La Grèce des Origines. Entre rêve et archéologie

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La Grèce des Origines. Entre rêve et archéologie
La Grèce des origines, entre rêve et archéologie
Dossier pédagogique à destination des enseignants
1
Sommaire
PRESENTATION DE L’EXPOSITION ........................................................................................................... 3
PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES ............................................................................................................. 4
ACTIVITES LIEES A L’EXPOSITION POUR LES CLASSES............................................................................ 26
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PRESENTATION DE L’EXPOSITION
La Grèce des origines, entre rêve et archéologie
Commissariat : Anaïs Boucher, conservateur au Musée d’Archéologie nationale, chargée des collections d’Archéologie
comparée
Commissaires associés : Pascal Darcque, directeur de recherche au CNRS, Haris Procopiou, maître de conférences à l’université Paris I –
Panthéon Sorbonne, Zoi Tsirtsoni, chargée de recherche au CNRS
Plus de 30 après l'exposition Mer Egée, Grèce des Îles au Musée du Louvre et 15 ans après l'exposition l'Europe au temps
d'Ulysse organisée au Grand Palais, les civilisations millénaires qui ont peuplé la Grèce reviennent sur le devant de la scène.
A la fin du XIXe siècle, les archéologues et le public français avaient découvert ces civilisations dans un grand fracas
d’images, de motifs, d'or et de couleurs. La science archéologique comme l’art moderne s'en trouvèrent profondément
bouleversés.
L'exposition La Grèce des origines, entre rêve et archéologie fait revivre la découverte du passé le plus ancien de la Grèce
grâce à des collections de nombreuses institutions françaises et étrangères, de documents d'archives inédits et de
photographies d'époque.
Au cours de ce voyage dans le temps, le public croise des personnalités originales : géologues, archéologues et amateurs
éclairés, sortes de savants à la Jules Verne.
Après les pionniers, qui ont parcouru les Cyclades et ont permis, par exemple, la découverte des premiers vestiges sur l’île
de Santorin, deux hommes surdoués et grands rêveurs, Heinrich Schliemann et Arthur Evans, ont écrit une nouvelle page
d’une autre histoire de la Grèce, bien antérieure à l'époque classique, en fouillant les sites de Troie en Asie Mineure,
Mycènes en Grèce et Cnossos en Crète.
A l’époque, les civilisations de la mer Egée ont fait la une de la presse et les sites archéologiques de Mycènes et Cnossos
sont devenus de nouvelles destinations de voyage. Les artistes sont allés y puiser leur inspiration auprès d’un art neuf,
vibrant et coloré. Décors de théâtre ou d’opéras, costumes, robes et écharpes célébrées par Marcel Proust racontent cette
mode « égéenne » qui s’est alors abattue sur Paris.
C’était il y a plus de 100 ans … et les archéologues portent actuellement un regard différent sur ces civilisations dites
« égéennes », mais les artistes continuent de s’en inspirer, de la haute couture aux bandes dessinées, en passant par les
péplums qui sortent actuellement au cinéma.
Le catalogue de l’exposition permet de manière claire et synthétique de retrouver les notices de toutes les œuvres
présentées dans l’exposition, accompagnées d’essais introductifs qui approfondissent les notions abordées dans les
panneaux de l’exposition. Prix : 35 euros
http://www.boutiquesdemusees.fr/fr/librairie/la-grece-des-origines/7456.html
Nombre de pages 216 /Nombre d'illustrations 220/ Date de parution Octobre 2014/ EAN 9782711861507/Dimensions 22 × 28 × 1,5 cm
Auteur Anaïs Boucher - conservateur au MAN, département d'Archéologie comparée et chercheuse associée de l'UMR 7041
Format Broché avec rabats
Editeur Réunion des musées nationaux - Grand Palais
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PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES AUTOUR DU PARCOURS
Ces propositions pédagogiques s’adressent aux élèves du cycle 3 à la Terminale et peuvent s’inscrire dans des séquences
disciplinaires (arts plastiques, histoire, géographie, lettres, philosophie) ou interdisciplinaires (culture humaniste, histoire
des arts, culture scientifique et histoire des techniques).
Le parcours de l’exposition est divisé en 7 sections qui se distinguent nettement par leurs couleurs et par les titres qui sont
clairement indiqués en début de section.
ENTREE DE L’EXPOSITION : CONTEXTUALISATION
Il s’agit tout d’abord de permettre aux élèves de se repérer : Où se trouve la Grèce ? A quelle époque ont-eu lieu les
découvertes archéologiques dont il est question ?
Naissance d’un Etat et d’une archéologie
Dès son indépendance (1832), la Grèce s’est souciée de protéger ses antiquités en créant un Service archéologique
(1834). Peu de temps après, la première revue d’archéologie grecque, Ephéméris Archaiologiki, est fondée, en même temps
que la Société archéologique d’Athènes.
La France crée en 1846 l’Ecole française d’Athènes pour favoriser l’étude des antiquités, puis l’Allemagne édifie à
son tour un institut d’études en 1874 ; elles seront imitées par de nombreux pays. Ces institutions mènent des recherches
archéologiques systématiques à partir des années 1870-1880 : c’est la fin de la quête des objets de collection.
Des explorations archéologiques de grande ampleur commencent dans les régions nouvellement rattachées à la
Grèce : la Thessalie et une partie de l’Epire en 1881, la Crète en 1913, après avoir été autonome à partir de 1898. Enfin, de
nombreuses prospections ont lieu en Macédoine, une région récupérée lors des guerres balkaniques (1912-1913), pendant
la première guerre mondiale et l’ouverture, en 1915, d’un front oriental.
La Grèce a reconstruit son passé en même temps qu’elle a construit son Etat.
PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES
OBJECTIFS : Se situer dans le temps et dans l’espace. Comprendre le contexte géopolitique.
Niveau primaire
Avant : Resituer la Grèce dans le monde et en Europe à l’aide de différentes cartes. Voir l’importance de la mer Egée et des
îles pour ce pays, montrer des photos du paysage méditerranéen de cette région.
Pendant : Regarder la carte qui se trouve sous le panneau où l’on voit que la Grèce est au départ un état très petit qui va
grandir progressivement. Chercher la capitale : Athènes, et montrer où se trouvent les Cyclades ou la Crète.
Niveaux collège et lycée
Avant : Regarder une carte de l’Europe entre 1815 et 1848, constater quelle est la situation de la Grèce d’un point de vue
géopolitique dans le mouvement de la montée des nationalismes. Quel empire occupait le territoire grec ? Comment la
Grèce est-elle devenue indépendante ? Quelles grandes puissances ont aidé la Grèce à devenir indépendante ?
Pendant : Regarder la carte située sous le panneau pour bien comprendre l’expansion de l’état grec. Comparer les
puissances qui ont aidé la Grèce à devenir indépendante et les institutions archéologiques étrangères qui sont créées à
Athènes.
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L’ETAT GREC 1832-1947
©Thierry Renard
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Section 1 : La découverte des premiers objets préhistoriques en Grèce
L’image que peuvent avoir les élèves de la Grèce antique est sans doute celle des temples ou des sculptures en marbre,
comme la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace… c’était aussi celle de la plupart des savants du début du XIXe siècle.
L’exposition va leur faire découvrir des objets étranges, qu’ils n’ont sans doute jamais vus… Ils se retrouvent un peu dans la
même position que les premiers découvreurs : Que sont ces objets ? Quel est leur matériau ? A quoi servaient ces objets ?
Et de quand peuvent-ils bien dater ? Ces questionnements amènent à réfléchir à ce qu’est l’archéologie, comment à partir
d’objets minimes pouvons-nous tenter de comprendre le passé à défaut de textes…
La collecte de haches polies et d’outils en obsidienne
« La Grèce a passé par les différents âges que nous reconnaissons dans l’enfance de l’Europe occidentale […]. L’Orient a eu
lui aussi son âge de pierre qui attend encore des esprits curieux de l’étudier » Albert Dumont
e
La fin du XIX siècle voit apparaître des pionniers qui s’intéressent au passé le plus ancien de la Grèce : sa préhistoire.
Deux savants français commencent à collecter des haches polies et divers outils en pierre taillée : François Lenormant, un
orientaliste, attire l’attention sur les objets de « l’âge de pierre » que la plupart des savants ne prenaient même pas la peine
de regarder. Albert Dumont, jeune membre de l’Ecole française d’Athènes a une meilleure compréhension des objets
préhistoriques. Il est en contact avec un savant anglais, George Finlay, qui a parcouru la Grèce à la recherche d’outils en
pierre et a battu en brèche l’idée qu’il s’agit d’armes laissées par les Perses.
Les haches polies, aussi appelées « pierres de foudre » ou « céraunies » (du grec keraunos, tonnerre) font l’objet d’autres
idées reçues : selon une croyance populaire, ces pierres formées dans la terre en quarante jours, là où le tonnerre est
tombé, servent de talismans. Il faut donc déjouer les superstitions et découvrir les pierres collectées par les paysans et
cachées aux archéologues.
Il y a moins de préjugés autour des lames et flèches en obsidienne, une roche vitreuse d’origine volcanique. Alors que le
principal gisement de Grèce se trouve sur l’île de Milo, ces outils sont découverts dans toute la Grèce : les échanges
maritimes existaient donc à « l’âge de pierre » !
La découverte des cycladica
« La sculpture se traînait misérablement dans les Cyclades […] Tout le progrès consistait à détacher les jambes des petites
idoles…Quand on osait traiter des sujets plus complexes […] on produisait des monstres » Gustave Glotz
e
Dans les Cyclades, les collectionneurs commencent à la fin du XVIII siècle à acquérir des objets très anciens, idoles et vases,
e
e
que l’on date actuellement des IV et III millénaires avant J.-C. : les cycladica. Ces antiquités, bien que décrites comme
« laides » et « barbares », sont données en cadeau aux hôtes officiels de la Grèce. Tel a certainement été le cas de
Théodore de Lagrené, ministre résident et plénipotentiaire de la France qui a séjourné à Athènes de 1835 à 1836 et a offert
sa remarquable collection en 1849 à la ville d’Amiens.
Dans les années 1840, sous l’effet de la demande, des marchands d’art s’adonnent à des fouilles clandestines pour se
réapprovisionner en cycladica et à partir de 1880, la plupart des objets se retrouvent dans des musées et des collections
privées. Les autorités prennent conscience de la nécessité de préserver ces objets et l’État grec établit en 1886 l’Éphorie des
antiquités pour les îles. Christos Tsountas, « le père de l’archéologie cycladique », met ainsi au jour, dans les années 1890,
plusieurs tombes, d’Amorgos à Siphnos, et un village sur l’île de Syros. Avec ces fouilles scientifiques, on s’aperçoit que la
plupart des cycladica proviennent de tombes.
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Les haches polies, marqueurs recherchés de la
préhistoire grecque
Dix haches polies
Missolonghi, Étolie-Acarnanie; Athènes
; Tanagra, Béotie; Argolide;
Le Pirée, Attique; Kymi, Eubée ;
Salagora, Épire ; Attique , Grèce
Granodiorite ; roche indéterminée ;
aplite ; grès (?) ; serpentinite ; gneiss ; roche granitoïde;
serpentinite; roche sédimentaire (?)
L. 3 à 7,4 ; l. 2,1 à 5,5 ; ép. 0,9 à 4 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée
d’Archéologie nationale, inv. 18644,
18645, 18646a et b, 18647, 18648, 18649,
18650a et b, et 19461
Prov. : ancienne collection de G. Finlay, nos 411,
397, 241 et 254, 352, 386, 171, 436 et 444, 363 ;
don de A. Dumont en 1872.
Bibl. : archives MAN Dumont ; Dumont 1867a ;
Dumont 1869 ; Finlay 1869 ; Dumont 1872 ;
Arch. comp., I, 1982, p. 207-208.
Toutes ces haches de formes variées ont été envoyées
par A. Dumont, membre de l’École française d’Athènes,
en 1872. À la demande de A. Bertrand, directeur du
musée des Antiquités nationales. A l’époque, très peu de ces objets avaient été trouvés en Grèce et les paysans qui en
découvraient dans leurs champs les conservaient souvent comme des amulettes et refusaient de les montrer aux
archéologues.
Les cycladica, objets pour les collectionneurs
Figure attribuée au sculpteur de Goulandris
Grèce
Cycladique ancien II, type de Spédos récent,
vers 2600-2500 av. J.-C.
Marbre blanc
H. 39 ; l. 10,5 cm
Paris, Bibliothèque nationale de France,
département des Monnaies, médailles et antiques,
Reg. 57.22. (Reg. A.3953)
Prov. : acquise à Paros en décembre 1859, et donnée
par F. Lenormant à la Bibliothèque impériale.
Bibl. : Caubet, Getz-Gentle et Pic 2013, p. 67-72.
Cette statuette en marbre est appelée dans les inventaires de la Bibliothèque
Impériale, « Vénus primitive ». Malgré l’intérêt que manifestent durant la seconde
moitié du xixe siècle les grands musées européens pour les antiquités qui venaient des
Cyclades , ce sont sans doute des descriptions peu flatteuses qui ont plongé dans
l’oubli ce chef d’œuvre : elle était en effet jugée grossière et laide.
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PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES
Niveaux primaire/ collège/lycée
OBJECTIFS : Définir ce qu’est l’archéologie et quelle est la démarche des premiers archéologues au XIXe siècle. Se repérer
dans le temps entre les différents « âges » qui correspondent à des évolutions techniques et à une utilisation différente
des matériaux.
Avant : Demander aux élèves ce que représente l’archéologie et les archéologues pour eux. Les amener à en donner une
définition simple et à s’interroger sur les sources utilisées par les archéologues pour connaître le passé. On peut leur
montrer des frises chronologiques afin qu’ils resituent simplement la Préhistoire, l’Antiquité et qu’ils perçoivent la distance
qui nous sépare de ces époques.
