Diagnostic Update
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Janvier 10 Diagnostic Update Votre cas clinique Un cas de leptospirose canine Dr vét. Jacques Féat Dr vét. Fani Hovhannessian Praticien, 83110 Sanary sur Mer Conseil médical / Aide au diagnostic Laboratoire IDEXX Alfort Paramètres GR Valeurs Valeurs usuelles 5.25x10 /L 5.50-8.50 12 HCT 34.2% 37.0- 55.0 Signalement et motif de consultation HGB 12.5 g/dL 12.0 – 18.0 « Démon », un Yorkshire mâle âgé de 1 an est présenté à la consultation pour un abattement important survenu en 48h. Il présente des difficultés à se lever et refuse de s’alimenter. VGM 65.2 fL 60.0 – 77.0 TCMH 23.88 pg 18.50 – 30. 00 CCMH 36.6 g/dL 30.0 – 37.5 15.2 % 14.7 – 17.9 IDR %RETIC RETIC GB Démon Anamnèse et Commémoratifs Démon est à jour de son calendrier vaccinal, il a reçu ses primoinjections vaccinales 10 mois auparavant. Il ne présente aucun antécédent médical. Il vit avec un autre chien qui n’est, quant à lui, pas vacciné. Tous deux ont accès à un petit jardin. Examen clinique Démon est présenté en décubitus latéral. Ses muqueuses sont pâles et il est déshydraté à 5%. Sa température rectale ainsi que sa fréquence cardiaque sont dans les valeurs usuelles. La palpation abdominale est souple, une petite vessie est mise en évidence. Un 1er bilan sanguin est réalisé en urgence à la clinique. Il révèle une forte augmentation des paramètres rénaux associé à une numération et formule sanguines peu modifiées. Paramètres Valeurs Valeurs usuelles Urée 1. 967g/L 0.147 - 0.567 Créatinine 29.8 mg/L 5.0 – 18.0 Protéines totales 64 g/L 52 - 82 Albumine 30 g/L 23 - 40 Globulines 35 g/L 25 – 45 ALT 23 U/L 10 – 100 ALKP 101 U/L 23 - 212 Glycémie 1.06 g/L 0.74 – 1.43 Tableau 1 : Biochimie sanguine (IDEXX VetTest ). ® 0.3% 13.9 K/µL 11.87x109/L %NEU 85.0% %LYM 7.6% %MONO 5.7% %EOS 1.0% %BASO 0.6% 5.50 – 16.90 NEU 10.09x109/L 2.00 – 12.00 LYM 0.91x10 /L 0.50 – 4.90 MONO 0.68x10 /L 0.30 – 2.00 EOS 0.12x109/L 0.10 – 1.49 BASO 0.07x10 /L 0.00-0.10 PLT 181K/µL 175-500 VPM 8.51 fL IDP 17.9% PCT 0.2 % 9 9 9 Tableau 2 : Numération et formule sanguines (LaserCyte® d’IDEXX). Hypothèses diagnostiques Le diagnostic différentiel d’atteinte rénale aigue chez un jeune chien comprend les causes d’origine pré-rénale, parenchymateuse et post-rénale. Examens complémentaires Une radiographie abdominale est réalisée afin d’explorer les causes d’origine post-rénale. L’examen ne révèle ni calcul, ni épanchement abdominal. Une recherche de leptospirose par PCR dans les urines est alors demandée. Le résultat s’avère être positif. Diagnostic Le résultat positif du test PCR réalisé sur les urines permet d’établir le diagnostic de leptospirose. Après réflexion, les propriétaires identifient un tas de bois dans le jardin régulièrement visité par des rongeurs et dans lequel Démon aimait jouer. La source de contamination est ainsi potentiellement identifiée. néanmoins, étant donné le taux important de chiens exposés, la leptospirose doit être considérée pour tout chien présentant des affections rénales aiguës en rapport avec l’anamnèse, l’environnement et la géographie. Traitement et suivi Transmission Le traitement de l’insuffisance rénale aiguë est instauré avec la mise sous perfusion de Démon. L’infection est stoppée grâce à l’administration de doxycycline pendant 3 semaines. Après 1 semaine d’hospitalisation, les paramètres rénaux reviennent dans les valeurs usuelles et l’état général de Démon s’est nettement amélioré. Un test PCR est réalisé dans les urines après la fin du traitement. Il se révèle négatif. Ce résultat confirme l’arrêt de l’excrétion urinaire des leptospires et par voie de conséquence la disparition du risque de zoonose pour son entourage. Les animaux infectés éliminent des spirochètes dans leurs urines, qui contaminent ensuite l’environnement. Les personnes et les animaux sensibles sont le plus souvent infectés après un contact avec de l’eau contaminée. Les bactéries pénètrent à travers des lésions cutanées ou les muqueuses. Ce qu’il faut retenir de ce cas. • Toujours penser à la leptospirose lors d’insuffisance rénale aigüe. •Le test PCR est l’examen de choix pour le diagnostic précoce d’une leptospirose. •Un traitement antibiotique précoce de trois semaines permet d’éliminer définitivement l’infection et d’améliorer considérablement le pronostic. •Réaliser un test PCR de contrôle afin de s’assurer de l’arrêt de l’excrétion urinaire des leptospires. Diagnostic et traitement de la leptospirose canine