Portugal : La présence des entreprises françaises
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Portugal : La présence des entreprises françaises
Portugal : La présence des entreprises françaises © DG Trésor Novembre 2016 La France est l’un des principaux partenaires économiques du Portugal : les filiales françaises occupent la deuxième place parmi les filiales étrangères en termes de nombre d’entreprises, de personnes employées et de chiffre d’affaires. La plupart des investissements étant indirects, la France est seulement le 5e pays investisseur direct au Portugal. Les entreprises françaises se distinguent notamment dans les secteurs des services et de l’industrie. Elles ont maintenu leur présence au Portugal lors de la crise économique et poursuivent leurs investissements en 2016 dans de nombreux secteurs. 1. Les filiales françaises ont un poids très important dans l’économie portugaise. La présence française au Portugal est à la fois forte, ancienne et diversifiée. On compte plus de 600 filiales françaises implantées au Portugal (615 en 2013 d’après OFATS). Elles emploient plus de 60 000 personnes (64 685 en 2013 d’après OFATS), ce qui fait de la France le deuxième employeur étranger après l’Espagne. Leur chiffre d’affaires net global se situe autour de 14 Md€ en 2014 (enquête Informa D&B-15 541 en 2013 d’après OFATS). 37 des 40 groupes français du CAC40 sont implantés dans le pays. D’après les données d’Informa D&B d’avril 2016, les entreprises françaises au Portugal occupent en 2014 la deuxième place en termes de nombre d’entreprises, de nombre de personnes employées et de chiffre d’affaires, derrière l’Espagne. Si de jeunes entreprises se sont installées au Portugal, avec 32% des entreprises françaises qui ont moins de cinq ans, la présence française est également ancienne et solide : plus de 30% des entreprises sont installées dans le pays depuis plus de 20 ans. En 2015, la France est le principal pays d’origine du contrôle du capital en ce qui concerne la valeur ajoutée brute (VAB) générée par les filiales étrangères, soit 25,2% de cette VAB d’après l’INE (4,6Md€) et 6,2% de la VAB totale générée par les sociétés non financières au Portugal. Elle était 2ème en 2010, derrière l’Espagne. Les entreprises françaises embauchent des travailleurs qualifiés, qu’elles rémunèrent mieux que leurs concurrentes, nationales ou étrangères, participant ainsi à la rétention au Portugal des qualifications acquises par les jeunes diplômés du pays. Les entreprises françaises au Portugal sont par ailleurs nombreuses à innover et ce dans la quasi-totalité des secteurs et sous des angles très divers (produit, processus, organisation). 2. Déjà très présentes dans l’industrie, les filiales françaises se développent à présent surtout dans le commerce et les services. Les entreprises françaises tiennent une place de premier plan dans de nombreux secteurs industriels, tels que l’environnement (Veolia, Suez), l’énergie (Engie, EDF) les laboratoires pharmaceutiques (Servier, Sanofi, Pierre Fabre, Uriage), les équipementiers et la construction automobile (Faurecia, Renault, PSA, Norauto, MGI Coutier, Eurocast), l'équipement et l'installation électriques et électroniques (Legrand, Schneider Electric, Rexel, Schlumberger, Thales), les équipements pour la construction (Saint Gobain, Vinci, Eiffage, SPIE), l’agroalimentaire (Bonduelle, Bel, Lactalis), les aliments pour animaux (Roullier, InVivo), les bouchons de liège (Oeneo, Lafitte), le gaz (Air Liquide), les lunettes (Essilor), la peinture (Cromology) ou encore l’aéronautique (Lauak, Mecachrome). Au total, on compte environ 150 entreprises industrielles françaises implantées au Portugal. Novembre 2016 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU PORTUGAL SERVICE ECONOMIQUE DE LISBONNE 1 La présence française s’est fortement accrue ces dernières années dans le secteur des services, notamment dans la grande distribution (Auchan, Intermarché, Leclerc, Conforama, La Redoute, Fnac, Décathlon, Leroy-Merlin, etc.), mais aussi les services financiers (BNP Paribas, Crédit Agricole, Cofidis), le tourisme (Accor), les transports (Transdev), la logistique (Chronopost) ou encore les systèmes d’information (Altran, GFI Informatique, Capgemini). Il y a désormais environ 400 filiales françaises du secteur des services implantées au Portugal. 