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1 Sommaire Sommaire ................................................................................................................................................ 2 Liste de sigles .......................................................................................................................................... 3 Remerciements ........................................................................................................................................ 4 Introduction ............................................................................................................................................. 5 Méthodologie .......................................................................................................................................... 8 1. L’approche conceptuelle : évolution des idées et des pratiques.......................................................... 9 2. Les initiatives thématiques dans la sous-région ................................................................................ 11 2. 1. Les approches dans la gestion d’une aire protégée ................................................................... 11 2. 2. Les approches filières................................................................................................................ 12 2. 3. L’approche écotouristique......................................................................................................... 14 2. 4. L’approche foresterie communautaire et agroforesterie ........................................................... 15 2. 5. L’approche chasse sportive et communautaire ......................................................................... 16 3. Projets pilotes et approches novatrices.............................................................................................. 19 3. 1. L’approche certification et filière « bio » ................................................................................. 19 3. 2. L’approche partenariats avec le secteur privé........................................................................... 19 3. 3. La recherche de financements durables .................................................................................... 20 3. 4. Micro-crédit et approche développement des marchés ............................................................. 21 3. 5. L’approche transfrontalière....................................................................................................... 23 4. Les interrogations qui se posent à partir des cas d’études................................................................. 24 5. Des outils et de la méthodologie ....................................................................................................... 25 Groupe 1 : bailleurs, partenariats et recherche des fonds.................................................................. 26 Groupe 2 : gestion de projet de développement local ....................................................................... 28 Groupe 3 : la mise en œuvre des projets conciliant la conservation des aires protégées et le développement local en Afrique Centrale......................................................................................... 29 Groupe 4 : Identification des projets pilotes ..................................................................................... 31 6. Journée de visite sur site.................................................................................................................... 32 7. Conclusion et grandes recommandations .......................................................................................... 33 Recommandations principales .......................................................................................................... 34 Recommandations complémentaires................................................................................................. 34 R1 : ouverture au secteur privé et renforcement des partenariats ..................................................... 34 R2 : aspect administratifs et répartition des fonds ............................................................................ 34 R3 : financements/allocation budget national/missions régaliennes................................................. 35 R4 : mise en place d'initiatives pilotes .............................................................................................. 35 Annexes................................................................................................................................................. 36 Liste des Participants ........................................................................................................................ 36 Programme........................................................................................................................................ 39 Allocutions d’ouverture et de clôture................................................................................................ 42 Contenu du CD ................................................................................................................................. 46 2 Liste de sigles ADM : Analyse et Développement des Marchés AFD : Agence Française de Développement AFVP : Association Française des Volontaires du Progrès ANPN : Agence Nationale des Parcs Nationaux du Gabon APF : African Park Foundation CARPE: Central African Regional Program for the Environment CAWHFI : Central African World Heritage Forest Initiative CECAB : Coopérative des Producteurs de l’Agriculture Biologique CIB : Congolaise Industrielle du Bois CIRAD: Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement COMIFAC : Commission des Forêts d’Afrique Centrale COVAREF : Comité de Valorisation des Ressources Fauniques DACEFI : Développement d’Alternatives Communautaire à l’Exploitation Forestière Illégale DCP : Dispositif de Conservation du Poisson ECOFAC : Programme de Conservation des Ecosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale ECOPAS : Programme d’Appui pour la Conservation Durable du Parc du W EFC : Eucalyptus Fibre Congo FAO : Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture FC : Forêt communautaire FFEM : Fonds Français pour l’Environnement Mondial FIDA : Fonds International de Développement Agricole GTZ : Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit HIMO: Haute intensité de main d’œuvre ICCN: Institut Congolais pour la Conservation de la Nature ICRAF : World Agroforestry Centre IFMA : Initiative pour un réseau de Forêts Modèles en Afrique IGAD : Institut Gabonais d’Appui au Développement INERA : Institut National de Recherche Agronomique MAB : Man and the Biosphere MARAPA : ONG Mar e Pesca Ambiantal MINEF : Ministère des Eaux et Forêts ONG: Organisation Non Gouvernementale PAPAFPA : Programme d’Appui Participatif à l’Agriculture Familiale et à la Pêche Artisanale PFNL: Produits Forestiers Non Ligneux PMDA : Projet Mesures d’Accompagnement PME : Petite et Moyenne Entreprise PROGEPP : Projet de Gestion des Ecosystèmes en Périphérie du Parc National Nouabalé-Ndoki PSG : Plan Simple de Gestion RAPAC : Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale RCA: République Centrafricaine RDC: République Démocratique du Congo SLA: Approche des Moyens d’Existence Durable TPE : Très Petite Entreprise UICN: International Union for Conservation of Nature UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture WCS : Wildlife Conservation Society WWF: Fonds Mondial pour la Nature ZCV : Zone Cynégétique Villageoise 3 Remerciements Ce premier atelier RAPAC d’échanges d’expériences sur les activités génératrices de revenus développées en périphérie des aires protégées d’Afrique Centrale a été possible grâce à la participation de qualité des acteurs sous-régionaux et d’un invité venu de Belgique qui ont partagé avec nous leurs expériences et leurs analyses ; nous les en remercions. Nos remerciements vont également au Gouvernement de São Tomé et Principe qui a accueilli l’événement, à la COMIFAC qui l’a parrainé, ainsi qu’aux partenaires techniques et financiers du RAPAC : l’Union Européenne, le programme ECOFAC, la FAO, l’UNESCO et le FFEM au travers du programme CAWHFI. 4 Introduction Un des axes de travail du RAPAC vise à « promouvoir la mise en place de mécanismes de gestion participative des ressources naturelles et d’appui au développement d’activités économiques alternatives pour la réduction de la pauvreté dans la périphérie des sites pilotes retenus – 33 au total ». Les actes du séminaire « Concilier les priorités de conservation des aires protégées et de développement local en Afrique Centrale », reviennent sur les principaux cas d’études présentés lors des sessions plénières en tentant au mieux de mettre en évidence le contexte de réalisation, les objectifs visés et les résultats obtenus. Ce document présente également les principales leçons tirées de ce panel de cas d’études. * * * En Afrique Centrale, de fortes disparités existent entre Etats du point de vue du développement des aires protégées et de la conservation de la biodiversité. Il est cependant possible de déceler un certain nombre de grandes tendances et de convergences historiques. Ainsi, la République Démocratique du Congo voit naître le premier Parc National (Albert/Virunga) de la sous-région en 1925, un peu plus d’un quart de siècle après les premières réserves sud-africaines et kenyanes. Dans les années 30, plusieurs réserves sont créées dans les colonies, françaises et britanniques - Waza (1934) et Korup (1937) au Cameroun et Odzala au Congo (1935) – et au Congo belge (Luki, 1937, Maiko, 1938). Ce mouvement s’accélère après la Seconde guerre mondiale et au début des indépendances, avec la création de réserves naturelles ou de faune telles que le Parc National de l’Okanda et les réserves de la Lopé et de l’Offoué, en 1946, et plusieurs domaines de chasse (Ngové-Ndogo, Moukalaba, Iguéla), en 1956 et 1962, au Gabon. Au Cameroun la réserve de faune du Dja est créée en 1950 ; celle de la Léfini est créée quelques années plus tard (1956/1961) au Congo. Ce mouvement culmine dans les années 70 et 80 et jusque dans les années 2000, par la transformation de la plupart des réserves coloniales en Parcs Nationaux dans les pays de la région (Kahuzi-Biega, Maiko et Salonga au Zaïre en 1970 ; Korup en 1986 ; Nouabalé-Ndoki en RCA en 1993, Conkouati-Douli en 1999, au Congo, etc.). Les conflits socio- politiques, en République Démocratique du Congo notamment, ont anéanti depuis, une grande partie des efforts consentis. De manière générale, toutefois, l’approche de conservation s’est largement renforcée dans la sous-région au cours des ans. La création au Gabon de treize Parcs Nationaux d’un seul tenant en 2002, deux ans après la création des parcs de Mbam et Djerem et de Campo Maan au Cameroun, est emblématique de cette progression. Avec ce mouvement, les territoires affectés à la conservation sont appuyés par des réglementations plus exclusives, en même temps qu’ils connaissent une expansion géographique par le biais de paysages de conservation (complexe écologique) et d’aires protégées transfrontalières, à partir du milieu des années 2000. Les Etats qui ont souvent peu de moyens alloués à ce domaine, sont appuyés et soutenus dans la gestion et la conservation de ces aires protégées par les ONG internationales de conservation et des programmes régionaux comme ECOFAC, CARPE et CAWHFI. L’implication des populations locales, loin d’être une évidence au début, est aujourd’hui devenue une composante incontournable de cette gestion. Les activités alternatives, une nécessité Au delà des aspects généraux de conservation, la présence d’une zone sous statut de protection (aire protégée, parc national, réserve…) à proximité de zones d’habitation est généralement perçue comme une contrainte par les populations locales. Elles se trouvent limitées dans leurs usages et leur accès traditionnels aux ressources (chasse, agriculture, PFNL, bois, cultes etc.), dans des contextes où les besoins sociaux sont importants. Il leur faut composer avec de nouveaux acteurs, qu’il s’agisse des 5 structures administratives de gestion et de contrôle, des organisations de conservation ou d’opérateurs privés (tourisme, chasse). En complément des programmes de conservation, des activités dites « alternatives », « génératrices de revenus » ou de « développement durable local» sont timidement mises en place. Leurs principaux objectifs sont de : réduire la pression sur la biodiversité en détournant la population de ses usages traditionnels d’exploitation des ressources naturelles dans l’aire protégée, dédommager les populations de la soustraction d’une partie de leur territoire productif, « légitimer » la protection du site aux yeux des habitants et les inciter à devenir des acteurs de la conservation en développant leur propre activité (dans le cas de revenus liés à la conservation comme le tourisme). Deux décennies de projets Depuis près de vingt ans, nombreux sont les programmes de conservation qui initient des projets locaux essentiellement communautaires ou associatifs en périphérie des aires protégées : pisciculture, apiculture, élevages d’aulacodes, d’escargots ou de poulets, pêche, plantations, foresterie, chasse, artisanat, transformation de PFNL, écotourisme, etc. Force est de constater, cependant, que les résultats de ces projets sont controversés et aléatoires. Plusieurs problématiques récurrentes entravent leur réussite : faible appropriation locale, peu de pérennité, difficultés de gestion, manque de formation, manque de moyens financiers, forte dépendance vis-à-vis du bailleur, etc. Les méthodologies et les approches se réitèrent d’une aire protégée à une autre, des erreurs se répètent, les populations se lassent et se détournent du projet de conservation, les attentes augmentent ainsi que, souvent, l’impuissance et le découragement. Il est indéniable que les programmes de conservation en Afrique Centrale apportent une réelle plus value en terme de protection des espèces et des écosystèmes. Il est cependant nécessaire de faire le constat qu’en terme de développement local et d’amélioration des conditions de vie, ces mêmes programmes n’ont pas encore réalisé des résultats conséquents, convaincants et surtout durables. Le contexte Depuis juillet 2007, le RAPAC a réalisé une étude d’identification des activités, en particulier des activités génératrices de revenus et de développement, en périphérie de ses sites pilotes. Dans ce cadre, la Volontaire du Progrès, Caroline DULAU, chargée par le RAPAC de réaliser cette étude, a constaté les difficultés rencontrées par les projets sur le terrain, le potentiel et la motivation des populations dans certaines zones et a pu comparer un nombre important d’expériences. Afin de faire un point de la situation sous-régionale, de donner l’opportunité à différents porteurs de projets de se rencontrer, d’initier une relation, d’échanger et de s’interroger sur ces approches, le RAPAC a organisé un séminaire dont les objectifs sont présentés ci-dessous et les résultats sont l’objet de ce document. Les objectifs Le séminaire avait pour objectifs de : dresser un état des lieux des activités alternatives génératrices de revenus en Afrique Centrale, comparer les projets présentés (bilan financier et intérêt économique, cadre légal de réalisation, impact sur l’aire protégée et sur la population, résultats, difficultés rencontrées, perspectives) et permettre ainsi aux acteurs de la conservation et du développement local d’échanger et de débattre pour en tirer des leçons pertinentes, formuler des recommandations pour des activités alternatives appropriées, sur la base des expériences passées et en cours, en Afrique Centrale et ailleurs. 