Pendant : Mettre les élèves en situation « d’explorateurs » : ils doivent observer les objets, les dessiner, définir leur
matériau et imaginer à quoi ils pouvaient servir. Ils peuvent aussi donner leur avis : les trouvent-ils beaux ? Et, comme cela
leur est permis, en toucher certains : quelle sensation éprouvent-ils ?
Les premiers sont en pierre et les archéologues ne savaient pas bien les dater d’où cette appellation « d’âge de pierre »,
mais ensuite, dans les objets des Cyclades, on trouve de la céramique, du bronze…Cette diversité des matériaux prouve
qu’il s’agit d’objets plus récents (comme le montrent les frises chronologiques présentes sur les panneaux).
Après : On peut demander aux élèves de réfléchir aux objets en pierre qu’ils utilisent toujours (pour qu’ils se rendent
compte qu’une certaine continuité existe dans la fonction des objets), mais aussi aux nouveaux matériaux que nous
utilisons de nos jours : peut-on parler « d’âge du plastique» ?
Comme les objets « préhistoriques » grecs n’ont pas toujours été appréciés au moment de leur découverte, car on ne les
trouvait pas « beaux », on peut leur demander de chercher des exemples d’objets qui étaient jugés beaux et ne sont plus
appréciés de nos jours, ou qui au contraire ont été dénigrés et reviennent au goût du jour. L’idée est de les faire réfléchir à
l’évolution du goût, à ses critères, à ce qui est jugé beau ou pas…Enfin, puisque l’archéologie est une science, leur
demander si d’après eux, l’on ne doit étudier que les « beaux objets » ?
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Section 2 : Santorin, une extraordinaire découverte tombée dans l’oubli
L’île de Santorin pendant l’éruption de 1866 (lithographie coloriée) © Leemage
Une civilisation ensevelie sous la cendre
« Sur l’emplacement actuel de la baie de Santorin, nous constatons qu’il a existé une grande île habitée par une population
agricole, industrielle et commerçante. Les documents géologiques nous permettent, pour ainsi dire, d’assister à sa ruine et
de nous représenter le spectacle de ses habitants écrasés sous les ponces ou engloutis dans les abîmes du volcan »
Ferdinand Fouqué
Le volcan de Santorin entre en éruption en 1866. L’événement attire le géologue Ferdinand Fouqué, accompagné de
François Lenormant, envoyé spécial de l’empereur Napoléon III.
En 1867, Fouqué s’intéresse à une carrière de pierre ponce, sur l’îlot de Thérasia : il poursuit le travail de fouilles commencé
par le propriétaire et achève de dégager un bâtiment. Il constate qu’il existe là tout un village, enseveli sous les matériaux
d’une gigantesque éruption qu’il date des environs de 2000 av. J.-C.
La même année, il explore deux ravins près d’Akrotiri. Il observe là aussi des pans de murs, des outils en lave et en pierre
taillée, notamment en obsidienne de Milo, et des amas de vases brisés. Cette céramique est étudiée avec soin, et Fouqué
rapporte en France des vases, comme ceux conservés au musée du Louvre.
Fouqué a eu conscience de découvrir « une Pompéi barbare et antéhistorique », dont on sait aujourd’hui qu’elle disparut
durant l’âge du Bronze, vers 1600 avant J.-C.
Les fouilles oubliées de Gorceix et Mamet
« Les fouilles de Santorin […] seront certainement considérées comme une des plus grandes découvertes qu’ait faites depuis
longtemps l’archéologie préhistorique » Albert Dumont
En 1870, le directeur de l’Ecole française d’Athènes, Émile Burnouf, prend l’initiative de demander l’autorisation de
déblayer « un coin de la Pompéi préhistorique tout récemment étudiée par Fouqué». Cette fouille, qui a lieu du 16 avril au
22 mai 1870, est confiée à deux savants : Henri Gorceix, un géologue, et Henri Mamet, qui, dit-on, lézarde au soleil.
Reprenant les endroits déjà explorés par Fouqué à Akrotiri, ils trouvent des murs couverts de fresques et beaucoup de
vases parfaitement conservés. Par ailleurs, au lieu-dit Balos, ils dégagent, sous vingt-deux mètres de ponce, un nouveau
bâtiment. Une vaste agglomération surgit, avec ses maisons, ses portes en bois, ses outils, ses vases encore pleins d’orge,
de seigle, de pois ou de lentilles.
Gorceix et Mamet rapportent à l’Ecole française d’Athènes un quart des objets découverts et Burnouf restaure lui-même
les céramiques sur lesquelles Fouqué réalise des lames minces pétrographiques pour observer l’argile au microscope.
Burnouf exécute aussi de nombreux dessins et fait même réaliser des photographies dans le but d’une publication. Mais,
hélas, à Paris, la guerre de 1870 puis l’attrait d’autres fouilles, plongent de nouveau dans l’oubli la civilisation de Santorin.
Les fouilles ne reprendront pas avant 1967.
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Deux cruches à col renversé et à mamelons
Akrotiri, Santorin
Cycladique récent I, vers 1600 av. J.-C.
Céramique peinte
a. H. 23 cm
b. H. 21,5 cm
Athènes, École française d’Athènes, inv. 37-38
Prov. : fouilles de Gorceix et Mamet en 1870.
Bibl. : Fouqué 1879, pl. XLI (4) (?) pour no 37 ;
Dumont et Chaplain 1888, p. 21 (6),
pl. 1 (3), pour no 37 ; Renaudin 1922,
p. 153, fig. 20a et e, cat. 37-38 ; Maffre 1972,
p. 30, fig. 14 (56-57).
Les cruches à mamelons possèdent une décoration peinte en sombre sur fond clair. Il est possible que ces vases, considérés
comme des imitations du corps féminin, aient eu une fonction rituelle.
PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES
OBJECTIFS : Découvrir les méthodes de l’archéologie et la notion de stratigraphie
Avant : Définir ce qu’est la géologie et ce qui la différencie de l’archéologie. Sur une frise chronologique, montrer les temps
géologiques (formation de la terre) et les temps historiques.
Pendant : Observer l’image représentant l’éruption volcanique de Santorin en 1866. Les élèves ont-ils déjà vu des volcans ?
Ont-ils cette forme ? Pourquoi l’ile de Santorin a-t-elle cette forme étrange ?
Les objets découverts à Santorin : Pourquoi ont-ils étaient retrouvés ensevelis ? Est-ce qu’ils sont entiers ? S’ils étaient
cassés, ont-ils étaient réparés ?
A près les avoir découverts, qu’ont fait les archéologues ? Dessins, photographies (les premières pour l’époque).
Les élèves, comme les archéologues peuvent dessiner les objets qui les intéressent le plus, les prendre en photo et noter
des informations importantes. Ces notes leur serviront à réaliser une fiche de l’objet en classe, où ils le décriront et
essaieront d’expliquer sa fonction.
Cette activité peut-être poursuive dans toutes les sections de l’exposition.
Après : En classe, les élèves peuvent présenter à leurs camarades leurs objets préférés, dont ils auront dressés la « fiche
d’identité », à l’image des cartels présents dans l’exposition : Qu’est-ce que c’est ? D’où cela vient ? De quand cela date-til ? En quoi cela est –il fait ? A quoi cela servait-il ?
Pour les plus grands, approfondir en leur demandant d’effectuer des recherches sur Pompéi et l’éruption volcanique qui a
ensevelie cette ville romaine. Leur faire comprendre qu’une catastrophe naturelle majeure, qui a tout détruit, qui a causé la
vie des habitants, paradoxalement a conservé des objets et des maisons dans un très bon état.
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Section 3 : La révolution archéologique d’Heinrich Schliemann
Sidney Hodges, Portrait d’Heinrich Schliemann, huile sur toile, 1877; Berlin, Museum für Vor- und Frühgeschichte
© BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / image BPK
A la recherche de la Troie d’Homère
« Il est inutile de se demander si Schliemann, […] est parti d’une hypothèse vraie ou fausse. […] La cité brûlée serait encore
ensevelie et inconnue, si l’imagination n’avait pas conduit la pioche » Rudolf Virchow
e
Troie ! La légende est née de la magie des poèmes attribués à Homère, L’Iliade et L’Odyssée, composés au VIII siècle av. J.-C.
Ces épopées racontent une guerre, au cours de laquelle des contingents achéens (grecs) sont venus assiéger en Asie
e
mineure une grande ville dénommée « Troie », commandée par le roi Priam. A partir du XVIII siècle, des générations de
voyageurs ont cherché à identifier la célèbre cité, comme Heinrich Schliemann, un riche autodidacte d’origine allemande.
Après une rencontre avec un diplomate anglais, Frank Calvert, Schliemann décide d’orienter ses recherches vers la colline
d’Hissarlik près du détroit des Dardanelles. A partir de 1870, pendant vingt ans, il découvre non pas une seule cité, mais
sept niveaux successifs, et nomme le niveau II, « Troie de Priam ». Les vestiges archéologiques, calcinés par un terrible
incendie, semblent correspondre aux textes homériques. Mais en raison de critiques acharnées et de la révision des
données par son collègue l’architecte Wilhelm Dörpfeld, Schliemann doit reconnaître en 1890 que la « cité brûlée » est
antérieure à l’époque d’Homère.
Schliemann, a cependant mis au jour une civilisation importante de l’âge du Bronze et a fait entrer l’archéologie dans la
modernité: travail d’équipe avec des spécialistes, publications rapides et étude des vestiges matériels les plus modestes. Il a
aussi diffusé ses découvertes au grand public, notamment grâce à l’image de son épouse grecque, Sophia, parée du « trésor
de Priam ».
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Bâtiments troyens découverts dans la tranchée sud-est, fouilles de 1870–1882 menées par Heinrich Schliemann, fig. 7, Heinrich Schliemann,
Ilios , ville ville et pays des Troyens, Paris, 1885 © Leemage
Quelques objets emblématiques des fouilles de Troie
Schliemann découvre des objets inconnus et s’efforce de les interpréter. Ainsi, d’après une mention dans l’Iliade, il baptise depas
amphikypellon, « coupe à boire à deux anses », un gobelet étroit et profond muni de très grandes anses verticales. De nombreux
exemplaires de ces vases, sans doute destinés à contenir du vin, ont été retrouvés dans la couche II, datée aujourd’hui de 2500-2300 avJ.-C.
Depas amphikypellon
Fouilles Schliemann, Hissarlik (Troie),
Turquie
Troie II-IV, entre 2600 et 1900 av. J.-C.
Céramique tournée et lissée
H. 25,3 ; l. max. 16,8 ; D. ouverture 9,6 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée
d’Archéologie nationale, inv. 29329
Prov. : don de Sorlin-Dorigny en 1885.
Bibl. : Arch. comp., II, 1989, p. 137 ; Louvres 2012.
La Troie homérique était placée sous la protection d’Athéna : il est donc tentant pour
l’archéologue de voir dans les vases dessinant un corps féminin schématique et les idoles en
marbre, la figure de la déesse ou de son animal, la chouette, symbole de sagesse. On ignore
toutefois encore aujourd’hui la fonction exacte de ces objets découverts dans des habitats.
Vase anthropomorphe
Troade, Turquie
Troie II-V, entre 2600 et 1800 av. J.-C.
Céramique modelée
H. 17 ; D. 14 cm
Paris, musée du Louvre, inv. AM 542
Prov. : don de M. Sorlin-Dorigny en 1894.
Bibl. : Joukovsky 1996, fig. 5. 19.
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Une archéologie moderne : la vie quotidienne des Troyens
Les fouilles de Schliemann s’accompagnent d’un enregistrement (description, dessin, parfois photographie) et d’une publication
minutieuse de tous les objets, aussi modestes soient-ils, même si l’on n’identifie pas toujours leur fonction.
Schliemann récolte de très nombreux outils en pierre : des meules en pierre de lave et surtout des haches polies. Il découvre que ces
dernières n’appartiennent pas à « l’âge de pierre », car elles sont associées à des outils en cuivre ou en bronze.
Outre les vases, dont se servaient les habitants au quotidien, Schliemann retrouve de petits éléments en terre cuite qu’il appelle
« volcans», souvent décorés, selon lui, de symboles religieux. Ce sont en réalité des pesons que l’on fixait sur les fuseaux pour filer la laine !
Une découverte controversée
En août 1889, Schliemann visite le « Musée des Antiquités nationales » guidé par Alexandre Bertrand, son directeur et Salomon Reinach,
conservateur, avec d’autres conférenciers du Congrès international d’anthropologie et d’archéologie de Paris. Mais à cette occasion, la
thèse circule que la colline d’Hissarlik serait une nécropole. Troie n’est plus dans Troie !
Pour montrer à ses détracteurs qu’il s’agit bien de cités superposées, Schliemann organise en 1890 de nouvelles fouilles et équipe même
son chantier de voies ferrées. Il écrit (en français et en grec) à Salomon Reinach qu’il cherche à gagner à sa cause, et invite des scientifiques
renommés à un congrès à Hissarlik.
PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES
OBJECTIFS : Comprendre les méthodes des archéologues mais aussi les risques de se fier à son imagination en
archéologie
Avant : Présenter les épisodes de la Guerre de Troie dans l’Iliade d’Homère. Les élèves peuvent rechercher des informations
complémentaires sur certains héros ou certaines divinités. Il faut bien rappeler aux élèves que les poèmes d’Homère ont
été pendant longtemps les seuls récits d’aventures que les enfants grecs dans l’Antiquité mais aussi les élèves du XIXe siècle
connaissaient.
