celle-ci se présenterait davantage comme une rougeur et une démangeaison, sur une surface plus étendue. L’ouverture du perçage peut s’agrandir et devenir plus large que le bijou. La dermatite de contact peut être causée par le bijou lui-même ou par le produit nettoyant. Il est important d’éliminer tout d’abord la cause de la dermatite en remplaçant le bijou par un autre en titane ou en plastique ou en changeant de produit nettoyant9. On peut aussi suggérer l’emploi d’un antihistaminique oral, comme la diphenhydramine, au besoin9. Dans le cas où le corps rejetterait le bijou, il est conseillé de retirer ce dernier si la peau entre l’entrée et la sortie du bijou devient progressivement plus fine, soit de moins de 6,5 mm9. Le tableau II présente les symptômes et les traitements suggérés de certaines complications en matière de perçage. n 5.APP. Bien choisir son perceur. [En ligne, fichier pdf. Page consultée le 18 octobre 2011.] www.safepier cing.org/wp-content/uploads/APP_Picking_Fr_ Web.pdf 6. APP. Résolution de problèmes : pour vous et votre pro fessionnel de santé. [En ligne, fichier pdf. Page consultée le 18 octobre 2011.] www.safepiercing.org/ wp-content/uploads/2010/07/APP_Troubleshoo ting_Fr_Web.pdf 7. Ferguson H. Body piercing. BMJ 1999; 319:18-25. 8.APP. Suggested Aftercare guidelines for body piercings. [En ligne, fichier pdf. Page consultée le 18 octobre 2011.] www.safepiercing.org/wp-content/ uploads/APP_Aftercare_2010_Web.pdf 9.APP. Les soins spécifiques aux piercings oraux. [En ligne, fichier pdf. Page consultée le 18 octobre 2011.] www.safepiercing.org/wp-content/uploads/2010/ 07/APP_Oral_Fr_Web.pdf Le patient a des symptômes évoluant depuis plus d’une semaine. n Les symptômes sont accompagnés de fièvre, de frissons, de nausées, de vomissements, de vertiges ou d’étourdissements. n Des cas d’arthrite septique, de glomérulonéphrite et d’endocardite ont également été rapportés. Il ne faut donc pas prendre les perçages à la légère2. Conclusion Le perçage est une pratique qui est là pour rester. Le nombre de consultations en pharmacie ne fera donc qu’augmenter dans les années à venir. Alors, il vaut mieux conseiller adéquatement les patients et les renseigner sur les risques et les complications. Il nous appartient d’éduquer ces derniers sur les bonnes méthodes d’hygiène et de prévention des infections3. Notre rôle consiste également à veiller à leur triage en ambulatoire et à adresser les cas proIl faut adresser le patient à un médecin dans les blématiques au médecin. La plupart des cas de complications peuvent être gérés sans consulcas suivants9 : n La rougeur ou l’œdème est très important, tation médicale, d’où l’importance du rôle du surtout si de la douleur est présente. pharmacien. Il faut donc toujours garder en n Il y a écoulement d’une grande quantité de tête les besoins de nos patients, ainsi que leurs sécrétions épaisses, vertes, jaunes ou grises volontés. En effet, le perçage étant considéré et malodorantes. comme de l’art corporel, il offre à ses adeptes n Le patient est sous corticothérapie ou une façon de s’exprimer et de s’affirmer. ■ souffre d’une maladie chronique. Références 1. Stirn A. Body piercing: Medical consequences and psychological motivations. The Lancet 2003; 361: 1205-13. 2.Armstrong M, Hewitt W, Greif J. Tattooing and Body Piercing. Clin Nurs Res. 1999; 8;4: 368-85. 3. Tweeten S, Rickman L. Infectious complications of body piercing. Clin. Inf. dis 1998; 26: 735-40. 4. Association of Professional piercers [En ligne. Page citée le 18 octobre 2011.] www.safepiercing.org/fr/ home/what-is-the-app/ Questions de formation continue 2) Lequel de ces sites de perçage prend généralement le plus de temps à guérir ? A. Nombril B. Langue C. Sourcil D. Sein E. Organes génitaux 3) Quel produit serait le plus approprié pour nettoyer un site récemment percé ? A. Alcool isopropylique 70 % B. Peroxyde d’hydrogène C. Onguent de bacitracine D. Savon antibactérien E. Il serait préférable de ne pas le nettoyer Répondez maintenant en ligne.Voir page 78. www.professionsante.ca février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 13 LES pages bleues Sepsie et choc septique Malgré l’avancement de la recherche et l’augmentation des antibiotiques d’année en année, la science n’a pas suffisamment évolué pour trouver la solution miracle au traitement du choc septique. Aux États-Unis, 500 000 personnes se présentent à l’urgence chaque année pour sepsie grave ou choc septique. Néanmoins, 30 % à 60 % des patients hospitalisés dans ces deux cas décèdent lors d’un épisode de ce genre1-3. Le défi que cette maladie représente est loin de décourager les chercheurs qui se penchent sur le sujet avec enthousiasme. En 2004, le premier guide de pratique de grande envergure pour le traitement de la sepsie a vu le jour dans le document Surviving Sepsis Campaign. Cette publication a fait l’objet d’une révision en 2008. Le présent article a pour but de définir un peu mieux la pathologie de la sepsie et du choc septique, en plus d’offrir un survol des thérapies mises en place dans de telles situations. Septicémie, sepsie grave, choc septique... y a-t-il une différence ? Schottmueller fut le premier à définir la septicémie en 1914 comme un état où un pathogène envahit la circulation sanguine à partir d’une porte d’entrée, révélant ainsi les signes de la maladie. Depuis lors, le terme « septicémie » a relativement disparu au profit du mot « sepsie ». Il est à noter qu’un peu moins de la moitié des patients en sepsie ont effectivement une bactérie dans le sang. Ils développent donc ce syndrome inflammatoire sans que l’on soit capable d’isoler une bactérie comme agent causal. Il est aussi possible d’avoir une bactérie dans le sang (bactériémie) sans montrer les signes et les symptômes de la sepsie4. Dans toute cette terminologie, comment s’y retrouver ? Ces dernières années, les différents stades de l’état septique ont fait l’objet d’une réorganisation de la classification. La sepsie se définit maintenant comme la manifestation systémique d’une infection dont les principaux symptômes sont présentés dans le tableau I2,4. Les différentes étapes menant au choc septique sont présentées à la figure 15,6. En premier lieu, il y a bactériémie. Les bactéries qui envahissent le sang peuvent y pénétrer par la peau, dans le cas d’une blessure par exemple. Une hémoculture peut parfois détecter les bactéries dans le sang. Le plus souvent, elles proviennent d’une infection située dans un autre organe, comme les poumons ou les reins. Parfois, on ne peut pas déterminer le site primaire de l’infection. La première étape du choc septique consiste donc en un pathogène – bactérie, virus, voire mycose – atteignant la circulation sanguine et dont les effets sur le système immunitaire entraînent une réaction multisystémique7. Certains marqueurs comme la protéine C réactive (CRP), la procalcitonine et les cytokines IL-6 et IL-8 aident à poser un diagnostic de sepsie. Bien que non spécifiques à la sepsie, ces marqueurs contribuent à apprécier l’intensité de l’état inflammatoire du patient. Le test de CRP a le désavantage d’être très peu spécifique au choc septique et, bien que peu coûteux, d’être plutôt lent avant d’atteindre un sommet. De plus, il ne corrèle pas bien avec la gravité de l’infection. La CRP est donc peu utile. Quant à la procalcitonine, il s’agit d’un www.professionsante.ca peptide précurseur de la calcitonine dont la demi-vie est assez longue. Bien qu’elle puisse être élevée dans un état inflammatoire non infectieux, une valeur très élevée (au-dessus de 2 ng/ml) est spécifique à une sepsie grave. Ce marqueur est utile pour différencier la sepsie d’origine infectieuse de celle dont l’origine est non infectieuse. Les cytokines Il-6 et IL-8 sont plus utiles en néonatologie et chez les patients neutropéniques pour distinguer les sepsies d’origine infectieuse dans les phases précoces, mais elles sont rarement utilisées en pratique8. Enfin, une sepsie peut évoluer en sepsie grave, c’est-à-dire une sepsie en présence d’une hypoperfusion ou d’une dysfonction d’organes. Éventuellement, si la situation se dégrade, elle peut aboutir au choc septique. Ultimement, le choc se produit lorsque les mécanismes compensatoires du corps pour réagir à la sepsie ne sont plus suffisants. La distinction entre le choc septique et une sepsie grave est, dans le cas du choc, la présence d’une sepsie Texte rédigé par : Sophie Prophète, B. Pharm., M.Sc., pharmacienne clinicienne associée à l’Université de Montréal, Soins intensifs et clinique d’insuffisance cardiaque de l’Hôpital Charles-Lemoyne. Texte original soumis le 15 novembre 2011. Texte final remis le 9 janvier 2012. Révision : Jean-Philippe Côté, B. Pharm., M.Sc., BCPS, Centre hospitalier universitaire de Québec, CHUL, et Odette Grégoire, pharmacienne, M.Sc., M.A.P., Pharmacie Christian Ouellet et CSSS-Québec-Nord. Figure 1 Continuum du choc septique5,6 Bactériémie Présence de bactéries dans le sang Sepsie Manifestation systémique d’une infection Syndrome de réponse inflammatoire systémique (SRIS) Réponse inflammatoire en l’absence d’infection identifiable Sepsie grave Sepsie accompagnée d’un dysfonctionnement d’organes ou d’hypoperfusion (origine infectieuse) Choc septique L’hypotension qui résulte d’une sepsie grave est réfractaire à la réplétion volémique et nécessite l’utilisation de vasopresseurs février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 17 LES pages bleues Tableau I 2,4,9,11 Symptômes associés au SRIS ■Température supérieure à 38 °C ou inférieure à 36 °C ■Tachycardie : fréquence cardiaque supérieure à 90 battements par minute ■Tachypnée : rythme respiratoire supérieur à 20 respirations par minute ou pression artérielle en dioxyde de carbone (PaCo2) inférieure à 32 mmHg ■Augmentation des globules blancs : globules blancs supérieurs à 12 000/μL ou inférieurs à 4000/μL ■ Dysfonction d’organes Symptômes associés à une sepsie sévère donc accompagnés du dysfonctionnement d’un ou de plusieurs organes Signes d’hypoperfusion associés à une sepsie sévère : ■Tension artérielle systolique ≤ 90 mmHg ■Chute de la tension artérielle systolique habituelle supérieure à 40 mmHg ■Lactatémie ■Oligurie ■Changement de l’état mental ■ Hypoxémie ■Thrombocytopénie ■ Hyperbilirubinémie Tableau II Pathogènes à l’origine des chocs septiques6 Gram positif Staphylococcus aureus Streptococcus pneumoniæ Staphylococci coagulas-negative Enterococcus spp Streptococcus pyogenes Gram négatif Escherichia coli Pseudomonas æruginosa Plus rarement : Klebsiella spp Serratia spp Enterobacter spp Fongi Candida albicans Candida glabrata Candida parapsilosis C. tropicalis C krusei Il existe quatre types de choc circulatoire : le qui ne s’améliore pas après une réplétion volémique adéquate et nécessite conséquemment choc distributif, le choc hypovolémique, le choc cardiogénique et le choc obstructif. Le choc sepl’utilisation de vasopresseurs9. tique fait partie de la sous-catégorie des chocs Le choc distributifs. Dans ce type de choc, les patients Avant de s’intéresser au choc septique, il est n’ont généralement pas de diminution du débit nécessaire de rappeler ce qu’est un choc. Il s’agit cardiaque initial. L’hypotension est plutôt caud’une réaction multisystémique accompagnée sée par une diminution de la résistance vascud’une hypoperfusion des organes10. Une hypo- laire ou par une augmentation de la capacité tension est généralement présente et grave. On veineuse engendrée par les médiateurs inflamdit alors qu’un patient est hémodynamique- matoires. Initialement, les extrémités du patient ment instable, ce qui peut être la conséquence de sont généralement chaudes et les capillaires deux phénomènes : soit une diminution du s’ouvrent, entraînant une réduction du volume débit cardiaque, soit une diminution de la résis- intravasculaire4. tance vasculaire. Le débit cardiaque dépend de la précharge (pouvant elle-même dépendre de Épidémiologie l’état volémique du patient), de la postcharge Certains facteurs prédisposent au choc septi(résistance qui s’oppose à l’éjection du sang par que, entre autres l’âge et le sexe11. Un choc septile cœur) et de la contractilité du muscle cardia- que peut survenir à tout âge; cependant, les donque. Ainsi, les organes sont moins bien perfusés nées épidémiologiques soutiennent que le risque et souffrent d’un manque d’oxygène. L’hypoxie est plus élevé chez les personnes très jeunes des organes peut se manifester par une augmen- (moins de 10 ans) ou plus âgées (plus de 70 ans). tation de l’acide lactique dans le sang, découlant La population masculine semble plus affectée, avec 52 % à 66 % des cas de choc septique. La difdu métabolisme anaérobie10. 18 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 férence entre les sexes pourrait être causée par la prévalence plus élevée de comorbidités susceptibles d’augmenter le risque de choc septique chez les hommes 4. En effet, la présence de comorbidités comme le diabète, l’insuffisance rénale, l’alcoolisme, la cirrhose du foie, le cancer ou l’immunosuppression augmente aussi le risque de faire un choc septique12. Étiologie Les bactéries Gram positif, dans une proportion de 40 %, et Gram négatif, dans une proportion de 30 %, comptent pour environ 70 % des sepsies pour lesquelles on a pu obtenir des hémocultures positives. Les 30 % résiduels sont constitués d’une flore polymicrobienne ou de mycoses. Les bactéries les plus souvent impliquées dans le choc septique sont répertoriées au tableau II 9. Même si les bactéries Gram négatif sont moins souvent isolées dans le sang, il n’en demeure pas moins qu’elles sont les plus souvent associées au choc septique. Le taux de mortalité est aussi plus élevé pour les sepsies secondaires à une bactérie Gram négatif. Les pathogènes causant des sepsies exploitent généralement des déficiences de l’organisme et les bactéries Gram négatif et déjouent plus facilement les mécanismes de défense du corps humain. Cela dit, l’un des facteurs de gravité les plus importants semble être l’importance de la maladie sous-jacente. Par ailleurs, bien que moins fréquentes, les sepsies d’origine fongique sont en expansion. Le site initial des infections menant à la sepsie est le plus souvent celui des infections du système respiratoire. Elles sont suivies des infections du tractus urinaire et des infections abdominales puis, plus rarement, des infections des tissus mous et du système reproducteur4,13. On peut regrouper les bactéries selon le site initial d’infection, tel que présenté au tableau III, afin de mieux cibler l’antibiothérapie empirique à déployer lorsque ces sites d’infection primaire sont soupçonnés4,14. Physiopathologie On peut se demander comment une infection qui envahit le corps humain peut évoluer vers un syndrome tel que la sepsie. Quel est le chemin physiopathologique qui mène au choc septique ? Lorsqu’un pathogène envahit la circulation sanguine, la réaction immunitaire qui s’ensuit produit une cascade inflammatoire créant des dommages aux tissus et organes. Cette réaction complexe qui témoigne du déséquilibre entre le dommage initial et la réponse de l’hôte est à l’origine des signes et symptômes de la sepsie. La physiopathologie diffère légèrement selon le site d’infection et le type de pathogène impliqué. Les bactéries disposent de plusieurs stratagèmes dont le résultat est de berner l’organisme Sepsie et choc septique hôte. Elles peuvent par exemple sécréter des adhésines leur permettant d’adhérer aux fibres de collagène de la surface cellulaire. Elles peuvent aussi sécréter des ligands imitant les protéines humaines et leur permettant de se lier à certains récepteurs afin d’envahir les cellules de l’organisme hôte. Après cette adhésion à la surface épithéliale des cellules, le corps humain tente évidemment de se défendre. Il sécrète des enzymes, telles que des lysozymes, et forme une barrière de mucus sur l’épithélium pour mettre un terme à l’invasion. Lorsque les bactéries ont atteint un certain quorum, elles communiquent entre elles par des signaux chimiques autoinducteurs afin d’exprimer des gènes dits « de virulence », modulant la propagation de l’infection15. Les bactéries Gram positif dégagent des toxines formées de peptidoglycanes. Ces constituants tapissent la surface cellulaire et représentent 40 % de la masse totale des cellules de ces bactéries. Ces exotoxines soutenues à l’extérieur des cellules vont tenter de se lier au récepteur CD14 situé sur les macrophages. Les bactéries Gram négatif sont les seules à avoir dans leur membrane externe des lipopolysaccharides libérant des endotoxines lorsque la bactérie est détruite par le système immunitaire. Les endotoxines sont généralement relâchées au moment de la lyse cellulaire. Lorsqu’une bactérie est détruite par le système immunitaire, l’endotoxine est responsable de la cascade inflammatoire subséquente. C’est la partie nommée « lipid A » de l’endotoxine qui déclenche la majeure partie de la cascade inflammatoire, principalement en activant les macrophages. Les endotoxines forment un complexe avec une protéine endogène, et ce complexe se lie au récepteur CD14 situé à la surface du macrophage13,15. Comment la réaction inflammatoire se déroule-t-elle par la suite ? L’interaction entre les endotoxines et les macrophages active la libération de cytokines pro et anti-inflammatoires. Les principaux marqueurs proinflammatoires relâchés sont : le tumor necrosis factor-α (TNF-α), l’interleukine-1 (IL-1) et l’interleukine-6 (IL-6). Le TNF-α en est le médiateur principal. En effet, plus ses niveaux sont élevés, plus la sepsie est grave. Ce marqueur est très élevé durant les premières heures de sepsie. Il contribue également à la libération de thromboxanes A2 et de prostaglandines qui, à leur tour, augmentent les dommages à l’endothélium cellulaire. L’interleukine-1 et plus fortement l’interleukine-6 sont aussi des marqueurs prédicteurs de sepsie. Dans le cas de l’IL-6, ses niveaux sanguins persistent plus longtemps dans le sang que le TNF-α13,15. Ces marqueurs sont peu utilisés en www.professionsante.ca Tableau III Bactéries les plus souvent impliquées dans le choc septique selon le site d’infection primaire4 Infection du tractus respiratoire Infection du tractus urinaire Infection du tissu mou Infection du tractus gastro-intestinal Infection du système reproducteur Cathéter veineux central Streptococcus pneumoniæ Klebsiella pneumoniæ Staphylococcus aureus Escherichia coli Legionella spp Hæmophilius spp Escherichia coli Proteus spp Klebsiella spp Pseudomonas spp Enterobacter Serratia Staphylococcus aureus Streptocoque Clostridium Bacilles Gram négatif anaérobes Escherichia coli Streptococcus fæcalis Bacteroides fragilis Acinetobacter spp Pseudomonas spp Enterobacter spp Salmonella spp Neisseria gonorrhea Bactérie Gram négatif Streptocoque Anaérobes Staphylococcus aureus Bacille Gram négatif aérobe clinique, mais peuvent être mesurés dans les études faites sur la sepsie afin d’établir l’intensité de la réaction inflammatoire. Le système immunitaire ne fait pas que subir les dommages des médiateurs proinflammatoires. Il se défend aussi de cette activation en libérant des médiateurs anti-inf lammatoires comme l’antagoniste du récepteur de l’interleukine-1 (IL-1RA), de l’interleukine-4 (IL-4), de même que de l’interleukine-10 (IL-10). Ces médiateurs inhibent la production des cytokines proinflammatoires et diminuent la fabrication des cellules inflammatoires13. Lorsque les cellules endothéliales sont affectées par les différentes cytokines, les granulocytes passent à l’intérieur des tissus, causant des dommages tissulaires et, ultimement, un dysfonctionnement de l’organe affecté. Les artérioles qui normalement assurent la circulation sanguine dans cet organe répondent moins bien aux signaux leur indiquant de se contracter ou de se dilater. Les