6 Les résultats attendus L’atelier devait déboucher sur les résultats ci-après : tirer des leçons des réussites et des échecs des expériences passées et en cours et en déterminer les raisons, évaluer l’impact des activités alternatives sur la réduction des pressions sur les aires protégées, apprécier la nature des approches novatrices et des nouvelles orientations et pistes de travail, engager une réflexion permettant la formulation d’un cadre de recommandations, de lignes directrices et d’outils pour l’Afrique Centrale. identifier des projets pilotes à développer avec l’appui des principaux partenaires à l’échelle sous-régionale. Les outils attendus Un ouvrage sur « Concilier les priorités de conservation des aires protégées et de développement local : leçons apprises, expériences et perspectives en Afrique Centrale », produit à partir des articles et communications issus des présentations. Des fiches synthèse des projets compilées à partir des expériences présentées en suivant un modèle de présentation précis : contexte, cadre de réalisation, objectifs de départ, activités réalisées, appui financier et technique, résultats (impact financier, impact sur l’aire protégée et sur la population), budget utilisé. Une synthèse des recommandations, lignes directrices et outils pour la mise en place et la rentabilité des activités alternatives en périphérie des aires protégées d’Afrique Centrale. Participants Les participants sont venus de plus de dix pays différents et organisations diverses : ministères et agences en charge de la gestion des aires protégées, de l’environnement et des forêts, équipe de gestion des aires protégées, institutions internationales, ONG internationales, associations locales, réseau, institut de recherches, universités, secteur privé etc. Notons que l’étude menée avait permis d’identifier les personnes et projets en mesure de présenter leurs expériences ainsi que celles pouvant bénéficier des recommandations de ce séminaire. Entre 60 et 70 personnes ont participé aux débats en plénière et en groupes de travail. La journée de visite a permis à une soixantaine de personnes de visiter les sites de la coopérative de cacao biologique à Monte Forte et du Jardin Botanique de Bom Sucesso. 7 Méthodologie L’approche employée au cours de ces trois jours d’atelier s’est voulue très participative et s’est orientée de préférence vers des débats en petits comités. Une première partie de l’atelier a permis d’établir un cadre, la présentation de multiples cas d’études, brossant le panel des activités alternatives génératrices de revenus en Afrique Centrale. S’agissant d’expériences passées, en cours et novatrices, les participants avaient dans les mains les principales approches mises en place aujourd’hui et les principales problématiques soulevées par ces activités. De nombreux questionnements sont venus étayer les débats, d’importantes leçons ont été tirées. Ceci ouvre la porte à des recommandations pour la poursuite de l’engagement dans ce secteur du développement local, indispensable en périphérie des aires protégées d’Afrique Centrale, pour qu’un équilibre se mette en place, en respectant à la fois les intérêts de conservation de la biodiversité, et l’amélioration du niveau de vie des populations locales. Une seconde partie de l’atelier était consacrée à la réflexion sur quatre grandes thématiques, sur les conditions nécessaires de réalisation d’un projet de développement local et sur le type d’approche à promouvoir. Les résultats de ces concertations sont présentés en seconde partie de ce document. Enfin, pour clore ce séminaire, de grandes recommandations à l’attention de différents niveaux d’acteurs (RAPAC, gouvernements, organisations internationales, bailleurs) ont été formulées et sont présentées en conclusion. 8 1. L’approche conceptuelle : évolution des idées et des pratiques Les « activités alternatives » dans la gestion des aires protégées en Afrique Centrale : évolution des idées et des pratiques, par Jean-Claude NGUINGUIRI FAO, Gabon ; présenté par Guillaume LESCUYER, CIRAD, Cameroun La conception des aires protégées en Afrique Centrale n’est pas figée, différents modes de gouvernance se sont succédés depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours. Influencée par la conception occidentale des aires protégées en milieu tropical, cette évolution a connu plusieurs grandes étapes depuis 1850, en passant du concept de préservation, à celui de protection, au début du XXème siècle, puis aux concepts de gestion et de gestion intégrée des aires protégées au cours des dernières années. L’étape des aires protégées « sous cloches » : dans cette conception d’origine occidentale américaine, l’aire protégée est un îlot à mettre hors de portée des dynamiques anthropiques. Elle est accompagné d’une forte répression dont les conséquences sociales sont dramatiques. Début des années 70, développement de l’écologie systémique : l’interdépendance des composantes d’un écosystème et la place de l’homme dans la biosphère sont plus reconnues. En 1972, la Conférence de Stockholm sur l’environnement humain est un événement symbolique. La notion d’écodéveloppement émerge puis, est remplacée par la suite par le terme consensuel de « développement durable ». En 1974, l’UNESCO franchit un pas en proposant le concept de Réserve de biosphère : l’espace, réglementé, est basé sur 3 niveaux de protection avec pour vocation de concilier les besoins de conservation, et les impératifs de développement et une logistique de coopération internationale. La notion de participation apparaît comme un élément central de cette intégration. Au début des années 80, le concept de programme intégré de Conservation et de Développement apparaît avec la stratégie mondiale de la Conservation élaborée par le WWF, l’UICN et le PNUE. Cette « conservation socialisée » est renforcée par la Déclaration du Millénaire des Nations Unies (2000), notamment les objectifs 1 (contribuer à réduire l’extrême pauvreté et la faim) et 7 (assurer un environnement durable). Depuis les années 1990, tout projet de gestion des aires protégées affiche une approche intégrant un volet conservation et un volet développement. Le développement s’ajoute à la conservation en incluant le renforcement des droits, des capacités et de la bonne gouvernance locale. Cette vision s’exprime à travers trois modalités : - La compensation. Des prestations sont accordées aux populations à titre de réparation de préjudices subis ou de dédommagement pour restriction, voire privation de droits : recrutement local du personnel du projet, affectation aux populations locales d’une part des revenus issus des activités touristiques, etc. 9 - La subvention qui met à disposition gratuite ou à tarif préférentiel des intrants pour appuyer les activités économiques qui n’entrent pas en conflit avec la conservation : distribution d’outils de production, de semences améliorées, de pesticides, etc. - La substitution. Elle est mise en place dans l’optique de dévier la pression exercée sur la faune : maraîchage, agriculture, pêche, élevage, produits forestiers non ligneux / artisanat. Dans les années 2000, l’approche conservationniste cède le pas à une vision plus dynamique axée sur une gestion aux modalités négociées impliquant toutes les parties prenantes. La SLA (Sustainable Livelihood Approach ou Approche des moyens d’existence durables), outil de la FAO pour une conservation « socialisée », occupe l’espace médiatique de la conservation au cours de ces dernières années mais son usage est timide sur le terrain. Les expériences d’intégration se multiplient, mais les exemples que l’on peut qualifier de réellement «intégrés» sont encore rares. Les premières expériences menées, selon la logique d’ajouter le développement à la conservation n’ont pas été couronnées de succès durable. L’usage de l’approche axée sur le renforcement des capacités et la gouvernance locale n’est pas effectif, les lacunes restent encore immenses dans la recherche d’une conservation intégrée et la tradition conservationniste continue à influer sur les pratiques, en dépit des bons discours. Aujourd’hui, le marché des services environnementaux, apparaît comme une forme récente de la pratique de compensation. Que faire donc pour que les aires protégées contribuent aussi bien à la conservation de la biodiversité qu’à la lutte contre la pauvreté ? 10 2. Les initiatives thématiques dans la sous-région 2. 1. Les approches dans la gestion d’une aire protégée La conduite des activités d’écodéveloppement dans un projet d’aménagement participatif d’une aire protégée : le cas du projet de la réserve de faune de Conkouati au Congo par Maurice GOMA, Eucalyptus Fibre Congo (EFC), République du Congo Constat de départ : au début des années 90, des conflits d’intérêts entre la Réserve de Faune de Conkouati (conservation) et les populations locales (prélèvement des ressources naturelles) se multiplient. Objectifs : le projet exécuté par l’Union Mondiale pour la Nature (UICN) pour l’aménagement participatif de la Réserve de Faune de Conkouati est mis en œuvre de 1994 à 1999 et développe une approche nouvelle pour essayer de résoudre ces problèmes et appliquer les concepts de la participation pour détourner les populations de leurs activités traditionnelles de prélèvement. Approche: cette démarche tendait à concilier les besoins du développement local et ceux de la conservation des aires protégées. Un volet éco-développement, animé par des agronomes, est associé au volet conservation, dirigé par le conservateur. Des activités de promotion de l’écotourisme, amélioration des infrastructures sociales, amélioration des techniques culturales et d’introduction de nouvelles cultures, d’élevage et de pisciculture sont entreprises. Résultats et leçons apprises : - les périodes choisies et l’introduction des innovations étaient inappropriées, et la durée de vie du projet trop courte ; - les procédures de décaissement très lourdes, les arrêts des contrats et le changement des bailleurs de fonds en cours de projet ont freiné les activités ; - l’apparition de conflits s’est soldée par la vente des animaux en métayage et une crise de confiance par rapport à la création d’entreprise individuelle a émergé. Les populations sont retournées vers leurs activités traditionnelles (braconnage de la faune) à la fin du projet ; - au niveau national, le manque de suivi-évaluation du projet par les instances gouvernementales et le non versement de leur contribution par le gouvernement ont également entravé le bon déroulement de ce projet. Approche Man and the Biosphere (MAB) : exemple de la Réserve de Luki en République Démocratique du Congo, par Laurent NSENGA, WWF, République Démocratique du Congo Constat de départ : dans la Province du Bas Congo en République Démocratique du Congo, la Réserve de Biosphère de Luki est gérée par l’INERA (Institut National d’Etudes et de Recherche Agronomique) et le comité national MAB (Man and the Biosphere). Jusqu’en 2004, ce site était en péril du fait de fortes menaces anthropiques, d’une forte exploitation des ressources, d’une gestion bicéphale et du désintérêt des bailleurs. Objectif : en 2004, le WWF lance un projet d’appui à la recherche appliquée et l’expérimentation de solutions concrètes aux problématiques de protection, de conservation et de développement durable. Approche : les décideurs, les scientifiques, les gestionnaires et la population locale coopèrent pour élaborer un modèle de gestion des terres et des eaux permettant de satisfaire les besoins de l’homme tout en préservant les processus naturels et les ressources biologiques. 11 Résultats et leçons apprises : - appui institutionnel pour le renforcement de l’autorité de gestion : mise en place d’un comité local de pilotage ; - appui technique pour la poursuite de la recherche/éducation environnementales ; - appui aux populations par l’amélioration des activités de productions agricoles et organisation de la filière de commercialisation. L’appui au développement des populations riveraines de la Réserve de Faune du Dja (19922006) : bilan et perspectives par Samuel-Béni ELLA ELLA, PhD en sociologie, Cameroun Constat de départ : novembre 1992, la composante Cameroun du programme régional ECOFAC s’installe à Somalomo, entrée officielle de la Réserve de Faune du Dja (RFD). La réserve subit de fortes pressions anthropiques sur la faune et ses ressources naturelles. Objectifs : le Projet « Mesures d’accompagnement » (Pmda)-Dja 2003-2006 vise à réduire ces pressions par l’amélioration des conditions de vie des populations riveraines, le désenclavement de la zone, la formation des villageois et l’octroi de facilités de création d’activités génératrices de revenus. Approche : trois activités principales sont mises en place : - amélioration de l’habitat social avec construction de cases en tuiles vibrées, - réhabilitation des pistes rurales par les techniques HIMO (haute intensité de main-d’œuvre), - réhabilitation des plantations de cacao-café par l’animation rurale. Résultats et leçons apprises : ces principales alternatives économiques à l’expansion de la chasse commerciale, réalisées indépendamment des structures communautaires représentatives, n’ont pas eu un impact très positif : - faible demande locale des cases en tuiles vibrées : une cinquantaine de constructions réalisées dans une zone qui comptait alors un total de 1 119 habitations ; - les réouvertures de pistes ont eu un impact peu positif sur la communauté riveraine du fait notamment d’un manque d’appropriation communautaire des activités cantonales rurales ; - amélioration en quantité et en qualité de la production de cacao-café dans la zone : 2 planteurs présentent des résultats de production intéressants. 