dossier paru dans Lorient mag de février 2016

Transcription

dossier paru dans Lorient mag de février 2016
Dossier
Lorient, l’avenir devant soi
1666
31 août, naissance de Lorient
1862
21 septembre,
inauguration de la gare
1926
Création du FCL
1945 10 mai, libération de la Poche de Lorient
1970
1re édition du FIL
2017-2018
Nouvelle gare,
Triskell et parc Jules
Ferry réaménagé
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Lorient
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Dossier
350 ans de Lorient
Une ville tournée vers l’avenir
Le 31 août 1666, une date ancrée dans l’histoire
de Lorient. Tel un navire qui a trouvé bon port,
c’est là que tout commence, où s’amarre le début
d’une vie et d’une ville en perpétuelle adaptation
avec son temps. Riche de son passé, dynamique
au présent, elle prépare activement son futur. De
L’Orient jadis à Lorient aujourd’hui, il y a certes
350 ans écoulés et de profondes mutations
entamées. Mais la ville reste fidèle à ses valeurs
originelles : sa maritimité, sa quête d’attractivité
et son sens de l’hospitalité, son ouverture
sur le monde et son goût pour l’innovation…
Des atouts qui se cultivent au fil des années.
« C
’est de l’Orient qu’elle
resplendit . » Plus
qu’une devise, c’est l’essence même de Lorient ainsi
décrite. Une ville baignée par
les eaux, résolument tournée
vers le monde, née du fruit des
circonstances et des hommes.
Car si la Compagnie des Indes
orientales, d’abord installée au
Havre, n’avait pas finalement
mis le cap en juin 1666 sur Port
Louis, rien n’aurait été rendu
possible. L’espace maritime
précédant l’embouchure des
rivières Blavet et Scorff réunissait en effet les conditions
pour accueillir les plus grands
navires de l’époque. Protégé
des vents d’ouest par l’île
de Groix, son chenal d’accès
était en plus contrôlé par une
citadelle. Un emplacement de
choix donc, avec un hic toutefois : il manquait de place
pour y implanter flotte commerciale et flotte de guerre.
C’est pourquoi la Compagnie
des Indes a décidé d’acquérir
des terrains sur les rives du
Faouëdic.
Ainsi débute l’histoire de
Lorient… un 31 août 1666.
L’enclos du port devient rapidement un véritable comptoir
des Indes où se mêlent épices,
thé et café mais aussi les
étoffes tissées et imprimées,
la soie, la porcelaine. Les
chantiers de construction de
bateaux battent aussi leur
plein. Le Soleil d’Orient, vaisseau construit à partir de 1667,
couramment appelé L’Orient,
donnera son nom à la ville.
L’Orient, la direction vers
laquelle tendent les navires,
le lieu où se développe une vie.
Habitat et social
Les ouvriers et artisans de la
Compagnie des Indes bâtissent
L’habitat s’est diversifié au fil du temps pour s’adapter aux modes de vie (© Collection Ville de Lorient).
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d’abord des cabanes de bric et
de broc aux alentours de l’enclos du port. L’urbanisation
se poursuit ensuite au fil du
temps, avec l’essor commercial
de la Compagnie puis, plus tard,
l’expansion de l’arsenal et des
ports. Ce mouvement de la population s’accompagne de la mise
Dossier
Regard sur Lorient…
Irène Frain,
écrivain originaire
de Lorient
© François Frain
« Je dois mon attachement viscéral à Lorient au récit qui la
fonde. Lorsque je découvris, toute gamine, l’histoire de la
Compagnie des Indes, s’ouvrirent soudain devant moi des horizons enthousiastes, loin des sinistres “pendant la guerre” qui
jalonnaient les récits de mes parents. Puisque avec ces grands
voyages maritimes, il y avait eu un “avant”, j’avais bien droit de
m’inventer un “après” !
Dès le début, je fus donc “orientée”. Ou plutôt “lorientée” : c’est
à ma ville natale, je pense, que je dois ma passion de l’inconnu
et mon goût de l’humain. D’où mon attachement à cette rade
où des générations de marins et d’ouvriers ont donné corps
à l’espérance. Donc longue vie à Lorient la vibrante, pareille à
son blason, ce vaisseau hardi, tenace, qui va de l’avant par tous
les vents ! »
en place d’une politique de solidarité et de santé : création de
la Maison de la Miséricorde en
1731, fourneaux économiques
ou bains-douches…, quelques
éléments marquants de l’offre
sociale de l’époque, ancêtres
de l’ultramoderne Hôpital du
Scorff, du centre communal
d’action sociale, de la Maison de
la solidarité.
Le développement lorientais
sera stoppé à la Seconde Guerre
mondiale. À la Libération, la ville
est détruite à 80 %. L’architecte
Georges Tourry est chargé de la
reconstruction, un long chantier de plus de vingt ans durant
lequel les habitants sont logés
dans des baraques. Cette reconstruction s’effectue notamment
autour de grands logements collectifs au confort moderne.
Renouvellement
permanent
Aujourd’hui, le parc de logements continue de s’étoffer,
dans un souci de mixité sociale
et architecturale.