capillaires sont donc moins bien perfusés et les vénules subissent l’assaut des neutrophiles et des protéines qui s’y infiltrent. L’activation du complément entraîne invariablement une augmentation de la perméabilité des capillaires, créant un troisième espace interstitiel13. Une sepsie grave peut alors se compliquer d’un choc septique. En effet, les dommages aux cellules endothéliales provoquent l’accumulation de fluides extracellulaires et la formation d’un troisième espace. Ce phénomène est en grande partie responsable de l’instabilité hémodynamique qui s’ensuit. Par ailleurs, une libération de bradykinine et de sérotonine contribue aussi à cette hypotension sévère13. Il est à noter que le processus inflammatoire active également le système de la coagulation. Les molécules proinflammatoires sont également procoagulantes. En revanche, les molécules fibrinolytiques tendent à diminuer l’inflammation. Entre autres, la protéine C activée est une substance endogène ayant une bonne activité fibrinolytique, qui est diminuée chez les patients atteints de sepsie4,13. Les conséquences ultimes de cette réaction inflammatoire incluent la coagulation intra vasculaire disséminée, le syndrome de détresse respiratoire sévère, de même que l’insuffisance de multiples organes. février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 19 LES pages bleues La population masculine semble plus affectée. La différence entre les sexes pourrait être causée par la prévalence plus élevée de comorbidités susceptibles d’augmenter le risque de choc septique chez les hommes. Prise en charge de la sepsie des organes. Ceci peut justifier une réplétion ou des cristalloïdes quand il est question de volémique plus importante et l’ajout d’un vaso- survie17. Les cristalloïdes sont des solutés constitués presseur pour le maintien de la perfusion des uniquement d’eau et d’électrolytes18, comme le organes6. lactate ringer, le NaCl 0,9 % et ses multiples Traitement variantes. Habituellement, pendant les 24 preRéanimation liquidienne mières heures d’un choc septique, un patient « Early goal-directed therapy » : La première étape dans le cas d’un choc septi- peut nécessiter de 6 à 10 L de cristalloïdes Prise en charge rapide et efficace16 que consiste à entreprendre une réanimation administrés sous forme de bolus, puis en perUn des objectifs de la Surviving Sepsis Cam- liquidienne. En effet, la réaction inflamma- fusion continue19. Ces solutions se répartissent paign était d’améliorer l’adhésion aux princi toire qu’entraîne la sepsie modifie la perméabi- préférablement dans le compartiment extrapes de prise en charge rapide et efficace. Les six lité vasculaire et provoque une fuite de liquide cellulaire. Environ 25 % du volume infusé reste premières heures de sepsie sont cruciales6. On vers les espaces extravasculaires, d’où le besoin dans l’espace vasculaire et sert à augmenter la recommande une administration précoce de réplétion liquidienne afin de maintenir la précharge13. Les cristalloïdes ont l’avantage de d’antibiotique afin de contrôler les sites poten- perfusion tissulaire. Environ 50 % des patients minimiser le risque de réactions anaphylactoïtiels d’infections. D’ailleurs, parmi les objectifs se présentant à l’urgence dans un état de sepsie des et coûtent ainsi moins cher que les colloïhémodynamiques visés, on met l’importance grave auront une amélioration de leur état des. Par contre, ils diminuent l’effet oncotique sur une réanimation liquidienne rapide et hémodynamique uniquement en employant par rapport aux colloïdes et peuvent conséagressive. Le respect des paramètres de la prise des fluides. L’objectif de la ressuscitation liqui- quemment prédisposer à l’œdème pulmonaire en charge rapide et efficace dans un contexte dienne est de maximiser le débit cardiaque en et périphérique. Par ailleurs, dans les études où la réanimation liquidienne est faite à l’inté- augmentant la précharge. Il est important de qui comparent ces deux classes, on a pu constarieur des six premières heures de l’arrivée à maintenir les paramètres de la prise en charge ter une tendance vers une diminution de la l’urgence améliore la survie des patients rapide et efficace dans les valeurs présentées au mortalité chez les patients réanimés avec des atteints d’un choc septique et diminue la mor- tableau IV permettent de surveiller l’efficacité cristalloïdes, bien que cette différence soit non statistiquement significative20. talité à 28 jours. Les objectifs à atteindre lors du traitement16. 8,17 On peut aussi administrer des colloïdes d’une sepsie sont présentés au tableau IV . On surveille également les lactates du patient, Colloïdes ou cristalloïdes ? naturels, comme l’albumine 5 %, ou synthétiindice de l’état métabolique des cellules. Un Pour combler la perte liquidienne résultant ques comme le Pentastarch dont la composiniveau sérique élevé de lactates implique un du troisième espace, la réanimation par admi- tion moléculaire entraîne une expansion volémétabolisme anaérobie accru et témoigne de la nistration de fluide peut se faire avec des flui- mique supérieure au volume perfusé. Les souffrance cellulaire. Ceci peut justifier une des dits « colloïdes » et d’autres nommés patients pourraient recevoir jusqu’à 4 L de réplétion volémique plus importante, l’ajout de « cristalloïdes ». On n’a toujours pas établi s’il colloïdes dans les premières 24 heures sous vasopresseur pour le maintien de la perfusion était préférable d’administrer des colloïdes forme de bolus, quoiqu’en pratique, on dépasse rarement 2 L. Il est à noter que bien que les colloïdes et cristalloïdes n’aient pas démontré Tableau IV une supériorité de l’un par rapport à l’autre, Objectifs du traitement du choc septique dans une optique de certaines études ont permis de noter une aug « Early-Goal Directed therapy »8,17 mentation du risque d’insuffisance rénale aiguë avec l’hydroxyethyl starch, dérivé de Obtenir une pression veineuse centrale (PVC) de 8 à 12 mmHg l’amidon de composition synthétique utilisé Il est à noter que chez les patients ventilés mécaniquement ou chez ceux dont la compliance pour le remplacement de volume17. L’albumine pulmonaire est diminuée (élasticité des poumons), une PVC de 12 à 15 mmHg serait acceptable. est une protéine plasmatique naturelle dont l’administration améliore la restauration du Obtenir une saturation d’oxygène au niveau veineux central (ScvO2) égale ou volume intravasculaire13. Les colloïdes pro supérieure à 70 % ou une saturation veineuse mixte (SvO2) égale ou supérieure à 65 % duisent moins d’œdème périphérique que les Avoir une tension artérielle moyenne égale ou supérieure à 65 mmHg. cristalloïdes, et sans causer d’impact clinique La tension artérielle moyenne (TAM) est calculée ainsi : significatif. Les colloïdes requièrent donc TAM = (tension artérielle systolique + [2 × tension artérielle diastolique])3 moins de volume et peuvent permettre une réanimation liquidienne plus rapide. Ils amé Obtenir un débit urinaire d’au moins 0,5 ml/kg/heure liorent aussi le transport de l’oxygène et la contractilité cardiaque20. Tout comme pour un infarctus ou un accident vasculaire cérébral, on estime que la vitesse à laquelle une thérapie appropriée est entreprise est importante pour influer sur le pronostic du choc septique. 20 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 Sepsie et choc septique Les conséquences ultimes de la réaction inflammatoire liée à une infection incluent la coagulation intravasculaire disséminée, le syndrome de détresse respiratoire sévère, de même que l’insuffisance de multiples organes. L’étude SAFE, qui comparait l’utilisation d’albumine 4 % avec une solution de NaCl 0,9 %, n’a trouvé aucune différence pour le taux de mortalité à 28 jours chez les patients en soins critiques21. Même si les cristalloïdes impliquent l’administration de deux à quatre fois plus de volume que les colloïdes, ils sont généralement recommandés pour la ressuscitation liquidienne en raison de leur faible coût. Habituellement, les patients recevront plusieurs bolus de 500 à 1000 mL de lactate ringer ou NaCl 0,9 % pour maintenir la perfusion des organes cibles ou atteindre une pression veineuse centrale (PVC) satisfaisante (tableau IV). Une perfusion continue de cristalloïdes est aussi généralement installée. Lorsque la réanimation liquidienne n’est pas suffisante pour obtenir une tension artérielle moyenne (TAM) supérieure à 65 mmHg ainsi qu’une perfusion des organes adéquate, le patient n’est plus en sepsie grave, mais bien en choc septique; il est alors nécessaire d’introduire des vasopresseurs4,13. Vasopresseurs L’utilisation de vasopresseurs devrait être prise en considération lorsque la TAM est inférieure à 65 mmHg, malgré une réanimation liquidienne adéquate. L’objectif est de maintenir la perfusion des organes. En effet, en deçà d’une certaine pression, les barorécepteurs des vaisseaux sanguins se dérèglent, l’autorégulation ne se fait plus, de sorte que les organes deviennent dépendants de la tension artérielle pour leur perfusion17. Même si l’état hémodynamique s’améliore généralement après l’administration de vasopresseurs, ces derniers peuvent induire des effets délétères chez les patients, comme la tachycardie, l’arythmie, l’ischémie myocardique, l’infarctus et l’ischémie mésentérique. On titre les perfusions de catécholamines assez rapidement pour atteindre la TAM visée7. Parmi les vasopresseurs et les inotropes les plus utilisés dans le choc septique, on retrouve la norépinéphrine, la phényléphrine, l’épinéphrine, la dopamine et la dobutamine. Le premier choix est souvent la norépinéphrine, bien que la dopamine puisse aussi être utilisée. L’action alpha-adrénergique de la norépinéphrine augmente la résistance vasculaire par son effet vasoconstricteur. L’augmenwww.professionsante.ca tation de la pression ralentit le cœur par effet réflexe, limitant ainsi l’effet de stimulation bêta-1 sur la fréquence cardiaque. Elle affecte peu l’inotropie24. Habituellement, des doses de l’ordre de 0,01-3,3 mcg/kg/min permettent d’atteindre les objectifs en matière de tension artérielle25. La dopamine est un précurseur naturel de la norépinéphrine et de l’épinéphrine dont l’efficacité est dose-dépendante. L’activité est alpha et bêta-adrénergique. Des doses supérieures à 5 à10 mcg/kg/min augmentent la TAM et le débit cardiaque principalement, étant donné l’augmentation du rythme cardiaque et de la contractilité du cœur via la stimulation des récepteurs bêta25. Elle est généralement préférée chez les patients chez qui un effet inotrope est recherché. Par ailleurs, elle est plus arythmogénique que la norépinéphrine et devrait être utilisée avec prudence chez les patients souffrants d’une maladie cardiaque sous-jacente13,26. La phényléphine est un alpha-agoniste sélectif. Son début d’action est rapide, elle a une courte durée d’action et peut être utile lorsque la tachycardie limite l’usage des autres vasopresseurs26. Les doses habituellement utilisées sont de 0,2-2,5 mcg/kg/min. Son principal avantage est de diminuer le risque de tachycardie. On dispose de données limitées pour son utilisation en choc septique13,26. L’épinéphrine est un agoniste non spécifique alpha et bêta-adrénergique de deuxième intention chez les non-répondants à la norépiné phrine19. L’augmentation du débit cardiaque se produit à des doses basses (0,06-0,20 mcg/kg/ min), alors que la vasoconstriction s’ajoute à l’effet lorsqu’on utilise des doses plus élevées (0,21-0,42 mcg/kg/min)26. Cette molécule est réservée aux patients qui n’ont pas répondu aux vasoconstricteurs traditionnels. L’épinéphrine réduit la circulation sanguine au système splanchnique et augmente le métabolisme anaérobie, causant des arythmies, plus souvent que d’autres agents13. Elle est également associée à un risque d’acidose lactique25. Les patients en choc septique ont souvent une déficience relative en vasopressine endogène. Cette déficience est causée par un manque dans sa production. Son rôle est normalement d’augmenter et de maintenir la tension artérielle, agissant comme un vasoconstricteur sans effet ino- trope ou chronotrope. Il a été démontré que de faibles doses de vasopressine exogène (0,01 à 0,04 U/min) produisent une augmentation significative de la TAM chez les patients en choc septique et peuvent être bénéfiques chez les patients atteints d’une sepsie grave, réfractaire aux vasopresseurs. L’effet de la vasopressine n’est pas altéré par le pH, contrairement aux autres vasopresseurs. Elle peut donc maintenir son activité même lorsque le patient est en acidose importante. La vasopressine ne devrait pas être utilisée seule dans les cas d’hypotension réfractaire. Elle peut d’ailleurs aider à réduire les besoins en norépinéphrine, mais son utilisation ne diminue pas les taux de mortalité13,26. Il faut surveiller les signes d’ischémie intestinale et myocardique avec la vasopressine. Elle est contre-indiquée en présence de syndrome coronarien aigu. La dopamine est un précurseur naturel de la norépinéphrine et de l’épinéphrine dont l’efficacité est dose-dépendante. Son activité est alpha et bêta-adrénergique. Des doses supérieures à 5 à 10 mcg/kg/min augmentent la TAM et le débit cardiaque principalement, compte tenu de l’augmentation du rythme cardiaque et de la contractilité du cœur par la stimulation des récepteurs bêta25. Elle est généralement préférée chez les patients pour lesquels un effet inotrope est recherché. Par ailleurs, elle est plus arrythmogénique que la norépinéphrine et devrait être utilisée avec prudence chez les patients souffrant d’une maladie cardiaque sous-jacente13,26. Enfin, la dobutamine est un agent bêta-adrénergique inotrope que plusieurs cliniciens considèrent comme le meilleur choix pour améliorer le débit cardiaque et la livraison d’oxygène, particulièrement en début de sepsie, avant que la vasodilatation périphérique ne se produise. Des doses de 2 à 28 mcg/kg/min augmentent l’index cardiaque de l’ordre de 20 % à 61 %25. Le rythme cardiaque augmente souvent significativement. Si les pressions de remplissage du ventricule sont adéquates, il est approprié de l’utiliser chez les patients en choc septique avec faible index cardiaque dont les signes d’hypoperfusion des organes persistent malgré une réplétion liquidienne adéquate et l’utilisation de vasopresseurs. Un vasopresseur comme la norépinéphrine peut être utilisé en concomitance pour maintenir et la TAM et le débit cardiaque13. février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 21 LES pages bleues Le délai d’administration de l’antibiothérapie adéquate est associé à une augmentation de la mortalité de 8 % par heure de retard. Antibiothérapie En concomitance avec la réanimation liquidienne, on procède aussi à différents bilans pour déterminer le pathogène responsable. On recommande de faire au moins deux hémocultures avant l’instauration des antibiotiques. Idéalement, il est important de faire une culture d’urine et de recueillir des sécrétions trachéales ou de plaies, avant l’instauration de l’antibiotique, lorsque cela semble approprié et selon les symptômes. Malgré ces recommandations visant à déterminer le pathogène causal, l’intervention la plus significative dans la prise en charge d’un choc septique est la rapidité avec laquelle un patient pourra obtenir l’antibiotique approprié13. Dans l’étude de Kumar, le risque de décès lié à une sepsie augmentait avec le délai quant à l’instauration d’une thérapie antibiotique adéquate. Dès la deuxième heure après le début de l’hypotension, on peut noter une augmentation de la mortalité si on n’a toujours pas administré l’antibiotique. En fait, le délai pour l’administration de l’antibiothérapie adéquate est associé à une augmentation de la mortalité de 8 % par heure de retard22. On recommande que l’administration d’un antibiotique par voie intraveineuse ait lieu le plus tôt possible au cours de la première heure suivant le diagnostic du choc septique. Le choix de l’antibiothérapie empirique approprié devra être fait en fonction de plusieurs facteurs : les allergies et les intolérances du patient, ses comorbidités, l’aspect clinique, la sensibilité aux antibiotiques des pathogènes dans la communauté ou dans l’hôpital, et la colonisation antérieure du patient à des pathogènes résistants comme Staphyloccus aureus résistant à la méthicilline (SARM). Étant donné le risque de résistance, un antibiotique ayant été utilisé par le patient au cours des trois derniers mois ne devrait pas faire partie de l’antibiothérapie initiale, du moins en monothérapie13. Comme ces données changent selon l’établissement de santé, il est hasardeux d’établir des recommandations de molécules et de dosage. Lorsque le pathogène impliqué dans la cause du choc septique a été déterminé, il devient pertinent de réduire le spectre de la couverture antibiotique pour offrir une thérapie plus ciblée. Par ailleurs, certaines associations d’antibiotiques peuvent persister pour toute la durée du traitement, par exemple dans le cas de Pseudomonas identifié ou chez les patients neutropéniques6. 