beijing bicycle
Transcription
beijing bicycle
BEIJING BICYCLE Wang Xiaoshuai Chine ECOLES trigon-film Limmatauweg 9 CH-5408 Ennetbaden [email protected] www.trigon-film.org 3 Avant Propos 4 L’histoire 5 Objectifs pédagogiques et thèmes 6 Suggestion d’activités: Cinéma: voir et lire un film Société: analyser et gérer un conflit Géographie: connaître l’environnement géographique de la Chine. Géographie: connaître la géographie intérieure, le cas du Tibet Les droits humains: connaître les droits humains en Chine… Les Olympiades: connaître les enjeux politiques et économiques des Jeux. 6 10 11 12 13 14 16 Cinéma: découpage par séquences du film 19 Cinéma: le décor du film: les hutongs 21 Cinéma: le réalisateur Wang Xiaoshuai 22 Cinéma: générique du film 23 Géographie: la République populaire de Chine, géographie, situation et quelques chiffres 24 Géographie humaine, les langues 25 Histoire: repères chronologiques 27 Quelques repères historiques de la Chine après 1949 29 Histoire: brève approche historique du cinéma chinois 31 Les droits humains: les droits de l’homme en Chine vus du point de vue chinois. 31 Rapport d’Amnesty international 2006 sur la Chine 35 Et chez nous? Rapport annuel 2006 d’Amnesty international sur la Suisse. 36 La question du Tibet 38 Géographie: La Chine en chiffres 39 Informations supplémentaires sur la Chine 40 Impressum 3 Beijing Bicycle AVANT PROPOS. Les images, c’est devenu une lapalissade que de l’écrire, dominent la société actuelle. Sans image, un événement n’existe pas pour la télévision, devenue notre moyen d’information le plus important. L’image est aussi l’une des principales sources de loisirs ou (et) d’acquisition de connaissance: le cinéma, les vidéoclips, internet, la publicité, etc. Il est donc important d’apprendre à «lire» toutes ces images qui nous imprègnent au quotidien. Il est donc primordial de donner aux élèves les moyens de décoder ces images d’une part, et d’utiliser le cinéma pour faciliter, grâce à ses images, justement, une meilleure compréhension du monde qui nous entoure, d’autre part. En effet, même les fictions les moins réalistes, les plus fantasmatiques, reposent sur un socle de réalité physique, sociale, artistique, qui rend leurs histoires crédibles. A nous, spectateur, de trouver cette réalité, en plus du plaisir que peut nous procurer le film. A nous adultes, de donner les moyens aux spectateurs plus jeunes de mieux apprécier et jouir des films qu’ils voient. trigon-film s’engage depuis 1986 pour un élargissement de notre vision au-delà des écrans de cinéma et désire approfondir ce travail en proposant un matériel pédagogique à l’usage des écoles ou collèges. Ainsi, trigon-film espère permettre aux élèves d’approfondir une meilleure connaissance des autres cultures du monde. Par exemple, la Chine, avec BEIJING BICYCLE de Wang Xiaoshuai. Ce film offre une occasion en or pour pénétrer, un peu, ce monde chinois dont on parle tant aujourd’hui, en raison de sa puissance économique croissante et, bien sûr, en raison des jeux olympiques qui s’y tiendront en été 2008. Il y aura aussi l’Expo universelle de Shanghai en 2010. En outre, cette histoire d’adolescents ne peut que toucher ceux d’ici par les thèmes qui sont sousjacents, concernant aussi bien la vie quotidienne des chinois dans les grandes villes d’aujourd’hui, que celle des élèves et des jeunes apprentis. Au-delà, on peut réfléchir à ce que vont amener (ou amènent déjà) les Jeux olympiques à la capitale et à la lancinante question des droits humains dans le pays. Ce film nous raconte, de façon simple, la vie de gens d’origines sociales différentes. Il nous projette aussi dans les avenues et les ruelles de Pékin. Cette simplicité du récit nous permet ainsi de voir les points communs qui peuvent exister entre les jeunes de là-bas et ceux d’ici. Une autre manière de voir le monde induite par le cinéma. Beijing Bicycle, une entrée pour une étude plus profonde de la Chine et de Pékin. Martial Knaebel 4 Beijing Bicycle L’HISTOIRE. Arrivé de sa campagne, Guei trouve une place de courrier dans une compagnie privée. On lui fournit un uniforme et un VTT est mis à sa disposition, qu’il devra payer sur le prix des courses qu’il fera. Il doit aussi apprendre à connaître le plan de Pékin. Cette grande ville, avec son intense circulation, cette fourmilière humaine, tous ces palais de verre, dans lesquels il trouve les bureaux de ses clients, tout cela déconcerte Guei. Il loge chez un parent qui tient un petit kiosque et lui prodigue des conseils pour lui permettre de se confronter au monde de la ville. Alors que Guei est sur le point d’avoir remboursé le montant de sa bicyclette, il se la fait voler quand, cherchant un pli à livrer dans un bain public de luxe, il n’arrive pas à se faire comprendre et se trouve pris dans une série de quiproquos. Lorsqu’il trouve enfin la bonne personne, il est déjà tard. Sans son vélo, Guei est désemparé et en oublie sa course. La colère de son patron est forte, mais celui-ci, cyniquement, lui promet de le réengager si il retrouve son véhicule parmi les millions qui circulent à Pékin. Comme un fou, Guei commence à courir la ville dans une tentative désespérée de retrouver son bien. La marque qu’il y a gravée sur le cadre devrait, pense-t-il, l’y aider. Jian est un jeune collégien. Il vit avec sa famille (ses parents et sa petite soeur) qui occupe un logement exigu, dans la promiscuité d’un des vieux quartiers de la capitale, maisons serrées et enchevêtrées, où on ne pénètre que par des petites venelles communément appelées «hutong». Son père lui a promis depuis longtemps un vélo, mais l’argent nécessaire n’est toujours pas là car les parents veulent payer l’écolage de la petite dernière. Pourtant Jian a pu trouver et acheter, de lui-même, un beau vélo au marché aux puces. Il peut ainsi accompagner fièrement une jolie camarade de classe et jouer aux acrobaties avec sa bande de copains, plus argentés que lui, dans des chantiers désaffectés. Pendant ce temps, Guei, lui, continue sa recherche désespérée de son vélo perdu, indispensable à son travail de courrier. Nuit et jour, il court les parkings de bicyclettes, nombreux à Pékin, sillonne les rues et les quartiers. Son seul espoir: cette marque qu’il a gravé sur le cadre. Et Jian, le nouveau propriétaire, qui flâne fièrement, mais aussi bien timidement, aux côtés de sa petite amie. Mais Guei revoit sa bicyclette, il épie Jian et profite d’un moment d’inattention de celui-ci pour repren- dre son bien. Et le voici épuisé, le matin, sur le seuil des bureaux de sa compagnie, tenant fermement le vélo qu’il a récupéré. Son patron et ses employées, bien sûr, n’en croient pas leurs yeux. Et Guei peut recommencer à travailler. Cela ne va pas durer longtemps parce que c’est maintenant Jian qui recherche son vélo, le retrouve et le récupère, aidé de ses camarades de classe. C’est que, pour lui, il est le propriétaire de l’engin. Guei n’abandonne pourtant pas et va chez le père de Jian qui lui redonne la bicyclette. Il apprend par la même occasion que c’est Jian qui avait volé l’argent économisé pour payer l’écolage de la petite sœur. Jian est aussi buté que Guei et veut récupérer ce qu’il estime être son bien. Malgré l’appui des amis du premier, Guei, cette-fois ci, ne cède pas et ne lâche pas le vélo auquel il s’agrippe. Finalement, un des amis de Jian propose une solution que tout le monde accepte: les deux adolescents vont se le partager et l’utiliser chacun à leur tour. Les moments d’échange en sont autant de vérification de l’état du véhicule car la confiance ne règne pas encore entre les deux jeunes hommes. Toujours est-il que Guei peut retrouver son travail, et Jian sa petite amie. Celle-ci, entretemps, s’est trouvée un autre copain, un rival qui fanfaronne avec son VTT, et quelques acrobaties spectaculaires. Jian réagit et frappe le garçon qui rameute sa bande. Une folle poursuite s’en suit et Guei, qui attendait le vélo, se trouve impliqué malgré lui dans la bagarre. Le vélo est démoli par un comparse de la bande et on voit finalement Guei, couvert de bleus, portant son vélo dans les rues encombrées de Pékin. 5 Beijing Bicycle OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES. THÈMES. Ce dossier est conçu pour des élèves proches de l’âge des protagonistes du récit, c’est-à-dire dans la tranche de 16–20 ans. Le cinéma • Cinéma: apprendre à décoder des images et à analyser un film Les conflits Les conditions de travail L’immigration de la campagne vers les villes • Société: apprendre à gérer un conflit La Chine, Pékin, sa capitale • Société: comprendre les phénomènes d’immigration, de violence, de conflit au travail L’urbanisme • Histoire, géographie: connaître la Chine La jeunesse • Connaître les droits humains L’opposition ville-campagne • Les jeux olympiques 2008 à Pékin: connaître les enjeux politiques et économiques des Jeux Le premier amour Les différences sociales Le sport 6 Beijing Bicycle SUGGESTIONS D’ACTIVITÉS: CINÉMA Objectifs: apprendre à décoder des images et à analyser un film La durée du film (113 min.) rend difficile une projection en une seule fois. C’est pourquoi nous proposerons trois variantes. Activités suggérées: décomposition séquentielle du film, les éléments qui font un film, étude de plans, rédaction de résumé et de commentaires. VARIANTE 1: LE FILM EST VU DANS SON ENTIER PAR TOUS L’ACTION DANS LE FILM ★ ACTIVITÉ en groupe Dans chaque œuvre littéraire, théâtrale ou cinématographique, il est existe une action dramatique qui développe le récit. Définir les événements et les personnages clés du film, définir les parties du film et trouver les scènes «pivot». ★ ACTIVITÉ travail individuel Promotion du film, rédiger un résumé (10 lignes maximum) qui puisse attirer le public. 7 Beijing Bicycle VARIANTE 2: LE FILM EST VU EN DEUX FOIS CHAPITRES 1–9, PUIS 10–16 Après la 1ère partie: étude des personnages (en groupes ou individuellement) L’ACTION DANS LE FILM, LE MESSAGE DES IMAGES Les premiers plans d’un film sont une introduction au récit. La façon dont ils sont tournés, dont ils présentent les objets ou les personnages, annonce la trame de l’histoire qui va suivre. ★ ACTIVITÉ trouver les plans qui annoncent que le sujet du film est le vélo. Commenter leur construction. LES PERSONNAGES GUEI ET JIAN ★ ACTIVITÉ Pour que le spectateur suive le récit, le réalisateur doit définir les caractères de ses personnages et les liens qu’ils pourraient avoir entre eux. Comparer Guei et Jian. Définir leurs points communs et leurs différences. Expliquer pourquoi chacun tient au vélo. Commenter. ETUDES DE PLANS ★ ACTIVITÉ «Le plan, au cinéma, est une succession d’images définie par l’éloignement de l’objectif de la scène à filmer, et par le contenu de ces images» Séquence 3 (la femme en rouge), expliquer le point de vue de ce plan. Définir ce qu’il exprime. Commenter. (Le Grand Robert) caméra subjective On dit que la caméra est subjective lorsqu’elle adopte le point de vue d’un personnage champ-contrechamp Prise de vue alternée dans le sens opposé au champ: dans un dialogue, nous voyons alternativement chaque protagoniste et l’effet que produit les paroles de l’interlocuteur sur l’autre. Gros plan, plan serré, plan moyen, plan éloigné, plan fixe, plan panoramique ces termes définissent la distance entre la caméra et l’action filmée et si la caméra bouge ou non et comment. ★ ACTIVITÉ Séquence 6 (le licenciement), décrivez la scène plan par plan. Commenter la façon dont le réalisateur marque la différence de position hiérarchique des deux protagonistes. ★ ACTIVITÉ Séquence 8 (l’étudiant), analyser la scène du chantier (29:30–30:39) et les différents plans qui se succèdent. Commenter. 8 Beijing Bicycle Après la deuxième partie: étude de l’action (en groupe ou individuellement) PSYCHOLOGIE DES PERSONNAGES JIAN ET GUEI Les premiers plans d’un film sont une introduction au récit. La façon dont ils sont tournés, dont ils présentent les objets ou les personnages, annonce la trame de l’histoire qui va suivre. ★ ACTIVITÉ Séquence 9 (retrouvé): étudier le montage de l’accident de Guei, commenter la façon dont le réalisateur annonce le choc entre le camion et Guei sur son vélo. ETUDE DE PLANS Montage Le montage se réalise une fois que toutes les scènes ont été filmées. Il permet de rassembler les scènes d’une même action. Le rythme du montage (durée des plans et des séquences) imprime l’atmosphère et le style de l’œuvre Le plan séquence Le plan séquence est un plan qui dure plus longtemps que la normale constituant à lui seul une séquence (une action) Le hors champ Il s’agit des actions qui se déroulent en dehors du champ de vision de la caméra et du spectateur Importance de la bande son dans le film, plusieurs musiques expriment différentes situations. Elles participent à créer l’atmosphère du film et définissent aussi une séquence. ★ ACTIVITÉ Séquence 10 (hutong), commenter la façon dont la caméra est utilisée pour décrire la promiscuité du logement de Jian et de son environnement immédiat. ★ ACTIVITÉ Séquences 9 (retrouvé), 11 (travail) et 16 (la poursuite), commenter la façon dont est décrite l’action qui se déroule en dehors du champ de vision. ★ ACTIVITÉ trouver la musique (leitmotiv) qui illustre le travail de Guei, dans quelles scènes et la commenter. Retrouver aussi celle qui exprime les sentiments de Jian, quelles scènes et quel style. ★ ACTIVITÉ 1 Séquences 9 (retrouvé), 11 (travail) et 16 (la poursuite), commenter la façon dont est décrite l’action qui se déroule en dehors du champ de vision. ★ ACTIVITÉ 2 Certaines scènes dramatiques sont totalement silencieuses (par exemple fin de la séquence 11 – 1:04:57). Analyser la scène et l’importance de ce silence. 