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A C T U A L I T É Le premier trimestre de la grossesse Compte-rendu des 1res Journées de Deauville, 21-22 octobre 2000 ● S. Fridmann* L es 1 res Journées de Deauville, organisées par le Pr Y. Ville, se sont déroulées les 21 et 22 octobre 2000 sous le patronage du Pr G. Lévy. Elles étaient consacrées au premier trimestre de la grossesse. Plusieurs thèmes ont été abordés : fausses couches spontanées, anomalies du système nerveux central, dépistage et diagnostic des malformations au premier trimestre. FAUSSES COUCHES SPONTANÉES (FCS) Apport de l’échographie dans les métrorragies du premier trimestre - Critères prédictifs (D. Moeglin, Grasse ; É. Jauniaux, University College, Londres) Les FCS sont un problème typiquement humain ; c’est un phénomène très rare chez les autres mammifères. Si les arrêts de développement représentent 50 à 70 % des conceptions, les FCS cliniques se rencontrent dans 20 % des grossesses. Elles ont lieu essentiellement avant 9 SA ; le risque augmente avec l’âge de la femme et avec le nombre de FCS antérieures. Lors d’une première grossesse, le risque de FCS est de 10 %. Le défaut d’implantation est aujourd’hui considéré comme le mécanisme principal des FCS, quel qu’en soit la cause. On incrimine une invasion trophoblastique de mauvaise qualité, comme dans la prééclampsie. L’accumulation de radicaux libres serait toxique pour le développement de l’embryon, et des thérapeutiques antiradicalaires (vitamines C et E) pourraient diminuer l’incidence des FCS. Quinze à 20 % des femmes enceintes vont présenter des saignements au premier trimestre ; 50 % de ces grossesses iront jusqu’au terme. L’examen clinique, qui doit rechercher une cause cervicale (ectropion, polype, cancer), des produits d’avortement ou une masse annexielle, est toujours complété par un dosage d’hCG et une échographie. L’ échographie doit : – affirmer l’existence d’une grossesse intra-utérine et son évolutivité ; – mettre en évidence des images expliquant les saignements ; – faire une sémiologie des hématomes et tenter un pronostic. * Service de gynécologie-obstétrique, hôpital Antoine-Béclère, 157, rue de la Porte-de-Trivaux, 92141 Clamart Cedex. 6 • Affirmer l’existence d’une grossesse intra-utérine et son évolutivité Avec les sondes endo-vaginales, le sac gestationnel est visible dès 4 SA + 5 jours (hCG = 1 000). À 5 SA, il mesure 5 mm et, dès la fin de la 5e semaine d’aménorrhée, l’embryon est visible (il mesure 2 mm) et son activité cardiaque décelable. À ce stade, toute discordance (sac > 12 mm sans embryon visible, embryon > 3 mm sans activité cardiaque, etc.) signe l’arrêt de l’évolutivité de la grossesse. La constatation d’une activité cardiaque permet de rassurer la patiente. En effet, le risque de FCS n’est alors plus que de 5 %. Avec l’échographie abdominale, le sac gestationnel doit mesurer 1 cm pour être visible (hCG = 6 000). La grossesse extra-utérine est suspectée devant l’absence de sac gestationnel intra-utérin, une masse annexielle et un épanchement péritonéal. Les pièges échographiques doivent être connus (grossesse angulaire ou cervicale, utérus malformé, pseudo-sac gestationnel). La grossesse non évolutive peut se manifester par un “œuf clair”, qui ne contient aucune structure embryonnaire, plus ou moins accompagné par des images hétérogènes de décollement ovulaire précédant l’expulsion. Ce terme d’“œuf clair” devrait être abandonné, car il est très anxiogène pour les patientes ; il témoigne d’une lyse embryonnaire précoce avec rétention du sac gestationnel. En cas de grossesse très jeune, on doit prévoir un contrôle échographique pour éliminer toute erreur de terme. On peut aussi mettre en évidence un embryon sans activité cardiaque ou des images de lyse embryonnaire ; les images de môle seront facilement reconnues. Les études sur les grossesses obtenues par FIV ont permis de préciser la valeur pronostique, pour la poursuite de la grossesse, de la taille du sac gestationnel (diminuée en cas de trisomie 16 ou de triploïdie) et de la concordance de la taille de l’embryon avec la date des dernières règles (une différence supérieure à une semaine évoque également une anomalie chromosomique). Un rythme cardiaque embryonnaire trop lent est de mauvais pronostic. La