22 Certains patients, comme les patients neutropéniques, peuvent être à risque d’avoir une infection fongique et la couverture de ce type de pathogènes doit être faite lorsque jugé approprié, aussi selon la symptomatologie. La couverture antibiotique doit être orientée selon les sites potentiels initiaux de l’infection et offrir une couverture suffisamment large. La stratégie de réduire les antibiotiques pour réduire le coût ou le développement de la résistance n’est pas bonne dans le cas de la prise en charge du choc septique23. Élimination et répartition des antibiotiques lors d’un choc septique Comme les endotoxines et exotoxines ont fait des dommages menant à un transfert des fluides dans l’espace interstitiel – on voit apparaître un troisième espace dans lequel les antibiotiques hydrophiles pourront se répandre –, le choc augmente conséquemment le volume de distribution des antibiotiques hydrophiles, tels que les bêta-lactames, les carbapénèmes, les aminoglycosides, les glycopeptides et le linézolide. Ce phénomène réduit la concentration totale de ces antibiotiques dans le compartiment sanguin. Les antibiotiques lipophiles, tels que les fluoroquinolones, les macrolides, la tigécycline et les lincosamides, sont répartis plus au niveau intracellulaire ou dans le tissu adipeux. Ils sont par conséquent moins influencés par les changements volémiques impliqués dans un choc septique23. Tous les patients devraient recevoir une première dose complète de chaque antimicrobien prescrit. Le rein est un organe comme les autres qui, souvent, souffre d’hypoperfusion secondaire au choc septique. Son dysfonctionnement altère aussi l’élimination. Même si les patients ont souvent des fonctions rénales et hépatiques anormales et, conséquemment des clairances diminuées, il semble nécessaire de lutter contre cette tendance à ajuster d’emblée la médication. C’est donc selon l’évaluation de l’état volémique et la phase du choc où se situe le patient qu’un clinicien pourra ensuite diminuer la dose en l’ajustant selon la clairance à la créatinine. Il est à noter que les recommandations d’ajustement dans la littérature médicale sont souvent faites dans un contexte d’insuffisance rénale chronique plutôt que d’insuffisance rénale aiguë. Le dommage secondaire à une hypoperfusion que subit le rein dans un contexte de choc septique peut être récupéré lorsque le choc est rapidement contrôlé23. Il ne faut pas oublier que les Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 patients ainsi traités ont reçu plusieurs litres de colloïdes, cristalloïdes ou produits sanguins. Dans ce contexte, il est moins risqué de donner une pleine dose d’antibiotique pour maximiser l’efficacité puisque l’ajustement pourra se faire subséquemment si la fonction rénale reste perturbée après cette phase aiguë. Dans un autre ordre d’idées, lorsque la fonction rénale est diminuée dans un choc septique et que ce problème se prolonge, il devient difficile de traiter l’hyperkaliémie ou l’hyperuricémie par hémodialyse conventionnelle. C’est une des indications de la thérapie d’épuration extrarénale continue, permettant d’offrir une filtration en continu sans effet délétère sur l’hémodynamie du patient. Il est à noter que cette technologie comporte des filtres assez puissants dont l’effet est majeur sur l’élimination des antibiotiques. Ceux-ci doivent donc être ajustés en conséquence23. La durée recommandée du traitement antibiotique pour un choc septique ou une sepsie est de 7 à 10 jours lorsqu’aucun pathogène n’est identifié. Lorsque la source de l’infection ou le pathogène en cause est connu, on ajuste la durée de traitement en conséquence. Ainsi, une ostéite ou une endocardite causant un choc septique nécessiteront une antibiothérapie prolongée pour éliminer les pathogènes au site primaire d’infection. Corticostéroïdes Le cortisol endogène est une hormone de stress qui agit normalement pour maintenir un tonus vasculaire lors d’un état de choc. Quelques données probantes suggèrent que l’administration d’hydrocortisone exogène peut augmenter la TAM et améliorer la survie des patients en choc septique, ayant une hypotension persistante malgré une réplétion volémique adéquate et l’utilisation de vasopresseurs. L’étude la plus récente indique toutefois une plus grande rapidité dans la résolution du choc sans que cela ne se traduise par une diminution de la mortalité19. Depuis plus de 50 ans, plusieurs études comparent les effets des corticostéroïdes sur le pronostic du choc septique. Malgré tout, le débat continue d’attirer l’attention. Un bref parcours des études sur le sujet laisse entrevoir l’ampleur du défi que soulève cette hypothèse de traitement. En 1970, une étude publiée par Schumer démontra une diminution significative des décès chez les patients septiques traités par des corticostéroïdes. Après cette étude, il fut géné- Sepsie et choc septique ralement entendu de donner une petite dose de corticostéroïdes dans le cadre du traitement du choc septique27. La première partie comprenait 172 patients, le devis était en double aveugle et prospectif. Une seconde partie incluait ces patients en plus d’autres patients intégrés rétrospectivement. Le taux de mortalité des patients sans stéroïdes fut de 42,5 %, alors que celui des patients sous stéroïdes fut de 14 %. Les cliniciens se mirent donc à prescrire de petites doses de corticostéroïdes dans cette population. En 1980, une étude de Sprung publiée dans le New England Journal of Medicine eut des résultats contradictoires. Dans cette étude prospective menée chez 59 patients, les auteurs ne purent démontrer une amélioration de la survie. Cependant, on observa une amélioration dans la réversibilité du choc septique. L’hypothèse était que l’administration de corticostéroïdes devait augmenter la suppression des médiateurs inflammatoires produits en trop grande quantité28. On utilisait alors 30 mg/kg de méthylprednisolone précocement pendant le choc. Ces doses élevées avaient pour effet de supprimer la réaction inflammatoire en cours29. À la fin des années 1980, plusieurs métaanalyses démontrèrent que le sort des patients n’était pas amélioré par cette pratique. Au contraire, il se détériorait. Cela mena à une diminution de l’utilisation des corticostéroïdes dans le choc septique30. Au cours des années 1990, Annane étudia la possibilité d’une insuffisance surrénalienne relative chez les patients en choc septique ayant un prompt besoin de cortisol. Le meilleur pronostic d’un patient ayant une réponse au test à la corticotrophine lors d’un choc septique fut mis en relief 31. Une étude clinique randomisée (ECR) multicentrique, en double aveugle, menée auprès de 300 patients avec de petites doses de corticostéroïdes confirma cette hypothèse avec d’excellents résultats quant à leur survie. En donnant aux patients 50 mg d’hydrocortisone intraveineux toutes les six heures et une dose orale de 50 μg de fludrocortisone chaque jour, pendant sept jours, on remarqua une diminution de la mortalité en comparaison avec le placebo chez les patients dont le test démontrait une insuffisance surrénalienne relative (p = 0,02)32. Par la suite, l’étude CORTICUS, une étude contrôlée, randomisée, de grande envergure, menée avec 400 patients dans chaque groupe, ne démontra aucun bénéfice quant à la survie de ceux qui recevaient 11 jours d’hydrocortisone IV à doses décroissantes. Ce fut même le cas chez les patients ayant une insuffisance surrénalienne relative 33. L’étude incluait par ailleurs plus de patients dont la gravité du choc était moindre. Après plus de 40 ans, il n’y a toujours pas de consensus sur l’utilisation des corticostéroïdes, les méta-analyses, revues de littérature médicale et autres petites études ayant donné des résultats contradictoires, notamment à cause de l’hétérogénéité des études comparées. Cela dit, le guide de pratique actuel de la Surviving Sepsis Campaign recommande de n’utiliser les corticostéroïdes qu’en cas de choc septique grave ne répondant pas aux fluides intraveineux ni aux vasopresseurs. Selon la documentation, on estime qu’une dose d’hydrocortisone inférieure à 300 mg par jour serait suffisante et qu’il n’est pas nécessaire d’ajouter de la fluodrocortisone comme minéralocorticoïde17. Habituellement, la supplémentation sera prescrite ainsi : hydrocortisone 50 mg toutes les six heures. Étant donné que l’étude CORTICUS n’a trouvé aucune différence entre les patients en insuffisance surrénalienne modérée, on ne recommande pas le test à la corticotrophine d’emblée. La durée du traitement par hydrocortisone devrait être de sept jours ou moins et les corticostéroïdes devraient être cessés dès que les vasopresseurs ne sont plus nécessaires19. exogène de cette protéine chez des patients en choc septique a fait l’objet d’études dont PROWESS et ADRESS, mais son efficacité et son innocuité faisaient encore débat tout récemment. La protéine C activée a été associée à des risques plus élevés de saignements majeurs. Tout récemment, ce produit a été retiré du marché mondial35. C’est donc plutôt abruptement que le débat fut clos en octobre 2011. Drotrecogin alpha (protéine C activée) En état de choc, les niveaux de protéine C activée sont bas. Selon certaines hypothèses, cela exacerberait la réponse proinflammatoire et la formation de microthrombus menant à un dysfonctionnement des organes34. L’administration Plusieurs autres controverses animent le débat autour du choc septique et nous n’avons pu ici qu’effleurer le sujet. Une bonne compréhension de la pathologie est essentielle pour le pharmacien qui traite les ordonnances pour cette clientèle. ■ 6. Larkin J, Holubar M. Severe Sepsis and Septic Shock. Bope: Conn’s Current Therapy 2011, 1st ed. [En ligne. Consulté le 26 octobre 2011.] www.mdconsult.com 7.Bloch KC. Sepsis & Septic Shock, chapitre 4 dans : Infectious Diseases. McPhee, SJ, Hammer, GD: Pathophysiology of Disease: An Introduction to Clinical Medicine, 6e. 2010 [En ligne.] www.accesspharmacy. com/content.aspx?aID=5366994 8. Dhilloon A, Bittner E. 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Severe Sepsis and Septic Shock, Dans: DiPiro JT, Talbert RL, Yee GC, et coll. Pharmacotherapy: A Pathophysiologic Approach, 8e. [En ligne.] http://acesspharmacy.com Contrôle glycémique Lors d’une sepsie, on note une activation de la production de médiateurs proinflammatoires, ce qui peut entraîner une hyperglycémie. La maîtrise de la glycémie lors d’une sepsie est donc privilégiée19. Cependant, des études récentes, dont celle de NICE SUGAR, ont démontré qu’un contrôle trop sévère de la glycémie avec l’insulinothérapie intensive n’améliorait pas l’issue clinique. Chez les patients dont le contrôle glycémique était intensif (glycémie visée de 4,5 à 6 mmol/L), on a observé une augmentation de 2,6 % de la mortalité absolue. Les bénéfices potentiels du contrôle intensif de la glycémie seraient possiblement annulés lors d’hypoglycémies, plus fréquentes dans le groupe de traitement intensif. Il s’agissait toutefois d’une population de soins intensifs qui n’était pas nécessairement en choc septique. Cela dit, les guides de pratique actuels recommandent l’utilisation d’insuline IV pour la maîtrise de l’hyperglycémie chez les patients en sepsie grave, après la stabilisation de leur état aux soins intensifs. La cible glycémique favorisant les bénéfices cliniques et évitant les risques et conséquences d’hypoglycémies reste à déterminer, mais il est jugé sécuritaire de viser des glycémies légèrement inférieures à 10 mmol/L36. Conclusion Références 1. Wang HE, Shapiro NI, Angus DC, et coll. National estimates of severe sepsis in United States emergency departments. Crit Care Med 2007; 35:1928-36. 2.Angus DC, Linde-Zwirble WT, Lidicker J, et coll. Epidemiology of severe sepsis in the United States: Analysis of incidence, outcome, and associated costs of care. Crit Care Med 2001; 29:1303-10. 3. Vincent JL, Sakr Y, Sprung CL, et coll. 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Constatant que sa situation ne s’améliore pas, vous dirigez M. Simon vers l’urgence et demandez à ce qu’il ne conduise pas sa voiture, par prudence. Aussitôt arrivé à l’hôpital, la situation se détériore. Il a une SvcO2 de 60 %. L’équipe de l’urgence au choc décide de l’intuber. Il est donc admis aux soins intensifs. Le pharmacien préposé aux soins s’empresse d’obtenir le profil médicamenteux du patient, puis on lui demande quelle devrait être la couverture empirique du traitement compte tenu des antibiotiques pris auparavant par le patient. 4) Quelles caractéristiques ne devraient pas influer sur son choix ? A.Le tabagisme de M. Simon B.Le fait qu’il a reçu de l’Avelox C. Une récente hospitalisation D.Le taux de résistance à la pénicilline dans son milieu 5) Quelle information ne faut-il surtout pas oublier d’inclure dans cette demande de profil médicamenteux ? 1.Les antibiotiques reçus durant les trois derniers mois 2.Le fait que M. Simon faisait 39,5º C de température à la pharmacie 3.La valeur de sa tension artérielle à la pharmacie 4. Ses allergies médicamenteuses A.Toutes ces réponses B. 2 et 3 C. 1 D. 1 et 4 6) A. B. C. D. 24 Lequel des énoncés suivants est vrai ? Le choc septique est un sous-type du choc : cardiogénique obstructif distributif hypovolémique Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 7) Lequel des énoncés suivants est vrai ? A.L’épinéphrine est le premier choix en tant que vasopresseur dans un choc septique. B.On utilise la dobutamine lorsque l’index cardiaque est augmenté. C.La vasopressine peut être utilisée seule dans le choc septique. D.La dopamine est un précurseur de la norépinéphrine et de l’épinéphrine. 8)M. Simon pèse 88 kg. Il fait maintenant 65/38 de pression. Quel énoncé suivant est faux ? A.On visera un débit urinaire minimal de 44 ml/h. B.Sa tension artérielle moyenne est de 47. C.Il sera nécessaire d’obtenir des glycémies inférieures à 10 mmol/L. D.Il pourra recevoir la protéine C activée. Répondez maintenant en ligne. Voir page 78. Pharmacovigilance Migraine, thrombose et contraceptifs oraux Les contraceptifs oraux combinés (COC) sont des stéroïdes synthétiques dérivés des hormones féminines naturelles, soit les œstrogènes et la progestérone1. Sur le marché canadien, le seul composé œstrogénique disponible est l’éthinylœstradiol, tandis que le progestatif peut varier selon le COC1. De nos jours, les COC sont utilisés principalement dans le but d’empêcher une grossesse, mais ils peuvent parfois être utilisés pour certains avantages non contraceptifs, tels que la diminution des symptômes prémenstruels, la réduction des saignements dysfonctionnels, etc.1 Le premier contraceptif oral, l’EnovidMD, apparu sur le marché au début des années 1960, contenait 150 µg de mestranol et 9,85 mg de noréthynodrel2. À la suite de sa mise en marché, les premiers rapports de cas d’événements thrombotiques sont rapidement apparus3. À cette époque, l’effet prothrombotique avait été associé à la composante œstrogénique, entraînant une diminution progressive des doses d’œstrogènes3. Parallèlement à ce changement, une évolution des progestatifs avait aussi été observée, consistant plutôt en un changement dans leur composition chimique3. Texte rédigé par Marie-Élaine Métras, candidate au Pharm. D., 4e année, Ema Ferreira, B. Pharm., M.Sc., F.C.S.H.P., pharmacienne, département de pharmacie CHU Sainte-Justine, professeure agrégée de clinique, Faculté de pharmacie, Université de Montréal, Aurélie Closon, B. Pharm., assistante de recherche, CHU Sainte-Justine, Danielle Taddeo, MD, pédiatre, département de pédiatrie, CHU Sainte-Justine, et Jean-François Bussières, B. Pharm., M.Sc., M.B.A., F.C.S.H.P., chef du département de pharmacie et de l’unité de recherche en pratique pharmaceutique, CHU Sainte-Justine. Texte original soumis le 26 mai 2011. Texte final remis le 12 décembre 2011. Révision : Christine Hamel, B. Pharm., M.Sc., pharmacienne. Avec ces changements apportés dans les années 1990, l’attention quant au risque de thromboembolie veineuse (TEV) s’est plutôt tournée vers les progestatifs3. Aujourd’hui, le risque de TEV est un effet secondaire rare des COC, mais bien réel3. Des études épidémiologiques ont démontré que l’utilisation de COC chez les femmes préménopausées augmente le risque absolu de thrombose veineuse de 0,8 à 3,0 par 10 000 femmes par année3. On définit la TEV comme la formation d’un caillot sanguin dans une veine, les cas de TEV les plus fréquents étant la thrombose veineuse profonde (TVP) et l’embolie pulmonaire (EP)4. Pour ce qui est du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique, il serait aussi augmenté, le risque relatif étant très variable selon les études, par contre, et semblant davantage lié à la dose d’œstrogènes qu’au type de progestatif5. Parmi les autres effets secondaires associés à l’utilisation des COC, notons l’apparition de nouvelles migraines ou encore l’aggravation de migraines déjà existantes1. La migraine elle-même est associée à un risque majoré d’AVC ischémique6. Nous présentons le cas d’une patiente ayant subi une augmentation de ses épisodes de céphalées, accompagnées de symptômes d’engourdissement des mains associés à l’utilisation d’un COC. Tableau I Résultats des tests effectués durant l’hospitalisation de la patiente Test Résultats Temps de thrombine 14,5 secondes Taux de fibrinogène 4,91 g/L Test de résistance à la protéine C activée 0,76 Protéine C 1,41 U/mL Test de dépistage des anticorps antiphospholipidesNégatif Facteur IIAbsent Facteur V LeidenAbsent Homocystéine 2,77 µmol/L 26 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février - mars 2012 Valeurs normales 15,0-20,0 secondes 2,00-4,00 g/L > 0,80 0,70-1,30 U/mL 5,70-10,20 µmol/L Présentation du cas A.B., une jeune fille de 12 ans (environ 70 kg, 1,72 m), se présente à l’hôpital au jour 0 pour une céphalée frontale bilatérale importante. Une paresthésie complète de la main droite ainsi qu’une sensation de picotements douloureux et de la difficulté à écrire accompagnent la céphalée. Lors de cet épisode, elle ne présente pas d’aura ni de photophobie ou sonophobie, mais elle est nauséeuse à son arrivée à l’hôpital. Une dose de métoclopramide administrée à l’admission permet de diminuer ses nausées. Comme autre problème de santé, elle se plaint de douleurs pelviennes depuis environ un an, qu’elle décrit comme des douleurs suspubiennes toujours présentes, qui augmentent de façon importante en période menstruelle. Une tomodensitométrie abdominale est effectuée au J-10 mois et s’avère normale. Afin de soulager ses douleurs, le naproxène sodique (Anaprox MD) est tenté sans succès, puis cessé. Au J-4 mois, de la drospirénone 0,3 mg avec de l’éthinylestradiol 0,020 mg (YazMD), à raison d’un comprimé par jour par voie orale (de manière cyclique, soit 21 jours sur 28), est administrée. La patiente note une amélioration de ses douleurs pelviennes. En ce qui concerne les antécédents familiaux, ses parents rapportent la présence de thrombophlébites multiples au niveau des membres inférieurs chez la grand-mère maternelle avec identification d’une mutation prothrombotique de nature inconnue. Un bilan thrombotique n’est pas effectué chez la mère de la patiente, mais elle n’a aucun antécédent de TEV. Aucun antécédent de TEV n’est rapporté non plus du côté paternel. La jeune patiente présente un historique de céphalées environ une fois par mois, avec présence occasionnelle d’aura et d’épisodes de photophobie et de sonophobie. L’histoire reconstituée auprès d’elle révèle une augmentation du nombre d’épisodes depuis le début de l’utilisation du Yaz, mais le nombre précis d’épisodes ainsi que le moment du cycle menstruel où ils sont apparus ces quatre derniers mois sont indéterminés. Migraine, thrombose et contraceptifs oraux Compte tenu de la prise d’un COC et des symptômes présentés par la patiente, un accident vasculaire cérébral (AVC) thrombotique (J0) est suspecté. L’acide acétylsalicylique 80 mg par jour est débuté par voie orale à titre prophylactique au J+1 et le Yaz est cessé. Une tomodensitométrie cérébrale avec et sans contraste est réalisée. L’examen sans contraste ne révèle aucun signe d’hémorragie intracrânienne ou effet de masse. L’examen s’avère donc dans les limites de la normale, éliminant la possibilité d’une tumeur cérébrale. Une imagerie par résonance magnétique cérébrale ne révèle aucun signe d’AVC ni de lésions parenchymateuses. Quant aux autres valeurs de laboratoire, la formule sanguine complète est normale, à l’exception d’une valeur absolue des neutrophiles légèrement élevée à 7,8 x 109/L (N = 1,8-7,0 x 109/L). Cette valeur peut s’expliquer par une infection des voies respiratoires supérieures documentée durant la semaine précédente. Le test pour détecter la mutation C677T de la 5-10-méthyltétrahydrofolate réductase (MTHFR) révèle une mutation hétérozygote de cette enzyme. Habituellement, une seule mutation de la MTHFR n’entraîne aucune augmentation des niveaux d’homocystéine et le risque de TEV reste équivalent à celui de la population générale. Les résultats des autres tests effectués durant l’hospitalisation sont présentés au tableau I. Discussion Effets des COC sur l’hémostase Les effets des COC sur l’hémostase surviennent à plusieurs niveaux3. On observe une augmentation de l’effet procoagulant par augmentation des niveaux de prothrombine, de facteur VII, de facteur VIII, de facteur X, de fibrinogène et de prothrombine, ainsi qu’une diminution modérée des taux de facteur V3. Une diminution de l’effet anticoagulant est également décrite comme le développement d’une résistance acquise à la protéine C activée et une diminution des taux plasmatiques de protéine S3. On observe ensuite une activité antifibrinolytique par augmentation des taux d’inhibiteur de la fibrinolyse activable par la thrombine (thrombin-activatable fibrinolysis inhibitor, ou TAFI)3,7. Ces effets sont attribués à la composante œstrogénique. Toutefois, le rôle du progestatif contenu dans les COC n’est pas encore bien établi 3. Cependant, il a été démontré que l’augmentation de la prothrombine et du facteur VII, la diminution du facteur V et l’augmentation des taux de TAFI seraient plus importantes avec les COC contenant du désogestrel qu’avec ceux contenant du lévonorgestrel8. Facteurs de risque de thrombose veineuse La présence de certains facteurs peut augmenter le risque de développer une TEV, soit une histoire antérieure de TEV, l’âge, l’obésité, le tabawww.professionsante.ca gisme, la grossesse, une chirurgie récente, un voyage aérien de longue durée, une immobilisation prolongée, un trauma, une infection, un trouble de la