bois-énergie s3 2010

Bois-Energie
Les plaquettes de bois wallonnes
ont-elles un bel avenir devant elles ?
par Nora Pieret
ValBiom asbl1
P
armi les différentes formes du
combustible bois, les plaquettes représentent
un combustible intéressant pour la mise en
place d’une chaufferie bois automatique en
milieu rural, forestier, privé ou public. A
l’instar des autres systèmes de chauffage au
bois, plusieurs aspects sont à considérer dans
la mise en œuvre du projet en vue d’assurer
son bon fonctionnement et une exploitation
optimale des performances technologiques
des chaudières disponibles actuellement. La
valorisation énergétique du bois sous forme
de plaquettes permet en outre la mise en place
de projets locaux générateurs d’emplois,
fédérateurs et dynamiques…
n 1. La ressource
Les plaquettes destinées au bois énergie peuvent être
produites à partir de bois de chauffage et bois de trituration, bois résultant des premières éclaircies, des résidus
d’exploitation, des bois dépourvus de valeur commerciale
ou encore des sous-produits de la première transformation.
Les plaquettes peuvent être constituées indifféremment de
bois de feuillus ou de résineux en fonction de l’origine de
la matière utilisée et des habitudes d’approvisionnement
du producteur. Le propriétaire (agriculteur, commune, propriétaire forestier, etc.) peut également décider de profiter
de ses propres ressources et de produire lui-même son
combustible.
z
Broyeur alimenté par un grappin. Broyage de bois de première
éclaircie et de sous-produits de scieries (Photo N. Pieret).
forte teneur en terre, brindilles, feuilles et corps étrangers.
Ils ne pourraient être valorisés dans la filière énergétique
qu’après un tri soigneux, broyage et tamisage ce qui augmente le prix de revient. La composition des déchets verts
est plus adaptée à un compostage. En ce qui concerne les
bois récoltés dans les parcs à conteneurs, ils comprennent
du bois propre non traité et du bois imprégné (peinture, vernis, traitement antifongiques, etc.), en mélange. Ils ne peu-
Les déchets verts récoltés via les parcs à conteneurs sont
peu adaptés pour la production de plaquettes suite à leur
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ValBiom, chaussée de Namur, 146 – 5030 Gembloux
[email protected]
z Plateau désileur (Photo N. PIERET).
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vent, par conséquent, être utilisés que pour l’alimentation
de chaudières industrielles dont le système d’évacuation
des gaz est muni des filtres requis pour purifier les fumées
(IRCO, 2009).
Une chaufferie est composée du stockage du combustible,
du système d’extraction (désileur à lame de ressort ou bras
repliables) et d’alimentation de la chaudière en combustible,
de la chaudière, du conduit d’évacuation des fumées et d’un
accumulateur de chaleur. Pour que le projet soit fonctionnel,
chaque étape doit être pensée avec soin.
n 2. La préparation
des plaquettes
La préparation des plaquettes consiste en un broyage
du bois sec (1 ou 2 ans) ou humide. Lorsque le bois est
broyé humide, il est nécessaire de le laisser sécher 3 à
6 mois avant utilisation. Il est par conséquent important
de dimensionner correctement le stockage et de planifier
l’approvisionnement en conséquence pour avoir toujours
du bois sec en suffisance (fréquence de l’approvisionnement, rotation).
Le propriétaire peut décider de produire lui-même ses
plaquettes ou de les acheter auprès de professionnels,
sèches ou humides. Lorsque le propriétaire désire valoriser
sa propre ressource, il est possible d’engager un prestataire
de service pour le broyage (de 160 à 200 €/h). En effet, les
broyeurs représentent un coût d’investissement important
qui ne peut généralement être supporté que via un achat
groupé. Toutefois, la production de plaquettes de qualité
n’est pas chose facile et nécessite tout un savoir faire que
les producteurs ont acquis au travers de plusieurs années
d’expérience et de formations auprès des professionnels
des pays voisins.
n 3. Une plaquette de qualité
des granulés de bois. Le prix des plaquettes est fonction
de la quantité livrée, du degré d’humidité et du transport.
Le prix du map sec (25 %) est généralement de 25 € HTVA.
Quelque soit l’unité de vente, il est nécessaire d’y associer le degré d’humidité. Le taux d’humidité est un facteur
capital puisqu’il influence fortement le pouvoir calorifique
inférieur du bois. Afin de palier aux variations du contenu
énergétique du combustible (humidité, granulométrie, essence, etc.), la plaquette peut également être facturée au
kWh produit (compteur calorimétrique posé sur l’installation
de chauffage) via un contrat énergétique. Ce système, nouveau dans notre région, permet au propriétaire de s’affranchir de l’hétérogénéité énergétique du combustible livré et
de ne payer que l’énergie qu’il a réellement consommée.
n 4. Type d’installation
de chauffage
Les plaquettes sont destinées à être utilisées dans des
chaudières automatiques dont la gamme de puissance
s’étale de 20 kW environ à plusieurs centaines de kW. Le
facteur limitant pour l’utilisation du bois sous forme plaquettes est la place pour le stockage (Pour une humidité de
20 à 50 % : masse volumique = 180 à 400 kg/m³ - énergie
volumique = 600 à 1000 kWh/map, 1 m³ de bois plein = 2.5
map) et la dimension de la chaufferie et de ses connexes.
