le message crédibilité en jeu
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le message crédibilité en jeu
LE MESSAGE DE L’ASLOCA par Carlo Sommaruga Secrétaire général, ASLOCA Romande CRÉDIBILITÉENJEU Le Conseil fédéral a récemment activé l a cl au s e d e sauvegarde à la libre circulation des personnes. En limitant l’octroi d’autorisations de séjour aux travailleurs européens, il répondait aux plaintes de la population résidente face aux conséquences indésirables et grandissantes sur le marché du travail, du logement et sur les infrastructures de transport. Conscient de la portée plus symbolique que réelle de l’activation de la clause de sauvegarde, le Conseil fédéral a insisté dans sa communication sur le fait que cette mesure s’inscrivait dans un large dispositif de diverses mesures, notamment celles relatives au marché du travail et du logement. Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a admis récemment l’impact de la libre circulation des personnes sur le marché du logement comme facteur aggravant de la pénurie de logements, mais il l’a relativisé en précisant que cela ne concernait que les grands centres urbains, oubliant que c’est là que vit une part importante de la population. L’adoption par le Conseil fédéral de mesures sans impact immédiat, comme les améliorations des instruments financiers en faveur du logement d’utilité publique, la modification de la loi sur l’aménagement du territoire pour mieux orienter la construction ou le lancement d’un dialogue avec les villes, décrédibilise le Conseil fédéral et constitue un acte de mépris vis-à-vis des difficultés actuelles des locataires de ce pays. La crédibilité des autorités fédérales en la matière est aujourd’hui liée à la proposition de mesures d’accompagnement à la libre circulation des personnes qui aient un impact immédiat et efficace sur les effets indésirables de l’augmentation de la population. En matière de logement, il faut des mesures concrètes avec effet immédiat contre l’explosion des loyers à la conclusion du bail et contre les congés en vue de louer plus cher, deux phénomènes clairement liés à la pression supplémentaire sur le marché du logement en raison de la libre circulation des personnes. Des mesures conjoncturelles destinées à parer au dysfonctionnement du marché – et donc limitées aux cantons où sévit la pénurie et aussi longtemps qu’elle perdure – sont la seule solution pertinente jusqu’à ce que la production de logements corresponde à la demande. L’obstination du Conseil fédéral à refuser d’entendre les doléances des locataires risque de provoquer la perte de l’appui de ceux-ci à la poursuite de la libre circulation des personnes. Enjeu majeur dont il faut que les autorités fédérales prennent – enfin! – conscience. Droit au logement • Mai 2013 - n° 210 — 3