Pendant : Regarder sur la carte où se trouve le site de Troie/ Hissarlik puis le plan de la colline d’Hissarlik éventrée par les
fouilles de Schliemann. S’imaginaient-ils la ville ainsi ? Bien expliquer qu’il ne s’agit pas d’une seule ville, mais d’une colline
qui s’est formée parce que plusieurs villes se sont construites les unes au dessus des autres… la plus ancienne se trouve
donc tout en bas.
Leur faire chercher sur les différents panneaux et dans les vitrines les outils qui ont pu être utilisés pour réaliser ces
fouilles : d’abord des pelles, des pioches, des brouettes… puis la construction de voie de chemin de fer pour déblayer la
terre.
Les objets découverts à Troie/ Hissarlik : les observer, les dessiner… et se demander ce qu’ils représentent, ce qu’ils
signifient, quoi ils servaient, avant de comparer avec ce que Schliemann en a dit. Leur faire prendre conscience de la
différence entre les faits (le relevé de l’architecture, le dessin des objets…) et les interprétations, beaucoup plus
subjectives : l’archéologue émet des hypothèses mais il n’a pas toujours raison !
Après : Dans le cadre d’un travail d’imagination, en français, les élèves peuvent être amenés à interpréter un ou plusieurs
objets choisis et à les décrire à la manière d’un archéologue, sous forme romancée ( comme le faisait Schliemann), en
imaginant, les circonstances et le lieu de leur découverte et en émettant des hypothèses sur la fonction, plus ou moins
fantaisiste de ces objets.
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Dominique-Louis Papety, Mycènes, la porte des Lions, 18 juin 1846, Paris, musée du Louvre
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage
Les Mycéniens entrent en scène
« La civilisation qui a précédé l’époque d’Homère, celle que l’on est maintenant convenu d’appeler mycénienne, a eu en
Schliemann son Christophe Colomb » Salomon Reinach
À l’opposé des autres cités « homériques », Mycènes n’a pas été l’objet d’une quête. Aucun doute, sur l’emplacement du
site ou sur l’attribution des vestiges aux époques primitives. Les murailles aux blocs cyclopéens, la porte des Lions ou
certaines tombes, comme le « trésor d’Atrée », s’offrent aux regards depuis des siècles. C’est le décor où se déroule le
mythe de la famille maudite des Atrides.
Schliemann commence à fouiller ces ruines en 1874-1876. Il découvre, dans ce que l’on nommera plus tard le « cercle A »,
cinq tombes inviolées datant de 1700-1600 avant. J.-C. qui livrent des centaines d’objets en or. Dans un masque en or
représentant une tête d’homme barbu, Schliemann prétend même reconnaître les traits du roi Agamemnon. Une nouvelle
civilisation vient d’apparaître, que l’on baptise du nom de « mycénienne » quelques années plus tard. Elle aussi est
antérieure à l’époque décrite par Homère, même si l’opulence légendaire de « Mycènes riche en or » vient de trouver sa
confirmation.
Les découvertes de Mycènes impressionnent, mais suscitent aussi une certaine jalousie : on accuse Schliemann d’être un
« chasseur de trésors ». Pourtant il a simplement bénéficié d’une heureuse conjoncture et, sous le contrôle de la Société
archéologique d’Athènes, a réalisé des fouilles scientifiques. L’archéologie mycénienne vient de naître, et comme l’a prédit
Schliemann, les objets de ses découvertes « suffisent à eux seuls à remplir un grand musée, qui sera le plus merveilleux du
monde », celui d’Athènes.
Mycènes « riche en or »
Les cinq tombes à fosse du « cercle A » ont révélé au monde la richesse étonnante des habitants de Mycènes : couronnes, diadèmes,
masques et vases en or, parfois en argent, et armes de prestige… Devenus les trésors du musée archéologique d’Athènes, ces objets
luxueux ont très vite été reproduits par Émile Gilliéron, un artiste talentueux qui travaillait en Grèce comme dessinateur et restaurateur en
archéologie. D’abord familiale, l’entreprise des Gilliéron s’est associée à une firme allemande pour vendre aux plus grands musées des
galvanoplasties, réalisées à partir d’empreintes prises directement sur les originaux. Cela a contribué à faire connaître les Mycéniens au
monde entier.
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Reproduction du masque en or
dit « d’Agamemnon »
Émile Gilliéron et fils et WMF
Geislingen an der Steige, Allemagne (copie)
/ tombe à fosse V du cercle A, Mycènes,
Grèce (original)
Vers 1911 (copie) / Helladique récent I,
1700-1600 (original)
Galvanoplastie, alliage cuivreux argenté
puis doré (copie) / martelage, feuille de
métal travaillée au repoussé, or (original)
L. 25,8 ; l. 22,1 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée
d’Archéologie nationale, inv. 56094*
(l’original est conservé au Musée national
archéologique d’Athènes, inv. P624a)
Prov. : achat auprès de la WMF en 1911.
Bibl. : WMF 1927, p. 20, no 41a ; Karo 1930,
no 624 ; Arch. comp., I, 1982, p. 211 ; Berlin 1994,
Ce masque en or a été découvert le 30 novembre 1876 dans la tombe à fosse V du cercle A par Schliemann. Des trous surles
bords permettaient de le fixer sur le linceul. Dans cette tombe d’un riche guerrier, de nombreux objets en or et une
soixantaine d’épées ont également été retrouvés. Les premiers masques funéraires en or de Mycènes avaient été mis au
jour un peu plus tôt, mais, plus ronds et moins détaillés, ils différaient nettement de celui-ci qui représente un homme
d’âge mûr, les yeux fermés, portant moustache et barbe,
aux poils finement dessinés. Derrière cette apparente gravité, symbole de pouvoir et d’autorité, on crut reconnaître le
portrait du roi légendaire de Mycènes, Agamemnon.
Reproduction de la coupe
dite « de Nestor »
Émile Gilliéron père et WMF
Geislingen an der Steige,
Allemagne (copie) /
tombe à fosse IV du cercle A,
Mycènes, Grèce (original)
1900 (copie) / Helladique récent I,
1700-1600 av. J.-C. (original)
Galvanoplastie, alliage cuivreux argenté
puis doré (copie) / martelage, fonte, or
(original)
Poinçon ovale sous l’anse de la copie
« E. GILLIERON ATHENES »
H. 13,6 ; D. ouverture 9,1 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée
d’Archéologie nationale, inv. 42850*
(l’original est conservé
au Musée national archéologique
d’Athènes, inv. P412)
Prov. : achat auprès d’Émile Gilliéron père
par l’intermédiaire de la WMF en 1900.
Bibl. : WMF 1927, p. 6, no 2 ; Karo 1930, no 412 ;
Laffineur 1977a, p. 97, no 22, fig. 12 ; Arch. comp.,
I, 1982, p. 210 ; Berlin 1994, p. 26.
Cette coupe en or à pied haut a pour particularité de comporter deux tiges qui relient les anses en bobine à la base, et deux
petites colombes sont fixées sur le haut de chaque anse. Son surnom provient de la description de la coupe de Nestor dans
L’Iliade d’Homère (chant XI, 632-637) à laquelle Schliemann l’a identifiée : « Elle est garnie de rivets d’or. Elle a quatre anses
et sur chacune deux colombes semblent être venues boire. Cette coupe possède un double support. »
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Les Mycéniens, des voyageurs
Après les découvertes de Schliemann en Grèce, on a aussi retouvé la trace des Mycéniens en Méditerranée orientale, à Chypre et au
Levant. A partir du XIVe siècle av. J.-C. de nombreux produits mycéniens semblent avoir été exportés vers des régions côtières : du vin, de
l’huile d’olive et des huiles parfumées transportés dans des jarres à étrier, mais aussi de la vaisselle de table aux décors élaborés (coupes,
bols, cratères). Arrivés à Chypre, les produits étaient vraisemblablement redistribués vers le Levant, comme dans le site commerçant de
Ras Shamra-Ougarit (Syrie). Marins et marchands, les Mycéniens ont peut-être tenu des comptoirs dans ces régions.
Les Mycéniens en Crète : les tombes de Ligortynos
Découvertes au cours des années 1890, ces deux tombes contenaient des vases et ustensiles funéraires mycéniens d’une qualité
d’exécution et d’un état de conservation exceptionnels.
Grâce aux descriptions contenues dans les carnets de voyage de l’archéologue Arthur Evans, il est possible de reconstituer la position du
mobilier à l’intérieur des tombes et les rites funéraires qui s’y sont déroulés. Ces vestiges témoignent de l’importante présence
mycénienne en Crète aux XIVe et XIIIe siècle av. J.-C. Certains des défunts appartenaient sans doute à l’élite sociale de la communauté de
Ligortynos.
PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES
OBJECTIFS : Découvrir les Mycéniens et ce que l’on a pu connaître par les fouilles de leur mode de vie
Avant : Faire revoir aux élèves qui étaient les Atrides, cette famille maudite qui vivait à Mycènes. Une enquête sur certains
personnages peut être réalisée afin de reconstituer la généalogie des Atrides.
Pendant : Regarder dans les vitrines les objets qui ont été découverts à Mycènes : beaucoup sont en or et il ya également
de nombreuses épées. Que peut-on en déduire des Mycéniens ? Pourquoi Schliemann pense-t-il avoir découvert les tombes
de personnages mythologiques ?
En réalité, de quand datent les tombes qu’il a trouvées ?
Regarder dans la vitrine intitulée « Les Mycéniens, des voyageurs », la provenance des objets, comme par exemple le vase
en forme de poisson. Cela permet aux élèves de comprendre qu’il s’agit d’une civilisation qui a navigué, s’est installée dans
tout le bassin méditerranéen et pas seulement en Grèce.
Dans la vitrine consacrée aux « tombes de Ligortynos » : faire observer les sarcophages mycéniens. Les élèves connaissentils d’autres sarcophages? Ont-ils cette forme ? Et à quoi servait toute la vaisselle retrouvée dans ces tombes ? Il s’agit des
restes d’une cérémonie funéraire et plus particulièrement d’un banquet.
Après :
- On peut faire comparer par les élèves nos pratiques actuelles et celles des Mycéniens : repas d’enterrement, cercueil etc.
Mais d’après eux, si on essayait de comprendre notre civilisation, nos habitudes uniquement en fouillant nos tombes…
parviendrait-on à comprendre parfaitement comment nous vivons ? Quelles parts de notre culture échapperaient aux
archéologues ?
On peut compléter l’approche en emmenant les élèves voir le « Déjeuner sous l’Herbe » de Jean Spoerri au Musée en
Herbe à Paris, une vraie fouille de l’INRAP d’un banquet qui a eu lieu en… 1983 et son analyse par les archéologues.
16
Section 4 : Arthur Evans et l’invention des Minoens
Arthur Evans et l’invention des Minoens
« Les fouilles de M. Evans sont dans l’histoire de l’archéologie, un événement capital, elles nous révèlent une civilisation
encore plus riche et plus avancée que celle dont les découvertes de Schliemann nous avaient instruits » Salomon Reinach
Sir William Blake Richmond, Portrait de Sir Arthur John Evans au milieu des ruines du Palais de Minos, 1907 ; Oxford, Ashmolean Museum
© Ashmolean Museum
Suite à la découverte d’objets mycéniens en Crète, certains savants supposent que c’est sur cette île que la civilisation
mycénienne serait née. Dès 1878, Minos Kalokairinos, un érudit crétois, attire l’attention des chercheurs sur le site de
Cnossos, la ville homérique la plus célèbre, et c’est Arthur Evans, conservateur de l’Ashmolean Museum d’Oxford et ancien
journaliste, qui obtient en 1900 l’autorisation de fouiller le site.
Durant six ans, Evans, avec une équipe pluridisciplinaire et jusqu’à trois cents ouvriers, met au jour un palais à l’architecture
complexe. Une civilisation inconnue apparaît à Cnossos et sur d’autres sites fouillés dans l’île : palais, maisons, nécropoles,
sanctuaires, colonnes, objets et fresques d’une modernité surprenante, et des tablettes portant des inscriptions en trois
écritures différentes…
e
Evans fait remonter cette civilisation « crétoise » au XX siècle avant. J.-C. : c’est alors la plus ancienne connue en Europe et
il décide de l’appeler « minoenne », du nom du roi mythique de Crète, Minos. S’appuyant sur les vestiges architecturaux, les
objets et les fresques, il reconstitue, et invente parfois, une société dominée par un roi-prêtre, puissante sur mer, pacifique
sur terre et adoratrice d’une déesse-mère.
Sûr de lui, il fait abondamment restaurer les fresques et les ruines de Cnossos : c’est la part la plus contestée de son œuvre,
car les interventions architecturales réalisées en ciment armé sont aujourd’hui difficilement réversibles.
Des témoignages d’une autre civilisation
Alors que les Mycéniens sont connus depuis le milieu des années 1870, des objets étranges apparaissent sur le marché de
l’art et dans certains musées. Ils viennent de Crète, ou pourraient en provenir, mais on connaît rarement leur provenance
exacte. C’est le cas de la magnifique aiguière de Marseille au décor marin exceptionnel. Par sa forme, elle ressemble à
certains vases métalliques mycéniens, mais son décor est inédit. Au même moment circulent de petites figurines en bronze,
auxquelles on s’intéresse peu, car leur style est jugé fruste et primitif. On ignore encore qu’il s’agit des premiers objets
minoens mis au jour.
La collecte des sceaux crétois
Arthur Evans arrive en Crète en 1894, intrigué par « une écriture pictographique » sur des sceaux crétois : il a la conviction
que les Mycéniens qui vivaient en Crète possédaient une forme d’écriture. De village en village, il collecte ces pierres, dites
magiques, que les Crétoises portent au cou comme « pierres à lait » (galopetres). Et il trouve, en effet, de courtes
inscriptions dans une écriture hiéroglyphique (toujours non déchiffrée), mais surtout des dessins d’animaux, de bateaux,
17
d’architectures, de génies et autres minotaures, reflétant les préoccupations de ceux qu’il appellera les Minoens. Au début
des années 1900, Evans vend une partie de sa collection. Elle est acquise par le Cabinet des Médailles de Paris, qui la
complète et nous offre cet exceptionnel panorama.
