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magsacem
N° 91
LE MAGAZINE
DES SOCIÉTAIRES
SACEM
NOVEMBRE 2014JANVIER 2015
Étude
culture,
une chance
La
pour l’Europe !
DOSSIER > PAGE 06
11 > GRAND ENTRETIEN
Fleur Pellerin :
« La diversité de la création musicale
dans les médias est une priorité. »
20 > COULISSES
Humour
Montreux, capitale européenne
du rire
02 ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA
ÉCHOS 03
Lancement
L’ ÉDITO
Changements
N
ombreux sont ceux qui se fé­
licitent de la compo­si­tion de
la nouvelle Commission euro­
péenne­, gage, à les lire, d’une véri­
table efficacité dans la gestion des
affaires et d’une humilité nouvelle
dans le dialogue.
Les créateurs et leurs éditeurs sont plus circonspects et plutôt
inquiets de la prééminence, dans le discours du président
Juncker,­d’un numérique dégagé des « silos nationaux du droit
d’auteur » ou de l’utilisation exclusive du mot « copyright » à la
place de « author’s right » – qui est la traduction juste, en an­
glais, de « droit d’auteur ».
On ne peut que s’étonner de voir l’ancien Premier ministre du
Luxembourg, qui n’a eu de cesse, lorsqu’il occupait ces émi­
nentes fonctions, de maintenir dans son pays un statut fiscal
déstabilisant pour toute la Communauté européenne, devenir
le chantre d’une harmonisation au seul service des consom­
mateurs dès qu’il s’agit de droit d’auteur.
Quel paradoxe, que cette volonté d’affaiblir le droit d’auteur,
alors qu’une étude toute récente, à laquelle est consacré le dos­
sier de ce Magsacem, montre à quel point, avec leurs sept mil­
lions d’emplois, les secteurs de la culture sont importants pour
la croissance et l’emploi en Europe.
Le rattachement du droit d’auteur au commissaire en charge
de l’économie numérique est un signal très inquiétant.
Sur un autre plan, le fait que le seul député européen français
qui fasse partie de la commission Éducation et Culture soit un
membre du Front National pose une vraie question quant à la
motivation de nos parlementaires à défendre la création.
Nous resterons donc avant tout une force de propositions visant
à harmoniser au mieux l’idéal européen, le développement du
numérique avec l’indispensable rémunération de la création,
par le biais de sociétés de gestion collective, dont le respect de
leur spécificité et de leur indépendance doit être garanti.
Un Prix pour le droit d’auteur
Notre nouvelle ministre de la Culture, Fleur Pellerin, que je
remercie d’avoir accepté de nous accorder un entretien dans
ces pages, est une spécialiste du numérique qui semble avoir
compris que, quelle que soit la technologie employée pour dif­
fuser la création, elle ne doit en aucun cas se développer aux
dépens de la rémunération des créateurs, sous peine de ré­
duire considérablement le nombre d’œuvres nouvelles créées
et produites.
Les propos de notre Premier ministre sur la culture affichent
une volonté et un désir qui tranchent avec la sinistrose et les
promesses déçues de ces dernières années. Nous avons noté
avec plaisir ce qu’il a dit à propos du piratage, le 15 septembre,
lors d’un discours remarqué au Grand Palais : « Nous avons
sans doute sous-estimé l’impact du piratage de masse. Il est pourtant une vraie source d’appauvrissement pour l’ensemble du secteur
de la création ».
Espérons que ce discours se concrétisera, dans les semaines à
venir, par un renforcement des dispositifs permettant une
juste rémunération des créateurs et de leurs éditeurs pour
l’exploitation de leurs œuvres, que ce soit par un droit d’auteur
sécurisé sur Internet, par le renforcement de la copie privée ou
par la préservation du budget de la Hadopi, afin qu’elle pour­
suive efficacement ses missions.
Mon prédécesseur, Jean-Claude Petit, a mené avec le Conseil
d’administration et les équipes de la Sacem une politique dé­
terminée sur ces différents sujets.
Nous allons, avec Jean-Noël Tronc, continuer et amplifier l’ac­
tion de la Sacem pour que les musiques et tous nos répertoires
puissent prospérer dans toute leur diversité.
Sacem Université lance un Prix du droit d’auteur.
Étudiants, à vos copies !
Q
uel avenir pour les droits des
créateurs ? Si la Sacem est
pleinement engagée pour
défendre une conception
humaniste du droit d’auteur, ce sont les
juristes et les acteurs du droit national,
européen et international, qui la façonnent
et en tracent les contours. Aussi, dans le
cadre de sa plateforme pédagogique
Sacem­Université, la Sacem lance un
concours destiné à sensibiliser les juristes
de demain aux intérêts des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique.
Laurent Petitgirard,
compositeur, président du Conseil d’administration,
membre de l’Institut
© JEAN-BAPTISTE MILLOT
Retrouvez la composition du Conseil d’administration 2014-2015 sur
MAGSACEM # 91
Tendances
Le montant global des droits mis en
répartition le lundi 6 octobre s’élève
à plus de 76 M€. Il est en baisse de
14,18 % par rapport à octobre 2013.
Cette baisse s’explique, d’abord, par les
résultats exceptionnels enregistrés
lors de la répartition d’octobre 2013
(+ 16,54 %) grâce, notamment, à des
régularisations dans le secteur de
la copie privée (+ 4,7 M€) et celui de
la musique en ligne, qui avait enregistré
le montant record de 7,9 M€. Dans
le même temps, lors de la répartition
d’octobre 2014, les droits en
provenance de l’étranger ont baissé
de 15,56 %. La baisse du yen par
rapport à l’euro a eu un effet négatif sur
les droits versés par le Japon ; les droits
venant d’Italie retrouvent leur niveau
habituel après les régularisations
comptabilisées sur octobre 2013.
Les difficultés économiques de
l’Espagne et celles que connaît la
société d’auteurs espagnole expliquent
en grande partie la forte baisse
des droits en provenance de ce pays.
Enfin, des retards de règlement
de plusieurs sociétés étrangères ont
affecté de manière sensible la
répartition des droits liés à la diffusion
par câble des chaînes françaises à
l’étranger. Autre secteur qui enregistre
une forte baisse (– 46,49 %), celui
des droits vidéographiques, où
des règlements tardifs de la part de
producteurs ont conduit à reporter sur
janvier 2015 la répartition des montants
en cause. Les sommes traitées
au titre de l’écoute en ligne et
du Web 2.0 sont en progression de
24,92 % et le téléchargement de
sonneries de téléphone de 281,35 %
(régularisation d’Orange pour la
période 2010 à 2013). Enfin, les droits
en provenance d’Arte correspondent
aux diffusions de novembre et
décembre 2013 ; ils n’avaient pas pu
être répartis en juillet dernier en raison
de la remise tardive des programmes
par la chaîne.
•
•
magsacem | | Le magazine des sociétaires Sacem | Directeur de la publication : Jean-Noël Tronc | Directrice de la rédaction : Catherine Boissière | Comité de
rédaction : François Besson, Olivia Brillaud, Louis Diringer, David El Sayegh, Jean Fauque, Claude Gaillard, Christian Gaubert, Claire Giraudin, Claude Lemesle, Blaise Mistler,
Laurent Petitgirard, Cécile Rap Veber, David Séchan, Véronique Sinclair, Arlette Tabart, Stéphane Vasseur et Christophe Waignier | Signatures : Philippe Barbot, Romain
Bigay, Éléonore Colin, Laurent Coulon, Éloïse Dufour et Rémy Louis | Ont collaboré à ce numéro : Lilian Goldstein, Roger-Pierre Hermont, Véronique Pourcel, Julie Poureau
et Nicolas Pribile | Direction artistique : Quentin Derville et Marie-Christine Fhrepsiadis | Maquette et mise en pages : Agence 21 x 29,7 | Impression : Corlet Roto –
BP 46 – 14110 Condé-sur-Noireau | Le magazine des sociétaires Sacem est publié tous les quatre mois | No ISSN 2108-8802 | Sacem – Société des auteurs, compositeurs et
éditeurs de musique | Société civile à capital variable immatriculée au registre du commerce et des sociétés de Nanterre sous le numéro D 775 675 739 | Siège social :
Sacem – Direction de la Communication – 225, avenue Charles-de-Gaulle – 92528 Neuilly-sur-Seine Cedex | Tél. : 01 47 15 47 15 | Couverture : © VictorKap-Boarding1Now/
Thinkstock |
RÉPARTITION DU 6 OCTOBRE 2014
Qui ?
Cette première édition s’adresse aux étudiants inscrits en master 2 de droit de la
propriété intellectuelle ou des technologies
de l’information et de la communication,
pour l’année universitaire 2014-2015. Ce
prix est organisé en partenariat avec la
Revue internationale du droit d’auteur (Rida),
revue trimestrielle consacrée au droit d’auteur dans le monde.
Quand ?
Les inscriptions sont ouvertes depuis le
15 octobre 2014. Les étudiants peuvent
envoyer leur article via sacem.fr jusqu’au
30 janvier 2015. Le grand oral et l’annonce
du lauréat du Prix du droit d’auteur Sacem
se dérouleront courant mars-avril 2015.
Comment ?
Les étudiants des universités partenaires
sont invités à composer un article autour
d’un sujet de réflexion sur le droit d’auteur,
en lien avec un thème d’actualité juridique.
Un formulaire d’inscription est en ligne
sur sacem.fr. Les cinq finalistes sélectionnés par un comité rédactionnel, composé
de professionnels du droit, viendront
défendre leur composition devant un jury
de personnalités, sous forme d’un grand
oral, à l’issue duquel le meilleur se verra
décerner le prix.
À la clé…
Le candidat lauréat remportera la somme
de 2 000 euros, la publication de son article
dans la Rida, un stage conventionné au
sein du département juridique de la Sacem
pour une durée de six mois, un abonnement de deux ans à la Rida et des places
pour assister à des événements culturels
soutenus par la Sacem. •
\ POUR EN SAVOIR PLUS : SACEM.FR.
novembre 2014-janvier 2015
•
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•
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\PROCHAINES RÉPARTITIONS :
MERCREDI 7 JANVIER 2015, MARDI 7 AVRIL 2015
(VOIR CE CALENDRIER EN TÉLEX, PAGE 4).
