Perrault mon ami

Transcription

Perrault mon ami
Yak Rivais
Perrault
mon ami
Dans la même collection
François Rabelais / Yak Rivais
Gargantua
Le texte de Rabelais, adapté par Yak Rivais pour un public de lecteurs
de 9-10 ans ou de 10-12 ans (2 versions), sans édulcorer l’histoire originale.
50 dessins couleurs de Yak Rivais.
Mise en ligne en septembre 2011.
Le Polygraphe numérique
www.polygraphe.fr
[email protected]
Ce document peut être imprimé pour un usage personnel
ou reproduit dans le cadre d’une activité scolaire,
d’une animation en bibliothèque ou centre de loisirs.
Cette autorisation de reproduction est accordée
pour une séance et un groupe.
Yak Rivais est l’auteur de
nom­breuses histoires pour la jeunesse,
parues chez plusieurs éditeurs.
Public : 11 ans.
isbn : 978-2-909051-62-8
issn : 2114-4044
© Le Polygraphe / Yak Rivais, 2011.
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Le Chat botté / Dialogue : Mon œil !.........................5
Le Petit Chaperon rouge / Soit… soit…................ 9
Barbe-Bleue / Dialogue (commérages) : Yen a qui….13
Cendrillon / Pléonasmes, vérités de La Palice :
Tout commence par le début..................................... 17
Le Petit Poucet / Groupements.
Comme le titre « Le Petit Poucet » comporte treize
lettres, tous les mots de l’histoire sont assemblés
en groupes de treize lettres..................................... 21
Les Fées / Comparaisons populaires :
Bête comme chou !.................................................. 27
La Belle au Bois dormant / Saynète, la forme
négative : Il ne pouvait pas en être autrement............ 31
Les Souhaits ridicules / Passé simple :
Le bûcheron abatta un arbre...................................37
Riquet à la houppe / Acrostiche de phrases............. 41
Peau d’Ane / Journalisme.........................................45
Courte biographie de Charles Perrault / (Parenthèses)..... 51
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Sommaire
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(Dialogue : Mon œil !)
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V
ous dites que le chat parlait ?
– Notre père était meunier. À sa mort, le
moulin est revenu à mon frère aîné, l’âne à
mon deuxième frère. Moi, je n’avais rien. Je suis parti.
Le chat m’a suivi. Il me consolait. Il m’a demandé une
paire de bottes.
– Le chat ? Vous plaisantez !
– Je les lui ai données. Il est allé à la chasse.
– Mon œil ! Il n’a pas le droit de chasser sur les terres
du seigneur !
– Il a capturé des lapins, des perdrix. Il les a portés
au roi de la part du marquis de Carabas. Il avait inventé
le nom.
– Il a pu s’approcher du roi ? Lui parler ? Mon œil !
– Un matin, il m’a mené au bord du lac. Il m’a
ordonné de me déshabiller et de me jeter à l’eau. Il a
caché mes vêtements. Et comme un carrosse venait, il
s’est mis à crier : « À l’aide ! Mon maître le marquis de
Carabas a été attaqué par des voleurs ! Ils lui ont volé ses
habits ! » Le carrosse s’est arrêté. C’était le carrosse du
roi.
– Et le roi s’est arrêté ? Pour un chat ? Mon œil ! Vous
ne me ferez jamais croire ça !
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Le Chat botté
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– Le roi m’a fait monter dans son carrosse où j’ai
rencontré sa fille, la princesse. Elle était très belle. Elle
m’a plu tout de suite et je lui ai plu aussi.
– Et le roi ne se fâchait pas ? Vous vous moquez de
moi ?
– Non. Le chat botté courait devant le carrosse. Il
ordonnait aux paysans qui moissonnaient de dire au roi
que les champs m’appartenaient. Il les menaçait d’être
hachés menu comme chair à pâté s’ils ne le faisaient
pas. Et ils le faisaient !
– Allons donc ! Personne n’a jamais eu peur d’un
chat !
– Ils n’avaient pas peur du chat. Ils croyaient qu’il
était au service du roi, et ils avaient peur du roi. Et
pendant ce temps-là, le chat était arrivé au château
d’un ogre. C’était lui, le propriétaire des champs. Un
monstre redoutable, capable de se changer en n’importe
quel animal !
– En n’importe quel animal ? Mais c’est impossible !
– Par défi, le chat l’a prié de se changer en lion, et
l’ogre l’a fait aussitôt ! Le chat a eu si peur qu’il s’est
réfugié sur le toit par la fenêtre ! Mais quand il est
redescendu, il lui a demandé s’il avait aussi le pouvoir
de se changer en petit animal, par exemple en une
minuscule souris.
– Et l’ogre a été assez bête pour le faire ? Mon œil !
– Il s’est changé en souris, pour prouver que c’était
possible. Le chat s’est jeté dessus et il l’a croqué. Il est
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venu ensuite au-devant du carrosse royal, et il nous a
dit : « Bienvenue au château du marquis de Carabas. » Le
roi a compris que j’étais riche. Il m’a donné la princesse
en mariage. Et maintenant je suis prince.
