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Modèles linguistiques
62 (2010)
Mode(s) et modalité(s) (I)
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Damien Villers
Les modalités du détournement
proverbial : entre contraintes et
libertés
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Référence électronique
Damien Villers, « Les modalités du détournement proverbial : entre contraintes et libertés », Modèles linguistiques
[En ligne], 62 | 2010, mis en ligne le 25 janvier 2013, consulté le 15 mai 2014. URL : http://ml.revues.org/237
Éditeur : Association Modèles Linguistiques
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8
Les modalités du détournement proverbial :
entre contraintes et libertés
Damien Villers
Lorsqu'un énonciateur utilise un proverbe, il utilise un énoncé qui ne lui
appartient pas1, qu'il n'a pas créé, et qui possède en théorie une forme fixe. Il
est alors légitime de se demander quelle empreinte l'énonciateur peut laisser
sur ce genre d'énoncé, et si une telle modalisation est possible. Le présent
article a pour but de mettre en évidence la part de contrainte qui s'impose à
l'énonciateur, et la part de liberté qui s'offre à lui lors de l'emploi, et en
l'occurrence, du détournement des séquences dites figées, et tout
particulièrement les proverbes en anglais et en français.
1. La contrainte du figement
Les proverbes appartiennent à la catégorie très vaste des séquences figées, à
l'instar des expressions idiomatiques ou de séquences plus petites, telles que
brise-glace ou pomme de terre, qui reçoivent diverses appellations : lexies
composées et complexes pour Bernard Pottier, synapsies chez Émile Benveniste
ou encore synthèmes chez André Martinet. C'est le linguiste danois Otto
Jespersen qui a été le premier à mettre en évidence l'importance de telles
séquences en Langue, et depuis, de nombreux linguistes, comme Gaston Gross
(1996), Charlotte Schapira (1999) ou Isabel Gonzales Rey (2002), y ont consacré
des ouvrages entiers.
Cette notion de figement linguistique est assez complexe, et fait
traditionnellement référence à la fixation d'une séquence dans l'usage. De
manière générale, les linguistes s'accordent à parler de figement si plusieurs
critères sont réunis. Voici un bref rappel de ces critères :
•
la polylexicalité : les séquences figées doivent être composées de plusieurs
termes. Ce critère est le plus évident et le plus indiscutable, car il permet
de distinguer les séquences figées du simple mot.
1."
Grésillon & Maingueneau (1984) parlent à ce propos de polyphonie, en raison des
différentes voix qui se superposent.
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DAMIEN VILLERS
•
l'opacité sémantique : le sens des séquences figées n'est en théorie pas
littéral. La lecture n'est donc pas compositionnelle, car le sens n'est pas le
produit de chacun de ses composants, il n'est pas transparent. Ainsi, les
carottes sont cuites ne signifie pas que la cuisson de ces légumes est
terminée, mais qu'une situation est désespérée.
•
le blocage des propriétés transformationnelles : il n'est pas possible
d'effectuer des changements syntaxiques. On ne peut par exemple pas
effectuer de passivation (ou inversement : On a cuit les carottes) ou de mise
en relief sur une séquence figée.
•
la non actualisation : il n'est pas possible d'actualiser un des éléments et
d'obtenir une séquence du type mes carottes sont cuites, car le sens serait
alors modifié.
•
le blocage des paradigmes synonymiques : on ne peut pas effectuer de
changements lexicaux ou modifier certains termes de la séquence.
•
la non insertion : il n'est pas possible d'ajouter ou d'insérer des éléments
dans une séquence figée : *les carottes sont cuites à la vapeur.
Certains critères doivent néanmoins être nuancés, tout particulièrement celui
de l'opacité sémantique, qui est pourtant omniprésent dans les définitions du
figement, y compris les définitions de linguistes aussi sérieux que Dubois et al
(1999 : 202), Charaudeau & Maingueneau (2002 : 262), ou encore Neveu (2004 :
132). Mais ce critère est loin d'être convaincant dans le cas de nombreux
proverbes
dont
l'interprétation
reste
relativement
littérale2
ou
« transparente » : Quand on veut, on peut; Premier arrivé, premier servi; There's
always a first time; Money can't buy happiness etc. Cela vaut également pour de
nombreuses locutions et séquences comme ne pas être au bout de ses peines, fil à
couper le beurre, fort comme un bœuf etc. Plusieurs linguistes ont noté à juste titre
le caractère scalaire et facultatif de l'opacité sémantique, comme Gross (1996 :
11), Mejri (1997 : 49), Schapira (1999 : 11), Gonzales Rey (2002 : 71), Maria
Helena Svensson (2004 : 144), Lecler (2006 : 45), Villers (2010 : 190) ou encore
Kleiber (2010 : 51). Khojet El Khil (2003 : 140-141) s'étonne d'ailleurs que ce
critère soit souvent considéré comme obligatoire, et affirme que 60% des
locutions verbales ont un sens transparent. La démonstration du caractère
facultatif de ce critère n'est donc plus à faire.
2."
Pour un débat sur la métaphore dans le proverbe, voir Villers (2010 : 286-309) et
Kleiber (2010). Il faut également ajouter que de nombreux proverbes métaphoriques
sont nettement moins opaques que certaines expressions idiomatiques. Pour un
débat sur le figement dans les proverbes, voir Villers (2010 : 185-218).
!
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Le terme « figement » ne doit pas non plus être compris au sens de « qui
ne bouge jamais », car il existe certaines variations en diachronie et en
synchronie, comme je le rappellerai un peu plus bas. C'est précisément à cause
de ces variations et de cette absence d'opacité que certains linguistes, comme
Krikmann (1999 : 306), Anscombre (2000 : 19) ou Tamba (2000 : 112), ont été
amenés à affirmer que les proverbes ne sont pas des séquences figées.
Toutefois, cette conclusion me semble trop hâtive, car il ne fait aucun doute
que les proverbes forment des unités stables, et qu'ils ne sont pas créés
librement en Discours. C'est donc avec une certaine nuance qu'il faut
comprendre le terme assez agressif de « figement », qui doit en réalité être
compris comme un synonyme du terme « fixité », terme que de nombreux
linguistes choisissent pour des raisons de transparence.
La contrainte que représente le figement se justifie tout naturellement,
puisqu'une séquence ne peut être utilisée et reconnue que si elle possède une
forme stable. Il en va donc de sa survie. En outre, l'existence des séquences
figées s'explique par le besoin d'un code commun, d'une manière de
s'exprimer pré-formatée et plus « efficace ». Cette contrainte est donc en réalité
née d'une nécessité, et offre de nombreux avantages 3 communicatifs . Mais
cette contrainte, ce moule vital, engendre son lot de libertés, et offre à
l'énonciateur diverses manières de jouer, de contourner les règles ou de les
adapter.