\\INFORMATIONS SUR LES RÉPARTITIONS
PRÉCÉDENTES : SACEM.FR > MON ESPACE > MA
RÉPARTITION > DONNÉES DES RÉPARTITIONS.
04 ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA
LE MOT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL
VISITES
Un sociétaire
nobélisé
La Sacem salue Patrick Modiano, prix Nobel
de littérature. Membre de la Sacem depuis
1969, celui qui est l’un des plus grands
romanciers de notre époque est aussi un
auteur de chansons. Avec Hugues de Courson,
Patrick Modiano a en effet signé l’album
Fonds de tiroir. Il a écrit ou coécrit des
chansons pour Françoise Hardy, dont
Étonnez-moi, Benoît, éditée par Jean-Max
Rivière (Tilt Music). Ce dernier est à l’origine
de la rencontre entre le jeune auteur
et la chanteuse.
•
ACCORD
La Sacem,
première à signer
avec Netflix
La Sacem a conclu un accord avec Netflix
en juillet. Les membres de la Sacem dont
le répertoire est présent dans les œuvres
audiovisuelles diffusées par Netflix ont ainsi
la garantie de recevoir une juste rémunération,
qu’ils soient auteurs de musique, de
sketches, de doublage – sous-titrage,
compositeurs, réalisateurs ou éditeurs.
Cet accord, signé avant même le lancement
de la plateforme en France, confirme la
capacité de la Sacem à anticiper l’arrivée
sur le marché de nouveaux acteurs
numériques, mais aussi son efficacité dans
un univers où l’offre légale de contenus
culturels en ligne ne cesse de croître.
•
Manuel Valls et Fleur Pellerin
à la Sacem
Que nous prépare la nouvelle Europe ?
C
omme le souligne, dans son
édito, notre président,
Laurent­Petitgirard, une
nouvelle Europe se met en place,
où notre mobilisation est plus que
jamais nécessaire. Face à sa pression
croissante, nous avons les moyens
d’agir, avec cette responsabilité sup­
plémentaire que nous confère le fait
d’être la première société d’auteurs
d’Europe, tant en termes de collectes que de nombre de
membres. La Sacem collecte, en effet, un total de 1,3 milliard
d’euros de droits (835 millions d’euros de droits d’auteur,
auxquels s’ajoutent 460 millions d’euros de droits autres :
droits voisins collectés pour l’Adami, la Spedidam, les sociétés
de producteurs, ainsi que la copie privée pour l’ensemble des
secteurs culturels, ou encore les mandats comme celui géré
pour Universal Music Publishing International), et vous êtes
aujourd’hui près de 153 000 auteurs, compositeurs et éditeurs
à en être sociétaires, dont 3 870 nouveaux depuis le début de
l’année.
Le 3 juillet dernier, Laurent Petitgirard et le bureau du Conseil d’administration ac­cueillaient
Manuel Valls dans les locaux de la Sacem.
Un moment d’échange privilégié au cours
duquel le Premier ministre s’est montré particulièrement attentif aux préoccupations des
créateurs et éditeurs de musique, soulignant
que « la culture doit redevenir une priorité » et
affirmant : « Vous pouvez compter sur mon engagement total pour la culture,
la musique, les créateurs, les droits d’auteur ». Deux mois plus tard, lors du
vernissage de la rétrospective consacrée à Niki de Saint Phalle au Grand
Palais, Manuel Valls a confirmé cet engagement pour la défense du droit
d’auteur lors d’un discours remarqué.
À peine deux mois après sa nomination, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et
de la Communication, s’est elle aussi rendue à la Sacem pour échanger avec
certains de ses sociétaires.
En marge de cette rencontre,
elle a accepté de répondre
aux questions du Magsacem
(page 11).
•
Nos leviers d’action sont multiples.
Au niveau européen et mondial, il faut renforcer la coopération
entre sociétés sœurs. C’est le sens du travail mené avec
Armonia­, le premier portail européen de licences multinatio­
nales pour les services de musique sur Internet, créé par la
Sacem (France et Luxembourg), la Sgae (Espagne), associée à
la Spa (Portugal), la Siae (Italie) et rejoint, en septembre 2013,
par les sociétés Artisjus (Hongrie) et Sabam (Belgique) et tout
ré­cemment, par la Suisa (Suisse). Au-delà des activités de li­
cence, Armonia a mis en place un partenariat technologique
avec la société espagnole BMat afin de traiter et d’enrichir les
données de ventes en provenance des sites numériques (iTunes,
Spotify, Youtube, etc.) en vue de faciliter leur facturation et
leur répartition. Armonia a également engagé une collabora­
tion, officialisée en juillet 2014, avec l’alliance MusicMark, qui
regroupe les trois grandes sociétés nord-américaines Ascap,
BMI et Socan.
ILS ONT DIT
La culture doit devenir
une compétence
obligatoire des régions. »
Jean-Jack Queyranne, président de la région
Rhône-Alpes, dans Le Monde du 17 juillet 2014.
MAGSACEM # 91
© THOMAS BARTEL – LIONEL PAGÈS
Télex
\ En 2015, les répartitions auront lieu le mercredi 7 janvier, le mardi 7 avril (en raison du lundi de Pâques, le
6 avril), le lundi 6 juillet et le lundi 5 octobre. Rappelons l’article 55 du règlement général, qui spécifie que « les sommes réparties sont payables le troisième jour d’ouverture de la Sacem au mois de janvier », ce qui explique la date du 7 janvier 2015, les
bureaux de la société étant fermés le vendredi 2 janvier. \\ Le rapport d’activité 2013 est en ligne. Chiffres de la col­
lecte et de la répartition, présentation des projets menés et des nouveaux enjeux… Il constitue un document de référence
pour mieux connaître la Sacem et son activité sur une année. Pour le télécharger : sacem.fr > La Sacem > Espace presse
> Publications > Rapports d’activité. \\\ Les programmes d’aide de l’action culturelle de la Sacem sont ac­tuel­
lement ouverts pour l’année 2015. Nous vous invitons à les consulter dès à présent sur sacem.fr > Actions culturelles
> Financez vos projets > Demande en ligne. \\\\ Une commission technique dédiée à la formation profession­
nelle des sociétaires a été créée au mois de juin. Présidée par Frédéric Kocourek, elle est composée de cinq auteurs, quatre
compo­si­teurs et un éditeur désignés pour un an. Lors de sa première réunion, la commission a défini ses grands axes de
travail pour l’année 2015 : communication sur le droit à la formation, identification des besoins des auteurs, analyse de
l’offre de formations existante et élaboration d’une offre complémentaire. •
Il faut aussi poursuivre notre politique proactive dans le numé­
rique. C’est pourquoi la Sacem est la première en France à
avoir signé, dès juillet 2014, un accord avec Netflix, plusieurs
mois avant l’ouverture officielle de ce service de vidéos en ligne
en France. Nous avons également renouvelé notre contrat avec
Spotify, acteur principal du streaming dans le monde, jusqu’à
fin 2015. Et nous avons rétabli le dialogue avec de nombreux
éditeurs de jeux vidéo pour mettre des accords en place.
grands principes de la Sacem : assurer un niveau maximum
de collecte des droits d’auteur et une répartition à la fois la
plus importante et la plus juste possible à ses membres.
Nous devons aussi consolider notre dimension solidaire et les
services que nous vous rendons. C’est dans cet esprit que vous
trouverez dans ce Magsacem un supplément concernant vos
retraites.
Parmi les nouveaux services développés pour vous, le dépôt
en ligne des œuvres remporte un vif succès, avec 42 588 œuvres
déclarées depuis son lancement, en février dernier, et vous
êtes maintenant plus de 10 000 à être inscrits à Sacem PLUS.
Continuez à vous inscrire et à utiliser tous ces outils et services
en ligne !
La transparence est un objectif de toutes nos actions. Ainsi,
des mesures annoncées lors de l’Assemblée générale de juin
pour vous permettre de mieux identifier vos œuvres et faire
baisser les sommes irrépartissables ont déjà pris effet, comme
l’extension de trois à cinq ans des informations mises à votre
disposition sur les œuvres en instance d’identification acces­
sibles dans votre espace sécurisé, qui est donc passée de douze
à vingt répartitions.
Cette extension est également appliquée progressivement à
l’application Lidis (Liste des diffusions pour l’information du
sociétaire), que la Sacem est la première société au monde à
mettre à la disposition de ses membres, et qui vous donne
accès à toutes les données de diffusion ayant servi de base à
la répartition des droits provenant des télévisions, des radios,
de la sonorisation musicale, des discothèques et de la musique
sur Internet.
Pour conclure, je veux vous rappeler que, pour que votre so­
ciété puisse mettre en place une répartition juste et perfor­
mante, il est essentiel que vous déposiez vos œuvres, car la
moitié des œuvres non identifiées sont des œuvres que des
sociétaires ont oublié de déposer, ou qui sont déposées très
tardivement.
Avec votre participation, ces mesures de transparence et d’in­
formation réduiront le taux d’œuvres non identifiées ou non
répartissables, et augmenteront d’autant les droits versés sur
vos feuillets. •
La poursuite de notre modernisation, tant dans notre réseau
de collecte que dans les outils informatiques, et la maîtrise de
nos coûts de gestion sont notre priorité pour préserver les
novembre 2014-janvier 2015
Jean-Noël Tronc,
directeur général de la Sacem
© JEAN-BAPTISTE MILLOT
PRIX
ÉCHOS 05
ÉCHOS |
À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA
À LA UNE 07
Étude
La culture,
une chance
pour l’Europe !
La culture européenne se conjugue au pluriel. Si chacun
s’accorde à dire que sa diversité est une des grandes
richesses de l’Europe, peu savent qu’elle représente é­ga­
lement une réelle force économique. C’est ce que révèle une
étude EY sur la valeur des industries culturelles et créatives
en Europe. Édifiant.
« L
a culture européenne ? C’est une mosaïque ! Des fragments
de toutes les couleurs, de toutes les formes, qui, à l’arrivée,
créent une véritable harmonie ». Ancien manager de la
librairie Rizzoli, à New York, avant de devenir admi­
nistrateur général du Centre culturel américain de
Paris, Alexandre Mehdevi sait de quoi il parle. « Pour moi, l’Europe, c’est un
choix », poursuit cet homme de culture qui, un jour, décide de tout quitter
pour ouvrir une librairie internationale à Prague. Cette auberge espagnole
que représente la culture européenne, l’étude sur « les secteurs culturels et
créatifs européens, générateurs de croissance » en révèle toute la dimension.
