Présentation de Françoise Labrousse
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Présentation de Françoise Labrousse
Les dernières évolutions dans le domaine de la responsabilité environnementale Séminaire du 22 octobre 2009 Françoise Labrousse Avocat au barreau de Paris, Spécialiste en droit de l’environnement Associée – Cabinet Jones Day ([email protected]) INTRODUCTION Rappel des fondements de la responsabilité environnementale des entreprises ¾ Responsabilité administrative ¾ Responsabilité civile ¾ Responsabilité pénale 2 INTRODUCTION Principales évolutions récentes ¾ Nouveau régime de responsabilité environnementale (directive n° 2004-35 du 21 avril 2004) ¾ Le règlement n°1907/2006 concernant l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des substances chimiques, ainsi que les restrictions applicables à ces substances (« Règlement REACH ») ¾ Les lois Grenelle : • Loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement (« Grenelle I ») • Projet de loi portant engagement national pour l’environnement (« Grenelle II ») ¾ Jurisprudence Responsabilité accrue des entreprises dans le domaine de l’environnement 3 SOMMAIRE I Principales évolutions récentes A. B. II Au niveau communautaire En droit interne Dernières tendances jurisprudentielles A. B. C. Jurisprudence administrative Jurisprudence civile Jurisprudence pénale 4 I Principales évolutions récentes (1/9) A. Au niveau communautaire Nouveau régime de responsabilité environnementale découlant de la directive n° 2004-35 du 21 avril 2004 sur la responsabilité environnementale ¾ Notion de dommage environnemental : • dommages causés aux espèces et habitats naturels protégés, • dommages affectant les eaux, et • dommages affectant les sols ¾ Double régime de responsabilités pour la prévention et la réparation des dommages environnementaux en fonction de la nature des activités à l’origine d’un dommage environnemental : • • ¾ Responsabilité sans faute : dommages causés à l'environnement par les activités représentant un risque pour la santé humaine ou l’environnement (article 3-1 (a)) Responsabilité pour faute ou négligence : dommages causés aux espèces et habitats naturels protégés par les autres activités lorsque l'exploitant a commis une faute ou une négligence (article 31 (b)) Trois conditions doivent être remplies : • • • Un ou plusieurs responsables identifiables Un dommage environnemental concret et quantifiable Un lien de causalité entre le dommage et le(s) pollueur(s) identifiable(s) 5 I Principales évolutions récentes (2/9) A. Au niveau communautaire Règlement REACH ¾ Régime d’enregistrement, d’évaluation et d’autorisation des substances chimiques ¾ Applicable à la fabrication, l’importation, la mise sur le marché et l’utilisation des substances, articles et préparations ¾ Vise à améliorer la connaissance des risques environnementaux et sanitaires pouvant résulter de la production et de l’utilisation de substances chimiques ¾ Oblige à transmettre des informations sur les substances et leurs usages tout au long de la chaîne d’approvisionnement ¾ Nécessite la réorganisation des relations contractuelles Renversement de la charge de la preuve : transfert de la charge de la preuve de l’absence de risques vers les personnes qui fabriquent, importent, mettent sur le marché et utilisent des substances 6 I Principales évolutions récentes (3/9) A. Au niveau communautaire Directive n° 2008-99 du 19 novembre 2008 relative à la protection de l’environnement par le droit pénal ¾ Objectif : garantir une protection efficace de l’environnement par l’instauration de sanctions dissuasives à l’égard des activités préjudiciables à l’environnement ¾ Uniformisation des actes constitutifs d’infractions dans l’ensemble des Etats membres ¾ Uniformisation des sanctions : sanctions pénales effectives, proportionnées et dissuasives ¾ Entrée en vigueur : 28 décembre 2008 ¾ Délai de transposition par les Etats membres : 26 décembre 2010 7 I Principales évolutions récentes (4/9) B. En droit interne Transposition en droit français de la directive n° 2004-35 du 21 avril 2004 sur la responsabilité environnementale ¾ Loi du 1er août 2008 sur la responsabilité environnementale (codifiée aux articles L. 160-1 et suivants du Code de l’environnement) ¾ Décret d’application n° 2009-468 du 23 avril 2009 relatif à la prévention et à la réparation de certains dommages causés à l’environnement (codifié aux articles R.161-1 à R.163-1 du Code de l’environnement) 8 I Principales évolutions récentes (5/9) B. En droit interne Champ d’application de ce nouveau régime responsabilité ¾ Prévention et réparation des dommages causés à l’environnement • Application du principe pollueur-payeur • A un coût raisonnable pour la société • Dommages causés par l’activité d’un exploitant ¾ Définition de l’exploitant • « Toute personne physique ou morale, publique ou privée, qui exerce ou contrôle effectivement, à titre personnel, une activité économique lucrative ou non lucrative » (article L. 160-1 du Code de l’environnement) Définition centrée sur le contrôle effectif de l’activité de l’exploitant, sans référence à la responsabilité du propriétaire d’un site pollué ou à celle, très discutée, de la société mère 9 Principales évolutions récentes (6/9) I B. En droit interne Dommages couverts ¾ Détériorations directes ou indirectes mesurables de l’environnement qui : • • • • ¾ Créent un risque d’atteinte grave à la santé humaine du fait de la contamination des sols, résultant de l’introduction directe ou indirecte, en surface ou dans le sol, de substances, préparations, organismes ou micro-organismes Affectent gravement l’état des eaux Affectent gravement le maintien et le rétablissement des espèces et des habitats naturels Affectent les services écologiques (« les fonctions assurées par les sols, les