3. Ayant continué leurs investissements même pendant la crise, les entreprises françaises profitent désormais à plein de la reprise. Si l’année 2013 avait été marquée par le rachat par Vinci pour plus de 3 Md€ du gestionnaire des dix aéroports portugais ANA, l’affirmation de la reprise économique en 2015 a entraîné un afflux important d’investissements français : 68% des entreprises françaises présentes au Portugal ont investi en 2015, contre 60% en 2012. Altice, maison-mère du français Numéricable-SFR, a fait l’acquisition pour plus de 7 Md€ des actifs portugais de Portugal Telecom avec pour objectif de placer au Portugal le centre d’innovation du groupe. Cofidis a racheté la banque de crédit automobile Banif Mais pour 410M€. Derichebourg a racheté en novembre 2015 l’entreprise de nettoyage Safira. Oeneo et Alain Afflelou ont également réalisé d’importants investissements. Le groupe Sodexo est entré sur le marché portugais au travers du rachat de l’activité ticket restaurants de la banque Millennium BCP. Axa a annoncé en août 2015 quitter le Portugal et a vendu l’ensemble de ses activités au belge Ageas pour 190,8 M€. L’afflux d’investissements s’est poursuivi en 2016, en particulier dans les transports: - - - - Le fonds d’investissement français Ardian a renforcé sa présence au Portugal en août 2016 par l’acquisition pour 600 M€ du 2e plus grand réseau d’autoroutes au Portugal (sept concessions autoroutières représentant 850 km et employant 500 personnes) ainsi que d’une participation de 50% dans une autoroute en Espagne détenus par l’opérateur d’autoroutes portugais Ascendi. Ce partenariat était né en juin 2015 d’un investissement de 300 M€ dans cinq des autoroutes concernées par la vente d’août 2016. Le groupe Eurocast a lancé la construction d’une seconde usine de production de pièces automobiles à Estarreja, au nord d’Aveiro, soit un investissement de 50 M€ et la création de 170 emplois. Vinci a investi 72M€ dans ses aéroports, dont plus de 30M€ à Lisbonne. En octobre 2016, le groupe a racheté pour 38,4 M€ l’entreprise de systèmes d’information et d’infogérance Novabase Infrastructures & Managed Services (IMS), qui emploie près de 400 personnes. Transdev, via sa filiale ETAC, a remporté en avril 2016 à Aveiro le contrat de concession des services publics de transport de passagers, de transport fluvial de passagers et véhicules, et du Centre de Coordination de Transports. Le contrat a une durée initiale de 15 ans, et les investissements sont de 201 000€ ainsi que 500 000 € pour la rénovation du Centre. Le groupe de services informatiques Gfi Informatique a acquis en novembre 2016 Roff, société portugaise d'intégration et de maintenance de solutions SAP qui emploie plus de 800 personnes. La Martiniquaise, au travers de l’entreprise Gran Cruz, a investi près de 14 M€ en janvier 2016 pour consolider sa position de leader sur le marché du porto (30% du marché global) en achetant les stocks du portugais CCVP. Voltalia, producteur d’électricité à partir d’énergies renouvelables, a fait l’acquisition de l’entreprise Martifer Solar, spécialiste du solaire photovoltaïque, pour 9 M€. Mecachrome a lancé la construction en février 2016 d’une usine à Evora, soit un investissement de 7,2 M€, participant à la constitution d’un pôle aéronautique dans la région, où s’installe également le groupe Lauak. Webhelp, leader européen de l’externalisation de la relation client, déjà présent depuis l’année dernière à Lisbonne, s’installe à Porto où il va créer plus de 300 postes. L’entreprise de constructions métalliques Saint-Eloi a investi 5 M€ dans l’ouverture d’une usine à Farmaliçao et compte embaucher à terme 60 personnes. Le groupe fromager Bel a investi 5 M€ dans un programme de montée en gamme du secteur laitier aux Açores. EDF Energies Nouvelles a annoncé en avril 2016 l’agrandissement de deux parcs éoliens à Venteminho et Arga, près de la frontière espagnole. Novembre 2016 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU PORTUGAL SERVICE ECONOMIQUE DE LISBONNE 2 Des annonces d’investissements ont également été faites : - - Le groupe Renault a annoncé en octobre 2016 un investissement de 80 M€ pour le développement d’une nouvelle boite de vitesses – la LOCOBOX – dans son usine de Cacia, créant à terme plus de 150 emplois. Egalement dans le secteur automobile, l’entreprise franco-japonaise Howa Tramico et le groupe français Eurostyle ont annoncé deux investissements à hauteur de 12 et 18 M€ dans l’industrie automobile à Viana do Castelo pour fournir les usines PSA de Mangualde et Vigo. La Fnac prévoit d’ouvrir au moins cinq boutiques d’ici 2018, pour un