Avec plus de sept millions d’emplois, le secteur est comparable à celui de
l’hôtellerie-restauration et dépasse largement l’automobile et la chimie (cf.
graphique page suivante). Son chiffre d’affaires de 535,9 milliards d’euros
représente 4,2 % du PIB européen. Une confirmation, donc ! L’étude réali­
sée par le cabinet EY s’inscrit bien dans la continuité de France Créative,
qui estimait, l’an dernier, la valeur des industries culturelles et créatives en
•••
MAGSACEM # 91
novembre 2014-janvier 2015
© THINKSTOCK – 21X29,7
06
À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA
Les emplois par secteur en Europe
(en millions d’euros)
15,3
Bâtiments et travaux publics
7,3
Hôtellerie-restauration
Industries culturelles
et créatives
7,1
5
Sidérurgie
4,7
Agroalimentaire
3
Automobile
Chimie
Télécoms
1,3
1,2
Source : Eurostat – EY, 2012.
•••
France à 74 milliards d’euros. Cette fois-ci, ce sont
onze secteurs qui ont été passés au crible : arts
graphiques et plastiques, cinéma, télévision,
musique, spectacle vivant, publicité, architecture,
jeux vidéo, livres, presse et radio. La culture foi­
sonne de secteurs dynamiques, modernes, créa­
teurs d’emplois et de croissance, avec nombre
d’acteurs économiques qui comptent et rayonnent
sur la planète Europe et au-delà.
L’atout diversité
En bas à droite :
le festival Sziget,
à Budapest, sur l’île
d’Óbuda, au bord
du Danube. Il est souvent
considéré comme
le Woodstock européen.
Évoquer la culture européenne, c’est convoquer
de multiples images, des spécificités artistiques
et historiques, des stars de légende, des œuvres
monumentales, des projets innovants. À lui seul,
le secteur de la musique concentre 1,2 million
d’emplois, dont la grande majorité – et c’est une
des grandes forces de l’Europe – ne sont pas délo­
calisables car intimement liés aux territoires sur
lesquels sont organisés concerts, festivals et spec­
tacles. « Les festivals de plein air sont des employeurs
importants, au niveau local. Une petite équipe travaille pour le Sziget tout au long de l’année, mais au
moment du festival, ce sont 9 000 personnes qui sont
employées ! », témoigne Károly Gerendai, fondateur
et directeur général du Sziget, un festival qui,
pendant une semaine en août, rassemble chaque
jour plus de 65 000 spectateurs venant de toute
l’Europe. En Grèce, berceau du théâtre occidental,
Yorgos Loukos organise chaque année le festival
Épidaure, à Athènes. « En plus des emplois directs
créés par l’événement, ce sont plusieurs centaines de
personnes qui, à chaque édition, travaillent pour le
festival. Sans compter les retombées touristiques, de
l’hôtellerie jusqu’à la vente de miel, d’huile d’olive ou
de confiture d’orange… » Les festivals et le spectacle
vivant en général jouent un rôle majeur dans
l’économie. Ils ne cessent de se diversifier, attirent
de plus en plus de monde et sont un élément clé
de l’attractivité des territoires.
Dans chacun des vingt-huit pays de l’Union euro­
péenne, la culture sous toutes ses formes contribue­
aussi à renforcer la cohésion sociale. Les collec­
tivités l’ont, d’ailleurs, bien compris et s’emparent
de la culture pour se forger une identité et déve­
lopper leur rayonnement. Christina, assistante
commerciale, réside à Linz, dans le nord de
l’Autriche, une ville qui fut Capitale européenne
de la culture en 2009 : « Notre ville a construit son
identité autour de l’innovation avec, notamment, un
grand musée du futur, des festivals de musique électronique ou des spectacles pyrotechniques. Pour sa
part, Salzbourg, la ville de Mozart, vit entièrement
autour de la musique classique et accueille régulièrement de grands artistes. »
Se forger une identité, mais aussi changer son
image : Bilbao, ville industrielle du Pays basque
espagnol en déclin, revit désormais grâce au
Musée Guggenheim, qui allie beauté architectu­
rale et richesse des collections d’art.
Une Europe connectée
Le dynamisme culturel tient aussi dans la capacité
de ces industries à s’adapter continuellement à leur
environnement. Malgré la crise économique et
sociale, elles ont su relever les défis du numérique,
des nouveaux supports et des nouveaux compor­
tements. L’étude démontre à quel point ces indus­
tries sont bel et bien des actrices à part entière de
l’écosystème numérique et de ses transformations.
Si les industries technologiques européennes ont
presque toutes fermé boutique, si nos tablettes ou
nos smartphones sont à présent inventés aux ÉtatsUnis et fabriqués en Asie, l’Europe reste l’un des
plus grands lieux créateurs de contenus et d’œuvres
protégés. Rédacteur d’une revue dédiée aux cultures
numériques, Klaus Gropper, un ancien responsable
35 %
des consommateurs en ligne
ont déjà acheté au moins
un livre sur Internet.
Financement
La copie privée, pilier de la diversité
Bercé par la saudade portugaise, absorbé par un
polar danois, hypnotisé par une peinture italienne,
subjugué par les lignes architecturales d’un im­
meuble en Toscane ou à Paris, électrisé par la
musique électro d’un club de Berlin ou Barcelone…
la culture européenne fait naître des émotions
diverses mais nous renvoie à un socle commun.
Les industries culturelles et créatives
sont une réponse à la crise : elles offrent
croissance, rayonnement, emplois,
attractivité, compétitivité et perspectives
à la jeunesse.
MAGSACEM # 91
À LA UNE 09
Si vingt-six pays sur les vingt-huit membres de l’Union européenne
l’ont adoptée, c’est bien que l’exception au droit d’auteur pour copie
privée a démontré sa pertinence et son efficacité. Créée en
Allemagne en 1965, cette exception offre la possibilité aux individus
de copier librement des œuvres acquises légalement, pour leur
usage personnel. En France, c’est la loi Lang de 1985 qui l’a instaurée.
Comme vingt-deux autres États de l’UE, la France prévoit une
compensation aux créateurs dont les œuvres sont dupliquées :
la rémunération pour copie privée. Prélevée sur le prix des supports
d’enregistrement et de stockage (tablettes, smartphones, disques
durs externes…), elle est une source de financement primordiale,
pour la création, et la garantie d’une inaltérable vitalité culturelle.
En France, cinq mille manifestations culturelles sont soutenues
chaque année. D’une grande modernité, le système de la copie privée
s’adapte à tous les usages et tous les supports, notamment
numériques. Il a, d’ailleurs, dépassé les seules frontières
européennes depuis longtemps, puisque ce sont aujourd’hui
cinquante-deux pays du monde entier (États-Unis, Canada, Japon,
Pérou, Équateur, Burkina Faso, Russie, Suisse…), qui ont un système
de rémunération pour copie privée opérationnel. Régulièrement
menacée de disparition par les fabricants et les importateurs
de matériel, la copie privée est l’un des piliers de la diversité
culturelle en Europe.
du salon musical Popkomm, à Berlin, en témoigne :
« L’un des débats qui dominent, aujourd’hui, l’actualité culturelle en Allemagne porte sur la façon dont
Amazon ruine la distribution classique du livre et lèse,
ainsi, les auteurs ». Débat d’autant plus vif que le
livre continue d’occuper une place de choix dans
la culture allemande.
Films, presse, livres, photos, documentaires, émis­
sions de télévision, podcasts, musique en ligne :
ce sont ces contenus qui forment la vraie richesse
de nos matériels. Sans création, sans contenu,
sans droits d’auteur, le smartphone ou la tablette
perdraient d’un coup leur valeur et leur attrait. Le
Panorama révèle ainsi que 70 % du temps moyen
passé sur une tablette sont consacrés à la consom­
mation de biens culturels. L’Europe est très
connectée ! 73 % de la population utilisent Internet
contre 61,8 % aux États-Unis. Aujourd’hui, 197 mil­
lions d’Européens possèdent un smartphone.
Radim, enseignant en République tchèque, le
confirme : « Chez nous, pas de problème pour se
connecter. Nous avons accès au réseau wifi dans les
cafés, les restaurants, les trains… À Prague, il suffit
de tapoter sur son smartphone pour acheter un ticket
en entrant dans le bus ! » Même constat pour Nata­
lia, jeune Polonaise, chargée de ressources hu­
maines à Cracovie : « Maintenant, je lis la presse
et je regarde les films sur mon ordinateur ! ». En
Suède, Cécile, une jeune Française familière de
ce pays, commente : « Même les écoles maternelles
sont gagnées par le numérique. Cela fait partie du
quotidien ! ». Le Panorama économique nous
apprend que la télévision et Internet sont les
deux médias les plus populaires, désormais au
même niveau : les Européens leur consacrent en
moyenne près de trente heures par semaine.
novembre 2014-janvier 2015
© IPG GUTENBERG UK/THINKSTOCK
ÉCHOS |
© BALAZS MOHAI/AP/SIPA
08
ÉCHOS |
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•••
« Nous avons, en plus, la possibilité d’interagir avec
nos émissions de télévision, via les réseaux sociaux »,
explique Lilia, 29 ans, responsable de communi­
cation à Porto. Le cross média s’est beaucoup
développé, enrichissant l’expérience du consom­
mateur, qui a la possibilité d’approfondir, via le
second écran, sa connaissance d’une émission de
télévision, par exemple, de participer à des jeux
en direct et même, parfois, d’intégrer une com­
munauté. Ces dix dernières années, les revenus
du numérique ont contribué au dynamisme du
secteur créatif : 30 milliards d’euros issus du
numérique entre 2001 et 2011. Si on prend le top
sept des biens et services achetés en ligne par les
Européens, deux sont des produits culturels : les
livres et les billets de spectacle (concerts, festivals,
théâtre…). Dans le secteur de la musique, le strea­
ming ne cesse de croître, notamment grâce au
succès des plateformes française et suédoise Dee­
zer et Spotify. Jonathan Forster, directeur de Spo­
tify, raconte : « Nous avons lancé Spotify en Suède,
en 2008. Aujourd’hui, nous sommes présents dans
presque tous les pays d’Europe et aux États-Unis.