2. 2. Les approches filières Usages actuels et futurs des produits forestiers non ligneux (PFNL) en Afrique Centrale et leur impact économique en périphérie des aires protégées par Honoré TABUNA, ICRAF, Cameroun Constat de départ : dans les zones rurales et autour des aires protégées d’Afrique Centrale, les différents usages des produits forestiers non ligneux sont : autoconsommation, don, commercialisation, transformation, artisanat, domestication, soins médicaux, usages cosmétiques et usages rituels. Objectifs : la mission de l’ICRAF est de produire de l’information et de la connaissance à travers la recherche et le développement pour contribuer au changement des paysages et à l’amélioration des revenus des populations rurales. Approche : en s’appuyant sur la mise en place et le développement d’une pépinière villageoise de production et de commercialisation des plants des espèces locales à haute valeur marchande, cette activité peut simultanément procurer des revenus aux populations rurales et contribuer à la conservation de plusieurs produits forestiers non ligneux. Etude de cas de la pépinière de Gicame au Cameroun. 12 Résultats et leçons apprises : - des conflits naissent entre les membres d’un groupe gérant une pépinière (exemple : irrégularité de la participation des membres aux travaux de groupe) ; - difficultés à trouver de bons arbres pour poser des marcottes, insuffisance de la sensibilisation sur les avantages de la domestication ; - manque d’acheteurs de plants et manque de financement pour le développement des pépinières. Tout le monde n’est pas prêt à développer une activité génératrice de revenus : il faut s’appuyer sur ceux qui sont prêts à développer leur activité commerciale. Les PME et les TPE travaillant avec les populations de la zone ciblée ont la clé du développement des activités génératrices de revenus, il faut les associer à la mise en place des stratégies. L’Institut Gabonais d’Appui au Développement (IGAD), par Christian RENARDET, IGAD, Gabon Constat de départ : association de loi 1962 créée en juin 1992, l’IGAD est membre du Réseau AgriSud international. Elle part du constat qu’une des causes de la pauvreté est la mise à l’écart de la vie économique, qui conduit à l’exclusion sociale. Tout peut changer le jour où une personne en situation d’exclusion a la possibilité de créer une très petite entreprise (TPE), viable et durable, orientée vers un marché local porteur. Objectifs : - développer un tissu agricole périurbain de type privé, sédentaire et protecteur de l’environnement, - approvisionner des marchés urbains en produits frais locaux, - valoriser les potentialités agricoles et para-agricoles du Gabon, par la Recherche Développement. Approche : l’IGAD appuie des personnes en situation de précarité pour s’insérer dans le circuit économique, en les aidant à devenir des petits entrepreneurs, en particulier agricoles. Il contribue ainsi à la sécurité alimentaire par la création de Très Petites Entreprises ancrées sur des marchés porteurs et met l’entrepreneur en situation de réussite grâce à un parcours de professionnalisation adapté (formations, appuis). Résultats et leçons apprises : l’IGAD produit des outils tels que des bulletins bimensuels de diffusion des prix relevés sur les marchés ou des rapports de caractérisation des bassins d’approvisionnement. Il réalise ses activités sur deux sites d’expérimentation et compte à ce jour 700 exploitations et 1500 emplois créés au Gabon en 12 ans. Pêche artisanale et responsable à São Tomé et Principe : expérience de l’ONG Marapa, par Jorge Manuel CARVALHO, ONG Marapa, São Tomé et Principe Constat de départ : l’Etat de Sao Tomé et Principe accorde une place importante à l’action des ONG, notamment celles qui, comme MARAPA l’accompagnent efficacement dans la mise en œuvre de la politique de préservation et de restauration de l’environnement. Au niveau économique et social, on compte à peu près 2500 pêcheurs pour 1350 pirogues et 180 vendeuses de poisson. Les problèmes identifiés concernent entre autres une surexploitation de la zone côtière, un phénomène inquiétant de dégradation des écosystèmes marins. Objectifs : pour l’ONG Marapa, la gestion intégrée des ressources halieutiques se caractérise par deux volets complémentaires : la protection de l’environnement et l’appui au secteur de la pêche artisanale. Approche : le second volet appuie la production (bateaux, matériels de pêche, dispositif de conservation du poisson - DCP, récifs artificiels), la commercialisation (transformation, conservation, commercialisation locale et exportation…) et vise l’amélioration des conditions de vie dans les 13 communautés les plus enclavées (formation, sensibilisation). Depuis 2001, différentes activités sont menées par l’ONG telles que l’introduction de pirogue à balancier « Prao », le projet d'installations de DCP, un projet de sensibilisation sur la notion de la pêche responsable. Résultats et leçons apprises : l’amélioration de la gestion permet une augmentation de la productivité des pêcheries et l’obtention d’une certaine rentabilité économique : - le parc des pirogues atteint aujourd’hui 120 unités malgré un accès difficile au matériel de réparation (résine spéciale et contre plaqué) ; - les DCP permettent d’augmenter le nombre de capture. Cependant des difficultés persistent : destruction de DCP, comité de suivi peu fonctionnel, manque de responsabilité des pêcheurs pour cotiser, manque d'appui ; - le projet sensibilisation révèle des difficultés à faire passer le message car certains pêcheurs sont dans des situations économiques catastrophiques et il y a un manque de synergie entre tous les acteurs maritimes sur la gestion des ressources halieutiques. 2. 3. L’approche écotouristique Gestion touristique communautaire au Jalé Ecolodge, par Osvaldo SOARES MESQUITA, Grupo Jalé et Bastien LOLOUM, AFVP, São Tomé et Principe Constat de départ : le campement écotouristique Jalé Ecolodge est localisé à 3.5 km de Porto Alegre, sur la plage Jalé, au sud de l’île de São Tomé. Construit entre 2001 et 2003 dans le cadre du Programme ECOFAC, mis en stand-by en 2003 et 2004, la gestion du campement est finalement transmise à l’ONG Marapa soucieuse de trouver des alternatives économiques à la capture des tortues marines par les habitants du village voisin de Porto Alegre. En 2005, une convention est signée entre Marapa, ECOFAC, RAPAC, FFEM (Fonds Français pour l’Environnement Mondial) et AFVP (Association Française des Volontaires du Progrès) pour assurer la gestion et la réhabilitation du campement. Objectifs : dans le cadre de son autonomisation, la gestion de Jalé Ecolodge passe en 2006 aux mains de l’association locale Grupo Jalé composée de membres de la communauté de Porto Alegre tout en gardant un appui technique de l’ONG Marapa. Presque deux ans après l’ouverture, la structure gère l’établissement de manière autonome. Approche : des formations et de la sensibilisation en gestion touristique sont initiées par ECOFAC. L’accent est mis sur l’utilisation de la main -d’œuvre locale pour la construction, la manutention, la réhabilitation des infrastructures et la gestion du site. Résultats et leçons apprises : les bénéfices reversés à la communauté par le financement de petites activités récréatives et collectives motivent les membres de Grupo Jalé et donnent confiance aux agences touristiques locales. Il est nécessaire aujourd’hui de : - combler des lacunes dans certaines connaissances de gestion touristique, - contrecarrer des coûts élevés de manutention et des infrastructures mal adaptées aux conditions locales. L’étroitesse du marché, peu régulier et saisonnier, la distance et les difficultés de transports entre Jalé et Porto Alegre et la Capitale rendent compliquées la gestion et le remplissage du site. Test de tourisme communautaire dans les Parcs Nationaux du Gabon : les expériences du PSVAP à Sette Cama, par Omer NTOUGOU, ANPN, Gabon Constat de départ : Sette Cama est située au sud du Parc National de Loango au Gabon, dans une région de gisements pétroliers importants. Au bout de quarante ans d’exploitation du pétrole, une grande partie de ses 9 000 habitants urbains et ruraux vit encore sans eau potable ni électricité. Le 14 niveau de scolarité dépasse rarement le primaire dans les villages et l’accès aux soins médicaux et à l’emploi est problématique. La forte économie de rente et de dépendance prévalent jusqu’à présent et contribuent à freiner le développement de la zone. Objectifs : en 2003, le projet pilote « Programme sectoriel de valorisation des aires protégées » développe une composante tourisme communautaire à Sette Cama. Mis en place par le Conseil National des Parcs nationaux (CNPN) et appuyé par la Commission Européenne, les objectifs pour la communauté sont : - comprendre le tourisme et ses enjeux, et se sentir concernés directement, - gérer des opérations touristiques ou des activités dans des secteurs associés, - acquérir les connaissances et les capacités professionnelles. Approche : le Pro-poor tourism (PPT), tourisme comme instrument de développement, met les populations défavorisées au centre de la problématique du tourisme afin de faire reculer la pauvreté, par opposition avec le tourisme conventionnel qui place la destination au centre de ses préoccupations. Les orientations générales choisies ont été la participation maximale du village à tous les niveaux opérationnels et décisionnels. Résultats et leçons apprises : entre 2003 et 2005, un groupe de production artisanale, les « Mama Mafubu » est mis en place, la « Case Abietu » avec tous les services liés à un séjour touristique ouvre ses portes, un Comité directeur de la Coopérative Abietu est organisé, fédérant les groupements d’activités professionnelles et une caisse d’épargne villageoise est mise en place. Pour autant : - les difficultés les plus importantes résident dans le partenariat avec le Conseil départemental qui a du mal à comprendre son rôle d’appui, à reconnaître la légitimité du comité villageois et inspire la méfiance du village ; - le suivi du renforcement des capacités à tous les niveaux est encore nécessaire ; - la viabilité économique est précaire: besoin d’appui continu des autorités locales et des bailleurs dans le moyen terme afin de pouvoir consolider la structure ; - le besoin d’améliorer la qualité de l’hébergement et des services offerts est nécessaire pour l’augmentation de la fréquentation touristique. 2. 4. L’approche foresterie communautaire et agroforesterie Projet « Développement d’alternatives communautaires à l’exploitation forestière illégale » (DACEFI) : bilan de dix ans de foresterie communautaire au Cameroun, par Cécilia JULVE LARRUBIA, DACEFI, Cameroun Constat de départ : depuis quelques années, les pays d’Afrique Centrale ont entamé une réforme complète de leur code forestier. Au Cameroun, la loi forestière de 1994 permet aux communautés d’exploiter elles-mêmes leurs produits forestiers ligneux et non ligneux au travers de la mise en place des Forêts Communautaires (FC). Objectifs : le projet DACEFI vise à contribuer à la gestion durable des massifs forestiers d’Afrique Centrale par la promotion d’approches de foresteries sociales et communautaires, alternatives à l’exploitation illégale des massifs. Approche : en périphérie de la Réserve de Faune du Dja, située au sud-est du Cameroun, un des berceaux de la foresterie communautaire du pays, le projet DACEFI propose la foresterie communautaire comme une activité génératrice de revenus qui pourrait être une solution possible aux pressions exercées sur les massifs forestiers par les communautés vivant en périphérie des aires protégées. Afin de s’adapter aux réalités du contexte social, l’approche du projet est d’amener la foresterie communautaire classique vers une forme plus agroforestière. 15 Le processus d’acquisition de forêts communautaires selon la législation camerounaise se développe en 4 phases : sensibilisation, réservation de la Forêt communautaire (FC), élaboration du Plan simple de gestion (PSG), mise en œuvre du PSG. Résultats et leçons apprises : en dix ans, les acquis de la foresterie communautaire ont permis la conception d’un Manuel de Procédures (1998) en cours de révision, la mise en place de la SousDirection de la Foresterie communautaire au sein de la Direction de la Forêt, l’augmentation de l’exploitation artisanale et de demande de FC (256 en 2006, 380 en 2007) ainsi que la création d’emplois au niveau du village (30 - 40 postes) soit environ 15% de la population, ce qui contribue à son développement. Parmi les faiblesses de la foresterie communautaire, le processus de mise en œuvre est long, complexe et coûteux : 4 phases d’environ 5 ans et près de 8.000.000 Fcfa auxquels se rajoutent les coûts de l’étude d’impact environnemental de 5.000.000 Fcfa. Tout cela décourage des communautés qui passent souvent dans l’informel. Les PSG ne sont pas si simples, trop calqués sur les plans d’aménagement des grands exploitants. Agroforesterie et fermes modèles paysannes dans la Réserve de Biosphère de Luki, RDC, par Laurent NSENGA, WWF, République Démocratique du Congo Constat de départ : dans la Province du Bas Congo en République Démocratique du Congo, la Réserve de Biosphère de Luki était, jusqu’en 2004, un site en péril du fait de fortes menaces anthropiques, d’une forte exploitation des ressources, d’une gestion bicéphale et du désintérêt des bailleurs. Objectif : en 2004, le WWF lance un projet d’appui à la recherche appliquée et l’expérimentation de solutions concrètes aux problématiques de protection, de conservation et de développement durable. Approche : le programme de développement rural intégré de la Réserve et des périphéries de Luki est mis en œuvre en faveur des populations riveraines. Il vise entre autres à réduire la pression anthropique sur l’aire protégée. Il est organisé en 6 volets : santé, micro-crédit, infrastructures de base, éducation environnementale, reboisement, agroforesterie. Un de ses objectifs est de mettre en place un réseau de fermes modèles basées sur un système de production durable autour de la réserve selon une stratégie en deux phases : - une phase d’expérimentation et d’identification du modèle, - une phase de promotion des systèmes viables, retenus après calcul des comptes d’exploitations, auprès d’un petit nombre de paysans bien identifiés. Résultats et leçons apprises : les systèmes ont été développés en collaboration avec les paysans avec l’installation d’une vingtaine de fermes modèles paysannes et la mise en place d’une coopérative des apiculteurs. Le projet a permis le développement des capacités locales dans l’installation des pépinières pour le reboisement, la restauration de plus de 200 ha de forêt et la réalisation du système taungya pour la restauration de la forêt dans la zone tampon ainsi que la mise en défense de savanes anthropiques. En quatre ans, les revenus des paysans ont augmenté, ils se sont appropriés et ont intensifié les systèmes de production rentables. En terme de durabilité, le paysan n’adhère et s’approprie une activité alternative que lorsqu’il se rend compte de sa rentabilité socio-économique. 