Un artisanat palatial
A Cnossos, Evans révèle un palais complexe, muni d’étages, parsemé de colonnes s’évasant vers le haut, et organisé autour
d’une cour centrale. Des pièces d’apparat et des sanctuaires entourent cette cour, tandis que, dans la périphérie, se
trouvent des magasins de stockage, des espaces résidentiels et des ateliers. Au cours de la fouille, de nombreux vases et
objets en pierre, délicatement sculptés et polis, ont été mis au jour. Emile Gilliéron, restaurateur attitré d’Evans à Cnossos,
a très vite produit des moulages de ces œuvres à destination des musées du monde entier, afin de faire découvrir
l’artisanat minoen.
Le dépôt du sanctuaire
Ces objets ont été découverts à Cnossos dans deux grands coffres à parois de pierre, certainement déposés après la
destruction d’un sanctuaire, d’où le nom donné à cet espace par Arthur Evans, « Temple repositories » (dépôt du
sanctuaire).
De nombreux éléments en faïence, un matériau très rare à cette époque dans le monde égéen, en font partie. Restaurés et
exposés au musée de Candie (Héraklion), ils ont ensuite été moulés par Emile Gilliéron qui a proposé à différents musées de
posséder une présentation identique où les déesses aux serpents, qui fascinaient tant le public, pouvaient être mises à
l’honneur.
Reproductions de statuettes féminines
dites « déesses aux serpents »
Émile Gilliéron et fils
Athènes (copies) / « Temple repositories »,
Cnossos, Crète (originaux)
1910 (copies) / Minoen récent I,
1700-1600 av. J.-C. (originaux)
Moulage, plâtre peint et verni (copies) /
moulage, modelage, faïence (originaux)
204 : H. 28,2 ; l. 15,5 ; ép. 6,1 cm
205 : H. 34,1 ; l. 13 ; ép. 10,5 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée
d’Archéologie nationale, inv. 53324*,
inv. 53325* et 53340* pour la petite
panthère (les originaux sont conservés
au Musée archéologique d’Héraklion,
en Crète, inv. 63 et. 65)
Prov. : achat auprès d’Émile Gilliéron et fils
en 1910.
Bibl. : archives MAN Gilliéron ;
Evans 1903, p. 74-87, no 14 ;
Arch. comp., I, 1982, p. 205-205 ;
Poursat 2008, p. 221, fig. 287,
et p. 250, pl. LXXV.
Leur originalité et leur matériau, unique à cette époque dans le monde égéen, ont fait de ces deux figurines féminines en
faïence de véritables emblèmes de la civilisation minoenne. Evans a interprété la plus grande, coiffée d’une haute tiare,
comme une déesse, tandis que la plus petite, dont le visage est manquant et a été reconstitué par Gilliéron, serait une
prêtresse. D’autres y voient une déesse mère et sa fille ou encore deux charmeuses de serpents intervenant lors de
cérémonies religieuses ! Ces serpents tenus à bout de mains, symboles du monde souterrain mais également de fertilité,
pourraient avoir fait l’objet d’un culte particulier en Crète. La tenue originale de ces deux femmes, une tunique à manches
courtes qui laisse la poitrine nue et une jupe à volants recouverte d’un tablier en forme de U, a également intrigué
archéologues et grand public.
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Les fresques minoennes : l’archéologie en couleurs
Le palais de Cnossos a révélé de nombreuses fresques, réalisées par des équipes de peintres expérimentés. Elles étaient
présentes dans les pièces d’apparat, comme les appartements « du Roi » ou « de la Reine », et aux entrées du palais. Les
sujets en sont variés : on y découvre le goût des habitants du palais pour des représentations harmonieuses de la nature et
des animaux, mais aussi des cérémonies religieuses. Ces fresques ont parfois été abusivement restaurées par Emile
Gilliéron et son fils, mais constituent le socle sur lequel Evans s’est appuyé pour imaginer le monde des Minoens. Un monde
pacifique où des singes bleus cueillaient du safran…
Reproduction de la fresque
dite des « Acrobates au taureau »
Émile Gilliéron père
Athènes (copie) / aile est du palais,
« Court of the Stone Spout », Cnossos,
Crète (original)
1905 (copie) / Minoen moyen III,
1800-1700 av. J.-C. (original)
Peinture à la gouache sur papier, cadre
en bois (copie) / enduit peint (original)
L. 166,4 ; l. 96,5 cm
Saint-Germain-en-Laye, musée
d’Archéologie nationale, inv. 50286*
(l’original est conservé au Musée
archéologique d’Héraklion en Crète,
inv. 15)
Prov. : achat auprès d’Émile Gilliéron père
en 1905.
Bibl. : Evans 1901a, p. 94 ; Evans 1930,
p. 209, fig. 144 ; Arch. comp., I, 1982, p. 204 ;
Immerwahr 1990, p. 90-92, pl. 41.
Cette fresque est l’une des plus célèbres de Cnossos et certains l’ont interprétée au moment de sa découverte en 1901
comme une scène de cirque. Elle représente, sur un fond bleu, un taureau qui est en train de charger vers la gauche, dans
l’attitude du « galop volant ». Trois « acrobates » l’entourent,qui exécutent toutes les phases d’un saut périlleux. À gauche,
une femme s’apprête à sauter et à se saisir des cornes de l’animal, tandis qu’un homme effectue un saut, tête à l’envers,
au-dessus du dos du taureau et que, à droite, une autre femme, les bras levés, vient apparemment de se réceptionner.
Ces personnages portent tous pour uniques vêtements une ceinture épaisse et un pagne, qu’ils soient homme ou femme.
Les femmes se distingueraient par leur peau claire, leurs bijoux et leur coiffure plus soignée. Toute cette scène de
tauromachie est encadrée par des bordures colorées remplies de motifs rocheux stylisés. Il semblerait qu’elle ait fait partie
d’un ensemble plus large comportant d’autres panneaux. La signification de ces jeux acrobatiques reste hypothétique, mais
leur caractère rituel est vraisemblable et souligne l’omniprésence du taureau dans la civilisation minoenne.
Fragments du relief
dit « le Prince aux fleurs de lys »
côté est du corridor nord-sud,
Cnossos, Crète
Minoen récent I, 1700-1600 av. J.-C.
Enduit peint
Musée archéologique d’Héraklion, en Crète,
inv. 7
Prov. Fouilles d’Arthur Evans à Cnossos
Bibl. : Evans 1901a, p. 14-16, no 5 ; Evans 1928,
p. 774-795, fig. 504, 508, 510, 511, pl. XIV ;
Arch. comp., I, 1982, p. 204 ; Immerwhar 1990,
p. 52-53, 161-162, pl. 19 ; Poursat 2008,
p. 180, fig. 237.
Ces fragments ont été découverts en 1901 et Émile Gilliéron fils a essayé d’en proposer une reconstitution en les reliant
entre eux. Cela donna la figure du « Prince aux fleurs de lys », un jeune homme vêtu simplement d’une ceinture, coiffé
d’une couronne de fleurs et de plumes de paon, et portant un collier de fleurs de lys. Sous la plume d’Arthur Evans, ces
fragments, qui à l’origine, même pour lui, n’appartenaient pas au même personnage, sont devenus la représentation d’un
roi-prêtre s’avançant dans un jardin en tenant un griffon. Cette chimère est désormais l’un
des symboles de la civilisation minoenne.
19
Les recherches dans le reste de la Crète
Alors qu’Evans explore Cnossos, des recherches sont menées ailleurs dans l’île : les Italiens fouillent dans la plaine de la
Messara à Phaistos et Haghia Triada à partir de 1900 ; les Américains dans l’Est de la Crète, à Gournia, Mochlos et Pseira ;
les Anglais à Psychro ; les Grecs à Tylissos et à Malia.
Si des objets surprenants sont mis au jour, la collection d’Alexis Schébounine permet de découvrir d’humbles témoignages
des fouilles d’Haghia Triada. Les objets récoltés lors de prospections par Adolphe Reinach, rappellent, eux, les tentatives de
l’Ecole française d’Athènes, dont il était membre, pour prendre pied en Crète. Mais il faut attendre 1920 pour que les
Français reprennent la fouille du palais de Malia.
PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES
OBJECTIFS : Découvrir les Minoens et réfléchir à l’interprétation qui peut être faite des images en archéologie
Avant : Faire revoir aux élèves les différents mythes qui concernent la Crète : Minos, le Minotaure, Thésée, Ariane, le
Labyrinthe, Dédale…
Pendant : Observer le plan du palais qui est sur le sol : à quoi fait-il penser ? (un labyrinthe) Puis regarder les figurines et les
images des Minoens: comment sont-ils vêtus, comment sont-ils coiffés ?
Evans utilise les images (gravées sur les vases en pierre ou peintes sur les fresques) comme des bandes dessinées qui
racontent la vie des Minoens… mais ces images sont elles exactes ? Regarder le Prince aux fleurs de Lys : il s’agit d’une
reconstitution à partir de plusieurs fragments… qui n’allaient pas ensemble… D’après les élèves qui pourrait être ce
personnage ? Et à quelles différentes personnes pourraient appartenir les différents fragments ?
Après : A partir de fragments de dessins, de fresques, demander aux élèves d’en reconstituer l’autre partie et faire
comparer les dessins des uns et des autres :les résultats peuvent être fort différents ! La reconstitution en archéologie a
donc parfois elle aussi été très subjective.
Autre exercice : choisir une sélection d’images provenant de fresques et laisser chaque élève raconter ce qu’il voit, ce que
représentent ces images: là aussi, il y a fort à parier que pour une même image les histoires seront très différentes.
L’archéologue, même s’il aime rêver doit donc se méfier de son imagination, aussi bien quand il dessine, que quand il essaie
d’interpréter des vestiges.
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Section 5 : La Grèce, partie intégrante des Balkans
Les fouilles de Seure et Degrand en Bulgarie
« Les fouilles récemment entreprises ne nous ont que très imparfaitement renseignés sur l’histoire de la Thrace ; mais elles
nous en laissent deviner la préhistoire » Georges Seure et Alexandre Degrand
Pendant qu’Evans met au jour la brillante civilisation minoenne dans le Sud du monde égéen, dans le Nord, des
savants français commencent à explorer une autre civilisation. Georges Seure, jeune membre de l’École française
d’Athènes, et Alexandre Degrand, consul de France à Plovdiv, vont ainsi fouiller deux collines en Thrace septentrionale. La
première, baptisée « tell Ratcheff », est signalée près de Yambol par un religieux français, le père Jérôme. La seconde, près
du village de Metchkur, à quelques kilomètres de Plovdiv, n’était pas connue.
A cette époque, on s’interroge sur la nature et sur la date des très nombreuses collines artificielles qui parsèment
les plaines balkaniques, considérées tantôt comme des tumuli, c’est-à-dire des monuments funéraires, tantôt comme des
restes d’habitats, comparables aux tells du Proche-Orient.
Alors que le père Jérôme a vu d’emblée dans ces buttes des restes de maisons et d’ateliers préhistoriques, Seure
et Degrand les interprètent à tort comme des tombes. Leur conclusion est surprenante, car leurs descriptions
correspondent à celles de couches de destruction d’habitats : murs en terre crue, restes botaniques carbonisés et
nombreux objets en place sur le sol.
Malgré cette erreur, ils font partie des premiers à avoir étudié des vestiges de la « Culture des tells », centrée sur
e
la Thrace et le bas Danube. Les objets qu’ils ont retrouvés datent de la fin de l’époque néolithique, du V millénaire av. J.-C.
L’inventaire des sites préhistoriques de Macédoine
« On voit […] quelle importance peut être, pour l’étude des origines de la Grèce, la recherche archéologique en Macédoine et
dans les pays limitrophes » Léon Rey
Durant la première guerre mondiale, de 1915 à 1918, « l’expédition de Salonique », mobilise plusieurs centaines de milliers
de soldats français qui font partie de « l’Armée d’Orient » : ils vont parcourir la Macédoine pour les besoins des opérations
militaires. Dès le mois de mai 1916, le général Sarrail crée le Service Archéologique de l’Armée d’Orient qui doit permettre,
outre la protection des antiquités, une exploration scientifique de la région.
Parmi les travaux du Service figure la recherche « des établissements préhistoriques». Cette exploration
méthodique est conduite par un ancien élève de l’école des Chartes, Léon Rey, dans la banlieue de Thessalonique, sur les
côtes de Chalcidique et dans les vallées des principaux fleuves. L’objectif est de dresser une carte archéologique des
« premiers habitats de la Macédoine », d’effectuer des relevés topographiques des collines artificielles, de ramasser en
surface les tessons et outils en pierre et en os. À ce travail de repérage s’ajoutent des fouilles ponctuelles, qui prennent la
2
forme de sondages. La toumba de Gona et celle de Sédès sont ainsi explorées avec efficacité et d’importantes coupes
stratigraphiques réalisées.
Les sondages n’ont malheureusement pas atteint les couches les plus anciennes des toumbès : la plupart des tessons et des
vases sont datés de l’âge du Bronze. Cependant ce travail pionnier a ouvert la voie à de nouvelles explorations.
NB : Cette partie de l’exposition, davantage destinée aux adultes, peut ne pas être étudiée par les classes en raison de la
durée de la visite et dans un souci de continuité entre les sections 4 et 6
2
C’est ainsi que sont nommées en Grèce les collines artificielles que l’on prenait autrefois pour des tombes.