9 Beijing Bicycle VARIANTE 3: LE FILM EST VU EN TROIS FOIS CHAPITRES 1–7, 8–13, 14–16 Après le 1ère partie: Guei et son environnement (en groupes ou individuellement) Dans cette première partie, le personnage principal est Guei. Nous y voyons son environnement, la façon dont le jeune homme le perçoit et ses relations avec les gens qu’il côtoie. ★ ACTIVITÉ 1 En étudiant les plans (voir variante 2), décrire les situations et les relations de Guei à son travail, chez son cousin, comment il voit les filles (la femme en rouge). Commenter l’importance qu’a le vélo pour lui. ★ ACTIVITÉ 2 Commenter la façon dont est filmée la ville vue par Guei. Décrire cette ville. Après la 2ème partie: Jian et son environnement (en groupes ou individuellement) Même commentaire que pour la partie, mais cette fois-ci le personnage principale est Jian. ★ ACTIVITÉ 1 En étudiant les plans (voir variante 2), décrire les situations et les relations de Jian à son école, dans sa famille, comment il voit les filles (son amie), Commenter l’importance qu’a le vélo pour lui. ★ ACTIVITÉ 2 Commenter la façon dont est filmé le quartier de Jian. Décrire le quartier. Evolution des discussions pour arriver à l’accord du partage du vélo Les deux protagonistes Guei et Jian sont d’abord butés et ne veulent entendre que leurs propres arguments, puis la situation se débloque. Après la 3ème partie: le partage et la bagarre (en groupes ou individuellement) Le partage du vélo Une fois l’idée du partage acceptée, le réalisateur a choisi une façon muette de présenter cette action. ★ ACTIVITÉ 1 Sélectionner les scènes qui marquent cette évolution et décrire les changements d’attitudes des personnages (par exemple par les dialogues et le temps passé à discuter – d’abord court, puis long) ★ ACTIVITÉ 2 Expliquer et commenter les raisons qui poussent les deux garçons à accepter le partage du vélo. ★ ACTIVITÉ 1 Décrire et commenter le déroulement des échanges de la bicyclette. Comment cela est-il mis en scène? Commenter. La bagarre La bagarre finale est annoncée par certains plans bien précis. ★ ACTIVITÉ 2 Expliquer les motifs de la bagarre. Trouver et décrire les scènes qui l’annoncent. Commenter leur mise en scène. 10 Beijing Bicycle SUGGESTIONS D’ACTIVITÉS: SOCIÉTÉ Objectif: apprendre à analyser et à gérer un conflit. En groupe Activités suggérées: analyser les sources du conflit entre Jian et Guei. Analyser le concept de propriété (ici, celle du vélo), apprendre à gérer un conflit. Le cas échéant, analyser une situation de conflit qui existe ou a existé. AUTOUR DES DEUX HÉROS, JIAN ET GUEI, ET DE LA BICYCLETTE: AUTOUR DE LA PROPRIÉTÉ DE LA BICYCLETTE Jian et Guei ont des origines sociales et culturelles différentes. Ces différences sont une des sources du conflit qui les oppose et, surtout, de ce qui les sépare dans la vie quotidienne. Toute l’intrigue du film tient à cette querelle entre les deux personnages, chacun d’eux croyant avoir de bons arguments mais leur maladresse les mène pourtant à la bagarre. ★ ACTIVITÉ Analyser ces différences et les extrapoler dans la réalité des élèves. (deux groupes) ★ ACTIVITÉ trouver les arguments aptes à résoudre le conflit à propos du vélo. Faire la différence entre argument moral et argument légal. En groupes. Groupe 1: Jian et la bicyclette. Quelle importance du véhicule, pour quelle utilisation? Discussion sur la psychologie du personnage: comment le décrire, lui et son environnement (famille, amis, la jeune fille)? Discussion sur Jian et son groupe d’amis. Que font-ils? Quelles sont leurs relations? Que représente la bicyclette pour eux? Groupe 2: Guei et la bicyclette. Quelle importance du véhicule, pour quelle utilisation? Discussion en groupes de trois (ou en trois groupes): –Un fait office de «juge de paix»: A qui appartient la bicyclette? A Guei? A Jian? Aux deux? Jugement, avec explication, après avoir écouter les arguments de chacun. –Deux est Guei. Quels arguments parlent en faveur de Guei? –Trois est Jian. Quels arguments parlent en faveur de Jian? Chaque groupe rédige ses conclusions. ★ ACTIVITÉ Jeu de rôle en grand groupe: Discussion sur la psychologie du personnage: comment le décrire, lui et son environnement (origine, famille, travail)? Comment qualifier ses conditions de travail et les difficultés qu’il rencontre? Les personnages sont mis en scène et Jian et Guei, aidés par leurs amis, essaient à l’aide de discussions, d’arguments, de trouver une autre solution au conflit. Discussion sur Guei et l’importance de la bicyclette pour lui. ★ ACTIVITÉ Chaque groupe rédige ses conclusions. Mise en commun et discussion en plénum. Développement possible: jeu de rôle identique autour d’un événement (discorde, bagarre) ayant touché de près ou de loin, le collège ou la classe. 11 Beijing Bicycle SUGGESTIONS D’ACTIVITÉS: LA GÉOGRAPHIE DE LA CHINE. Objectif: connaître l’environnement géographique de la Chine. Interpréter une carte. SITUATION GÉOGRAPHIQUE DE LA CHINE EN ASIE ★ ACTIVITÉ individuel ou en groupe En annexe, on peut trouver une carte politique de la Chine qui montre son étendue sur le continent asiatique. En analysant cette carte, il est possible de mieux comprendre la situation géographique du pays. A partir de la carte dénombrer les pays qui entourent la République Populaire de Chine. Nommer ces pays en les situant géographiquement (Nord, Sud, Est, Ouest). Deux autres pays baignent dans le même bassin maritime que la Chine et lui font face, nommer ces pays. Commenter cette situation géographique. LA RÉCUPÉRATION DU TERRITOIRE ★ ACTIVITÉ individuel ou en groupe Récemment – fin du XXè et début du XXIè siècle – deux anciennes colonies de pays européens ont été réintégrées au territoire chinois. Il existe encore un territoire que le gouvernement de Pékin veut réintégrer à la Chine. Nommer les anciennes colonies récupérées et les situer sur la carte. Nommer également le territoire revendiqué comme faisant partie de la Chine par Pékin. Le situer. Commenter ces situations et leur intérêt pour le pays. SITUATION POLITIQUE DE LA CHINE EN ASIE ★ ACTIVITÉ individuel ou en groupe Certaines frontières de la Chine datent de l’époque coloniale (par exemple de celle de l’Inde et du Pakistan). D’autres sont séculaires. Les frontières se définissent généralement juridiquement, par un accord (traité) entre les deux pays mitoyens. L’ONU (Organisation des Nations Unies) peut aussi intervenir en cas d’absence d’accord entre les pays concernés. Toujours à partir de la carte politique: chercher les pays avec lesquels la Chine a des conflits territoriaux. Chercher les raisons de ces conflits et commenter. 12 Beijing Bicycle SUGGESTIONS D’ACTIVITÉS: GÉOGRAPHIE Objectif: connaître la géographie intérieure de la Chine, analyser le cas du Tibet. Géographie humaine: la question des ethnies, le cas du Tibet LES GRANDS GROUPES LINGUISTIQUES EXISTANT EN CHINE En annexe, on trouve une carte de la répartition géographique des différents ensembles linguistiques qui existent en Chine. ★ ACTIVITÉ 1 individuel ou en groupe A partir de cette carte, retrouvez le nombre de langues qui sont officiellement utilisées dans le pays et en faire la liste. Nommer les langues qui sont parlées dans des pays limitrophes. ★ ACTIVITÉ 2 individuel ou en groupe En comparant cette carte linguistique à la carte politique, commenter leur répartition géographique. Les langues sont-elles réparties de manière homogène et correspondent-elles aux limites régionales? Commenter. LE CAS DU TIBET ★ ACTIVITÉ 1 individuel ou en groupe Les médias se font souvent l’écho des revendications d’indépendance des Tibétains. L’organisation des Jeux olympiques en Chine est une bonne occasion pour les Tibétains indépendantistes de faire connaître leur situation au monde entier. De son côté, le gouvernement chinois insiste sur l’appartenance historique du Tibet à la Chine. Dans ce dossier, nous trouvons deux argumentaires contradictoires concernant le statut politique du Tibet. Rechercher le nom du personnage qui est la référence pour tous ceux qui participent à cette revendication indépendantiste? Quel est son statut vis-à-vis des Tibétains? Situer les régions habitées par les Tibétains. Commenter. ★ ACTIVITÉ 2 individuel ou en groupe Discussion autour des arguments chinois et tibétains à propos du Tibet. Analyser ces arguments quant à leur pertinence et leur valeur. 13 Beijing Bicycle SUGGESTIONS D’ACTIVITÉS: LES DROITS HUMAINS. Objectifs: connaître les droits humains, évaluer leur situation en Chine, connaître la situation de la Suisse. LES DROITS HUMAINS EN CHINE La Chine est sur le devant de la scène: elle devient une puissance économique de premier plan, elle accueille les Jeux olympiques en 2008, Shanghai organise l’exposition universelle de 2010. Sur le devant de la scène, le pays est aussi sur la sellette: puissance économique, elle est sur le point de devenir le premier pollueur du monde, le Tibet reste une épine dans son pied et la situation des droits humains est loin de satisfaire aux critères édictés par les instances internationales ad hoc. Pour ceux qui seraient intéressés par le problème, le site internet des Nations Unis a aussi publié des rapports sur ce sujet. On peut les consulter à l’adresse suivante du bureau du haut commissaire aux droits de l’homme (OHCHR): http://daccessdds.un.org/doc/UNDOC/GEN/G06 /117/51/PDF/G0611751.pdf?OpenElement Discussion autour du rapport d’Amnesty international et du point de vue officiel En annexe, on trouvera le rapport édité en 2007 par Amnesty international pour l’année 2006. Le constat est sans ambigüité à ce propos. Pour se défendre, le gouvernement chinois a publié son propre rapport, mettant en avant le droit des peuples pour se justifier. On trouvera un résumé de ce texte aux côtés du rapport d’Amnesty pour permettre de comparer les deux appréhensions de ce problème. … Et chez nous, Discussion à propos des droits de l’homme en Suisse. S’il y a beaucoup à dire sur la situation des droits humains en Chine, certaines nations démocratiques européennes sont aussi épinglées par le rapport annuel d’Amnesty international, dont la Suisse. Le texte du rapport qui concerne notre pays se trouve donc en annexe. ★ ACTIVITÉ en groupe Analyser comparativement les deux textes cités plus haut. La Chine répond-elle aux questions que pose le rapport d’Amnesty international ? Argumenter. Discussion en groupe et rédaction des conclusions. ★ ACTIVITÉ en groupe Analyser ce rapport en groupe. Evaluer la gravité de ces manquements qu’il souligne (violence policière, droit d’asile, situation faite aux femmes). Auriez-vous entendu à la radio, vu à la télévision ou lu des articles dans la presse qui relateraient de tels événements? 14 Beijing Bicycle Objectif: connaître les enjeux politiques et économiques des Jeux olympiques ★ ACTIVITÉ individuelle ou à deux (ordinateur et accès à internet nécessaires) LES OLYMPIADES En 2008, auront lieu à Pékin les 29è olympiades d’été. A chaque fois, c’est une occasion pour le pays hôte de montrer au monde ses réalisations économiques et architecturales. C’est aussi une possibilité incroyable de diffuser la culture nationale. C’est ainsi que chaque pays hôte se choisit une mascotte, censée être le symbole des Jeux et du pays. La Chine ne fait pas exception. Ses mascottes, au nombre de cinq, s’appellent les Friendlies. Elles expriment beaucoup de choses sur le pays, ses traditions et ses valeurs. Ces mascottes se réfèrent à l’art traditionnel chinois et regorgent de symbolique. Trouver les significations symboliques de ces Friendlies à l’aide de l’adresse internet suivante: http://french.china.org.cn/news/txt/200511/12/content_2204934.htm. A partir des explications données par le site internet, trouvez les mots-clés qui définissent les caractères de ces figurines. Commenter l’image que veulent ainsi donner les organisateurs de leur pays. Comparer avec les résultats des réflexions sur les droits humains. 15 Beijing Bicycle OLYMPIADES ET ENVIRONNEMENT Il y a de gros problèmes environnementaux en Chine et Pékin figure parmi les villes les plus polluées de la planète. Or les Jeux sont maintenant toujours placés sous la bannière de défense de la nature et du patrimoine. Aussi beaucoup d’observateurs sont attentifs à cet aspect de l’organisation des Jeux d’autant que Pékin traîne sa mauvaise réputation avec lui. ★ ACTIVITÉ 1 individuelle ou à deux, ordinateur et accès à internet nécessaires En recherchant sur internet, définir les problèmes écologiques les plus importants auxquels la Chine est confrontée. Rechercher les mesures qu’auront (ou n’auront pas) prises les autorités chinoises pour améliorer la situation. ★ ACTIVITÉ 2 individuelle ou à deux, ordinateur et accès à internet nécessaires Evaluer l’impact qu’a pu avoir les Jeux de Pékin sur la destruction des Hutongs. Commenter. APOLITIQUES, LES JEUX? Théoriquement, la politique doit rester à la porte des stades et les Jeux être indépendants de toute politique. Pourtant cet événement médiatique a un écho planétaire et les pays ou les groupes politiques sont toujours prêts à instrumentaliser ce qui ne devrait être qu’une grande fête du sport. L’exemple emblématique de ce fait reste les jeux olympiques de Berlin, en 1936, donnant l’occasion au régime national socialiste allemand de se montrer sous (ce qu’il croit être) son meilleur jour. Depuis, il y eut fréquemment des intrusions de la politique sur les stades que ce soient des actions individuelles, de groupes ou de pays. Ces actions pouvaient aller du boycott des jeux à l’attentat meurtrier. ★ ACTIVITÉ individuelle ou à deux, ordinateur et accès à internet nécessaires Trouvez, en recherchant sur internet, au moins quatre olympiades qui furent perturbées par des manifestations politiques de quelque ordre que ce soit. Donner en quelques phrases les raisons de ces manifestations. Evaluer les problèmes qui ont de fortes chances d’être évoqués lors des Jeux de Pékin. PLACE AUX SPORTS ET AUX SPORTIFS: LES MÉDAILLÉS CHINOIS ★ ACTIVITÉ individuelle ou à deux, ordinateur et accès à internet nécessaires La Chine est un pays colossal qui a développé une éducation sportive à tous les niveaux. Elle compte des grands athlètes de renom dans les rangs de son équipe olympique. Pourtant ces médaillés sont souvent fort peu connus en Europe occidentale. Cherchez des sportifs chinois médaillés lors des olympiades passées. Brossez-nous un court portrait de chacun. 