– Franchement, ça m’épate ! Mais qu’est devenu le
chat botté ?
– C’est un grand seigneur. Il ne fait plus rien. Il
bâille toute la journée. Il ne chasse les souris que pour
se divertir. Il ne porte plus de bottes, mais un beau
chapeau. C’est le… chapeauté. Vous ne dites plus rien ?
– Heu… Mon œil ?
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Soit… soit…
* Il y aurait une autre possibilité lors de la rencontre du loup et de la fillette.
Ce serait que le loup affamé se jette sur le beurre et sur les galettes. Mais alors
le conte s’achèverait à la ligne 12.
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L
a maman demande à sa fille de porter un
pot de beurre et des galettes à sa mère-grand
malade. Soit la petite fille accepte : elle enfile son
chaperon rouge, elle reçoit le panier et elle part. Soit la
petite fille refuse et l’histoire ne commence pas. D’accord ?
La petite fille accepte. Elle s’en va. La mère-grand
demeure de l’autre côté de la forêt. Soit la petite fille fait
le tour par la grand-route où elle ne rencontre aucun
loup. Soit elle traverse la forêt et elle en rencontre un
méchant. Choisissez.
Bon. Elle le rencontre. Il est affamé. Soit il la dévore
tout de suite, soit il n’ose pas le faire à cause de bûcherons, et il lui demande où elle va. C’est vous qui
voyez.*
Donc il lui demande où elle va. Elle répond. Il
propose un jeu : « Tu iras par ce chemin-ci, et j’irai par
ce chemin-là, nous verrons qui de nous deux arrivera le
premier. » Et alors, soit le loup s’élance par le chemin le
plus long et il est idiot ; soit il file par le chemin le plus
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Le Petit Chaperon rouge
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court pendant que la fillette cueille des fleurs. On vous
laisse le choix.
Il court par le raccourci ? Très bien. Il arrive à la
maisonnette. Il toque à la porte. Toc-Toc-Toc. « Qui
est là ? » se renseigne la mère-grand sans quitter son lit.
« C’est moi le petit Chaperon rouge. Je vous apporte un
pot de beurre et des galettes que ma mère vous envoie »,
répond le loup en contrefaisant la voix de l’enfant.
« Tire la chevillette et la bobinette cherra », lui dit la vieille
dame. Le loup pousse la porte. Et là : soit la mèregrand a reconnu la voix du loup, elle l’attend derrière
la porte et lui flanque sur le crâne un coup de tisonnier
qui l’étend raide mort ; soit elle ne l’a pas reconnu et le
loup la dévore. Après quoi, il se met au lit, le bonnet de
dentelle sur la tête. Vous me suivez ?
Bon. Arrive alors :
a. soit le petit Poucet qui s’est trompé de maison ;
b. soit les petits cochons, qui se demandent ce qu’ils
font dans un conte de Perrault ;
c. soit le Chaperon rouge avec son panier et ses fleurs.
Vous avez choisi ? L’enfant toque à la porte. Le
dialogue s’engage. « Qui est là ? » « C’est moi votre petite
fille, etc. » « Tire la chevillette, etc. », et même si la petite
fille trouve que sa mère-grand a une drôle de voix, elle
fait ce qu’on lui commande de faire. Et alors, soit la
porte refuse de s’ouvrir parce que le loup l’a forcée : il
faut appeler un serrurier, ce qui complique l’histoire
inutilement ; soit la porte s’ouvre et le Chaperon rouge
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entre dans la maisonnette. C’est plus simple, en effet.
« Pose ton panier sur la table, et viens te coucher auprès
de moi », dit la fausse mère-grand. La gamine obéit ou
refuse. En cas de refus, le loup se jette sur elle pour la
dévorer, ce qui prive le lecteur du jeu de questionsréponses entre les personnages, alors qu’en venant
se coucher, elle se fera croquer de toute façon, mais
on profitera de l’échange. C’est vous qui voyez. Elle
accepte ou pas ?
Elle accepte et se couche. Elle pose des questions. Le
loup lui répond. Il a le droit de ne pas répondre si vous
préférez. Mais ce serait dommage après tout ce que
nous avons arrangé pour qu’il le fasse.
– Ma mère-grand, que vous avez de grands bras !
– C’est pour mieux t’embrasser, ma fille !
– Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes !
– C’est pour mieux courir, mon enfant !
– Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles !
– C’est pour mieux écouter, mon enfant !
– Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux !
– C’est pour mieux voir, mon enfant !
– Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !
– C’est pour te manger !
À ces mots, soit le Chaperon rouge continue de poser
des questions, et vous sabotez la fin de l’histoire. (Par
exemple : « Ma mère-grand, que vous avez une longue
queue ! » « C’est pour mieux chasser les mouches ! ») Soit le
loup dévore la petite fille, et le conte est terminé.