21
Section 6 : La France à la mode égéenne
La France à la mode égéenne
« L’art crétois, mycénien, et toute leur décoration […] vinrent bouleverser […] les premiers peintres qui travaillèrent pour
Diaghilev ; ce n’étaient que colonnes laquées d’un rouge relevé d’or, motifs de poulpes, spirales, taureaux stylisés, dieux
bleus, éphèbes à la taille de guêpe […] et les danseuses étoiles, qui buvaient dans des cratères d’or inspirés du musée de
Candie, copiaient leurs tuniques sur la Déesse aux Serpents » Paul Morand
A partir de la Belle Epoque et jusqu’aux Années folles, les fabuleuses découvertes archéologiques de Schliemann et d’Evans
ont un retentissement important auprès du public français. De nombreux journaux nationaux, régionaux, et même les
premiers magazines pour enfants comme Les Petits Bonhommes ou le Journal de la Jeunesse, diffusent ces informations,
avec un luxe d’illustrations fournies par les archéologues. Les Parisiens ont même la chance de découvrir des copies des
trésors de Mycènes lors de l’Exposition Universelle de 1900. Par ailleurs, des centaines de Français, très privilégiés,
découvrent les sites archéologiques de Troie, Mycènes et Cnossos grâce à des croisières archéologiques.
Les artistes de la capitale française s’emparent alors du phénomène, influencés aussi bien par les descriptions des
civilisations minoenne et mycénienne – qu’ils confondent en une seule civilisation « crétoise » – que par les motifs et les
couleurs des fresques et des céramiques. Les Minoens font ainsi des apparitions dans A la recherche du temps perdu de
Marcel Proust et sur la scène parisienne, dans une pièce de théâtre de la Comédie Française ou dans des opéras et des
ballets aux décors signés par Léon Bakst. Face à ce spectacle, le monde de la mode verse aussi dans la « crétomanie », de
Mariano Fortuny à Jeanne Paquin en passant par Paul Poiret. A la veille de la seconde guerre mondiale, c’est même tout un
paquebot qui invite à une croisière dans un décor « crétois ».
Le tourisme archéologique en Grèce
La visite des sites préhistoriques grecs a été rendue possible par une certaine démocratisation du tourisme. A l’occasion des
Jeux Olympiques de 1896, la revue le Tour du monde lance la première croisière archéologique, suivie par la Revue Générale
des Sciences qui propose de nombreux séjours forfaitaires en Méditerranée pour découvrir Troie, Mycènes, Santorin ou
Cnossos. Les groupes, composés d’ingénieurs, de professeurs, d’avocats ou d’artistes, mais aussi de nombreuses femmes,
sont guidés par des archéologues. Ces croisières, très animées, ont accueilli aussi bien la famille Reinach que des amateurs,
comme Paul Marguerite de la Charlonie, qui s’est pris de passion pour la Grèce et a rassemblé la collection à l’origine du
musée de Laon.
Agamemnon à Paris
Dans les carrières souterraines du Trocadéro, lors de l’Exposition Universelle de 1900, un géologue passionné par Homère,
Louis de Launay, propose de montrer tout ce que recèle « le Monde Souterrain ». Les récentes découvertes de Schliemann
à Mycènes en font partie. Dans un montage fantaisiste appelé « le Tombeau d’Agamemnon », une version réduite du trésor
e
d’Atrée de Mycènes (une tombe du XIII siècle av. J.-C.), sont disposées des galvanoplasties des objets les plus célèbres des
e
tombes à fosse (du XVII siècle av. J.-C.), regroupées autour de deux défunts : le roi des Atrides et son cocher. Cette
présentation distrayante a permis de faire connaître les Mycéniens aux Parisiens.
La Furie de Jules Bois, une pièce à la mode minoenne
« Ici, rien du costume grec sévèrement drapé : des fanfreluches, des rubans et des amours de petits chapeaux très vingtième
siècle. Mme Paquin, qui s’est chargée d’habiller les interprètes de la Furie, en était émerveillée. « Je vais – a-t-elle dit lancer la « mode Furie » pour 1909… » Jules Bois
En février 1909, la Furie de Jules Bois est jouée à la Comédie-Française : cette pièce, inspirée de l’Héraclès furieux
d’Euripide, avec un Héraclès rendu fou par une Égyptienne pratiquant l’hypnose, n’a pas vraiment eu de succès. L’auteur a
placé sa pièce à l’époque minoenne dont il a une vision toute personnelle et ésotérique.
Mais les décors et les costumes dessinés par Désiré Chaineux font sensation. Amateur d’archéologie, le dessinateur
s’inspire des fresques de Cnossos, des « déesses aux serpents » ou des vases d’Haghia Triada. Jeanne Paquin, célèbre
couturière parisienne, réalise les toilettes des trois actrices principales et proclame la modernité des Minoennes : elles
avaient déjà tout inventé en terme de mode !
22
Léon Bakst et la modernité de la Grèce originelle
« J’ai effectué mes recherché en Crète, dans le labyrinthe de Minos. Et je dois admettre que j’y ai trouvé ce que j’y attendais.
J’ai toujours pensé qu’à sa naissance, l’art grec […] n’était pas sans couleurs » Léon Bakst
Léon Bakst, artiste russe vivant à Paris, est marqué par le voyage qu’il a réalisé en Grèce, et notamment en Crète, en 1907.
Convaincu de la modernité de l’art « crétois », capable de revivifier l’art de son temps, il décide d’en greffer des éléments
dans les décors et costumes de ballet et d’opéra qu’il réalise. A partir de 1912, dans Daphnis et Chloé ou l’Après-midi d’un
faune pour les Ballets russes de Diaghilev, et dans les productions d’Ida Rubinstein, comme Hélène de Sparte (1912) et
Phèdre (1923), il emploie les couleurs primaires des fresques, exploite les formes architecturales et utilise un grand nombre
de motifs mycéniens et minoens.
Maquette de décor
pour Hélène de Sparte d’Émile
Verhaeren (actes I et III)
Léon Bakst (Grodno, 1866 – Paris, 1924)
Paris, 1912
Huile sur toile
Signée en bas à droite « Bakst »
H. 132 ; l. 187 cm
Paris, musée national d’Art moderne,
Centre Pompidou, inv. AM 1978-331
Prov. : don de Mila Barsacq, Marie
Constantinovitz
et Berthe Nicolas (nièces de Léon Bakst) en
1978.
Bibl. : Paris 2000 ; Spencer 2009, p. 154.
Tragédie en quatre actes jouée pour la première fois au théâtre du Châtelet en 1912, Hélène de Sparte fut le fruit d’une
collaboration entre Ida Rubinstein, qui tenait le rôle titre, Léon Bakst, qui réalisa les décors et les costumes, Émile
Verhaeren, qui écrivit la pièce, et Déodat de Séverac qui composa la musique. Dans ce décor, Bakst s’empare de motifs
architecturaux égéens : la porte des Lions de Mycènes, représentée deux fois, plus colorée que l’original, et un temple
inspiré de la mosaïque de maisons en faïence, découverte à Cnossos par Evans. Des masques, accrochés à la montagne,
rappellent les masques funéraires ou une tête en plâtre découverts à Mycènes. Enfin, les tonalités chaudes utilisées
évoquent les fresques minoennes de Cnossos. Autant d’indices qui devaient évoquer une Grèce primitive, contemporaine
de la tragédie. Mais la sculpture de guerrier en bronze filiforme au premier plan ou les silhouettes de guerriers à l’arrièreplan font écho à de petits bronzes étrusques, tandis que, de part et d’autre du temple, sur la colline, sont figurées des
«maisons-tours » égyptiennes.
La mode égéenne de Mariano Fortuny
« Fidèlement antiques mais puissamment originales », telles sont, selon les mots de Marcel Proust, les créations textiles de
Mariano Fortuny, un artiste hispano-vénitien. Réalisant de nombreuses inventions brevetées (lampes, robe Delphos au
plissé infroissable, etc.), Fortuny produit des vêtements à partir de 1906 et possède des ateliers et boutiques à Paris, où il
habille les célébrités, comme Sarah Bernhardt. Son « châle Knossos », couvert de motifs minoens et mycéniens tout comme
les nombreuses robes qu’il crée alors, devient un véritable phénomène de mode que les élégantes s’arrachent.
23
Le paquebot Aramis, la rencontre de l’art minoen et de l’Art déco
En 1932, la compagnie des Messageries maritimes lance le paquebot Aramis, décoré « à la crétoise », bien qu’il desserve
Shangai. Georges Philippar, son président, en pleine période Art déco, a en effet une prédilection pour les aménagements
qui ne se démodent pas et charge Georges Raymond, architecte, de créer une véritable exposition avec des reconstitutions
d’architecture, des créations de mobilier et des peintures, inspirées de la civilisation minoenne. Raymond réalise cet exploit
avec l’aide d’ensembliers-ébénistes, tels que les ateliers Schmidt & Cie et Marc Simon, et de peintres décorateurs, comme
Mathurin Méheut et Yvonne Jean-Haffen, envoyés en Grèce pour se documenter. L’Aramis a malheureusement disparu au
cours de la seconde guerre mondiale.
Le Roi de Crète aux fleurs de lys
(titre attribué)
Yvonne Jean-Haffen
Paris, 1932
Fresque sur bois enduit, peinture à la caséine
H. 122 ; l. 81 cm
Dinan, maison d’artiste de La Grande
Vigne, inv. HC. 74
Prov. : don de l’artiste à la ville de Dinan en 1987.
Bibl. : Delouche et De Stoop 2012, p. 51 et 52 ;
Saint-Nazaire 1998, p. 23-25 ; Vian 1992.
Yvonne Jean-Haffen a réalisé pour le hall de première classe une version légèrement modifiée de la fresque du « Prince aux
fleurs de lys » restaurée par Émile Gilliéron et exposée au musée de Candie. Afin de rappelerau plus juste l’aspect originel
de l’œuvre, l’artiste a utilisé une technique où la peinture à la caséine est apposée sur un enduit rugueux, lui-même
appliqué sur de l’aggloméré. L’œuvre conservée est jumelle de celle qui était exposée dans le paquebot. Que cette figure
masculine mystérieuse et exotique, symbole de la civilisation minoenne, se soit retrouvée au centre de l’attention à bord de
ce navire, n’est pas anodin : aujourd’hui, comme un clin d’œil, Le Roi de Crète aux fleurs de lys est juché en haut des
cheminées des ferries de la compagnie Minoan Lines à destination de la Crète.
L’art égéen, un art moderne
A côté d’artistes qu’inspirent les couleurs ou les motifs égéens, comme Charles Catteau dans les années 1930, un certain
nombre de peintres et de sculpteurs s’intéressent aux formes épurées des idoles cycladiques. Exposées dans les musées
européens, elles sont largement publiées par Christian Zervos qui qualifie de « poèmes de marbre » celles autrefois jugées
« barbares ». Epstein, Gaudier-Breska, Giacometti, Brancusi, Matisse ou Arp partagent l’admiration de Picasso : « Il y a eu
un Petit Bonhomme des Cyclades. Il a voulu faire cette sculpture épatante, comme ça non ? […] On n’a jamais rien fait
d’aussi dépouillé ».
PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES
OBJECTIFS : Repérer les motifs, les formes, les couleurs qui s’inspirent des civilisations mycéniennes et minoennes
Avant : Chercher dans l’architecture, dans l’art de la Renaissance à nos jours… des échos à la Grèce classique : colonnes,
frontons, sculptures
Pendant : Montrer comment au début du XXe siècle, ce sont les motifs minoens et mycéniens qui sont utilisés dans l’art
moderne, car ces civilisations, très anciennes sont en rupture avec ce que les artistes connaissent de la Grèce classique.
Le jeu est d’essayer de les retrouver dans les tableaux, les dessins, les tissus.
Après : À partir d’œuvres de l’exposition, de motifs pris sur les objets, les élèves peuvent essayer de créer des décors de
théâtre ou d’opéra, ou encore de réaliser des motifs textiles, pour réaliser une peinture sur soie, par exemple. Les motifs
donnés en annexe pour l’atelier « des dessins en or » peuvent tout à fait servir de base.
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Section 7 : L’archéologie égéenne aujourd’hui
L’archéologie égéenne aujourd’hui
L’archéologie égéenne d’aujourd’hui a conquis une certaine forme d’indépendance. Elle ne se confond plus, ni dans ses
e
e
objectifs ni dans ses méthodes, avec l’archéologie classique, dominante de la fin du XIX jusqu’au milieu du XX siècle. On ne
cherche plus à vérifier sur le terrain l’exactitude de L’Iliade ou de L’Odyssée et toutes les idées reçues sur la Grèce de
l’époque mycénienne ont été bouleversées par le déchiffrement de l’écriture dite « linéaire B ». Les objets ne sont plus
considérés comme des œuvres d’art sorties de leur contexte : on s’attache à observer, reconstituer et comprendre les
relations des objets avec les espaces (édifices, tombes), afin de mieux expliquer les fonctions des uns et des autres.
De nombreuses décennies après les découvertes de Fouqué à Santorin, on redécouvre comment les sciences naturelles
peuvent enrichir notre vision du passé : les équipes au travail sur tous les chantiers sont à présent de véritables groupes de
chercheurs, archéologues, architectes, botanistes, zoologues, géomorphologues…, cherchant à interpréter, ensemble et de
façon coordonnée, les vestiges mis au jour. Les quelques exemples présentés dans cette salle illustrent l’apport de ces
entreprises pluridisciplinaires. Pour autant, la nouvelle archéologie égéenne conserve heureusement, elle aussi, sa part de
rêve et continue d’inspirer les créateurs.