2. 5. L’approche chasse sportive et communautaire Etude comparative des zones cynégétiques villageoises (ZCV), résultats en Afrique Centrale, par Jean-Baptiste MAMANG-KANGA, direction de la Faune et des Aires Protégées, République Centrafricaine 16 Constat de départ : les ZCV centrafricaines sont héritées des modèles de Campfire (Zimbabwe) et Admade (Zambie), développés dans les années 1980, basés sur le partenariat entre services déconcentrés de l’Etat, projets, secteur privé et populations locales organisées en comités de gestion. Des protocoles d’accord, cahiers des charges et règlements intérieurs, réglementent les droits et devoirs de chaque partie. Objectifs : le pilier de ce système repose sur la décentralisation des taxes payées par le secteur privé (taxes d’abattages, de location de territoires, etc.) à l’avantage direct des populations riveraines des ZCV ou zones sous autres appellations. Approche : les activités des ZCV concernent principalement le contrôle de l’activité des campements de chasse (taxidermie), le suivi écologique, la construction, l’ouverture de pistes de chasse, l’aménagement de salines et miradors, la formation et sensibilisation des populations sur la gestion des ressources naturelles. Résultats et leçons apprises : les impacts du modèle ZCV permettent d’assurer le maintien d’une partie de la biodiversité animale et végétale des écosystèmes concernés, d’assurer aux ayants droit locaux l’accès à l’emploi et à une part non négligeable des recettes issues du tourisme cynégétique, tout en contribuant à des entrées de devises pour l’Etat. Les ZCV financent la construction d’infrastructures communautaires (dispensaires, écoles, puits...) et leur fonctionnement, incitent le secteur privé à adopter des logiques de pérennisation de leur exploitation et initient des processus de partenariat avec les villages riverains. En l’état actuel, les ZCV ne permettent pas : - de faire évoluer les pratiques cynégétiques endogènes et exogènes (grand braconnage commercial et chasse locale) dans le sens d’une gestion durable de la ressource faune sauvage ; - de générer des retombées économiques suffisantes au niveau des économies familiales ; - de répartir de manière équitable les recettes en fonction des besoins des communautés. Une stratégie de cette importance demande du temps pour aboutir, mais une fois que la machine est mise en marche et le processus compris, elle peut fonctionner longtemps. La conservation des aires protégées ne peut se faire en excluant l’homme, intégrer ces populations dans cette activité de conservation à travers un modèle de gestion tel que les zones cynégétiques villageoises, tout en les responsabilisant progressivement en vue d’une appropriation du mécanisme, reste un gage du caractère durable des actions entreprises d’abord en faveur de celle-ci et ensuite des populations elles-mêmes. Gestion communautaire de la faune sauvage en périphérie d’aires protégées au Sud-Est Cameroun, par Bertin TCHIKANGWA NKANJE, WWF, Cameroun Constat de départ : dès 1996, on constate de mauvaises pratiques d’exploitation de la faune sauvage dans le sud-est du Cameroun. De plus, faute de suivi, l’impact de la chasse safari sur les populations des espèces chassées (bongo, éléphants etc.) n’est pas connu et de nombreux conflits d’intérêts marquent les rapports entre acteurs locaux. Objectifs : le WWF, désigné avec la GTZ comme agence d’exécution du site Sud-est pour le « Programme de Conservation et de Gestion de la Biodiversité au Cameroun » appuie la mise en place du plan d’affectation des terres et des espaces. Simultanément, des organisations de gestion pour la prise en charge de ces espaces multi- fonctionnels se développent. Parmi ces organisations, le COVAREF (Comité de Valorisation des Ressources Fauniques) voit le jour. Approche : quatorze zones d’intérêt cynégétiques au sud-est du Cameroun sont gérées par 9 COVAREF pour une population de 100 000 habitants. Ce programme opérationnel est financé principalement par : - un pourcentage des taxes d’affermage des zones d’intérêt cynégétiques, 17 - les droits de location, un droit sur les taxes d’abattage, le fruit des activités soutenues par les COVAREF. Résultats et leçons apprises : depuis 1996, plus de 140 micro-projets ont été financés, les conflits entre les différents groupes d’utilisateurs des ressources naturelles se sont atténués, la densité des populations animales s’est stabilisée même si la gestion de la ressource faune par les communautés reste insuffisante. Théoriquement, il s’agit d’une situation de gestion intégrée. Cependant le système demeure très fragile. L’activité des guides de chasse, qui jouent un rôle important, demeure très exposée. Les conventions d’affermage actuelles ne couvrent que des périodes de cinq ans renouvelables. Les communautés autant que les entreprises de safari ne disposent pas de bases légales permettant d’assurer un contrôle effectif de leur zone contre les utilisateurs extérieurs. Des circuits de chasse équitable autour du Parc W : une utopie ? par Cédric VERMEULEN, Université de Gembloux, Belgique Constat de départ : Le tourisme cynégétique est en manque de légitimité sociale : - concessionnaire étranger, - répression des activités de braconnage, - sentiment d’exclusion des populations riveraines face à la gestion et aux flux financiers opaques, - image négative en occident. Objectifs : recherche d’une voie alternative : tester un séjour labellisé « chasse durable et équitable » transparent, comprenant écotourisme, éducation environnementale et redistribution financières aux populations locales dans le parc du W (Burkina Faso, Niger et Bénin) et sa périphérie. Approche : identification, construction du circuit, test, quatre partenaires (une association sans but lucratif, un opérateur privé burkinabé, le projet ECOPAS - Programme d’appui pour la conservation durable du Parc du W, les populations locales). Résultats et leçons apprises : au final 1,7 % sur le coût total du voyage est reversé aux populations locales. Si les billets d’avion sont pris en compte, cela descend à 1,1 %. L’opérateur privé local absorbe tout le flux financier. - les modèles de zones de chasse villageoise constituent des modèles très intéressants car ils renversent le paradigme « développement compensatoire à la conservation, extérieur aux populations » en « développement financé par la conservation, contrôlé par les populations » ; - ce type d’approche est très dépendant de la conjoncture internationale ; - l’équité reste une notion toute relative, fonction du point de vue de l’observateur ; - les résistances institutionnelles (de l’Etat et des opérateurs privés) dans leur réelle volonté de partage des flux financiers avec les populations locales sont immenses. 18 3. Projets pilotes et approches novatrices 3. 1. L’approche certification et filière « bio » Le développement des filières agricoles liées au commerce équitable et démarche de certification par Helder PINTO, PAPAFPA, São Tome et Principe Constat de départ : le programme d’Appui Participatif à l’Agriculture Familiale et à la Pêche Artisanale (PAPAFPA) est financé par le Fonds International de Développement Agricole (FIDA), l’Agence Française pour le Développement (AFD) et par le Gouvernement de São Tomé et Principe. La filière cacao bio a été initiée en 2000 suite à une initiative du FIDA qui a sollicité l’intérêt et la disponibilité de l’entreprise française importatrice KAOKA pour initier un programme de développement dans le cadre d’un contrat Etat/ FIDA qui devait débuter en 2001. Objectifs : améliorer les conditions de vie des populations rurales pauvres en leur assurant la sécurité alimentaire et l’augmentation de leurs revenus. Approche : le programme PAPAFPA a démarré en 2002 pour une durée de 12 ans, avec une exécution répartie en quatre cycles de 3 ans chacun. Le groupe cible du PAPAFPA représente environ 40% de la population du pays. Il est composé de pêcheurs artisans, de mareyeuses et de petits producteurs agricoles dont 30% sont des femmes chefs de ménage. Une des priorités du PAPAFPA est le développement des filières d’exportation de produits issus de l’agriculture biologique. Développer ce type de filière exige de pouvoir : - répondre à un cahier des charges très spécifique (certification ECOCERT) ; - assurer une bonne répartition de la valeur ajoutée et une juste rémunération de la production, tout en préservant l’environnement et en renforçant le cadre social ; - s’appuyer sur un partenariat commercial basé sur le respect et l’équité. Résultats et leçons apprises : le projet PAPAFPA est aujourd’hui à mi-parcours. Il a déjà permis de : - organiser les communautés de producteurs pour gérer le processus post-récolte ; - mettre en place la coopérative CECAB dont le rôle est de coordonner l’organisation de la récolte, le suivi de la gestion des associations, l’exportation. C’est une structure saine créant un lien entre les organisations paysannes et l’acteur économique privé Kaoka ; - voir émerger des leaders communautaires jouant un rôle très important entre les associations de producteurs et la fédération des associations de producteurs (CECAB). Pour autant, des facteurs contraignants font craindre pour le projet tels que : - la baisse de la productivité à São Tomé du fait d’un nombre important de « producteurs » qui n’ entretiennent pas leurs parcelles de cacaoyers ; - la courbe de productivité d’un grand nombre d’arbres ayant dépassé les 40/50 ans est sur la phase décroissante. 3. 2. L’approche partenariats avec le secteur privé Projet de gestion des écosystèmes en périphérie du Parc National de Nouabalé-Ndoki (PROGEPP-MEF/WCS/CIB) par Richard MALONGA, WCS, République du Congo Constat de départ : en 1998, le Parc National de Nouabalé-Ndoki au nord du Congo et l’entreprise d’exploitation forestière Congolaise Industrielle du Bois (CIB) connaissent une crise de cohabitation due à la surexploitation de la faune sauvage autour du Parc. Objectifs : en réponse à cette situation, le gouvernement cherche à faciliter la coexistence des intérêts autour du Parc en mettant en place le PROGEPP (Projet de gestion des écosystèmes en périphérie du 19 Parc National Nouabalé-Ndoki), un partenariat entre le Ministère de l’Economie Forestière, la Wildlife Conservation Society et la CIB. Approche : mettre en œuvre et assurer le suivi du système de gestion et de conservation de la faune dans la concession forestière de la CIB, adjacente au Parc National Nouabale-Ndoki, selon cinq volets d’intervention : éducation / sensibilisation, protection de la faune, suivi écologique (inventaire faune), suivi socio-économique (gestion participative) et mesures d’accompagnement. Résultats et leçons apprises : après négociations avec la société CIB et les syndicats, le volet socioéconomique du projet (qui représente 4% du budget) a permis les réalisations suivantes : - installation en 2002 de deux chambres froides dans les deux sites industriels, - appui aux importateurs pour améliorer la filière d’importation des bœufs, - appui aux importateurs de produits congelés, - remise de 158 reproducteurs d’ovins et caprins à une ONG locale (APEDS) pour assurer le relais entre le projet et les métayers, - remise de 376 porcs à 23 éleveurs, - appui aux maraîchers à travers une subvention en semences améliorées et matériel agricole, - subvention de la société CIB à deux pisciculteurs pour creuser 14 bassins - vente de 26 750 mètres de filets de pêche aux pécheurs en 2004. Cependant, l’absence dans le partenariat, d’un collaborateur chargé des activités de développement et d’ONG locales capables de jouer ce rôle, a fait qu’une faible proportion du budget était destinée aux activités de développement. Enfin, le conflit homme-éléphant est resté entier dans la zone périphérique du Parc. Les activités d’exploitation forestière peuvent, si le cadre de collaboration est défini, contribuer à la protection de la faune sauvage et la présence d’ONG internationales et nationales à côté du privé peut améliorer les pratiques d’exploitation. 3. 