vésicule vitelline et les données du doppler ne permettent pas, en revanche, de porter un pronostic. Rappelons qu’il faut s’abstenir d’utiliser le doppler par voie vaginale dans ces grossesses jeunes, son effet sur l’embryon étant encore inconnu. • Mettre en évidence des images expliquant les saignements Il peut s’agir de facteurs extra-ovulaires (malformation utérine, DES...) ou ovulaires (insertion marginale du cordon...). La Lettre du Gynécologue - n° 257 - décembre 2000 • Faire une sémiologie des hématomes et tenter un pronostic (figure 1) Il existe de nombreux plans de clivage dans lesquels les hématomes peuvent se développer ; leur localisation peut être : – intracavitaire : ils se forment avant l’accolement des caduques (12 SA) et n’ont en général pas de conséquence ; souvent localisés au pôle inférieur de l’œuf, ils ont une forme triangulaire ; – intrachoriale : l’hématome peut alors compromettre la grossesse en disséquant le chorion villeux ; – sous-amniotique : l’hématome se développe dans le cœlome externe ; – sous-déciduale : le décollement se produit entre la caduque et le myomètre. Hématome intracavitaire Hématome intrachorial Hématome sous-décidual Hématome sous-amniotique gerie (l’échographie permet d’apprécier l’importance de la rétention) et de la pratique des IVG médicamenteuses (mifépristone, analogues des prostaglandines). De nombreux essais thérapeutiques ont comparé traitement médical, abstention et évacuation chirurgicale du contenu utérin. Les populations étudiées sont très hétérogènes, rendant la conclusion difficile. Le traitement médical (mifépristone + misoprostol ou misoprostol seul) donne 80 à 90 % de succès, c’est-à-dire qu’il permet d’éviter l’évacuation chirurgicale dans 80 à 90 % des cas, sans plus de complications à court et à moyen terme ; le misoprostol semble plus efficace lorsqu’il est administré par voie vaginale. Une aspiration pratiquée en cas d’échec n’augmente pas le taux de complications. Méthergin® n’est plus utilisé (les études montrent qu’il ne diminue pas les saignements lorsqu’il est prescrit après une IVG). L’expectative donne également de bons résultats, puisque, selon les études, on obtient de 80 % à 50 % d’expulsions spontanées dans des délais variant de 3 jours à... 1 mois. La fertilité ultérieure des patientes n’est pas altérée. Les études montrent donc clairement l’intérêt d’une attitude non chirurgicale. Cependant, les critères de sélection restent à définir, ainsi que la durée supportable, par la patiente, de l’attente de l’expulsion. Le service de gynécologie-obstétrique de Poissy-Saint-Germainen-Laye propose donc une prise en charge spécifique (figure 2). Examen clinique + retentissement général Échographie Examens biologiques (si nécessaires) InTuchmann-Duplessis Figure 1. Apport de l’échographie dans les métrorragies du 1er trimestre. Le pronostic est fonction de la position (très dangereux lorsqu’il se rapproche du chorion villeux ; un hématome marginal ou opposé à l’insertion placentaire l’est beaucoup moins), du volume (qui augmente la contractilité utérine) et de l’évolutivité de l’hématome (extension ou résorption). D’autres éléments entrent en jeu, comme les douleurs, qui témoignent d’une distension utérine ou précèdent l’expulsion. Le repos est habituellement prescrit en cas d’hématome ; il n’a jamais fait la preuve de son utilité. Prise en charge : expectative, aspiration et traitement médical (É. Camus, centre hospitalier de Poissy-Saint-Germainen-Laye) L’extrême fréquence des FCS (12 à 20 % des grossesses) fait de leur prise en charge un enjeu de santé publique, y compris sur le plan économique. Les pratiques ont toujours été d’une grande variabilité, allant de l’évacuation chirurgicale à l’abstention. L’évacuation chirurgicale du contenu utérin permet d’éviter les complications classiques de l’avortement incomplet (hémorragie, infection) mais aussi de pathologies iatrogènes (perforation, infection, synéchies). Les progrès dans la prise en charge des FCS viennent de l’imaLa Lettre du Gynécologue - n° 257 - décembre 2000 • Traitement chirurgical d’emblée si : – Saignements importants + état hémodynamique instable – Douleurs très importantes – CI au traitement médical Préférer alors : – Aspiration sous anesthésie locale après préparation par 2 à 3 comprimés intravaginaux de misoprostol Traitement antibiotique prophylactique ? – Bénéfice controversé (bénéfice démontré pour les IVG) • Pour les autres patientes (la grande majorité) : – Informations importantes sur les alternatives – Expectative : 1 semaine – Puis : Contrôle échographique Échec Succès Traitement médical misoprostol 400 mg par voie vaginale + mifépristone 200 mg per os Hospitalisation de courte durée ? (la majorité des expulsions se fait dans les 12 heures) Échec (à 48 heures) Succès Aspiration sous anesthésie locale Figure 2. Grossesses arrêtées (avant 10 SA). 