16 Beijing Bicycle CINÉMA: DÉCOUPAGE PARSÉQUENCE DU FILM. Partie N° Séquence Action Durée Guei 1 Présentation Interviews des candidats coursiers – générique, sur fond de vélos circulant dans la ville – discours du patron sur les apparences. 0:02:42 Bicyclettes Plans de vélos dans la ville – les citadins – les grands immeubles, symboles de richesse - les courses de Guei, sur fond de musique rythmée (leitmotiv du travail) – Guei aura bientôt payé son vélo. 0:11:21 2 3 Femme en rouge La riche voisine apparaît – plan sur les chaussures rouges (caméra subjective) – Encore un jour, et le vélo est à Guei – il grave une marque sur le cadre – le soir, le cousin décrit la ville et ses mœurs: on ne peut pas faire confiance aux citadins. 0:15:31 4 Le sauna Guei arrive dans le sauna et ne sait pas se faire comprendre – quiproquo, il est poussé dans une douche – il doit payer, refuse et cherche son client. 0:20:59 5 Le vol Le client apparaît et remet le pli, non sans protester sur le retard – Guei, sortant du sauna ne voit plus son vélo – il examine tous les engins sur place – il ne sait quoi faire et attend – c’est la nuit, le dernier vélo s’en va – Guei se souvient soudain du pli – il court dans la ville – les portes sont fermées, plan sur une rue vide. 0:24:31 6 Le licenciement Aux bureaux de la compagnie, Guei est renvoyé – il veut voir le patron – discours du patron, réponses de Guei (champs contrechamps, gros plan sur le visage de Guei, plan moyen sur le patron). 0:27:19 7 La recherche Plans sur les rues et la multitude de vélos – Guei recherche son vélo – il fait nuit. 0:29:30 8 L’étudiant Jian et ses camarades font des acrobaties avec leurs vélos dans un chantier – plan sur le vieux quartier (plans rapprochés, plans fixes de plus en plus éloignés, pour finir avec un plan panoramique sur le vieux quartier qui annonce le déplacement de l’action) – 0:30:39 – rencontre avec la jeune étudiante – on apprend qu’il vient d’avoir son vélo, on voit qu’il habite dans un quartier pauvre, à la différence de la fille qui loge dans une rue plus cossue 0:35:00 Le logement et la famille de Jian qu’on a vu cacher son vélo – dialogues du père expliquant la situation familiale (plan au travers d’une porte montrant l’exigüité de l’habitation)– il fait nuit, Jian ne dort pas et va jouer avec son vélo dans la ruelle. 0:37:30 Guei pénètre dans un parking de vélos pour rechercher son vélo – il se fait prendre – le lendemain, son patron le sort du poste de police et le renvoie définitivement. 0:40:47 Jian part en ballade à vélo avec son amie 0:41:01 Jian 17 Beijing Bicycle Partie N° Séquence Action Durée A qui est le vélo? 9 Retrouvé Jian s’arrête à l’échoppe du cousin de Guei pour téléphoner, le cousin reconnaît la bicyclette – au bord de la rivière voisine, Jian est assis à côté de sa copine – elle attend un geste, mais il se retourne et voit Guei s’enfuir avec le vélo. 0:43:04 Poursuite vers la vieille ville – Guei s’enfonce dans une ruelle – un camion est en train de faire une manœuvre (plans alternés camion/ Guei qui nous annoncent l’accident) – le choc (hors champs) qui nous est décrit par l’attitude des témoins – silence complet – Guei se relève et veut reprendre son vélo – mais Jian l’en empêche, soutenus par les témoins qui traitent Guei de voleur sans l’écouter. 0:46:05 L’amie de Jian arrive sur les lieux, mais Jian est déjà parti – elle le retrouve dans un salon de jeux – Jian danse avec ses copains et néglige la fille qui finalement s’en va – Guei apparaît à la vitre. 0:47:58 10 Hutong Jian rentre chez lui, Guei l’a suivi – on apprend que de l’argent a disparu chez Jian – Jian est sur le toit – Guei est devant l’entrée de la maison – le lendemain, Jian sort de chez lui en traversant les cours intérieures (plan séquence, la caméra suit Jian, nous montrant la promiscuité du lieu) – il découvre que son vélo a disparu – échange de regards lourd de sens avec sa petite soeur. 0:54:38 11 Travail Le patron de Guei est stupéfait, Guei dort devant la porte des bureaux avec son vélo – le patron lui donne une seconde chance (plan en contre-plongée depuis la position de Guei – caméra subjective). 0:55:17 Jian à l’école, qui refuse d’aller jouer avec ses camarades – son amie lui propose de rentrer avec lui, il refuse, on se rend compte que le vélo est plus important que tout le reste, il est buté comme Guei. 0:57:20 Guei qui pédale, heureux – il rentre chez lui – au tournant de la ruelle, on entend de nouveau un choc (hors champs) – plan sur son visage qui regarde quelque chose par terre – c’est la belle voisine que son cousin se dépêche d’étendre à l’intérieur – elle se réveille et s’enfuit. 1:00:05 Plan sur un jeune, lunette de sport, cheveux décolorés, frimant avec des figures acrobatiques sur son vélo – Jian s’engueule avec ses copains à propos du vélo – il voit son amie partir avec le bellâtre – il accepte l’aide de ses camarades pour récupérer son vélo. 1:02:53 Ils récupèrent le vélo après une course poursuite depuis les bureaux du courrier express où ils attendaient Jian – Jian se fait remballé par sa copine qui refuse de venir avec lui (point de vue depuis les camarades, au bout de la ruelle, plan éloigné, le silence soulignant l’importance de l’événement). 1:06:07 Jian rentre chez lui, son père l’attend avec Guei, le père est en colère car il comprend qu’il a volé l’argent, il redonne le vélo à Guei qui s’en va – la petite soeur et les camarades de Jian l’encouragent à récupérer le vélo (plan fixe de la discussion sur le toit de l’école) 1:10:46 12 Le père en colère 18 Beijing Bicycle Partie N° Séquence Action Durée le partage 13 La rencontre Guei et la bande de Jian discutent, cela commence en plein jour et se poursuit la nuit tombée, idée du partage. 1:19:06 14 Au kiosque Guei est chez son cousin, la belle voisine apparaît, fouillant tout à la recherche de quelque chose (plan échoppe vers maison cossue) – une voiture s’arrête, c’est la patronne et la belle n’était que la bonne – le cousin propose un vieux vélo à Guei – sur un pont, on voit Guei à la peine avec le vieil engin qui ne roule pas bien pour finir par se disloquer – on le voit courir dans les rues au rythme de la même musique saccadée du travail. 1:24:06 15 L’échange Toujours sur fond du leitmotiv du travail, plan sur l’échange de la bicyclette au coin d’une rue, sans un mot, chacun vérifiant son état avant d’en prendre possession – ils finissent par s’échanger leurs noms. 1:26:04 Le cousin apprend à Guei que la belle voisine a été renvoyée, regrettant de n’avoir rien fait. Bruit de pas (comme les talons de la jeune fille au début) qui leur fait lever la tête. 1:27:38 Jian attend son ancienne copine sous la pluie, elle refuse de lui parler – son nouveau copain vient se poser avec condescendance devant Jian qui ne dit rien. 1:31:06 Il fait beau, Jian suit le couple dans le dédales des ruelles du quartier, il en oublie le tournus et Guei l’attend - au coin d’une rue, un vieux fait sa gymnastique 1:33:05 Plan au niveau du vélo: la main de Jian se saisit d’une brique horschamps et suit le couple dans une ruelle – la caméra reste immobile, nous entendons un choc – des vieux se lèvent et regardent dans la ruelle - plan sur le gars étendu par terre, Jian lâche la brique et s’en va - le gars se relève et touche sa tête. 1:35:20 Guei attend toujours, Jian arrive et lui dit que dorénavant il peut garder la bicyclette – la bande du gars se précipite et Jian commence à courir, suivi par Guei – il se sépare mais Guei se perd et se retrouve avec Jian coincé dans une cour. 1:39:15 C’est bagarre et la bande a le dessus – les deux garçons se font battre – un de la bande s’acharne sur le vélo – Guei fait le même geste que Jian pour ramasser une brique et l’assomme. Jian se relève péniblement, va vers Guei qui prend l’engin démoli et part sans un mot en boitillant. 1:44:43 16 La poursuite Plan sur Guei traversant les rues, la bicyclette sur l’épaule, au ralenti – Plongée de la caméra sur le carrefour d’une grande avenue avec son trafic de vélos – la caméra se lève nous permettant de voir la perspective de l’immensité de la ville – générique de fin. 19 Beijing Bicycle LE DÉCOR DU FILM: LES HUTONGS. Les hutongs, ruelles anciennes propres à la ville de Beijing, ont pris forme et se sont développées pendant les dynasties des Yuan (1271-1368), des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911). Aujourd’hui, la ville compte quelques milliers de hutongs qui rayonnent autour de la Cité interdite. A Beijing, les rues se rangent longitudinalement et horizontalement. Les hutongs remarquables se concentrent des deux côtés est et ouest du Palais impérial, le long des rues, où la plupart des habitants étaient auparavant des membres de la famille impériale et des nobles. Quant aux ordinaires et étroites hutongs où habitaient principalement des commerçants et des gens du peuple, elles se trouvent dans les parties sud et nord de la ville, loin du Palais impérial. Les siheyuans (enclos avec quatre maisons autour d’une cour carrée) sont les principales constructions dans les hutongs. La taille et la qualité des siheyuans varient selon les différents statuts sociaux de leurs propriétaires. Les siheyuans des hauts fonctionnaires ou des commerçants riches sont grands et sophistiqués. Dans un tel siheyuan les maisons sont richement ornées et liées par des galeries, et devant et derrière de ces maisons il y a des jardins. Les siheyuans des gens du peuple sont petits et simples. La porte est étroite et les murs bas. Pour que les maisons principales soient bien éclairées, les siheyuans des nobles donnent sur le sud. Ainsi, les hutongs sont orientées pour la plupart d’ouest en est. Pour faciliter les déplacements, on a ouvert plusieurs petites hutongs orientées du nord au sud entre les deux grandes ruelles. A l’époque de la République de Chine (1912-1949), la société était en instabilité du fait de guerres civiles et d’agression étrangère. Les hutongs de Beijing ont progressivement décliné. Beaucoup de siheyuans ont été partagés par plusieurs foyers. Après la fondation de la République populaire de Chine, les hutongs ont été aménagées dans une certaine mesure. Pendant les 10 années de la «Révolution culturelle» cependant, un grand nombre de précieux vestiges historiques et culturels dans les hutongs ont été détruits. Malgré tout, les hutongs occupent actuellement un tiers de la superficie de la zone urbaine et abritent la moitié des habitants. Comme par le passé, elles sont toujours liées étroitement avec les Pékinois. Vaisseaux sanguins de la ville, les hutongs ont enregistré et continueront à enregistrer l’histoire de Beijing et la vie de sa population. (Source: Creative Commons, www.chine-informations.com) Un patrimoine urbain et architectural en danger, selon d’autres sources, dont l’UNESCO, qui ne sont pas aussi optimistes quand à la préservation de ce patrimoine architectural. D’autre part, la politique de rénovation des quartiers a aussi un coût social non négligeable comme le montre l’article ci-dessous, trouvé sur le site français de Batiweb (www.batiweb.com): «…confrontées aux exigences de la modernisation urbaine et du développement économique, les hutongs risquent de succomber définitivement aux assauts des promoteurs immobiliers. Alors que la capitale chinoise connaît de rapides transformations, leur disparition est déjà bien entamée. Là où règnent aujourd’hui immeubles flambant neufs et artères régulières, d’étroites venelles frémissaient encore il y a peu d’une animation populaire. Dans le centre-ville historique, qui héberge en grande partie des classes sociales modestes, a été adopté un programme de reconstruction à marche forcée. «Les habitants sont rarement consultés», s’indigne Hua Xinmin, une Pékinoise qui milite pour la défense des quartiers anciens. Selon elle, la loi n’est pas toujours respectée: «Certains habitants ont vu leur maison détruite sans leur autorisation, alors qu’ils étaient détenteurs d’un certificat de propriété depuis 1951, et les actions menées en justice n’aboutissent pas». De multiples siheyuans, cours carrées anciennes dont certaines sont vieilles de cinq siècles, ont déjà été détruites. Sur les 62 km2 qui composaient la vieille ville, un tiers a disparu, selon les estimations de l’Unesco. «Bien que la municipalité ait délimité des zones à préserver, les compagnies immobilières bénéficient de l’inertie des autorités», explique Edward C. Lanfranco, journaliste américain, auteur d’enquêtes approfondies sur la politique urbanistique à Pékin. Outre la disparition du patrimoine architectural, le relogement et l’indemnisation des habitants des zones démolies demeurent une source de conflits majeure, qui dans certains cas prennent une tournure violente. «Les nouvelles constructions sont souvent financièrement inaccessibles aux anciens habitants», relève Ding Ai. «En plus, autour de chez moi, ils n’ont reçu qu’une indemnisation de 5.950 yuans par mètre carré (600 euros), bien inférieure à la valeur réelle de leur bien», déplore Mme Ding, une résidente du quartier de la Tour du Tambour, luttant «pour la conservation de la vieille ville». 