3. La recherche de financements durables Conservation de la biodiversité en Afrique Centrale : y-a-t-il une place pour des incitations économiques à l’échelle locale ? par Guillaume LESCUYER, CIRAD/CIFOR, Cameroun Constat de départ : les incitations indirectes traditionnelles visent à réduire les bénéfices tirés d’activités qui nuisent à la biodiversité et à limiter ou/empêcher les activités lucratives d’exploitation des ressources dans les aires protégées ou à leur périphérie. Elles visent également à augmenter les bénéfices tirés d’activités alternatives à l’exploitation de la biodiversité en mettant en place de l’assistance technique, en appuyant les organisations ou le développement local. En ce qui concerne les incitations économiques directes, elles visent à augmenter les bénéfices liés à l’exploitation durable de la biodiversité. Elles peuvent également concerner l’augmentation des bénéfices liés à la conservation de la biodiversité en agissant sur la compensation pour la diminution de certains droits d’usage qui peuvent porter atteinte à la biodiversité (chasse, défriche, brûlis, exploitation forestière). Objectifs : deux scénarios présentent les coûts d’opportunité d’une aire protégée (exemple du Parc National d’Ivindo au Gabon -PNI) : - avec parc (écotourisme, séquestration carbone, ressources génétique, valeur de non usage) ; - ou sans parc (chasse, cueillette, pêche, exploitation forestière, ressources génétiques). Approche : il apparaît de cette analyse économique de l’aire protégée que quatre groupes d’acteurs sont les principaux bénéficiaires de l’utilisation ou de la conservation de l’espace du PNI: les communautés locales, les opérateurs privés, l’État gabonais, la communauté internationale. Résultats et leçons apprises : les principales leçons de cette analyse permettent de se rendre compte que les aires protégées qui sont économiquement rentables, le sont surtout grâce aux fonctions 20 écologiques qu’elles assurent et le principal bénéficiaire de ces retombées est la communauté internationale. Il faut développer de nouvelles incitations économiques directes en augmentant les bénéfices liés à l’exploitation durable de la biodiversité, par la commercialisation des PFNL, l’écotourisme, la bioprospection, la chasse sportive etc. Il faut également augmenter les bénéfices liés à la conservation de la biodiversité par la compensation pour l’arrêt et/ou diminution de certains droits d’usage qui peuvent porter atteinte à la biodiversité. Actuellement, il y a beaucoup d’obstacles à la mise en œuvre des incitations directes en Afrique Centrale. Peu d’initiatives se font autour des aires protégées, on compte déjà quelques initiatives de conversion de concessions forestières. Il s’agit de solutions prometteuses pour la conservation de la biodiversité et des expériences ont réussi ailleurs. Il faut aujourd’hui adapter ces modèles à l’Afrique Centrale. La fondation African Parks-APF et le développement communautaire : cas du Parc national de la Garamba (RDC) par Benjamin BALONGELWA, ICCN, République Démocratique du Congo Constat de départ : l’African Parks Foundation (APF), organisme à but non lucratif qui contribue à la pérennité de la faune africaine a été fondée en 2003. Elle établit des liens avec les gouvernements africains qui souhaitent externaliser la gestion de certains parcs nationaux. Objectifs : depuis le 12 novembre 2005, l’APF a signé sur cette base un contrat de gestion type Public/Privé pour cinq ans avec le Gouvernement Congolais à travers l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature pour assumer officiellement la responsabilité de la gestion du Parc National de la Garamba. Approche : le projet APF à la Garamba prévoit une ligne budgétaire exclusive pour l’exécution des activités de développement local, avec l’appui de l’Union Européenne, Fauna and Flora International (FFI) et l’UNESCO. Des accords de collaboration ont été conclus avec les autorités coutumières principales (Bami) pour gérer un fonds de développement local d’environ USD 500 à 1000 par mois et par groupement. Résultats et leçons apprises : grâce à ce fonds, 10 initiatives locales ont été financées, de jeunes cadres ont été recrutés. La confiance se tisse progressivement et d’importantes informations sont obtenues sur les mouvements des braconniers. Les capacités de la population riveraine sont renforcées en matière de gestion des ressources naturelles par la création notamment d’une association des femmes à laquelle l’APF fournit un soutien administratif et matériel. Pour autant, l’effritement du pouvoir coutumier, la situation d’insécurité dans les aires protégées et ses régions environnantes, mais aussi l’incompréhension de la population locale au début de la mise en œuvre du programme freinent l’avancement des projets. Les populations sont très tributaires de l’apport extérieur ou d'une prise en charge de l'Etat à travers un fonds fiduciaire. La vision de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature est de concilier les objectifs de la conservation de la biodiversité des Aires Protégées et ceux de développement des communautés locales à travers une approche participative. 3. 4. Micro-crédit et approche développement des marchés Le projet Ossobo Ecosocial, artisanat et micro-crédit : quelles leçons tirer de cette approche ? par Claudia MAQUENGO, ONG Santa Casa Misericordia, São Tomé et Principe Constat de départ : le projet Ossobo Ecosocial est un des champs d’intervention de l’ONG Santa Casa da Miséricordia dans l’archipel de São Tomé et Principe. 21 Objectifs : il s’agit d’un projet innovant visant à améliorer les conditions de vie des artisans locaux par la promotion des produits nationaux. Les activités principes du projet se déclinent ainsi : - création d’une unité d’insertion économique : Ossobo Ecosocial, - établissement et gestion d’un réseau de distribution commerciale au niveau national (points de vente), - unité de confection et d’emballage des produits alimentaires, - développement des activités de préservation et sensibilisation environnementale. Approche : pour appuyer les artisans dans la création d’entreprise, la fourniture d’équipements, la réhabilitation et construction des infrastructures, l’augmentation de la productivité, les canaux de commercialisation et la distribution, le projet Ossobo Ecosocial est doté d’une composante microcrédit. Résultats et leçons apprises : plus de 100 artisans, artistes, individus ou coopératives sont réunis dans ce projet, 2/3 du prix de vente des produits sont reversés à l’artisan. De plus, pour soutenir la conservation des tortues marines, la reconversion des artisans travaillant l’écaille de tortue est encouragée et les produits à base d’écailles ne sont pas commercialisés par Ossobo Ecosocial. Appui au développement des petites entreprises de produits forestiers non ligneux par l’approche Analyse et Développement des Marchés (ADM) par Marcel USENI KEMBOLO, FAO, République Démocratique du Congo Constat de départ : les objectifs de ce projet d’appui au développement des petites entreprises de produits forestiers non ligneux (PFNL) sont d’accroître les revenus des populations rurales par le renforcement des capacités des petits entrepreneurs et de promouvoir la gestion durable de ces produits dans un environnement institutionnel favorable. Objectifs : il s’agit d’aider les membres des communautés rurales à identifier et développer les petites et moyennes entreprises forestières permettant de renforcer de façon significative l’économie des ménages par l’augmentation des revenus familiaux et communautaires, et par l’amélioration de la gestion des ressources naturelles. Approche : le projet adopte la méthodologie « Analyse et Développement des Marchés » (ADM) comme approche cadre de planification et de suivi du projet, tout en intégrant les autres méthodologies utilisées par les partenaires dans la mise en œuvre des activités. Cette démarche comprend trois grandes phases distinctes : Phase 1 : analyser la situation existante. Les (futurs) entrepreneurs examinent les ressources naturelles et les produits, leurs capacités et stratégies d’économie familiale, le marché. Compte tenu des informations recueillies, ils effectuent une première sélection de produits potentiels et identifient parmi eux ceux qui veulent participer à la suite du processus. Phase 2: sélectionner les produits, les marchés et les modes de commercialisation. Les (futurs) entrepreneurs collectent des informations dans les quatre dossiers de développement d’entreprise et sélectionnent les meilleurs produits en termes d’opportunités et de contraintes. Au besoin, ils forment des groupes d’intérêt autour des produits choisis. Phase 3: planifier les entreprises dans un cadre de développement durable. Les (futurs) entrepreneurs formulent leurs “Plans de Développement d’Entreprise” (PDE), identifient le type de support dont ils ont besoin, établissent des liens avec les prestataires de services et avec les autres acteurs de la filière commerciale et mènent une phase pilote de leur entreprise pour tester et affiner leurs prévisions. 22 Résultats et leçons apprises : l’utilisation du personnel local comme agents du terrain pour faciliter la communication surtout au niveau des communautés locales est importante. Le processus Approche Développement du Marché est assez long et la durée du projet doit être aussi raisonnable. Le budget doit être conséquent et il est primordial de prendre en compte tous les coûts du marché (carburant, inflation etc.) ainsi que ceux liés aux moyens de communication et aux questions d’accessibilité (notamment pour des zones enclavées). 3. 5. L’approche transfrontalière Présentation du Secrétariat exécutif du Grand Virunga, par Maxime NZITA, Secrétaire Exécutif adjoint du Grand Virunga, Rwanda Constat de départ : la collaboration transfrontalière entre l’Ouganda, la République Démocratique du Congo et le Rwanda, a débuté depuis quinze ans. L’expérience acquise du terrain a permis la formalisation d’une collaboration transfrontalière entre les autorités des Aires protégés des trois pays concernés reposant sur la vision partagée de la gestion écologique du paysage Grand Virunga - Rift Albertine Central. En exercice officiel depuis février 2008, le Secrétariat exécutif transfrontalier du Grand Virunga a démarré ses activités avec un financement sécurisé de l’ordre de 4 millions d’euros portant sur quatre ans. Le bailleur de ce fond est le Gouvernement du Royaume des Pays-Bas à travers son agence de coopération et de développement international, le DGIS. Objectifs : s’intégrant aux objectifs clés du plan stratégique transfrontalier du Grand Virunga, le projet a pour missions : - d’installer et de permettre un fonctionnement initial du Secrétariat Exécutif transfrontalier, - d’appuyer la réduction de la pauvreté des communautés riveraines aux aires protégées du Rift Albertine central, à travers des projets ciblant la réduction de la pauvreté, via le concept de partage des recettes touristiques avec les communautés. Approche : des axes ont été retenus comme prioritaires pour les activités à mettre en œuvre. Il s’agit de : - mettre en place des activités stratégiques en matière d’économie alternative et d’accès durable aux sources d’énergie ; - faciliter l’accès à l’eau ; - promouvoir l’apprentissage mutuel et le renforcement des partenariats parmi les communautés entre les trois pays, mettre en place des mécanismes novateurs de partage d’informations (programmes radios, films, visites d’études, publications). Résultats : à ce jour, la réflexion porte sur la revue des critères de sélection des projets communautaires et l’importance de rehausser l’attractivité de ces projets par rapport aux marchés privés. La dynamique du marché est un des éléments qui pourrait influer durablement le mode de vie des communautés riveraines des parcs. L’important est de cibler un cadre de mise en œuvre qui affecte efficacement le coût d’opportunité de la présence des parcs et de renforcer les opportunités économiques des parcs (exemple, le tourisme). 23 4. Les interrogations qui se posent à partir des cas d’études Des temps de débats en plénières et d’échanges en petits groupes lors des présentations ont permis aux participants de relever des problèmes récurrents majeurs caractérisant les différents cas d’étude. Ces interrogations ont été la base des réflexions menées lors des travaux de groupe pour la formulation des recommandations : ⇒ Comment conjuguer durabilité des projets, difficultés d’autonomie et d’appropriation locale, et implication des gouvernements ? Comment dépasser les contraintes liées à la nature des cycles de financements extérieurs ? Quelle est la pertinence des actions entreprises et la qualité des réponses proposées à un problème donné ? ⇒ Comment faire participer les populations à la conservation et prendre en compte leur préoccupation ? ⇒ Comment concilier et intégrer les approches « développement » et « conservation » ? Peut-on dépasser ce paradoxe de départ opposant la conservation et les activités humaines ? ⇒ Comment faire en sorte que l’information, les savoir-faire et les expériences réussies soient diffusées et circulent de manière plus efficaces ? ⇒ Comment gérer des aires protégées avec des structures privées ou publiques ? ⇒ Comment résoudre le problème de légitimité entre les services de l’Etat chargés de la gestion des aires protégées et des populations installées dans ou en périphérie des aires protégées ? ⇒ Quelles sont les conditions générales de réussite des activités alternatives ? 24 5. Des outils et de la méthodologie Les travaux de groupes qui ont été menés durant la seconde partie de l’atelier ont permis de « toucher du doigt » les enjeux de la problématique conservation/développement. Les participants ont été répartis en quatre groupes thématiques : - bailleurs, partenariats et recherche de fonds, - gestion de projets de développement local, - la mise en œuvre des projets, - identification de projets pilotes. Les participants devaient se pencher sur quatre axes de travail : ⇒ tirer des leçons sur les raisons de réussites ou d’échecs des expériences passées ou en cours, évaluer l’impact des activités alternatives sur la réduction des pressions sur les aires protégées, ⇒ formuler des appréciations et propositions par rapport aux approches novatrices, nouvelles orientations et nouvelles pistes de travail, notamment en insistant sur le rôle et le positionnement du RAPAC, ⇒ se positionner sur les conditions indispensables à la mise en place d’un projet de développement local en périphérie d’une aire protégée, ⇒ émettre un avis sur les approches à développer, en considérant les approches actuelles dites de « compensation », de « subvention » et de « substitution » visant à fournir des alternatives économiques aux populations autour des aires protégées. La participation de tous les invités a été essentielle dans la réflexion et la mise en perspective des recommandations. Toutefois, il est important de souligner que le travail initié à São Tomé n’a donné que des clés de lecture. Il conviendrait désormais d’aller plus loin dans la réflexion et de traiter chaque thématique en profondeur. 