Intérêt du test diagnostique IDEXX RealPCR™ La leptospirose est une zoonose rencontrée dans le monde entier. Elle est causée par des spirochètes du genre Leptospira. Il est communément admis que la leptospirose affecte généralement les jeunes adultes, de grande race, vivant surtout à la campagne ; néanmoins, les petites races vivant en ville peuvent également contracter la maladie. Les sérovars pathogènes susceptibles d’infecter les chiens sont icterohaemorrhagiae, canicola, pomona, bratislava, grippotyphosa et autumnalis. Bien que l’identification du sérovar présente un intérêt d’un point de vue épidémiologique, l’expression clinique est similaire pour tous les sérovars et le traitement est le même. Ainsi, déterminer si un chien a une leptospirose est bien plus important que l’identification du type de sérovar impliqué. Prévalence La prévalence de la leptospirose canine a augmenté ces dernières années. Les résultats d’une étude au Michigan ont indiqué que plus de 20% des chiens sains avaient été exposés à des leptospires de différents sérovars [1]. Dans une autre étude, 8.2 % des chiens excrétaient des leptospires pathogènes indépendamment de leur état de santé [2]. Nous ne savons pas quelle proportion de chiens avec une maladie rénale aiguë présente une leptospirose, Signes cliniques La forme rénale aiguë est la maladie la plus fréquemment rencontrée chez les chiens, avec plus de 90% des cas reportés de leptospirose. Les formes hépatiques sont rencontrées conjointement avec les formes rénales aiguës chez 10-20% des chiens, mais peuvent également être rencontrées indépendamment. Les signes habituels sont l’anorexie, la léthargie, les vomissements, la polyurie et la polydipsie. D’autres signes tels que l’ictère, la fièvre, la douleur abdominale, la douleur et la raideur musculaires, l’uvéite, la dyspnée et les coagulopathies peuvent être observés mais avec une fréquence moindre [3]. Examens de routine Les résultats hématologiques généralement observés après la réalisation d’une numération et formule sanguines (NFS) sont une anémie, une leucocytose caractérisée par une neutrophilie et une thrombopénie. Les résultats biochimiques les plus fréquents montrent une urémie, une augmentation de l’activité des enzymes hépatiques, une hyperbilirubinémie et des désordres électrolytiques. Il n’est pas rare d’observer également des troubles de la coagulation avec une augmentation du temps de Quick ou de Céphaline. L’analyse urinaire révèle souvent une diminution de la densité et la présence de marqueurs de lésions tubulaires, dont la glycosurie, la présence de cylindres granuleux et une protéinurie faible [4]. Sérologie La détection des anticorps avec le test de micro-agglutination microscopique (MAT) a été la méthode diagnostique la plus fréquemment utilisée pour le diagnostic de la leptospirose canine [5]. L’interprétation des titres MAT rencontre plusieurs difficultés. De nombreux chiens avec une leptospirose présentent des signes cliniques avant l’apparition des anticorps mesurables par MAT. D’autre part un nombre important d’infections subcliniques sont accompagnées par une persistance des anticorps. Enfin, la vaccination des chiens avec des vaccins commerciaux produisent des titres MAT détectables. Avec un chien suspect de leptospirose, un titre MAT unique de 1/800 ou plus a toujours été considéré comme confirmant le diagnostic. Dans une étude récente toutefois, la sensibilité d’un titre initial de 1/800 (indépendamment du sérovar) s’étalait entre 22%-67% et la spécificité déterminée avec le même titre se situait entre 69%-100% chez tous les chiens malades sans leptospirose [6]. Une autre étude a révélé que la sérologie était un faible indicateur de l’excrétion urinaire [2]. Toutefois, une augmentation du titre MAT d’un facteur 4 ou plus entre deux sérums (phase aiguë et convalescence) peut confirmer le diagnostic de leptospirose. Dans la plupart des cas une décision thérapeutique est nécessaire avant d’avoir le deuxième sérum. PCR La PCR en temps réel est considérée comme aussi sensible et spécifique que la mise en culture, mais significativement plus rapide (heures) et plus fiable [7]. L’avantage diagnostique de la PCR par rapport à la sérologie se trouve essentiellement durant les premiers stades de l’infection, avant le développement des anticorps chez la plupart des chiens et pour la détection de l’excrétion urinaire chez les animaux sains et malades. Les tests PCR sont positifs dans le sang très tôt lors de