Des motifs qui font toujours rêver
Lors du défilé Printemps-Eté 1994, la maison de couture Chloé a présenté une collection de Karl Lagerfeld comportant de
nombreuses robes inspirées par les fresques découvertes à Akrotiri (Santorin). Elles sont recouvertes de motifs
caractéristiques comme les spirales ou les fleurs stylisées, ou encore parsemées de fragments de fresques. Les dessins de
l’artiste permettent de comprendre ce travail de citation.
Mais les motifs égéens ne sont pas toujours employés de manière volontaire : ils font désormais partie d’un répertoire « à
la grec », ce qui explique la réédition d’un textile « Art Déco » par la Maison Prelle dont le motif a été créé par un habitant
de Mycènes!
L’archéologie égéenne des BD à l’opéra
Les civilisations égéennes apparaissent dans des créations modernes très variées, qui ont trait à la Grèce… ou pas, dans les
bandes dessinées ou les péplums hollywoodiens.
La culture minoenne attire par son côté paradisiaque, mais également parce que l’architecture des palais peut être
facilement réutilisée. Rares sont cependant les créations qui ne mélangent pas leurs sources d’inspiration et l’art égéen, au
sens large, fait partie du « kit » grec pour les décorateurs de films, mais aussi d’opéra.
Parfois, ce sont aussi les archéologues qui excitent l’imagination, comme Schliemann, caricaturé ou mis à l’honneur selon
les cas.
PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES
OBJECTIF: Repérer aujourd’hui les échos aux civilisations minoennes et mycéniennes dans l’art
Pendant : Regarder attentivement le diaporama sur Santorin puis observer les robes de Karl Lagerfeld. Comment le couturier s’est –il
inspiré des fresques de Santorin.
Regarder le panneau des BD et des films ainsi que les BD qui sont à disposition pour y rechercher des images qui s’inspirent, à leur manière,
des civilisations égéennes.
Après : Des péplums peuvent être visionnés en classe et l’on peut effectuer des arrêts sur image pour montrer les passages où le décor
s’inspire de la Grèce. C’est aussi un moyen de montrer comment à la fois, les images et les textes de la mythologie grecque sont utilisés et
détournés par l’industrie du cinéma hollywoodienne pour le plus grand bonheur des spectateurs.
Pour les plus créatifs, en s’inspirant des BD présentées, il est possible de demander aux élèves d’imaginer une petite histoire en image.
OBJECTIF: Découvrir la langue des Mycéniens, le linéaire B
Avant : Faire le point sur les différentes écritures qui existent, les différents système et sur le moment où elles sont apparues
Pendant : Observer dans la vitrine les tablettes en linéaire B et regarder le diaporama qui se trouve à côté.
Après : Réaliser en classe l’atelier « L’écriture secrète des Mycéniens » (en Annexe) en vous aidant des documents mis à votre disposition
(pour l’enseignant et pour l’élève). Selon les moyens de l’établissement, les élèves peuvent réaliser leurs fausses tablettes sur papier ou sur
de fines plaques d’argile.
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Projet de décor pour Phèdre de Gabriele D’Annunzio, Léon Bakst (Grodno, 1866 – Paris, 1924), Paris, 1923,Papier, gouache et
aquarelle, Paris, musée national d’Art moderne, Centre Pompidou, inv. JP 561 P (1) © RMN/ Centre Pompidou
ACTIVITES LIEES A L’EXPOSITION POUR LES CLASSES
- Livret jeu « Agamemnon et le coffre mystérieux » librement utilisable par les classes (en annexe
B et en libre accès au musée)
Ce jeu propose à l’enfant de se mettre dans la peau d’un petit archéologue et de répondre aux
énigmes qui lui sont posées par un éminent savant - Heinrich Schliemann- qui a découvert Troie et
Mycènes. S’il trouve la solution finale, une surprise l’attend au service du développement des
publics.
- Visite guidée de l’exposition pour les classes de l’école élémentaire, du collège et du lycée
Un guide conférencier RMN-GP présente l’exposition, en adaptant son discours au niveau concerné,
à travers une sélection d’œuvres et de documents.
- Représentation théâtrale : La Guerre de Troie n’aura pas lieu de Giraudoux par la « Compagnie en
Carton » en janvier 2015
- Atelier à réaliser en classe : L’Ecriture secrète des Mycéniens – (dossier en annexe A) A partir de
8 ans.
Atelier dédié à la présentation de l’écriture des Mycéniens et à la rédaction de courts textes sous
forme de tablettes en linéaire B.
L’exposition permet de découvrir quels étaient les premiers « grecs », ceux dont on est certains qu’ils
ont parlé la langue grecque : les Mycéniens.
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Bibliographie sélective
Sur l’archéologie
Un ouvrage de référence général mais pointu :
SCHNAPP Alain, La conquête du passé : aux origines de l'archéologie, Paris, 1993.
Un site internet qui présente ce qu’est l’archéologie :
http://www.archeologiesenchantier.ens.fr/spip.php?article11
http://www.archeologiesenchantier.ens.fr/spip.php?rubrique22
Une série de publications « Jeunesse » consacrées à la présentation de l’archéologie listées par l’INRAP :
http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Ressources/p-10455-Liste-des-resultats.htm?&typedoc=90
Un génial livre pour enfants des années 80 que l’on trouve dans de nombreuses bibliothèques d’écoles, de collèges ou encore dans les
bibliothèques municipales et qui permet de réfléchir à notre conception de l’archéologie, en se moquant gentiment des archéologues qui
interprètent les objets à tort et à travers :
MACAULAY David, La civilisation perdue, naissance d’une archéologie, les Deux Coqs d’or, Paris, 1982
Une présentation de cet ouvrage :
http://liaudetlithographies.blogspot.fr/2013/08/naissance-dune-archeologie-par-david.html
Pour parler de l’Iliade et l’Odyssée d’Homère
Le site internet et les documents réalisés par la Bibliothèque nationale de France :
http://expositions.bnf.fr/homere/index.htm
http://classes.bnf.fr/classes/pages/pdf/Homere2.pdf
http://classes.bnf.fr/classes/pages/pdf/Homere5.pdf
http://classes.bnf.fr/classes/pages/pdf/Homere3.pdf
Des livres pour enfants et adolescents :
HOMERE, L’Iliade, trad. Chantal Morlousef, Gallimard Jeunesse, Folio Junior, Paris, 2006
HUGO Hector, Hector, le bouclier de Troie, Nathan, Histoires noires de la mythologie, Paris, 2006
PALLUY Christine, GUILLEREY Aurélie, Ulysse et le cheval de Troie, Milan, le Fil d’Ariane, Paris, 2007
GOUDOT Marie, Hélène de Troie, L’Ecole des Loisirs, Paris, 2002
Sur la Mythologie grecque :
SZAC Murielle, DUVIVIER Jean-Manuel, Le Feuilleton d’Hermès. La Mythologie grecque en cent épisodes, Bayard Presse,
Paris, 2006
COLLECTIF, Les folles aventures de la Mythologie grecque (trad. René Ponthus), Casterman, 2006
TROFFIGUE Violaine, Mythes et légendes, Circonflexe, Paris, 2009
PIQUEMALMichel, Fables mythologiques : amour, ruses et jalousies, Albin Michel Jeunesse, Paris, 2006.
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FAULQUES Julie, MONCOMBLE Gérard, Les plus belles légendes de la mythologie racontées par Zeus, Album Nathan, Paris,
2009
NOIVILLE Florence, NOIVILLE Christine, Les héros grecs, Actes Sud Junior, Paris, 2009
NOIVILLE Florence, NOIVILLE Christine, La Mythologie grecque, Actes Sud Junior, Paris, 2000
HARTMANN Marie-Odile, USDIN Elene, Ariane contre le Minotaure, Nathan, Histoires noires de la mythologie, Paris, 2004
CAUCHY Nicolas, MORGAN, Thésée et le Minotaure, Gautier-Langereau, Paris, 2001
Encyclopaedia Universalis [en ligne], exemples :
AGAMEMNON
Source Universalis, « AGAMEMNON », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 16 octobre 2014. URL :
http://www.universalis.fr/encyclopedie/agamemnon/
ATREE
Source Universalis, « ATRÉE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 16 octobre 2014. URL :
http://www.universalis.fr/encyclopedie/atree/
MINOS
Source Universalis, « MINOS », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 16 octobre 2014. URL :
http://www.universalis.fr/encyclopedie/minos/
MINOTAURE
Source Robert DAVREU, « MINOTAURE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 16 octobre 2014. URL :
http://www.universalis.fr/encyclopedie/minotaure/
DÉDALE
Source Robert DAVREU, « DÉDALE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 16 octobre 2014. URL :
http://www.universalis.fr/encyclopedie/dedale/
Sur la naissance de l’archéologie en Grèce, les Mycéniens et les Minoens :
De très bons Gallimard Découvertes richement illustrés :
ETIENNE Roland et Françoise, La Grèce antique : archéologie d'une découverte, Gallimard Découvertes, 1990.
POLYCHRONOPOULOU Olga, Archéologues sur les pas d'Homère : la naissance de la protohistoire égéenne
FARNOUX Alexandre, Cnossos, archéologie d’un rêve, Gallimard Découvertes
DUCHÊNE Hervé, Schliemann et la Fortune de Troie, Gallimard Découvertes
Un livre pour les adolescents :
MILANI Celestina, Les Egéens, Paris-Méditerranée, 1997
Quelques films et documentaires :
La Passion Schliemann, de Bruno Gantillon, 1999
http://cineteve.com/fiction/la-passion-schliemann/
Troie, la cité du trésor perdu, de Drohr Zahavi, 2007
http://fr.wikipedia.org/wiki/Troie,_la_cit%C3%A9_du_tr%C3%A9sor_perdu
Les civilisations perdues, le mythe de Troie, de Jens Nicolaj, ZDF –TV, 2009
http://www.youtube.com/watch?v=QzF8RlJ_6IA, en intégralité
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Minoens et mycéniens dans les bandes dessinées et les péplums :
Quelques bandes dessinées :
Edgar P. Jacobs, L’Enigme de l’Atlantide, série Blake et Morimer, Dargaud, 1957, p. 20
Uderzo, La Galère d’Obélix, série Astérix et Obélix, éd. Albert René, 1996, p. 36-37
Jacques Denoël et Michel Pierret, Les déesses, tome 1, La Grande Île, Glénat, 2005
Eric Shanower, L’Age de Bronze, vol. 1 Un millier de navires, Akileos, 2004
David Macaulay, La Civilisation perdue, naissance d’une archéologie, L’Ecole des Loisirs, 1982
Quelques films :
La légende d’Hercule,
L’homme qui voulut être roi
Troie
Sur la naissance des écritures pour remettre en contexte le linéaire B :
Un site de la BNF destiné aux scolaires :
http://classes.bnf.fr/ecritures/arret/lecriture/naissances/index.htm
JEAN Georges, L'écriture, mémoire des hommes, Gallimard découvertes, Paris, 2007
BONFANTE Larissa, CHADWICK John, La naissance des écritures : Du cunéiforme à l'alphabet, Editions du Seuil, Paris, 1997
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Les Mycéniens parlaient grec : le déchiffrement du Linéaire B
Grâce aux découvertes d’Evans, on sait que la première écriture ayant existé en Europe apparut en Crète aux alentours de 2000 av. J.-C.
Les civilisations qui peuplaient l’Irak et l’Egypte connaissaient alors déjà l’écriture depuis plus de 1000 ans.
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La première écriture utilisée fut le hiéroglyphique crétois de 2000 à 1650 av. J. -C. dont les symboles devaient correspondre à des syllabes. On le retrouve
sur des sceaux et leurs impressions dans l’argile, ou incisé sur des vases, des objets en pierre mais aussi des tablettes en argile.
Cette écriture coexista un temps avec le linéaire A qui apparut en1850 av. J.-C. et fut utilisée jusque 1450 av. J.-C, incisé sur de la pierre, de l’argile…. On
écrivait peut-être sur des papyrus mais ceux-ci, comme d’autres matériaux périssables ont disparu. Les signes devaient aussi correspondre à des syllabes.
Malheureusement ces deux formes d’écriture demeurent indéchiffrées.
3
Au cours du XVe siècle, une troisième écriture, appelée linéaire B, adaptée du linéaire A fut utilisée dans les palais mycéniens en Grèce continentale et en
Crète. Utilisée à des fins administratives, on retrouve cette écriture incisée sur des tablettes d’argile mais aussi peinte sur des jarres. Les signes
correspondent apparemment aussi à des syllabes (89 signes) mais certains idéogrammes (une centaine) correspondent à un mot. Par exemple, une
silhouette humaine pour désigner un homme ou une femme, la représentation d’un animal pour le désigner….
Le linéaire B a été déchiffré en 1952 par Michael Ventris, un jeune architecte britannique qui aimait décrypter des codes, sans l’aide d’un document bilingue.
Ventris avait rencontré Evans avec sa classe lorsqu’il était petit et s’était passionné pour le déchiffrement du linéaire B, même s’il n’était pas archéologue.
Tour le monde pensait que le linéaire B servait à écrire une langue inconnue : l’étrusque ( langue des peuples d’Italie) ou alors le minoen….En fait le linéaire
B, utilisé par les Mycéniens, servait à écrire du GREC ! Une grande découverte mais les savants, dont Ventris étaient un peu déçus : Ils auraient voulu
découvrir une nouvelle langue plutôt qu’une écriture qui transcrivait une version archaïque du grec ! En plus pas de poèmes épiques dans ces tablettes..
mais des sortes de listes de courses…
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Syllabaire du Linéaire B
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Idéogrammes du linéaire B et système de numération décimal
HOMME
FEMME
CERF
BLE
EPICE
PORC
TRUIE
COCHON
ORGE
SAFRAN
ETALON
JUMENT
CHEVAL
OLIVE
MIEL
MOUTON
BREBIS
BRONZE
HUILE
FRUIT
BOUC
CHEVRE
OR
VIN
FROMAGE
TAUREAU
VACHE
LAINE
CORNE
ARBRE
CASQUE
VETEMENT
ARMURE
ROUE
TISSU
LANCE
FLECHE
EPEE
CHAR
BAIGNOIRE
CUILLER
LOUCHE
TASSE
CHAUDRON TRIPODE
JARRE
CRUCHE
AMPHORE
HYDRIE
KYLIX
BOL
RHYTON
1
10
100
1000
10000
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Après l’égyptien, la langue grecque est donc celle qui a l’histoire la plus longue !! Et les Mycéniens parlaient grec !