2. Combinaisons et écorchements
Avant de décrire les diverses formes de liberté qui s'offrent à l'énonciateur, il
convient d'écarter au préalable certains phénomènes, qui ne constituent pas
tout à fait une liberté pour ce dernier. Le premier de ces phénomènes a été
évoqué un peu plus haut, il s'agit de la variation au sens de « variantes
attestées », qui sont disponibles avant le Discours et qui ne relèvent pas de
l'empreinte de l'énonciateur. Il existe en effet à une époque donnée, en
synchronie donc, de nombreuses séquences figées qui sont employées sous
plusieurs formes, qui possèdent plusieurs combinaisons. Cela est valable pour
les proverbes anglais et français : Qui ne tente [risque] rien n'a rien, Ne réveillez
pas le chat [chien] qui dort, The early bird gets [catches] the worm, In the land
[ kingdom, country] of the blind, the one eyed man is king etc. Ces variantes
semblent à première vue contredire les conditions de blocage évoquées dans la
première partie, mais il faut préciser que chaque combinaison forme une
3."
Voir Villers (2010 : 170-172) pour une description de ces avantages.
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séquence stable et usitée, et que la variation n'est pas libre. Il existe bien
évidemment des variantes attestées pour de nombreuses autres séquences
figées, comme les expressions idiomatiques : péter un plomb [un boulon, une
durite], to beat around [about] the bush, to be as dumb as a stump [a doorknob, a bag
of hammers] etc.
À côté de ces variations en synchronie, il y a bien sûr les variations en
diachronie. En effet, les proverbes, à l'instar de la langue, évoluent au fil des
siècles, et sont par conséquent mis à jour afin de ne pas disparaître. Ainsi, le
TLF révèle que le proverbe Oignez vilain, il vous poindra, poignez vilain, il vous
oindra existait en 1301 sous la forme de Oin le vilain, il te chiera an la main. Le
proverbe est d'ailleurs en passe de disparaître, car sa forme actuelle n'est plus
du tout d'actualité, voire même plus « vieillotte » que sa variante médiévale.
En revanche, le proverbe anglais Big fish eat little fish a su s'adapter pour
survivre, comme l'a démontré Mieder (2004 : 36-37), à travers des variantes de
diverses époques :
The more fishes in the se eten the lasse (12ème siècle).
The greet fishes eaten the smale (14ème siècle).
The great fishe eateth the little (1578).
Il est aisé de remarquer les modifications qu'a subies le proverbe avant de
revêtir sa forme actuelle. Ces modifications sont essentiellement lexicales (more
→ great → big, less → small → little) et orthographiques (eaten → eateth → eat,
greet → great, fishe → fish), et incluent même la suppression d'éléments inutiles
(in the se).
Le deuxième phénomène qu'il convient de dissocier des libertés prises par
l'énonciateur est l'écorchement involontaire d'une séquence figée. Barta (2005 :
140) fait lui aussi cette distinction entre le défigement involontaire et le
défigement volontaire. Les raisons de tels écorchements sont diverses, et sont
énumérées par Misri (1987 : 414), pour qui le défigement involontaire « se
manifeste notamment chez les enfants qui n'ont pas encore acquis
suffisamment le système linguistique, chez les étrangers qui ont une
connaissance incertaine des figements, et chez des sujets qui présentent des
troubles langagiers ». Il est assez amusant de remarquer que ces mêmes
« troubles langagiers » peuvent se retrouver chez un certain président 4 des
États-Unis. Lors d'une conférence à Nashville en septembre 2002, George W.
Bush a tenté d'utiliser le proverbe Fool me once, shame on you, fool me twice,
4."
Ces troubles sont si fréquents qu'on leur attribue le nom de Bushisms. Ils sont
compilés dans des livres et même sur des posters.
!
LES MODALITÉS DU DÉTOURNEMENT PROVERBIAL!
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shame on me, afin de mettre en garde les Nations-Unies contre la menace que
représentait Saddam Hussein. Mais la symétrie de cet énoncé lui a causé
quelques difficultés :
There's an old saying in Tennessee — I know it's in Texas, probably in Tenessee
— that says : “Fool me once......shame on……shame on you. Fool me ...you
can't get fooled again !”.
À travers ces écorchements et ces variations, il est aisé de remarquer que la
notion de jeu est totalement absente, et que l'empreinte de l'énonciateur est soit
inexistante, soit involontaire. Quels sont alors les phénomènes qui
correspondent à une « prise de liberté » de la part de l'énonciateur ?
3. Le jeu littéral
Très souvent, une séquence figée est utilisée ou illustrée de manière littérale, à
des fins comiques. C'est donc son sens « phrastique » ou « compositionnel »
qui est dépeint, et non son sens « véritable », parfois appelé sens « formulaire »
ou « proverbial ». Les cibles de ce jeu littéral sont donc les proverbes
métaphoriques, et de préférence ceux qui contiennent une image amusante, ou
représentent une scène insolite. Ce type de jeu foisonne dans les bandes
dessinées, les dessins humoristiques et les cartoons5.
5."
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Dans ce dessin, c'est le sens phrastique du proverbe You can't teach an old dog
new tricks qui est mis en scène, notamment avec un propriétaire qui tente
d'apprendre des tours de prestidigitation à son chien. Ce type de jeu n’est pas
nouveau, car au 16ème siècle Peter Bruegel s’y adonnait déjà, comme dans son
célèbre Netherlandish Proverbs (1559), qui illustre plus de cent proverbes et
expressions néerlandaises :
Ce type de jeu se retrouve également dans certains romans, comme celui de
Lewis Caroll, Alice in Wonderland, qui contient un exemple intéressant de jeu
littéral autour du proverbe A cat may look at a king (Ch. 8) :
“Who are you talking to?” said the King, coming up to Alice, and looking at
the Cat’s head with great curiosity.
“It's a friend of mine — a Cheshire-Cat,” said Alice : “allow me to introduce
it.”
“I don't like the look of it at all,” said the King : “however, it may kiss my
hand, if it likes.”
“I'd rather not,” the Cat remarked.
“Don't be impertinent,” said the King, “and don't look at me like that!” He
got behind Alice as he spoke.
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“A cat may look at a king,” said Alice. “I’ve read that in some book, but I
don't remember where.”