l’infection, généralement avant la séroconversion. Le test PCR est positif dans l’urine 7 à 14 jours après l’infection, à une période où les leptospires peuvent être détectés ou pas dans le sang. Selon R.E Goldstein, DVM, DACVIM, DECVIM (communication orale, Juin 2009), une étude récente réalisée à la faculté de médecine vétérinaire de l’université Cornell en collaboration avec les laboratoires de référence IDEXX, dans laquelle ont été utilisés les vaccins leptospirose à base de bactérines, a montré que les chiens restaient négatifs en PCR lorsqu’ils étaient testés à 3 et 7 jours et toutes les semaines pendant 8 semaines après la vaccination. Test IDEXX RealPCR™ Leptospira spp. Matériel nécessaire Afin d’augmenter la valeur diagnostique du test IDEXX Leptospira spp. RealPCR™ chez des chiens cliniquement malades, il est recommandé d’utiliser du sang total (dans un tube EDTA) et de l’urine collectés avant l’administration d’antibiotiques. Les résultats ne sont pas spécifiques d’un sérovar type, mais un résultat rapide et fiable PCR leptospirose, positif ou négatif, permet un diagnostic précoce et précis, ainsi qu’un suivi approprié des chiens malades. Quand demander le test IDEXX RealPCR™ Leptospira spp. ? 1. Chez tous les chiens avec une maladie rénale aiguë, à moins qu’une exposition à une toxine connue ou une pyélonéphrite aient été diagnostiquées de manière certaine. 2.Chez les chiens en phase aiguë pour lesquels le test MAT a été réalisé avec des résultats négatifs ou équivoques, alors que la leptospirose est encore suspectée. 3. Pour identifier les chiens excréteurs de leptospires dans l’urine. Cela équivaut à tester : •les chiens après traitement, préalablement testés positifs par un test RealPCR ou un MAT. •les chiens vivant dans le même élevage ou environnement qu’un chien diagnostiqué leptospirose. •Les chiens à haut risque, par exemple les chiens de chasse ou en contact avec des eaux stagnantes. Traitement Pour les chiens atteints d’une maladie rénale aiguë, il est préconisé d’instaurer une fluidothérapie avec des solutés intraveineux. Le chien doit être réhydraté et les solutés doivent compenser la diurèse et compenser les pertes. Les désordres électrolytiques et acido-basiques doivent être corrigés. La plupart des chiens avec une leptospirose sont polyuriques ; toutefois, l’excrétion urinaire doit être évaluée de près. Dans les cas sévères, en particulier en présence d’oligurie ou d’anurie, le recours à l’hémodialyse doit être considéré si elle est disponible. Le traitement antibiotique est la clef du traitement spécifique de la leptospirose. Les antibiotiques doivent être administrés dès que la leptospirose est suspectée, après avoir effectué les prélèvements, donc avant même la confirmation du diagnostic. La doxycycline (en voie orale) ou la pénicilline et ses dérivés (ampicilline [voie IV] ou amoxicilline [voie orale]) sont les antibiotiques de choix pour le traitement initial. Ces médicaments stoppent la leptospirémie en 24 heures, ce qui empêche à tour de rôle l’ex- Interprétation des résultats IDEXX RealPCR™ Test PCR sang Test PCR urine Interprétation positif négatif Le chien est infecté. Un résultat PCR positif sur le sang total avec un résultat PCR urine négatif peut apparaitre durant les 7-14 jours d’infection. La leptospirémie est détectable les premiers jours après l’infection. Les résultats urinaires négatifs peuvent être expliqués par un spécimen qui précède la leptospirurie ou une excrétion intermittente. Un traitement est recommandé. Un suivi PCR est recommandé dans 2 semaines. positif positif Le chien est infecté. Des résultats PCR positifs dans le sang total et l’urine pour Leptospira sont rares, mais peuvent être observés les premières semaines d’infection lors du chevauchent des phases d’infection sanguine et urinaire. Les urines positives sont considérées comme une source d’infection pour les autres animaux ainsi que pour les personnes. Un traitement est recommandé. Un suivi PCR est conseillé dans 2 semaines. négatif positif Le chien est infecté. Un résultat PCR négatif sur sang total avec un résultat PCR positif dans l’urine pour Leptospira chez un chien avec des signes cliniques d’infection suggère que le chien était probablement infecté au moins 2 semaines avant le prélèvement. Des porteurs chroniques asymptomatiques peuvent également excréter des leptospires dans l’urine de manière intermittente pendant des semaines, voire des mois. Les urines positives sont considérées comme une