Favoriser la réussite des élèves arrivant au lycée avec des acquis

Action innovante : seconde 1 «Réussir à Jean ZAY» 2008-2009
Favoriser la réussite des élèves
arrivant au lycée avec des acquis fragiles
Lycée Jean ZAY
2, rue Ferdinand Buisson
45044 ORLÉANS CEDEX
Tél : 02 38 78 12 12
Mél : [email protected]
Suivi : [email protected]
Notre problématique
Partant du principe de l'accueil d'élèves en difficultés scolaires regroupés dans
une même classe, nous avons posé comme objectif premier d'améliorer leur
adaptation aux contraintes du lycée : ponctualité, attention en classe, participation calme, méthodes d'apprentissage des cours, de préparation des devoirs...
de préférence à une action volontaire sur les lacunes de ces élèves. Il s'agissait
de les préparer à mieux réussir dans la voie de leur choix plutôt que de se donner des objectifs ambitieux de remise à niveau (sans pour autant exclure une
action sur les contenus scolaires). Notre action se voulait un encadrement
concerté, transdisciplinaire, afin de réduire la distance entre l'élève et sa scolarité mais aussi de diminuer la méfiance ou l'agressivité de ces élèves envers le
système éducatif.
Le contexte
Le lycée Jean Zay se situe en centre ville. Son secteur de recrutement comporte
six collèges, dont trois sont en Zep et parmi eux, l'un est classé «ambition réussite». Le lycée propose aussi des options spécifiques, pour lesquelles sont
inscrits des élèves hors secteur, et notamment une option IGC que choisissent
nombre d'élèves qui se destinent à la filière STG.
Depuis plusieurs années, les élèves qui avaient choisi cette option étaient regroupés, avec des élèves ayant choisi l'option SES, dans deux classes où le
nombre d'élèves aux acquis fragiles était largement majoritaire. Dans ces
classes, les élèves ont souvent des difficultés à s'investir sur le moyen et le long
termes, ils ont aussi des difficultés à se concentrer et à fournir un travail régulier. Ces difficultés scolaires engendrent le découragement et parfois l'agressivité ; le milieu scolaire est souvent perçu comme étranger, voire hostile. On
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trouve par ailleurs dans ces classes bon nombre d'élèves des collèges ZEP dont
la langue maternelle n'est pas le français.
Enseignaient dans ces classes traditionnellement étiquetées «faibles» des professeurs volontaires ou du moins pressentis comme pouvant s'adapter à un
public «différent» de celui des classes de seconde standards.
Notre première année de mise en oeuvre de ce projet ayant été considérée
comme positive, notre action a été reconduite et élargie à une deuxième équipe
prenant en charge un deuxième seconde, à une lourde différence près.
Nous avions participé à la constitution de la classe en 2007, en veillant à un
certain équilibre. Cela n'a pas été fait en 2008. Non seulement les personnes
qui ont monté les classes n'ont veillé à aucun équilibre, mais à rebours, elles
ont regroupé dans cette classe les élèves issus du même établissement ZEP , là
où l'établissement lui-même avait vraisemblablement pris soin de séparer dans
des classes différentes des élèves réputés comme difficiles ou perturbateurs.
Nos objectifs
–
favoriser l'adaptation de ces élèves au lycée ;
–
les aider à consolider leurs acquis ;
–
construire avec eux leur projet scolaire.
Le carnet d'action
La première année
Nous avons remis notre rapport l'an dernier.
L'accueil de rentrée
L'équipe pédagogique au complet a reçu les élèves pour présenter son action.
Les élèves ont été invités à découvrir le lycée au travers d'un jeu de piste.
L'accueil s'est terminé avec un «goûter» de rentrée. Ce goûter a été mal reçu
par une large majorité de nos élèves : le ramadan avait commencé la veille. Ils
ont donc quitté la salle sans participer à ce goûter, imités par la quasi totalité
des élèves.