20 Beijing Bicycle Dans les 15 prochaines années, 5 millions de personnes (sur les 15 millions que compte la capitale) devraient être contraintes de quitter le centre-ville pour être relogées en banlieue. Les promoteurs immobiliers disent agir dans l’intérêt des Pékinois et plaident la nécessaire modernisation, invoquant la précarité des infrastructures sanitaires dans les hutongs. «La qualité de vie doit primer: les habitants ont besoin d’une ville saine», estime Li Zhong, directeur général de la société immobilière, Regal Lloyds International Real estate consultants. La majorité des habitants des hutongs sont d’ailleurs prêts à céder leur logement pour un cadre de vie plus moderne, affirme M. Li, ce qu’indiquait déjà en 2004 une enquête menée par l’université Tsinghua de Pékin. Les promoteurs se défendent aussi de nuire à la préservation du patrimoine. «La plupart des habitants traditionnels des siheyuans n’ont pas les moyens de les entretenir», avance Li. Selon lui, les fonctions dévolues aux bâtiments anciens peuvent évoluer: en témoigne l’usage croissant qu’en font galeries d’art, entreprises de marketing ou de publicité. Les édifices rénovés de Houhai, qui accueillent dans le nord de Pékin bars, restaurants et boutiques très prisés des touristes, constituent une «reconversion réussie» et «rentable», remarque Peter C. K. Leung, directeur de Space Creative Holdings Limited, société d’aménagement d’espaces commerciaux et culturels. Cette métamorphose fonctionnelle des quartiers anciens menace les modes de vie traditionnels qui s’y étaient perpétués. «Les hutongs continuent d’abriter une vie populaire et un réseau social dense. Il faut préserver ce témoignage vivant de l’histoire de la ville», insiste Wang Jun, journaliste et auteur d’un ouvrage sur les mutations de la capitale. «J’ai suivi toutes les destructions. Je me considère comme une survivante» conclut Ding Ai. 21 Beijing Bicycle LE RÉALISATEUR WANG XIAOSHUAI . FILMOGRAPHIE Dongtian de rizi 1993, The Days, fiction Wang Xiaoshuai est né en 1966 à Shanghai. Il a passé la majeure partie de son enfance dans la province de Guizhou au Sud Ouest du pays. Il est inscrit dès 1981 au collège de l’académie d’art de Pékin qu’il quittera pour entrer à la prestigieuse académie du cinéma de la capitale où il étudiera la mise en scène jusqu’en 1989. Il travaillera ensuite sur le scénario de «Mama» qu’il avait l’intention de réaliser lui-même. Finalement, ce sera son collègue, Zhang Yuan qui le réalisera en 1991. Ce fut le premier film chinois indépendant, celui qui lancera la fameuse «sixième génération» du cinéma chinois et dont il reste l’une des œuvres les plus importantes. Wang rejoignit la même année les studios de Fuzhou, ville portuaire du Fujan, au Sud de la Chine. Il y travailla comme assistant réalisateur. Mais il revint vite à Pékin où il tourna son premier film, en 1993, «Dongtian de rizi» (Jours d’hiver), qui fut qualifié par la BBC britannique, en 1999, comme faisant partie des cent films les plus importants de l’histoire du cinéma. En dehors des canaux officiels, ces images noir-blanc et cette mise en scène épurées, racontant le destin d’un couple d’artiste poussé à la mort sous la pression de la société, dégageait déjà l’impressionnante maîtrise du réalisateur. Son film suivant, «Jidu hanleng» (Gelé), plongeait encore une fois dans le milieu artistique avec l’histoire d’un artiste voulant mettre en scène, comme performance, sa propre mort. Il travaillait simultanément à son film suivant «Yuenan guniang» (Une fille vietnamienne) qui tomba sous la censure. Quelques années plus tard, après des luttes opiniâtres contre l’administration de la censure et des modifications du scénario, le film put se faire sous un autre titre, «Biandan guniang» (Si près du paradis). «Beijing Bicycle» fut une coproduction franco-taiwanaise. Présenté en compétition à Berlin, il y reçut le Grand Prix spécial du Jury (Ours d’argent), les jeunes acteurs étant distingués avec le Prix des jeunes acteurs (Piper Heidsieck New Talent Award for the best young actor). Le film fut interdit en Chine parce que Wang n’avait pas passé par la commission de censure avant de le présenter à l’étranger. Lorsqu’il put enfin être montré officiellement en Chine, en 2004, il y avait longtemps que les cinéphiles avaient pu le voir grâce aux copies pirates du marché noir. Da youxi 1994, Suicides, fiction Jidu hanleng 1996, Frozen, fiction (Wang Xiaoshuai prit pour ce film le pseudonyme de Wu Ming – qui signifie anonyme) Biandan guniang 1998, So Close to Paradise, fiction Meng huan tian yuan 1999, The House oder Suburban Dreams, fiction Shiqi sui de danche 2001, Beijing Bicycle, fiction The New Year 2002, court-métrage, partie du projet coréen «After the War» Er di 2003, Drifters, fiction Qing Hong 2005, Shanghai Dreams, fiction WANG XIAOSHUAI À PROPOS DU VÉLO ET DE LA JEUNESSE «Il y a dix ou vingt ans, chaque famille devait avoir quatre objets importants pour être considérée moderne: une machine à coudre, un vélo, une télé et une machine à laver. A l’époque vous aviez besoin de coupons ou d’une lettre d’introduction pour acheter une bicyclette. Aujourd’hui, c’est complètement dépassé; pour être «in», une famille urbaine doit avoir une voiture, un ordinateur, etc. Dans les circonstances actuelles, si une famille doit se battre pour un vélo, c’est qu’il y a quelque chose qui ne joue pas - elle est complètement rétro et très pauvre. Selon les standards d’aujourd’hui, la famille de Jian n’est pas riche. A l’époque, le vélo était un symbole de statut social. Maintenant, il suffit d’aller au magasin et d’en acheter un.» (Source: Indiewire.com, interview par Jean Tang, www.indiewire.com). 22 Beijing Bicycle GÉNÉRIQUE DU FILM. Titre original Interprètes Shiqi sui de danche (Le vélo des dix sept ans) CUI Lin, Guei LI Bin, Jian ZHOU Xun, Qin, la bonne GAO Yuanyuan, Xiao, la petite amie de Jian LI Shuang, Da Huan, le nouveau petit ami de Xiao ZHAO Yiwei, le père de Jian PANG Yan, la mère de Jian ZHOU Fangfei, Rongrong, la petite sœur de Jian XIE Jian, le directeur de la compagnie de courrier express Réalisation WANG Xiaoshuai Pays Chine Année de production 2001 Langue/sous-titres Chinois-mandarin /all / fr Durée 111 minutes Scénario WANG Xiaoshuai, TANG Danian, Peggy CHIAO, HSU Hsiao-ming Caméra LIU Jie Montage LIAO Ching-song Son TU Duu-chih, CHEN Chen Décor CAO Anjun, TSAI Chao-yi Costumes PANG Yan Musique WANG Feng Producteurs Peggy CHIAO, HSU Hsiao-ming, HAN Sanping Production Arc Light Films (Taiwan) Coproduction Pyramide Productions (France) 23 Beijing Bicycle GÉOGRAPHIE ET HISTOIRE. GÉOGRAPHIE, SITUATION ET QUELQUES CHIFFRES Entourée de quatorze pays, dont notamment la Russie et la Mongolie au Nord, le Vietnam et l’Inde au Sud, la République Populaire de Chine s’étend à l’Est du continent asiatique avec une superficie de près de 9.5 millions de km2, le quatrième plus grand pays du monde - en comparaison aussi étendu que toute l’Europe jusqu’à l’Oural. Cette étendue immense a pour conséquences des différences de climats très importantes allant du climat continental, avec des hivers rudes et des étés caniculaires au Nord, Nord-Ouest et à l’Ouest, au climat subtropical à tropical au Sud. Le Tibet ayant, bien sûr, un climat de haute montagne. Les chiffres sont à l’échelle de ce vaste pays, démesurés: une population d’un milliard 300 millions d’habitants, son plus long fleuve, le Yang-tsé (en chinois, Yangzijiang) traverse le pays sur 6’300 km, au Tibet, le sommet le plus haut s’élève à 8’844 m (le Mont Everest, nommé «Qomolangma» en tibétain). Enfin, le plus grand lac, de Qinghai, au centre du pays, s’étale sur 5’000 km2. Il est d’ailleurs la source du Yang-tsé. carte et drapeau: Wikipedia 24 Beijing Bicycle LA QUESTION DES LANGUES Lorsque l’on regarde le film, on se rend bien compte que Guei a souvent des problèmes de compréhension lorsqu’on lui parle. C’est que la Chine n’a pas une population homogène parlant la même langue, au contraire. Voici ce qu’on peut trouver sur un site officiel chinois: http://french.china.org.cn/archives/faitschiffres La République populaire de Chine est un pays multiethnique unifié qui rassemble 56 ethnies identifiées et reconnues par le gouvernement central. La population des diverses ethnies connaît de grands écarts; les Han sont beaucoup plus nombreux, et les 55 autres groupes sont appelés «ethnies minoritaires». Selon une enquête effectuée au moyen de sondages auprès de 1 % de la population du pays en 2005, la population totale des 55 ethnies minoritaires était de 123,33 millions, représentant 9,44 % de la population nationale. Parmi les ethnies minoritaires, 18 comptent plus d’un million de personnes, dont les Zhuang, environ 16,1788 millions, sont les plus nombreux, alors que les Luoba, seulement 3000, sont au bas de l’échelle. Les Han se trouvent sur tout le territoire du pays, mais la plupart vivent dans les bassins du Huanghe (fleuve Jaune), du Changjiang (Yangtse) et de la rivière des Perles et dans la plaine de SonghuaLiaohe. Les ethnies minoritaires, malgré leur faible proportion, sont dispersées sur plus de 60 % du territoire national. Depuis longtemps, les Han et les ethnies minoritaires gardent des liens politiques, économiques et culturels étendus, formant ainsi des relations d’interdépendance et de développement commun. Toutes les ethnies du pays ont apporté leur contribution à la fondation d’un pays multiethnique unifié, à la création de la longue et brillante civilisation chinoise et à l’histoire de la Chine. Pour bien se rendre compte de la diversité linguistique et ethnique du pays, voici une carte datée de 1967 montrant la répartition géographique des langues. (source: Wikipédia, malheureusement en anglais) 25 Beijing Bicycle REPÈRES CHRONOLOGIQUES DE L’HISTOIRE CHINOISE. - 5000... On trouve déjà une société avec riziculture évoluée, domestication animale (buffle), dans la vallée du Yangzi. -1400 à -1100 Civilisation du Bronze (Shang ou Yin). La dernière capitale a été retrouvée dans le Henan. Technologie: technique du bronze élaborée, usage du char à timon attelé, développement d’une écriture déjà proche de l’écriture chinoise, existence de villes murées. Economie d’agriculture principalement. Politique menée par le Palais royal. La même période a vu l’apogée des civilisations babylonienne et égyptienne. -1000 à -500 Les Zhou. Développement des cités dont la principale donne son nom à l’époque (Zhou) qui formeront une confédération des royaumes du Centre. On verra l’apparition d’une société plus complexe des points de vue social et politique entraînant une plus grande cohésion de l’ensemble. La puissance des cités marque aussi l’affaiblissement de la royauté. C’est à la fin de cette période qu’apparaissent les premières traditions écrites. -500 à -200 Le développement des richesses amène aussi les rivalités sanglantes entre les différents royaumes (période dite des «Royaumes combattants»). Cela n’empêche pourtant pas le développement des zones agricoles et des cités avec comme corollaire l’accroissement de la population. Le mouvement des idées s’épanouit également. L’école de pensée (des lettrés) la plus célèbre, encore aujourd’hui, fut celle de Confucius, qui a vécu au début du Ve siècle. -221 à -206 Le roi Qin conquit progressivement tous les royaumes pour former finalement en 221 le premier empire chinois. Ce premier empire, pour éphémère qu’il fut, n’en jeta pas moins les fondations de l’entité chinoise. Les travaux accomplis sous son règne furent gigantesques (constructions de routes, travaux de défense. C’est aussi au roi Qin que l’on doit la construction de la fameuse «Grande muraille», destinée à protéger l’empire des invasions au Nord. -206 à 220 ap J.C: Dynastie Han. Les premières mesures vont renforcer le pouvoir central et domestiquer la noblesse et de créer des postes militaires avancés pour protéger l’empire et renforcer la capitale de Chang’an (au centre de la Chine). L’empire s’étend au Nord et au Nord Est, vers l’Ouest et au Sud jusqu’au Vietnam. Cette expansion, qui sera freinée à la fin de la dynastie, verra aussi un développement culturel extraordinaire dû, en grande partie, aux échanges avec les populations conquises et au commerce. 