7 A C T U A L Faut-il faire analyser le produit d’une FCS ? (S. Patrier, Elbœuf) L’examen anatomopathologique standard du produit d’une FCS est d’un coût modeste (220 F), mais il répond rarement aux questions des cliniciens et des patientes. En effet, dans la plupart des cas, on apporte au laboratoire des spécimens incomplets, avec des aspects non spécifiques rétentionnels. L’anatomopathologiste doit essayer cependant de mesurer l’embryon (s’il est présent), de dater l’arrêt de la grossesse et de rechercher des malformations. Le diagnostic de môle peut être difficile et aidé par la cytométrie de flux. Des signes d’inflammation aiguë, qui évoquent une origine infectieuse, doivent être recherchés. Lorsque le prélèvement ne contient que des débris de caduque, l’hypothèse d’une grossesse extrautérine méconnue doit être soulevée. Dans les FCS à répétition, l’examen anatomopathologique apporte, en règle générale, peu d’informations. En conclusion, si l’examen anatomopathologique du produit d’une FCS garde une valeur médico-légale, l’étude coût-efficacité reste à faire. FCS à répétition : quel bilan prescrire en 2000 ? (B. Wainer, centre hospitalier de Poissy-Saint-Germain-enLaye ; M. Gonzales, hôpital Saint-Antoine, Paris) Classiquement, un bilan doit être proposé après 3 FCS consécutives au premier trimestre sans enfant vivant. En réalité, le bilan est souvent demandé (par les médecins et les couples) après 2 FCS consécutives ou 3 FCS séparées par une naissance, ou lorsque d’autres accidents de la reproduction sont survenus. Le problème du terme de la FCS reste posé (FCS ultra-précoce révélée par une positivité des hCG avant le retard de règles ?). Les examens vont chercher à déterminer si cette succession de FCS est due au hasard ou constitue une entité, le syndrome des FCS à répétition, dont la fréquence est estimée à 1,5 %. En effet, le risque de FCS isolée au cours d’une grossesse est de 12 à 15 % ; un antécédent de FCS génère un risque de récidive au cours d’une grossesse suivante ; ce risque de récidive augmente avec le nombre de FCS. Ainsi, 25 % des FCS à répétition seraient dues au hasard et 75 % relèveraient d’une étiologie. Le bilan va parfois permettre de mettre en évidence une cause avérée et curable ; souvent, seules des étiologies douteuses seront identifiées, et il faudra se méfier de l’interventionnisme diagnostique et thérapeutique (examens et traitements coûteux et dangereux). L’interrogatoire fait préciser le terme des FCS, l’âge de la patiente (40 % de FCS après 40 ans), les antécédents familiaux (maladies génétiques connues, maladie thromboembolique, exposition au DES) et personnels (curetage, syndrome des ovaires polykystiques [OPK], hypofertilité). Une anomalie anatomique doit être recherchée par l’échographie et/ou l’hystérosalpingographie (± cœlioscopie et hystéroscopie) : malformation utérine congénitale (DES, cloison...), anomalies acquises (synéchies, fibrome endocavitaire), hydrosalpinx volumineux. À noter que l’IRM et l’échographie 3D ne sont pas utilisées en routine. 8 I T É Une origine génétique sera affirmée par les anomalies du caryotype parental, que l’on retrouve dans 5 % des cas (20 fois plus souvent que dans la population générale) ; il s’agit de translocations, d’inversions ou d’aneuploïdies, dont la découverte doit conduire à une consultation de conseil génétique et à la pratique d’une amniocentèse lors des grossesses suivantes. Le risque d’anomalie chromosomique apparaît augmenté en cas de naissance d’un enfant normal entre 2 FCS. Le bilan hormonal recherche une anomalie ovarienne (insuffisance ovarienne débutante [valeur de l’inhibine B], OPK, hyperandrogénie) ou une autre endocrinopathie (hypothyroïdie, diabète...). Le