25 Groupe 1 : bailleurs, partenariats et recherche des fonds Objectif : Comment faire pour que le financement soit disponible pour la gestion des aires protégées et que ce financement soit durable ? Constats : - les activités de la conservation ne sont pas encore une priorité pour nos Etats, - les bailleurs extérieurs semblent se substituer à l’Etat, - les budgets publics alloués aux activités de la conservation sont insuffisants, - les problèmes de décaissement de fonds nuisent aux activités de la conservation. Présentation des différents types de financements, de leurs contraintes et opportunités ORGANISME TYPE DE FINANCEMENT Budget public CONTRAINTES 1. Faible considération de la notion de conservation par les Etats 2. Faible budget affecté a l'activité de conservation 3. Décaissement difficile ou inadapté 4. Faible coordination des administrations de tutelle 5. Faiblesse dans la quantification budgétaire des activités de conservation 1. Manque d'autonomie de gestion ETAT Fonds forestier 2. Pluralité des affectations des fonds forestiers 3. Faiblesse dans la quantification budgétaire des activités de conservation 1. Peu d'interaction avec les autres Ministères Agences spécialisées OPPORTUNITES L’Etat est permanent RECOMMANDATIONS Le RAPAC doit faire le lobbying auprès des Etats membres sur les enjeux de la conservation Un processus de décentralisation pourrait rendre disponible et accessible le financement Existence d’un fonds forestier dans la plupart des pays Définir une clef de répartition des fonds entre les différents usages potentiels Pérennité de ce financement Créer des fonds forestiers à gestion autonome Poids politique, célérité dans le déblocage des fonds Créer et rattacher les agences spécialisées dans la gestion des aires protégées aux Ministères de tutelles 2. Fragilité du rattachement à la Présidence 26 1. Financement de courte et moyenne durée Disponibilité des fonds publics internationaux Alléger les procédures d'accès au fonds 2. Choix de l'agenda imposé par le bailleur ETAT ET BAILLEURS SECTEUR PRIVE Fonds publics et privés internationaux 3. Dépendance d'une seule source de financement 4. Faible contribution de l'Etat 5. Procédure interne de l'Etat au déblocage des fonds 6. Faiblesse de l'Etat dans la négociation des fonds 7. Procédures longues et complexes Privés nationaux (opérateurs de téléphonie, compagnies pétrolières, forestières, chasse safari...) Fonds orientés vers une action spécifique Parcs privés Manque d'expérience antérieure en Afrique Centrale PSE - Paiements pour services environnementaux 1. Très peu d'expérience en Afrique Centrale 2. Sous estimation du coût d'opportunité du manque à gagner 3. Cadre légal à évaluer et à ajuster Le RAPAC doit jouer le rôle de facilitateur dans les négociations de financements Processus d'aller vers la certification Financement flexible et souple Faire des AP des modèles de développement économique Mettre des mécanismes incitatifs pour le financement des aires protégées par les privés nationaux Réaliser une expérience pilote Mécanisme gestion flexible Disponibilité de fonds au niveau international Réaliser des études de faisabilité et expériences pilotes Conditions aux succès d’un projet Les deux conditions essentielles à la mise en œuvre d’un projet qui soit durable, bénéfique et pleinement approprié par la communauté locale sont : - impliquer réellement la population dès le départ, - promouvoir l’esprit d’entrepreneuriat avec la population locale. 27 Groupe 2 : gestion de projet de développement local Objectif : Réfléchir aux étapes de gestion d’un projet de développement local. Résultats attendus : identifier les étapes, émettre des préconisations sur le suivi-évaluation et les indicateurs de résultats. Etapes d’identification des projets : - réaliser un diagnostic participatif sur du long terme comprenant : étude bibliographique, étude socio-économique, étude du foncier, analyse institutionnelle, stratégie d’acteurs, - restituer auprès de toutes les parties prenantes et intégrer les remarques, - partager les tâches, - maintenir l’opportunité de ne rien faire, - concevoir le projet avec les populations via des technologies simples, locales, à petite échelle, en se méfiant des images « idéales », - définir des indicateurs mesurés au temps zéro, - fonctionner en langue locale, - s’assurer de la sécurisation foncière dans le contexte des droits et des dynamiques foncières locales. Concernant l’étape du suivi/évaluation, trois approches sont complémentaires avec la condition prérequise de toujours utiliser des indicateurs objectifs qualitatifs et quantitatifs : « les résultats attendus » : respect du chronogramme, respect de la planification, indicateurs de réalisation concrète (infrastructures, parcelles etc.), « les impacts sur population » : budget des ménages, budgets individuels, niveau d’emploi, niveau global des infrastructures (santé, éducation..), « les opinions des acteurs » : réunions collectives, entretiens individuels, groupes d’usagers. Quatre formes d’indicateurs pour mesurer l’impact sur l’aire protégée : - le monitoring/ suivi continu (cybertracker), - les inventaires réguliers de biodiversité tournés vers les espèces chassées, approches satellitaires pour le couvert forestier (très cher), - les indicateurs de surveillance : nombre de saisies, nombre de PV, nombres de braconniers arrêtés, - les indicateurs indirects visuels (viande vendue au marché etc.). La question de la durabilité et de l’appropriation : - prendre en compte les facteurs extérieurs non contrôlés : évolution des marchés, guerres etc., - privilégier des temps longs de projet, - transférer les compétences en continu aux populations et s’appuyer sur les savoirs locaux, - renforcer les capacités organisationnelles, - transférer les compétences de suivi/appui conseil soit à la société civile, soit à l’administration, - pérenniser les mécanismes de financement, notamment via des formes de crédit. Conditions au succès d’un projet Il est nécessaire que les populations locales soient vraiment acteurs du projet et que celui-ci soit cohérent avec les politiques étatiques. De plus, les populations locales doivent être formées. Choix de l’approche plus prometteuse Les approches « compensation », « subvention », « substitution » sont complémentaires. La subvention semble moins durable dans le temps, la compensation ne résout pas les problèmes de conservation, mais comprend des priorités pour les populations, la substitution subsume les trois autres et parfois les comprend. 28 Groupe 3 : la mise en œuvre des projets conciliant la conservation des aires protégées et le développement local en Afrique Centrale. Objectif : réfléchir sur la gestion technique et administrative de mise en œuvre des projets. Résultats attendus : un cadre stratégique sur les modalités technique et administrative est proposé. 1. Les modalités techniques de la mise en œuvre des projets 1.1 Les objectifs de mise en œuvre doivent satisfaire : - les objectifs du millénaires pour le développement, - les besoins nationaux, - la rentabilité des activités cibles, - les besoins réels des bénéficiaires, - un marché solvable, - cadrer avec le Plan de Convergence de la COMIFAC. 1.2. Suivi des indicateurs - vérifier l’existence des indicateurs objectivement vérifiables qualitatifs et quantitatifs, - renforcer l’objectivité et la représentativité dans le système de suivi évaluation. 1.3. Approche méthodologique - renforcer le suivi des filières et des opportunités d’affaires, - mettre en relation les marchés, - combiner l’étude de base et le business Plan, - valoriser les approches Chain Value, approche développement des marchés, - mettre en place des comités de pilotage opérationnels et représentatifs, - combiner l’étude de base avec le plan d’affaire des activités des populations. 1.4. Identification des partenaires et détermination de leur rôle - RAPAC : faciliter la recherche des fonds et assurer leur répartition, - administrations centrales et décentralisées : vérifier la liaison entre les projets et les attentes nationales, - bénéficiaires : populations locales / autochtones (jeunes et femmes) et opérateurs économiques, - bailleurs : multilatéral, bilatéral, fondation, privé, secteur privé, pétroliers, minier, etc., - personnes ressources : élites, chefs traditionnels, stars, etc., - communication : radio communautaire/nationale, TV, - partenaires au développement : appui technique, - société civile : plaidoyer, lobbying, animation, organisation. 1.5. Détermination des besoins en ressources humaines - définir les critères de choix des partenaires intervenant dans la mise en œuvre des projets - choisir le staff du projet en tenant compte de trois critères o marché, o développement, o conservation. 2. Les modalités administratives de la mise en œuvre des projets 2.1. Alléger les procédures administratives - adapter les procédures aux réalités socioculturelles des zones cibles, - RAPAC : faciliter cet allègement par des mécanismes à définir, - mettre en place une stratégie de communication pour faciliter la gestion du partenariat. 29 2.2. Bonne gouvernance - transparence sur l’utilisation des fonds, - éviter les passations de marché de gré à gré, - mettre en place des procédures pour les passations des marchés. Proposition d’outils - approche développement des marchés, - Value Chain Development, - Market Driven, - diagnostic socio- anthropologique. Conditions aux succès d’un projet Les deux conditions essentielles à la mise en œuvre d’un projet qui soit durable, bénéfique et pleinement approprié par la communauté locale sont : - respecter l’objectif marché et assurer la durabilité de financement, - avoir une approche adaptée aux réalités socioculturelles de la zone cible. Choix de l’approche plus prometteuse L’approche de la compensation est plébiscitée mais elle doit être adaptée car le risque d’inefficacité reste prégnant. 30 Groupe 4 : Identification des projets pilotes Objectif : tirer des leçons et recommandation pour la mise en œuvre d’un projet pilote. Résultats attendus : des pistes de réflexion et des outils sont proposés. Pistes de réflexion pour l’identification d’un projet pilote: - choisir en fonction du contexte, de la rentabilité et de la possibilité de l’intégration du groupe à l’activité, - s’assurer que le financement de départ couvre l’ensemble des activités à mener, - identifier toutes les sources de financement potentielles du projet, - réfléchir sur le financement qui pourra garantir la survie et la durabilité du projet, - s’assurer que la valeur ajoutée de l’activité est individuelle, communautaire et durable, - déterminer les écarts de compétence et proposer les besoins réels en termes de renforcement des capacités, - promouvoir les échanges au niveau de l’Afrique Centrale. Conditions aux succès d’un projet Les trois conditions essentielles à la mise en œuvre d’un projet qui soit durable, bénéfique et pleinement approprié par la communauté locale sont : - répondre à un problème pertinent posé par la présence de l’aire protégée, - être économiquement rentable, socialement acceptable et écologiquement viable, - faire prévaloir l’approche participative de toutes les parties prenantes et à toutes les phases ou étapes lors de l’élaboration du projet. Choix de l’approche plus prometteuse. La compensation est l’approche la plus prometteuse mais dans les conditions actuelles, la subvention doit être de mise. 31 6. Journée de visite sur site La journée du jeudi 2 octobre était consacrée à la visite de projets de développement local réalisés en périphérie du Parc Obo de São Tomé, l’occasion de vérifier sur le terrain les résultats d’un des exposés présentés en plénière lors du séminaire. Dans la matinée, les participants se sont donc rendus à Monte Forte et ont été accueilli par M. Helder PINTO, directeur du programme PAPAFPA/Cacao Bio et par les responsables de la coopération CECAB. Une présentation du projet a été faite et une visite guidée des infrastructures a été réalisée. A cette occasion, il a été souligné une fois de plus l’importance de développer de bons partenariats. Ici, un partenariat solide a été noué dans la filière cacao bio avec une entreprise importatrice française Kaoka. Les responsables du projet ont également pu démontrer l’extrême exigence du processus de certification biologique et l’importance des coûts qu’il est indispensable d’inclure dans l’analyse d’opportunité. Avant de se lancer vers un projet de ce type, il est nécessaire de disposer de bases de données sur les évolutions du secteur et des marchés internationaux, de tenir compte des spécificités et du contexte historique. En seconde partie de journée, les participants se sont rendus au Jardin Botanique de Bom Sucesso, siège du Parc naturel d’Obo de São Tomé où un cocktail de bienvenue était offert par la composante ECOFAC 4 de São Tomé. Des présentations du Parc naturel Obo par le Conservateur M. Horacio CRAVID et une présentation de l’Association des écoguides de Monte Pico par son président M. Luis MARIO ont suivi. L’occasion a été donnée de mieux comprendre les problématiques de gestion du Parc ainsi que d’avoir une vue d’ensemble des projets de développement initiés par l’association Monte Pico en collaboration avec les communautés locales dans les domaines de la sensibilisation, du guidage et du reboisement. Il était très intéressant de noter à quel point l’association a misé sur la formation de son personnel, aussi bien dans les domaines floristique, faunistique et ornithologique qu’en gestion de projet, recherche de fonds et de partenariats. Les participants au séminaire ont ensuite visité le Jardin Botanique de Bom Sucesso avec les membres de l’Association Monte Pico. 32 7. Conclusion et grandes recommandations Les finalités de cet atelier étaient d’engager une réflexion approfondie sur les activités alternatives en périphérie des aires protégées d’Afrique Centrale et, de permettre aux principaux acteurs et experts du développement local et de la conservation de se rencontrer, d’échanger et de partager leurs expériences. Un important travail de capitalisation et la poursuite des échanges dans ce domaine permettront de progresser, d’améliorer les pratiques et de permettre une conciliation plus efficace de la conservation et du développement local en périphérie des aires protégées d’Afrique Centrale. La présentation de nombreux cas d’études et la poursuite de l’analyse des leçons apprises en travaux de groupe ont permis de tirer d’importantes recommandations pour la mise en œuvre, dans les prochaines années, de projets de développement local en périphérie des aires protégées d’Afrique Centrale. Le premier encadré présente la synthèse formulée par les participants, des conditions essentielles de réussite de projets ou d’initiatives qui soient durables, bénéfiques et pleinement appropriés par les populations. De plus, il analyse les trois approches communément utilisées dans les projets de développement actuels en périphérie des aires protégées. Les six conditions essentielles de réussite de projets ou d’initiatives qui soient durables, bénéfiques et pleinement appropriés par les populations : 1. être économiquement rentables, socialement acceptables et écologiquement viables ; 2. répondre à un problème pertinent posé par la présence de l’aire protégée ; 3. faire de la population un acteur à part entière, réellement impliqué dans la conception, la réalisation, le suivi et l’évaluation du projet ; 4. promouvoir l’esprit d’entrepreneuriat sur la base d’objectifs de marché réalistes ; 5. reposer sur un financement diversifié, durable et approprié ; 6. s’appuyer sur des capacités renforcées des populations à conduire la gestion de leurs affaires et les opérations techniques nécessaires. Considérant les approches actuelles dites de « compensation », de « subvention » et de « substitution » visant à fournir des alternatives économiques aux populations autour des aires protégées, les groupes de travail retiennent également ce qui suit : 1. aucune des approches précitées n’apparaît encore comme une panacée ; 2. les enjeux et les bénéfices de la conservation étant de nature universelle, l’incitation par la compensation est un principe qui paraît prometteur ; 3. la subvention est une approche courante capable d’apporter un appui ponctuel aux efforts des populations ; 4. la substitution complète est difficile à réaliser, mais elle constitue un élément incontournable d’un véritable développement alternatif pour les populations ; 5. ces approches doivent être complémentaires, surtout dans la mise en œuvre concrète et réaliste de projets sur le terrain. D’importantes recommandations ont été énoncées lors du séminaire. Un premier groupe concerne des points indispensables à prendre en compte par les acteurs du développement et de la conservation. Il s’agit de recommandations transversales et multi- thématiques. Les groupes suivants présentent des recommandations orientées plus spécifiquement sur les principales thématiques abordées lors de ce séminaire d’échanges : l’ouverture au secteur privé et le développement des partenariats, les aspects administratifs et la répartition des fonds, les missions 33 régaliennes de l’Etat et enfin des recommandations concernant la mise en place d’initiatives pilotes en Afrique Centrale. Recommandations principales 1. Faire du lobbying auprès des Etats membres du RAPAC sur les enjeux de la conservation. 