Ironie de l’Histoire qui se
réécrit sans cesse : alors que
les premiers Lorientais à
avoir construit sur la butte du
Faouëdic, sur le site des chantiers navals, furent invités à en
partir pour des raisons d’hygiène et de sécurité au XVIIIe
siècle, le même site accueille à
nouveau des habitants depuis
novembre 2015 !
Plus de trois siècles après, le
cœur historique de la ville
redevient donc un lieu phare
en matière d’urbanisme. La
livraison de ces habitations
préfigure le visage du nouveau
quartier qui comprendra logements, commerces, bureaux
et mise en valeur des rives du
Scorff.
Et l’histoire ne s’arrête pas là.
Dans les années à venir, de
nouveaux projets sortiront de
terre dans le secteur de la Gare,
en profonde mutation, dans
les quartiers du Manio et de
Bodélio pour améliorer le quotidien des habitants.
Lorient, la ville aux plusieurs
vies. Les aléas de son histoire
l’ont certes affaiblie, mais
elle s’en est toujours relevée.
Consciente de son héritage,
elle a su se réorganiser, se
recomposer sur elle-même.
La reconversion de la Base
de sous-marins en est une
preuve. Qu’allait-on faire de
ces énormes blocs de béton
qui ont valu à la ville d’être
détruite ? Le pari d’y développer une filière nautique
pouvait paraître fou ; il est
réussi. Lorient est devenu un
lieu économique et touristique
de premier plan.
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Sans cette mer, la cité ne serait
pas. Fière de cette identité
maritime qui a forgé sa destinée, la ville aux cinq ports
la réaffirme. Elle a développé depuis plusieurs années
des cheminements qui permettent d’accéder au littoral
et à la nature tels que l’aménagement des Rives du Scorff, les
jardins de l’île de Man, et bientôt le réaménagement du parc
Jules Ferry, avec sa percée vers
le port de plaisance.
L’activité économique de
la ville ne se serait bien sûr
pas développée sans transports. Maritime d’abord avec
les navires et vaisseaux de la
Compagnie des Indes tout au
long du XVIIIe siècle. Ferroviaire
à partir de 1862, où les premières locomotives à vapeur
entrent en gare : la « station
de Lorient » est officiellement
© AREP
Transports
et innovations
Deux siècles après l’arrivée du train, une nouvelle gare est sur les rails…
mise en service le 21 septembre de cette année-là par
la Compagnie du chemin de fer
de Paris à Orléans. Une petite
révolution… qui sera à nouveau d’actualité en 2017 avec
la future gare dont les travaux
sont en bonne voie. Elle devrait
Regard sur Lorient…
René Estienne,
Conservateur général
du patrimoine Service
historique de la Défense
« Trois cent cinquante ans après sa naissance, Lorient reste une ville en chantier et une ville de chantiers.
De la construction navale, on passe à la puissance maritime, puis
au capitalisme commercial, à la révolution industrielle, à celle de
la conserverie et de la pêche, à la colonisation, au nationalisme,
à l’émancipation sociale, à l’occupation nazie, à la destruction
et à la Résistance, à la reconstruction, aux Trente Glorieuses et à
la Guerre froide, à l’aventure de l’attractivité du territoire grâce
aux contreparties des restructurations de Défense et à la solidarité européenne.
Ces chantiers sont aussi citoyens. Le télescopage de l’épanouissement personnel avec la générosité et les contraintes du faire
ensemble est un passeport lorientais inoxydable en tous lieux
du monde.
Cela donne une ville aux multiples patrimoines, au passé trop
rapidement caduc, mais qui ne cesse de se recomposer par
à-coups, au fil de l’adaptation à l’urgence de l’instant, au rythme
musclé de l’arithmétique des pouvoirs. »
accueillir 2,5 millions de voyageurs en 2020.
Le tramway dessert aussi
l e s q u a r t i e r s j u s q u’e n
1938 et, dans la rade, plusieurs vedettes assurent le
service d’une rive à l’autre.
Aujourd’hui, le bateau bus
transporte 800 000 voyageurs
par an, avec notamment un
modèle électrique zéro émission. Et avec le Triskell, bus
à haut niveau de service, ce
sont 41 stations réaménagées
et 14 km d’aménagements qui
seront réalisés en 2017.
Innovante, Lorient l’a toujours été. Au XIXe siècle, la
motorisation remplace peu à
peu la marine à voile et l’arsenal est chargé à partir de
1927 de la construction des
grands navires. Inauguré la
même année, le port de pêche
compte parmi ses équipements, dès 1932, un « slipway »,
plan incliné très novateur à
l’époque. L’élévateur à bateaux
de 350 tonnes, installé il y a
dix ans, reste aussi le plus
puissant d’Europe. Dans un
autre registre, le pôle Course
au large lorientais associe
performance et excellence
technologique. Sans oublier
la politique environnementale
développée depuis de nombreuses années par la Ville qui
lui vaut d’être un modèle territorial reconnu, récompensé
par le label Cit’ergie.
Popularité et ouverture
Le charme de Lorient tient
aussi à son goût de la fête.