dosage de la progestérone et la biopsie d’endomètre n’ont pas d’utilité, non plus que l’adjonction de progestérone en deuxième partie de cycle. L’étiologie immunologique a fait couler beaucoup d’encre. Actuellement, le bilan doit comprendre la recherche et le dosage des anticoagulants circulants et des anticardiolipines. L’origine immunologique ne sera retenue qu’en cas de franche positivité (taux > 80 ui). Les troubles de l’hémostase doivent être systématiquement recherchés par l’interrogatoire (antécédents de thromboses +++) et un bilan complet : plaquettes, antithrombine III, déficit en protéines S et C, test de résistance à la protéine C activée, dosage des facteurs XII et XIII, recherche d’une dysfibrinémie. L’hyperhomocystéinémie sera affirmée par le dosage spécifique, et traitée par l’association de vitamines B6, B9 et B12. Malgré un bilan complet, aucune étiologie n’est retrouvée dans 50 % des FCS à répétition ; la simple malchance expliquerait la moitié de ces cas ; pour les autres, des facteurs psychologiques ont été incriminés, ou des étiologies encore inconnues à ce jour. SYSTÈME NERVEUX CENTRAL AU PREMIER TRIMESTRE Échographie morphologique précoce (H.G. Blaas, Trondheim, Norvège ; L. Bidat, centre hospitalier de PoissySaint-Germain-en-Laye) Avec des sondes annulaires de haute fréquence, l’équipe norvégienne met en évidence les éléments précurseurs du SNC à des termes incroyablement précoces. Le diagnostic de spina bifida est alors possible dès 9 SA (!) et les diagnostics d’anomalies cérébrales dès 10/11 SA. Dans la pratique courante (mais entre les mains d’échographistes compétents et entraînés), les anomalies cérébrales peuvent être suspectées à 12/13 SA. Ce sont les anomalies les plus fréquentes après celles des parties molles. La coupe frontale est indispensable à l’analyse du cerveau fœtal ; elle peut être réalisée lors d’une échographie abdominale. Le diagnostic de spina bifida est-il possible au premier trimestre ? (J.P. Bernard, centre hospitalier de Poissy-SaintGermain-en-Laye) Les anomalies de fermeture du tube neural touchent, en France, un enfant sur mille. Au Pays de Galles, la fréquence en est de 7,5 pour 1 000. Des La Lettre du Gynécologue - n° 257 - décembre 2000 facteurs génétiques et environnementaux interviennent dans l’épidémiologie. Dans les années 1980, le diagnostic reposait sur les anomalies échographiques vues au deuxième trimestre (méningocèle, hydrocéphalie) et sur le dosage de l’acétylcholinestérase dans le liquide amniotique. Le dosage de l’alphafœtoprotéine dans le sang maternel à 16 SA a ensuite été proposé comme test de dépistage dans les populations à risque (antécédents familiaux, traitement anti-folates). Actuellement, ce dosage est intégré dans le triple test de dépistage de la trisomie 21, mais le résultat n’est souvent pas pris en compte et, en population générale, le diagnostic n’est hélas évoqué qu’à l’échographie de 22 SA. Des signes indirects pourraient pourtant donner l’alerte dès la première échographie à 12 SA : déformation du cerveau (en banane) ou de la tête (en citron) ; une échographie de contrôle doit alors être programmée à 14/15 SA, associée à une fœtoscopie et à un dosage de l’acétylcholinestérase dans le liquide amniotique. Pour les populations à risque, une échographie de dépistage doit être programmée à 16 SA. Prévention des anomalies de fermeture du tube neural (Pr Le Marec, Rennes) La prévention des anomalies de fermeture du tube neural repose sur l’administration d’acide folique (vitamine B9). En effet, 2 à 5 % des femmes seraient à haut risque de déficience d’apport alimentaire et 25 % à risque modéré. Cette carence dévoilerait une sensibilité génétique (par l’intermédiaire d’une enzyme, la MTHF). La grande majorité des cas survient cependant chez des femmes sans aucun antécédent ni facteur de risque décelé. L’administration d’acide folique (4 mg/j) réduit l’incidence du premier cas et des récurrences de spina bifida. Elle doit débuter au moins un mois avant la conception et être prolongée jusqu’au troisième mois de grossesse. Cette prévention s’adresse aux populations à risque (en incluant les patientes traitées par valproate). Elle est idéalement réalisée par la prescription d’un comprimé de Spéciafoldine® (dosé à 5 mg) par