Le tutorat
Huit enseignants (français, histoire, espagnol, anglais, documentation, mathématique, SES, éducation physique et sportive) étaient en charge du tutorat à
raison de trois ou quatre élèves par tuteur. La périodicité des rencontres et leur
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objectif (bilans, dialogue et travail sur le projet d'orientation) ont été fixés lors
des réunions de concertation. Compte tenu des problèmes de gestion créés par
cette classe, nous avons diminué le nombre de rendez-vous - plusieurs séances
de tutorat ayant été remplacées par des concertations pour résoudre ces problèmes - nous pensons pourtant que des rencontres régulières entre les élèves et
leurs tuteurs sont importantes pour la réussite de la seconde.
Notre action sur le projet d'orientation
Dès le premier bilan de l'année, le dialogue permis par le tutorat a mis en évidence, pour quelques élèves, l'écart entre leur souhait d'avenir et la perception
que nous avions de leurs chances de réussite au plan scolaire.
À la fin du premier trimestre, nous avons essayé de travailler avec les élèves
sur l'orientation, cumulant l'action globale, la visite et le travail dirigé sur
l'orientation au centre de documentation, et le questionnement avec le tuteur.
Après le conseil de classe du second trimestre, nous avons souhaité que les
élèves préparent leur participation à des mini-stages de découverte des filières
qu'ils envisageaient ou que nous envisagions leur proposer. En coordination
avec la conseillère principale d'éducation, un certain nombre d'entre eux ont
effectué des stages dans des classes vers lesquelles allaient leurs voeux.
Notre action sur les contenus scolaires
Nous avons mis en place, comme l'année précédente, une action de soutien disciplinaire en formant des groupes de besoin, en fonction des projets d'orientation et des résultats scolaires, mais nous restons circonspects sur leur efficacité,
ce sera d'ailleurs le point d'inflexion de notre prochaine année.
En appui, une dynamique de projet mais limitée
En dehors des activités purement scolaires et internes à la classe, nous aurions
souhaité garder des espaces de rencontre avec l'actualité, les arts et le monde.
Un seul projet a été mené à terme, la gestion de la classe nous posant trop de
problèmes ; en français, les élèves ont participé à un concours d'écriture de
nouvelles qui associait les trois lycées du centre ville d'Orléans.
L'évaluation
— Du côté des élèves —
L'agressivité et le rejet du système scolaire, de ses contraintes de travail et de
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respect de règles de vie collective, a régressé pour beaucoup d'élèves, témoignant de l'impact positif de l'action l'équipe pédagogique et de celle de Vie
scolaire.
Le nombre d'absences est resté élevé pour quelques élèves, des raisons sociofamiliales lourdes en étant en général la cause première, sans que nous puissions, dans l'équipe enseignante, avoir d'influence sur ces absences. Quelques
élèves ont «décroché» du travail ou de la présence au troisième trimestre, pour
des raisons très personnelles.
Les taux de redoublement, 17% cette année (le lycée ayant un taux global très
bas), et de réorientation choisie, 10%, sont à mettre en perspective avec le regroupement dans deux classes du lycée d'élèves au profil «peu scolaire» ou «en
difficultés scolaires», comme en témoignent leurs bulletins de collège.
Cependant pour nous, l'important n'est pas tant l'orientation finale que la façon
dont elle a été préparée et choisie par l'élève. Ainsi, une élève a demandé de
passer directement en première de bac-pro et nous l'avons soutenue dans ce
choix : cela pourrait la responsabiliser sur son travail après une année à la
limite du décrochage.
Les élèves et leurs parents n'ont finalement contesté aucune des décisions du
conseil de classe de fin d'année, témoignage indirect de l'efficacité du dialogue
entre l'équipe et les élèves.
— Du côté de l'équipe éducative —
Nous avons apprécié le travail en équipe. Il nous a permis tout à la fois un
éclairage multiple sur les élèves (ayant parfois un comportement différent selon
que le travail se fait en groupe ou en classe entière) et une cohérence plus forte
dans les réponses à donner aux lourds problèmes de discipline.
