Les entrepreneurs à succès s`unissent pour peser

Les entrepreneurs à succès s'unissent pour peser face à Bercy, Financer sa croissance
21/04/15 22:17
Les entrepreneurs à succès
s'unissent pour peser face à Bercy
ANNE DRIF | LE 10/04/2015 À 01:00
Pierre Kosciusko-Morizet (PriceMinister), l'un des fondateurs d'ISAI. - Photo Stéphane Lagoutte/« Challenges »-REA
920 entrepreneurs investisseurs dans 17 fonds créent un club à
l'Afic.Afin d'investir plus massivement, ils vont militer pour un
régime d'imposition amélioré sur les plus-values.
Deux ans et demi après le mouvement des « pigeons », les entrepreneurs à succès, qui réinvestissent leur
patrimoine dans des entreprises, se dotent d'un instrument de lobbying pérenne. Ils se fédèrent au sein d'un
club, à l'Afic (Association française des investisseurs pour la croissance), via les fonds qu'ils abondent. Ces
premiers 920 entrepreneurs, investis dans 17 fonds, comptent bien faire valoir les bénéfices de leur rôle dans
la croissance économique et, par la même occasion, pousser quelques dossiers, notamment réglementaires
et fiscaux, auprès de Bercy.
En quelques années, les entrepreneurs ont en effet réinvesti de manière croissante, et de plus en structurée,
leurs capitaux dans l'économie. Après la première génération des sociétés d'investissement « unipersonnelles
», portées par des figures individuelles comme Marc Simoncini - au travers de son véhicule Jaïna Capital et Xavier Niel - via Kima Ventures -, c'est une vague de fonds collectifs qui s'impose. Et ce, sur toutes les
franges d'investissement, de l'amorçage au capital-développement.
Au total, aujourd'hui, les 17 premiers fonds membres du club de l'Afic gèrent 450 millions d'euros (615 millions
d'euros en y ajoutant la part des institutionnels), investis dans 206 entreprises, dont 138 en cours,
représentant 4.700 emplois. Ce jeudi encore, le premier d'entre eux, ISAI, fondé par Pierre KosciuskoMorizet (PriceMinister), Geoffroy Roux de Bézieux (Omea Telecom) et Stéphane Treppoz (Sarenza) a
annoncé une première levée de 55 millions d'euros pour son second véhicule de capital-risque. Sa
soixantaine d'entrepreneurs souscripteurs historiques a investi 60 % de plus que prévu. ISAI va maintenant
solliciter des entrepreneurs français de Londres, New York et San Francisco, pour les 15 millions d'euros
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restants. Au total, avec son véhicule dédié aux entreprises plus développées, il atteindra 155 millions d'euros
gérés.
Une fiscalité plus adaptée
« L'annonce de la création de ce club n'est que le début », estiment sa présidente, Isabelle de Baillenx, et son
vice-président, Eric Neuplanche. Ce dernier vient de rallier plus d'une centaine d'entrepreneurs autour de son
fonds Capital Croissance, pour 75 millions d'euros, et la première, qui pilote le pionnier des fonds
d'entrepreneurs, Fadiese, lève 25 millions. En effet, « en réinvestissant leur patrimoine dans les entreprises,
plutôt que dans des produits financiers, ces dirigeants promeuvent sur le territoire français un mode de soutien
vertueux à l'économie circulaire, relèvent-ils. Mais ce soutien pourrait être beaucoup plus puissant, si la
fiscalité était plus adaptée ».
Ce sera d'ailleurs l'un des messages qu'ils vont porter auprès de Bercy, afin que le report d'imposition sur les
plus-values, autorisé quand elles sont réinvesties dans une société contrôlée en direct, soit aussi possible
quand ces sommes transitent par des fonds. Les entrepreneurs soulignent que la mesure, en drainant des
capitaux, serait par ailleurs bénéfique à l'Etat. Le dernier coup de rabot porté au régime sur les plus-values de
cession ont fait chuter de moitié ses recettes (« Les Echos » du 24 mars).
Alter Equity lève 33 millions d'euros de capital « responsable »
L'ex-responsable des opérations financières de Wendel, le symbole de l'investissement entrepreunarial français,
Fanny Picard a lancé il y a deux ans Alter Equity, un fonds d'entrepreneurs dédié à l'investissement socialement
responsable. Le fonds, qui met un point d'orgue à intéresser personnellement les dirigeants à des objectifs non
financiers et s'est allié aussi la CFDT, vient de boucler une levée de fonds de 33 millions d'euros. Il s'est entouré
de dirigeants comme Olivier Duha, le cofondateur de Webhelp, Alain Roubach, celui de Léon de Bruxelles, ou
encore Nicolas Brumelot, le cocréateur de Go Voyages, et Pierre Deschamps, ancien président d'Unilog. Alter
Equity a réalisé son premier investissement dans Bo.ho Green, une entreprise de consommation responsable.
Breega Capital, le fonds des personnalités des télécoms
Fondé par trois entrepreneurs du monde des télécoms et de l'Internet (Maximilien Bacot, Benoît Marrel et
François Paulus), Breega Capital s'est entouré d'investisseurs phares du secteur, comme Michel Combes (PDG
d'Alcatel-Lucent), Jean-Luc Vaillant, le cofondateur de LinkedIn, ou Serge Tchuruk (ex-président du conseil
d'administration d'Alcatel-Lucent ). Le fonds en cours de collecte d'une trentaine de millions d'euros cible des
start-up technologiques, du logiciel aux drones civils, qui cherchent un premier tour de financement
professionnel entre 500.000 euros et 2 millions d'euros. Labellisé premier fonds de capital-risque européen,
Breega a déjà investi dans Nanolike qui propose des solutions nanotechnologiques innovantes notamment pour
l'Internet des objets, dans Let, un réseau social pour adolescents ou encore Zeepro qui a développé la première
imprimante 3D grand public plug-and-play.
ISAI, le leader qui va conquérir les entrepreneurs de l'étranger
Plus important fonds collectif d'entrepreneurs avec 155 millions d'euros sous gestion, créé il y cinq ans par Pierre
Kosciusko-Morizet, Geoffroy Roux de Bézieux, Stéphane Treppoz et Ouriel Ohayon, ISAI a dépassé de 60 % son
premier seuil de levée dans le capital-risque (post-amorçage) à 55 millions d'euros. Après avoir rassemblé une
soixantaine d'entrepreneurs, le fonds qui a fait le succès de Blablacar va donc augmenter sa levée finale à 70
millions d'euros. Pour le solde, ISAI ira conquérir les entrepreneurs français de San Francisco, de Londres et de
New York afin de pousser vers l'international. Il a aussi lancé une initiative dédiée aux entreprises en création,
avec un « seed club » qui lui permettra d'investir aux côtés d'entrepreneurs.
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