Dans tous ces exemples, c'est évidemment le contexte ou le cotexte qui révèle
ce jeu sur le sens littéral. Il est d'ailleurs possible de parler de détournement,
mais il ne s'agit que d'un détournement du sens formulaire du proverbe, qui
est neutralisé au profit du sens phrastique ou « compositionnel ». Lecler (2006 :
47) parle à ce sujet de défigement qui n'est pas « formellement marqué », car
même si le sens est altéré, la forme ne l'est pas. Pour illustrer ce type de
défigement, cette dernière cite l'exemple d'une locution qui est utilisée dans
une publicité pour un pèse-personne, qui est capable de faire deux poids deux
mesures (il mesure deux types de masse).
4. Le jeu de l'écorchement par truchement
Je souhaite à présent aborder le cas particulier des écorchements délibérés, qui
sont donc à opposer aux écorchements involontaires mentionnés plus haut,
mais qui sont également à distinguer de la parodie de proverbes, qui sera
abordée un peu plus bas. Tous ces phénomènes partagent cependant un point
commun, à savoir le défigement qui en résulte. Quant aux termes
« écorchements délibérés », ils sont volontairement contradictoires, car une
erreur n'est en théorie pas volontaire. Il est néanmoins possible pour un auteur
de mettre en scène des personnages qui sont victimes de troubles langagiers
ou qui ne possèdent pas une maitrise satisfaisante de la langue. L'écorchement
est alors involontaire pour ce personnage, qui sert de truchement, mais il
émane d'une volonté de jouer de la part de son créateur. Le but d'un tel jeu est
avant tout de générer des situations comiques.
Ce but transparaît clairement dans les sketchs de nombreux humoristes
français tels que Gad Elmaleh ou Jamel Debbouze, et devient même le procédé
comique principal du sketch d'Elie Semoun intitulé « Monsieur Fyon ». Ce
personnage antipathique est atteint de troubles du langage et massacre
systématiquement toutes les expressions qu'il utilise : passer du phoque à l’âne,
la cerise sur le bateau, ni une ni une etc. À l'aide de ce travers linguistique, Elie
Semoun présente au spectateur un personnage qui ne maîtrise pas du tout le
code commun, bien qu'il soit un locuteur natif. Il est par conséquent isolé du
reste de la communauté linguistique, comme marginalisé. Le jeu de
l'écorchement sert ici avant tout à ridiculiser le personnage principal, et ainsi
créer un décalage comique.
Le cas le plus intéressant est certainement celui de la série américaine
NCIS, dans laquelle la jeune Ziva David, agent du Mossad et native d'Israël,
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DAMIEN VILLERS
massacre involontairement, mais systématiquement, toutes les expressions et
proverbes qu'elle utilise, à tel point que de tels « massacres » ont très
rapidement été nommés des Zivaisms. Voici un échantillon de quelques
Zivaisms, accompagnés de la forme figée sous-entendue ou visée, ainsi que de
l'épisode concerné :
Do you mind if I take a bat nap? 3x17 (to take a cat nap)
Look who's calling the pot black! 3x18 (the pot calling the kettle black)
You look like you saw a goat! 4x20 (You look like you saw a ghost)
You can't make an omelette without breaking legs! 6x18 (You can't make
an omelette without breaking eggs)
Encore une fois, la fonction primaire de tels écorchements est de créer des
situations comiques, et même lorsque Ziva parvient à utiliser correctement un
idiotisme, son collègue Tony en profite pour la piéger (3x16) :
—
—
—
—
—
Ziva “ We've been barking up the wrong tree the entire investigation!”
Tony (un sourire aux lèvres): “Bush!”
Ziva “Sorry, we've been barking up the wrong...bush ?”
Tony (rires): “Tree”
Ziva (frappe Tony à l'estomac)
Ce leitmotiv comique n'a rien d'innocent et relève d'une redoutable stratégie
commerciale. En effet, la série NCIS a une grande « rivale », la série CSI (Les
experts), qui mise essentiellement sur un contenu scientifique, et relègue au
second plan les relations entre les personnages et l'aspect humoristique. Par
conséquent, la série NCIS a fait de ces aspects délaissés par CSI sa priorité, et
ses auteurs ont choisi d'associer à chaque personnage un trait humoristique ou
stéréotypé (le patron intransigeant, la laborantine au look gothique, le bleu,
l'agent pervers et fanfaron Tony, etc.), afin de générer de nombreuses scènes
comiques. Il fallait donc trouver à Ziva David une facette humoristique, afin
de créer un décalage avec son image de femme fatale et de machine à tuer. La
solution était simple : faire en sorte qu'elle massacre (aussi) les idiotismes. Ce
n'est d'ailleurs probablement pas une coïncidence si Ziva figure parmi les
personnages préférés de la série.
5. Proverbe et adaptation
Le troisième type de liberté qui s'offre à l'énonciateur est la possibilité
d'adapter un proverbe en lui faisant perdre son caractère générique6 afin de
l'insérer de manière plus fluide et naturelle dans son discours. Ce type de
6."
Pour la perte de généricité, voir Villers (2010 : 78-89). Le détournement ne concerne
ici que le caractère général.
!
LES MODALITÉS DU DÉTOURNEMENT PROVERBIAL!
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manipulation viole la règle de non actualisation décrite dans la première
partie, et implique très souvent une fragmentation du proverbe cible, comme
dans le titre de cette chanson de Rachel Stamp, I got the worm (1998), ou encore
dans le titre de cet article, tiré de L'Express (25/10/2007) : "Kachkar a mis la
charrue avant les bœufs". Avec ces énoncés, il est clairement fait référence aux
proverbes The early bird gets the worm et Il ne faut pas mettre la charrue avant les
bœufs. Ainsi, ces proverbes sont fragmentés, et ne sont conservées que les
locutions to get the worm et mettre la charrue avant les bœufs, qui peuvent varier
en genre et en nombre, mais aussi en temps, à la guise de l'énonciateur.
Dans la mesure où ces énoncés sont des proverbes fragmentés,
l'appellation de locution proverbiale7 semble la plus logique. Je préférerai cette
dénomination aux termes trop généraux employés par Wozniak (2009 : 186),
qui parle à ce sujet de « modifications proverbiales ». Ce phénomène
d'adaptation entraîne donc une décatégorisation, du statut de proverbe vers le
statut de locution proverbiale. Cette décatégorisation est parfois qualifiée de
« déproverbialisation », notamment chez Schapira (2000 : 93-97) et Villers
(2010 : 232-237, 376-380).
Je m'oppose par conséquent aux linguistes qui, à l'image de CharterisBlack (1999 : 265), considèrent que new broom (He's the new broom at Guardian)
est la forme standard du proverbe A new broom sweeps clean. Ce dernier
s'appuie sur des statistiques qui démontrent que la forme « réduite » est plus
souvent employée que la forme pleine, et il est vrai que certains proverbes sont
bien plus souvent utilisés sous leur forme de locution proverbiale, car ces
dernières sont plus faciles à insérer dans le discours. Cependant, il est
nécessaire de distinguer ces deux types d'emploi, en raison des nombreux
changements (souvent indissociables) qui interviennent, comme la perte du
caractère générique ou la perte d'autonomie grammaticale.