Grâce à aux textes des tablettes, et même si on ne possède pas de « littérature » en linéaire B, on a appris beaucoup de choses sur l’agriculture, l’élevage, la
fabrication des tissus, l’artisanat, la guerre, la structure administrative, la religion.…
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A la tête des Mycéniens se trouvait le WANAX, le roi, suivi du LAWAGETAS, le « guide du peuple ».
L’économie était redistributive et tout était contrôlé par les palais. Mais seules certaines personnes s’accaparaient les richesses.
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L’industrie textile :
A Cnossos à l’époque mycénienne existait une véritable industrie textile : organisation de la production de la laine, approvisionnement en fils … De
véritables spécialistes travaillent dans des ateliers…
Religion :
De nombreuses tablettes parlent de provisions destinées à des rites ou des fêtes : offrandes de miel de fromage, de figues, de vin ou d’huiles parfumées
mais aussi bœufs, cochons, brebis, sacrifiés aux divinités. Les quantités étaient parfois impressionnantes : 1700 litres de vin, 3000 litres d’olives et
suffisamment d’animaux pour fournir 4000 kg de viande !
Les dieux sont déjà les mêmes que ceux de l’Olympe : Zeus, Héra, Athéna, Artémis, Poséïdon et Dionysos.
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On pratique des rituels et on festoie dans des banquets en utilisant des vases à libations (rhytons) ou des coupes, représentés sur les tablettes en linéaire B.
Quelques questions existentielles que l’on risque de vous poser, par exemple pour savoir si un jour on déchiffrera le disque de phaistos ou les tablettes
en linéaire A, et les réponses de nos amis de la BBC :
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Keys for a Successful Decipherment
Most or all of the following have been necessary for the decipherment of previously unknown scripts. Several others are
probably never going to be deciphered thanks to deficiencies in one of these areas. How does Proto-Elamite stand up in
each category?
1. Bilinguals
A bilingual inscription is the holy grail of decipherment. Famously the Rosetta stone, in Hieroglyphs, Demotic and Greek,
enabled the first steps to be taken in the decipherment of Egyptian hieroglyphs. Through comparison with the Greek, it
became evident that the figures inside the cartouches were phonetic spellings of proper names (the first step in
recognising that Hieroglyphs were not entirely pictographic, as classical sources suggested, but a mixture of syllables and
logograms).
Alas, no Rosetta Stone as of yet exists for Proto-Elamite.
2. A Sizeable Corpus
This is perhaps the most important factor in determining whether a decipherment is feasible. If the number of examples
of a script is too small, then no amount of analysis can arrive at conclusions as to the way the language functions. An
analogy would be a Sudoku puzzle in which there are too few numbers to arrive at a single definitive solution. The amount
of script needed varies depending on other factors such as how well the language the script writes is known, if at all, the
extent to which the script is logographic or phonetic, and the ability to compare with similar or related scripts. The
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Phaistos Disc, for example, will never be deciphered unless further examples of the script appear, as it contains only 242
characters.
Thankfully, we have abundant examples of Proto-Elamite, there being around 1500 texts containing over 100,000
characters.
3. Knowledge of an Underlying or Related Language
A close second in terms of importance when it comes to dechipherment. The decipherment of Mayan Glyphs was possible
because it was recognised that the script recorded the language spoken by the contemporary Maya people living in Central
America. The seminal moment in Ventris’ decipherment of Linear B came when he realised that it actually recorded an
archaic form of Greek (‘Not quite the Greek you taught me I’m afraid!’ being his characteristically modest preface to the
proof presented to his old Classics teacher). At the very least, the language must be identified as related to some other
ancient or modern language, in order to give scholars some kind of starting point for reconstruction.
Unfortunately, there is definitive answer as to the language Proto-Elamite records, or any examples of a related script.
However, as alluded to above, Proto-Cuneiform has already yielded some useful comparisons, and possesses similar
versions of a few basic signs.
4. A Workable Sign list
To compile a sign list sounds simple, but is actually a far more complicated endeavour than it first appears. For any
meaningful analysis to take place, it must be decided how many signs a script actually possesses, and which are simply
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allographs of one another (an allograph being meaningless variation as a result of font or handwriting, for example A and
A.) The undeciphered Easter Island script, Rongorongo, is one which has suffered from dispute over scribal variation.
Moreover, it unclear whether signs which appear to be combinations of two others, are derived from those signs or are in
fact linguistically unrelated.
Proto-Elamite does not as yet have a definitive sign list. Many copies of the tablets are inaccurate, adding to the
confusion. Original estimates put the number of signs at 5000. The Italian scholar Meriggi, who produced the last
complete sign list in the 1970s put it at about 1000. Now it is thought there are 1200. Dahl is currently working on a new
sign list, and his work, combined with the help of the new high resolution photos, and the assistance of amateurs, will
hopefully lead to a definitive list.
5. The Right Kind of Inscription
Although having a large corpus is useful, quality is as important as quantity. We have over 1300 examples of Etruscan, for
example, but as these are almost all very similar inscriptions on tombstones, it remains impossible to decipher.
A similar problem may plague Proto-Elamite. If almost all the tablets do end up recording administrative functions, it may
be impossible for us to reconstruct the whole language. After all, could you decipher a foreign language using only
supermarket receipts?
6. Cultural Knowledge
22
Sometimes a breakthrough occurs because enthusiasts possess a profound knowledge of the society that produced the
script in question. In the case of Egyptian Hieroglyphs, it was the Egyptologist Champollion, not the brilliant but
scientifically disposed Thomas Young, who eventually made the crucial breakthrough . Through his knowledge of Coptic,
and his love of Egyptian history and culture, his mind instantly jumped to the names Rameses and Thothmes when
presented with the partially complete results yielded by his substitution of values derived from the Greek names into two
unknown cartouches of the pre-Hellenic period.
Unfortunately little is known about the people who wrote Proto-Elamite. If it is ever deciphered, the scripts themselves
will hopefully throw light onto this civilisation.
7. Collaboration
A script is never deciphered through the monumental genius of a single researcher. One of the strengths of Ventris’
approach was his circulation of ‘working notes’ which he asked other scholars to comment upon and revise. Even he owed
more than is perhaps recognised to the work of Alice Kober, who identified that Linear B was an inflected language, like
Greek.
The ‘crowd-sharing’ initiative is thus an inspired idea. The pooling of resources, and the application of many minds, will
surely lead to a quicker decipherment.
8. Imagination
23
Decipherment requires academic risk taking, imaginative leaps, and the ability to break away from previously accepted
truths. Champollion eventually had to abandon the long held belief that Hieroglyphs were purely logographic. Ventris
eventually decided to act on his suspicion that the linear B tablets contained Cretan place names written in archaic Greek,
even though there was no linguistic evidence to directly support this.
However…
This said, new archaeological finds can always change the playing field and enable a previously impossible decipherment to
take place. The attitude of the decipherer must always be an optimistic one: If it was conceived by man, it can be
deciphered by man also.
Why are undeciphered scripts so fascinating to so many?
It could be argued that the attraction of the undeciphered script is the same as that of Sudoku or crossword puzzle; it is a
logical challenge which appeals to the intellect. Still others would point to the human fascination with the unknown, the
mysterious or the enigmatic. This is perhaps a little closer to the truth.
I would argue, however, that the real reason is more profound. Just like the study of History itself (which is only possible
thanks to writing), the scripts remind us of a human solidarity which transcends the present moment. They are the
manifestation of a fundamental human desire; to communicate with others. This aspect of their appeal is perhaps best
expressed by the linguistic scholar Andrew Robinson: ‘Crossword puzzling appeals chiefly to the intellect, albeit at a fairly
24
trivial level. Decipherment answers to both the intellect and the emotions at a deep level, the level of questions like
“What is it that makes us civilised? What is it that makes us Human?”’.
25
PISTES POUR LA VISITE
-Recherche des écritures nouvelles dès les fouilles de Schliemann à Troie avec l’interprétation d’incisions sur les fusaïoles
-Recherches d’Evans en Crète amorcées parce qu’il recherche l’écriture des Mycéniens : collecte des sceaux, découverte de tablettes, intérêt pour le disque
de Phaistos
-Observation des tablettes en linéaire A et en linaire B présentées à la fin de l’exposition et essayer d’y retrouver des logogrammes ( = idéogrammes)
Puis avec l’aide du tableau des idéogrammes, rechercher des objets mycéniens vus dans l’exposition
ATELIER :
-
Décrypter des tablettes courtes en linéaire B
Compter comme les Mycéniens
Rédiger sa propre tablette en linéaire B ( à partir d’idéogrammes uniquement
26
Documents atelier :
Les scribes préparant les tablettes
27
Chercher les intrus ou créer ses propres idéogrammes
28
29
Retrouver des idéogrammes caractéristiques
30
31
Combien de bétail sur cette tablette ???
32
De la laine et des vêtements…. Mais combien ???
33
34
Combien d’hommes ?
35
36
37
38
39
40
41
Page WIKIPEDIA sur le linéaire B :
42
Le linéaire B apparaît en Crète à Cnossos aux environs de 1375 av. J.-C. Il y a été découvert, avec le linéaire A, en1900 par Sir Arthur Evans sur des tablettes d'argile de Cnossos cuites accidentellement par
un incendie. Des tablettes ont également été retrouvées à Pylos, Mycènes, Thèbes et Tirynthe. Le linéaire B se trouve également sur des vases, trouvés à Éleusis, Kreusis, Orchomène[Lequel ?], Chania et
au Ménélaion, à Thérapné. Les styles d'écriture permettent d'identifier une centaine de scribes différents à Cnossos, et une cinquantaine à Pylos.
Déchiffrement[modifier | modifier le code]
Tablette mycénienne, traitant d'une commande de laine, musée national archéologique d'Athènes.
Inscription en linéaire B, musée archéologique d'Héraklion (Crète).
Cette écriture fut déchiffrée en 1952 par l'architecte anglaisMichael Ventris1.
Jusqu'alors, il était communément admis que le linéaire B transcrivait le minoen, langue supposée dont on ne connaissait rien, et non du grec. Ventris remarqua l'existence de variantes pour certains mots. La
présence d'un idéogramme accompagnant un groupe de signes se terminant différemment lui fit supposer qu'il s'agissait de deux mots indiquant le même objet mais à un genre différent2. Les différences étant
faibles, il supposa une langue flexionnelle et que ces différences correspondaient à une différence de voyelle. Il construisit un tableau où les signes partageant la même consonne étaient disposés sur les
horizontales et ceux ayant une voyelle commune sur les verticales. Les similitudes mises en évidence permettaient de retrouver les sons de tout le syllabaire à partir d'un nombre restreint de valeurs.
Les tablettes trouvées à Pylos et celles trouvées en Crète différaient par l'existence, dans ces dernières, de groupes de signes, mis en évidence par Alice Kober. Ventris supposa qu'il s'agissait des noms de
toponymes d'origine crétoise (et non grecs). Il identifia Cnossos (ko-no-so), son port Amnisos (a-mi-ni-so) et quelques autres3. Par déduction, et en rectifiant et enrichissant la grille de lecture au fur et à mesure
des identifications, il fut alors possible de lire le linéaire B qui s'avéra transcrire un dialecte grec archaïque.
43
Par la suite, l'helléniste John Chadwick, spécialiste de l'évolution du grec, aida Michael Ventris à continuer le déchiffrement pour aboutir en 1955 à un traité sur le linéaire B : Documents in Mycenaean
Greek (Documents en grec mycénien)4.
Caractères du linéaire B[modifier | modifier le code]
Le linéaire B comporte près de 200 signes, divisés en signes « syllabiques », ayant probablement une valeur phonétique, et en « logogrammes » ayant eux une valeur sémantique.
Syllabaire du linéaire B
HOMME
FEMME
CERF
BLE
EPICE
PORC
TRUIE
COCHON
ORGE
SAFRAN
ETALON
JUMENT
CHEVAL
OLIVE
MIEL
MOUTON
BREBIS
BRONZE
HUILE
FRUIT
BOUC
CHEVRE
OR
VIN
FROMAGE
TAUREAU
VACHE
LAINE
CORNE
ARBRE
CASQUE
VETEMENT
ARMURE
ROUE
TISSU
LANCE
FLECHE
EPEE
CHAR
BAIGNOIRE
CUILLER
LOUCHE
TASSE
CHAUDRON TRIPODE
JARRE
CRUCHE
AMPHORE
HYDRIE
KYLIX
BOL
1
10
100
1000
RHYTON
10000
Idéogrammes du linéaire B
Scribes mycéniens au travail : fabrication, écriture et rangement des tablettes
Exemple de tablette : nom d’une personne et liste de ce qui lui appartient
Exemple de tablette de l’exposition (trouvée entrée Nord du palais de Cnossos) : enregistrement de différents
types de roues, avec un idéogramme très facile à reconnaître
Compter en linéaire B
Combien de moutons et brebis sont dénombrés sur cette tablette ?
Réponse : 58 moutons, 2 brebis, 50 moutons
Combien comptes-tu de moutons ? Combien de paquets de laine ?