coagulation, ainsi que certaines maladies chroniques, telles que l’insuffisance cardiaque et le cancer4. Type de progestatif et augmentation du risque de TEV Il existe de nombreuses publications relatives à l’augmentation du risque de TEV chez les utilisateurs de COC 9. Quelques études ont été publiées dans les années 1990 afin d’évaluer la présence d’une augmentation du risque de TEV avec les progestatifs de troisième génération, comparativement à ceux de deuxième génération10. Dernièrement, la littérature médicale a soulevé une controverse en ce qui concerne les COC contenant la nouvelle génération de progestatifs, soit la drospirénone et l’acétate de cyprotérone. Le tableau I présente les résultats des principales études évaluant le risque de TEV lié à la drospirénone. Tel que présenté dans le tableau II en ce qui concerne le risque de TEV associé à l’utilisation de progestatifs, les deux études parues en 2007 n’ont pas démontré de différence quant au risque de TEV entre les différents progestatifs étudiés11,12. L’étude de Van Hycklama et coll. ne pouvait, quant à elle, que conclure que les COC, en général, augmentent le risque de TEV en raison de sa méthodologie13. Toutefois, trois études plus récentes ont mis en évidence un risque accru de TEV statistiquement significatif de 1,6 à 3 fois lors de l’utilisation de drospirénone, comparativement au lévonorgestrel14,15,16. En se basant uniquement sur les cas de TEV idiopathiques, les études de Jick et coll. et de Parkin et coll. semblent avoir tenu compte de certains facteurs de risque, non inclus dans les études précédentes15,16. En fin de compte, toutes ces études semblent démontrer que le risque de TEV est plus important lors de la première année d’utilisation des COC et qu’il tend à diminuer par la suite11-16. La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) s’est prononcée sur cette controverse en décembre 20109. Elle considère que la drospirénone est une méthode contraceptive efficace9. Compte tenu de sa structure chimique similaire à celle de la spironolactone, elle possède aussi des propriétés non contraceptives dont il faut tenir compte lors de sa prescription (p. ex., ses propriétés antiminéralocorticoïdes peuvent augmenter le risque d’hyperkaliémie)9. Par ailleurs, il ne semble pas y avoir de données convaincantes démontrant une supériorité de la drospirénone par rapport au lévonorgestrel quant à son effet favorable sur le traitement de l’acné ou sur la prise de poids17,18. Les données publiées suggèrent qu’il y a supériorité de la drospirénone en ce qui concerne le syndrome prémenstruel dysphorique, mais l’étude effectuée comparait la drospirénone au placebo et non à d’autres COC19. Aussi, la SOGC rappelle que le risque de TEV s’accroît également en présence d’une grossesse ou en période de post-partum. Un arrêt brusque et non planifié des COC peut entraîner une grossesse susceptible d’augmenter ce risque de TEV9. Dans le cas de notre patiente, ses antécédents de migraines ainsi que les symptômes présentés ont contribué à la suspicion d’un AVC thrombotique. En effet, la présence de migraines est un facteur de risque indépendant qui doublerait le risque d’AVC ischémique5. De plus, ce risque serait plus important pour les migraines avec aura 5. Il faut préciser que les AVC sont généralement causés par une thrombose artérielle et que les études présentées précédemment ont évalué uniquement le risque de TVP et d’embolie pulmonaire. D’autres études se sont cependant penchées sur ce sujet précis. La méta-analyse publiée par Etminan et coll. a démontré un risque relatif d’AVC ischémique de 8,72 (5,05-15,05) chez les femmes ayant des antécédents de migraines et utilisant des COC20. À la suite de ces données, l’OMS a révisé ses recommandations en 2004 et émis une contre-indication de niveau 4 quant à l’utilisation de COC chez des patientes de tout âge présentant des migraines avec aura, indiquant que cette méthode ne devrait pas être utilisée, car elle présente un risque inacceptable pour la santé21. En outre, la FDA aux États-Unis a publié un avis de mise en garde relatif à la drospirénone en mai 201122. L’avis précise un risque accru de TEV en présence de drospirénone22. Compte tenu de données conflictuelles publiées jusqu’à présent en ce qui concerne le risque de TEV avec cette molécule, la FDA indique qu’elle procède actuellement à l’analyse des données d’une étude sous sa gouverne incluant plus de 800 000 femmes22. La publication de ces résultats risque d’orienter davantage les cliniciens sur la place à donner à la drospirénone en clinique22. De plus, Santé Canada a publié une mise en garde en décembre 2011 à la suite de son examen quant à l’innocuité des COC contenant de la drospirénone. Selon cette mise en garde, le risque de formation de caillots sanguins est de 1,5 à 3 fois plus élevé pour les COC contenant de la drospirénone que pour ceux contenant du lévonorgestrel. Elle précise toutefois que le risque de base reste malgré tout très faible chez les femmes utilisant les COC. Santé Canada conclut donc, à la lumière des résultats présentés, que pour les patientes qui seraient plus vulnérables à la formation de caillots sanguins, il y aurait lieu de se demander si la prescription d’un COC autre que celui contenant de la drospirénone serait plus adéquate23. février - mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 27 Pharmacovigilance Imputabilité En utilisant l’échelle de Naranjo pour évaluer le degré d’imputabilité, on obtient un score de quatre, soit une association possible entre les symptômes présentés par la patiente et l’utilisation du Yaz24. Cependant, les examens effectués infirment l’hypothèse d’AVC et suggèrent plutôt la présence d’épisodes de migraines avec aura. En effet, la présence de céphalées ou de migrai- nes est un effet indésirable reconnu des COC et il est donc possible que l’utilisation de drospirénone ait pu aggraver les migraines que la patiente présentait par le passé. En pharmacovigilance, le pharmacien ou le professionnel de la santé n’est pas toujours confronté à des événements indésirables pour lesquels la relation causale peut être établie. Ce cas illustre une situation clinique où la collaboration médecin-pharmacien s’impose pour orienter adéquatement la patiente vers un choix thérapeutique plus approprié. Retour sur le cas Compte tenu du diagnostic de migraine accompagnée de symptômes neurologiques, la jeune patiente présente une contre-indication à l’utilisation d’un COC et une ordonnance pour une méthode contraceptive à base de progestatif Tableau II Résumé des principales études Étude Type et durée de l’étude Population Résultats pour TEV DrospirénoneL Étude EURASÉtude de cohorte prospective n 58 674 femmes, âge inconnu nIncidence = 9,1 pour Dinger et coll.11 2000-2005 (142 475 femmes-année) 10 000 femmes-année Europe (2007) n 118 cas de TEV (5,9-13,3) Étude IngenixÉtude de cohorte prospective n 67 287 femmes de 10-59 ans nIncidence = 13 pour 10 000 femmes-année Seeger et coll.12 Juin 2001 - juin 2004 n 57 cas de TEV, 37 TVP, 17 EP, 3 TVP + EP (0,8-2,0) États-Unis (2007) nRR = 0,9 (0,5-1,6) en comparaison avec les autres contraceptifs Étude MEGA Étude cas-témoins n 3284 femmes de 18-70 ans nRC = 6,3 Van Hylckama Vlieg Mars 1999 - sept. 2004 n 1524 cas (2,9-13,7) et coll.13 (859 TVP jambe; 495 EP; 111 TVP jambe Pays-Bas (2009) + EP; 59 TVP bras)R n 1760 témoins R Lidegaard et coll.14Étude de cohorte prospective n 3,3 millions de femmes de 15-49 ans nIncidence = 7,83 pour 10 000 femmes-année Danemark (2009) Jan. 1995 - déc. 2005 (3 253 131 femmes-année) (inconnu) n 2045 cas nRR = 1,64 61,8 % TVP jambe (1,27-2,10) en comparaison 26,2 % EP avec lévonorgestrelRR 4,7 % thromboses veine fémorale 1,2 % thromboses portalesRR 0,8 % thromboses rénales ou veine cave 5,4 % TVP origine non spécifiéeRR RR Jick et coll.15Étude cas-témoins dans cohorte n 867 femmes de 15-44 ans nIncidence = 3,08 pour 10 000 femmes-année États-Unis (2011) Jan. 2002 - déc. 2008 n 186 cas de TEV idiopathiques (2,56-3,68) n 681 témoins nRC = 2,3 (1,6-3,2) en comparaison avec lévonorgestrel Parkin et coll.16Étude cas-témoins dans cohorte n 276 femmes de 15-44 ans nIncidence = 2,3 pour 10 000 femmes-année Royaume-Uni (2011)Mai 2002 - sept. 2009 n 61 cas (1,34-3,69) n 27 TVP et 34 EP nRC = 3,2 n 215 témoins (1,5-7,0) en comparaison avec lévonorgestrel nRC ajusté selon IMC = 3,3 (1,4-7,6) Abréviations : COC : contraceptifs oraux combinés, EP : embolie pulmonaire, IMC : indice de masse corporelle, N/A : non applicable, NSS : non statistiquement significatif, RC : rapport de côte, RR : risque relatif, SS : statistiquement significatif, 28 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février - mars 2012 Migraine, thrombose et contraceptifs oraux uniquement lui a été remise18. Au départ, ses antécédents familiaux n’étaient pas une contreindication absolue en soi, puisqu’il s’agissait d’antécédents de second degré, à savoir par sa grand-mère maternelle. récentes suggèrent un risque accru de TEV chez les utilisatrices de COC contenant de la drospirénone plutôt que du lévonorgestrel. Cependant, une revue systématique des études publiées à ce sujet serait un apport important à la littérature médicale présentement disponible. Si la pruConclusion dence est de mise concernant les nouvelles généL’utilisation de COC augmente le risque de rations de progestatifs, il incombe de rappeler thrombose veineuse et artérielle, et des données que le risque de TEV est plus important durant la première année d’utilisation des COC et que le risque absolu de TEV reste faible malgré une augmentation statistiquement significative. Toutefois, pour les femmes qui prennent un COC depuis plus d’un an et qui le tolèrent bien, il n’est pas justifié de modifier le contraceptif pour le moment. ■ (intervalle de confiance à 95%)Commentaires LévonorgestrelAutres contraceptifs nIncidence = 8,0 pour nIncidence = 9,9 pour nRésultats NSS 10 000 femmes-année 10 000 femmes-année nFinancée par Schering (5,2-11,7) (7,4-13,0) n Chaque cas déclaré de TEV validé par un investigateur par nRR = 1,0 nRR = 0,8 des mesures diagnostiques (p. ex., test D-dimère, phlébographie) (0,6-1,8) en comparaison (0,5-1,3) en comparaison nFacteurs de risque considérés : âge, IMC, durée d’utilisation, avec dropirénone avec drospirénone histoire antérieure de TV nFaible taux de pertes au suivi (2,4 %) n/a nIncidence = 14 pour nRésultats NSS 10 000 femmes-année nFinancée par Bayer (1,0-1,9) n Cas provenant d’une base de données et diagnostics de TV pas validés nFacteurs de risque non considérés : présence de cancer et plus de 30 % des données sont manquantes concernant l’IMC et le statut tabagique nÉtude de validation pour ajuster les résultats selon le statut tabagique nRC = 3,6 n Gestodène : nFinancée par la Netherlands Heart Foundation, la Dutch Cancer (2,9-4,6)RC = 5,6 (3,7-8,4)Foundation et la Netherlands Organisation for Scientific Research n Désogestrel : n Cas provenant d’une base de données; diagnostics de TV n’ont pas été validés RC = 7,3 (5,3-10,0) nFacteurs de risque considérés : âge et durée d’utilisation, tabagisme, nAcétate de cyprotérone : IMC, histoire familiale de thrombose RC = 6,8 (4,7-10.0) n Comparateur : population n’utilisant pas de contraceptif oral n Permet uniquement de conclure que les COC augmentent le risque de TV nIncidence = 5,47 pourEn comparaison avec lévonorgestrel : nRésultat SS pour la comparaison drospirénone vs lévonorgestrel; 10 000 femmes-année nNoréthistérone : risque de TV 1,6 fois plus élevé avec drospirénone (inconnu)RR = 0,98 (0,71-1,37) nRésultats SS pour désogestrel, gestodène et acétate de cyprotérone nNorgestimate : comparés à ceux pour le lévonorgestrel RR = 1,19 (0,96-1,47) nFinancée par la Gynaecological Clinic, Rigshospitalet n Désogestrel : nFacteurs de risques considérés : âge, présence de cancer ou de maladies RR = 1,82 (1,49-2,22) cardiovasculaires, grossesse, prise de certains médicaments n Gestodène : n Durée d’utilisation aussi évaluée; l’étude conclut que le risque RR = 1,86 (1,59-2,18) de TV est plus élevé durant la première année d’utilisation (RR = 4,17) nAcétate de cyptrotérone : comparativement à entre 1 et 4 ans (RR = 2,98) ou après plus de 4 ans RR = 1,88 (1,47-2,42) (RR = 2,76) nIncidence = 1,2 pour n/a nRésultats SS; risque de TEV deux fois plus élevé avec drospirénone 10 000 femmes-année comparativement au lévonorgestrel (0,96-1,59) nAucune source de financement n Cas provenant d’une base de données; diagnostics de TEV pas validés n Cas de TEV idiopathiques uniquement dans le but d’éliminer les facteurs de risque nFacteurs de risques pas considérés : statut tabagique, IMC, début d’utilisation et prédispositions familiales nIncidence = 0,91 pour n/a nRésultats SS; risque de TEV trois fois plus élevé avec drospirénone 10 000 femmes-année comparativement au lévonorgestrel (0,66-1,22) nAucune source de financement n Cas provenant d’une base de données; diagnostics de TEV pas validés nFacteurs de risque considérés : chirurgie, blessure, immobilité, statut tabagique, IMC TEV : thromboembolie veineuse, TVP : thrombose veineuse profonde, TV: thrombose veineuse. www.professionsante.ca février - mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 29 Pharmacovigilance Références 1. 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On a démontré que l’augmentation de la prothrombine et du facteur VII, la diminution du facteur V et l’augmentation du niveau de TAFI seraient plus importantes avec les contraceptifs oraux combinés (COC) contenant du lévonorgestrel qu’avec ceux contenant du désogestrel. B. La présence de certains facteurs peut augmenter le risque de développer une thrombose veineuse (TV) : une histoire antérieure de thrombose veineuse, l’âge, l’obésité, le tabagisme, la grossesse, une chirurgie récente, un voyage aérien, une immobilisation prolongée, un trauma, une infection, un trouble de la coagulation ainsi que certaines maladies chroniques, telles que l’insuffisance cardiaque et les cancers. C. Les COC sont des stéroïdes synthétiques dérivés des hormones féminines naturelles, soit les œstrogènes et la progestérone. D. Des études épidémiologiques ont démontré que l’utilisation de COC chez les femmes préménopausées augmente le risque absolu de thrombose veineuse de 0,8 à 3,0 par 10 000 femmes, par année. E. Le risque d’AVC ischémique serait augmenté avec l’utilisation de COC, le risque relatif étant très variable selon les études, par contre, et semblant davantage lié à la dose d’œstrogènes qu’au type de progestatif. 10) Laquelle de ces recommandations ou précautions concernant l’utilisation des COC n’est pas exacte ? A. L’utilisation de COC chez des patientes de tout âge présentant des migraines avec aura est contre-indiquée. B. Chez les patientes atteintes de migraines accompagnées de symptômes neurologiques, une contraception à base de COC est recommandée. C. Un arrêt brusque et non planifié de COC peut entraîner une grossesse susceptible d’augmenter le risque de TV. D. Lors de la prescription de COC à base de drospirénone, il faut tenir compte des propriétés non contraceptives de la drospirénone dont la structure chimique est similaire à celle de la spironolactone. E. Pour les femmes qui prennent un contraceptif depuis plus d’un an et le tolèrent bien, il n’est pas justifié de le modifier au regard des résultats publiés par les récentes études sur le risque de TV avec utilisation de COC à base de drospirénone. Répondez maintenant en ligne. Voir page 78. 30 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février - mars 2012 InfoROUTE Êtes-vous accro aux applis ? Une « appli » (en anglais App, ou application software) est la contraction des termes « application mobile » utilisés pour décrire des logiciels capables de fonctionner sur Internet, un ordinateur, un téléphone ou tout autre équipement, afin d’accomplir une tâche donnée. L’abréviation « App » peut être précédée de l’environnement ou de l’équipement pour lequel elle a été mise au point (p. ex., Google Apps, iPhone Apps, Blackberry Apps). Comme tout autre logiciel, une appli comporte généralement un numéro de version, une date de lancement, un nom de fabricant, un lieu de vente et un prix. L’objectif de cet article est de présenter un éventail d’applications utiles à la pratique pharmaceutique. Un peu d’histoire Bien que des applications mobiles aient été mises au point au cours des années 2000, le App Store de Apple (www.apple.com/ca/fr/ mac/app-store/) a été le premier à ouvrir ses portes en ligne le 10 juillet 2008, avec plus de 500 applications disponibles. Dans l’univers Apple, le site 148Apps.biz (http://148apps.biz/ app-store-metrics/) recensait en décembre 2011 plus de 510 000 applis actives de l’univers Apple , c omp a r at i vement à plu s de 141 000 applis inactives sur le marché, grâce à la contribution d’au moins 118 000 développeurs. On y précise que le prix moyen de ces applis est de 2,20 $ US. Les principales catégories d’applis disponibles sont en ordre décroissant : jeux (plus de 85700), livres (plus de 58 900), loisirs et divertissements (plus de 53 000), éducation et formation (plus de 48 250) et style de vie (plus de 40 000). En complément au iPhone, l’iPad a été lancé en avril 2010, pouvant compter sur plus de 3000 applis. Une recherche avec les termes « santé » et « healthc are » génère une suggestion d’au moins 450 et 500 applications pour l’iPhone et de 150 à 200 applications pour l’iPad. Dans l’univers Android (https://market.android. com/apps), le site Androlib (www.androlib.com/ appstats.aspx) recensait en décembre 2011 plus de 363 000 applis téléchargées plus de 6,8 milliards de fois. Plus des deux tiers des applis Android sont réputées gratuites. Rappelons qu’Android est un système d’exploitation de type « code source libre » fondé sur un noyau Linux. Une recherche avec les termes « santé » et « healthcare » génère une suggestion de 250 applications par recherche respective. Toutefois, il existe davantage d’applications disponibles. Dans l’univers Blackberry (http://ca.blackberry.com/apps-software/), le site ne précise pas le nombre d’applis ou de téléchargements. Une www.professionsante.ca recherche avec les termes « santé » et « healthcare » génère une suggestion d’une à 73 applications. Les nouveaux appareils Windows Phone bénéficient d’une collection grandissante d’applis. Il est probable que les principales applications soient disponibles sur cette plateforme d’ici quelques mois. Bien qu’il n’y ait pas encore de termes de vocabulaire contrôlé, les termes « mobile Apps », « iPhone », « iPad » et « Android », par exemple, pointent vers des publications dans PubMed1-3. Profil des applications mobiles Le tableau I ( page 34) présente une sélection de 15 applications mobiles en santé. Pour chacune d’entre elles, nous précisons son nom, le nom du fabricant, la date de la dernière mise à jour, le coût, le type de contenu, des commentaires et les disponibilités avec les plateformes Apple, Android et Blackberry. Une seule des 15 applications est disponible chez Blackberry, contre 8 chez Android et 12 chez Apple. Certaines applications parmi les plus utiles existaient déjà à l’époque des Palm et des Pocket PC. Par exemple, il est possible de transférer une licence payée pour l’usage de la série Lexi-Comp d’un appareil mobile à un autre en envoyant un courriel au service à la clientèle. Conclusion La mise au point de logiciels pour appareils mobiles est incontournable dans le domaine de la santé. Les pharmaciens doivent s’intéresser à leur élaboration, tant pour leur pratique que pour leur clientèle. Il existe une foule d’autres applications mobiles utiles. Nous y reviendrons dans une chronique ultérieure. Et si l’application dont vous avez besoin n’existe pas encore, pourquoi ne pas être le premier à la programmer (www.appinventorbeta.com/ about/) ? ■ Texte rédigé par Marie-Élaine Métras, Pharm. D., candidate au M.Sc. et résidente en pharmacie au CHU Sainte-Justine, Denis Lebel, B. Pharm., M.Sc., FCSHP, adjoint aux soins pharmaceutiques, à l’enseignement et à la recherche au département de pharmacie du CHU Sainte-Justine et à l’unité de recherche en pratique pharmaceutique, et Jean-François Bussières, B. Pharm., M.Sc., MBA, FCSHP, chef du département de pharmacie et de l’unité de recherche en pratique pharmaceutique au CHU Sainte-Justine, et professeur titulaire de clinique à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. Texte original soumis le 1er décembre 2011. Texte final remis le 5 décembre 2011. Révision : Jean-François Bussières. Références 1. Peck AD. One-touch access to a world of resources: Mobile health apps streamline workflows. Med Econ 2011; 88(17): S7-8, S10-1. 