jour. Pour toutes les autres femmes, on pourrait proposer, outre des conseils alimentaires, une dose bien moindre (0,4 mg/j) dès l’arrêt de la contraception (par exemple Zedène® ou Forvital® 1 cp/j). Autres anomalies neurologiques décelables au premier trimestre (C. Talmant, Nantes ; A. Potier, Marseille ; M.V. Sennat, Poissy ; H. Le Guern, Brest) Une technique échographique rigoureuse permet de suspecter les anomalies suivantes : – holosoprosencéphalie : cavité ventriculaire unique, fusion des plexus choroïdes, anomalies faciales ; – encéphalocèle : souvent associé à d’autres malformations ; – méningocèle : le diagnostic s’aidera de l’IRM ; – Dandy-Walker : importance de la coupe axiale pour l’examen de la fosse postérieure ; – séquence acrânie-anencéphalie. La Lettre du Gynécologue - n° 257 - décembre 2000 L’examen fœtopathologique du cerveau est possible en cas d’interruption médicale de grossesse (IMG) bien préparée, faite par un praticien averti ; néanmoins, l’âge fœtal et la macération constituent des limites à l’analyse. LA GROSSESSE AU PREMIER TRIMESTRE : DÉPISTAGE DES RISQUES La première échographie : qu’en attendre ? Quand la prescrire ? Comment juger de sa qualité ? C. Talmant, Nantes ; J.P. Bernard, centre hospitalier de Poissy-SaintGermain-en-Laye) La première échographie est indispensable à plus d’un titre et doit être effectuée au mieux à 12 SA (entre 10 et 13 SA). Elle permet de corriger le terme (à 3 jours près entre 10 et 13 SA), de découvrir une grossesse multiple (et de faire alors le diagnostic de chorionicité et d’amniocité) et de mesurer la clarté nucale (technique actuellement parfaitement codifiée). Un bilan fœtal morphologique précis doit être pratiqué, analysant : – le pôle céphalique, avec le cerveau, la face ; – les membres supérieurs avec leurs 3 segments, la mobilité ; – le rachis (anomalies de fermeture du tube neural) ; – l’abdomen, à la recherche d’anomalies de la paroi (visibles plutôt vers 12/14 SA), de la vessie… – les membres inférieurs (mesure du fémur). Pour pouvoir évoquer des malformations à ce terme, la technique doit être parfaite, comportant une coupe axiale de la tête, une coupe transversale de l’abdomen, et une coupe sagittale stricte. L’iconographie doit être parlante, la qualité de l’échographie doit absolument être évaluée par le praticien et par le prescripteur (co-responsabilité médico-légale). Pour l’échographiste, il existe de nombreux outils : auto-évaluation, audit externe, analyse des échecs, logiciels fournis par la Fédération de médecine fœtale... Le conseil génétique au premier trimestre de la grossesse (J. Roume, centre hospitalier de Poissy-Saint-Germainen-Laye) La consultation du conseil génétique doit répondre à une interrogation : quel est le risque de transmission à l’enfant de la maladie génétique qui affecte l’un des membres de la famille ? Idéalement, elle devrait se dérouler avant la conception… ce qui est exceptionnel ! Le conseil génétique au premier trimestre doit être proposé : Aux couples qui auraient dû consulter plus tôt • Les couples consanguins (unions entre cousins germains) : ils ont en commun un huitième de leur patrimoine génétique et donc un risque d’homozygotie augmenté pour leurs enfants. Le taux de malformation de leur descendance est le double de celui de la population générale. On peut donc proposer aux couples parentaux consanguins un dépistage de l’hétérozygotie pour les maladies autosomiques à forte prévalence (mucoviscidose, amyotrophie spinale infantile) et un suivi échographique rapproché au premier trimestre. Selon l’origine ethno-géogra9 A C T U A L phique, on proposera d’autres examens aux couples (électrophorèse de l’hémoglobine). • En cas d’antécédent : – d’enfant porteur d’une maladie grave (difficulté importante de porter le diagnostic de retard psychomoteur quand il s’agit d’un tout jeune enfant) ; – de mort fœtale inexpliquée ; – d’interruption médicale de grossesse. Ce sont alors des consultations très difficiles, avec des couples très fragilisés. • S’il existe une pathologie génétique grave chez les ascendants ou les collatéraux. La difficulté réside alors dans la nécessité de faire rapidement l’enquête génétique pour définir le risque pour l’enfant à naître et les moyens appropriés (s’ils existent) de diagnostic