Réponse : 130 moutons, 26 paquets de laine
Certaines tablettes sont très longues, celle-ci liste le nombre de femmes qui travaillaient dans un atelier de
Cnossos. Combien de femmes parviens-tu à retrouver ? Aide- toi des idéogrammes !
Réponse : 76 femmes
Syllabaire du linéaire B
HOMME
FEMME
CERF
BLE
EPICE
PORC
TRUIE
COCHON
ORGE
SAFRAN
ETALON
JUMENT
CHEVAL
OLIVE
MIEL
MOUTON
BREBIS
BRONZE
HUILE
FRUIT
BOUC
CHEVRE
OR
VIN
FROMAGE
TAUREAU
VACHE
LAINE
CORNE
ARBRE
CASQUE
VETEMENT
ARMURE
ROUE
TISSU
LANCE
FLECHE
EPEE
CHAR
BAIGNOIRE
CUILLER
LOUCHE
TASSE
CHAUDRON TRIPODE
JARRE
CRUCHE
AMPHORE
HYDRIE
KYLIX
BOL
1
10
100
1000
RHYTON
10000
Idéogrammes du linéaire B
Scribes mycéniens au travail : fabrication, écriture et rangement des tablettes
Exemple de tablette : nom d’une personne et liste de ce qui lui appartient
Exemple de tablette de l’exposition (trouvée entrée Nord du palais de Cnossos) : enregistrement de différents
types de roues, avec un idéogramme très facile à reconnaître
Compter en linéaire B
Combien de moutons et brebis sont dénombrés sur cette tablette ?
Combien comptes-tu de moutons ? Combien de paquets de laine ?
Certaines tablettes sont très longues, celle-ci liste le nombre de femmes qui travaillaient dans un atelier de
Cnossos. Combien de femmes parviens-tu à retrouver ? Aide- toi des idéogrammes !
« Je suis un petit Mycénien »
Pour le prénom, utiliser le syllabaire pour écrire le nom de l’enfant sous la forme la plus semblable.
Pour indiquer la localité où il habite plusieurs possibilités (mais certaines villes n’ont jamais été
trouvées en linéaire B, alors on ne va pas inventer, ex : à Mycènes on a trouvé les premières
tablettes en 1954, et aucune ne donne le nom de Mycènes ! un comble !)
En Crète
“A Cnossos” : ko- no-so
“De Cnossos” (comme pour dire “Benjamin de Strasbourg / strasbourgeois”) :
ko-no-si-jo pour les garçons et ko-no-si –ja pour les filles
« A Amnisos » : a-mi-ni-so
« D’Amnisos » : a-mi-ni si-jo ou ja
« A Phaistos » : pa-i-to
« De Phaistos » : Pa-i-ti-jo ou ja
« A Tylissos » : Tu-ri-so
Nom d’un village près de Phaistos : da-wo
Nom d’un village près de Knossos : ku-ta-to
Noms de localités en Crète orientale :
Si-ra-ro / o-du-ru-we/ka-ta-ra-i/ Ka-ta-ro
A-pa-ta-wa : « Aptère »
Ra-to : « Lato »
U-ta-no : “Itanos”
Grèce continentale
“De Thèbes”: te-qa-de
“A Pylos » : pi-ro
« A Orchomène » : e-ko-me-no
“A Corinthe”: Ko-ri-to
“De Milet”: mi-ra-ti-jo ou ja
“De Lacédémone ( Sparte)”: ra-ke-da-mi-ni-jo ou ja
Agamemnon
et le coffre mystérieux
Livret-jeu de l’exposition La Grèce des origines
En vacances chez ses grands-parents, Agamemnon*
Schliemann est tombé sur un véritable trésor dans le vaste grenier de
la maison familiale : Un mystérieux coffre rempli d’objets bizarres !
Agamemnon y trouve des vieux carnets, des cartes postales, des
photos et même une robe décorée avec… des poulpes !!
* Étrange ce prénom, non ? Tu verras que c’est une tradition familiale : cherche la photo
de son ancêtre dans la section sur Heinrich Schliemann (dans la chapelle) !
“ À ouvrir uniquement par un jeune membre de ma
famille qui jure de consacrer sa vie à l’archéologie. ”
J’ai toujours rêvé
d’être archéologue !
Cher descendant, je te lègue :
LE ______ __ __ __
CLYTEMNESTRE *
QUE
DE
OR
EN
MAS
*épouse d’Agamemnon, roi de Mycèn
es
Pour décrypter ce message secret, rem
et les lettres dans l’ordre ! En résolv
ant
une série d’énigmes, tu trouveras cet
objet exceptionnel. Plusieurs indices
se
trouvent dans ce coffre. Bonne chance
et bonnes fouilles !
Heinrich Schliemann, grand archéolo
gue allemand
Aide Agamemnon à découvrir la cachette du trésor en visitant l’exposition (chaque section est d’une couleur différente).
Pour résoudre les énigmes, ouvre grand les yeux et cherche les
indices. N’oublie pas de regarder l’ensemble des panenaux et cartels ! Pour chaque énigme résolue, tu trouveras un mot. Recopie-le
dans la grille de mots croisés à la fin du livret : l’emplacement du
trésor te sera alors révélé ! N’hésite pas à demander l’aide d’un
adulte. Bonne chance !
Aide-toi du code couleur pour savoir où
chercher les informations dans l’exposition !
La découverte des premiers objets préhistoriques en Grèce
Tout au fond du coffre, Agamemnon découvre
quelques pierres très lisses. Sur une de ces
pierres il y a encore un morceau d’étiquette.
Zut , il manque la moitié !
Prêt pour la première énigme ? Quel est le nom
curieux que les paysans grecs donnaient à cet objet ?
P_____ 1 de _____e 2
Mais en réalité, qu’est-ce que c’est ?
Note les deux mots sur ta fiche
à l’emplacement indiqué
Le savais-tu ?
Les haches avec une lame en pierre polie servaient à abattre
les arbres et à travailler le bois. Les lames étaient fixées sur un
manche en bois. Le polissage les rend très solides et leur donne
un tranchant régulier.
Aïïïïïïe ! Agamemnon s’est coupé en
touchant des petites lames noires. Quelques
gouttes de sang tombent sur la lettre.
Comment s’appelle cette pierre
noire brillante ?
__________
3
Le savais-tu ?
Les outils en
obsidienne sont
très tranchants. En effet, ce matériau
est si coupant que les chirurgiens du
XXe siècle utilisaient encore des lames
d’obsidienne en guise de scalpels ! Regarde bien, il y a deux idoles
cycladiques : elles sont placées dans un
vase très lourd en marbre !
Comment s’appelle le vase dans
lequel étaient placées ces têtes ?
_______ 4
Je ne suis pas une « vénus barbare »,
mais une femme sans yeux ni bouche.
Dessine-moi un visage !
Le savais-tu ?
Les archéologues
ont découvert que
les idoles étaient
toutes peintes. Les artistes
avaient ajouté des yeux,
une bouche… et parfois
même des tatouages !
Malheureusement, les
couleurs ont souvent disparu.
Dans les tombes on retrouve
encore les pigments utilisés
pour cette peinture.
Santorin, une extraordinaire découverte tombée
dans l’oubli
Agamemnon retourne une image qui
montre une île à la forme très bizarre. On dirait
qu’il manque la moitié !
Que s’est-il passé il y a très lon
L’énorme é_______
5
gtemps à Santorin ?
d’un v_____
6
Le savais-tu ?
Comme à Pompéi en Italie, on a trouvé à Santorin des
maisons décorées avec de jolies peintures bien colorées
sous des couches de cendres solidifiées. Les objets du
quotidien étaient restés à l’intérieur des maisons.
La révolution archéologique d’Heinrich Schliemann
Cher descendant, à Troie j’ai découvert plusieurs objets bien mystérieux. Je les ai
dessinés et j’ai essayé de comprendre leur fonction. Saurais-tu faire la même chose ?
Dessine : un depas amphikypellon
un vase à tête humaine
Cherche bien dans toutes les vitrines de la section orange !
un biberon (si, si il y en a un !)
Le savais-tu ?
Selon Homère, un depas
amphikypellon était utilisé
comme gobelet pour boire.
Depas amphi… quoi ? Ils
sont fous ces Grecs !
Qu’est-ce que c’est ça ?
On dirait un cœur…
Ah ! Mes fouilles de Troie ! J’en suis très fier. Tout
le monde pensait que j’étais fou de
chercher cette cité légendaire, décrite dans le poème L’I
liade d’Homère, il y a 2 700 ans.
Combien de cités successives ai-je découvertes à Tr
oie ?
Regarde bien les panneaux et
note le bon chiffre en toute
Deux
Cinq
Sept
Neuf 7
lettre dans la grille.
Parmi les objets mystérieux il y avait ces petits ron
ds avec un trou au milieu
De quoi s’agit-il en réalité ?
Ce sont des : _________ 8
cool !!!
Mon autre grand succès : la fouille de Mycènes ! J’ai retrouvé des masques en
or mais aussi des vases, des gobelets, des poignards en or et beaucoup d’autres
objets… et tu sais quoi ? Il y avait des animaux partout !
Peux-tu trouver sur ces objets ? Cherche bien dans toutes les vitrines
des lions des poissons des oiseaux des chevaux des chèvres des taureaux
Voici l’animal que je préfère : c’est un ______ ! 9
Regarde parmi les objets des tombes de
Le savais-tu ?
Ligortynos. Tu trouveras un grand vase
Un larnax est un petit cercueil.
avec un animal marin près d’un larnax….
de la section orange !
Aide Agamemnon à découvrir la cachette du trésor en
visitant l’exposition (chaque section est d’une couleur différente).
Pour résoudre les énigmes, ouvre grand les yeux et cherche
les indices. N’oublie pas de regarder l’ensemble des panneaux
et cartels ! Pour chaque énigme résolue, tu trouveras un mot.
Recopie-le dans la grille de mots croisés à la fin du livret :
l’emplacement du trésor te sera alors révélé ! N’hésite pas à
demander l’aide d’un adulte. Bonne chance !
Aide-toi du code couleur pour savoir où
chercher les informations dans l’exposition !
La découverte des premiers objets préhistoriques en Grèce
Tout au fond du coffre, Agamemnon découvre
quelques pierres très lisses. Sur une de ces
pierres il y a encore un morceau d’étiquette.
Zut , il manque la moitié !
Prêt pour la première énigme ? Quel est le nom
curieux que les paysans grecs donnaient à cet objet ?
P_____ 1 de _____e 2
Mais en réalité, qu’est-ce que c’est ?
Le savais-tu ?
Les haches avec une lame en pierre polie servaient à abattre
les arbres et à travailler le bois. Les lames étaient fixées sur un
manche en bois. Le polissage les rend très solides et leur donne
un tranchant régulier.
Retrouve ces objets et relie-les par un trait avec leur vrai nom.
sceau
objets
Rhyton
poids
Identifie le nom manquant :
Le _ _ _ _ _ _ _ _ _
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
aiguièr
e
13
Recopie les cinq mots sans espace
dans la grille de mots croisés.
Le savais-tu ?
Un rhyton est un vase avec
une ouverture de fond qui
permet de renverser quelques gouttes
sur le sol ou sur un autel. On l’utilisait
surtout pour des rituels religieux.
La Grèce, partie intégrante des Balkans
Regarde ces objets : de quel
pays viennent-ils ?
De ________ . 14
Un bon archéologue ramasse
aussi des restes
botaniques. Tu vois cette coupelle avec de tout petits
Ter
re d
Crottes
trucs noirs à l’intérieur ? Retrouve la bonne étiquette
et recopie les mots sans espace dans la grille ! 15
Le savais-tu ?
La carpologie est l’étude des restes de graines et
de fruits retrouvés sur un site archéologique.
es B
de sour
alk
ans
is
sés
rboni
a
Pois c
Poussière anti
que
La France à la mode égéenne
Ah, la Crète…... Cette île a
vraiment inspiré les artistes !
On retrouve des motifs qui te sont
maintenant familiers : poulpes,
dauphins, colonnes, fleurs... Un
grand couturier a même créé des
robes avec des motifs marins !
Et toi, sauras-tu en faire autant ?
Aide Agamemnon à décorer cette robe !
les civilisations égéennes aujourd’hui
Te rends-tu compte que les civilisations qu’Arthur Evans et moi-même avons
découvertes se retrouvent aujourd’hui dans des Bandes Dessinées ?
J’ai une dernière énigme pour toi :
Quel palais inspiré de celui de Cnossos Astérix a-t-il visité ? Cherche
la réponse dans “La Galère d’Obélix” sur les pages 36-37 !
Le palais de l ’ A________ 16
Vite ! Ma pioche et ma truelle !
Victoire ! Agamemnon a
trouvé la cachette. Remplis vite la
grille de mots croisés et mets les
lettres dans les cases spéciales
dans l’ordre pour trouver la
cachette. Si tu as la bonne réponse,
une surprise t’attend !
Ton prénom et ton
nom :
Ton âge :
14
4
8
3
15
5
2
13
9
16
12
11
6
1
10
7
Remets dans l’ordre les lettres trouvées des cases bleues et jaunes :
Le trésor se trouve sous le vieux
Soulève la dalle décorée avec un
­ _ H_ _ _
.
______
et retrouve le
trésor à un mètre de profondeur !
Félicitations, tu as prouvé que tu t’intéresses vraiment
à l’archéologie grecque ! Remets cette fiche au bureau du
développement culturel, tu verras, une surprise t’attend !
MAIF, partenaire éducation de la Rmn-GP
Conception du livret et des jeux : Claudia Eicher, conception graphique : Barbara Govin
Crédits : © RMN-Grand Palais (Musée d’Archéologie nationale) Tony Querrec, Franck Raux, Jean-Gilles Berizzi,
© Musée archéologique d’Héraklion, © MAN/Valorie Go