2. Exhorter les membres du RAPAC de toutes catégories à appuyer les initiatives en faveur des promoteurs de micro-projets dans la périphérie des aires protégées. 3. Observer systématiquement l’approche participative impliquant toutes les parties prenantes dans toutes les phases des programmes et projets visant le développement local. 4. Répondre à un problème pertinent posé par la présence de l’aire protégée. 5. Etre économiquement rentable, socialement acceptable et écologiquement viable. 6. Renforcer les capacités des organes de gestion des aires protégées et des promoteurs des microprojets dans les domaines de la formulation, gestion et évaluation des projets, ainsi que dans les domaines techniques, comptables et études de marchés. 7. Réaliser une revue et une analyse des approches de développement existantes/connues/utilisées dans la sous-région Afrique Centrale. 8. Mettre en place une stratégie efficace d’information- éducation- communication en direction de toutes les parties prenantes pour une bonne réussite du projet et une bonne mobilisation des fonds. 9. Prendre en compte l’aspect genre dans la mise en œuvre des programmes conservation/développement. Recommandations complémentaires R1 : ouverture au secteur privé et renforcement des partenariats 10. Ouvrir le réseau RAPAC aux petites, moyennes et grandes entreprises intervenant dans les zones des aires protégées. 11. Ouvrir le réseau RAPAC aux écoles de commerce nationales, sous-régionales et internationales menant des recherches en marketing et développement des entreprises. 12. Réaliser des études de faisabilité et études de marché avant la mise en place de toute activité économique en périphérie d’une aire protégée. 13. Privilégier une approche entrepreneuriale fondée sur le partenariat population locale, Etat, secteur privé. 14. Veiller à l’approche marché et filière dans la conduite et le fonctionnement d’un programme de développement économique. 15. Mettre à contribution les expériences et expertises des structures de recherche-développement ou recherche-action existantes dans la sous-région. 16. Mettre en place un cadre légal ou des mécanismes incitatifs appropriés pour encourager le soutien du secteur privé aux aires protégées et le développement socio-économique des populations riveraines. R2 : aspect administratifs et répartition des fonds 17. 18. 19. 20. 21. Simplifier les processus d’attribution des forêts communautaires. Renforcer les contrôles forestiers pour éviter la concurrence sur le marché du bois illégal. Archiver électroniquement les dossiers des forêts communautaires. Appuyer la décentralisation des administrations. Créer et rattacher les agences spécialisées dans la gestion des aires protégées aux Ministères de tutelles. 22. Mettre en place des dispositifs réglementaires de clés de répartition incluant pour la communauté des revenus individuels et communautaires. 34 R3 : financements/allocation budget national/missions régaliennes 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. Créer des fonds forestiers à gestion autonome. Alléger les procédures des bailleurs d'accès au fonds et aux subventions. Jouer pour le RAPAC, le rôle de facilitateur dans les négociations de financements. Affecter une part plus importante du financement destiné au développement à la périphérie des aires protégées, souvent enclavées et oubliées. Pour le RAPAC, amener les Etats de la sous-région à s’inscrire de façon pertinente dans le financement d’un programme conciliant la conservation et le développement. Oeuvrer pour des mécanismes de financements du développement durable. Mobiliser dans les budgets nationaux les fonds nécessaires au financement des charges récurrentes liées à l’exécution des missions régaliennes de la gestion des aires protégées (personnel, moyens logistiques minimaux…). Mobiliser les ressources nécessaires pour la création des infrastructures indispensables à l’amélioration des moyens d’existence des populations vivant dans la périphérie des aires protégées, notamment les routes et/ou pistes d’atterrissage pour faciliter l’accès aux aires protégées, condition sine qua non pour promouvoir leur valorisation et l’éclosion des initiatives des promoteurs de micro projets de développement local. R4 : mise en place d'initiatives pilotes 31. Formuler et développer un programme sous-régional pilote et spécifique avec des composantes nationales sur « la valorisation de la biodiversité par l’identification et le développement des activités alternatives appropriées et génératrices des revenus durables autour des aires protégées ». 32. Promouvoir un tourisme (de vision et de chasse) local comme complément au tourisme international traditionnel. 33. Réaliser une expérience pilote de gestion privée d’une aire protégée. 34. Promouvoir des plans d’aménagement d’aire protégée comprenant un plan de développement de sa périphérie, avec une approche intégrée fondée sur un zonage. 35. Financer des études de faisabilité sur des temps longs 36. Privilégier des indicateurs de suivi des projets simples et peu coûteux et les standardiser. 37. Mettre en place un mécanisme régional pour le financement des micro-projets. 38. Développer un modèle pour la mise en œuvre d’incitations directes en Afrique Centrale. 35 Annexes Liste des Participants Nom Prénom Pays Organisation Fonction Aire protégée d'intervention1 VERMEULEN Cédric Belgique Université de Gembloux/ FUSAGX/DACEFI Enseignant BASSALANG ASSENE MarieMadeleine Cameroun COMIFAC Consultante juriste DIAW Chimère Cameroun IFMA Consultant/ facilitateur ELLA ELLA SamuelBeni Cameroun ECOFAC Enseignant chercheur associé Dja ESSOUMBA Jacques Cameroun Ministère des forêts et de la faune Conservateur Dja Jean-Paul Cameroun GTZ Pro PSFE Conseiller technique Lobeké JULVE LARRUBIA Cécilia Cameroun Nature + / DACEFI Assistante technique Dja et Minkébé KAMGA KAMGA Justin Cameroun FODER Chef de projet Campo Maan LESCUYER Guillaume Cameroun CIRAD Chercheur MAHAMAT Habibou Cameroun Ministère des forêts et de la faune MINDJA JeanneMarie Cameroun GRAMUE Coordinatrice Dja TABUNA Honoré Cameroun ICRAF Chercheur TNS, Campo Maan TCHIKANGWA NKANDJE Bertin Cameroun WWF Senior Conservation Practices Toutes les AP du Cameroun BONASSIDI Grégoire Congo Ministère de l'économie forestière Conservateur Conkouati Douli DJONI DJIMBI Bourges Congo Ministère de l'économie forestière Directeur national Odzala Kokoua GOMA Maurice Congo EFC Directeur des opérations IKOLI Florent Congo Ministère de l'économie forestière Conservateur Lésio Louna MALONGA Richard Congo WCS/PROGEPP Conseiller technique Odzala Kokoua MATAKANIS Louis Congo WCS Socio-économiste Conkouati Douli AGNANGOYE JeanPierre Gabon RAPAC Secrétaire exécutif AP d'Afrique Centrale Caroline Gabon RAPAC Chargée de mission AP d'Afrique Centrale Anne Gabon RAPAC Assistante technique AP d'Afrique Centrale GWET DULAU LEFEUVRE 1 W et Dja Sous-directeur des ensemble du territoire aires protégées AP = aire protégée, TNS= Tri-national Sangha, 36 MINLAMA MINTOGO Dieudonné Gabon RAPAC Consultant Lopé Louis Sosthène Gabon Agence nationale des parcs nationaux Conservateur Minkébé NGOWOU Joseph Gabon Agence nationale des parcs nationaux Conservateur Lopé NTOUGOU NTOUTOUME Omer Gabon Agence nationale des parcs nationaux Directeur technique Parcs du Gabon RENARDET Christian Gabon IGAD Directeur général SIONNEAU JeanMichel Gabon ECOFAC Coordonnateur régional AP ECOFAC 4 TCHISSAMBOU Rébecca Gabon RAPAC Comptable AP d'Afrique Centrale MBOMIO NGOMO Domingo GE INDEFOR Conservateur Monte Alen NGUA AYEKABA Gabriel GE ONG ANDEGE Président Monte Alen ONDO MANSOGO Baltasar GE INDEFOR Ingénieur forestier Corisco MAMANG KANGA JeanBaptiste RCA Direction de la faune et des aires protégées Cadre OYELE MINILE SAKO Stévy RCA Ministères des eaux et forêts CHIFURURA Isaac RDC ICCN Conservateur Salonga Benjamin RDC ICCN Chef de service Garamba NISHULI Radar RDC ICCN Conservateur Kahuzi Biega NSENGA Laurent RDC WWF Luki Conseiller d'aires protégées Luki USENI Marcel RDC FAO Coordonnateur national Luki NZITA NGANGA Maxime Rwanda Transfrontalier Grand Virunga Secrétaire exécutif adjoint Virunga, Volcan, Bwindi BENGUELA Claudia Rita STP ONG Monte Pico Caissière Obo CASTRO Aline STP Direction générale de l'environnement CRAVID Horacio STP Direction du Parc de Sao Tomé Conservateur DAS NEVESDA Hilario STP Liga de Conservaçao da Natureza Conservateur NDONG OBIANG EBUELA BALONGELWA Directeur de la faune Mbamingui, Manovo, et des aires protégées Dzanga Sangha Obo Obo 37 DE CARVALHO DO RIO Manuel Jorge STP ONG Marapa Président DE CEITA VAZ DO ROSARIO Manuel Fernandes STP Direction générale de l'environnement Technicien Aurélio STP Ministère de l'agriculture Ingénieur forestier Germino Lourenço STP Niveleo Local de Lobata Environnementaliste ESPIRITO SANTO brito STP ONG Zatona Adil Assistant associatif LIMA DE MENEZES José STP CARPE/UICN Coordonnateur LOLOUM Bastien STP RAPAC/ Association Monte Assistant technique Pico LUCIANO RAMOS Daniel STP Direction du Parc de Principe Conservateur MAQUENGO Delicia STP Santa Casa da Misericordia Coordinatrice projet Ossobo Ecosocial MARAPICUS Marta STP Santa Casa da Misericordia Coordinatrice de projets Osvaldo STP ONG Marapa Gestionnaire Jalé Ecolodge Obo Elisio STP ONG Marapa Responsable du projet pêche responsable Obo Maria de Fatima STP Direction du tourisme Technicienne Obo Helder Barros STP PAPAFPA Directeur SOUSA PONTES Salvador STP Direction générale de l'environnement Chargé de projets TAVARES PEREIRAS BARRETO Paulina STP Direction des forêts Technicienne VERA CRUZ Gelsa Marila STP Direction générale de l'environnement Technicienne Malachie Tchad FEM Coordonnateur DE SOUSA JESUS RITA DO ESPIRITO SANTO MESQUITA NETO DO ESPIRITO SANTO PAQUETE DE SOUSA PINTO NDIKIMBAYE DOLMIA Obo Obo Obo Obo Principe Obo Obo 38 Programme Lundi 29 septembre 2008 : Les cas d’études Contenu Horaires 8h00 – 8h30 8h30 – 9h15 9h15 – 10h00 10h00 – 10h15 10h15- 11h45 Accueil des participants Ouverture officielle avec présentation de l’atelier Allocution du Secrétaire Exécutif du RAPAC Allocution du Secrétaire Exécutif de la COMIFAC ou de son représentant Allocution du représentant du gouvernement de São Tomé et Principe Présentation générale du Séminaire (par le facilitateur Chimère Diaw) « Evolution des idées et des pratiques sur la problématique des activités alternatives dans la gestion des aires protégées en Afrique centrale » (par Guillaume Lescuyer) Pause Approches dans la gestion d'une aire protégée L'expérience de Conkouati /projet UICN/GEF (par Maurice Goma) L’approche Man and Biopshere (MAB), exemple de la Luki- République Démocratique du Congo (par Laurent Nsenga) L’appui au développement des populations riveraines de la Réserve de Biosphère du Dja – Cameroun de 1992 à 2006 (par Samuel Ella Ella) Approches filières 11h45- 13h15 13h15 – 14h30 14h30– 15h45 Etude sur l’usage des produits forestiers non ligneux en Afrique Centrale (par Honoré Tabuna) Développement agricole, techniques et résultats (par Christian Renardet) Dynamiques et freins à la pêche artisanale à São Tomé, périphérie du Parc Naturel d’Obo (par Manuel Jorge de Carvalho) Pause déjeuner Ecotourisme Gestion touristique communautaire à Jalé (par Osvaldo Soares Mesquita et Bastien Loloum) Expériences du Programme sectoriel de valorisation des aires protégées (PSVAP) et développement de l’artisanat etc. (par Omer Ntougou) 15h45 – 16h00 16h – 17h15 Pause Foresterie communautaire et agroforesterie DACEFI Cameroun : bilan de 10 ans de foresterie communautaire (par Cécilia Julve) Agro-foresterie et fermes modèles dans la Réserve de Biosphère de Luki (par Laurent N’Senga) 17h15-18h00 Visionnage documentaire RAPAC (26’’) « Projet agropastoral à Ayem », périphérie du Parc national de la Lopé 18h00 – 18h30 Synthèse de la journée 39 Mardi 30 septembre 2008 : Cas d’études (2) et travaux de groupe Horaires 8h00 – 9h30 Contenu Chasse sportive et communautaire Etude comparative des zones cynégétiques villageoises et résultats en Afrique Centrale (par Jean-Baptiste Mamang Kanga) Les Comités de valorisation des ressources fauniques (COVAREF) : bilan camerounais (par Bertin Tchikangwa) Chasse sociale et équitable au Parc régional W (par Cédric Vermeulen) Perspectives et approches « innovantes » Certification et filières bio Le développement des filières agricoles liées au commerce équitable et démarche de certification (par Antonio Dias) 9h30– 10h30 Partenariats avec le secteur privé Appui au développement local en périphérie du Parc national de Nouabalé Ndoki en République du Congo : bilan du Projet de Gestion en périphérie du Parc (PROGEPP) (par Richard Malonga) 10h30 – 10h45 10h45– 12h00 12h00 – 13h15 13h15 – 13h30 Pause Financement durable Paiements pour services environnementaux, comment financer les communautés locales, exemple du Parc national de l’Ivindo au Gabon (par Guillaume Lescuyer) La Fondation African Parks et le développement communautaire (par Benjamin Ebuela Balongelwa) Micro-crédit et Approche développement des marchés Projet Ossobo Ecosocial, artisanat et micro-crédit : quelles leçons tirer de cette approche ? (par Claudia Maquengo) Approche développement des marchés – Petites et moyennes entreprises de produits forestiers non ligneux (FAO) (par Marcel Useni) Présentation des termes de références et travaux en groupes – répartition Choix d’un secrétaire par groupe de travail 13h30 – 14h45 14h45 – 16h00 Déjeuner Travaux de groupes 16h00 – 16h15 16h15 – 18h30 Pause Suite des travaux de groupes 40 Mercredi 1er octobre 2008 : Les restitutions et recommandations Contenu Horaires 8h –10h00 Suite des travaux de groupes 10h00 – 10h15 10h –11h Pause Travaux de synthèse – modérateur + secrétaire 11h – 13h00 Restitution des travaux de groupes – 20 minutes/groupes + Temps d’échanges Débats sur les restitutions. 