Nous sommes convaincus que le streaming est l’avenir
de la musique. C’est un nouveau modèle d’écoute basé
sur l’instant et sur l’accès illimité à la musique. »
Des champions européens
À l’image de la réussite de Spotify, l’Europe dispose
d’un faisceau d’entreprises culturelles et créatives.
Reuters, Lagardère ou l’AFP pour la presse, Ende­
mol pour la télévision, Publicis pour la publicité,
Universal ou Europacorp pour le cinéma, Rovio
ou Ubisoft pour les jeux vidéo, Pearson et Hachette
pour l’édition et Sweco pour l’architecture sont
FLEUR PELLERIN
L’Europe compte
10 000
chaînes de télévision.
La télévision est le secteur
qui s’est le plus développé
pendant la crise.
10
7
Sur les
plus gros éditeurs
au monde,
sont européens.
autant d’entreprises culturelles européennes répu­
tées dans le monde entier… Mais en y regardant
de plus près, derrière ces beaux succès, les indus­
tries culturelles et créatives sont protéiformes et
recouvrent différents modèles économiques allant
de l’autoentrepreneur au grand groupe mondial,
en passant par les intermittents du spectacle, les
start-up ou les PME familiales. Des entreprises
parfois fragiles, qui s’appuient sur des politiques
publiques nécessaires à leur développement.
Garantie de la vitalité artistique des industries
culturelles et créatives, le cadre légal offert par les
institutions nationales et européennes est, en
effet, un précieux atout. 60 % des droits d’auteur
dans le monde sont collectés en Europe, au sein
desquels 80 % proviennent de la musique. Unique
rémunération des créateurs, le droit d’auteur est
primordial, pour ces métiers souvent précaires.
Ce n’est pas un hasard si les créateurs sont tou­
jours nombreux à se mobiliser pour défendre la
propriété intellectuelle et le modèle européen du
droit d’auteur lorsqu’il est menacé.
Si cette mosaïque culturelle est au fondement
même de la construction européenne, l’une de
ses plus grandes richesses et une opportunité
pour l’Europe, les responsables européens n’en
ont pas tous conscience. Le nouveau président de
la Commission européenne lui-même, JeanClaude Juncker, suggérait récemment de « briser
les barrières nationales en matière de réglementation
du droit d’auteur ». En cette période de crise, espé­
rons que cette étude détaillée permettra aux déci­
deurs européens d’ouvrir les yeux sur le rôle
central joué par les créateurs et la création pour
le dynamisme de notre continent.
•
> ZOOM
La culture attire les jeunes !
Développer des jeux vidéo, animer une communauté
de fans, inventer un concept de publicité, gérer
la lumière d’une scène de spectacle… les industries
culturelles et créatives offrent une belle palette
de métiers. Très divers, qualifiés ou non, ces emplois
ont en commun un environnement attrayant. C’est une
des raisons qui expliquent sans doute la forte
proportion de jeunes travaillant dans la culture en
Europe : 19,1 % des employés ont moins de 30 ans.
C’est dans les pays d’Europe centrale que ce
pourcentage est le plus élevé. Michel Lambot,
MAGSACEM # 91
GRAND ENTRETIEN 11
fondateur et créateur du label Pias, le reconnaît :
« Il y a très peu d’écoles qui préparent à une carrière
dans la musique. Notre industrie forme elle-même ses
compétences. Les jeunes sont très nombreux à vouloir
travailler chez nous, et ils sont plus nombreux ici que
dans d’autres industries en France ». Même constat
pour Henrique Mota, PDG des Éditions Principia
et vice-président de la Fédération européenne
des éditeurs : « Nous embauchons de plus en plus
de jeunes depuis que nos maisons d’édition sont
entrées de plain-pied dans l’ère du digital. »
« La diversité de la création musicale
dans les médias est une priorité. »
Droits d’auteur, copie privée, lutte contre le piratage, diversité musicale dans les médias…
Peu après sa prise de fonction, Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communication
du Gouvernement Valls 2, a accepté de répondre à la rédaction du Magsacem.
Cela fait presque deux
ans que la Commission
copie privée ne s’est pas
réunie depuis la
démission de la plupart
des membres du collège
importateurs. Comment
comptez-vous réactiver
cette Commission ?
Dès mon arrivée, je me suis
saisie de la question de la
Commission copie privée
et j’ai engagé, avec mes
collaborateurs, un dialogue
constructif avec les
différentes parties prenantes,
afin de sortir au plus vite de
cette situation de blocage.
L’important est que le travail
de la Commission reprenne
en répondant au mieux aux
attentes de chacun dans
une démarche de dialogue
responsable.
Vous avez obtenu du
Premier ministre une
sanctuarisation du
budget du ministère.
Cependant, on annonce
une baisse sensible
du budget de la Hadopi.
Qu’en est-il
exactement ?
Comme nous avons eu
l’occasion de l’expliquer lors
de la présentation de la loi de
finances pour 2015, la Hadopi
disposera d’une dotation
reconduite par rapport à celle
qui lui avait été allouée pour
2014, ce qui doit lui permettre
de couvrir ses missions.
Le Premier ministre a rappelé
la nécessité de la défense du
au plan interministériel,
de sorte qu’un premier projet
de texte devrait être écrit
pour le printemps prochain.
Le travail de concertation
a, notamment, débuté avec
la Sacem.
droit d’auteur et de la réponse
graduée, mais aussi qu’il
fallait également mieux lutter
contre les sites qui proposent
massivement des œuvres,
en violation du droit d’auteur.
Le rapport de Mireille ImbertQuaretta fournit, à ce titre, un
certain nombre d’outils dont
nous sommes en train
d’examiner les moyens de
mise en œuvre, ainsi que la
manière de mieux coordonner
les actions des services
de l’État qui ont à traiter
de ces sujets de défense
des droits.
L’un des chantiers
importants du ministère
consistera à transposer
la directive sur la gestion
collective. Quelles
seront les grandes lignes
qui gouverneront cette
transposition ?
Quel rôle, selon vous,
doit jouer la gestion
collective dans
les années à venir ?
Cette transposition, que la
directive impose d’achever
avant le printemps 2016,
appelle l’adoption de
nombreuses dispositions
législatives, dont les services
du ministère de la Culture et
de la Communication mettent
en place la concertation avec
les principaux acteurs
concernés. Ils feront ensuite
valider le fruit de ce travail
novembre 2014-janvier 2015
Un dossier auquel
est attachée la filière
musicale : l’absence de
diversité musicale à la
radio et, d’une manière
générale, la mauvaise
exposition d’émissions
dédiées à la musique
à la télévision.
Que comptez-vous
faire pour pallier
ces carences ?
Favoriser la diffusion de
la richesse et de la diversité
de la création musicale dans
les médias est une priorité.
Éviter une trop forte
concentration des titres
diffusés en radio permettrait
au public de découvrir
plus d’artistes, tout comme
favoriser la diffusion
de concerts et, plus
généralement, de musique
sur les antennes de France
Télévisions. Des propositions
ont été faites en ce sens
par Jean-Marc Bordes
dans son rapport consacré
à l’exposition de la musique
dans les médias.
Il faut maintenant passer
à la phase de concertation
et c’est ce à quoi travaillent
les services de mon
ministère avec les différents
acteurs.
•
© NICOLAS REITZAUM
10
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DÉCRYPTAGE 13
Éditeurs
Préproduction : un programme
sous le sceau de l’ambition
Le programme d’aide à la préproduction fait peau neuve : il s’ouvre en grand !
Afin d’accompagner les évolutions du métier d’éditeur, et servir au mieux l’ensemble de ses
sociétaires, la Sacem a largement renforcé ce programme. Détails et explications.
« L’
aide à la préproduction en
direction des
éditeurs est
primordiale, pour la Sacem. Sa nouvelle version était attendue par nos
5 600 éditeurs membres », indique
Lilian Goldstein, responsable des
musiques actuelles et du jazz à la
direction de l’action culturelle de
la Sacem, à propos des nouvelles
dispositions du programme. Créé
il y a cinq ans, il a été entièrement
refondu cet été : des critères assouplis et élargis, un large éventail
de dépenses éligibles, des bénéficiaires potentiels plus nombreux,
mais aussi une enveloppe multipliée par quatre, passant de
300 000 à 1,2 million d’euros.
Ouvert à tous
Désormais, tous les éditeurs
membres de la Sacem, quel que
soit leur statut (adhérent, professionnel ou définitif), peuvent solliciter ce programme pour des
projets concernant des développements pour tous les auteurscompositeurs membres de la
Sacem (tous statuts confondus :
adhérent, professionnel et définitif). Et ce, qu’il s’agisse du répertoire des musiques actuelles,
du jazz de création ou de celui
des musiques contemporaines.
Pour Caroline Molko, présidente
de Warner Chappell et membre
du Conseil d’administration de la
Sacem, « c’est la réponse logique
à la volonté de mieux soutenir les
éditeurs, quelles que soient leur
MAGSACEM # 91
taille et l’esthétique qu’ils travaillent. Ils sont les premiers partenaires des auteurs et compositeurs. C’est donc un moyen, pour
la Sacem, d’aider l’ensemble de
ses sociétaires ».
Autre nouveauté, et non des
moindres, le nombre de projets
présentables chaque année n’est
plus limité. Là aussi, c’est un
moyen, pour la Sacem, de soutenir le plus grand nombre de projets possibles, les éditeurs étant,
dans l’écosystème musical, les
oubliés des guichets d’aide. « Ouvrir
à tous les éditeurs va donner accès
à nombre de jeunes structures qui
font véritablement du développement à une aide dédiée. Il existe très
peu d’aides pour les éditeurs », explique Julien Banes, cogérant des
Éditions Levallois et d’Upton Park.
Accompagner les éditeurs
Le métier d’éditeur est multiple.
Assumer par tous les moyens
l’exploitation et la diffusion permanente et suivi d’une œuvre
auprès du public et de la filière
professionnelle est un travail qui
nécessite, au quotidien, créativité,
réactivité ainsi qu’une forte capacité d’adaptation. S’il s’agit depuis
toujours de mettre en place les
conditions propices à la création,
rechercher des partenaires,
conseiller et orienter, est aussi un
métier en perpétuelle évolution :
« Dans une industrie en mutation,
l’éditeur prend des risques artistiques et financiers importants.
C’est pour cela que ce programme
existe. Quand il n’y a pas de label
phonographique ni de producteur
scénique derrière l’artiste en développement, c’est très souvent
l’éditeur qui prend le risque de
faire la promotion au sein de la filière professionnelle afin d’assurer
une diffusion auprès du public. Il
se retrouve au centre du 360° »,
détaille ainsi Lilian Goldstein.