prénatal. Devant des signes d’appel échographiques La loi de bioéthique rend obligatoire la consultation de conseil génétique avant tout prélèvement de liquide amniotique, de sang fœtal ou de villosités choriales pour un diagnostic prénatal mais… aucune qualification n’est requise pour le médecin consultant. Un résultat de caryotype (anormal ou normal) devrait être rendu par un généticien. Lorsqu’une IMG doit être réalisée Après la découverte d’une pathologie malformative létale ou incurable, non chromosomique. Le fœtus est alors le cas index. Le risque de récurrence pour une autre grossesse doit pouvoir être évalué et annoncé aux parents. Dépistage du risque de trisomie : clarté nucale et marqueurs sériques ; comment intégrer le risque ? (P. Rozenberg, Y. Ville, centre hospitalier de Poissy-SaintGermain-en-Laye ; F. Audibert, hôpital Antoine-Béclère, Clamart) Le risque d’anomalies chromosomiques de type trisomie (trisomie 21 mais aussi trisomies 18 et 13) augmente avec l’âge maternel ; le risque de monosomie X (syndrome de Turner) n’est pas influencé par l’âge. L’âge gestationnel doit également être pris en compte pour le calcul du risque. En effet, les trisomies 18 et 13 (et la trisomie 21 dans une moindre mesure) donnent lieu à des pertes fœtales spontanées ; le risque est diminué de moitié à l’accouchement. Un antécédent de fœtus trisomique augmente le risque pour la grossesse suivante. L’intérêt de la mesure de la clarté nucale a été démontré sur plus de 100 000 cas ! La technique s’est diffusée très rapidement, notamment en France. Il n’existe pas de valeur “seuil”, mais une progression de la valeur normale de la clarté nucale physiologique avec l’âge gestationnel ; l’abandon de la notion de seuil entraîne une baisse de la sensibilité mais une hausse de la spécificité (le taux de faux-positifs passe de 10 à 5 %). Le seuil de sensibilité des marqueurs sériques (hCG + AFP + UE3) a été fixé à 1/250 ; le taux de faux-positifs est, là aussi, de 5 % ; de nouveaux marqueurs, plus précis, sont en phase de 10 I T É développement : inhibine A et bêta-core urinaire au deuxième trimestre, fraction libre de la bêta-hCG et PAPP-A pour le premier trimestre. En France, le dépistage biochimique et le dépistage échographique ont été mis en place en même temps, entraînant l’addition de toutes les situations où un caryotype est indiqué ; en 1999, 1 femme enceinte sur 10 a “bénéficié” d’une amniocentèse (75 000) ! Le risque de fausse couche après amniocentèse étant de 1 %, ce sont 750 pertes fœtales qui sont à déplorer pour la seule année 1999. Il faut donc intégrer ces éléments : l’interprétation du résultat des marqueurs sériques doit se faire en en connaissant les pièges (métrorragies, FIV, poids maternel élevé, diabète, origine ethnique, etc. augmentent le taux d’hCG), et en fonction des résultats de l’échographie (une clarté nucale normale met déjà la patiente dans un groupe à bas risque). Ce dépistage doit être proposé mais jamais imposé, et précédé d’une information adaptée. À l’avenir, on peut espérer l’intégration de tous ces paramètres en un seul risque (peut-être grâce aux marqueurs du premier trimestre) et l’extension de ce raisonnement aux femmes de plus de 38 ans. Dépistage des grossesses à risque obstétrical : quels examens prescrire ? (P. Rozenberg, centre hospitalier de Poissy-Saint-Germain-en-Laye) Le dépistage du risque obstétrical (accouchement prématuré, prééclampsie, RCIU, diabète gestationnel...) peut être universel (s’adressant à la population générale pour définir un groupe à risque) ou sélectif (s’adressant à un groupe à risque connu pour affiner ce risque). Le dépistage du risque obstétrical se fait essentiellement au deuxième trimestre de la grossesse. Le risque d’accouchement prématuré peut être évoqué par les antécédents (conisation, DES, antécédent d’accouchement prématuré lors d’une précédente grossesse, grossesse multiple...), mais 50 % des accouchements prématurés surviennent chez des primipares sans antécédents. L’échographie du col utérin, pratiquée entre 20 et 24 SA, apparaît comme un bon marqueur dans les grossesses à risque et les grossesses gémellaires : une longueur < 22 ou 25 mm ou une image en entonnoir constituent un pronostic très défavorable. La valeur prédictive de l’échographie est ici bien