Ce type d'adaptation se retrouve également en littérature et dans la poésie,
comme dans ce poème d'Emily Dickinson intitulé Which is best (1865) :
Which is best ? Heaven -Or only Heaven to come
With that old Codicil of Doubt?
I cannot help esteem
The “Bird within the Hand”
Superior to the one
The “Bush” may yield me
7."
Tandis que Milner (1969) utilise ce terme pour désigner des proverbes tels que Qui
ne risque rien n'a rien dans son article « De l'armature des locutions proverbiales »
publié dans L'Homme, Vol. 9.
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DAMIEN VILLERS
Or may not
Too late to choose again.
Ce poème manipule et commente le proverbe A bird in the hand is worth two in
the bush, qui est fragmenté en une locution et une allusion proverbiale.
L'auteur commente en quelque sorte la locution proverbiale afin de
s'interroger sur la pertinence du message contenu dans le proverbe source.
Cela démontre au passage que les locutions proverbiales ne sont pas
nécessairement des locutions verbales, à l'instar des exemples cités plus haut,
mais qu'elles peuvent également être de nature nominale. C'est notamment le
cas dans cet énoncé, tiré de la chanson Saturday Night du groupe de rock
Kaiser Chiefs : “We are birds of a feather and you can be the fat one”. Il s'agit ici
d'une locution tirée du proverbe Birds of a feather flock together.
Certaines locutions proverbiales nominales sont tellement usitées qu'elles
acquièrent une certaine indépendance. C'est le cas notamment de la locution
early bird (un lève-tôt) qui est ici utilisée dans un roman d'Herman Melville, le
célèbre Moby Dick (I-LXVII) :
Landlord! said I, “what sort of a chap is he — does he always keep such late
hours?” It was now hard upon twelve o'clock.
The landlord chuckled again with his lean chuckle, and seemed to be migtily
tickled at something beyond my comprehension. “No”, he answered, “generally
he’s an early bird”.
Cette locution tient son origine du proverbe The early bird gets the worm, qui
était attesté dès le début du 17ème siècle. Il est ainsi intéressant de noter cette
tendance à la réduction, même au sein de formes aussi brèves que les
proverbes. Mais il existe une autre tendance, bien plus intéressante que
l'adaptation.
6. Le détournement proverbial
6.1. Jeu du détournement et décatégorisation
Parmi les libertés de l'énonciateur, cette catégorie est sans aucun doute la
plus intéressante, car elle témoigne de toute la créativité de ce dernier, lorsqu'il
altère la forme (et donc en théorie le sens) d'un proverbe8 . On remarque alors
que la contrainte du figement offre plus que jamais un formidable terrain de
jeu, car la transgression n'est possible que s'il y a un interdit. Cette
8."
Il est bien évidemment possible de détourner ou défiger n'importe quelle séquence
figée, mais mon attention se portera davantage sur les proverbes.
!
LES MODALITÉS DU DÉTOURNEMENT PROVERBIAL!
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transgression implique le non respect des règles de blocage décrites dans la
première partie. Voici à titre d'exemple les types de violations les plus
fréquentes engendrées par le détournement proverbial :
•
L'ouverture des paradigmes synonymiques : L'union fait la force →
L'oignon fait la soupe
•
L'insertion : Partir, c'est mourir un peu, mourir, c'est partir beaucoup!
(Alphonse Allais)
Il faut néanmoins préciser que la contrainte du figement n'est pas totalement
absente, car la séquence détournée ou défigée doit être reconnaissable. Le
figement sert ainsi de moule, ou de règle à ce jeu du détournement, et
inversement, le jeu du défigement est une preuve de l'existence du figement.
C'est ce que met en évidence Rey (1997 : 339), ainsi que Lecler (2006 : 45), qui
suggère fort judicieusement de faire du défigement un des critères de
reconnaissance du figement. Quant à cette contrainte de lisibilité, elle se justifie
très naturellement, car c'est cette dernière qui permet au co-énonciateur de
retrouver la séquence de départ, de la « réactiver », pour employer les termes
de Lecler (2006 : 53). Cette dernière a mis en évidence plusieurs critères ou
« indices9 de fixation » qui aident à la réactivation10 : le moule lexical, la
structure syntaxique ou les sonorités (Lecler 2006 : 50).
A l'instar des autres phénomènes de jeu ou de l'adaptation, le
détournement entraîne une déproverbialisation, une décatégorisation.
L'énoncé obtenu appartient à une catégorie qui reçoit diverses appellations, en
fonction des linguistes. La plupart des spécialistes parlent de « détournement
proverbial », comme par exemple Grésillon & Maingueneau (1984), Schapira
(2000 : 94-96) et Wozniak (2009). Le terme de « perverbe » est souvent employé,
notamment à la suite du mouvement Oulipo, et j'ai pour ma part souvent
utilisé le terme de « métaproverbe » (Villers 2010 : 458-467), en référence à la
fonction métalinguistique de Roman Jakobson. En anglais, les termes les plus
employés sont “twisted proverbs”, “perverted proverbs”, “perverbs”. Parmi
les linguistes anglophones, c'est le terme “anti-proverb” qui fait loi. Ce dernier
a été forgé par le maître incontesté de la parémiologie au niveau mondial,
9."
Il est cependant assez difficile de parler d'indice dans le cas d'une insertion comme
celle décrite plus haut, car le proverbe source est présent dans sa forme intégrale.
10." Pour une approche neuro-cognitve de ce phénomène, voir les travaux de Denhière
& Verstiggel (1997) : « Le traitement cognitif des expressions idiomatiques. Activités
automatiques et délibérées ».
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DAMIEN VILLERS
Wolfgang Mieder, qui l'utilise systématiquement : Mieder (1989 : 239), Mieder
(2002 : 3), Mieder (2004 : 281) etc. Néanmoins, je tenterai de démontrer un peu
plus bas que ce terme n'est pas vraiment adapté, et qu'il convient plutôt à un
type de détournement bien précis.
6.2 Les procédés de détournement
Il existe plusieurs types ou procédés de détournement. Plusieurs linguistes
ont proposé une classification de ces procédés. Grésillon & Maingueneau
(1984 : 116) proposent une classification basée sur cinq critères : la modification
d’un phonème, la modification d’un terme, le fait d’adjoindre, la négation, et la
fusion. Charteris-Black (1999 : 279) note pour sa part la présence de quatre
types de manipulations : la contraction11 , la substitution, les antonymes et
l'expansion. Quant à Lecler (2006 : 48), elle relève elle aussi quatre types de
« défigement formellement marqué » : la substitution, l'ajout, l'imbrication
d'une autre expression et l'effacement du trait d'union.