Dépenses éligibles
Pour être au plus proche des besoins des professionnels, le programme couvre un large éventail
de dépenses éligibles. Deux orientations sont proposées : premièrement, le développement d’auteurs
et/ou compositeurs au travers de
la création de répertoires nouveaux ; deuxièmement, la valorisation et le rayonnement d’œuvres
du répertoire de la Sacem par le
biais des opérations événemen-
Des critères assouplis
et élargis, un large éventail
de dépenses éligibles,
des bénéficiaires potentiels
plus nombreux
et une enveloppe passée
de 300 000 à 1,2 million
d’euros. tielles et à caractère ponctuel
(anniversaires, anthologies, célébrations…). Comme l’explique
Jean-Marie Salhani, éditeur historique de jazz, président des Éditions Le Sphinx et secrétaire adjoint
au sein du Conseil d’administration
de la Sacem : « Si les dépenses éligibles sont très larges, offrant ainsi
de nombreuses possibilités aux éditeurs pour investir et soutenir les
auteurs-compositeurs, c’est pour
une raison simple : cela recouvre la
réalité de notre profession. C’est la
force de ce programme ».
Pour le volet développement, cinq
grands axes ont été définis : l’aide à
l’écriture (achat de matériel) et à
la maquette phonographique, la
production de contenus audiovisuels (sites Web, clips, dossiers
de presse électroniques…), la formation et la professionnalisation
(formations professionnelles, masterclasses, coa­ching…), la mise en
réseau professionnel et la promotion (stages d’écriture, attachés
de presse…) et enfin les show-
La pianiste
Raphaële Atlan
a été soutenue
par la Sacem.
cases et le développement scénique.
Répondre aux exigences des professionnels, c’est aussi être le
plus réactif possible. Le programme est donc ouvert tout au
long de l’année et le délai de traitement des demandes est de
deux mois à compter de l’accusé
de réception du dossier. « Les services de l’action culturelle de la
Sacem ont démontré leur capacité
à répondre très vite aux demandes,
selon une temporalité qui correspond à la réalité et aux besoins
des éditeurs », souligne JeanMarie­Salhani­. Pour faciliter encore plus le travail des éditeurs,
tout le processus se fait en ligne,
via une interface très intuitive, ce
qui fait réellement gagner du
temps aux professionnels.
Créer une dynamique
L’aide au développement va de
2 500 à 10 000 euros maximum,
dans la limite de 50 % du budget
total du projet.
Pour Myriam Kanou, présidente
novembre 2014-janvier 2015
des Éditions Jules, ce programme
offre un axe professionnalisant.
Les auteurs et compositeurs
peuvent bénéficier de coaching,
de masterclasses, de stages d’écriture… Pour exemple, Myriam­Kanou a sollicité un accompagnement de coaching scène pour le
groupe Orfaz. « Ce sont des producteurs de son, plus habitués à
être en studio que sur scène. Travailler leur jeu de scène et leur
scénographie va leur faire passer
un cap dans leur carrière », explique-t-elle. Jean-Marie Salhani
a, quant à lui, sollicité le volet promotion de ce programme pour le
saxophoniste Stéphane Guillaume, dont l’album paraît sur le
label Gemini Records­en novembre 2014, et pour la pianiste
Raphaële Atlan. Cette aide lui a
permis d’obtenir les services
d’une attachée de presse et de
pouvoir se développer sur le plan
national et international.
•••
© MARC RIBES
12
DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA
ÉCHOS 15
•••
RÉCOMPENSE
Marc Marder,
Prix France Musique-Sacem
Pour Julien Banes, cette refonte du
programme pourra créer une dynamique « en permettant à des éditeurs
qui faisaient jusqu’alors plus de la
gestion de catalogue de pouvoir investir dans le développement de
nouveaux auteurs-compositeurs ».
Valorisation et rayonnement
du répertoire
Le volet dédié à la valorisation et au
rayonnement d’œuvres du répertoire
de la Sacem par le biais d’opérations événementielles (impliquant,
par exemple, spectacle vivant et/ou
CD, livre, programme audiovisuel…)
et à caractère ponctuel (anniversaire,
anthologie, célébration…) n’est pas
en reste. Ces projets étant généralement plus coûteux, le plafond de
l’aide accordée est de 20 000 euros,
dans la limite de 50 % du budget total du projet.
Le groupe Orfaz
a sollicité un
accompagnement
de coaching
scénique.
par l’Orchestre­Philharmonique de
Radio­France, à la Salle Pleyel. Le
concert sera retransmis sur Arte et
France Musique. Pour Jean-Paul
Secher, « l’ouverture de ce programme tombe à pic. Cela représente quelque chose de formidable,
surtout pour de petites structures
comme la mienne. Cette création a
demandé un travail éditorial colossal,
avec des coûts très importants. Cela
fait longtemps qu’il n’y a pas eu, en
France, de projet d’une telle ampleur
en musique contemporaine. Il serait
très difficile, pour une structure
comme la mienne, de financer cela
sans cette aide, compte tenu de l’investissement nécessaire ».
Évolution permanente
Jusqu’à maintenant, le programme d’aide à la préproduc-
Le compositeur Marc Marder a reçu le 8e Prix France Musique-Sacem
de la musique de film pour la bande originale du film L’image manquante,
de Rithy Panh. Remis lors d’une soirée à la salle Pleyel, le 10 octobre
dernier, ce prix récompense une œuvre sélectionnée parmi des films sortis
l’année précédente, toutes esthétiques confondues. Le lauréat Marc
Marder a reçu une commande de Radio France pour une œuvre originale,
qui sera créée et interprétée
par l’Orchestre
Philharmonique de
Radio France. Originaire de
New York, Marc Marder a
notamment composé
la musique de Sidewalk
Stories, film muet de Charles
Lane, qui avait gagné, en
1989, le Deutscher
Schallplattenpreis,
l’équivalent allemand des
Victoires de la musique.
tion soutenait entre trente et quarante projets par an. Un volume qui
devrait être beaucoup plus conséquent, à l’avenir. « Il est évident que
nous aurons, désormais, beaucoup
plus de demandes. Il est difficile
d’évaluer en amont, mais nous devrions être sur un volume de plus de
trois cents projets aidés par an »,
estime Lilian Goldstein. En un mois,
fin septembre, plus de soixante
demandes étaient déjà parvenues.
Un bilan de ce programme sera
réalisé dans un an, pour envisager
les futures évolutions. Pour Caroline
Molko, l’ambition est claire : « Il faut
que ce programme rencontre un
grand succès, que les éditeurs
l’utilisent au maximum pour démontrer son utilité pour la profession, et qu’il soit, à l’avenir, encore
amélioré et augmenté. »
•
HOMMAGE
Ils nous ont quittés
•
> FOCUS
Demandez le programme !
De nouvelles dispositions qui ravissent Jean-Paul Secher, fondateur des Éditions Musicales
Artchipel­, qui bénéficie de l’ouverture à la musique contemporaine.
Il a pu, pour la première fois, solliciter le programme pour un projet
autour du compositeur Philippe
Schœller : une partition de 2 h 45
pour accompagner le film restauré
J’accuse, d’Abel Gance, dans le
cadre des commémorations de la
guerre 14-18, jouée le 8 novembre
MAGSACEM # 91
Le programme d’aide à la préproduction
vise à soutenir tous les éditeurs
membres de la Sacem pour le monde,
quel que soit leur statut et toutes
esthétiques confondues, selon deux
axes :
• le développement d’auteurs et/ou
compositeurs membres de la Sacem
pour le monde et la création
de nouveaux répertoires ;
• la valorisation et le rayonnement
d’œuvres du répertoire de la Sacem
au travers d’opérations
événementielles (impliquant, par
exemple, spectacle vivant et/ou CD,
livre, programme audiovisuel…)
et à caractère ponctuel (anniversaire,
anthologie, célébration…).
L’éventail des dépenses éligibles est
large. Le programme est ouvert tout au
long de l’année et le délai de traitement
est de deux mois.
Seules restrictions, les éditeurs
associés à un groupe de télédiffuseurs
ne sont pas éligibles. Et, en cas de
coédition, l’aide ne peut être attribuée
qu’à un seul des coéditeurs.
\ RETROUVEZ TOUTES CES INFORMATIONS
SUR SACEM.FR > ACTIONS CULTURELLES
> SOCIÉTAIRES > PRÉ-PRODUCTION
Les coups de cœur de…
Philippe Ochem,
directeur de Jazzdor, Smac Jazz
à Strasbourg.
Album
Tower-Bridge
Marc Ducret
Ayler records
Marc Ducret, inspiré par le jeu permanent de
miroirs du « Ada » de Vladimir Nabokov,
distille ici une musique complexe mais fluide
et toujours passionnante. Sommet des
précédents opus « Tower » 1, 2, 3 et 4
puisqu’il rassemble les douze musiciens des
différentes formules, Tower-Bridge est le
projet le plus excitant que j’aie entendu ces
dernières années : un monument du jazz
d’aujourd’hui !
Concert
Hervé Cristiani, Antoine Duhamel, Lorin Maazel, Nicolas Skorsky, Pierre
Vassiliu, Jacques Wolfsohn… La Société des auteurs, compositeurs et
éditeurs de musique rend hommage à ses sociétaires disparus au cours
de ces derniers mois.
Créateur de la célèbre chanson Il est libre, Max, Hervé Cristiani avait
les talents d’un poète, mêlés à la passion de celles et ceux qui font
de la musique l’histoire d’une vie.
Musicien pluriel, compositeur prolifique, Antoine Duhamel a écrit et
composé pour une diversité d’esthétiques musicales. Nouant de belles
complicités artistiques avec des réalisateurs de renom, il a signé
de nombreuses partitions pour le septième art.
Lorin Maazel a offert son talent, sa virtuosité, son raffinement et sa
technicité aux plus grands orchestres du monde. Tel un magicien des sons,
il a marqué à jamais la création contemporaine.
Auteur et cocompositeur de Chanson populaire, interprétée par
Claude François, Nicolas Skorsky était un parolier de talent et un pionnier
du disco.
Adaptateur et interprète de la célèbre chanson Qui c’est, celui-là,
Pierre Vassiliu était l’auteur-compositeur de plus de cent soixante-dix
œuvres aux multiples influences et un grand voyageur.