source d’infection pour les autres animaux ainsi que pour les personnes. Un traitement est recommandé. Un suivi PCR est conseillé dans 2 semaines. négatif négatif Le chien n’est probablement pas infecté. Un chien avec des résultats PCR négatifs dans le sang et l’urine pour Leptospira n’est probablement pas infecté si les prélèvements ont été réalisés avant le traitement antibiotique. Toutefois, les résultats PCR dans le sang total ne sont positifs qu’au début de l’infection et l’excrétion urinaire peut être intermittente ; ainsi, si la leptospirose est malgré tout fortement suspectée il est conseillé de réaliser un test MAT. Diagnostic Update crétion urinaire et la transmission du microorganisme, et diminue significativement le risque de transfert zoonotique. Afin d’éliminer les infections rénales, ainsi que le portage et l’excrétion chronique, la doxycycline doit être administrée pendant 3 semaines une fois que l’administration orale est possible, ou si la doxycycline n’est pas tolérée, une fluoroquinolone peut être administrée en conjonction avec un dérivé de la pénicilline. Pronostic Il est primordial d’établir un diagnostic définitif de leptospirose. En l’absence de traitement spécifique, un dommage rénal permanent est plus fréquent et la maladie a plus de chances d’être fatale. Avec un diagnostic précoce et un traitement adapté les taux de survie des chiens avec une maladie rénale aiguë sont d’environ 80% [4, 8]. L’identification des chiens excrétant des leptospires permet aux vétérinaires, au personnel et aux propriétaires de prendre les précautions appropriées (gants en latex, masque, lunettes) lors de la manipulation de l’urine du chien et près des endroits souillés par l’urine. En bref Matériel nécessaire : 2 mL de sang EDTA ou 2 mL d’urine dans un tube stérile ; conserver au frais. Délai : 2 à 4 jours. Limites du test : un résultat négatif en PCR peut être causé par un nombre de microorganismes inférieur à la limite de détection du test, à une diminution des microorganismes après le traitement, à un état de portage chronique ou à l’apparition de nouvelles variations de souches. Considérations de santé publique L’excrétion urinaire des leptospires pose un problème de risque de zoonose pour les propriétaires de chiens. L’urine provenant de chiens infectés peut contaminer les personnes si elle entre en contact avec les muqueuses ou une effraction de la barrière épidermique. Une étude réalisée sur 500 chiens a évalué l’excrétion urinaire de leptospires en utilisant une méthode de détection par PCR. Les résultats ont montré qu’indépendamment de la santé des chiens testés, 8.2 % des chiens excrètent des leptospires pathogènes [2]. Références 1. Stokes JE, Kaneene JB, Schall WD, et al. Prevalence of serum antibodies against six Leptospira serovars in healthy dogs. JAVMA. 2007;230(11):1657–1664. 2. H arkin KR, Roshto YM, Sullivan JT, Purvis TJ, Chengappa MM. Comparison of polymerase chain reaction assay, bacteriologic culture, and serologic testing in assessment of prevalence of urinary shedding of leptospires in dogs. JAVMA. 2003;222(9):1230–1233. 3. Harkin KR. Leptospirosis. In: Bonagura JD, Twedt DC, eds. Current Veterinary Therapy XIV. St Louis, Mo: Saunders-Elsevier; 2009:1237–1240. 4. Goldstein RE, Lin RC, Langston CE, et al. Influence of infecting serogroup on clinical features of leptospirosis in dogs. J Vet Intern Med. 2006; 20(3):489–494. 5. Greene EC, Sykes JE, Brown CA, et al. Leptospirosis. In: Greene CD. Infectious Diseases of the Dog and the Cat. 3rd ed. St Louis, Mo: Saunders-Elsevier; 2006;401–417. 6. M iller MD, Annis KM, Lappin MR, Gill M, Lunn KF. Sensitivity and specificity of the microscopic agglutination test for the diagnosis of leptospirosis in dogs [abstract 287]. J Vet Intern Med. 2008; 22:787–788. 7. S lack A, Symonds M, Dohnt M, Harris C, Brookes D, Smythe L. Evaluation of a modified TaqMan assay detecting pathogenic Leptospira spp. against culture and Leptospira-specific IgM enzyme-linked immunosorbent assay in a clinical environment. Diagn Microbiol Infect Dis. 2007;57(4):361–366. 8. Adkin CA, Cowgill LD. Treatment and outcome of dogs with leptospirosis: 36 cases (1990–1998). JAVMA. 2000;216(3):371–375. Franck Guetta, DVM Reference Laboratory Medical Associate Directeur de la publication Laboratoire IDEXX Alfort Laboratoire IDEXX Alfort 17 Allée Jean-Baptiste Preux 94 140 Alfortville Tél : 0 810 433 999 (01 43 53 83 00) Fax: 0 810 433 990 [email protected] · www.idexx.fr FR-106-1209