Le classement le plus complet est très certainement celui proposé par
Barta (2005 & 2006), qui y consacre un article entier (en deux parties). Il recense
dans un premier temps cinq procédés : la paronomase, la polysémie,
l'interprétation du figuré par le littéral, l'homophonie et l'adjonction (Barta
2005 : 142). Il propose ensuite un classement relativement complexe des
« procédés stylistiques » qu'il semble nommer « métaplasmes » (Barta 2005 :
143-144), et qui incluent quatre catégories : la substitution, l'adjonction, la
suppression et la permutation. Barta (2006 : 59-64) ajoute dans la suite de son
article les « métataxes », les « métasémèmes », les « métalogismes » (c'est-àdire les répétitions, les métaphores « brisées 12 » et les redondances), ainsi que
les « proverbes-valises ». Pour chacune de ces catégories, il recense de manière
très précise de nombreuses figures de style (telles que l'anacoluthe, la syncope,
l'aphérèse etc). Malgré tout, certaines catégories semblent redondantes
(l'adjonction apparaît deux fois, la répétition et la redondance, la substitution
et la métaphore brisée) et il est nécessaire de mettre au point un classement
« unique » et facile d'accès.
Je propose donc le classement suivant, qui tient compte des besoins
mentionnés plus haut, et qui s'inspire de tous ces modèles. Cette classification
11." Il s'agit de ce que j'ai appelé « adaptation », car ce linguiste ne distingue pas les
locutions proverbiales des métaproverbes.
12." Les métaphores qui sont modifiées lors du détournement. Ce terme est également
utilisé par Wozniak (2009 : 194).
!
LES MODALITÉS DU DÉTOURNEMENT PROVERBIAL!
159
contient six catégories de détournements 13 proverbiaux :
➢ La fusion : consiste à fusionner deux proverbes. Les perverbes du
mouvement Oulipo correspondent souvent à ce type de détournement.
Barta (2006 : 64) parle ici de « proverbes-valises ». Ils représentent près de
8% des détournements en français étudiés par ce dernier.
A penny saved is a penny earned + All work and no play makes Jack a dull boy
→ A penny saved makes Jack a dull boy
Faute de grives, on mange des merles + Qui vole un œuf, vole un bœuf →
Faute de grives, on vole un bœuf
➢ La substitution : consiste à remplacer un ou plusieurs éléments du
proverbe cible. Ce procédé touche 85% des détournements en français
étudiés par Barta (2005 & 2006). Il peut concerner une lettre, un phonème,
un mot ou une proposition.
Better late than never → Better mate than never
All is fair in love and war → All is fear in love and war
Absence makes the heart grow fonder → Absinth makes the tart grow
fonder
Never send a boy do a man's work → Never send a human do a "machine's
work (The Matrix, 1999)
All work and no play makes Jack a dull boy → All work and no play makes
Jack a vital member of society (Ghost Town, 2008)
Chassez le naturel, il revient au galop → Chassez le naturiste, il revient au
bungalow (Camping, 2006)
➢ Le déplacement : consiste à changer la place de certains éléments du
proverbe cible, à les inverser. Barta (2006 : 58) parle ici de « permutation ».
Ce procédé touche 6% des détournements en français étudiés par ce
dernier.
Money can't buy happiness → Happiness can't buy money
People who live in glass houses shouldn't throw stones → People who live in
stone houses shouldn't throw glasses
L'union fait la force →La force fait l'union
➢ La contradiction : consiste à dire le contraire du proverbe cible, à inverser
13." Dans ce classement, seuls les proverbes attestés seront en italiques. Les proverbes
anglais seront privilégiés, mais un exemple en français sera cité pour chaque
catégorie.
160
DAMIEN VILLERS
sa polarité. Par conséquent, je choisirai de n'utiliser le terme “antiproverb”, forgé par Wolfgang Mieder, que pour cette catégorie, en raison
de son caractère agressif. Certains linguistes évoqués plus haut parlent ici
d'antonymes ou de négation.
All that glitters is not gold → All that glitters is gold
Love is blind → Love isn't blind
L'argent ne fait pas le bonheur → L'argent fait le bonheur
➢ L'expansion : consiste à ajouter un ou plusieurs éléments au proverbe
cible. Il peut s'agit d'une lettre, d'un mot ou d'une proposition. Ce procédé
concerne 26% des détournements en français étudiés par Barta (2005 &
2006).
Behind every good man, there's a woman → Behind every good moan
there's a woman
Haste makes waste → Chaste makes waste
Better safe than sorry → Better safe sex than sorry
A good turn deserves another → A good turn on deserves another
The early bird gets the worm → The early bird gets the worm but the
second mouse gets the cheese
L'occasion fait le larron → L'occasion fait aussi le lardon
➢ La réduction : consiste à retirer des éléments du proverbe source. Il peut
s'agir d'une lettre ou d'un mot et plus rarement d'une proposition. Le
résultat obtenu est généralement incongru, et conserve un sens général
mais différent. Il faut bien évidemment distinguer le détournement par
réduction de l'adaptation, décrite plus haut, qui représente certes une
sorte de réduction, mais qui ne détourne que le caractère générique du
proverbe, afin d'en faire une locution proverbiale, et non un
métaproverbe. Il faut également le distinguer des proverbes tronqués 14, où
l'énonciateur ne cite que la première partie du proverbe et laisse au coénonciateur le soin de retrouver la suite. Il faut enfin le distinguer de
certaines variantes attestées qui suppriment certains éléments du proverbe
sans en modifier le sens, comme dans The grass is always greener on the other
side (of the fence). Je ne rejoins donc pas Wozniak (2009 : 190), qui affirme
que la suppression n'est pas un type de détournement, mais « au mieux »
une variante du proverbe. Il faut toutefois reconnaître que ce type de
14." Voir à ce sujet Mieder (2004 : 238) et Villers (2010 : 233-235).
!
LES MODALITÉS DU DÉTOURNEMENT PROVERBIAL!
161
détournement est très rare. Il ne concerne que 3% des détournements en
français étudiés par Barta (2005 & 2006).
Familiarity breeds contempt → Familiarity breeds
You can't make an omelette without breaking eggs → You can't make an
omelette.
Qui trop embrasse mal étreint → Qui trop embrase mal éteint15
Quelques précisions supplémentaires sont nécessaires. Tout d'abord,
certains détournements font intervenir plusieurs procédés, comme ici : A bird
in the hand is worth two in the bush → A cock in the bush is worth two in the hand.