Découvreur de talents, Jacques Wolfsohn est l’homme sans qui Johnny
Hallyday n’aurait peut-être jamais été remarqué. Il a, ainsi, lancé la carrière
de nombreux talents de la chanson française.
La Sacem honore la mémoire de ces grands hommes, dont les noms
resteront à jamais liés à la création musicale.
•
\ RETROUVEZ TOUS LES HOMMAGES RENDUS PAR LA SACEM À SES SOCIÉTAIRES : SACEM.FR
> LA SACEM > ESPACE PRESSE > COMMUNIQUÉS.
novembre 2014-janvier 2015
Can you hear me
Tentet, de Joëlle Léandre
Créé le 30 septembre au festival Musica
dans le cadre de la saison de Jazzdor.
Joëlle Léandre passe de l’écrit à l’improvisé
avec fluidité au point qu’il est difficile, parfois,
de discerner l’un de l’autre. Ce programme,
conçu comme une suite, touche par son
engagement, son refus d’appartenir à une
catégorie plutôt qu’à une autre ou plutôt son
vœu d’appartenir à toutes. Musique savante
et populaire à la fois au bon sens du terme,
elle réconcilie tous les publics aux lisières de
la musique dite « contemporaine » et du jazz.
Découverte
Carrousel
Théo Ceccaldi Trio
Ayler records
Trio à cordes atypique rassemblant violon,
violoncelle et guitare électrique, ce jeune
groupe déjà passionnant se fait entendre un
peu partout. Lauréat du dispositif
Jazzmigration, porté par AJC (Association
Jazzé Croisé), le trio joue une musique
intense et véloce, originale et risquée :
vivante !
WWW.JAZZDOR.COM
© DR
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© LOBSTER FILM – DR
14
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PORTRAIT 17
Bio
1987
Première rencontre
avec Marcel Landowski,
Montségur, à l’Opéra de Paris.
1997
Supernova,
par l’Orchestre national
de Montpellier.
2009
Cosmic Trilogy,
dirigé par
Stéphane Denève.
2014
Sortie de l’album Lucifer,
chez Deutsche Grammophon,
avec le soutien de MFA.
GUILLAUME CONNESSON
LA QUÊTE ÉPERDUE D’UN IDÉAL
Guillaume Connesson compte aujourd’hui au nombre des compositeurs français majeurs de la scène
internationale. Il a élaboré, en deux décennies, un catalogue d’une singulière diversité : œuvres orchestrales, partitions pour chœur, pièces vocales, musique de chambre…
« J’AI BESOIN
DE LA MÉLODIE,
DE LA SENSUALITÉ
HARMONIQUE,
SANS LESQUELS
MON RAPPORT
À LA MUSIQUE
ME PARAÎT VIDE ET
INSATISFAISANT. »
MAGSACEM # 91
L
a première rencontre avec son
art est restée vive dans notre
esprit : invité par le festival
Ciné-Mémoire­, il avait composé
en 1995, pour Les rapaces, le
chef-d’œuvre muet d’Erich von Stroheim­,
une partition de deux heures et demie !
Un défi que ce créateur de 25 ans avait
relevé avec un sens aigu de la dramatur­
gie cinématographique. Révélation d’un
ton, d’un style, marqué par l’élégance so­
nore et la finesse de combinaisons ins­
trumentales bien sonnantes.
Cette maîtrise précoce reposait sur une
formation musicale complète : Guillaume
Connesson a étudié le piano, l’histoire de
la musique, l’analyse, la direction de
chœur, la direction d’orchestre (avec
Dominique­Rouits), l’orchestration (avec
Alain Louvier), mais aussi la composition
auprès de Marcel Landowski, auquel il
rendit un hommage subtil dans les co­
lonnes du mensuel Diapason. Aujourd’hui
professeur d’orchestration au Conserva­
toire national de région d’Aubervilliers,
Guillaume Connesson est un composi­
teur prolifique et épanoui, éloigné de
l’image du créateur isolé composant pour
un futur incertain : « J’écris exclusivement
sur commande. C’est une sécurité et un privilège, d’autant que je suis aujourd’hui en mesure de choisir ce que j’ai envie de faire. Si
contrainte il y a, elle naît des délais, non du
mode propre de la commande ». La Sacem a
reconnu cette maturité de la quarantaine
en lui décernant son Grand prix de la mu­
sique symphonique dès 2011.
Guillaume Connesson a pris part aux
débats esthétiques qui ont agité le
monde musical contemporain français
– et continuent de le faire… – depuis
plus de cinquante ans. Ils opposent les
tenants d’une orthodoxie moderniste ato­
nale en rupture avec le passé (une tabula
rasa radicale générée dans bien des
champs de l’art – arts plastiques, littéra­
ture, théâtre, cinéma… – par la catas­
trophe de la Seconde Guerre mondiale) à
ceux qui prétendent s’inscrire à leur ma­
nière, et dans leur temps, dans une conti­
nuité historique. Notre compositeur se
reconnaît dans les seconds, selon une
perspective infiniment moins simpliste
que celle que prétendent dénoncer leurs
détracteurs : « J’ai beaucoup étudié les musiques d’avant-garde, et nombre d’entre elles
m’ont, d’une certaine façon, passionné.
Mais je n’ai jamais senti que je pouvais m’y
exprimer de façon satisfaisante. J’ai besoin
de la mélodie, de la sensualité harmonique,
sans lesquels mon rapport à la musique me
paraît vide et insatisfaisant. Cela n’a rien à
voir avec une volonté banale de plaire. Je
crois simplement avoir su très vite ce que je
voulais faire, et aussi ne pas faire : je n’avais
simplement pas envie de passer ma vie à
composer de la musique atonale ». Si la ba­
taille est gagnée, à ses yeux, côté inter­
prètes, elle ne l’est pas côté institution et
festivals « contemporains » de référence.
Des références : Debussy, Ravel,
John Adams…
Guillaume Connesson confesse naturel­
lement des admirations, des modèles,
des références : Debussy, Ravel (« L’En­
fant et les sortilèges est un chef-d’œuvre
total, de la première à la dernière note »),
Prokofiev, Chostakovitch, plus près de
nous Jean-Louis Florentz, John Adams et
les minimalistes américains, voire EsaPekka Salonen, chef d’orchestre compo­
novembre 2014-janvier 2015
siteur avec lequel il partage un goût pro­
noncé pour l’écriture orchestrale :
« L’orchestre est sans aucune discussion mon
instrument préféré, depuis l’enfance. Il exige
science et intuition, et j’aime l’explorer selon
des formes libres, parfois narratives ». On
touche là un autre point important, déce­
lable dans son sens inné des titres et
images (comme avec Supernova, Technoparade, Jurassic Trip, que l’on mémorise
d’emblée) : « Je m’inspire volontiers des
autres formes d’art, sans jamais tenter la
transposition linéaire d’un art à un autre. Le
ressenti face à un texte, une peinture, une
sculpture, une photographie, suscite souvent
très vite en moi un univers sonore qui obéit à
ses règles propres ».
Un nouveau défi
Un compositeur a besoin d’excitation et
de nouveauté, « parce qu’il est toujours en
quête de lui-même au sein de son langage, à
la recherche de l’œuvre idéale qu’il pressent,
et dont, bien sûr, il n’accouche jamais ». Voilà
pourquoi Guillaume Connesson compte
se tourner, à l’avenir, vers l’opéra, tant
chant et théâtre sont pour lui des pas­
sions anciennes : le rideau se lèvera en
novembre 2016, à Bordeaux,­sur un opé­
ra-bouffe écrit sur un livret original
d’Olivier Bleys. Une commande de
Thierry Fouquet, le directeur du Grand
Théâtre, et un nouveau défi : « Celui de la
vivacité, de la légèreté, de la drôlerie, si peu
traitées dans l’opéra contemporain actuel.
Qui soulèvent la question si complexe de
l’inspiration et de l’identification mélodiques. C’est l’alpha et l’oméga de la musique, l’élément via lequel elle communique
le plus fortement ». N’est-ce pas là une
authentique profession de foi ?
•
© MARIE-SOPHIE LETURCQ
16
MUSIQUE STORY | RENCONTRE | COULISSES | AGENDA
RENCONTRE 19
Téo Saavedra, homme libre d’un festival
sans frontières
Rain and Tears
« On m’a enfermé
dans un bureau… »
Depuis près de quinze ans
Téo Saavedra préside aux
destinées du festival Les Nuits
du Sud. L’aboutissement d’un
parcours mouvementé qui
l’a conduit des prisons de la
dictature chilienne à un exil en
France, désormais sa seconde
patrie. Portrait d’un
passionné… de musique
et de vie.
En mai 1968, un petit orchestre grec enregistre à Paris la chanson Rain and Tears, qui mêle musique
classique et romance pop. Le tube des Aphrodite’s Child va submerger la planète. Boris Bergman,
l’auteur des paroles, se souvient : ni pluie, ni larmes, que du bonheur…
lumière du métro aérien, on aurait
dit un tableau de Hopper. Je ne
saurai jamais si elle était émue ou
triste, si c’était une lettre d’amour
ou de rupture, mais cette image m’a
inspiré le texte. Elle a d’ailleurs ressurgi douze ans plus tard, lorsque
j’écrivais Gaby pour Bashung.
Magsacem : Vous, auteur
français, comment avez-vous
été amené à travailler pour
un groupe grec comme
les Aphrodite’s Child ?
Boris Bergman : Un jour d’avril
1968, Frédéric Leibovitz, qui dirigeait Jenner Music, le département
éditorial des disques Philips, m’appelle en me disant : « Tu es bien
anglophone ? Alors passe demain
matin à mon bureau ». J’ignorais tout
du groupe, et je ne savais pas
vraiment­à quoi m’attendre.
La légende prétend que c’est
en raison des grèves de
mai 1968 que le groupe est
resté bloqué à Paris…
Ce n’est pas tout à fait exact. Nous
n’étions qu’en avril, et les musiciens
attendaient un visa pour l’Angleterre. Le marché commun n’existait
pas encore et il était difficile d’obtenir un permis de travail.
MAGSACEM # 91
Comment s’est déroulée
l’écriture de la chanson ?