220 à 618 Les Trois Royaumes, puis les Sui. La dynastie Han devra faire face à des révoltes populaires qui donneront le pouvoir de fait aux chefs de guerre chargés de les réprimer. Dès 222, la partition est confirmée entre trois entités (d’où le nom de la période): l’une au Nord, la plus puissante (Wei), une autre dans le Sichuan et, enfin, au Sud (le Wu) dans le bassin inférieur du Yangzi. En fait, le début de la séparation entre Chine du Nord, fortement influencée par les cultures nomades mongoles du Nord et celles d’Asie centrale, et du Sud, restée plus repliée sur elle-même. Cette source de faiblesse permettra la reprise du pouvoir par le Nord en 589. A noter l’influence croissante du Bouddhisme sur la région qui apporte aussi avec lui les civilisations occidentales de l’époque: indienne, hellène et perse. Apports aussi bien culturels que scientifiques. La dynastie Sui qui suivit à partir de 581 consolida le pouvoir redevenu central pour reconquérir les marches du Nord et du Sud. On assista à cette période à un remarquable développement économique marqué par des constructions gigantesques de greniers, de canaux qui permirent la circulation commerciale. Cette période se termina par l’apparition de la dynastie Tang dont l’influence ne se fit sentir surtout à partir de 618. 618 à 907 Les Tang. D’abord caractérisé par la continuité avec la dynastie précédente quant à la façon de gouverner, cette période fut marquée par une crise parmi les plus graves, à la moitié du VIIIe siècle, due à l’apparition d’armées indépendantes dans les régions frontalières et affaiblissant à nouveau le pouvoir central et l’économie de l’empire. Paradoxalement, cette crise fut suivi d’un redressement fait de réformes structurelles de l’Etat, du droit et des systèmes d’imposition. Les anciennes aristocraties disparaissent pour faire place à des hommes nou- 26 Beijing Bicycle veaux issus des couches inférieures de la société. Période de développement extraordinaire des relations avec les autres grandes civilisations asiatiques (Asie centrale, Inde, Iran, etc.). 907 à 1279 Les brèves «Cinq Dynasties» et les Song. La désagrégation du pouvoir des Tang amène le morcellement de l’empire en quelques royaumes correspondant aux régions naturelles. Cela permettra les développements autonomes de ces régions. Issu de ces dynasties, le nouvel empire des Song en gardera l’utilisation de mercenaires pour son armée. Les fonctionnaires sont recrutés par concours, gage du renouvellement des dirigeants. Mais cette période est surtout celle d’un véritable développement économique et technique: utilisation de la poudre à des fins militaires, jonques de haute mer, première horloge hydraulique. Les progrès concernent aussi l’agriculture. Surtout l’apparition de l’imprimerie xylographe provoque la diffusion générale du savoir. On verra aussi l’apparition des premiers assignats comme monnaie commerciale. Tout cela permet, enfin, le développement de grands centres urbains. 1279 à 1368 Les Mongols. Au Nord, les peuples de la steppe sont fédérés par Gengis-khan et s’emparent, dès le début du XIIIe siècle, des régions du Nord. Leur empire s’étendra jusqu’aux portes de l’Europe. Les Song, au Sud de la Chine, résisteront jusqu’en 1279. S’ils préfèrent les civilisations d’Asie centrale, les Mongols sauront utiliser la remarquable organisation chinoise pour assoir leur pouvoir. Ils installeront leur capitale à Pékin dès 1260. Ce vaste empire permettra une circulation dans toute l’Asie et, entre autres, favorisera l’apparition de l’Islam dans les régions occidentales chinoises. Ils favoriseront aussi le Lamaïsme tibétain qui contrôlera un temps toutes les communautés religieuses. Les Chinois voyageront aussi et transmettront ainsi leurs connaissances techniques de l’imprimerie, de la poudre et de la pratique médicale. 1368 à 1644 Les Ming. Les soulèvements contre les Mongols auront finalement raison de leur domination. Ce sera un soulèvement populaire qui permettra l’avènement de l’empire Ming qui devra entreprendre une gigantesque reconstruction économique. Mais ce régime sera très autocratique et despotique, pour la première non limité par l’administration. Ce pouvoir confirmera le statut de capitale à Pékin, quittant définitivement le Sud. Le développement économique se poursuit avec l’apparition d’une nouvelle classe de riches marchands. Les Espa- gnols installés à Manille à cette époque, un commerce de l’or en provenance des Amérique apparaît. Mais cette dynastie se trouvera petit à petit affaiblie par la corruption et les dépenses somptuaires de ses eunuques. 1644 à 1911 La dynastie mandchoue des Qing. Venus de Mongolie orientale, les Jurchen se rendent maître de la Mandchourie, au Nord Est de la Chine et se donnent le titre dynastique de Qing. Ils n’auront aucun mal à défaire un empire Ming en pleine déliquescence. Ils se comporteront tout d’abord comme une armée d’occupation, mais adouciront très vite leur domination. Cette dynastie verra son apogée vers la fin du XVIIIe siècle, plus vaste que la Chine actuelle, le Népal, la Birmanie, le Siam, le Vietnam et la Corée se reconnaissant les vassaux de Pékin. L’économie est florissante grâce au commerce bénéficiaire avec l’étranger – ne représentant pourtant que le sixième du trafic intérieur. La diffusion de certaines espèces importées (sorgho, maïs,…) permet l’exploitation de sols plus pauvres. Parallèlement on assiste à un essor démographique sans précédent. Si la vie intellectuelle est favorisée (de grands travaux seront mis en oeuvre, telle qu’une encyclopédie et une compilation de toutes les oeuvres écrites, elle est aussi canalisée et les oeuvres critiques censurées. Mais l’économie ne peut bientôt plus suivre la croissance de la population. Un malaise paysan s’installe et des soulèvements agitent les campagnes. Le XIXe siècle sera celui du déclin constant, amplifié par une ouverture forcée aux nations occidentales qui veulent pénétrer le marché chinois. La fameuse guerre de l’opium voulue par les Anglais sera certainement un des coups de grâce. L’opium pouvant être importer librement par les marchands britanniques fit des ravages dans la population. L’arrivée des Européens induira le développement d’idées républicaines qui amèneront la révolution de 1911 mettant fin à l’empire. 1911 à 1949 Sun Yat-sen, Tchiang Kai-chek, Mao Ze-dong. Des jeunes réformateurs essayèrent de moderniser l’empire sans succès à la fin du XIXe siècle. Vint la fameuse révolte populaire des «boxeurs» qui fut écrasé par les armées européennes. Enfin de jeunes lettrés, républicains, tentèrent de renverser l’empire, emmenés par Sun Yat-sen, sans plus de succès. Sans réelle base populaire, ils surent néanmoins s’allier avec les militaires modernistes et la bourgeoisie locale, pour réussir la révolution de 1911. Cette première république fut éphémère car, dès 1912, reprise par un général réactionnaire 27 Beijing Bicycle (Yuan Shikai) qui tourna le pouvoir à son profit. Il s’en suivit une période sans véritable leadership laissant les Japonais accentuer leur influence sur la vie politique chinoise. Le parti communiste chinois (PCC) est fondé en 1921, il s’allie tout d’abord avec le Kuomintang, parti nationaliste. Mais la droite de ce dernier, emmenée par Tchiang Kai-chek, provoque la rupture et, soutenu par l’Occident, massacre les organisations paysannes et ouvrières. Le PCC, avec son armée, doit se réfugier à l’Ouest (La Longue Marche) dans le Shenxi. Mais l’impéritie et la corruption affaibliront définitivement le Kuomintang face à un PCC qui sera le seul véritable acteur de la guerre contre les Japonais. C’est donc tout naturellement que celui-ci prendra le pas sur une armée décomposée en 1949. 1972 Visite de Richard Nixon et signature du communiqué de Shanghaï: les Etats-Unis reconnaissent que Taïwan fait partie de la Chine. 1976 Mort de Zhou Enlai et de Mao Zedong. Arrestation de la «bande des quatre». 1978 Victoire de la ligne Deng Xiaoping et lancement officiel de la réforme économique. Mai 1989 Mort de Hu Yaobang. Début des manifestations étudiantes de la place Tiananmen. (Source: Encyclopedia Universalis 2008) DEPUIS 1949 … Juin 1989 Deng Xiaoping ordonne à l’armée d’écraser les «contre-révolutionnaires» (1500 morts). Octobre 1949 Le Kuomintang du général Tchiang Kai-chek, soutenu par les Occidentaux, est battu par les troupes de Ma Zedong. Proclamation de la République populaire de Chine. Mao Zedong est président du Parti communiste chinois (PCC), président de l’Etat et de la commission militaire centrale du PCC. 1993 M. Jiang Zemin devient président de la République populaire de Chine. Janvier 1950 Reconnaissance de la République Populaire de Chine par la Suisse. La Suisse fut parmi les premiers Etats occidentaux à reconnaître le nouveau régime. 2003 M. Hu Jintao succède à M. Jiang Zemin, qui reste président de la commission militaire centrale du PCC. 1957-1958 Lancement de la campagne «Que cent fleurs s’épanouissent!», qui autorise le pluralisme intellectuel. Une campagne «anti-droitiste» met fin à cette ouverture. Mai 1958 Début du «Grand Bond en avant». La déstabilisation des systèmes agricole et industriel entraîne une gigantesque famine. 1962 Rupture avec l’URSS. 1966 Démarrage de la révolution culturelle, appuyée sur le mouvement des gardes rouges. 1971 Pékin récupère le siège de la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU, jusque-là occupé par Taïwan. juillet 1997 Rétrocession de Hongkong à la Chine. Création du slogan «Un pays, deux systèmes». 2004 M. Jiang Zemin quitte ses fonctions, reprises par M. Hu Jintao. Celui-ci est désormais secrétaire général du PCC, président de l’Etat et de la commission militaire centrale. Avril 2005 Pour la première fois depuis la création de la République populaire et l’exil du chef nationaliste Tchiang Kai-chek à Taïwan en 1949, un président et chef du Parti communiste chinois, en l’occurrence Hu Jintao, reçoit, en la personne de Lien Chan, le président du Kuomintang, formation au pouvoir à Taïwan jusqu’en 2000. Baptisée «voyage pour la paix», la visite très médiatisée de Lien Chan à Pékin est qualifiée d’»historique» par les autorités chinoises. Janvier 2008 Victoire du Kuomintang aux élections législatives à Taiwan, face au parti favorable à l’indépendance de l’île, le DPP. Cette victoire est saluée par Pékin. (Source: Le Monde Diplomatique) 28 Beijing Bicycle En guise de conclusion: L’histoire de la Chine, on l’a vu, est ancienne. Ces origines sont bien antérieures à toutes les nations européennes. Mais cette histoire est chaotique, comme celles de toutes les nations, faite de flux et de reflux. Bien souvent, d’ailleurs, ce sont de nombreuses révoltes paysannes qui mirent fin, ou au moins les affaiblirent, aux différentes dynasties. Il faut aussi retenir que la Chine a mis longtemps avant d’entrer en contact avec le monde extérieur. Sous bien des aspects, ce fut sa force, mais le choc n’en fut que plus terrible car le pays ne sut pas se ménager des relations diplomatiques dignes de ce nom (il fallut attendre le XIXe siècle pour que soit créé un ministère des affaires étrangères), ni faire face à des puissances européennes coloniales. Pékin ne devint que tardivement la capitale du pays. Pendant longtemps, le centre politique et économique se trouvait plus au Sud-Ouest près des côtes. Enfin, il est important de savoir que le parti communiste chinois, au contraire de quasiment tous les autres, s’est bâti sur le nationalisme (la défense du pays contre les envahisseurs) et plus sur une classe paysanne pauvre (cette même classe qui mit en danger tant de dynasties) que sur une classe ouvrière trop peu nombreuse pour pouvoir compter. Comme par le passé, la Chine riche est celle du Sud Ouest, de Guangzhou à Shanghai. L’intérieur des terres restant pauvre et relativement peu développé. C’est peut-être l’un des plus gros échecs de la Révolution. Aujourd’hui, on assiste, justement, à de nouvelles protestations paysannes qui s’estiment laissées pour compte. Elles ne sont pas encore très importantes, ni très dangereuses pour le pouvoir central, mais on comprend, au vu de l’histoire, que ce dernier les prenne tout de même au sérieux. Enfin, cette chronologie et ces repères historiques ne sont qu’un résumé historique. Certains aspects de l’histoire chinoise n’ont été que peu développés, par manque de place, tels que la vie intellectuelle, la religion, les sciences et l’économie. Cet aperçu n’a pour but que de donner une idée de la complexité historique de ce pays immense. 29 Beijing Bicycle BRÈVE APPROCHE HISTORIQUE DU CINÉMA CHINOIS. Les premières projections cinématographiques eurent lieu en 1896 à Shanghai, par des opérateurs des Frères Lumières. 1905 –1920 Les débuts du muet. Un premier film sera réalisé par un Chinois en 1905 par le studio de photographie Fengtai de Pékin. Le premier film d’actualité sera tournée en 1911 à l’occasion de la révolution. Les premières fictions apparaissent, surtout des adaptations d’opéras et de pièces de théâtre en costume. L’absence de pellicule durant la première guerre mondiale stoppe la production qui reprend en 1919. 33 films produits à Shanghai, 2 à Hong Kong. 1921–1930 Période de consolidation. Le premier film écrit pour le cinéma est tourné. Apparition des premiers longs métrages. Le premier studio, la Mingxing est fondé en 1922 suivie de nombreux autres. 644 (!) films produits à Shanghai, 11 à Hong Kong, 6 à Taiwan. 1931–1937 Le premier âge d’or: début du parlant. La Mingxing réalise le premier film parlant dont le son est enregistré sur des disques de cire, «La chanteuse de pivoine rouge». En 1932, le parti communiste chinois forme une cellule clandestine «cinéma». En 1935, «Le chant des pêcheurs» est primé au festival de Moscou. Muet et parlant coexistent jusqu’en 1936. En 1937, le Japon déclare la guerre à la Chine. 