Le réaménagement du parc Jules Ferry pour allier nature et convivialité en centre-ville.
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Regard sur Lorient…
Juliette,
écolière, 11 ans
Le FIL, un évènement phare de Lorient.
Popularité enfin avec le FCL.
C’est au port de pêche qu’est
né le club des Merlus sous le
nom de la Marée sportive. Il
deviendra le FC lorientais un an
plus tard, mobilisant très vite
les amateurs du ballon rond.
Quatre-vingt-dix ans plus tard,
le recrutement s’est élargi mais
l’ardeur n’a pas changé !
Et si les siècles ont passé, la ville
aime toujours à se tourner vers
l’Orient et le monde. Elle a bâti
des ponts avec plusieurs villes
européennes au fil du temps :
Le Wirral (Grande-Bretagne),
Ludwigshafen (Allemagne),
Galway (Irlande), Ventspils
(Lettonie), Vigo (Espagne) et
Ceske Budejovice (République
Tchèque).
La mondialisation offre de
nouvelles perspectives de
coopération, avec l’Inde notamment. Un retour aux sources ?
L’eau a beau avoir coulé,
Lorient demeure imprégnée de
ses origines tout en continuant
à se façonner pour préparer
l’horizon… 2 366.
350 ans ont passé ; il reste
350 ans à écrire. ❙◗
© CMJN architectes
Des événements nautiques,
des concerts en plein air,
des cavalcades qui deviendront carnavals mais aussi
l’incontournable Festival interceltique avec 700 000 visiteurs
et spectateurs en moyenne :
l’effervescence est dans la rue,
avec détente et traditions au
programme.
La culture s’affiche également
sous bon nombre de facettes
grâce au Théâtre de Lorient,
à l’École européenne supérieure d’art, au réseau des
médiathèques, au musée de
la Compagnie des Indes ou à
la Cité de la voile Éric Tabarly.
Toutes les formes d’expression
artistique ont ainsi droit de cité.
La ville s’est vu décerner aussi
en 2006 le label Ville d’art et
d’histoire pour son patrimoine.
Pratique
Plus d’informations sur www.lorient.fr
et sur http://archives.lorient.fr/
www.facebook.com/Lorient350ans
« Je suis née à Lorient et je m’y plais beaucoup. J’apprécie de
pouvoir aller à la mer pour me promener et me baigner
l’été. La Cité de la voile est un de mes lieux préférés. Je peux
souffler, c’est la liberté. Mais j’aime aussi la ville. Je vais au
Conservatoire où je fais du chant et à la médiathèque. J’ai vu
plusieurs spectacles au Grand Théâtre, la salle est magnifique. De temps à temps, je vais nager à la piscine. Mon
plaisir, c’est aussi de faire les courses aux Halles de Merville. Je
connais plusieurs marchands : Chantal la poissonnière, Cécile
qui vend des olives ou Brigitte la fromagère. Ils m’ont vue
grandir, alors on discute. C’est comme une grande famille.
350 ans pour Lorient ? Ça fait beaucoup d’années ! Je m’intéresse à
l’Histoire, à la Seconde Guerre mondiale. J’ai même un livre sur la
reconstruction à Lorient que j’ai eu à un salon du livre jeunesse.
Dans le futur, j’aimerais bien rester ici. J’ai entendu parler de la
nouvelle gare. J’espère aussi qu’il y aura plus d’espaces verts. »
Au programme
Parmi les temps forts organisés par
la Ville pour ses 350 ans :
• le carnaval « Faites défiler
l’histoire » le samedi 19 mars
• deux expositions des Archives
et de l’Animation de l’architecture
et du patrimoine« Il y a 350 ans…
La naissance de Lorient » et
« Des archives originales pour
un anniversaire » du 18 juin au
6 novembre à l’hôtel Gabriel
• le feu d’artifice du 13 juillet
sur les 350 ans
• une exposition sur « Tromelin,
l’île des esclaves oubliés » du
28 mai au 30 octobre à la Maison
de l’agglomération
Et aussi :
• deux expositions par les
étudiants de l’EESAB à l’hôtel
Gabriel : « Extraits de ville » et
« Souvenirs sans images » en mars
• un concert et un avant-propos
au Conservatoire en mars
• un atelier de création à
la médiathèque François
Mitterrand en mars et avril sur la
reconstruction de la bibliothèque
d’avant-guerre
• la semaine du Lorient Plus en mai
• un salon des associations
d’histoire locale et 25e anniversaire
des Archives à l’hôtel Gabriel en mai
• un spectacle avec des musiques
du monde et indienne en juin
par le Conservatoire
• une exposition « Regard d’artistes
sur Lorient d’aujourd’hui et en
devenir » en juin et juillet à la
Galerie du Faouëdic
• un fleurissement autour des
350 ans dans la ville au printemps,
des animations dans le cadre
des journées du patrimoine en
septembre, un quizz sur l’histoire
de Lorient, des conférences,
des ateliers collaboratifs « Entrez
dans l’histoire » aux Archives
toute l’année…
Plus de développement sur ces événements dans les mois à venir.
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