eaux et les espèces et habitats ») Menace imminente de dommages : « une probabilité suffisante que survienne un tel dommage » Exclusion des dommages (ou menace imminente) causés par : ¾ ¾ ¾ des projets ou activités autorisés ou approuvés, dès lors que leurs prescriptions ont été respectées des événements soumis à un régime de responsabilité ou d’indemnisation prévu par une convention internationale une pollution à caractère diffus, sauf si un lien de causalité entre les dommages ou leur menace et les activités des exploitants est établi par l’autorité compétente 10 Principales évolutions récentes (7/9) I B. En droit interne Exclusion lorsque : ¾ ¾ ¾ Plus de 30 ans se sont écoulés depuis le fait générateur Le fait générateur est survenu avant le 30 avril 2007 Le fait générateur résulte d’une activité ayant définitivement cessé avant le 30 avril 2007 Incertitude sur l’articulation de la responsabilité environnementale avec : ¾ ¾ ¾ La responsabilité applicable en matière d’installations classées : régime alternatif ou juxtaposition des régimes de responsabilité ? La prescription trentenaire retenue par le Conseil d’Etat en matière d’installations classées (30 ans à compter de la cessation d’activité) La nouvelle prescription de l’article L. 152-1 du Code de l’environnement : « Les obligations financières liées à la réparation des dommages causés à l'environnement par les installations, travaux, ouvrages et activités régis par le présent code se prescrivent par trente ans à compter du fait générateur du dommage » 11 I Principales évolutions récentes (8/9) B. En droit interne Grenelle I : ¾ Renforcement prévu des sanctions administratives et pénales du Code de l’environnement (article 43 de la loi Grenelle I du 3 août 2009) • « Afin de lutter contre les effets nocifs sur l'environnement des sites illégaux de stockage et d'exploitation de déchets, l'Etat renforcera son action de lutte contre ces sites ainsi que les sanctions administratives et pénales prévues par le code de l'environnement » 12 I Principales évolutions récentes (9/9) B. En droit interne Grenelle II : ¾ Responsabilité des sociétés mères en matière environnementale (article 84 du projet de loi Grenelle II) • • Permet aux sociétés mères de prendre en charge (action volontaire), en cas de défaillance de leur filiale, ses obligations de prévention et de réparation des dommages à l’environnement (articles L. 162-1 et s. du Code de l’environnement) Facilite la mise à la charge de la société mère de tout ou partie du financement de la remise en état incombant à sa filiale, soumise à une procédure de liquidation judiciaire, en cas de faute de la société mère qui a contribué à une insuffisance d’actif de la société filiale 13 SOMMAIRE I Principales évolutions récentes A. B. II Au niveau communautaire En droit interne Dernières tendances jurisprudentielles A. B. C. Jurisprudence administrative Jurisprudence civile Jurisprudence pénale 14 II Dernières tendances jurisprudentielles (1/4) A. Jurisprudence administrative Mise en œuvre du principe de précaution ¾ CE 2 juillet 2008 n°310548 : suspend un arrêté municipal interdisant l’installation d’antennes de radiotéléphonie à moins de 100 mètres des bâtiments ¾ Prise en compte de l’intérêt public ¾ Voir également : TA Chalon, 29 avril 2005 et CAA Versailles, 15 janvier 2009, n°007VE01770 15 II Dernières tendances jurisprudentielles (2/4) B. Jurisprudence civile Mise en œuvre du principe de précaution ¾ CA Aix en Provence, 15 septembre 2008 : infirme le jugement ordonnant le démontage d’antennes relais au motif que les études scientifiques ne mettent pas en évidence l’existence de dangers avérés pour la santé humaine ¾ CA Versailles, 4 février 2009 : - condamnation d’un opérateur de téléphonie à l’enlèvement sous astreinte d’une antenne et à l’indemnisation du préjudice moral des riverains causé par la « crainte légitime » d’un risque sanitaire - reconnaissance d’un trouble anormal de voisinage résultant d’un risque simplement potentiel (et non avéré / certain) - mais rejet de l’indemnisation de la dépréciation immobilière en raison du démontage de l’antenne 16 II Dernières tendances jurisprudentielles (3/4) B. Jurisprudence civile Confirmation de la jurisprudence SCAEL (CA Versailles, 27 juin 2003, n° 01-04.501) par un arrêt de la Cour de cassation (Cass. Civ. 3e, 9 septembre 2009, 08-13.050, SDIS) ¾ ¾ Inopposabilité des actes de droit privé à l’administration Le manquement à l’obligation administrative de remise en état par le vendeur du terrain d’assiette d’une ancienne ICPE est constitutif d’une faute civile au titre de l’article 1382 du Code civil, à l’égard de l’acquéreur, nonobstant les clauses de l’acte de vente 17 II Dernières tendances jurisprudentielles (4/4) C. Jurisprudence pénale Tribunal correctionnel, 16 janvier 2008, Erika ¾ ¾ ¾ ¾ Reconnaissance du « préjudice résultant de l’atteinte à l’environnement » Un premier pas vers la reconnaissance du préjudice écologique en amont de la transposition par l’Etat français de la directive sur la responsabilité environnementale Mise en œuvre du principe pollueur-payeur ? Procédure d’appel en cours Application de plus en plus fréquente de sanctions pénales en cas de pollution de l’eau ¾ Condamnation d’un industriel au paiement d’une amende de 20 000 € et à une mesure de publication et d’affichage pour délit de pollution des eaux (Cass. crim. 19 octobre 2004, n° 04-82485) 18 CONCLUSION Nécessité de : ¾ vérifier la conformité des sites industriels (installations et sols) dans un contexte normatif en permanente évolution ¾ intégrer la prévention et la précaution en matière environnementale dans la gestion de l’entreprise 19 Merci de votre attention ! Françoise Labrousse Jones Day 120 rue du Faubourg Saint Honoré 75008 Paris Tél. 01 56 59 39 39 [email protected]