Lettre Web n°9 - Site Opale Sud

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Lettre Web n°9 - Site Opale Sud
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N°9
2014
Reconnaissante de votre fidélité, l’équipe du Musée
d’Opale-Sud vous présente ses meilleurs vœux
et remercie tous ceux dont la générosité a permis
d’enrichir le parcours proposé en 2014.
Un nouvel accrochage
Au-delà de son succès, la rétrospective consacrée à Ludovic-Napoléon Lepic va durablement modifier
la présentation permanente grâce aux généreux dépôts consentis, tant par des collectionneurs privés
(Catherine et Matthias Ary-Jan en particulier) que par des établissements publics comme le musée
de Picardie (Amiens) et le musée des beaux arts de Valenciennes. Avec les acquisitions réalisées à
l’occasion de l’exposition, c’est un espace entièrement dédié au Patron qui accueillera le visiteur pour
les cinq années à venir. Outre la Plage de Berck au pliant et le Bateau cassé, une cimaise présente
quatre panneaux ayant appartenu au décor de la maison du «général de M.». Deux avaient été acquis
par préemption en 2011 et, pour pouvoir donner une plus juste idée de cet ensemble, ils sont complétés
par Pêche à pied aux bouchots (dépôt Thierry et Fabienne Zimmer) et par Printemps à Berck en cours
d’acquisition.
À ce nouveau parcours sont intégrées des
œuvres inédites ou n’ayant fait qu’une très
brève apparition sur nos cimaises avant d’être
prêtées, après bichonnage, au musée Daubigny
d’Auvers-sur-Oise. Acquis avec le soutien du
Fonds Régional d’Acquisition des Musées (État
- Région), Nuit à Berck de Georges Maroniez
a retrouvé toute la subtilité de sa lumière et
l’équilibre de ses couleurs. Le Retour de pêche de
Georges Laugée donne également sa juste mesure
tandis que Tiot Frère Nananne (Francis Tattegrain,
les buveurs) a rejoint son père, le Prince de
Joinville dans une salle consacrée aux grands
portraits. La vivacité des couleurs de la Matelote
à l’enfant d’Eugène Trigoulet réapparaît après
l’enlèvement du vernis encrassé qui en étouffait
l’éclat.
Ouvrant sur l’emblématique Attente sur la
plage de Marius Chambon, un espace est plus
particulièrement dédié aux éclairages et effets de
lumière traqués par Chigot, Chambon, Roussel et
Lavezzari.
Le musée qui possédait un portrait de Marie la
Boulonnaise par Francis Tattegrain (ci-dessous)
vient d’en acquérir un second, très significatif
du talent de Marius Chambon (ci-contre).
Cette «figure» du commerce berckois y est
toujours parée des
éléments qui la distinguent des autres
femmes de Berck :
la coiffe «soleil» et
les grandes boucles
d’oreilles en or.
Avec pertinence et
sensibilité, Chambon
rend palpable les
effets du passage du
temps, tout en gardant
à son personnage une
grande dignité.
Présenté également le tout dernier achat, une
aquarelle d’Hector Caffieri (1847 - 1932), la
première de ce peintre anglais à entrer dans nos
collections. Titrée au dos Evening Berck, elle
indique que l’artiste, installé à Boulogne en
1903, est descendu parfois au sud de la Canche...
Hector Caffieri (1847 - 1932), Evening Berck
Une fin d’année agitée
Surtout, décembre 2013 a été marqué par deux
préemptions exercées au nom de l’état au profit du
musée de France d’Opale-Sud.
Le 11 décembre, Pêcheuses berckoises déchargeant
un
d’Albert
Besnard
entraient
les "Tiot
Surbateau
cette toile
de Francis
Tattegrain,
ondans
reconnaît
collections,
deux
jours
avant
une
étonnante
Frère Nanane" modèle du tableau envoyé Corderie
au Salon
de
Francis
Tattegrain
(vendue
sous
le
titre
«les
de 1908 et gravé par Lerondeau. C’est aux alentours
fileuses
lin»).
de cettede
date
qu’il faut situer la réalisation de cette
De
tous
les
peintres
ayantàœuvré
à Berck,
peinture qui se rattache
toute une
sérieexception
d’oeuvres
faîte
de
Manet
et
de
Boudin,
Albert
Besnard
produites par l’artiste durant les dix dernières(1849
années
–de1934)
sans-doute
sa vieest
(1852
1915).celui qui jouit de la notoriété
la
Grand Prix
de Rome
1874,de
il
Leplus
fils importante
d’Antoine :François
Bouville,
ditdès
"Prince
dirigera
l’Ecole
des Beaux
Artsson
et lapère
Villasur
Médicis,
Joinville",
va donc
rejoindre
nos cisera
le
premier
peintre
admis
à
l’Académie
Française
maises.
et le premier auquel l’ État français accordera des
funérailles nationales.
En 1896, la brutale maladie du plus jeune fils de
Besnard l’amène à Berck dont les praticiens sont
alors les meilleurs garants d’une intervention
efficace. Surtout connu par le décor de la chapelle
Cazin-Perrochaud, son bref séjour à Berck (il ne
revient apparemment plus après 1901) lui permet de
peindre quelques marines.
à découvrir : "Les buveurs", dernière acquisition
Albert Besnard,
Pêcheuses berckoises déchargeant un bateau
Le sujet traité ici par Francis Tattegrain est pour le
moins inhabituel et donc d’un intérêt documentaire
tout à fait exceptionnel. Une étude pour cette toile
inédite était passée en vente en 2012, laissant
supposer que ce thème avait été abordé par le
peintre, dès 1895.
Certaines parcelles du cadastre berckois trahissent
leur passé par une disposition et des proportions
inhabituelles. Perpendiculaires aux tracés de voirie,
elles s’allongent sur environ deux cents mètres pour
une largeur limitée à 5 à 6 mètres. Déjà attestée en
1513, l’activité est en régression lorsque Tattegrain
réalise cette toile. En 1896, Berck possède encore
une douzaine de cordiers assistés de quelques
femmes.
Nommé «voie», le terrain permettait de tendre et
tordre les cordes que l’on accrochait à des piquets
ou à des arbres. Les «peignons», fibres de chanvre
réunies en queues de cheval et portés autour de la
taille, étaient la matière première du «fil de carret»
qui, par assemblage et torsion, formait des cordes
de plus en plus grosses. Les «quérés» servant à
fabriquer les lignes courtes (environ 1 mètre),
selon le même principe en utilisant un poids pour
entortiller les brins par torsion, étaient aussi bien
utilisés à l’intérieur de la maison que dehors.
Au sein de la pléthorique documentation fournie à
Berck par les cartes postales (troisième lieu français
en quantité d’éditions après Paris et Lourdes avant
1914), ces sujets sont tout aussi rares. Il n’existe que
deux vues correspondant à notre toile et deux autres
relatives au travail de cordier et de fabrication des
lignes.
Jusqu’alors, le musée ne possédait qu’une petite toile
d’Eugène Trigoulet traitant de ce sujet (ci-dessous).
Les deux œuvres seront présentées
pour la journée portes ouvertes du
premier dimanche de mars.