J’ai débarqué dans les bureaux de
la rue Jenner, dans le 13e arrondissement. On m’a présenté à Vangelis, le compositeur du groupe, qui
m’a joué le thème au piano. Comme
chacun sait, la mélodie était inspirée
du Canon de Pachelbel. Puis, on m’a
enfermé dans un minuscule bureau,
une sorte de placard aux fenêtres
opaques, en me disant : « tu ne sortiras de là que lorsque tu auras terminé… » Comme je suis claustrophobe, j’ai écrit mon texte à toute
allure. Ensuite, je l’ai glissé sous la
porte et on ne m’a libéré qu’après
avoir vérifié que ça convenait.
Comment l’idée du thème
vous est-elle venue ?
En arrivant, dans le métro, j’avais
remarqué une très jolie femme qui
était en train de lire une lettre, avec
une larme au coin de l’œil. Dans la
1 648
œuvres. C’est
le répertoire de
Boris Bergman
à la Sacem
(arrangements
et adaptations
compris).
4
1
reprises
de Rain and Tears
en Europe 1.
version
dance sous le titre
Tears of love,
enregistrée par
Demis Roussos
et la chanteuse
italienne Spagna
dans les années
2000.
« M
a double culture
est une richesse… »
S’il a gardé de
ses origines chi­
liennes un accent
qui fleure bon le soleil d’Amérique latine,
Téo Saavedra manie aussi bien la
langue française que la guitare acous­
tique. Dans les geôles de Pinochet, c’est
lui qui saluait en chanson le départ de
ses camarades prisonniers. Aujourd’hui,
il lui arrive de se produire sur la scène
du festival qu’il a lui-même créé à
Vence, dans les Alpes-Maritimes. Un
événement festif et musical qui a fêté sa
quatorzième édition l’été dernier, avec
quarante mille spectateurs pour trentecinq concerts, et dont les maîtres mots
sont partage, convivialité et qualité.
Ce festival pas vraiment comme les
autres, réunit toutes les musiques du
monde, africaines, latines, européennes
ou américaines, avec le seul souci de faire
découvrir à un public toujours croissant
des artistes de tous rythmes et de tous les
continents. Rubén Blades, le Buena Vista
Social Club, Kassav, Johnny Clegg, Nile
Rodgers ou Bernard Lavilliers se sont
ainsi succédé, au fil du temps, sur la
scène dressée au milieu de la place du
Grand Jardin de Vence.
Le disque a été réalisé l’aprèsmidi même…
Nous avons enregistré dans les
studios Blanqui, qui étaient en cours
de rénovation. Il fallait escalader les
gravats et avant d’enregistrer, on
demandait aux ouvriers d’arrêter les
marteaux-piqueurs. Il n’y avait que
Vangelis derrière ses claviers, le batteur Lucas Sideras et Demis Roussos, au chant et à la basse. Les
grèves de mai commençaient et finalement, le disque a été lancé avec
les pavés : il est sorti le 13 mai 1968.
Qu’est-ce que ce succès vous
a apporté ?
J’étais débutant, je travaillais peu,
pour des artistes pas très connus.
La chanson a été un tube international, jusqu’en Chine. Six mois
après, on a commencé à me demander des textes. Mais c’est beaucoup plus tard que j’ai réalisé la
chance que j’avais eue. Rain and
Tears est devenu un standard qui a
passé le temps et qui continue de
générer des droits. Je ne serais pas
là, aujourd’hui, si je n’avais pas fait
cette chanson.
•
Regenzeit traenenleid (Allemagne),
Lacrime e pioggia (Italie),
Lluvia y lagrimas (Espagne)
et Rakkaus kaunistaa (Pays-Bas).
1
Du Chili à Vence…
Avant d’en arriver là, Téo Saavedra a
vécu bien d’autres aventures. Né dans
l’extrême nord du Chili, au pied de la
Cordillère des Andes, fils de mineur et
« Je m’intéresse aux musiciens qui
ont permis à la musique d’évoluer. »
Téo Saavedra
militant révolutionnaire, il a assisté au
coup d’État qui renversa le président
Allende et transforma son pays en dic­
tature militaire, en 1973. Arrêté, tortu­
ré et emprisonné, Téo ne sera libéré
qu’après trois années passées dans les
camps de concentration de la junte.
Exilé en France en 1977, il exercera tous
les métiers, chauffeur, livreur, magasi­
nier, ouvrier du bâtiment, avant de dé­
couvrir la ville de Vence grâce à son
épouse. Un soir où il faisait la fête avec
des amis musiciens, le maire en per­
sonne lui proposa d’organiser une ma­
nifestation musicale, officielle, cette
fois. Les Nuits du Sud étaient nées. Un
festival éclectique et universel.
« Je n’aime pas le concept de “world music”,
se défend pourtant Téo. Ça ne correspond
novembre 2014-janvier 2015
à rien, ni musicalement, ni so­
cio­
lo­
g i­
quement ; c’est une vision du centre vers la
périphérie, créée par des musiciens européens. Notre travail, c’est de faire découvrir
des artistes au public, pas de faire du marketing, même si on a besoin de têtes d’affiche. Je m’intéresse aux musiciens qui ont
permis à la musique d’évoluer. »
Avec un budget modeste, quasiment
bouclé grâce à une billetterie bon mar­
ché, les Nuits du Sud connaissent un
succès croissant. Ce qui ravit Téo, l’exi­
lé en terre de France devenu écrivain (il
a publié Les évadés de Santiago et pré­
pare un autre ouvrage) et Chevalier des
arts et des lettres, mais ne lui fait pas
perdre la tête : « Garder les pieds sur
terre, rester lucide, c’est ce que j’ai essayé
de faire toute ma vie. »
•
© ACHOUR ABBÈS
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© MERCURY RECORDS
18
ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE |
COULISSES | AGENDA
COULISSES 21
Humour. Le Montreux Comedy Festival a 25 ans. Du 4 au 8 décembre, stars et jeunes talents
du rire se donnent rendez-vous au bord du lac Léman. Toujours en phase avec son époque, le
sanctuaire de l’humour francophone joue plus que jamais la carte de la découverte, de l’innovation
numérique et de l’ouverture au monde.
Entre
120 150
et
artistes invités.
11 000
spectateurs attendus.
40 millions de vues sur Internet.
Montreux, capitale européenne
du rire
— D’une saison à l’autre, Montreux passe
du rire au jazz, de l’ombre à la lumière.
Lovée contre les rives alanguies du lac
Léman, l’élégante station balnéaire suisse
tire son épingle du jeu en conviant chaque
année la crème des musiques actuelles
et de l’humour. Cet été encore, le my­
thique Montreux Jazz Festival célébrait
de concert Herbie Hancock, Stevie
Wonder­, Massive Attack, Pharrell Williams
et Agnès Obel. Cinq mois plus tard, chan­
gement de registre, mais même volonté
d’éclectisme. L’ambitieux Montreux
Comedy Festival soufflera ses vingt-cinq
bougies en grande pompe début dé­
cembre. À l’affiche ? Des grosses poin­
tures (Laurent Gerra, Anne Roumanoff,
Stéphane Guillon et Pascal Légitimus),
quelques valeurs sûres (François-Xavier
Demaison, Jean-Luc Lemoine et Jérémy
Ferrari), une pluie d’étoiles (Nawell
Madani­, Baptiste Lecaplain et Olivier De
Benoist) et de jeunes pousses (Constance,
Bun Hay Mean et Artus). Comme autant
de miroirs de nos sociétés modernes.
MAGSACEM # 91
Retour vers le futur
— « Je voulais que cette édition soit le point
de départ des vingt-cinq prochaines années
plutôt qu’une rétrospective des vingt-cinq
dernières. Elle mettra l’humour à l’honneur
sous toutes ses formes », promet son pré­
sident, Grégoire Furrer. « Les artistes d’aujourd’hui s’expriment à la fois sur scène, sur
le Web, à la télévision ou au cinéma. Ils ne
sont plus attachés à un seul support, mais à
un contenu déclinable à l’infini. » En marge
des trois grands galas télévisés à l’Audi­
torium Stravinski, plus de soixante-dix
comiques émergents se produiront au
Comedy Club. « Dénicher des talents que
personne ne connaît est inscrit dans l’ADN
du festival depuis sa création. Anthony Kavanagh, Shirley et Dino ou Jonathan Lambert
ont été découverts ici. Éric et Ramzy y ont
fait leur première grande scène, tout comme
Laurent Ruquier… » Innovante et défri­
cheuse, l’édition 2014 prend l’allure d’une
bouillonnante pépinière d’artistes. Au
programme : un best of des vidéos co­
miques qui ont « buzzé » sur le Net en
2014 (le Montreux Comedy @You), une
scène ouverte à toutes les générations (le
Lab by Montreux), ainsi qu’un grand
concours international de jeunes talents
sur le Web (le Montreux Comedy Contest)
accessible en français et en anglais, aux
continents européen, africain et nordaméricain.
Tremplin de rêve
— Pour participer, rien de bien sorcier.
« DÉNICHER DES TALENTS QUE PERSONNE
NE CONNAÎT EST INSCRIT DANS L’ADN
DU FESTIVAL DEPUIS SA CRÉATION. »
— GRÉGOIRE FURRER, PRÉSIDENT DU MONTREUX COMEDY FESTIVAL
Il suffit d’être drôle et de savoir poster
une vidéo en ligne… « Ce contest offre à
tout un chacun la possibilité d’exprimer son
potentiel comique. Nul besoin d’avoir écumé
les festivals ou les scènes ouvertes pour y
accéder », confirme Grégoire Furrer. En
décembre 2013, le lauréat de la grande
finale était un jeune inconnu – pas pour
longtemps – du nom de Vincent De­
dienne. Trois mois plus tard, ce comédien
issu du théâtre classique débarquait chez
Laurent­Ruquier, dans l’émission On va
s’gêner ! (Europe 1). Pour ne rien gâcher,
il remplace désormais l’excellent Stéphane
de Groodt comme chroniqueur au Supplément de Maïtena Biraben (Canal+). Un
pari risqué, mais gagné haut-la-main…
Gentiment décalée, sa Bio interdite prend
un malin plaisir à titiller les politiques.
En outre, Vincent Dedienne joue S’il se
passe quelque chose au Théâtre du Petit
Hébertot, jusqu’en janvier 2015. « C’est
un autoportrait biographique interrompu
par des trucs qui n’ont rien à voir. Ça va de
Marguerite Duras à Muriel Robin, en pas-
sant par Alice Sapritch et Louis-Ferdinand
Céline », s’amuse ce fan de François Rollin,
qui a lui-même coécrit le spectacle. « Je
rêve depuis toujours d’un seul-en-scène.