2. 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Questions de formation continue en page 36 février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 33 InfoROUTE Tableau 1 Applications mobiles en santé Nom de l’application Nom du fabricant Dernière mise à jour Coût Rx VigilanceTactio Software International Inc. 14 novembre 2011 199,99 $S Inclut mises à jour mensuelles durant un anM A Canadian Pharmacist’s Therapeutic Research 17 août 2010Application gratuiteS LetterNécessite un abonnement à la revue pour avoir accès R au contenu en totalité Sans abonnement, certains articles du numéro courant sont disponibles The Sanford Guide Antimicrobial Therapy Inc. 26 octobre 2011 29,99 $S to Antimicrobial A Therapy 2011O T Lexi-CompLexi-Comp Inc. 16 février 2011 30 jours d’essai gratuit Par la suite, nécessite un abonnement annuelL L L Micromedex Drug Thomson Reuters 26 octobre 2011Application gratuiteM Information (Healthcare) Inc.Nécessite un abonnement à Micromedex A Micromedex Drug Thomson Reuters 15 novembre 2011Application gratuite Interactions (Healthcare) Inc.L’accès au logiciel est gratuit si abonnement à MicromedexE Sinon 9,99 $ par anM UpToDate UpToDate Inc. 2 septembre 2011Application gratuiteM Nécessite un abonnement à UpToDate CPS essentials by PDA Verticals Corporation 31 août 2011Essai gratuit de 30 jours Canadian Pharmacist’s Par la suite, nécessite un abonnement annuelA Association 31,99 $ pour les membres de l’APhC M et 39,99 $ pour les non-membres R iPHARMACIST Handheld PDA Verticals Corporation 22 juillet 2011Version gratuite inclut l’accès à différents calculateurs ainsi qu’àL Software des nouvelles de l’industrie pharmaceutique (iNews et Calc+) 385 $ pour un abonnement annuelL CDC Vaccine ScheduleAustin Physician Productivity, LCC 6 août 2011 Gratuit pour la vaccination adulteC 6,99 $ pour la version à jour du calendrier de vaccination 0-18 ansC I HIV iChart eMedFusion 4 novembre 2010 GratuitL A iCockcroftAdrien Gabriel 6 juillet 2010 0,99 $C C Antibiotic kinetics liteRxKinetics 18 novembre 2010 GratuitP Medicalc (Medical calculator)CityJams 15 décembre 2010 1 $T IV Drips Jonsap 19 octobre 2011 2 $C L 34 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 Êtes-vous accro aux applis ? Type de contenu Commentaires Disponibilités Sections :En français ou en anglais iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 3.1.2 Monographie, Voyage, Produits naturels,Ne nécessite pas de connexion Internet ou une version ultérieure Analyse de profil, Bulletins, Annuaires téléphoniquesPeut être utilisée sur un seul appareil Sections :Ne nécessite pas de connexion Internet iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 3.1.2 Recommandations, Numéro courant et accès à tous pour consulter l’édition du mois, mais une ou une version ultérieure les numéros précédents, Outil de recherche connexion Internet peut être nécessaire Android 1.5 et plus pour avoir accès à du contenu archivé Sections :En anglais iPhone, iPod Touch, iPad ; nécessite iOS 4.0 Affections, Informations sur les médicaments,Ne nécessite pas de connexion Internet ou une version ultérieure Organisme bactérien, Adjuvants thérapeutiques,Contenu plus détaillé que la version papierAndroid 1.6 et plus Tables de comparaison Différents forfaits :En anglais iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 3.1.2 Lexi-Complete : 285 $Peut être utilisée sur un seul appareil ou une version ultérieure Lexi-Pediatric : 175 $Android 1.6 et plus Lexi-Drugs et Lexi-Interact : 11 $ à 5 $ Blackberry 5.0 et plus etc. Même contenu que celui figurant En anglais iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 3.0 sur sa page InternetNe nécessite pas de connexion Internet ou une version ultérieure Android 2.2 ou plus Détail de l’interactionEn anglais iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 3.0 Effets de l’interactionNe nécessite pas de connexion Internet ou une version ultérieure Monitorage et suivi Même contenu que celui figurantEn anglais iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 4.0 sur sa page InternetNécessite une connexion Internet ou une version ultérieure (version sans connexion Internet présentement en cours d’élaboration) Différents calculateurs (IMC, ClCr, poids idéal)En anglais iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 3.0 Avertissements de Santé Canada ou une version ultérieure Médicaments et affections, contient de l’information sur plus de 2200 médicaments (doses, effets indésirables, etc.) Recherche de maladies contenues dans le Therapeutics Choice L’abonnement inclut : Lexi-Drugs, Lexi-Interact,En anglais iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 3.0 Drug ID, 5MCC, Merck Manual, Patient Education,Peut être utilisée sur un seul appareil ou une version ultérieure Lab+ Diagnosis Doit être commandée auprès d’un représentant d’Apotex Calendrier de vaccination divisé en catégories d’âgeEn anglais iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 4.0 Calendrier de rattrapage de la vaccination ou une version ultérieure Indication de la vaccination chez certaines populations à risque Liste des antirétroviraux avec classe de médicamentsEn anglais iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 4.0 Analyse des interactions ou une version ultérieure Détails des interactions avec niveau de données probantesAndroid 1.6 et plus Calcule la clairance à la créatinine selon les formules Les unités de créatinine peuvent être iPhone, iPod Touch, iPad; nécessite iOS 3.1.3 Cockcrolf –Gault et MDRD exprimées en µmol/L, mg/dL ou mg/L ou une version ultérieure Le poids peut être exprimé en livres ou en kilos Pharmacocinétique d’antibiotiques avec graphiquesEn anglaisAndroid 1.5 et plus Toutes les équations et les scores les plus fréquentsEn anglaisAndroid 1.5 et plus Calcul de perfusions continues en débit et en débit-doseEn anglaisAndroid 1.5 et plus Les concentrations de médicaments peuvent être adaptées à celles offertes dans le milieu www.professionsante.ca février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 35 InfoROUTE Questions de formation continue 11) Parmi les énoncés suivants entourant l’utilisation d’applications mobiles, lequel est faux ? A. Une appli (App, en anglais) est une contraction des termes « application mobile » utilisés pour décrire des logiciels capables de fonctionner sur Internet, un ordinateur, un téléphone ou tout autre équipement, afin d’accomplir une tâche donnée. B. L’abréviation « App » peut être précédée de l’environnement ou de l’équipement pour lequel elle a été mise au point (p.ex., Google Apps, iPhone Apps, Blackberry Apps). C. Bien que des applications mobiles aient été mises au point au cours des années 2000, le App Store de Apple a été le premier à ouvrir ses portes en ligne le 10 juillet 2008. D. À partir des statistiques disponibles sur les applis Android, on note que le coût moyen par application est d’environ 22 $. E. Dans l’univers Android, on recensait, en décembre 2011, plus de 363 000 applis téléchargées plus de 6,8 milliards de fois. 12) Parmi les énoncés suivants entourant l’utilisation d’applications mobiles en santé, lequel est vrai ? A. Notre revue documentaire a permis de recenser les applications suivantes : IVDrips, iCockcroft, Pharmacotherapy Dipiro, CPS essentials, Canadian Pharmacists’ Letter. B. L’application Antibiotic Kinetic lite est payante. C. L’application CPS essentials fonctionne autant sur iPhone que sur Android. D. La plus récente mise à jour de l’application UpToDate date de janvier 2011. E. L’application Rx Vigilance est un produit québécois permettant de soutenir les pharmaciens dans leur pratique. Répondez maintenant en ligne. Voir page 78. ce numéro de Gratuit! Dans Québec Pharmacie Répondez en ligne à www.Professionsante.ca L E Ç O N Approuvé pour D E En exclusivité sur votre portail 1,5 Formation continue UFC Février 2012 No de dossier CCEPP : 1065-2011-347-I-P • Valide jusqu’au 8 novembre 2014. Maximiser les avantages du traitement de l’hypertension : accent sur le traitement d’association Blogues Dre Marlene F. Shehata, R. Ph., B. Sc. Pharm, M. Sc. Med, PC, Ph. D. Après avoir réussi cette leçon, le pharmacien sera en mesure de : 1. Parler de la prévalence de l’hypertension au Canada. 2. Réfléchir aux lignes directrices de 2011 du PECH pour la prévention et la prise en charge de l’hypertension. 3. Comprendre les avantages d’un traitement d’association dans la prise en charge de l’hypertension. 4. Discuter des options de médicaments d’association à doses fixes dans le traitement de l’hypertension. 5. Utiliser des stratégies pour maximiser l’adhésion à un traitement antihypertenseur. Leçon offerte grâce à une subvention à visée éducative de Boehringer Ingelheim (Canada) Ltée 36 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 Hélène Blanchette Marc Parent Georges-Étienne Gagnon Lisez les blogues de vos collègues pharmaciens qui n’hésitent pas à prendre position sur des sujets qui vous tiennent à cœur. Nicolas Dugré Christian Leduc Supplément cessation tabagique Quel est le rôle du pharmacien ? Dommages pulmonaires et cardiaques 17 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus sont des fumeurs actifs (environ 4,7 millions de fumeurs). 57 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus n’ont jamais touché à la cigarette. Supplément cessation tabagique Pharmacothérapie de la cessation tabagique Quel est le rôle du pharmacien ? Par Lara Kassem, étudiante de 4e année du Pharm.D., Université de Montréal, et Simon Lessard, B.Pharm., MBA, Clinicien associé, Université de Montréal Membre expert, RQAM/ Comité aviseur, Association Pulmonaire Perçu comme une mauvaise habitude de vie et portant un stimate social sévère, le tabagisme est en réalité une dépendance physique et psychologique à la nicotine et doit être traité comme une maladie addictive. Malgré les nombreux traitements pharmacologiques disponibles et leur efficacité clinique démontrée, moins de 10 % des patients désireux de cesser leur consommation de tabac réussiront1. Le pharmacien, par de simples interventions et grâce à sa disponibilité et à sa formation, est un acteur important pouvant grandement contribuer au succès d’une tentative de cessation tabagique2. 44 Épidémiologie D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le tabagisme tue près de six millions de personnes annuellement et représente la principale cause de décès évitables dans le monde3. De même, l’OMS rapporte qu’un fumeur sur deux meurt de sa consommation de tabac3. Au Canada, en 2010, on comptait 17 % de la population fumeuse, soit plus de 4 millions d’habitants4. Bien que le nombre de fumeurs adultes ait considérablement diminué, passant de 35 % en 1985 à 17 % en 2010, la prévalence a atteint un plateau et stagne depuis aux alentours de 17-18 %4,5. Au Québec, c’est 18,3 % de la population qui fume actuellement et, chez cette population, le nombre moyen de cigarettes consommées est de plus de 17 par jour4,6,7. Fort heureusement, 75 % des personnes fumeuses se disent intéressées à un traitement de cessation ta- Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 bagique. Toutefois, moins de 10 % réussiront leur tentative d’arrêt tabagique1. Un fumeur doit faire entre cinq et sept tentatives en moyenne avant de renoncer définitivement au tabac8. Pourtant, il existe une panoplie de ressources pouvant aider le patient dans sa démarche et augmenter ses chances de succès dès le premier essai. Le pharmacien, grâce à sa disponibilité et à sa formation, peut grandement contribuer dans la pharmacothérapie d’un patient désireux de cesser sa consommation de tabac. D’ailleurs, plusieurs études cliniques ont confirmé l’importance des interventions du pharmacien dans ce contexte1. Physiopathologie de la dépendance à la nicotine Avant d’expliquer les différents traitements de la cessation tabagique, il faut bien comprendre le mécanisme par lequel le tabac induit une dépendance physique et psychologique chez les fumeurs. D’une part, le tabac contient de la nicotine, la composante principale responsable de la dépendance au tabagisme. Celle-ci traverse la barrière hémato-encéphalique et se lie aux récepteurs acétycholiniques. En réponse à cette liaison, la dopamine est libérée dans le noyau accumbens et une sensation gratifiante et de bien-être s’ensuit9. Outre la dopamine, la nicotine influence la fonction de plusieurs autres neurotransmetteurs du système nerveux central9; ces divers mécanismes ne seront pas détaillés dans l’article présent. D’autre part, à l’instar de plusieurs agonistes qui subissent une régulation à la baisse suivant une exposition chronique, l’administration de nicotine provoque une désensibilisation des récepteurs et leur inactivation ainsi qu’une régulation à la hausse des sites des récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine nAChRs. Suivant l’abstinence nocturne, on croit que ces récepteurs se désensibilisent et répondent complètement à la nicotine, la reconnaissant comme un agoniste exogène lors d’une réadministration9. Enfin, le tabac contient plus de 2500 produits chimiques dont certains ont des effets pharmacologiques contribuant à l’induction de la dépendance chez les humains9. Interventions du pharmacien Lorsque le patient manifeste le désir de cesser de fumer, le pharmacien se doit d’être disponible. L’intervention de ce dernier est primordiale et doit absolument inclure un suivi adéquat et périodique afin de soutenir le patient dans son changement de comportement. Ainsi, avant d’intervenir auprès d’un patient fumeur, le pharmacien doit se rappeler de ses nombreux outils de communication et mettre en œuvre ses capacités d’écoute active. L’entrevue motivationnelle est d’ailleurs un outil d’envergure dans le succès de la cessation tabagique16. Dans ce contexte, trois étapes sont indispensables, soit l’évaluation, l’action et le suivi8. Ces étapes s’inspirent fortement des lignes directrices américaines sur la cessation tabagique qui préconisent l’usage des « 5 A » : Ask about tobacco use, Advise to quit, Assess willingness to make a quit attempt, Assist in quit attempt, et Arrange for follow-up17. L’évaluation consiste à interroger le patient sur sa consommation actuelle de tabac. Cette étape peut être entreprise à plusieurs moments;, lors de l’ouverture de dossier, lors de la remise d’un nouveau médicament dans le cadre de conseils non pharmacologiques, lors de la complétion d’une histoire pharmaceutique, par exemple. L’évaluation permet au pharmacien de connaître les habitudes du patient et d’en apprendre davantage sur son intérêt à arrêter de fumer. L’action est une étape critique qui vise à adapter les soins pharmaceutiques aux stades de changements. D’ailleurs, la reconnaissance de ceux-ci est essentielle afin d’assurer l’harmonie des interventions du pharmacien. Ainsi, lorsque le patient est en phase de pré-contemplation, il nie avoir un problème. À ce point, les actions du pharmacien www.professionsante.ca doivent viser à discuter, tout en faisant preuve d’empathie, sur les raisons qui retiennent le patient à arrêter de fumer. De même, le pharmacien doit l’amener à réfléchir sur les possibilités d’une tentative d’arrêt tabagique. L’intervenant doit mettre le patient à l’aise et l’aviser de sa disponibilité. Lors de la pré- contemplation, la persuasion, l’argumentation et la confrontation sont à proscrire. Lorsque le patient reconnaît avoir un problème et qu’il est prêt à le résoudre dans les six prochains mois, il se retrouve au stade de contemplation8. À ce moment, une discussion sur les bienfaits et les inconvénients d’une cessation tabagique doit être envisagée. Le pharmacien doit détecter les éléments qui empêchent le patient d’abandonner le tabagisme et aborder les inconvénients soulevés. La remise d’une brochure et d’information sur les différentes ressources disponibles sont des alternatives intéressantes. Lorsque le fumeur est prêt et planifie les étapes de son changement de comportement, il se retrouve en phase de préparation18. Le renforcement positif est un outil de communication efficace à ce stade. C’est également lors de la préparation que le pharmacien doit discuter avec le patient afin de choisir une thérapie appropriée et adaptée à sa condition. À cet égard, l’échelle de Fragerström permet d’évaluer objectivement le niveau de dépendance du patient et guidera le pharmacien dans le choix de la thérapie19. Par ailleurs, lors de cette phase, le pharmacien et le patient doivent convenir ensemble d’une date d’abandon tabagique. Pour y arriver, le patient gagne d’abord à identifier, à l’aide d’un journal de bord, par exemple, les facteurs déclencheurs de l’envie de fumer. Avec l’aide de son pharmacien, il peut ensuite établir une liste d’actions permettant de les contrer. Lorsque le patient agit et effectue son changement de comportement, il rentre dans la phase d’action, et c’est lors de cette étape que le pharmacien doit planifier et assurer un suivi périodique. Un suivi à toutes les deux à quatre semaines est approprié, en particulier lors des premiers mois qui constituent une période critique. Le renforcement positif, les conseils pharmacothérapeutiques appropriés et la discussion avec le patient sont des éléments importants lors de ce stade. Enfin, le maintien est une étape importante pendant laquelle le pharmacien doit valider périodiquement l’amélioration de la qualité de vie du patient ainsi que sa motivation à demeurer abstinent. Il doit également le sensibiliser au risque de rechute. Finalement, le suivi est la dernière étape dans les interventions du pharmacien. Cette intervention est particulièrement importante et aide au main- 20 % des hommes de 15 ans et plus fument (au Canada). 22 % des 20 à 24 ans où l’on retrouve le plus de fumeurs. 