L'usage d'une liste de diffusion du courrier nous a permis d'être rapidement au
fait des événements et de réagir au plus vite lorsque le besoin se faisait sentir,
c'était encore plus nécessaire cette année.
Mais les enseignants, surtout lorsqu'ils intervenaient devant la classe entière,
ont dû gérer des effet de groupes et une forme de résistance organisée à toute
forme d'autorité. Cela a nécessité une énergie constante et suscité parfois un
certain découragement. Autant nous avons eu le sentiment, cette année comme
l'année précédente, d'être en mesure de redonner confiance à des élèves en difAction de réussite scolaire – lycée J ZAY –
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ficultés scolaires, autant la gestion d'un regroupement d'un trop grand nombre
d'élèves hostiles au système scolaire et à ses règles nous a paru dépasser ce que
l'on peut attendre du travail d'un enseignant, fût-il expérimenté.
Nous en concluons qu'il convient de répondre le plus rapidement possible et
avec une très grande fermeté, traduite par des sanctions, à des attitudes négatives manifestées en début d'année : il est impératif de montrer à ces adolescents qu'ils sont devant un mur inébranlable d'adultes agissant en totale solidarité quant au respect des règles de vie collective.
Nous pensons aussi qu'il convient de ne pas minorer les actions de nuisance
systématique en cours (comme par exemple les interventions ou questions sans
rappport avec le cours ou prétendant «indiquer» à l'enseignant ce qu'il devrait
faire ou ne pas faire ou encore les retards collectifs...), actions qui prises isolément peuvent paraître de simples dérapages (facilement désignés comme
«incivilités») mais qui concourent à organiser un sabotage collectif des cours.
— Du côté de l'établissement —
Débattu en conseil pédagogique et adopté en conseil d'administration début
2007, notre action s'est automatiquement inscrite dans le projet d'établissement
2007-2008 puis reconduite et élargie à une seconde classe équipe volontaire
dans le projet 2008-2009. Elle a fait l'objet d'un compte rendu et d'un échange
lors de la journée consacrée au projet d'établissement 2009-2010.
Si une poignée d'enseignants, mais moins nombreux que l'année précédente,
restent encore dubitatifs ou réservés, aucun n'a proposé de solution alternative
pour prendre en charge les élèves arrivant au lycée avec des lacunes et des
acquis fragiles et en gardant pour objectif de leur faire réussir le lycée.
Dans la mesure où la constitution de ces classes suppose un équilibre entre
profils d'élèves, nous avons demandé et obtenu, en conseil d'administration,
que nous participerions à nouveau à cette répartition des élèves entre les
diverses classes de seconde.
Le coût de ce dispositif est modeste : une demi-heure année par tuteur et une
limitation à 28 élèves de l'effectif de la classe, mais élargi à une quarantaine
d'enseignants, il pose la question de la nature du service des enseignants.
Les perspectives
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Compte tenu de la relative réussite de notre action, le lycée ouvrira deux
nouvelles seconde «réussir à Jean ZAY» en 2009-2010, portant ainsi l'action à
quatre classes, regroupant une quarantaine d'enseignants, mais avec une
inflexion de l'action : nous allons privilégier le suivi du travail personnel des
élèves, en mettant en place une étude surveillée et guidée par les enseignants
des classes concernées.
Nous allons aussi veiller à ne pas effectuer de regroupements pouvant être
perçus comme stigmatisant une discipline, une orientation ou un groupe
d'élèves comme l'illustrent ces propos recueillis par une collègue de l'équipe
auprès d'élèves de troisième d'un collège de secteur du lycée : «Pourquoi est-ce
que l’on se retrouve tous dans la même classe ? Pourquoi vous ne nous aimez
pas ? Pourquoi vous nous faites tous redoubler ?».
De ce point de vue, la troisième année de ce projet devra rompre avec une
pratique trop longtemps admise dans notre lycée, le consensus existe chez les
quarante professeurs volontaires pour prendre en charge les quatre classes de
réussite.
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