459 films produits à Shanghai, 195 à Hong Kong, 5 à Taiwan. Les films taiwanais étant d’ailleurs produits et réalisés par des Japonais. 1938–1945 L’époque de la guerre antijaponaise. Dès leur occupation de la Mandchourie, les Japonais fondent les studios de la Mandchoukouo (320 films produits). Jusqu’en 1941, les productions se réfugient dans les concessions étrangères de Shanghai (85 films), envahie alors par les troupes japonaises qui organisent de nouveaux studios (135 films). Une partie du cinéma s’était alors réfugié jusqu’à Chongqing (31 films). Dans le même laps de temps, 396 auront été produits à Hong Kong, aucun à Taiwan. 1946–1949 Deuxième âge d’or. La joie qui suivit la victoire contre le Japon fut de courte durée car la guerre civile s’installe. Pour autant, les studios de Shanghai arrivent encore à produire quelques chefs d’oeuvre qui feront le tour du monde tel que «Wuya Yu Maque» (Corbeaux et Moineaux, de Zheng Junli, 1949). Le cinéma chinois atteint la maturité. Mais les effets de la guerre civile se font aussi durement sentir. Certains cinéastes suivent les troupes nationalistes à Taiwan, d’autres s’installent à Hong Kong. La production de la colonie britannique dépasse d’ailleurs, avec 434 films, celles de Chine (157), alors qu’il faudra attendre les années cinquante pour qu’une cinématographie réapparaisse à Taiwan. 1950–1966 Le cinéma «populaire». Le parti communiste s’intéresse bien sûr au cinéma, bel outil «d’éducation des masses». Un réel effort sera fait aussi bien au niveau de la production que de la distribution. Surtout, les thèmes et les sujets seront fixés par le parti (principalement la révolution chinoise, la construction de la nouvelle société, l’histoire de la Chine). 673 films furent produits dans cette période en Chine par 33 studios. 1966–1984 Le désastre de la révolution culturelle. Après une courte phase un peu plus libérale, la révolution culturelle voulut faire table rase, emmenée par Jiang Qing, femme de Mao et ancienne actrice, du cinéma d’avant-guerre. Jiang Qing voulait créer un «nouveau cinéma», mais le résultat fut famélique: 7 films produits en six ans (1966 - 1972), alors que tous les studios avaient été fermés. Films qui, d’ailleurs, ne faisaient que reprendre des opéras contemporains supervisés toujours par Jiang Qing. La crise se dénoue en 1976 avec l’arrestation de la «bande des quatre» et la production peut reprendre petit à petit (24 films en 1977, 46 en 1978, 65 en 1979, 82 en 1980) pour arriver à 144 en 1984. Mais ce cinéma reste conformiste, didactique et stéréotypé, suivant toujours les directives du Parti. 1984–1990 La Cinquième génération. Dès 1978, l’Académie du cinéma de Pékin est rouverte. La première promotion accueillera Zhang Yimou, Chen Kaige, Tian Zhuangzhuang, parmi les plus connus. Sortie en 1982, ces jeunes cinéastes seront invités à 30 Beijing Bicycle travailler par Wu Tianming, réalisateur récemment nommé directeur des studios de Xian. Celui-ci leur laissa une grande liberté de travail. Ce sera «Terre jaune» (Chen Kaige, 1985), primé à Locarno la même année. Cette nouvelle esthétique, plus proche, et plus critique, de la réalité quotidienne n’est pas toujours acceptée facilement par les autorités des studios. Mais la baisse constante de public qui se désintéresse des drames toujours aussi stéréotypés, l’arrivée de la télévision, ne laissent pas de choix, d’autant que le prestige international apporte un soutien non négligeable aux jeunes réalisateurs. Ce renouveau coïncide avec l’apparition de la nouvelle vague taiwanaise emmenée par Hou Hsiao Hsien et Edward Yang. A Hong Kong, Tsui Hark dépoussière aussi le cinéma de la colonie. Bon an, mal an, 120 films seront produits chaque année en Chine. Mais c’est Hong Kong, depuis la fin de la guerre qui représente l’essentiel de la production chinoise. Depuis 1990 Tiananmen, la sixième génération, la libéralisation économique, l’apparition du numérique. La répression des manifestations étudiantes de la place Tiananmen ne pouvait que marquer la jeune génération des cinéastes. Celle-ci, ayant soif de liberté comme les étudiants, va vouloir travailler en-dehors du cadre rigide des grands studios qui, d’ailleurs, se méfiait de ces esprits rebelle aux directives. Les tournages se feront donc en quasiclandestinité, sans autorisation, cherchant le financement à l’étranger. Les films apparaissent dans les festivals sans autorisation officielle. Zhang Yuan (Beijing Bastards, 1993) fut parmi ceux qui ouvrirent la voie. Ce sera surtout Jia Zhangke qui assoira cette nouvelle génération avec ses propres réalisations (Xiao Wu, 1998, puis Plattform, 2000) et aussi en soutenant, à la production, quelques-uns de ses jeunes collègues au talent prometteur. L’apparition du matériel numérique et, du coup, le faible coût des productions, suscite une floraison d’oeuvres inégales. Cette floraison permet pourtant à de nombreux jeunes cinéastes de se faire connaître à l’étranger. Parmi eux, Wang Xiaoshai, réalisateur de «Beijing Bicycle». Enfin, cette période verra aussi la quasi abolition des barrières entre Taiwan, Hong Kong et la Chine continentale. Les coproductions sont multiples, les réalisateurs tournent aussi bien à Taiwan que sur le continent. (sources: Le cinéma chinois, collectif, Editions Cinéma / pluriel du Centre Georges Pompidou, 1985; Le cinéma chinois 1984-1997, Régis Bergeron, Institut de l’image, 1997; Encyclopedia Universalis 2008) 31 Beijing Bicycle LES DROITS DE L’HOMME EN CHINE VUS DU POINT DE VUE CHINOIS Droits de l’homme, droits des peuples La perspective que nous avons généralement des droits de l’homme dans le monde occidental est essentiellement individuelle dans le sens que qu’ils doivent s’appliquer aux personnes vivant au sein de la communauté nationale, ou régionale. Le discours chinois est différent, comme d’ailleurs beaucoup de pays dudit «tiers-monde», car il veut leur donner une dimension nationale. C’est ainsi que certains gouvernements, ou certains partis politiques opposent aux droits de l’homme occidentaux le droit des peuples à vivre indépendants, à avoir accès à la santé, à l’éducation et au travail. La Chine estime donc que la victoire du parti communiste en 1949 représente une avancée historique des droits de l’homme dans le pays car le féodalisme a été banni, les puissances étrangères occupant le pays, chassées, le droit d’élire des représentants, octroyé, les cultures et les langues des minorités ethniques respectées, un statut de la femme à égalité avec celui des hommes. Tout cela en théorie, bien sûr. Le gouvernement chinois reconnaît d’ailleurs lui-même qu’il a encore des efforts à faire dans ces domaines. Par ailleurs, le fait d’avoir pu résister aux agressions extérieures, représente, pour ce dernier, une grande victoire pour les droits du peuple chinois. Les autorités de Pékin estiment aussi que les progrès économiques du pays - augmentation du PNB (produit national brut), instauration d’un droit du travail, réforme agraire, élévation du niveau de vie, sont autant de progrès des droits de l’homme puisqu’ils permettent aux citoyens chinois de mieux vivre. Une réforme du système judiciaire entamée ces dernières années devrait permettre d’assurer une impartialité des tribunaux et une meilleure protection de la défense. Les citoyens ont le droit de formuler des critiques envers tous les organismes d’Etat. Les droits du citoyen sont respectés car la constitution chinoise stipule clairement que «tout le pouvoir en République populaire de Chine appartient au peuple». En comparaison à la Chine ancienne, les droits des femmes et des enfants sont protégés, leur accès au travail, pour les premières, et à l’éducation, pour les deuxièmes, sont garantis. Il en est de même pour les droits des ethnies minoritaires qui sont «particulièrement protégées». Enfin, la liberté religieuse est, elle aussi, assurée par la constitution. Les perspectives pour le futur tablent toujours sur le développement économique, encadré par une «politique socialiste à la chinoise» pour faire avancer et progresser les droits du peuple chinois. (Source: Office d’information du Conseil des Affaires d’Etat de la République populaire de Chine, Pékin, février 2000, http://french.10thnpc.org.cn/fa-book/4/index.htm) RAPPORT D’AMNESTY INTERNATIONAL 2006 SUR LA CHINE Peine de mort: maintenue Cour pénale internationale: Statut de Rome non ratifié Un nombre croissant d’avocats et de journalistes ont été harcelés, arrêtés et emprisonnés cette année. Des milliers de fidèles pratiquant leur foi en marge des Églises officiellement reconnues ont subi des manœuvres de harcèlement ; beaucoup ont été arrêtés et emprisonnés. Plusieurs milliers de personnes ont été condamnées à mort ou exécutées. Des migrants issus de zones rurales ont été privés de leurs droits fondamentaux. Dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, la Chine poursuivait sa sévère politique de répression envers les Ouïghours. Au Tibet et dans d’autres régions à population tibétaine, les libertés d’expression et de religion restaient très limitées. Communauté internationale Avant l’élection de la Chine au nouveau Conseil des droits de l’homme [ONU], les autorités ont pris un certain nombre d’engagements, notamment celui de ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et de coopérer activement avec l’ONU dans le domaine des droits humains. Des entreprises chinoises ont continué d’exporter des armes vers des pays où elles étaient susceptibles de servir à commettre de graves atteintes aux droits humains, en particulier vers le Soudan et le Myanmar. Défenseurs des droits humains Les autorités chinoises ont intensifié la répression contre les avocats et les militants du droit au logement. Un grand nombre de défenseurs des droits humains ont été soumis à de longues périodes de détention arbitraire sans inculpation et ont été 32 Beijing Bicycle harcelés par les forces de police ou par des bandes locales de malfaiteurs, manifestement avec l’assentiment des premières. Beaucoup étaient surveillés de manière quasi permanente ou assignés à résidence, et les atteintes contre leurs proches se sont multipliées. De nouvelles dispositions restreignaient la possibilité, pour les avocats, de représenter des groupes de victimes et de formuler des requêtes collectives. Gao Zhisheng, avocat et défenseur des droits humains, a vu les activités de son cabinet suspendues en novembre 2005. Arrêté en août 2006, cet homme connu pour son franc-parler a été détenu au secret dans un lieu inconnu jusqu’à l’ouverture de son procès, en décembre 2006. Son arrestation a été officialisée en octobre et il a été inculpé d’«incitation à la subversion». Au mois de décembre, Gao Zhisheng a été condamné à une peine de trois ans d’emprisonnement assortie d’un sursis de cinq ans. Journalistes et internautes Les autorités ont multiplié les mesures de répression contre les journalistes, les écrivains et les internautes. De nombreux journaux et revues populaires ont été contraints de cesser leurs activités. L’accès à plusieurs centaines de sites web internationaux restait bloqué et des milliers de sites chinois ont été fermés. Des dizaines de journalistes ont été appréhendés pour avoir évoqué des sujets sensibles. Le gouvernement a renforcé les systèmes de blocage, de filtrage et de surveillance de l’information. L’entrée en vigueur de nouvelles dispositions imposait aux agences de presse étrangères d’obtenir l’approbation de l’agence officielle chinoise avant de publier une quelconque information en Chine. De nombreux journalistes étrangers ont été détenus pendant de courtes périodes. Discrimination contre les migrants ruraux Dans les grandes villes, les travailleurs venant de zones rurales étaient victimes de discriminations sur de nombreux plans. Bien que les autorités aient pris l’engagement de résoudre le problème, ils étaient plusieurs millions, cette année encore, à attendre le paiement d’arriérés de salaire. La grande majorité était exclue des systèmes d’assurance maladie des villes et n’avait pas les moyens de payer des soins médicaux privés. L’accès à l’enseignement public demeurait difficile pour plusieurs millions d’enfants de migrants, ce qui n’était pas le cas pour les autres enfants. Ainsi, selon certaines estimations, 20 millions d’enfants ne vivaient pas avec leurs parents en ville, notamment parce qu’ils n’étaient pas sûrs de pouvoir y être scolarisés. En septembre, les autorités municipales de Pékin ont fermé des dizaines d’écoles pour enfants de migrants, ce qui a touché plusieurs milliers d’entre eux. Les autorités ont affirmé viser les établissements non enregistrés et de seconde zone; or, des exigences très difficiles à respecter pour les écoles destinées aux migrants rendaient leur enregistrement quasi impossible. Selon certains membres du personnel scolaire, ces fermetures étaient destinées à réduire la population de migrants à Pékin à l’approche des Jeux olympiques de 2008. Violences et discrimination à l’égard des femmes Cette année encore, les femmes et les jeunes filles ont fait l’objet de graves violences et actes de discrimination. Elles subissaient des désavantages économiques et sociaux évidents dans les domaines de l’emploi, de la santé et de l’éducation. Elles étaient plus nombreuses que les hommes à être