Cet exemple fait intervenir un déplacement mais aussi une substitution. Bien
souvent, le détournement fait intervenir un jeu sur les ressemblances sonores
(paronomase16), comme dans « Comme on fait son lit, on se touche ». De plus,
les exemples cités semblent indiquer que les détournements sont assez souvent
grivois. Enfin, il n'est pas nécessaire d'ajouter une catégorie pour les
« détournements » effectués à partir d'une structure proverbiale récurrente
(“proverbial pattern”), car chaque catégorie invoque à l'esprit au moins un
représentant, et cela revient à détourner un proverbe précis.
Il existe une catégorie de détournements à part, celle des wellerismes. Ces
énoncés possèdent une structure distincte, souvent en trois parties. Il y a tout
d'abord une expression ou un proverbe, suivi de « dit Untel », et enfin une
situation qui apporte une touche humoristique : “I punish my wife with good
words”, said the farmer and threw the Bible at her. Le nom de ce type de
détournement provient de The Pickwick Papers (1836), par Charles Dickens,
dans lequel le personnage de Sam Weller utilise de manière compulsive ce
type d'énoncé :
“It's over, and can't be helped, and that's one consolation”, as they always say in
Turkey, ven they cuts the wrong man's head off. (p. 355)
Il faut toutefois préciser que ce genre existait déjà dans l'antiquité, chez
Théocrite et chez Platon, comme le rappellent Bryan & Mieder (1997 : 67).
Malgré cela, les wellerismes sont aujourd'hui très rares, hormis peut-être dans
certains pays scandinaves et en Allemagne, d'après Taylor (1962 : 207). Pour
conclure, il convient de distinguer ce genre des proverbes à proprement parler,
15." Exemple de syncope cité par Barta (2005 : 144).
16." Barta (2005 : 145) et Lecler (2006 : 48) relèvent sa forte fréquence.
162
DAMIEN VILLERS
car il n'en est qu'une parodie, et ne contient pas toujours un proverbe en
première partie. Il est donc inexact d'en faire une sous-catégorie du proverbe,
comme le font Bryan & Mieder (1997 : 67) ou Taylor (1962 : 200), qui utilise le
terme de “apologetic proverbs”.
6.3. Une multitude d'avantages et de domaines
Les métaproverbes sont présents dans tous les domaines, notamment la
littérature. Sancho Panza les massacre dans Don Quichotte, tandis qu'en France,
Eluard & Peret les remettent « au goût du jour », et le mouvement Oulipo,
notamment Queneau, s'amuse à les réécrire. Toutefois, le pionnier en la
matière est certainement Balzac, qui les « estropie » systématiquement dans Un
Début dans la Vie (1842). Voici quelques exemples, cités par Navarro
Dominguez (2000) :
Les voyages déforment la jeunesse
Les bons comptes font les bons tamis
Les cordonniers sont toujours les plus mal chauffés.
Dans la littérature anglophone, Harry Matthews est probablement l’auteur de
“perverted proverbs” ou “perverbs” le plus connu, car il en utilise des dizaines
dans Selected Declarations of Dependence (1977). Charles Dickens se livre lui
aussi à cet exercice, y compris dans sa correspondance. Mieder (2004 : 190-192)
cite les exemples suivants, tirés de lettres de Dickens à sa femme :
The last straw breaks the camel's back → The undersigned camel declares
that his back is broken by the addition of the last overbalancing straw
A bird in the hand is worth two in the bush → One member of the
feathered creation held in the hand is worth two of the same species in
the bush.
Ces deux détournements sont assez spéciaux, et très différents de ceux de
Balzac. Ce dernier ne modifie dans ses exemples qu'une partie infime de la
structure de surface 17 (une syllabe, une lettre, un phonème), mais en affectant
grandement le sens, qui devient incongru, ce qui créé un décalage
humoristique. En revanche, les exemples de Dickens altèrent la majeure partie
de la structure de surface, sans en modifier le sens, ce qui est extrêmement rare
pour un métaproverbe, mais bel et bien possible, contrairement à ce
17." Ici synonyme de « sens phrastique ». Pour un tour d'horizon des termes employés
en parémiologie, voir Villers (2010 : 38-40).
!
LES MODALITÉS DU DÉTOURNEMENT PROVERBIAL!
163
qu'affirment de nombreuses définitions du détournement proverbial. Il s'agit
en l'occurrence d'une paraphrase du sens phrastique de ces énoncés. Ces
exemples sont à opposer aux cas où la métaphore est modifiée, « brisée », pour
employer les termes de Barta (2006 : 60) et Wozniak (2009 : 194). On peut alors,
pour ces exemples de Dickens, parler de « métaphore décolorée ».
À travers tous les détournements cités, il n'est pas difficile de déceler
certains avantages qu'ils offrent, comme le décalage humoristique ou le
processus créatif de réécriture. Il n'est donc pas surprenant de les retrouver
dans certains films comiques ou dans la littérature et la poésie. En plus de ces
avantages propres au détournement, les métaproverbes conservent les
avantages propres aux proverbes (qu'ils imitent) comme la concision (certes
variable), une certaine autorité (à condition que le métaproverbe n'aie pas pour
but de la détruire18 ), une forme mnémotechnique (surtout les énoncés qui
contiennent des rimes ou une structure binaire19 ) et un caractère généralisant.
Il existe un dernier avantage qui va ici retenir toute mon attention : il s'agit du
potentiel d'accroche, de la faculté du métaproverbe à attirer l'attention dans un
premier temps (grâce à l'identification ou « réactivation » du proverbe
originel) et à susciter la curiosité dans un deuxième temps, en raison de cette
reformulation qui trompe l'attente du lecteur.
L'abondance du métaproverbe dans la presse et dans la publicité est donc
tout à fait logique. Les publicitaires ont bien compris les avantages offerts par
les métaproverbes, et Mieder (2004 : 244) attribue cela à leur concision et à leur
autorité, mais il ne faut pas oublier les autres avantages cités plus haut, comme
le caractère mnémotechnique et le décalage humoristique. Voici un échantillon
de métaproverbes assurant la fonction de slogans publicitaires, cités par
Schapira (2000 : 95) ou Mieder (2004: 246), et accompagnés de la forme
standard :
First come, first served → Thirst come, thirst served (Coca-Cola, 1932)
Different strokes for different folks → Different Volks for different folks
(Volkswagen, 1974)
Aide-toi, le ciel t'aidera → Aide-toi, Contrex t'aidera (1975)
Man does not live by bread alone → Man dos not live by toast alone (les
toasteurs multifonctions de General Electric, 1983)
18." J'étudierai un peu plus bas cette problématique.