supérieure à celle du toucher vaginal. En population générale, s’il existe une relation linéaire entre longueur du col et accouchement prématuré, la sensibilité et la spécificité du test sont très mauvaises. Il en est de même pour la fibronectine, dont le dosage n’a d’intérêt que pour les grossesses à haut risque. La même problématique est retrouvée pour le diabète gestationnel (dont le dépistage doit se faire en fonction de l’épidémiologie locale), la prééclampsie et le RCIU (en population générale, la valeur prédictive du doppler est très mauvaise). En conclusion, le dépistage universel du risque obstétrical se révèle inutile, anxiogène et iatrogène ! Il doit être sélectif et réservé aux groupes à risque. .../... La Lettre du Gynécologue - n° 257 - décembre 2000 A C T U A L I T É .../... Médicaments et grossesse (E. Jacq-Aigrain, hôpital Robert-Debré, Paris) Le risque tératogène est en général surévalué. La prise médicamenteuse est en moyenne de 5,6 produits par grossesse ; il s’agit essentiellement d’automédication. Dans l’appréciation du risque, les progrès sont venus des études de pharmacologie fondamentale (mise en évidence de facteurs de risque génétique et métabolique fœtaux) et de la conférence d’harmonisation qui s’est tenue en 1993 : elle a mis en place la standardisation des études animales nécessaires avant la mise sur le marché de nouvelles molécules. Cette standardisation permet l’exploitation en tératologie humaine des études réalisées chez l’animal : en effet, l’absence d’effet malformatif chez 2 espèces animales (procédure respectée +++) est très rassurante, même en l’absence de données humaines. Ainsi doit-on distinguer 2 catégories de médicaments : ceux qui ont été commercialisés avant 1993 (importance des données humaines) et ceux qui l’ont été après (études animales standardisées et fiables). A B O N N E En revanche, pour la toxicité fœtale, aux deuxième et troisième trimestres de la grossesse, les modèles animaux sont peu prédictifs ; les données humaines prennent alors toute leur importance. Les produits à risque tératogène élevé sont connus : dérivés de synthèse de la vitamine A (Roaccutane ®, mais vitamine A naturelle innocentée), chimiothérapie anticancéreuse (malformations et anomalies du développement), alcool, métaux lourds et polluants chimiques. Certains médicaments sont à risque potentiel élevé (les études animales ont donné l’alerte) : ganciclovir, mycophendate mofétil et certains antirétroviraux. D’autres molécules voient leur risque réévalué à la baisse, comme le lithium. Pour Prozac®, les études animales comme les données humaines au premier trimestre sont rassurantes. En fin de grossesse, il faut préférer des produits à demi-vie plus courte et éviter les IEC et les AINS. Si les études avant commercialisation sont maintenant fiables, le suivi des enfants exposés à un produit pendant leur vie intrautérine n’est pas réalisé ; les effets tardifs, s’ils existent, ne peuvent ainsi pas être mis en évidence. ■ Z - V O U ✁ S ! À découper ou à photocopier Tarifs 2000 Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules ❏ Collectivité ................................................................................. à l’attention de .............................................................................. FRANCE / DOM-TOM / Europe ÉTRANGER (autre qu’Europe) ❐ 580 F collectivités (88,42 €) ❐ 700 F collectivités (127 $) Dr, M., Mme, Mlle ........................................................................... ❐ 460 F particuliers (70,12 €) ❐ 580 F particuliers (105 $) Prénom .......................................................................................... ❐ 290 F étudiants (44,21 €) ❐ 410 F étudiants (75 $) ❏ Particulier ou étudiant joindre la photocopie de la carte Pratique : ❏ hospitalière ❏ libérale ❏ autre............................... POUR RECEVOIR LA RELIURE ...................................................................................................... ❐ 70 F avec un abonnement ou un réabonnement (10,67 €, 13 $) ❐ 140 F par reliure supplémentaire (franco de port et d’emballage) (21,34 €, 26 $) MODE DE PAIEMENT Code postal ................................................................................... 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