licenciées par les entreprises d’État en difficulté. Elles représentaient 60 p. cent des travailleurs ruraux et se voyaient proposer moins d’emplois non agricoles que les hommes. En ce qui concerne la lutte contre le VIH/sida, l’absence de politiques tenant compte des spécificités de chaque sexe a contribué à une forte augmentation des cas d’infection chez les femmes en 2006. Dans les zones rurales, seules 43 p. cent des jeunes filles dépassaient le collège, contre 61 p. cent des garçons. Malgré le renforcement de la législation et les initiatives gouvernementales visant à combattre le trafic des êtres humains, ce fléau restait très répandu; dans 90 p. cent des cas, il s’agissait de femmes et d’enfants utilisés à des fins d’exploitation sexuelle. Chen Guangcheng, avocat autodidacte non-voyant, a été condamné en août à une peine de quatre ans et trois mois d’emprisonnement pour «dégradation de biens publics» et «rassemblement de personnes bloquant la circulation». Il était arbitrairement assigné à résidence depuis septembre 2005 pour avoir défendu des femmes ayant été contraintes de subir un avortement dans la province du Shandong. Le jugement de culpabilité a été annulé en appel et l’affaire renvoyée devant la juridiction inférieure, qui a confirmé la peine prononcée en première instance. Répression menée contre des mouvements religieux ou spirituels Le gouvernement a poursuivi sa politique de répression de la pratique religieuse en dehors des circuits officiels. Des milliers de fidèles d’»églises domestiques» clandestines protestantes et de communautés catholiques non officielles ont été arrêtés; beaucoup ont été maltraités, voire torturés en détention. Des 33 Beijing Bicycle membres du mouvement spirituel Fa Lun Gong ont été arrêtés et placés en détention administrative en raison de leurs convictions. Ils restaient fortement exposés au risque de torture ou d’autres formes de mauvais traitements. Bu Dongwei, pratiquant du Fa Lun Gong, a ainsi été astreint en juin à deux ans et demi de «rééducation par le travail» pour «activités liées à une organisation interdite», après la découverte par la police de documents du Fa Lun Gong à son domicile. Il travaillait pour une organisation humanitaire américaine. Zhang Rongliang, pasteur d’une Église clandestine arrêté et incarcéré à de multiples reprises depuis 1976, a été condamné en juin à une peine de sept ans et demi d’emprisonnement pour avoir traversé illégalement la frontière et pour s’être procuré un passeport par des moyens frauduleux. Peine de mort L’application de la peine capitale était toujours aussi fréquente en Chine, où l’on estimait à 68 le nombre d’infractions passibles de ce châtiment, dont des délits économiques ou d’autres infractions ne relevant pas de la criminalité violente. Les estimations établies par Amnesty International à partir des données rendues publiques faisaient état d’au moins 2790 condamnations à la peine capitale et au moins 1010 exécutions en 2006, mais tout portait à croire que ces chiffres étaient bien en deçà de la réalité. L’Assemblée populaire nationale a adopté une loi réinstaurant l’examen par la Cour populaire suprême de toutes les condamnations à mort à compter de 2007. D’aucuns ont estimé que cette mesure devrait faire diminuer le nombre d’erreurs judiciaires et de condamnations à la peine capitale. Le nombre d’exécutions par injection létale a augmenté, ce qui a facilité le prélèvement d’organes sur les prisonniers exécutés, qui constituait une activité lucrative. En novembre, un vice-ministre a déclaré que la majorité des organes utilisés pour des transplantations provenaient de prisonniers exécutés. Une nouvelle réglementation entrée en vigueur en juillet a interdit la vente et l’achat d’organes, disposant par ailleurs que les prélèvements d’organes ne pouvaient être réalisés qu’avec l’accord écrit du donneur. Xu Shuangfu, dirigeant du groupe protestant non reconnu des Serviteurs des trois grades, a été exécuté avec 11 autres personnes en novembre pour les meurtres de 20 membres d’un autre groupe, l’Éclair de l’Orient, commis en 2003 et 2004. Xu Shuangfu aurait affirmé avoir fait des déclarations sous la torture, lors d’interrogatoires de police. Selon ses dires, il a notamment été battu avec de lourdes chaînes et des bâtons, il a reçu des décharges électriques aux orteils, aux doigts et aux parties génitales, et du piment, de l’essence et du gingembre lui ont été injectés dans le nez. Le tribunal de première instance tout comme les juridictions d’appel auraient refusé que ses avocats présentent ces éléments à l’appui de sa défense. Torture, détention arbitraire et procès inéquitables La torture et les autres formes de mauvais traitements demeuraient très répandues en 2006. Parmi les méthodes couramment utilisées figuraient les coups de pied, les passages à tabac, les décharges électriques, la suspension par les bras, l’enchaînement dans une position douloureuse, les brûlures de cigarette et la privation de sommeil ou de nourriture. En novembre, un haut responsable a reconnu que, chaque année, au moins 30 personnes étaient condamnées à tort à la suite de déclarations obtenues sous la torture, mais le nombre réel d’erreurs judiciaires était vraisemblablement plus élevé. Les initiatives visant à réformer le système de «réédu-cation par le travail», un régime de détention administrative sans inculpation ni procès, n’ont pas progressé. On estimait à plusieurs centaines de milliers le nombre de personnes détenues dans des camps de «rééducation par le travail» sur l’ensemble du territoire chinois et risquant d’être maltraitées ou torturées. En mai 2006, les autorités de la ville de Pékin ont annoncé leur intention d’utiliser ce mode de détention en vue de réprimer différentes formes de «comportements délictueux» et d’améliorer l’image de la ville à l’approche des Jeux olympiques. Ye Guozhu a été condamné en 2004 à quatre ans d’emprisonnement pour son opposition aux expulsions forcées liées à des chantiers de construction en vue des Jeux olympiques. Amnesty International a appris en 2006 que cet homme avait été torturé en détention. Il aurait été suspendu par les bras au plafond du centre de détention du district de Dongcheng à Pékin, et frappé à maintes reprises par des policiers. Il aurait également subi des sévices dans une autre prison au cours du deuxième semestre de 2005. 34 Beijing Bicycle Ouïghours dans la région autonome du Xinjiang Dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, les autorités gouvernementales ont poursuivi leur répression sévère contre les membres de l’ethnie ouïghoure, qu’elles continuaient de priver de leurs droits humains, notamment de la liberté de religion et du droit à l’éducation. En 2006, le nombre de Ouïghours extradés de pays d’Asie centrale a augmenté, conséquence des pressions exercées par la Chine sur d’autres gouvernements de la région. Dix-sept Ouïghours étaient toujours détenus à Guantánamo Bay. La famille de Rebiya Kadeer, ancienne prisonnière d’opinion aujourd’hui exilée, a encore été prise pour cible par les autorités chinoises. Le 26ovembre, des témoins ont vu son fils Ablikim Abdiriyim, détenu au Xinjiang en attente de son procès pour «subversion» et fraude fiscale, au moment où on le transportait hors du centre de détention du district de Tianshan, dans un état de santé nécessitant manifestement des soins. Le 27, un autre fils de Rebiya Kadeer, Alim Abdiriyim, a été condamné à sept ans d’emprisonnement et à une lourde amende pour fraude fiscale; son frère Kahar s’est lui aussi vu infliger une forte amende. Husein Celil, qui avait fui la Chine dans les années 1990 et avait obtenu le statut de réfugié puis la citoyenneté canadienne, a été arrêté en Ouzbékistan et extradé en Chine au mois de juin. Il aurait été accusé de «terrorisme» et interdit de prendre contact avec sa famille et avec des représentants consulaires. Tibétains Dans la région autonome du Tibet et ailleurs, la population tibétaine voyait ses droits à la liberté de religion, d’expression et d’association sévèrement restreints. Elle se heurtait par ailleurs à des discriminations dans le domaine de l’emploi. De nombreux Tibétains, notamment des moines et des nonnes bouddhistes, ont été appréhendés ou emprisonnés pour avoir pratiqué leur religion ou exprimé leurs opinions. Les autorités continuaient de recourir à une force excessive contre ceux qui cherchaient à fuir la répression au Tibet. En septembre, des gardes-frontières chinois ont tiré sur un groupe de Tibétains qui tentaient de gagner le Népal, sous les yeux de témoins. La mort d’au moins un enfant a été confirmée. Woeser, intellectuelle tibétaine de premier plan, a vu son blog fermé à plusieurs reprises après qu’elle eut soulevé des questions au sujet du rôle de la Chine au Tibet. Sonam Gyalpo, ancien moine, a été condamné à douze ans d’emprisonnement en milieu d’année pour avoir «mis en danger la sécurité de l’État». On avait découvert chez lui des vidéos du dalaï-lama et d’autres éléments «compromettants». Sa famille a été informée de son procès et de sa condamnation alors qu’elle tentait de lui rendre visite en détention. Réfugiés nord-coréens Selon certaines sources, environ 100000 NordCoréens vivaient clandestinement en Chine. Les autorités arrêtaient et expulsaient 150 à 300 personnes par semaine, d’après les estimations, sans jamais signaler ces cas au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Elles auraient par ailleurs instauré un système de récompenses incitant à dénoncer les Nord-Coréens en situation irrégulière et de lourdes amendes pour toute personne leur apportant son soutien. En septembre, un nouveau durcissement a été signalé contre les Nord-Coréens résidant illégalement en Chine. De nombreuses informations ont fait état d’atteintes aux droits humains commises contre des NordCoréennes, le viol et la prostitution faisant dans certains cas partie d’un système. Certaines de ces femmes auraient été vendues comme épouses à des Chinois, pour des sommes variant entre 700 et 1500 euros. Si certaines étaient conscientes de la nature de la transaction dont elles faisaient l’objet, elles ignoraient à quel point leurs conditions de vie seraient difficiles en Chine. D’autres ont passé la frontière après avoir été piégées par des entremetteurs se faisant passer pour des hommes d’affaires. Région administrative spéciale de Hong Kong Les 14 Sud-Coréens inculpés de «rassemblement illicite» après avoir manifesté contre des réunions de l’Organisation mondiale du commerce en décembre 2005 ont tous été acquittés début 2006. Cette décision a relancé les appels en faveur d’une enquête indépendante sur le comportement de la police pendant les mouvements de protestation. Le Comité des droits de l’homme et le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes [ONU] ont fait le bilan de la situation des droits humains à Hong Kong, respectivement en mars et en août. Ils ont tous deux formulé plusieurs recommandations de réforme. Au mois de septembre, la Cour d’appel de Hong Kong a confirmé la décision rendue par une juridiction inférieure, qui avait jugé discriminatoires les lois prévoyant un âge légal du consentement à l’acte sexuel plus élevé chez les hommes gays que 35 Beijing Bicycle chez les hétérosexuels. Les autorités ont annoncé qu’elles ne feraient pas appel. Cette année encore, des demandeurs d’asile se sont vu refuser l’entrée sur le territoire sans que leur requête ait fait l’objet d’un examen satisfaisant. D’autres ont été arrêtés pour être restés sur le territoire au-delà de l’expiration de leur visa ou pour d’autres infractions à la législation sur l’immigration. Malgré les pressions de groupes soucieux de défendre les droits humains et de garantir la protection sociale, les autorités ont confirmé qu’elles n’avaient aucune intention d’étendre à Hong Kong le champ d’application de la Convention relative au statut des réfugiés [ONU]. Elles ont mis en place de modestes aides sociales pour les demandeurs d’asile après que le HCR eut cessé, en mai, de leur apporter un soutien financier, mais ces aides se seraient révélées insuffisantes et ne couvraient manifestement pas les besoins essentiels de ces personnes. Visites d’Amnesty International Des représentants d’Amnesty International ont participé à plusieurs réunions sur les droits humains à Pékin et Shenzhen. Autres documents d’Amnesty International People’s Republic of China: Abolishing «Re-education through Labour» and other forms of administrative detention - An opportunity to bring the law into line with the International Covenant on Civil and Political Rights (ASA 17/016/2006). Chine. Conflits et atteintes aux droits humains. Un commerce des armes en pleine expansion (ASA 17/030/2006). Chine. À l’approche des Jeux olympiques, des promesses non tenues en matière de droits humains (ASA 17/046/2006). Atteintes à la liberté d’expression en Chine. Le rôle de Yahoo!, Microsoft et Google (POL 30/026/2006). ET CHEZ NOUS? Rapport annuel 2006 d’Amnesty international sur la Suisse Peine de mort: abolie Cour pénale internationale: Statut de Rome ratifié Convention sur les femmes: ratifiée avec réserves Protocole facultatif à la convention sur les femmes: non signé Les informations recueillies ont fait état, comme les années précédentes, de mauvais traitements, d’un recours excessif à la force et de violences à caractère raciste imputables à des fonctionnaires de police. Restreignant l’accès à la procédure d’asile et aux possibilités de recours pour les étrangers, le projet de modification, à l’échelle fédérale, de la loi sur l’asile était contraire à la Convention relative au statut des réfugiés de l’ONU. Bien que d’importantes mesures aient été prises par les parlements cantonaux et par la police dans plusieurs cantons, les violences contre les femmes au sein de la famille constituaient toujours un grave problème. Actes racistes, mauvais traitements et recours excessif à la force imputables à la police Le Comité contre la torture de l’ONU et le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe ont rendu publiques leurs recommandations sur la Suisse, respectivement aux mois de mai et de juin. Tous deux préconisaient la création d’une commission de recours régionale (c’est-à-dire cantonale) indépendante, chargée de recevoir les plaintes contre des membres de la police. Le Comité contre la torture recommandait également que les victimes et leur famille soient informées de leur droit de demander réparation et prônait une plus grande transparence des procédures. Le Comité a ainsi sollicité des renseignements sur les mesures prises par la Suisse pour indemniser les familles de deux hommes morts au cours d’une opération d’éloignement forcé. Le commissaire aux droits de l’homme a proposé qu’un observateur soit présent lors de l’exécution des mesures d’expulsion et a instamment demandé que les sociétés de sécurité privées ne soient pas autorisées à se charger de ces opérations. À la suite de protestations formulées par un grand nombre d’organisations et autres organismes nationaux et internationaux, le gouvernement a interdit l’utilisation des armes envoyant des décharges électriques, notamment des pistolets paralysants, lors de l’exécution des mesures de renvoi ou d’expulsion d’étrangers. 