13h – 14h30 Déjeuner 14h30 – 16h30 Synthèse des travaux par le secrétariat et le modérateur 16h30-18h00 Adoption du rapport de synthèse en plénière Clôture du séminaire Cocktail Jeudi 2 octobre 2008 : Journée de visite Horaires Contenu Le Projet Cacao Bio à la Roça Monte Forte 9h à 12 h 12h – 13h 13h –16h Présentation du Projet Cacao Bio et du Programme PAPAFPA (par M. Helder Pinto) Visite d’une association de producteurs de cacao bio Visite des installations de la coopérative d’exportation du cacao bio Pot de bienvenue offert par le programme ECOFAC IV à Bom Sucesso Le Jardin Botanique de Bom Sucesso Présentation du Parc Naturel d’Obo (par le Conservateur M. Horacio Cravid) Présentation de l’Association Monte Pico (par le président Luis Almeida) et visite guidée du jardin et de ses installations 41 Allocutions d’ouverture et de clôture Séminaire RAPAC « Concilier les priorités de conservation des aires protégées et de développement local : expériences, leçons apprises et perspectives en Afrique Centrale » République de São Tome et Principe, 29 septembre – 02 octobre 2008 ALLOCUTION DE LA REPRESENTANTE DU SECRETAIRE EXECUTIF DE LA COMIFAC São Tomé, 29 septembre 2008 Excellence Monsieur le Ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche de la République Démocratique de São Tomé et Principe ; Monsieur le Secrétaire Exécutif du Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale ; Mesdames et Messieurs les Représentants des institutions sous-régionales, internationales et des partenaires au développement ; Mesdames et Messieurs les Représentants de la société civile ; Distingués Invités, Mesdames, Messieurs Je suis très honorée de prendre la parole en cette circonstance solennelle d’ouverture des travaux du séminaire d’échanges d’expériences sur la thématique « Concilier les priorités de conservation des aires protégées et de développement local : expériences, leçons apprises et perspectives en Afrique Centrale ». Permettez-moi, de prime abord, en ma qualité de représentante du Secrétaire Exécutif de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale, de remercier Son Excellence Monsieur le Ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche de la République Démocratique de São Tomé et Principe, de l’honneur qu’il a bien voulu nous faire en acceptant de présider personnellement la cérémonie d’ouverture du présent séminaire. Excellence Monsieur le Ministre, votre présence parmi nous, nous honore, et est un vivant témoignage de l’engagement de votre gouvernement à œuvrer de concert avec les autres Etats membres de la COMIFAC pour la conservation et la gestion durable des forêts d’Afrique Centrale pour le bénéfice des populations, ainsi que pour la mise en œuvre effective des activités prévues dans le Plan de convergence sous-régional. Je profite également de l’occasion qui m’est offerte pour souhaiter la bienvenue à tous les délégués et partenaires ici présents, pour avoir consenti à se joindre à nous, dans le cadre de cet atelier. Je tiens enfin à remercier le Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale, partenaire stratégique de la COMIFAC, pour avoir initié la tenue de la présente rencontre. Mesdames, Messieurs Les aspects liés à la nécessité de concilier les impératifs de développement économique et social des populations locales avec la conservation de la diversité biologique notamment dans les zones protégées, sont des thématiques importantes pour l’Afrique Centrale. Ces aspects ont été réaffirmés dans le Traité constitutif de la COMIFAC, et le Plan de Convergence sous-régional en a fait ses priorités, notamment en ses axes stratégiques 4 et 6 portant respectivement sur la conservation de la biodiversité et le développement des activités alternatives et la réduction de la pauvreté. 42 En effet, la conservation de la nature s’affirme de plus en plus en Afrique Centrale à travers la multiplication et la spécialisation des aires protégées sous différentes appellations et sous l’égide d’institutions, d’États, ou d’organismes non gouvernementaux, en vue d’usages multi- fonctionnels. Ces aires protégées sont devenues un élément fondamental de zonage dans les opérations d’aménagement du territoire et servent de réservoir faunique, floristique, et parfois de zones de stockage ou de renouvellement à long terme de matières premières ou de ressources alimentaires. Leur exploitation en vue de diverses pratiques touristiques, sportives ou d’aventure s’intensifie, alors qu’on souligne aujourd’hui, dans une progression générale des interrogations sur l’éthique de la conservation de la nature, qu’elles doivent être développées au nom des impératifs économiques, sociaux et culturels des populations "locales et autochtones", dans une optique de développement local durable. Mesdames et Messieurs, Nombreux sont les programmes de conservation qui, depuis une quinzaine d’année, impulsent des projets locaux essentiellement communautaires ou associatifs en périphérie des aires protégées de notre sous-région : pisciculture, apiculture, élevages d’aulacodes, d’escargots, de poulets, pêche, plantations, foresterie, chasse, artisanat, transformation de Produits Forestiers Non ligneux, écotourisme, et bien d’autres encore. Ces programmes de conservation apportent une réelle plus-value en terme de protection des espèces et des écosystèmes, mais force est de constater que leurs résultats sont contrastés et que des problématiques récurrentes entravent leur réussite : faible appropriation locale, peu de pérennité, difficultés de gestion, manque de formation, manque de moyens financiers, forte dépendance vis-à-vis des bailleurs, etc. Seulement, faute de pouvoir procéder autrement, les méthodologies et les approches utilisées dans le cadre de ces programmes se réitèrent d’une aire protégée à l’autre, les erreurs se répètent, les populations se lassent et se détournent des projets de conservation. C’est dans le but de faire le point de la situation sous-régionale, de donner l’opportunité à différents porteurs de projets d’échanger et de s’interroger sur les approches susceptibles d’être mises en œuvre pour parer à toutes ces lacunes, que le RAPAC, sous l’égide de la COMIFAC, a organisé le présent atelier dont les principaux objectifs sont de : - dresser l’état des lieux de la situation des activités alternatives génératrices de revenus en Afrique Centrale ; comparer des projets et permettre aux différents acteurs de conservation et du développement local d’échanger et de débattre ; formuler des recommandations pour les activités alternatives sous-régionales, sur la base des expériences passées et en cours en Afrique Centrale et ailleurs. Il est attendu qu’au terme de cet atelier : 1- un ouvrage portant sur le thème de notre séminaire soit réalisé à partir des articles et communications issus des présentations, 2- des fiches synthétiques de projet soient compilées à partir des expériences présentées en suivant un modèle de présentation précis, 3- une synthèse des recommandations, lignes directrices et outils pour la mise en place et la rentabilité des activités alternatives en périphérie des aires protégées d’Afrique Centrale soit élaborée. Mesdames, Messieurs Les modèles de projets locaux développés par les programmes de conservation et évoqués plus haut, il faut l’avouer, ne sont pas sans mérite. Toutefois, il faut dès à présent orienter notre réflexion vers le présent et l’avenir. A cet égard, les nouvelles approches de projets à mettre en œuvre pour promouvoir 43 le développement des populations locales dans et autour des aires protégées d’Afrique Centrale doivent davantage mettre l’accent sur : - la capacité d’absorption d’activités nouvelles par les populations ; la pertinence du projet par rapport aux réalités locales ; l’intérêt que ces projets suscitent chez les populations ; la résistance des populations par rapport au changement; la pénibilité que peut représenter un projet par rapport aux activités usuelles de prélèvement des ressources naturelles ; la rentabilité des projets, ainsi que les coûts des nouvelles actions de conservation ou de développement en termes de bouleversements sociaux et de fractures culturelles ; le rôle fondamental que doivent jouer les administrations nationales en charge des questions de conservation. Je reste persuadée que votre professionnalisme nous permettra d’atteindre les résultats attendus au terme de nos travaux. Pour terminer, je voudrais réitérer la gratitude de la COMIFAC à l’égard de l’Union Européenne, de la FAO et du Programme CAWHFI pour les appuis multiformes apportés au RAPAC dans le cadre de l’organisation des présentes assises. Sur ce, je souhaite plein succès à nos travaux. Vive la coopération internationale Vive la coopération sous-régionale Vive la COMIFAC Je vous remercie. Marie-Madeleine BASSALANG ALLOCUTION DU SECRETAIRE EXECUTIF DU RAPAC A L’OUVERTURE DU SEMINAIRE/ATELIER SUR LE THEME « CONCILIER LES PRIORITES DE CONSERVATION DES AIRES PROTEGEES ET LES BESOINS DE DEVELOPPEMENT LOCAL EN AFRIQUE CENTRALE ». São Tomé et Príncipe, du 29 septembre au 02 octobre 2008. Excellence Monsieur le Ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche de la République Démocratique de São Tomé et Príncipe; Mesdames et Messieurs les Représentants de la Cellule d’Appui à l’Ordonnateur Régional du FED et de la Délégation de la Commission européenne ; Monsieur le Coordonnateur Régional du Programme ECOFAC IV ; Messieurs les Administrateurs du RAPAC pour São Tomé et Príncipe, Mesdames et Messieurs les participants à l’atelier; Chers Invités 44 Au nom de Monsieur Samy MANKOTO MA MBAELELE, Président du Conseil d’Administration du Réseau des Aires Protégées d’Afrique Centrale (RAPAC), de l’ensemble du personnel du Secrétariat Exécutif du RAPAC, et en mon nom propre, je voudrais avant tout saluer et remercier très chaleureusement les participants à ce séminaire/atelier et ceux de nos invités qui ont accepté de faire le voyage de São Tomé et Príncipe, en réponse à l’invitation que nous leur avions envoyée à cet effet, ceci en dépit de leurs multiples sollicitations. Je voudrais pour cela remercier de façon spéciale, Monsieur Chimère Mariteuw DIAW, qui a accepté de venir assurer la modération des travaux de l’atelier, ainsi que tous ceux qui comme lui, au lendemain de cet atelier devront se soumettre à une course vers Barcelone en Espagne, pour prendre part au Congrès Mondial de l’UICN, ou vers d’autres destinations pour y accomplir d’autres tâches qui les appellent. Je regrette toutefois le fait que d’autres invités qui ont exprimé leur intérêt pour le thème de cet atelier et leur volonté de participer activement aux travaux, au dernier moment, n’ont pas pu venir, en raison des contraintes qui se sont imposées à eux; je voudrais faire allusion à titre indicatif à Monsieur JeanClaude NGUINGUIRI, Fonctionnaire Forestier du Bureau régional de la FAO, qui s’était associé à nous très tôt dans la conception et la préparation de cet atelier et qui est venu même saluer les participants au départ de Libreville, en nous confiant le Power Point qu’il avait préparé pour une présentation qu’il devait faire. Je voudrais exprimer ma très sincère gratitude au Gouvernement de São Tomé et Príncipe qui a accepté d’abriter cet atelier en offrant toutes les facilités requises pour son bon déroulement, à la Commission européenne, à la FAO et aux Coordinations des programmes ECOFAC et CAWHFI, pour tous les appuis techniques et surtout financiers sans lesquels il aurait été impossible d’assurer le transport de la majorité des participants, ainsi que toute la logistique et l’intendance de cet atelier qui se tient ici, à São Tomé et Príncipe, en retrait du reste des autres pays de la sous région d’où vient la majorité des participants avec les gros problèmes et les nombreux aléas de communication que l’on connaît. Enfin, je ne voudrais pas oublier toute l’équipe des administrateurs du RAPAC de São Tomé et Príncipe qui a manifesté un grand dynamisme dans l’organisation locale et l’accueil des participants, avec les appuis de l’ONG MARAPA et des responsables de la Composante nationale du programme ECOFAC. Mesdames et Messieurs, Je pense que le thème et les objectifs du séminaire/atelier qui nous réunissent ce jour sont bien connus de chacun de nous, sinon, dans tous les cas, nous avons un magnifique Modérateur qui vous amènera au-delà de la simple connaissance, à l’appropriation du thème, des objectifs et des résultats attendus ; ce sera d’ailleurs le premier exercice de notre atelier. Je suis aussi persuadé que le RAPAC est déjà connu de vous ; sinon, je resterai à la disposition de ceux qui ne le connaîtraient pas encore ou qui souhaiteraient en savoir plus, au long de cet atelier C’est pourquoi, je voudrais m’arrêter ici, car la moisson est abondante et nous devons nous ménager le temps. Je voudrais à cet effet, solliciter votre coopération et surtout vos expériences, votre intelligence et votre sagesse pour mieux aider le modérateur de l’atelier afin que les travaux se concentrent non pas sur des débats généraux, mais sur l’échange et le partage des expériences concrètes et des leçons bien apprises en vue de dégager des conclusions et recommandations très pertinentes pour mieux guider nos actions dans un futur non pas lointain, mais plutôt immédiat sur cette grande thématique qui nous réunit ici, afin qu’on cesse bientôt de penser des conservateurs en général et des gestionnaires des aires protégées en particulier comme je l’ai entendu plusieurs fois dire «que nous accordons plus d’importance aux animaux que nous sommes prêts à nourrir avec le lait de vache à côté des enfants malnutris », sans que cela ne nous cause le moindre sentiment d’injustice face aux populations auxquelles nous imposons souvent une répression aveugle pour limiter leur accès aux ressources qu’elles considèrent pourtant comme un don de Dieu et cela sans aucune contrepartie. 45 Nous devons donc travailler désormais à effacer cette perception de la conservation qu’on nous attribue ou à éliminer cette conception de la conservation si elle habite encore certains d’entre nous ; nous devons adhérer et pratiquer la vision du RAPAC qui veut qu’on fasse la conservation pour les générations actuelles et futures, et que l’on conserve pour les hommes et avec les hommes. Sur ces mots, je souhaite très bons travaux et un grand succès à notre atelier. Vive le RAPAC ; Vive la COMIFAC ; Vive la coopération sous régionale et internationale. J’ai dit, et je vous remercie pour votre aimable attention. Jean-Pierre AGNANGOYE Contenu du CD - Présentations powerpoint Note de présentation et programme Listing complet des contacts 46