Climat : It`s now or never (Air connu)

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Climat : It`s now or never (Air connu)
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Climat : It’s now or never (Air connu)
jeudi 2 juin 2016, par Arnaud Collignon
Le 24 mai, au Conseil central de l’économie, le centre d’étude Climact et le Bureau du plan ont présenté
les résultats préliminaires de leur étude sur les coûts et les bénéfices d’une Belgique n’émettant
(quasiment) plus de gaz à effet de serre en 2050. Les résultats viennent confirmer pour notre pays ce que
de nombreuses études avaient déjà démontré au niveau international [1]. Une Belgique « décarbonnée »
en 2050 s’en sortirait mieux en termes d’emplois et en termes de développement économique qu’une
Belgique dépendante aux énergies fossiles... A condition bien sûr de s’y mettre dès maintenant.
Une Belgique bas carbone serait plus robuste économiquement
A la demande de l’administration fédérale, Climact et le Bureau de plan ont repris leurs scénarios « Vers
une Belgique bas carbone en 2050 » publiés en 2012 et les ont soumis à toute une batterie de tests en vue
d’analyser leur impact sur notre économie. Ils ont utilisé pour ce faire des modèles macro-économiques
intégrant de multiple variables du type de ceux utilisés par la Commission européenne pour faire ces
projections au niveau européen (Modèle Hermes notamment).
Les conclusions vont à l’encontre de l’idée dominante. Les investissements nécessaires notamment dans le
renouvelable, dans les transports ou pour rendre nos habitations neutres en énergie seraient plus que
couverts par les économies faites dans l’achat de combustible. Il faut savoir qu’aujourd’hui, notre pays est
dépendant à 94% de sources d’énergie importées, que ce soit le pétrole ou l’uranium. Cela coûte chaque
année plus ou moins 18 milliards d’Euros aux belges. En 2050, notre production énergétique renouvelable
pourrait mettre fin à cette dépendance, avec de substantielles économies à la clé...
En termes d’emplois également, la révolution bas carbone pourrait aboutir aux mêmes effets que les plans
Marshall au lendemain de la guerre. Globalement, les chercheurs estiment qu’un gain net de 80.000
emplois à l’horizon 2030 est envisageable. Evidemment, certains secteurs s’en sortiront mieux que
d’autres. Le secteur de l’énergie devrait perdre des emplois notamment avec la fermeture des
infrastructures de raffinage pétrolier. C’est également le cas dans le transport ou beaucoup d’emplois liés
à l’automobile devraient disparaître. Mais ces pertes seraient très largement contrebalancées par des
nouveaux emplois dans les secteurs de la construction (nous devrons rénover et reconstruire notre bâti à
marche forcée) et dans les services (car une économie bas carbone est également une économie
dématérialisée où la richesse vient davantage des services rendus à la collectivité qu’à la production de
produits)
Qu’attend-on ?
Se projeter à l’horizon 2050 est un exercice périlleux. Plus on se projette loin dans le futur, plus on se
heurte à diverses inconnues : Quelles technologies seront disponibles en 2050, et quel sera le coût de leur
développement ? Quels seront les impacts économiques de la crise environnementale que nous avons
enclenchée, y compris les coûts liés à l’adaptation aux changements climatiques ? Voire même : Dans quel
système socio-politique évoluera-t-on ? (L’Union européenne existera-t-elle encore en 2050 ?)
L’exercice, même s’il présente des limites inévitables, est absolument nécessaire si nous voulons vraiment
résoudre la crise climatique. Une des principales difficultés à laquelle nous devons faire face est
précisément l’incapacité des dirigeants politiques et économiques à se projeter dans le futur, la plupart
des décisions étant aujourd’hui motivées par des intérêts à court terme.
Et le monde dans lequel nous vivrons en 2050 sera en grande partie déterminé par les décisions que nous
prendrons dans les toutes prochaines années. Quelques exemples : un lotissement construit aujourd’hui à
milles lieux d’une gare sera toujours là en 2050, et ses habitants seront dès lors toujours dépendants des
moyens de transport individuels forcement impactant pour le climat et l’environnement. Autre exemple
tiré de l’actualité politique : les projets d’autoroute au sud de Charleroi ou autour de Liège qui
consolideraient la dépendance à l’automobile pour les décennies à venir. Sans parler du projet de centrale
biomasse, peu efficace, et dépendante pour son approvisionnement de pellets non durables importés des
USA (et, demain, de forêts tropicales ?). La durée de vie industrielle d’une telle centrale est de 30 ans,
c’est-à-dire qu’elle tournerait sans doute au minimum jusqu’en 2051...
Le futur que l’on souhaite
Cette étude nous rappelle que face a la crise climatique, nous avons avons deux options. La première est
la voie de l’inaction, du « business as usual » qui nous emmène à terme vers un cul de sac. L’autre est
celle d’une véritable révolution structurelle de notre société. L’étude bas-carbone 2050 nous montre que
cela ne veut certainement pas dire retourner « à l’âge des cavernes », bien au contraire ! Cette voie
pourrait nous amener vers un futur prospère pour le pays et l’Europe... Let’s go, then !
Notes
[1] Rapport Stern de 2008 notamment :
http://mudancasclimaticas.cptec.inpe.br/~rmclima/pdfs/destaques/sternreview_report_complete.pdf

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