36 Beijing Bicycle Certains cantons ont adopté des mesures importantes en vue de prévenir les atteintes aux droits humains et ont instauré des garanties élevées pour le respect des droits fondamentaux dans l’exercice des activités de la police. Droit d’asile En décembre, le Parlement a proposé une modification de la loi fédérale sur l’asile visant à restreindre l’accès à une véritable procédure d’asile et de recours pour les étrangers ne disposant pas de papiers d’identité. Le texte proposait également de limiter les prestations sociales des demandeurs déboutés, même si ceux-ci n’étaient pas en mesure de quitter la Suisse immédiatement. Considérés chaque jour davantage comme des délinquants, les étrangers déboutés de leur demande d’asile risquaient, si ces dispositions étaient approuvées, de voir encore s’aggraver le sort inhumain qui leur était réservé. Les demandeurs d’asile se plaignent régulièrement des atteintes aux droits fondamentaux et des mauvais traitements qui leur sont infligés par les services de l’immigration et la police au niveau cantonal. Ainsi, dans le canton de Soleure, l’aide d’urgence n’était pas versée aux demandeurs d’asile déboutés, avant que le Tribunal fédéral ne déclare cette pratique anticonstitutionnelle. Violences contre les femmes Les violences domestiques demeuraient une pratique répandue dans l’ensemble du pays, bien que le Code pénal prévoie la possibilité de poursuivre les auteurs de violences domestiques (y compris les viols) même si la victime n’a pas déposé une plainte en bonne et due forme. Les autres aspects des dispositions sur la violence au foyer variaient selon les cantons. Une nouvelle loi fédérale définissant le statut juridique des étrangers suscitait des préoccupations dans la mesure où elle ne protégeait pas les victimes de violences domestiques qui ne jouissaient pas de la nationalité suisse. Indépendamment de la pérennité de leur mariage ou vie commune, ces personnes n’étaient autorisées à rester sur le territoire helvétique que sous certaines conditions, par exemple si elles habitaient la Confédération depuis au moins trois ans et avaient d’importants motifs personnels pour y rester. On s’inquiétait également des répercussions de cette loi sur les étrangers victimes ou témoins dans les affaires de traite d’êtres humains, car le texte ne les autorisait pas à demeurer sur le territoire. Les cantons restaient cependant habilités à leur accorder une autorisation de séjour à titre humanitaire. LA QUESTION DU TIBET Statut du Tibet selon la Chine Pour justifier l’intégration du Tibet à la Chine, les gouvernements de Pékin développent une argumentation sous plusieurs aspects. Du point de vue historique, les relations entre la Chine et le Tibet remontent au XIIe siècle. En effet, à cette époque des moines bouddhistes tibétains occupaient une place non négligeable à la cour impériale. D’autre part, la langue tibétaine figurait parmi les langues principales de l’empire dès la dynastie mandchoue Qing, à partir du XVIIe siècle, aux côtés du chinois, du mandchou, du mongol et de l’ouïghour. La Grande Bretagne avait reconnu la suzeraineté chinoise sur le Tibet en 1906, puis à nouveau en 1912 (mais sans reconnaître l’appartenance du Tibet à la Chine). La proclamation d’indépendance du Tibet en 1913 n’a jamais été prise en considération par les gouvernements chinois qui se succédèrent après la chute des Qing en 1911. La Chine avance aussi un argument politique, affirmant avoir libéré, en 1949, le Tibet d’une théocratie féodale imposant le servage à la population et en instaurant une démocratie populaire où chacun aurait le droit de vote. La liberté religieuse aurait en outre été assurée. Du point de vue économique, les autorités chinoises ont assuré le développement de la région en construisant des voies de communication (dont le chemin de fer) qui ont permis de la désenclaver permettant ainsi d’exploiter les ressources minières du Tibet. Le dernier argument est géopolitique, le Tibet étant pour la Chine une région stratégique vitale pour sa sécurité. Les arguments des tibétains en exil Le gouvernement tibétain en exil insiste sur l’illégitimité de la présence chinoise. Pour cela, il se base sur plusieurs résolutions de l’assemblée générale de l’ONU, appelant à l’autodétermination du peuple tibétain, qui furent votées en 1959, 1960 et 1965. Toujours selon ce gouvernement, 1.2 millions de morts, entre 1949 et 1979, seraient dus, de manière directe ou indirecte, à l’occupation du Tibet par la Chine. Mais ce chiffre est contesté, même au sein de la mouvance pour un Tibet indépendant, et la réalité serait plus aux alentours du demi-million de victimes de la présence chinoise. Entre outre, il est fait mention de la répression des droits de l’homme de la part du pouvoir central, la région n’étant autonome que de nom et les monastères particulièrement surveillés et contrôlés. Les mouvements indépendantistes insistent 37 Beijing Bicycle sur la destruction de la culture tibétaine par la sinisation rampante de la population due à une immigration chinoise plus ou moins forcée et le désenclavement de la région qui permet l’afflux de touristes qui ont pour conséquence une désacralisation des temples bouddhistes. Les effets destructeurs de la révolution culturelle se sont fait particulièrement sentir au Tibet où des instituts de médecine traditionnelle ont été rasés sans jamais avoir été reconstruit. Enfin, la Chine ne reconnaît pas la principale autorité spirituelle tibétaine, le Dalaï Lama, lui préférant le Panchen Lama qui accepte la présence chinoise. 38 Beijing Bicycle LA CHINE EN CHIFFRES Langues Nom Zhonghua Renmin Gongheguo (République Populaire de Chine) Chinois (aussi nommé Mandarin) comme langue administrative. Par ailleurs, de nombreux dialectes régionaux et les langues des différents groupes ethniques. Superficie 9 572 419 km2 (4e plus grand pays du monde et environ 232 fois la superficie de la Suisse) Population Religions Pas de religion d’Etat. Bouddhistes (environ 100 millions), Taoïstes (environ 30 millions), Musulmans (environ 10 millions), Protestants (environ 10 millions), Catholiques (environ 4 millions). 1,3 milliard d’habitants (2006) Fuseau horaire Densité Heure d’Europe centrale + 7h 136 habitants au km2 Capitale Forme de gouvernement Pékin, 15 million d’habitants (2004) République populaire socialiste Urbanisation Parlement 43 % de la population (Banque Mondiale 2006) Congrès populaire national d’une chambre. Ses 2989 députés sont élus chaque cinq ans par les congrès populaires provinciaux. Produit National Brut Parti de gouvernement Monnaie Parti communiste de la République populaire de Chine: Comité central (198 membres) Politburo (24 membres) Comité permanent (9 membres) Renminbi (RMB) aussi appelé Yuan 1’740 US $ par habitant (Banque Mondiale 2006 Espérance de vie 70 ans pour les hommes, 73 ans pour les femmes Taux d’alphabétisation pour les plus de quinze ans Administration 22 provinces 5 régions autonomes (Tibet, Xinjiang, Mongolie intérieure, Ningxia, Guangxi) 4 municipalités (Pékin, Tianjin, Shanghai, Chongqing) 2 régions administratives spéciales (Hong Kong, Macao) Fête nationale 1er octobre, fondation de la République populaire (1er octobre 1949) Groupes ethniques Han (92 %) et 55 minorités ethniques dont les Zhuang, Mandchous, Hui, Ouïghours, Mongols, Tibétains et Coréens. 91 % (Weltbank 2005) Wichtigste Exportprodukte Machines, matériel électronique, textiles. 39 Beijing Bicycle INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES SUR LA CHINE LIENS INTERNET http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_po pulaire_de_Chine Informations générales sur la Chine par l’encyclopédie libre Wikipedia http://www.china-embassy.ch/fra/ Site de l’ambassade de Chine en Suisse: informations officielles, visas, voyages http://www.chine-informations.com/ Site d’informations plus ou moins officiel. On y trouve une foule d’informations sur les voyages, la langue chinoise (il existe même un traducteur), des liens vers des sites plus spécialisés. http://www.mondediplomatique.fr/index/pays/chine Site du mensuel Le Monde diplomatique, articles parus sur la Chine. On y trouve aussi de multiples liens pour des informations spécialisées, des références bibliographiques. http://www.tibet-info.org/ Site belge d’information sur le Tibet, soutenant l’indépendance de celui-ci http://www.cinemasie.com/fr/ Base de données en français sur le cinéma chinois. http://directory.google.com/Top/World/Fran%C3% A7ais/R%C3%A9gional/Asie/Chine/Voyages_et_t ourisme/R%C3%A9cits_de_voyages/ Page Google qui propose une série de carnets de voyage de particuliers en Chine. Certains sont vraiment intéressants, d’autres moins. http://www.ratsdebiblio.net/index.html Pour ceux qui voudraient découvrir la littérature, entre autres chinoise, ce site fourmille de titres et de critiques. Il s’agit d’un site personnel auxquels adhèrent certains lecteurs qui y postent leurs critiques. Pour ceux qui lisent l’anglais: http://www.atimes.com/atimes/China.html Site du quotidien Asia Time Online, basé à Hong Kong. Très riche en analyses fouillées par de vrais connaisseurs de l’Asie. Une source d’informations de qualité. LITTÉRATURE Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur le cinéma chinois: Les ouvrages en français, les plus complets et sérieux sur le sujet, datent des années 80, le plus récent fut publié en 1997. Malheureusement, ces ouvrages semblent tous épuisés et non réédités. Nous en donnons tout de même la liste – ils ne sont qu’au nombre de trois – car on devrait pouvoir les trouver dans les bonnes bibliothèques: – Le Cinéma chinois, Ed. du Centre Georges Pompidou, Paris 1985, sous la direction de Marie Claire Quiquemelle et Jean-Loup Passek – Le Cinéma chinois, I /1905-1949, Ed. Alfred Eibel, Lausanne 1977, Régis Bergeron – Le Cinéma chinois, II / 1949-1983, Ed. L’Harmattan, Paris 1984, Régis Bergeron – Le Cinéma chinois, III /1949-1983 (2è partie), Ed. L’Harmattan, Paris 1984, Régis Bergeron – Le Cinéma chinois, 1984-1997, Ed. Institut de l’Image, Aix-en-Provence 1997, Régis Bergeron La richesse de la littérature chinoise est immense, à l’image du pays, et son histoire est longue. Difficile dès lors de proposer une liste qui soit exhaustive ou ciblée. On recommanderait Lao She et Ba Jin à ceux qui voudraient se familiariser avec les bouleversements de la Chine durant la première moitié du 20è siècle. Les romans de Wang Shuo et Xu Xing, quant à eux, reflètent une Chine impertinente et rafraîchissante. Enfin, les aventures de l’inspecteur-chef Chen, policier de Shanghai, héros des livres de Qiu Xiaolong (émigré aux Etats-Unis où il enseigne la littérature), sont une amusante introduction, agréable à lire, aux multiples facettes contradictoires de la Chine moderne. Ba Jin, Famille, Ed. Le livre de Poche, Paris 1994 (rééd.) Lao She, Le Pousse-Pousse, Ed. Philippe Picquier, Arles 1995 Lao She, Quatre générations sous un même toit, Ed. Folio Gallimard, Paris 1998 (rééd.) Wang Shuo, Feu et glace, Ed. Philippe Picquier, Arles 1995 Xu Xing, Et tout ce qu’il reste est pour toi, Ed. L’Olivier, Paris 2003 Qiu Xiaolong, Mort d’une héroïne rouge, Ed. Liana Levi, Paris 2001 Qiu Xiaolong, Encres de Chine, Ed. Liana Levi, Paris 2004 40 Beijing Bicycle IMPRESSUM Edition Fondation trigon-film Adresse trigon-film Limmatauweg 9 5408 Ennetbaden Tel.: 056 430 12 30 Fax: 056 430 12 31 [email protected] Concept pédagogique Monika Schweri Rédaction Martial Knaebel Mise-en-page Séverine Mailler Integral Lars Müller, Baden © 2007 trigon-film www.trigon-film.org