11 % des personnes âgées de 55 ans et plus où l’on a retrouvé le moins de fumeurs en 2010 15,1 Le nombre moyen de cigarettes fumées dans une journée par les Canadiens de 15 ans et plus. 56 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus qui fument quotidiennement s’allume une cigarette dans les 30 premières minutes suivant leur réveil. Tableau 1 : Symptômes de sevrage à la nicotine22 Symptômes physiologiques Symptômes psychologiques Constipation Agressivité, anxiété Étourdissements, maux de tête Confusion, difficulté de concentration SueursImpatience Irritabilité février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 45 Supplément cessation tabagique Nicoderm®), et la TRN à courte durée d’action, soit les gommes, les pastilles (Nicorette®, Thrive®) ainsi que l’inhalateur de nicotine. Le mécanisme d’action général de ces produits est le même. La nicotine est libérée du produit et remplace celle que le fumeur aurait obtenue grâce à la consommation de tabac diminuant ainsi son envie de fumer. Toutefois, ces produits ne contiennent pas les substances cancérigènes ou toxiques présentes dans la fumée de tabac. La nicotine se lie ensuite aux récepteurs de l’acétylcholine et procure le Alternatives pharmacologiques Parmi les alternatives pharmacologiques disponi- sentiment gratifiant généralement recherché. Ce bles et efficaces, on retrouve la thérapie de rem- mécanisme d’action confirme que la TRN n’emplacement de la nicotine (TRN)21, la varénicline pêche pas le fumeur de s’adonner au tabagisme; ainsi que le bupropion. Pour tous ces produits, les elle l’aide plutôt à diminuer les symptômes de seposologies, durées de traitement, effets indésira- vrage, ces derniers étant résumés dans le tableau bles et contre-indications sont détaillés dans le 1, alors que celui-ci s’habitue à l’abstinence22. tableau 2. Il est bien important pour le lecteur de comprendre que la TRN doit être individualisée pour chaque patient. Elle se base sur le profil tabagique Thérapie de remplacement du patient. Comme principe général, il convient Objectifs du traitement de la nicotine (TRN) de la cessation tabagique La thérapie de remplacement de la nicotine (TRN) de se rappeler que chaque cigarette fumée lors Lorsque la tentative de cessation tabagique est existe sous deux formes : la TRN à libération pro- d’une journée doit être remplacée par un mg de entamée, les objectifs de celle-ci, de même que longée, soit les timbres de nicotine (Habitrol®, nicotine, le but étant de réduire graduellement tien de l’abstinence du patient. Ainsi, lors du suivi, le pharmacien doit insister sur les effets positifs de l’arrêt tabagique. De même, il doit discuter avec le patient de changements qui doivent souvent accompagner la cessation tabagique. Par exemple, le patient gagne à couper sa consommation de caféine en deux. En effet, comme le tabac induit le CYP450 1A2 qui métabolise la caféine20, un arrêt tabagique provoque une augmentation des concentrations plasmatiques de celle-ci et peut causer de l’insomnie chez certains patients ; cette dernière étant souvent associée à des symptômes de sevrage. De même, comme le tabagisme accélère le métabolisme d’environ 200 calories par jour, la majorité des patients ayant arrêté de fumer vont gagner du poids. En moyenne, une prise de cinq à sept kilogrammes est constatée chez les fumeurs. Toutefois, la plupart des fumeurs perdent ce poids un an suivant l’abandon tabagique8. les effets bénéfiques qui y sont associés, devraient être mentionnés au patient afin que celui-ci prenne en charge son problème de santé. À cet égard, il convient de se souvenir que l’arrêt tabagique vise, entre autres, une réduction du risque de maladie cardiovasculaire, une amélioration de la qualité de vie, une réduction de la mortalité globale ainsi qu’une diminution des conséquences pulmonaires néfastes. Tableau 2 : Résumé des caractéristiques des divers agents disponibles pour la cessation tabagique22, 24, 26, 27 Ingrédient actif Produit PosologieDurée deEffets indésirablesContre-indications commercialtraitement Nicotine (TRN)Nicoderm®, Exemple pour une consommation 12 semainesÉtourdissements Aucune Habitrol® > 20 cigarettes par jour :Irritation cutanée Précautions : Étape 1 : 21 mg q24h x 4-6 semainesInsomnieInfarctus du myocarde Étape 2 : 14 mg q24h x 4-6 semaines Maux de tête Arythmies Étape 3 : 7 mg x 2-4 semaines Rares : Maladie coronnarienne Hypertension artérielle Tachyarythmies Nicorette® Gommes : Thrive® Mastiquer une gomme PRN q2-4h Maximum de 20 par jour Pastilles : Étape 1 : 1 pastille q1-2h x 6 semaines Étape 2 : 1 pastille q2-4h de la 7e à la 9e semaine Étape 3 : 1 pastille q 4-8h de la 10e à la 12e semaine Nicorette inhalateurInhalation d’une cartouche sur 20 minutes Maximum de 16 par jour Varénicline Champix® 0.5 mg die x 3 jours, puis 0.5 mg bid 12 semaines Effets GI : Aucune x 4 jours, puis 1 mg bid x 11 semaines (possibilité de constipation, nausées, 24 semaines vomissements selon certains Effets sur le SNC : critères) troubles du sommeil, rêves anormaux Buproprion Wellbutrin SR® 150 mg bid 7-12 semaines Effets GI : Anorexie et génériques Possibilité de titrer la dose : Constipation 150 mg die x 3 jours, Antécédents de convulsions puis 150 mg bid ad durée totale Nausées Boulémie Effets sur le SNC : Usage concomitants Agressivité, agitation d’IMAO ou usage d’IMAO Étourdissements dans les 14 derniers jours Perturbations psychiatriques Usage concomitant Troubles du sommeil de bupropion Autres : Précautions : Palpitations Dépression Désordre bipolaire Idées suicidaires Psychoses 46 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 Supplément cessation tabagique Colombie-Britan. La province canadienne où l’on compte le moins de fumeurs quotidiens de 15 ans et plus en 2010, soit 14 %. C’est 4 % de moins qu’au Québec. Nouvelle-ÉcosseManitoba Saskatchewan Les provinces canadiennes qui affichent le plus haut pourcentage de tabagisme au quotidien chez les 15 ans et plus, soit 21 % pour chacune d’entre elles. Québec Où l’on retrouve le plus important pourcentage d’exposition des enfants à la fumée secondaire à la maison, soit 9 % . La moyenne canadienne est de 4 %. la quantité de nicotine administrée jusqu’à abstinence complète22. Par ailleurs, la thérapie optimale consiste en une administration quotidienne de nicotine à libération prolongée, soit l’application d’un timbre par jour, à laquelle s’ajoute la prise au besoin de nicotine à courte durée d’action afin de soulager les envies ponctuelles de fumer. Enfin, chez la patiente enceinte ou allaitante, bien que la nicotine puisse avoir des effets néfastes sur le fœtus14 ou l’enfant allaité, la TRN est à privilégier chez la patiente fumeuse puisque les produits administrés ne renferment pas les agents toxiques retrouvés dans la fumée de tabac. Ainsi, les bénéfices associés à l’utilisation de la TRN sont supérieurs aux risques associés au tabagisme15. Varénicline La varénicline (Champix®), quant à elle, est une molécule possédant un mécanisme d’action bien différent de la TRN. En effet, la varénicline est un agoniste sélectif partiel des récepteurs nicotiniques alpha-4-ß223. Elle se lie de manière sélective et avec haute affinité à ces récepteurs au niveau neuronal produisant ainsi une activité agoniste semblable à celle de la nicotine, mais à un niveau beaucoup moins élevé. Par son mécanisme d’action, la varénicline empêche de manière compétitive la liaison de la nicotine aux récepteurs nicotiniques, ce qui prévient la stimulation du système mésolimbique dopaminergique, responsable du sentiment de récompense associé au tabagisme24. Dans ce contexte, on comprend que le fumeur, lorsqu’il est sous traitement avec ce médicament, verra généralement sa consommation de cigarettes diminuer en raison de l’absence de la sensation agréable provoquée par le tabac. La varénicline est généralement administrée au patient suivant un schéma posologique de titration afin de minimiser, voire prévenir les effets indésirables. En ce qui à trait aux effets indésirables mentionnés dans le tableau 2, les effets indésirables gastrointestinaux sont les plus importants et peuvent être gérés par une prise du médicament avec la nourriture et une plus grande consommation de liquide. De plus, bien qu’aucune contre-indication absolue, outre l’allergie au produit, n’a été émise pour la varénicline, des précautions sont nécessaires chez les patients prenant des antipsychotiques ou des antidépresseurs ainsi que chez les patients connus pour leurs antécédents d’idées suicidaires ou de comportements anormaux en raison des rapports de cas faisant état des effets indésirables psychiatriques. Les risques et bénéfices doivent être évalués chez ces patients avant le début d’un traitement avec la varénicline si aucune autre alternative n’est disponible25. Enfin, aucune donnée humaine n’est disponible quant à l’utilisation de ce médicament chez la femme enceinte ou allaitante. L’usage de ce médicament est donc non recommandé chez ces deux populations26. Bupropion Le bupropion est le seul antidépresseur approuvé pour le traitement de la cessation tabagique. Toutefois, son mécanisme d’action dans ce contexte n’est pas tout à fait élucidé27. Des hypothèses suggèrent que le bupropion augmente les concen- 48 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 trations extracellulaires de dopamine et inhibe, de façon non compétitive, les récepteurs nicotiniques alpha-3-ß2 et alpha-4-ß2. Malgré son efficacité clinique démontrée, de nombreuses études confirment la supériorité de la TRN21 dans le traitement de la cessation tabagique. D’ailleurs, pour le patient chez qui aucun progrès n’a été constaté au bout de la septième semaine de traitement, les chances de succès à la douzième semaine sont réduites. Parmi les effets indésirables rencontrés avec ce médicament, on retrouve les effets gastro-intestinaux ainsi que plusieurs effets sur le système nerveux central (SNC). Contrairement aux traitements décrits précédemment, le bupropion comporte de nombreuses contre-indications lesquelles sont détaillées dans le tableau 2. Conclusion En somme, le pharmacien est un intervenant de première ligne ayant les aptitudes et les connaissances nécessaires pour accompagner le patient dans sa tentative de cessation tabagique. Les interventions de ce dernier améliorent les chances de succès d’une tentative d’arrêt tabagique et permettent une meilleure prise en charge de ce problème de santé2. En raison des conséquences néfastes du tabagisme sur la santé de l’individu ainsi que sur celle de son entourage et puisque le tabagisme a de lourdes répercussions sociales et économiques, certains chercheurs se sont attardés sur l’idée d’un vaccin pour prévenir la consommation de tabac. À cet effet, trois vaccins anti-nicotine sont en cours d’évaluation clinique et les résultats positifs laissent présager une apparition sur le marché d’ici quelques années9. Références : 1. Joseph AM, Fu SS, Lindgren B, Rothman AJ, Kodl M, Lando H et al. Chronic Disease Management for Tobacco Dependance : A Randomized, Controlled Trial. 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Quels sont les dommages pulmonaires et cardiovasculaires associés au tabagisme et quels bénéfices entraîne la cessation de celui-ci au fil du temps ? Les dommages sont-ils complètement ou partiellement réversibles ? Nous allons répondre à ces questions en compagnie du Dr Marcel Boulanger, un pionnier de la lutte contre le tabagisme au Québec. Anesthésiologiste et directeur des services professionnels à l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM) durant plus de trois décennies, le Dr Boulanger a été l’un des premiers de la profession médicale à s’engager dans la lutte contre le tabac et à convaincre les gouvernements et les médias de la nécessité de combattre ce fléau. De 1997 à 2010, le Dr Boulanger a été président du Conseil québécois sur le tabac et la santé. Les méfaits du tabagisme... « Les études et les statistiques sur le problème du tabagisme depuis plusieurs années nous enseignent que le tabac a un rôle à jouer dans 30 % de tous les cancers ; pas nécessairement comme cause immédiate, mais certainement comme facteur de contribution au développement du cancer. Si l’on considère spécifiquement le cancer du poumon, le tabagisme devient alors la cause directe de 85 à 90 % des cancers du poumon et nous savons aujourd’hui que la fumée environnementale, ou secondaire, peut aussi être responsable de cancers. Ces mêmes chiffres s’appliquent à d’autres maladies pulmonaires, comme l’emphysème ou la bronchite chronique, autrement dit les maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC) », souligne le Dr Boulanger. Rappelons que les personnes qui souffrent de MPOC toussent souvent et présentent des symptômes de dyspnée à l’activité physique. L’essoufflement s’installe progressivement au cours des années et finit par limiter les activités au travail et à la maison. Chez ces patients, la fonction pulmonaire décroit rapidement. Bien que cette décroissance soit très variable, selon les données de vastes études observationnelles (voir aussi Burney P. New Engl. J. Med. 2011 ; 365 : 1246-47), la poursuite du tabagisme est associée à une perte de fonction plus rapide (Vestbo J. et coll. février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 49 Supplément cessation tabagique Nous savons aujourd’hui que la fumée environnementale, ou secondaire, peut aussi être responsable de cancers. – Le Dr Marcel Boulanger 46 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus qui fument quotidiennement ont tenté de cesser de fumer au cours des 12 derniers mois. 9% des fumeuses canadiennes âgées de 15 ans et plus admettent avoir fumé régulièrement durant leur plus récente grossesse. 50 New Engl. J. Med. 2011 ; 365 : 1184-92). « Pour les maladies cardiovasculaires, comme le développement d’athéromatose coronaire, l’American College of Cardiology affirme que le tabagisme est aussi important en tant qu’agent causal de ces maladies que l’hypertension, le diabète et l’hypercholestérolémie (voir aussi Glantz S.A. et Parmley W.W. Circulation 1991; 83(1): 1-12). « On voit donc que c’est un facteur majeur, dit le Dr Bélanger. Or, ajoute-t-il, pendant longtemps, on a considéré du point de vue social que le choix de fumer était en fait un style de vie et que la médecine n’avait rien à faire là-dedans. On se réfère ici aux années 1950, 1960 et 1970 principalement. » Les études menées tant chez les animaux que chez les humains indiquent que l’exposition à la fumée du tabac, incluant la fumée secondaire, augmente l’agrégation des plaquettes sanguines; une étape importante dans la genèse de l’athérosclérose. De plus, cette agrégation plaquettaire contribue au risque de thrombose coronarienne, une cause de l’infarctus du myocarde. Enfin, les agents carcinogènes présents dans la fumée secondaire, incluant les benzo(a)pyrènes, provoquent des dommages aux cellules endothéliales qui tapissent l’intérieur des artères. Tous les composés présents dans la fumée de cigarette impliqués dans les dommages au système cardiovasculaire des fumeurs actifs ont aussi été identifiés dans la fumée secondaire (composée principalement de goudron, de nicotine et d’oxyde de carbone, la fumée secondaire contient quelque 4000 produits chimiques, dont plus de 50 sont carcinogènes). L’exposition à la fumée secondaire du tabac contribue donc aux dommages à court et à long terme de la circulation coronarienne et du cœur (Glantz S.A. et Parmley W.W. Circulation 1991 ; 83(1) : 1-12). Aux États-Unis, dès le début des années 1980, on attribuait déjà au tabagisme 30 % de tous les décès liés à la maladie coronarienne. On estimait aussi en moyenne que pour chaque cigarette fumée, la personne perdait cinq minutes et demie d’espérance de vie. Depuis 1930, la différence dans l’espérance de vie entre homme et femmes serait attribuable principalement au tabagisme (Fielding JE. New Engl. J. Med. 1985 ; 313(8) : 49198 ; voir aussi Fielding JE. New Engl. J. Med. 1985 ; 313(9): 555-61). Selon Santé Canada, « plus de 37 000 Canadiens par année meurent en raison du tabagisme. Cela représente plus de cinq fois le total des décès associés aux accidents de la route, à l'abus d'alcool, aux meurtres et aux suicides au Canada, et ce, malgré le fait que le tabagisme est la principale cause évitable de décès prématuré et de maladie au Canada ». À travers le monde, le tabagisme contribue au décès prématuré de quelque 5 millions de personnes. En raison du caractère de haute dépendance du tabac, 95 % de toutes les tentatives pour arrêter de fumer sans assistance échouent dans les premiers six mois (West R. et coll. New Engl. J. Med. 2011 ; 365 : 1193-1200). Aujourd’hui, alors que le tabagisme lourd, sur une base journalière, est en déclin, le tabagisme léger et intermittent est lui en croissance. C’est là un véritable défi pour les professionnels de la san- Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 té car ce type de fumeur ne se considère pas vraiment comme « fumeur » et il est par conséquent sous-identifié (Schane RE, Ling P.M. et Glantz S.A. Circulation 2010 ; 121 : 1518-22). Comme le soulignent les auteurs dans leur étude revue sur les effets du tabagisme léger et intermittent sur la santé, cette propension à ne pas s’étiqueter comme fumeur renforce la croyance que ce type de tabagisme n’entraîne pas de risques significatifs pour la santé. Or, bien que la littérature sur le sujet ne soit pas encore très vaste, elle indique néanmoins que le tabagisme léger et intermittent pose des risques substantiels pour la santé et particulièrement pour la santé cardiovasculaire. …et les bénéfices d’arrêter de fumer Au moment de sa retraite, le Dr Boulanger mettait sur pied une clinique du traitement du tabagisme à l’ICM et au Centre Epic lui permettant de consacrer son temps à quelque 1200 patients. « On peut observer des effets immédiats de la cessation du tabagisme, ainsi que des effets à moyen et à long terme. L’élimination du monoxyde de carbone (CO) est le premier effet qui se manifeste. La consommation de tabac entraîne vers les poumons différents produits et substances dont le CO qui occupe la place de l’oxygène sur l’hémoglobine, transporteur de l’oxygène de l’air que l’on absorbe et qui se dirige vers les alvéoles des poumons. Or, l’affinité du CO pour l’hémoglobine est beaucoup plus élevée que celle de l’oxygène. Le CO va donc se fixer en premier sur l’hémoglobine. » « Pour un fumeur moyen, c’est entre 7 à 8 %, parfois jusqu’à 15 %, des globules en circulation qui sont chargés de CO au lieu d’oxygène. On perd donc cette fraction en pourcentage de la capacité d’oxygénation. Un patient qui arrête de fumer pendant 24 à 36 heures, ne présentera plus de CO dans son air expiré. Les globules rouges marqués par le CO seront éliminés dans les trois à six semaines, soit leur durée de vie normale, et remplacés par des nouveaux globules. On peut donc considérer en gros que l’on récupère cette fraction perdue de la capacité d’oxygénation en dedans d’un mois ou deux ». « Pour les effets à plus long terme, le rôle du tabagisme sur le plan cardiovasculaire cesse dans les dix-huit mois. Les bénéfices sont donc assez rapides; on ne parle pas de cinq ans, mais bien d’un an et demi tout au plus. Quant à la question concernant la susceptibilité au développement d’un cancer du poumon, le temps joue en faveur du patient qui a cessé de fumer. On peut dire dans l’ensemble que c’est sur une période de sept à dix ans que le risque de développer un cancer du poumon va retomber à peu près au niveau de celui observé dans la population de non fumeurs. Il reste cependant 15 à 20 % de risque supplémentaire par rapport au non fumeur que l’on ne peut éliminer complètement ». Agir contre le tabagisme La lutte contre le tabagisme s’est développée lorsqu’on a commencé à ouvrir les yeux des gens, et des médecins en particulier, pour montrer que le tabagisme n’est pas seulement qu’un choix de style de vie mais aussi un facteur de salubrité personnelle et que les médecins devaient s’en occuper, raconte le Dr Bélanger. « Personnellement, en tant que directeur médical du service professionnel à l’ICM, j’ai mené en 1985 un sondage auprès de 500 patients qui fréquentaient la clinique externe pour analyser les rencontres entre cardiologues et patients fumeurs. J’ai pu ainsi déterminer que dans 40 % des cas, le conseil d’arrêter de fumer n’était même pas donné. J’étais déjà préoccupé par cette question du tabagisme, mais là je me suis réellement réveillé : il fallait faire faire quelque chose ! » Anesthésiologiste de formation, les chirurgies pulmonaires à l’Hôpital Notre-Dame avaient fortement impressionné le Dr Boulanger au début de sa carrière. « Malgré une littérature probante sur les méfaits du tabagisme depuis les années 1950, la médecine était peu engagée car le complexe industriel du tabac était très influent, explique le Dr Boulanger. Il en découle que l’on peut considérer aujourd’hui la légalité de l’industrie du tabac comme la conséquence