investissement de près de 5 M€. Natixis prévoit de créer une structure à Porto pour y localiser ses activités informatiques. D’ici 2019 600 postes de prestataires informatiques externes travaillant jusqu’à présent en France devraient être transférés au Portugal, selon une stratégie proche de celle de BNP Paribas à Lisbonne. Le Portugal présente un double intérêt pour les investisseurs français poursuivant une stratégie d’internationalisation. Il fait figure de bon « marché-test » pour les entreprises innovantes. Celles-ci s’adressent à des clients réceptifs, dotés d’une réelle capacité d’adaptation et d’un goût prononcé pour la nouveauté, ce qui conduit parfois la maison-mère à s’appuyer sur les expériences concluantes de sa filiale portugaise pour les appliquer à d’autres marchés. Il peut aussi servir de plateforme vers les pays lusophones (Brésil, Angola, Mozambique). Le triptyque intégration technologique-flexibilité-capacité d’innovation qui caractérise le Portugal permet de compenser les fortes difficultés liées à la bureaucratie et au coût de certaines rentes, notamment dans le secteur de l’énergie. Par ailleurs, le Portugal apparait de plus en plus comme une destination attrayante dans une logique de relocalisation vers l’Europe d’activités jusqu’alors exercées en Afrique du Nord ou dans d’autres pays à bas coûts, que ce soit dans l’industrie ou les services. Les filiales françaises ont ainsi au cours des dernières années renforcé la sous-traitance automobile (Faurecia, Eurocast) ou se sont lancées dans la sous-traitance aéronautique (Lauak, Mecachrome). Les « centres de services partagés » se sont aussi fortement développés (BNP Paribas, La Redoute, PSA, bientôt Natixis etc.) ainsi que le nearshoring (Altran, Teleperformance). Dans un contexte post-crise et de surendettement global des acteurs économiques, les actifs portugais sont relativement « bon marché », d’où des investissements très importants dans l’immobilier hôtelier (comme l’a fait en 2015 le groupe 9 Hotel Collection en achetant l’hôtel Mercy à Lisbonne pour 11,6 M€), commercial et de bureaux et des rachats d’entreprises disposant d’un bon potentiel. 4. Le gouvernement, confronté à une faiblesse de l’investissement privé et public, peine à afficher une stratégie claire pour les investisseurs étrangers Le début de mandat du gouvernement d’Antonio Costa a été marqué par la réversion de plusieurs privatisations ou concessions : celle de la vente de 61% de la compagnie aérienne TAP à Atlantic Gateway, où l’Etat doit remonter à 50% du capital, et l’annulation des contrats de sous-concessions des transports urbains de Lisbonne et de Porto, qui a pénalisé plusieurs entreprises étrangères dont le français Transdev. Ces réversions n’ont pas empêché la hausse du stock d’IDE au Portugal en 2015, qui atteint 105,5 Md€. Si la poursuite de la hausse du salaire minimum peut inquiéter les investisseurs, le gouvernement semble soucieux de l’investissement étranger : il a augmenté le seuil du nouvel impôt sur le patrimoine immobilier à 600 000 € de valeur fiscale (contre 500 000 prévus au départ et qui aurait correspondu au montant minimum pour bénéficier d’un « visa doré ») et en a exclu les immeubles à destination industrielle ou touristique. Les investissements français au Portugal ne semblent pas près de ralentir, portés par les secteurs des transports et de l’immobilier. Clause de non-responsabilité - Le service économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Novembre 2016 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU PORTUGAL SERVICE ECONOMIQUE DE LISBONNE 3 ANNEXE Tableau 1 : Répartition des filiales françaises implantées au Portugal par secteurs d’activité en 2015 Secteur Nombre d'entreprises Actifs (en M€) Commerce et Industrie 546 20 356 SGPS et autres financières 17 562 Banque 8 3 798 Assurances 6 2 655 Source : Enquête Nova SBE 2016 Tableau 2 : Part de la France dans l’actif total des entreprises commerciales et industrielles ayant un capital majoritairement étranger Secteur d’activité Part de la France Agriculture, pêche et chasse 3% Industrie de transformation 12% Gaz, électricité et eau 3% Bâtiment 4% Transports 50% Logement et restauration 1% Commerce de gros 7% Commerce de détail 28% Activités financières 8% Activités immobilières 4% Télécommunications 83% Services 6% Total 22% Source : Enquête Nova SBE 2016 Novembre 2016 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE AU PORTUGAL SERVICE ECONOMIQUE DE LISBONNE 4