19." Pour un débat sur le binarisme et l'élaboration formelle, voir Villers (2010 : 266-284).
164
DAMIEN VILLERS
En avril, ne te découvre pas d'un fil → En avril, ne te découvre pas d'un
Dim (1992)
On constate à travers ces exemples que les modifications relèvent le plus
souvent de la substitution, et qu'elles n'altèrent qu'une partie infime de la
structure de surface. Le slogan métaproverbial est donc retenu plus facilement
par les consommateurs potentiels, et confère au produit une image plus
attirante, humoristique et créative (voire subversive), ce qui peut avoir un
impact sur l'esprit du consommateur lambda. De nos jours, il est tout aussi
facile de trouver des métaproverbes utilisés comme slogans dans la publicité :
Take care of your pennies and your pounds will take care of themselves → Take
care of your balls and they will take care of yourself (le « slogan » du
film Dodgeball, 2004)
Qui aime bien châtie bien → Qui aime bien, protège bien (les assurances
MAE, 2009)
Practice makes perfect → Passion makes perfect (le beurre Bertolli, 2009)
Great minds think alike → Great minds think Viglen (les écrans Viglen,
2009)
All good things in life are free → All good things in life are three (les
restaurants McDonald's, 2009)
The world is your oyster → Manchester is your oyster (l'opérateur
Vodafone, photo prise à Manchester en 2009)
Chacun de ces slogans joue sur plusieurs des avantages apportés par les
!
LES MODALITÉS DU DÉTOURNEMENT PROVERBIAL!
165
métaproverbes, comme la concision et la mnémotechnie, mais certains se
concentrent parfois sur un avantage en particulier. Ainsi, le film comique Dodgeball
mise sur le caractère humoristique en utilisant un jeu de mot grivois afin de refléter
l'humour potache qu'il contient, tandis que les autres marques s'approprient
l'autorité du proverbe dans le but de convaincre les clients potentiels.
Les métaproverbes abondent également dans la presse. Il suffit d'ouvrir un
journal anglais pour s'en apercevoir. Ils occupent souvent des places de choix,
et peuvent notamment servir de titres pour certains articles, comme on peut le
constater dans cette photographie qui reproduit un article du Sun
(17/02/2009) :
Il s'agit ici du détournement du proverbe If there's a will, there's a way. Le jeu de
mot fait référence à la chaîne de magasins Woolworths qui a été relancée grâce
à la volonté (will) de trois anciens patrons. La concision de l'énoncé convient
parfaitement à la fonction de titre d'article et permet de le résumer, tout en y
apportant une touche humoristique. C'est dans ce type de contexte que la
fonction d'accroche du métaproverbe prend tout son sens. L'œil du lecteur est
attiré par la formule qui lui est familière, puis l'esprit se focalise sur l'élément
étranger de la séquence. Le lecteur cherche ensuite à savoir à quoi cet élément
étranger fait référence, et son regard se porte alors sur la photographie et sur le
166
DAMIEN VILLERS
court résumé en début d'article. L'énoncé a en quelque sorte « piégé20 » le
lecteur réticent, ou du moins, lui a « mis le pied à l'étrier ».
6.4. Détournement et notoriété
Quels sont les proverbes les plus souvent détournés, et de quel degré de
notoriété jouissent les métaproverbes? Il est possible, grâce à des moteurs de
recherche et au seul dictionnaire des métaproverbes qui existe (Mieder 2002),
d'établir une liste des proverbes les plus détournés. En anglais, les cibles
privilégiées sont A bird in the hand is worth two in the bush, A fool and his money
are soon parted, A man is known by the company he keeps, If at first you don't
succeed, try try again, The grass is always greener on the other side.
Le gagnant de ce classement est très certainement An apple a day keeps the
doctor away. Un test21 sur le moteur de recherche Google révèle que, sur
Internet du moins, ce proverbe est plus souvent détourné qu'utilisé tel quel : le
proverbe originel obtient 600 000 entrées,22 tandis que la formule sans les deux
premiers mots renvoie douze millions entrées. Après soustraction du premier
résultat, on obtient une fréquence de détournement dix fois plus élevée que le
proverbe source. Certains de ces détournements sont même utilisés dans des
canulars qui circulent sur de nombreux sites, comme ce faux article qui
soutient que regarder la poitrine des femmes est bon pour la santé :
20." Ce n'est pas forcément le but du journaliste qui a signé l'article.
21." Pour effectuer ce test, il ne faut pas oublier de taper la formule entre guillemets.
22." Il faut bien sûr prendre en compte une marge d'erreur et l'évolution des chiffres,
mais cela donne tout de même un ordre d'idée.
!
LES MODALITÉS DU DÉTOURNEMENT PROVERBIAL!
167
On remarque à travers tous ces exemples que le facteur principal de
détournement n'est pas la longueur ou le caractère métaphorique de l'énoncé.
Il me semble plutôt que ces facteurs sont les termes contenus dans l'énoncé
(certains mots ont un double sens, comme bird, bush ou grass23), le message
qu'il contient (qui ne suscite pas forcément l'adhésion) ou tout simplement les
possibilités (sonores et graphiques) de jeux de mots offertes par l'énoncé.
Il est évident que la vaste majorité des métaproverbes ne jouissent pas de
la même notoriété (ou fréquence d'emploi) que les proverbes . Ils sont souvent
créés en Discours et détruisent le caractère commun24 du proverbe source.
Mais certains de ces « perverbes » renvoient un nombre d'entrées si élevé sur
les moteurs de recherche qu'il ne peut s'agir de coïncidences :
L'oignon fait la soupe, 20 000 (L'union fait la force, 210 000)
Vieux motard que jamais, 750 000 (Mieux vaut tard que jamais, 3,5
millions)
The second mouse gets the cheese, 450 000 (The early bird gets/catches the
worm, 800 000)
Do unto others before they do unto you, 45 000 (Do unto others as you
would have them do unto you, 500 000)
To err is human, to forgive divine (Alexander Pope), 200 000 (To err is
human, 1,4 million)
Ces perverbes sont donc à la mode sur Internet, et circulent dans une certaine
mesure dans les communautés linguistiques concernées, sans pour autant
posséder le caractère usité des proverbes. Néanmoins, il peut arriver que la
notoriété d'un métaproverbe égale, voire dépasse celle de son proverbe source.
Mieder (2004 : 250) révèle que le proverbe It never rains but it pours, attesté dès
le 18ème siècle, a été supplanté par When it rains, it pours, slogan
métaproverbial inventé en 1914 pour la marque Morton Salt Company, qui est
ainsi devenu la forme « standard » du proverbe.