d’une ignorance au départ – on pensait que le tabac n’était pas plus nocif que n’importe quoi d’autre – entretenue ensuite longtemps par cette même industrie en semant le doute et le scepticisme. Elle continue aujourd’hui à tuer ses clients sous couvert de légalité; laquelle n’est en réalité qu’une imposture et même si les gens pensent que le problème du tabagisme est réglé, on va continuer à avoir des problèmes tant et aussi longtemps qu’il y aura une industrie de la cigarette », conclut le Dr Boulanger. Soutien psychologique En fréquentant un CAT, le fumeur met toutes les chances de son côté Les centres d’abandon du tabagisme (CAT) offrent du soutien aux personnes qui désirent cesser de fumer et aux ex-fumeurs qui veulent se tenir loin de la rechute. Ces ressources du réseau québécois de la santé et des services sociaux sont situées dans les centres de santé et de services sociaux (CSSS), un peu partout au Québec. Des conseillers en abandon du tabagisme offrent gratuitement des services d’aide individuelle ou en groupe. Par Éric Whittom, B. Pharm. La région de Montréal, pour sa part, compte 12 CAT répartis dans chacun des CSSS et un treizième au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (pavillons Hôtel-Dieu et Hôpital Notre-Dame). « Il existe aussi un CAT mobile où les intervenants se déplacent pour rencontrer leurs patients à différents endroits, par exemple dans les centres communautaires, les cégeps ou les universités », indique Caroline Cejka, répondante pour la région de Montréal du Plan québécois d’abandon du tabagisme et responsable des CAT de cette région à la Direction de santé publique (DSP) de Montréal. La majorité des conseillers en abandon du tabagisme sont des infirmières. Des kinésiologues et des nutritionnistes travaillent aussi dans les CAT. Minimum de trois rencontres individuelles Un minimum de trois rencontres individuelles est suggéré aux fumeurs. « Les intervenants utilisent l’entretien motivationnel comme approche de changement de comportements », précise Caroline Cejka. « Au cours de la première rencontre, d’une durée d’une heure, on regarde notamment où en est rendu le patient dans son désir de cesser de fumer, explique Céline Bastien, infirmière clinicienne et conseillère en abandon du tabagisme au CAT du CSSS de L’Ouest-de-l’Île. Nous évaluons aussi les quatre axes de la dépendance d’un fumeur : physique, psychologique, sociale et médicamenteuse. Nous essayons de trouver avec lui des outils pour qu’il soit capable de passer à l’action. » « L’ordonnance collective avec les pharmaciens facilite l’accès rapide à une thérapie de remplacement à la nicotine, ajoute Céline Bastien. Nous la recommandons au patient, parce qu’elle augmente ses chances de succès et elle l’aide à gérer ses envies de fumer. » « Il y aussi des questions sur le plan médical, dit Caroline Cejka. Est-ce que la personne prend des médicaments ? Faut-il réajuster une médication ? L’intervenant en discute avec le médecin traitant de la personne et son pharmacien. » Une trousse de départ est remise au patient. Elle comprend notamment un journal du fumeur où le patient inscrit les cigarettes fumées et dans quelles circonstances. Les rencontres suivantes durent 30 minutes, sur place au CLSC ou au téléphone. « Nous révisons avec le patient s’il a éprouvé des difficultés et des envies fortes de fumer, même avec l’aide pharmacologique, explique Céline Bastien. Nous revoyons aussi avec lui les stratégies pour passer à l’action. Il y a beaucoup de soutien et d’écoute active avec notre patient. » Lors d’une forte envie de fumer, un patient peut communiquer avec son conseiller en abandon du tabagisme, demander de l’aide auprès d’un intervenant de la ligne j’Arrête ou consulter son pharmacien. Céline Bastien souligne aussi qu’après les rencontres de suivi, des contacts téléphoniques ont lieu après trois mois, six mois et même un an. « Nous voulons savoir où est rendu la personne. S’il n’a pas recommencé à fumer, nous le félicitons pour son beau succès. S’il y a eu une rechute, nous dédramatisons la situation et nous l’incitons à reprendre ses démarches pour repasser à l’action. » Huit rencontres de groupe En ce qui a trait aux rencontres de groupe qui ont lieu également dans les CLSC, la Direction de santé publique de Montréal a confié leur animation à une entreprise du nom de Centre Vivre Mieux Sans Fumer, en collaboration avec les CAT. Une douzaine de fumeurs sont conviés à huit rencontres d’une heure pendant lesquelles différents thèmes sont abordés, par exemple la gestion des symptômes de sevrage, les aides pharmacologiques pour la cessation tabagique et la gestion du stress. Plus de chance de réussir en fréquentant un CAT Selon Caroline Cejka, un patient qui obtient des services conseils sur la cessation du tabagisme, auprès d’un CAT augmente ses chances de réussir à cesser de fumer. « Seulement 5 % à 7 % des fumeurs qui arrêtent de fumer seuls, sans aide, y parviennent. S’ils obtiennent une intervention brève par un professionnel de la santé et une référence à un centre d’aide, leur chance augmente à environ 10 à 12 %. Si on ajoute une intervention intensive personnalisée comme les CAT, le pourcentage de réussite augmente autour de 20 à 25 %. Finalement, si on ajoute un aide pharmacologique, on atteint les 30 %. Donc, plus il y a une prise en charge du patient, par exemple à gérer son sevrage, plus il augmente ses chances de succès. » Encadré Comment s’inscrire? Les fumeurs qui souhaitent obtenir du soutien individuel ou en groupe peuvent communiquer avec le CAT situé le plus près de leur domicile (liste des CAT sur www.jarrete.qc.ca). Les professionnels de la santé peuvent aussi envoyer un formulaire de référence à un CAT selon la préférence du patient. « À Montréal, les pharmaciens ont accès à une ordonnance collective pour la thérapie de remplacement de la nicotine qui comprend le formulaire de référence (www.oc-mtl.ca)», indique Caroline Cejka. Sur les quelque 400 000 fumeurs de la région de Montréal, environ 2000 fréquentent annuellement les CAT. « Les p à l’inté taines temps précise françai tèle « p -30- Santé PUBLIQUE Intoxications involontaires chez l’enfant : mise à jour 2012 Les intoxications involontaires chez l’enfant sont encore fréquentes malgré les campagnes d’information, les mesures préventives, le contrôle de la distribution de nombreux produits et l’utilisation d’emballages sécuritaires. Heureusement, ces événements restent souvent bénins, mais de rares cas de décès sont encore décrits1. Cet article présente une mise à jour de la problématique des intoxications involontaires aiguës chez les jeunes enfants d’âge préscolaire et rappelle le rôle que peut jouer le pharmacien dans la prévention et la prise en charge de ces incidents. Texte rédigé par Delphine Merger, candidate au D. Pharm., assistante de recherche à l’unité de recherche en pratique pharmaceutique du CHU Sainte-Justine, Benoit Bailey, MD, M.Sc., FRCPC, pédiatre et toxicologue, chef du service de l’urgence du CHU Sainte-Justine, consultant médical, Centre antipoison du Québec, Pierre-André Dubé, B. Pharm., M.Sc., pharmacien et responsable scientifique en toxicologie clinique au Centre de toxicologie du Québec, INSPQ, et Jean-François Bussières, B. Pharm., M.Sc., MBA, FCSHP, chef du département de pharmacie et de l’unité de recherche en pratique pharmaceutique du CHU Sainte-Justine et professeur titulaire de clinique à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. Texte original soumis le 10 octobre 2011. Texte final remis le 6 décembre 2011. Révision : Jean-François Bussières. Le Grand dictionnaire terminologique définit l’intoxication comme « l’ensemble des accidents provoqués par des substances toxiques, provenant de l’extérieur (intoxication exogène) ou de l’intérieur de l’organisme (intoxication endogène) ». Dans les intoxications exogènes, il faut différencier l’intoxication volontaire de l’intoxication involontaire. On parle d’intoxication involontaire lorsque le sujet est intoxiqué par des substances sans le vouloir ou par accident, donc à son insu. On parle d’intoxication volontaire lorsque le sujet a intentionnellement ou volontairement ingéré des substances dans le but de s’intoxiquer. La pénétration des substances toxiques dans l’organisme peut se faire par différentes voies, notamment digestive, topique et pulmonaire. Dans les intoxications exogènes, on peut également parler d’intoxication aiguë et chronique. Les intoxications aiguës surviennent après l’absorption d’une substance toxique en un court laps de temps, par exemple par monoxyde de carbone ou après la prise d’une quantité importante de médicaments. On parle d’intoxication chronique lorsque les sujets sont exposés sur une longue période, de manière insidieuse. Les conséquences des intoxications peuvent être plus ou moins graves. Elles peuvent être inexistantes dans certains cas et mortelles dans d’autres. L’intoxication involontaire est l’une des principales causes d’hospitalisation par traumatisme chez les enfants de moins de cinq ans. Ces intoxications sont dues, dans la majorité des cas, à l’ingestion de substances diverses se retrouvant à la maison, telles que les médicaments, les produits cosmétiques, les produits domestiques, les plantes, les corps étrangers, etc.2 Dans le rapport annuel de l’American Association of Poison Control Centers (AAPCC), publié en 2009, les voies d’exposition rapportées étaient par ordre décroissant : digestive (84 %), cutanée (7 %), pulmonaire (5 %) et oculaire (4 %)3. Cadre réglementaire Plusieurs lois canadiennes et québécoises favorisent une utilisation sécuritaire des médicaments4. Au niveau fédéral, la Loi sur les aliments et drogues et sa réglementation ainsi que la Loi réglementant certaines drogues et autres sub stances et sa réglementation balisent la commer- 52 cialisation (incluant l’étiquetage et le conditionnement), la distribution des médicaments (avec ou sans ordonnance) et la pharmacovigilance. Ainsi, le Règlement sur les aliments et drogues5 définit l’emballage protège-enfants. Il est intéressant de souligner que les exigences réglementaires pour la validation de ces emballages sont probablement méconnues de plusieurs pharmaciens. L’emballage protège-enfants proposé par un fabricant doit être soumis à un essai selon une méthode acceptable. Dans le cas d’un groupe d’essai constitué d’enfants, l’emballage ne peut être ouvert, d’une part, par au moins 85 % d’entre eux sans démonstration préalable de la méthode d’ouverture et, d’autre part, par au moins 80 % d’entre eux, après démonstration de la méthode d’ouverture. Dans le cas d’un groupe d’essai const itué d’adultes, l’emballage peut être ouvert par au moins 90 % d’entre eux. S’il s’agit d’un emballage conçu pour être refermé, au moins 90 % peuvent le faire eux-mêmes. Enfin, l’emballage doit être conforme à l’une des normes suivantes : CAN/CSA-Z76.1-M90, de l’Association canadienne de normalisation, intitulée « Emballages de sécurité réutilisables pour enfants »; norme européenne EN 28317:1992, intitulée « Emballages à l’épreuve des enfants – Exigences et méthodes d’essai pour emballages refermables », adoptée par le Comité européen de normalisation (1992) ; ou norme internationale ISO 8317:1989. Le groupe d’essai doit être constitué d’au moins 200 enfants en bonne santé et ne souffrant d’aucun handicap physique ou mental apparent, âgés de 42 à 51 mois et représentant dans une égale proportion, avec une marge de plus ou moins 10 %, les divers âges, exprimés en mois, soit de 42 à 51 mois, calculés au mois près. Dans le cas des adultes, il en faut au moins 100 en bonne santé et ne souffrant d’aucun handicap physique ou mental apparent, âgés de 18 à 45 ans. Les groupes doivent être d’égale proportion. Outre l’emballage, Santé Canada surveille l’étiquetage des médicaments. L’organisme a mené en 2010 une consultation sur une nouvelle ligne directrice relative à l’étiquetage des médicaments à usage humain6. L’étiquetage doit indiquer clairement si le produit peut être utilisé par les enfants ainsi que les mises en Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 QP02_052-072.indd 52 27/02/12 13:49:01 Intoxications involontaires chez l’enfant : mise à jour 2012 Un pharmacien qui constate, parmi sa clientèle, des achats à risque de médicaments contenus dans l’annexe III devrait les rapprocher de son comptoir ou décider de les entreposer comme des médicaments de l’annexe II. garde applicables. La version finale n’est toutefois pas encore publiée. Santé Canada a aussi publié en 2009 une « Norme d’étiquetage pour l’acétaminophène »7. Le fabricant doit notamment indiquer la mention « La quantité de médicament contenue dans cet emballage est suffisante pour causer des torts sérieux à un enfant » si l’emballage contient plus de 3,2 g d’acétaminophène. On précise aussi « qu’au moins l’une des tailles d’emballage mises en marché doit être fournie dans un emballage à l’épreuve des enfants et l’étiquette extérieure de tous les contenants qui ne sont pas à l’épreuve des enfants doit comporter un énoncé stipulant que le médicament est aussi offert dans un emballage à l’épreuve des enfants. Pour les produits réservés aux enfants, le format de l’emballage doit être d’au plus 1,92 g dans les unités posologiques de 80 mg, et de 3,2 g dans les unités posologiques de 160 mg. » Enfin, le terme « enfants » ou « bébés » ou « nourrissons » doit apparaître en caractères gras sur le devant de l’étiquette, afin de prévenir les erreurs de dosage. Santé Canada a aussi publié une mise à jour de sa norme relative à l’étiquetage des médicaments en vente libre et des médicaments pédiatriques en vente libre contre la toux et le rhume administrés par voie orale8,9. Au niveau québécois, la Loi sur la pharmacie, le Règlement sur la tenue de pharmacie, le Règlement sur les conditions et modalités de vente des médica ments et le Règlement sur l’étiquetage des médica ments et des poisons traitent notamment de l’approvisionnement, de la conservation, de l’accès, du conditionnement et de l’étiquetage des médicaments selon l’annexe à laquelle ils sont rattachés10. Tandis que les médicaments de l’annexe I et II sont entreposés derrière le comptoir du pharmacien et qu’ils bénéficient d’un contrôle pharmaceutique lors de la remise et du conseil, les médicaments de l’annexe III et les médicaments hors annexes peuvent être vendus sans qu’il soit nécessaire de parler à un pharmacien. Un pharmacien qui constate, parmi sa clientèle, des achats à risque de médicaments contenus dans l’annexe III devrait les rapprocher de son comptoir ou décider de les entreposer comme des médicaments de l’annexe II. Dans un bulletin de l’Ordre des pharmaciens du Québec publié en 200111, l’Ordre précise les www.professionsante.ca QP02_052-072.indd 53 modalités de contrôle et de surveillance de vente de médicaments de l’annexe III, « qui ne constituent pas des biens de consommation comme les autres ». L’Ordre rappelle l’article 10 du Règle ment sur les conditions et modalités de vente des médicaments qui stipule que « le pharmacien qui vend un médicament inscrit à l’annexe III doit prendre les mesures nécessaires afin que l’information concernant les précautions et les contre-indications relatives à l’usage de ce médicament soit fournie au client¢». L’Ordre réfère à deux rapports de coroners (A-136349 et A-139111) faisant état du décès de patients à la suite de l’ingestion de quantités très élevées de diphenhydramine. Les coroners recommandent notamment que l’Ordre insiste auprès de ses membres afin qu’ils mettent en place des procédures de contrôle précises lors de l’achat de quantités de médicaments potentiellement dangereuses ou mortelles, de sorte que le pharmacien en soit immédiatement averti et puisse intervenir. Ils recommandent aussi que l’Ordre, par son service d’inspection professionnelle, surveille la mise en place de ces procédures. Bien que l’article 4.01.01 u, relatif à l’obligation de vendre un médicament dans un contenant à fermoir de sécurité, ait été retiré du Code de déontologie des pharmaciens lors de la refonte de celui-ci en 2008, l’obligation de recourir à ce type de contenant demeure inscrite dans l’article 2.02 du Règlement sur la tenue des dossiers, livres et registres par un pharmacien dans l’exer cice de sa profession12. Ainsi, le pharmacien doit justifier au dossier toute dispensation de médicament sans fermoir de sécurité. Enfin, notons que l’article 17 du Règlement sur la tenue de pharmacie stipule que le « pharmacien propriétaire d’une pharmacie où des médicaments sont conservés et offerts dans une section de la pharmacie qui est accessible doit conserver tout médicament hors de la portée des enfants ». Quoi de neuf dans la littérature ? Un tour d’horizon des données publiées dans PubMed au cours de la dernière décennie met en évidence les éléments suivants : n Les appels effectués auprès des centres antipoison concernent le plus souvent les enfants en bas âge. n La proportion d’intoxications involontaires est plus élevée chez les enfants en bas âge, alors qu’à l’adolescence la proportion d’intoxications volontaires augmente. n Il existe de nombreux facteurs de risque d’intoxication : l’âge (curiosité de l’enfant en bas âge), l’entreposage inapproprié, le reconditionnement d’un produit hors de son contenant sécuritaire, l’hyperactivité de l’enfant, un plus faible niveau de scolarisation des parents, la présence d’un milieu socio-économique défavorisé, la saison, etc.13,14,15,16,17 n Une variété de produits non médicamenteux (p. ex., produits domestiques, pesticides, objets, aimants) est ingérée lors d’une intoxication18,19,20. n L’acétaminophène est un médicament très souvent en cause (alors que la dose toxique est de plus de 150 mg/kg chez l’enfant de moins de six ans, de plus de 200 mg/kg chez l’enfant de six ans et plus, on retrouve sur le marché Tableau I Profil des produits les plus souvent ingérés lors des intoxications aux États-Unis, en 2009 Ensemble de la population Enfants de moins de 6 ans Analgésiques (12 %)Produits cosmétiques (13 %) Produits cosmétiques (8 %)Analgésiques (10 %) Produits ménagers (7 %)Produits ménagers (9 %) Sédatifs, hypnotiques, antipsychotiques (6 %)Corps étrangers (7 %) Corps étrangers (4 %)Préparations topiques (6 %) Autres substances (34 %)Autres médicaments (29 %) Autres médicaments (29 %)Autres substances (26 %) février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 53 27/02/12 13:49:01 Santé PUBLIQUE des flacons de 100 comprimés ou davantage qui donnent accès à 50 g ou plus d’acétaminophène – il est à noter que le seuil toxique peut différer selon les pays ou les auteurs). On retrouve aussi les psychotropes, les antidépresseurs, etc.21,22,23,24 n En ce qui concerne les États-Unis, le National Poison Data System (NDPS), anciennement connu sous le nom de « Toxic Exposure Surveillance System » (TESS), est une base de données qui regroupe tous les appels de tous les centres antipoison qui font partie de l’AAPCC. En 2009, d’après le rapport annuel de cette dernière, le NDPS a reçu deux millions et demi d’appels pour intoxication. Parmi ces appels, 65 % concernaient des enfants, dont 80 % avaient moins de six ans. Pour 11 % de ces appels, une prise en charge médicale a été nécessaire25. Le tableau I présente les produits les plus souvent retrouvés dans les intoxications. En plus de ces produits, on retrouve des substances diverses (alcool, carburant, pesticides, plantes, morsures, piqûres) et des médicaments (topiques, vitamines, antihistaminiques, cardiovasculaires, médicaments contre le rhume et la toux). En 2011, Bond et coll. ont revu les données recueillies par l’AAPCC de 2001 à 200826. Ont été inclus tous les appels concernant les enfants qui avaient subi une intoxication involontaire de médicaments en vente libre et sur ordonnance. Cette