Aujourd’hui, j’ai l’impression de récompenser l’enfant que j’étais. Je ne touche plus trop
terre, depuis Montreux. » Il n’est pas le
seul comblé.
Révolution numérique
— « Vincent Dedienne est un extraordinaire
exemple de l’aura du Montreux Comedy »,
se réjouit Grégoire Furrer. Le festival a
pourtant vu le jour de bric et de broc, en
1990. À l’époque étudiant en économie,
son fondateur considérait déjà l’humour
« comme un art majeur ». Mais le jeune
homme avait une petite longueur
d’avance sur son temps… D’année en
année, à force de dévotion, son bébé va
grandir pour devenir LA référence euro­
péenne de l’humour. Budget annuel :
12,8 millions d’euros. Depuis l’explosion
du Web et des réseaux sociaux, ce genre
autrefois marginal s’est largement démo­
novembre 2014-janvier 2015
cratisé. « Quand j’avais 20 ans, les jeunes
qui voulaient rentrer dans le show-business
pensaient à la musique et non à l’humour »,
se souvient Grégoire Furrer. « Aujourd’hui,
il est plus facile de poster sa vidéo sur le Web
que de monter un groupe rock et passer des
semaines à répéter en studio. » D’ailleurs,
au même titre que les musiciens, les
humoristes bénéficient du statut d’auteur.
Ils sont actuellement plus de trois cents
à confier la gestion de leurs droits à la
Sacem, qui soutient en parallèle, via son
action culturelle, le Montreux Comedy­
Festival. Si le spectacle vivant, la radio et
la télévision lui reversent chaque année
près de 6 millions d’euros, elle a mis en
place un dispositif de répartition flexible
qui fait bénéficier les auteurs humoristes
de taux de collecte adaptés. Quelle que
soit leur notoriété.
Le rire, un métier d’avenir… •
Page de gauche, au centre : Grégoire Furrer,
fondateur du Montreux Comedy Festival.
Ci-dessus, au centre : l’humoriste Vincent
Dedienne.
© LOUISE ROSSIER – OLIVIER WAVRE
20
AGENDA
AGENDA 23
FESTIVALS
>
Création musicale \
Manca
Sacem PLUS qui souhaiteraient
assister à l’événement.
AUDIOVISUEL
>
ÉVÉNEMENT
>
Courts Devant \
Charlot hier et demain
À l’occasion du centenaire de la
naissance de Charlot, le Festival
Courts Devant propose un cinéconcert inédit autour de l’œuvre de
Charlie Chaplin. Un piano, un écran
de cinéma… le dispositif choisi,
comme aux origines de la musique
au cinéma, est simplissime. Les
compositeurs, Serge Bromberg,
Alex Beaupain, Laurent de Wilde et
Thierry Escaich, proposent chacun
leur écriture musicale du mythe
Charlot le temps d’un court-métrage.
Les studios du Centre national de
création musicale (Cirm) accueillent
des compositeurs en résidence pour
leurs projets de création d’œuvres
nouvelles utilisant des supports
technologiques. Le festival Manca,
dont la Sacem est un partenaire
de longue date, est la vitrine
de ces réalisations musicales.
Thématique bien nommée de
l’édition 2014 : « Le futur antérieur ».
La troisième édition du Festival
international du film restauré « Toute
la mémoire du monde » se tiendra
du 28 janvier au 1er février 2015.
Le Fonds culturel franco-américain
(DGA, MPA, Sacem et WGAW) est
partenaire de cette nouvelle édition,
dont l’invité d’honneur est Francis
Ford Coppola, et présentera
les restaurations de monuments
du cinéma français – le Napoléon,
d’Abel Gance – et américain –
Les contes d’Hoffmann, de Michael
Powell et Emeric Pressburger.
> 28 janvier-1er février, Cinémathèque
française, Paris
cinematheque.fr
Forte du succès de ses quatre
premières éditions, la tournée
du Chantier des Francos reprend
la route !
Chaque escale est l’occasion
de programmer des artistes locaux,
les « talents d’ici », en première partie
des artistes soutenus par
le Chantier. Le lendemain des
concerts, les équipes pédagogiques
proposent des conseils
individualisés : un regard
professionnel et extérieur très
précieux dans la construction
d’une prestation scénique.
Chut, Oscar !
> Prochaines dates :
Bourg-en-Bresse, 15 novembre
francofolies.fr
Merci, Monsieur Ibáñez, et bravo !
Grande figure de la chanson espagnole, compositeur de renom, ambassadeur de la poésie castillane, artiste engagé et humaniste, citoyen
du monde, Paco Ibáñez fête ses 80 ans en novembre. Véritable cadeau
offert à son public, il crée l’événement en proposant un projet artistique
d’envergure, intitulé Vivencias.
C’est au théâtre des Champs-Élysées, que Paco Ibáñez a inauguré ce projet de
dimension internationale. Pendant près de deux heures, il a proposé un concert
exceptionnel invitant au voyage à travers son histoire personnelle, à la découverte
de nouvelles œuvres et convoquant des artistes du monde entier avec lesquels il
partage des complicités musicales. Ce concert est le tout premier d’une longue
tournée qui fait escale au Pays basque, en Catalogne, en Andalousie mais aussi
sur des scènes notoires d’Europe et d’Amérique latine. Il y a cinquante ans, Paco
Ibáñez publiait son premier disque, Paco Ibáñez chante Lorca et Góngora, illustré
par Salvador DalÍ. Depuis, ce chantre de la liberté n’a jamais cessé d’exercer son
art. Pour célébrer cet anniversaire, A Flor de Tiempo réédite toute la discographie
de l’artiste. Plusieurs disques sortiront, ainsi, tout au long de la saison 2014-2015,
parallèlement à sa tournée.
Retrouvez une vidéo interview exclusive de Paco Ibáñez sur
MAGSACEM # 91
Tournée \
Chantier des Francos
16-17 janvier, théâtre de Coutances
cirm-manca.org/manca2014
> Cinéma des Cinéastes, Paris,
30 novembre
Les Arcs \
Festival européen
La musique est au cœur de cette
sixième édition du festival européen
des Arcs, qui crée pour la première
fois un « village musique ».
La musique pour l’image sera
également à l’honneur au « village
des coproductions » et lors de
masterclasses pour les étudiants.
Un « pack pro » est proposé
aux sociétaires adhérents à
>
de Portes-lès-Valence
Dans le cadre de cette dixième
édition du festival, la Maison du film
court organise une projection des
courts-métrages ayant bénéficié de
son soutien à la création de musique
originale en partenariat avec
la Sacem.
>
JEUNES TALENTS
20-21 novembre, Train-Théâtre
> Nice et Grasse, 17-30 novembre
Cinéma \
Restauration d’œuvres
Les Arcs, 13-20 décembre
ÉDUCATION ARTISTIQUE
Scènes Sacem \
Trois Baudets
Dispositif innovant au service de
la création, les Scènes Sacem sont
ouvertes à tous et dédiées
aux talents émergents de tous
les répertoires. Le 10 décembre,
ce sont les auteurs et compositeurs
Vincha et Yépa qui se produiront.
Tous deux bénéficient d’une aide
à l’accompagnement de carrière
de la Sacem.
10 décembre, Trois Baudets, Paris
TitU.
Spectacles pour le jeune public \
Fraîchement créé, le pôle éducation artistique
de la Sacem a tenu sa première commission
d’aide à la création et à la diffusion de
spectacles musicaux pour le jeune public.
Dans toutes les esthétiques, ces créations
s’accompagnent d’actions pédagogiques. Zoom.
Jazz : Chut, Oscar !
Mêlant vidéo interactive et musique vivante – quatre
musiciens multi-instrumentistes –, ce spectacle musical
conte l’épopée du jazz en lien avec les mouvements
socioéconomiques de 1920 à nos jours.
Musiques du monde : Kpalum
Interprété par trois artistes d’horizons divers avec
une quarantaine d’instruments d’Afrique et du Brésil
(Cie Kesansé) sur scène, le spectacle Kpalum aborde
le sujet de la raréfaction de l’eau à travers l’histoire
de deux villages. Étampes, 22 novembre
Chanson : Quand je serai petit
Ce spectacle présente deux trentenaires qui font
le point sur leur vie en se remémorant leurs rêves
d’enfance. C’est une rencontre musicale entre Tony
Melvil et Usmar, deux auteurs-compositeursinterprètes aux inspirations radicalement différentes.
Comines, 3 décembre
Musique contemporaine :
TitU ou le fils de la lune
Conte musical écrit par José Luis Campana qui met
en scène deux percussionnistes et mêle théâtre
d’ombres, narration, dialogues, chansons, musique
jouée en direct, musique électroacoustique
et musique générée « comme par magie » par
les mouvements des musiciens grâce à un dispositif
interactif (caméra kinet, capteurs embarqués)…
Oullins, 29 janvier 2015
Les manifestations culturelles soutenues par la Sacem sont réalisées, notamment, grâce au financement
issu des ressources de la copie privée. Consultez toutes les informations dans l’espace Actions culturelles
sur sacem.fr.
novembre 2014-janvier 2015
© NATHANIEL H’LIMI
ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | RENCONTRE |
© A FLOR DE TIEMPO
22
ELIE SEMOUN
PASCAL OBISPO
BRUNO LION
FRANÇOIS HANSS
FÉLOCHE
— RETROUVEZ LA SOIRÉE DES GRANDS PRIX SACEM À L’OLYMPIA
EN MUSIQUE ET EN IMAGES SUR SACEM.FR —
PHOTOS © : KATE BARRY, PHILIPPE STIRNWEISS, THOMAS BARTEL, JÉRÔME DOMINÉ, JULIEN DAJEZ, CLAUDE GASSIAN, DENIS ROUVRE, DANNY CLINCH, DOMINIQUE GAU, FRANCK SOCHA, DR
STÉPHANE MOUCHA
JOHNNY HALLYDAY
BERNARD CAVANNA
IBRAHIM MAALOUF
JEAN-PIERRE BUCOLO
MARTIN SOLVEIG
ROKIA TRAORÉ
LILLY WOOD
& THE PRICK
AYO
OSCAR BIANCHI
La Sacem est fière
de vous présenter les

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