23." Qui peuvent également désigner une femme, un pubis et de la drogue (au sens de
weed).
24." Barta (2006 : 67) semble exprimer la même idée lorsqu'il affirme que le
détournement détruit le caractère « général » du proverbe. Toutefois, ce terme est
très ambigu car il évoque avant tout la notion de généricité, qui est conservée
(imitée) dans les métaproverbes, comme en attestent tous les exemples cités. Il est
néanmoins vrai que quelques rares exemples de métaproverbes contiennent une
marque commerciale, ce qui peut abaisser la généricité nominale, mais la généricité
verbale reste intacte.
168
DAMIEN VILLERS
6.5. Les motivations du détournement
Bien souvent, les linguistes soutiennent que le détournement émane d'un
désir de « révolte » contre les proverbes et leur morale (Mieder 2004 : 251,
Barta 2005 : 143), un désir de « ruiner » les vérités établies (Grésillon &
Maingueneau 1984 : 114). C'est d'ailleurs ce qui a amené Mieder à forger le
terme “anti-proverb” pour désigner les métaproverbes. Ces termes sont en
réalité très excessifs. Les seuls désirs qui soient généralisables à tous les
emplois métaproverbiaux sont le désir d'amuser et le désir de faire un bon
mot, ou encore une pulsion « ludique25 » et « stylistique » (Conenna 2000 : 37).
Cette pulsion purement ludique est assez évidente dans cette blague, citée par
Lecler (2006 : 53) :
Deux morses se battent sur la banquise. Passe un moujik (paysan russe) qui " s’arrête pour
les regarder. Les morses cessent alors le combat. Pourquoi ? Parce que le moujik adoucit les
morses !
Il n'est pas non plus possible de parler de désir de révolte contre les proverbes
lorsque les détournements réutilisent leur autorité afin de s'attaquer à une
cible « extérieure », comme dans cette illustration de Bendib 26, qui s'appuie sur
You scratch my back, I'll scratch yours, dont il modifie un mot :
Il est clair que les cibles de ce métaproverbe sont Bush et Sharon (et leur
relation intéressée), et non le proverbe source. Grésillon & Maingueneau
(1984 : 114) parleraient ici d'emploi « militant » et de « captation » de l'autorité
25." Ce terme est employé notamment par Grésillon & Maingueneau (1984 : 114) et
Schapira (2000 : 93).
26." Propriété de Khalil Bendib, www.bendib.com.
!
LES MODALITÉS DU DÉTOURNEMENT PROVERBIAL!
169
du proverbe. Le perverbe n'est donc pas toujours un simple jeu de mot, et
offre une liberté de critique. Il peut ainsi devenir une arme, que les
politiciens ne manquent pas d'utiliser. L'exemple le plus célèbre est
probablement “Make hell while the sun shines” (Make hay while the sun
shines) utilisé par Churchill 27 pour justifier une offensive. Il était même
possible de lire “Love is thicker than concrete” (Blood is thicker than water) sur
le mur de Berlin. Plus récemment, N. Sarkozy a utilisé le slogan « Quand
l'Europe veut, l'Europe peut » lors des élections européennes du 7 juin 2009.
Il existe néanmoins un troisième cas de figure, bien différent des deux
premiers. Il s'agit des cas où le proverbe lui-même devient la cible d'une
critique. Il est alors effectivement possible de parler de « révolte », ou du
moins de contestation à travers ce type précis d'emploi. Cela est fréquent avec
les proverbes qui ne suscitent pas l'adhésion : « L'argent ne fait pas le bonheur,
mais il y contribue ». Gandhi a même détourné le proverbe d'origine biblique
An eye for an eye (a tooth for a tooth) afin de dénoncer le message qu'il contient,
qui est d'une moralité douteuse. Le métaproverbe obtenu a été illustré par
Bendib28 et utilisé par le journal en ligne Internet Weekly (15/12/2005) :
27." Mieder a consacré un ouvrage entier à la rhétorique proverbiale et métaproverbiale
de Churchill, Hitler et de nombreux autres politiciens. L'ouvrage est intitulé The
politics of Proverbs (Wisconsin Press, 1997).
28." Propriété de Khalil Bendib, www.bendib.com
170
DAMIEN VILLERS
Afin de dénoncer le contenu du message proverbial, le dessinateur a
utilisé le cycle de haine et de représailles auquel ont succombé George W. Bush
et Ben Laden. L'artiste joue ici sur le sens littéral du proverbe (les yeux et la
cécité), afin de montrer que le résultat ne peut être que désastreux, et apporte
même une note d'intertextualité ou « interproverbialité » en dessinant un
précipice, qui nous évoque un autre proverbe biblique : If the blind lead the
blind, both shall fall into the ditch.
Pour désigner ce type d'attaque, Grésillon & Maingueneau (1984 : 115)
parlent de « subversion » de l'autorité proverbiale. Cette subversion confère
au métaproverbe une fonction libératrice, voire une fonction de « soupape de
sécurité » (“safety valves 29”, Mieder 1989 : 227) qui nous permet de nous
libérer du carcan proverbial. Mais en raison des deux cas de figure mentionnés
précédemment, qui ne visent pas à critiquer le proverbe source, il est
préférable de manipuler le terme “anti-proverb” avec précaution, et de ne pas
voir dans le métaproverbe le stéréotype d'une révolte qui vise à détruire son
modèle.
Conclusion
Le présent article a permis de démontrer que le figement n'implique pas
seulement des contraintes, mais qu'il est une nécessité, et qu'il offre également
à l'énonciateur tout un éventail de libertés sous la forme de jeux et de
détournements. Cependant, ces libertés ou « modalisations ponctuelles » des
proverbes sont une transgression de leur fixité et de leur caractère anonyme et
collectif. Le défigement qui en résulte entraîne une déproverbialisation vers
d'autres catégories (écorchements, locutions, métaproverbes etc.). Les procédés
qui interviennent lors des détournements proverbiaux ont été décrits, tout
comme les avantages qu'ils offrent, ce qui a permis d'expliquer leur
prolifération dans certains domaines. Enfin, l'étude des motivations du
détournement a mis en évidence sa nature tantôt ludique, tantôt militante, et
seulement parfois « anti-proverbiale ». En outre, chaque détournement
renforce son modèle, car le métaproverbe implique un rappel du proverbe. La
contrainte du figement ne disparaît donc jamais, mais cohabite avec la liberté
de jeu qu'elle engendre.
Babel EA 2649
29"
Mieder utilise cette image pour les wellerismes, mais il est possible de l'appliquer à
ce type précis de détournement.
!
LES MODALITÉS DU DÉTOURNEMENT PROVERBIAL!
171
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