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Dialogue (commérages) : Yen a qui…
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D
’accord. Yen a qui ont vu Barbe-Bleue
monter dans son carrosse pour aller à la cour
du roi. Mais yen a qui ne l’ont pas vu.
– Yen a qui disaient qu’il avait été marié déjà six fois. Et
yen a même qui prétendent qu’avant son départ, il aurait
confié les clés du château à sa septième femme, et qu’il lui
aurait interdit d’entrer dans un cabinet mystérieux ?
– Yen a qui croient tout savoir.
– Yen a pourtant qui affirment que sa femme aurait
ouvert la porte interdite. Qu’elle serait entrée dans une
pièce sans fenêtre. Que d’abord, elle n’aurait rien vu, à
cause de l’obscurité, mais que ses yeux s’étant habitués,
elle aurait découvert six cadavres de femmes accrochés
à des portemanteaux ?
– Ceux des femmes disparues, en effet. La pauvre
a lâché sa clé ! Elle l’a ramassée sur le carrelage pour
prendre la fuite. Mais la clé était tachée de sang.
– Yen a qui racontent qu’elle était magique ?
– Yen a qui colportent des sottises.
– Tout de même. Barbe-Bleue revenait plus tôt que
prévu ?
– Il avait croisé son notaire. Ses affaires étaient arrangées. Il a réclamé ses clés. Sa femme se troublait, elle faisait
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Barbe-Bleue
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semblant de chercher. Barbe-Bleue s’est mis en colère.
– Yen a qui assurent qu’il voulait l’égorger comme
les autres. Qu’elle le suppliait de pardonner ?
– C’est vrai qu’elle pleurait. Barbe-Bleue lui a laissé
le temps de dire ses prières. Elle appelait sa sœur qui
faisait le guet au sommet d’une tour du château.
« Anne ! Ma sœur Anne ! Ne vois-tu rien venir ? », répétait
l’épouse menacée. Mais la sœur ne voyait rien. « Yen a
que le soleil qui verdoie et l’herbe qui poudroie », qu’elle
répondait, quelque chose comme ça. Pendant qu’à
l’étage au-dessous, Barbe-Bleue s’impatientait.
– Yen a qui soutiennent que sa femme avait fermé la
porte à clé et qu’il essayait de la forcer ?
– C’est vrai qu’elle s’était enfermée. « Anne ! Ma sœur
Anne ! Ne vois-tu rien venir ? », insistait-elle. Mais la sœur
ne voyait rien. « Yen a que le soleil qui… – Ah ! Je vois de
la poussière ! » « Sont-ce nos frères ? », implorait la femme, car
elle espérait leur visite. Hélas non ! « Yen a qu’un troupeau de
moutons ! », répondait sœur Anne. Et pendant ce temps-là,
Barbe-Bleue s’efforçait d’enfoncer la porte. Sa femme
sanglotait : « Anne ! Ma sœur Anne ! Ne vois-tu rien venir ? »
– Yen a qui racontent que les frères n’avaient pas pu
se déplacer ?
– Ils venaient ! Mais sœur Anne ne les voyait pas.
« Yen a que… », répétait-elle. Mais soudain, elle a
changé de ton : « Ah ! Yen a deux cavaliers qui viennent
de ce côté-ci ! » « Sont-ce nos frères ? », espérait la femme
tandis que Barbe-Bleue donnait de furieux coups
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d’épaule dans la porte. « Oui ! Ce sont nos frères ! Je leur
fais signe de se hâter ! », annonça enfin la sœur Anne.
– Yen a qui racontent que c’est à ce moment-là que
la porte a cédé ! Que les planches ont volé en éclats !
Que Barbe-Bleue s’est précipité dans l’appartement en
brandissant son couteau de boucher ?
– « Vous allez mourir, madame ! », qu’il rugissait
comme un fauve, les yeux rouges, la bouche écumante.
« Attendez ! Encore un instant, par pitié ! », pleurait sa
femme à genoux sur le tapis. Barbe-Bleue venait de
l’empoigner par la chevelure quand il a entendu du
bruit. Les frères accouraient dans les escaliers. Ils l’ont
embroché avec leurs épées !
– Il paraît que ce fut un carnage ? Yen a qui assurent
que le sang avait giclé partout, jusque sur les meubles
et les murs. On en a parlé dans le journal. Yen a même
qui suggèrent que c’était un crime organisé par la
femme et ses frères pour toucher l’héritage du mort ?
– Racontars, Monsieur ! Commérages ! Les photographies des femmes égorgées dans le cabinet prouvent que
la septième épouse était menacée pour de bon ! Yen a qui
inventeraient n’importe quoi pour vendre du papier !
– Pourtant, yen a qui reprochent à sa femme d’avoir
épousé un autre homme après la mort de Barbe-Bleue, et
d’avoir acheté des brevets de capitaine pour ses frères ?
– Yen a qui cherchent la petite bête. S’ils n’aiment
pas ce conte-là, qu’ils en lisent un autre ! Franchement,
yen a marre !

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