Les plaquettes sont particulièrement bien adaptées pour
les secteurs publics et tertiaires (bâtiments communaux,
centres culturels, piscines, églises, homes, pensionnats,
écoles, etc.), les agriculteurs, les propriétaires forestiers
et les habitats groupés via les chaufferies centralisées et
réseaux de chaleur. Pour une chaudière de 25 kW, le prix
est de 6990 à 9900 € HTVA en fonction de la marque, hors
installation et hors connexes. Il ne faut pas omettre que
la priorité est à l’isolation pour une réduction optimale de
la consommation de l’énergie. Le dimensionnement de la
chaudière devra par conséquent tenir compte des travaux
d’isolation éventuels.
Pour qu’une chaudière alimentée en plaquettes fonctionne
correctement, il est nécessaire d’utiliser des plaquettes de
qualité c’est-à-dire sèches, calibrées, exemptes de fines et
de corps étrangers (clous, etc.). Le respect de ces critères
permettra d’éviter des problèmes de fonctionnement et
donc des frais de réparation: les fines brûlent mal, génèrent
beaucoup de cendres et de mâchefers pouvant entraîner
des blocages du système de décendrage, tout comme les
corps étrangers.
Les plaquettes sont généralement vendues au mètre cube
apparent plaquettes (map) ou à la tonne. Les livraisons
sont effectuées par camion benne (25 à 40 map) versant
directement le combustible dans un silo d’alimentation généralement contigu à la chaufferie. Lorsque les plaquettes
ne peuvent être déversées via une trappe, elles peuvent
être soufflées grâce à un système pneumatique, à l’instar
z Hangar de stockage à plaquettes pour un séchage naturel, à l’air
libre (Photo D. Marchal).
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Les réseaux de chaleur consistent en une chaufferie unique
centralisée permettant l’alimentation en chaleur, en eau
chaude sanitaire voire également en chaleur de process
à plusieurs bâtiments via un réseau de canalisations
sous-terrain. Chaque bâtiment est ensuite relié au réseau
principal via un échangeur de chaleur (souvent à plaques)
appelé sous-station. Les réseaux de chaleur présentent
de nombreux avantages. Ils permettent les économies
d’échelle et un fonctionnement de la chaudière pendant un
grand nombre d’heure à puissance nominale, les meilleures
conditions de fonctionnement pour assurer un bon rendement et une réduction des émissions de particules fines.
Les livraisons de combustible en plus grandes quantités,
réduisent également son coût.
pour la valorisation matière du bois (papier, panneaux de
particules, etc.). Un phénomène de compétition peut par
conséquent apparaître entre les deux types de valorisation.
Le phénomène se marque principalement dans le cas de
projets énergétiques de grosse puissance, moins à l’échelle
locale. La stratégie que la Région wallonne devra mettre
en place en vue d’atteindre les objectifs 2020 devra tenir
compte de ces aspects. Toutes les mesures nécessaires
doivent être prises en vue de réduire la consommation
d’énergie. Le nouveau régime de primes soutient l’isolation.
Le bois-énergie représente, pour les communes forestières,
le moyens de valoriser des bois de moindre qualité ou peu
rémunérateurs sur le marché classique.
n Informations supplémentaires
n 5. Un régime
de prime favorable
Depuis le 1er janvier 2008, les chaudières automatiques
biomasse sont éligibles à la prime du fonds pour une
utilisation rationnelle de l’énergie en fonction du statut
du porteur de projet. Pour les particuliers, une déduction
fiscale est également attribuée. A partir du 01/05/2010, un
nouveau régime de primes entrera en application. D’après
les déclarations de Monsieur le Ministre J-M. Nollet en
charge de l’énergie, la prime pour les chaudières automatiques biomasse (pellets, plaquettes, poly-combustibles)
sera poursuivie. La nouveauté de ce régime résidera dans
la mise en place d’une prime pour l’installation d’un réseau
de chaleur par des particuliers (ex. : habitats groupés). La
prime sera calculée en fonction du métrage de canalisations posé et comprendra une aide pour l’acquisition et le
raccordement de chaque sous-station.
n 6. Les plaquettes
en Wallonie
A l’heure actuelle, 22 projets sont en fonctionnement dans le
domaine public dont une quinzaine est associée à un réseau
de chaleur. Ils permettent l’économie annuelle de l’émission
de 4000 T de CO2 (FRW, 2009). Les premiers projets ont
vu le jour il y a environ 5 ans après un long processus de
mise au point. Ces précurseurs ont permis l’acquisition de
l’expérience nécessaire à la mise en place d’un projet dans
de bonnes conditions et ont prouvé que l’installation d’une
chaufferie plaquettes était un projet générateur d’emploi,
d’expertise et de dynamisme.
La Wallonie compte une dizaine de producteurs de plaquettes, certains proposent une prestation de service
broyage. La liste est disponible auprès des Facilitateurs
bois-énergie de la Région wallonne.
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Les ressources en biomasse utilisées pour produire des
plaquettes de bois sont parfois identiques à celles utilisées
– Facilitateurs bois-énergie de la Région wallonne : www.valbiom.be www.frw.wallonie.be - www.irco.be
– Fiches descriptives des projets de chaufferies bois publiques en
cours: www.frw.be
– Julien Hulot (IRCO). 2009. Note relative aux normes d’émissions des
chaudières biomasse applicables en Région wallonne. 6 P.
– Communiqué de presse de Monsieur le Ministre Nollet du
19/02/2010 présentant le futur régime de primes. http://gouvernement.
wallonie.be
– Dossier spécial bois-énergie. Forêt wallonne, 104 : 64 p.
– ADEME. 2007. Mise en place d’une chaufferie au bois. Etude et installation d’une unité à alimentation automatique. Eds. EDP Sciences,
Les Ulis et ADEME, Angers. 169 p.
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