étude montre que 453 000 enfants de moins de six ans ont ingéré de façon involontaire un médicament qui a nécessité une prise en charge dans un département d’urgence de 2001 à 2008, aux États-Unis. Parmi ces cas, 430 000 étaient dus à une ingestion par l’enfant lui-même et 23 000, à une erreur d’administration par un tiers. Dans les ingestions involontaires imputables aux enfants, 248 000 provenaient de médicaments obtenus grâce à une ordonnance et 182 000, de médicaments en vente libre. L’étude indique que le nombre d’enfants se présentant aux urgences après une exposition médicamenteuse est en hausse (10 145 en 2001 contre 14 091 en 2008). Cette hausse n’est pas étrangère à l’augmentation de la consommation de médicaments. L’utilisation accrue de certains médicaments comporte davantage de risques en cas d’ingestion involontaire (p. ex., utilisation accrue d’opioïdes, tels que le fentanyl, l’oxycodone et l’hydrocodone, plutôt que de la codéine; utilisation accrue de bêta-bloquants et d’inhibiteurs du canal calcique plutôt que des diurétiques)27. De 2001 à 2008, 66 décès provoqués par ingestion involontaire de médicaments ont été répertoriés, dont 19 (29 %) par des médicaments en vente libre et 47 (71 %) par des médicaments d’ordonnance. La situation au Québec28 Au Québec, les statistiques en matière d’intoxications proviennent principalement des rapports annuels du Centre antipoison du Québec (CAPQ). Ceux-ci sont produits à partir des appels du public et des professionnels de la santé. Ces statistiques ne sont donc pas absolues puisqu’elles ne considèrent que les appels reçus et sous-estiment généralement le nombre réel d’intoxications non déclarées au CAPQ par les établissements de santé. En revanche, elles peuvent nous donner une bonne idée de l’importance d’une problématique de santé publique à l’échelle provinciale29. De 1989 à 2010, 1 028 075 appels pour intoxication ont été recensés par le CAPQ au Québec. La répartition des appels selon la catégo rie de produits est la suivante : produits domestiques, 47 % (n = 482 322), médicaments, 43 % (n = 444 205), pesticides, 5 % (n = 47 443) et produits industriels et autres, 5 % (n = 38 670). La répartition selon le groupe d’âge révèle que les enfants de 4 ans et moins constituent 40 % (n = 409 984) des appels pour intoxication, soit le plus grand nombred’appels, contre 20 % (n = 208 528) pour les 18 à 44 ans et 11 % (n = 110 916) pour les 5 à 17 ans. Le tableau II présente les autres proportions. Les jeunes de 17 ans et moins représentent 57 % du total des appels pour les pesticides, 54 % pour les produits domestiques, 53 % pour les médicaments, 22 % pour les produits industriels et 10 % pour le monoxyde de carbone. Pour le groupe d’âge 0 à 4 ans, la répartition des appels selon la caté gorie de produits est la suivante : pesticides, 46 % (n = 21 639), produits domestiques, 42 % (n = 204 094), médicaments, 40 % (n = 178 442), produits industriels, 14 % (n = 5263). Que peut-on faire30 ? Le pharmacien communautaire est un professionnel de la santé de première ligne qui peut sans aucun doute contribuer à la prévention et à la prise en charge des intoxications. En ce qui concerne la prévention, il peut notamment : n conseiller sa clientèle sur l’entreposage sécuritaire des médicaments à la maison (par exemple, conserver les contenants originaux ou les contenants avec fermoir de sécurité, tout en préservant un étiquetage complet et lisible, privilégier un emplacement que les enfants ne peuvent atteindre) et encourager une vérification périodique de ces stocks par le patient ou lors de visites à domicile. Un rappel systématique à ce propos auprès de parents de jeunes enfants devrait être envisagé lors de la vente de médicaments et de produits, quelle que soit l’annexe. Cette précaution s’applique aussi aux grands-parents qui utilisent des piluliers; n contribuer à la diffusion de campagnes de prévention (p. ex., « Soyez en sécurité » de Santé Canada qui propose « des activités amusantes et interactives pour apprendre aux enfants à reconnaître les symboles de danger sur les produits chimiques ménagers31 », dépliants du Centre antipoison du Québec (csssvc.qc.ca/ser vices/capq_ Depliants.php) ou Semaine nationale de prévention des empoisonnements, en mars de chaque année). Notons également que Santé Canada publie de nombreux articles au sujet des intoxications involontaires; n réévaluer périodiquement la gamme des produits pharmaceutiques et domestiques tenus en pharmacie, en tenant compte du risque lié au produit et à la quantité vendue par format; il paraît raisonnable de contrôler adéquate- Tableau II Répartition des appels pour intoxication au CAPQ selon la catégorie de produits et le groupe d’âge, 1989-2010 Catégorie de produits 0 à 4 ans 5 à 17 ans Enfant* 18 à 44 ans 45 ans et + Adulte* Âge inconnu Total N %N %N %N %N %N %N %N Monoxyde de carbone 546 4 968 6 42 0 7797 51 3145 20 2581 17 356 2 15 435 Produits industriels 5263 14 2669 7 246 1 11 988 31 4534 12 12 664 33 1306 3 38 670 Pesticides 21 639 46 4067 9 723 2 6540 14 3953 8 8112 17 2409 5 47 443 Médicaments 178 442 40 53 422 12 2804 1 101 883 23 54 682 12 45 299 10 7673 2 444 205 Produits domestiques 204 094 42 49 790 10 7955 2 80 320 17 38 100 8 88 284 18 13 779 3 482 322 Total 409 984 40 110 916 11 11 770 1 208 528 20 104 414 10 156 940 15 25 523 2 1 028 075 % 100 100 100 100 100 100 * Catégorie d’âge connue, mais âge réel inconnu 54 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 QP02_052-072.indd 54 27/02/12 13:49:01 Intoxications involontaires chez l’enfant : mise à jour 2012 ment la vente libre de certains médicaments En ce qui concerne la prise en charge, le phardisponibles en grand format (p. ex., conte- macien peut notamment : nants d’acétaminophène de 500 comprimés) n téléphoner, lorsqu’il suspecte un cas d’intoxication, au Centre antipoison du Québec pour et de plusieurs médicaments à risque (p. ex., consultation d’un spécialiste en information diphenhydramine); n conseiller adéquatement la clientèle lors de toxicologique et, si nécessaire, adresser le la vente de médicaments, quelle que soit patient au service d’urgence le plus proche; n connaître les recommandations de l’A APCC l’annexe; n s’impliquer dans les garderies et les écoles sur la prise en charge des cas d’intoxication lors d’activités de prévention. En vertu du en milieu ambulatoire (aapcc.org/dnn/ Règlement sur les garderies, le titulaire d’un PatientManagement.aspx); permis doit veiller à conserver les médica- n mettre à jour régulièrement sa documentation relative aux intoxications, notamment ments sous clé, à afficher près du téléphone les hyperliens clés, tels que le portail sur la le numéro du centre antipoison et à constisécurité des produits de consommation de tuer une trousse de premiers soins. Le pharSanté Canada (hc-sc.gc.ca/cps-spc/_indust/ macien est un intervenant privilégié pour index-fra.php) et le Centre antipoison du soutenir ces obligations et participer à la Québec (www.csssvc.qc.ca/services/capq. prévention en milieu scolaire; n informer son ordre professionnel des situaphp - 1-800-463-5060); tions préoccupantes relatives à la disponibi- n détenir la plus récente édition du Guide des antidotes en toxicologie d’urgence (3e édition) lité des produits, à leur étiquetage et aux for(www.csssvc.qc.ca/telechargement.php? mats. La vente hors annexe de certaines id =716); vitamines (p. ex., gouttes concentrées de vitamine D) contribue au risque et ne profite n s’abonner au portail de toxicologie clinique de l’Institut national de santé publique du d’aucun encadrement pharmaceutique. Québec (portails.inspq.qc.ca/toxicologie clinique/abonnement.aspx). Comprend la publication du Bulletin d’information toxicologique et des Communiqués de toxi covigilance; n soumettre la publication d’un cas d’intérêt au Bulletin d’information toxicologique pour participer à la formation de ses collègues; n partager avec ses collègues les cas d’ingestion involontaire, la revue du mécanisme de référence utilisé pour prendre en charge le cas et le suivi, le cas échéant. La relative rareté de ces cas profite d’un échange entre pharmaciens et médecins pour optimiser les actions à prendre en cas d’urgence. Conclusion Le pharmacien est responsable de surveiller la thérapie médicamenteuse. Une partie de cette surveillance repose sur la prévention et la prise en charge des intoxications. ■ Références 1. Lefebvre L. Intoxications par produits domestiques et médicaments chez l’enfant. [En ligne. Site consulté le 18 novembre 2011.] www.inspq.qc.ca/bise/ post/2007/08/10/Intoxications-par-produits-domestiques-et-medicaments-chez-le28099enfant.aspx 2. Dorval M, Letarte A, Leblanc F, Leduc S. Prévention des intoxications non intentionnelles au domicile des enfants. [En ligne. Site consulté le 3 décembre 2011.] www.inspq.qc.ca/aspx/fr/ 3.Alvin C, Bronstein MD, Daniel A, et coll. 2009 Annual Report of the American Association of Poison Control Centers’ National Poison Data System (NPDS): 27th Annual Report. Clinical Toxicology. 2010 48:10-9791178. 4.Bussières JF. Législation et système de soins. 4e éd. 2008; 08:155-211. 5. Justice Canada. Règlement sur les aliments et drogues. Partie C – titre 1 – art. C.01.001. [En ligne. Site consulté le 3 décembre 2011.] http://laws-lois.justice. gc.ca/fra/reglements/C.R.C.,_ch._870/page-189. html?term=c.01.001#s-C.01.001 6. Santé Canada. Ébauche de la ligne directrice de l’étiquetage des médicaments à usage humain. [En ligne Site consulté le 3 décembre 2011.] www.hc-sc.gc.ca/ dhp-mps/consulta tion/drug-medic/draft_ebauche_ label_guide-fra.php 7. Santé Canada. Ligne directrice – Norme d’étiquetage pour l’acétaminophène. [En ligne. Site consulté le 3 décembre 2011.] http://hc-sc.gc.ca/dhp-mps/pro dpharma/applic-demande/guide-ld/label_stand_ guide_ld-fra.php#a6 8. Santé Canada. Médicaments de vente libre : normes d’étiquetage – produits pharmaceutiques. [En ligne. Site consulté le 3 décembre 2011.] www.hc-sc.gc.ca/ dhp-mps/prodpharma/ applic-demande/guide-ld/ label-etiquet-pharm/index-fra.php 9. Santé Canada. Norme d’étiquetage des médicaments pédiatriques en vente libre contre la toux et le rhume administrés par voie orale. [En ligne. Site consulté le 3 décembre 2011.] www.hc-sc.gc.ca/ dhp-mps/prodpharma/applic-demande/guide-ld/ label-etiquet-pharm/pedlscc_pednecr-fra.php Suite des références à la page 72 Questions de formation continue 13) Lequel des énoncés suivants sur les intoxications involontaires chez l’enfant et la mise à jour proposée est vrai ? A. Les appels effectués auprès des centres antipoison concernent le plus souvent les adolescents. B. La proportion d’intoxications involontaires est plus élevée chez les enfants de 11 à 17 ans. C.Il existe de nombreux facteurs de risque d’intoxication, notamment l’âge, l’entreposage inapproprié et le reconditionnement d’un produit hors de son contenant sécuritaire. D.Il existe une variété de produits non médicamenteux (p. ex., acétaminophène, antidépresseurs) ingérés lors d’une intoxication. E.L’acétaminophène est un médicament rarement impliqué dans les intoxications volontaires. 14) Parmi les énoncés suivants sur les intoxications involontaires chez l’enfant, la mise à jour proposée et les mesures de prévention pharmaceutique, lequel est faux ? A.Conseiller sa clientèle sur l’entreposage sécuritaire des médicaments à la maison. B.Contribuer à la diffusion de campagnes de prévention. C.Réévaluer périodiquement la gamme des produits pharmaceutiques et domestiques tenus en pharmacie, en tenant compte du risque lié au produit et à la quantité vendue par format. D.Conseiller adéquatement la clientèle lors de la vente de médicaments, quelle que soit l’annexe. E. Dénoncer dans les médias les situations préoccupantes relatives à l’étiquetage et aux formats. Répondez maintenant en ligne. Voir page 78. www.professionsante.ca QP02_052-072.indd 55 février – mars 2012 vol. 59 n° 1 Québec Pharmacie 55 27/02/12 13:49:01 oxydation pour produire la noroxymorphone, qui est active au niveau des récepteurs opiacés. Bien que la noroxymorphone soit un métabolite actif et soit présente dans la circulation à des concentrations relativement élevées, elle ne semble pas traverser la barrière hémato-encéphalique dans une large mesure. On a établi que l’oxymorphone est active et possède une activité analgésique, mais sa contribution à l’analgésie à la suite de l’administration d’oxycodone est jugée insignifiante sur le plan clinique. D’autres métabolites (α- et β-oxycodol, noroxycodol et oxymorphol) peuvent être présents à de très faibles concentrations et démontrer une pénétration limitée dans le cerveau par rapport à l’oxycodone. Les enzymes responsables de la céto-réduction et de la glycuroconjugaison dans les voies métaboliques de l’oxycodone n’ont pas été établies. Élimination : L’oxycodone et ses métabolites sont principalement éliminés par les reins. On a mesuré les quantités suivantes dans l’urine : 8,9 % d’oxycodone libre et conjuguée, 23 % de noroxycodone libre, moins de 1 % d’oxymorphone libre, 10 % d’oxymorphone conjuguée, 14 % de noroxymorphone libre etconjuguée, jusqu’à 18 % de métabolites réduits libres et conjugués. La clairance plasmatique totale était d’environ 1,4 L/min chez les adultes. teneur sont les suivants : 10 mg: hydroxypropylcellulose 15 mg: oxyde de fer rouge, jaune et noir 20 mg: polysorbate 80 et oxyde de fer rouge 30 mg: polysorbate 80, oxyde de fer rouge, jaune et noir 60 mg: polysorbate 80, oxyde de fer rouge et noir 80 mg: hydroxypropylcellulose, oxyde de fer jaune et AS&C bleu n° 2 / laque d’aluminium carmin d’indigo Conditionnement : Toutes les teneurs sont conditionnées dans des flacons en plastique opaque de 60 comprimés. La monographie complète du produit est disponible sur demande. Purdue Pharma Canada, 575 Granite Court, Pickering, Ontario, L1W 3W8, 1-800-387-4501, http://www.purdue.ca Gériatrie : Les concentrations plasmatiques d’oxycodone augmentent d’environ 15 % chez les personnes âgées recevant OxyNEOMD. Race : Aucune donnée disponible. Insuffisance hépatique : Les concentrations plasmatiques d’oxycodone doublent environ chez les patients atteints d’une cirrhose du foie. Insuffisance rénale : Les concentrations plasmatiques d’oxycodone augmentent de 50 % à 60 % chez les patients atteints d’insuffisance rénale modérée. Polymorphisme génétique : Aucune donnée disponible. Études sur l’abus de médicament : Une série d’études cliniques conçues pour étudier l’abus et l’utilisation abusive potentiels d’OxyNEOMD a été réalisée chez des utilisateurs non dépendants d’opiacés à des fins récréatives ou chez des volontaires en bonne santé. Les études comprenaient des mesures subjectives, comme une ÉVA du goût pour la drogue, et des mesures objectives, comme la pupillométrie. Dans l’ensemble, pour ces études, les résultats subjectifs obtenus étaient appuyés par des résultats similaires au niveau des mesures objectives. Ces études ont démontré i) une réduction du goût pour la drogue pour OxyNEOMD par rapport à une autre préparation à libération contrôlée à base d’oxycodone et ii) une tolérabilité réduite d’OxyNEOMD liée à une congestion nasale accrue et aux résidus dans la cavité intranasale avec la préparation OxyNEOMD lorsque les fragments de comprimés étaient administrés par voie intranasale. La signification clinique de ces résultats n’a pas encore été établie. Il n’existe aucune preuve qu’OxyNEOMD présente un risque de dépendance réduit par rapport à d’autres préparations à libération contrôlée à base d’oxycodone. ENTREPOSAGE ET STABILITÉ Conserver à température ambiante (15 ° - 30 °C). Conserver dans un endroit sec. FORMES POSOLOGIQUES, COMPOSITION ET CONDITIONNEMENT Formes posologiques : Les comprimés OxyNEOMD consistent en une matrice aux propriétés hydrogélifiantes (c’est-à-dire que les particules ou les comprimés entiers deviennent très visqueux (semblables au gel) dans l’eau). Les comprimés ont été durcis grâce à la TECHNOLOGIE DE RECRISTALLISATION PAR TRAITEMENT THERMIQUE (RTT)MC et sont conçus pour résister à l’écrasement. Des essais sur différentes tailles de fragments de comprimés OxyNEOMD ont montré que certaines des propriétés de libération contrôlée étaient conservées. Les comprimés OxyNEOMD de 10 mg sont ronds, non sécables, blancs, biconvexes, portant l’impression « ON » d’un côté et le nombre 10 de l’autre. Les comprimés OxyNEOMD de 15 mg sont ronds, non sécables, gris, biconvexes, portant l’impression « ON » d’un côté et le nombre 15 de l’autre. Les comprimés OxyNEOMD de 20 mg sont ronds, non sécables, roses, biconvexes, portant l’impression « ON » d’un côté et le nombre 20 de l’autre. Les comprimés OxyNEOMD de 30 mg sont ronds, non sécables, bruns, biconvexes, portant l’impression « ON » d’un côté et le nombre 30 de l’autre. Les comprimés OxyNEOMD de 40 mg sont ronds, non sécables, jaunes, biconvexes, portant l’impression « ON » d’un côté et le nombre 40 de l’autre. Les comprimés OxyNEOMD de 60 mg sont ronds, non sécables, rouges, biconvexes, portant l’impression « ON » d’un côté et le nombre 60 de l’autre. Les comprimés OxyNEOMD de 80 mg sont ronds, non sécables, verts, biconvexes, portant l’impression « ON » d’un côté et le nombre 80 de l’autre. Noyau : butylhydroxytoluène, polyoxyde d’éthylène et stéarate de magnésium Intoxications involontaires chez l’enfant : mise à jour 2012 40 mg: polysorbate 80 et oxyde de fer jaune Populations et pathologies particulières : Pédiatrie : OxyNEOMD n’a pas été étudié chez les enfants; son administration n’est pas indiquée chez les patients de moins de 18 ans. Composition : Les comprimés OxyNEOMD de 10 mg, 15 mg, 20 mg, 30 mg, 40 mg, 60 mg et 80 mg contiennent les ingrédients suivants : Santé PUBLIQUE Pour contacter Purdue Pharma, veuillez appeler le 1 800 387-4501. www.OxyNEO.ca OxyNEOMD est une marque déposée de Purdue Pharma. © 2012 Purdue Pharma. Tous droits réservés. Suite des références de la page 55 10. Justice Canada. Loi sur la pharmacie. [En ligne. Site consulté le 16 novembre 2011.] www2.publications duquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=2&file=/P_10/P10.html 11. OPQ. Informations professionnelles. Le contrôle et la surveillance de la vente des médicaments de l’annexe III; numéro 121; août 2001. 12. OPQ. Communiqué. Contenants à fermoir de sécurité; 24 novembre 2006. 13.Ahmed B, Fatmi Z, Siddiqui AR. Population attributable risk of unintentional childhood poisoning in Karachi Pakistan. PLoS One. 2011; 6(10): e26881. 14. Groom L, Kendrick D, Coupland C, et coll. 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Les autres ingrédients du pelliculage propres à chaque 72 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012 37291 PUOXX0025_OxyNEO_PI_1F_F3.indd 7 QP02_052-072.indd 72 12-02-08 PM 27/02/12 5:48 13:49:02 Répondez en ligne sur Questions de Formation continue 4 UFC de l’OPQ Répondre aux 12 questions de ce numéro Date limite : le 4 mars 2013 Veuillez noter que les unités de formation continue sont dorénavant valides pendant un an après leur publication ou mise en ligne. Adieu télécopieur ! Maintenant, c’est en ligne ! x Veuillez noter qu’il n’est désormais plus possible de nous faire parvenir vos formulaires de formation continue par télécopieur. Vous devez maintenant répondre aux questions de formation continue en ligne, dans le portail Profession Santé. Vous n’êtes pas encore inscrit ? Vous devez d’abord le faire en vous rendant au www.professionsante.ca Une fois votre inscription confirmée et activée, vous pourrez faire votre formation continue en cliquant sur l’onglet «Formation continue», puis sur «FC en ligne». Pour toute question, veuillez communiquer avec : Francine Beauchamp, coordonnatrice de formation continue, par téléphone : 514 843-2595, ou par courriel : [email protected] 78 Québec Pharmacie vol. 59 n° 1 février – mars 2012