"La fontaine Stravinski" (1983) Jean Tinguely (1925-1991)

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"La fontaine Stravinski" (1983) Jean Tinguely (1925-1991)
La Fontaine Stravinsky
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Œuvre tridimensionnelle et espace public
"La fontaine Stravinski"
(1983)
Jean Tinguely (1925-1991) - Niki de Saint-Phalle (1930-2002)
Par Isabelle Rollin-Royer
La commande publique
La fontaine Stravinsky
La fontaine : lieu de rencontre et de repos dans la cité
Multiplicité des points de vue
Igor Stravinsky
L'eau
Le mouvement
Opulence et générosité des formes
Collaboration Tinguely / Niki de Saint-Phalle
D'autres Fontaines
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La commande publique
La fontaine Stravinsky a été réalisée en 1983 dans le cadre du 1% prélevé sur le budget de
construction du Centre Georges Pompidou.
C'est une commande publique en partenariat entre la ville de Paris, le Ministère de la Culture et le
Centre Pompidou.
Le monument se trouve dans le quartier Beaubourg à Paris et évoque l'œuvre musicale de
Stravinsky.
Il se situe entre la façade sud du centre Georges Pompidou, l'église Saint Merri et l'IRCAM.
Cette œuvre a été conçue par les artistes Jean Tinguely et Niki de Saint-Phalle.
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La fontaine Stravinsky
Il s'agit d'un vaste rectangle d'eau, dans lequel diverses sculptures mécaniques noires ou colorées
sont animées par la force de l'eau.
Ces sculptures sont au nombre de 16 et distribuées de manière relativement égale dans l'espace de ce
bassin rectangulaire.
7 de ces sculptures semblent directement réalisées par Tinguely.
6 relèvent de la facture des sculptures colorées de Niki de Saint-Phalle (dont 1 absente, peut-être en
restauration)
3 autres enfin semblent être des réalisations conjointes des deux artistes.
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La fontaine : lieu de rencontre et de repos dans la cité
Contrairement à d'autres eaux, celle des fontaines est particulière car c'est une "eau construite",
voulue, canalisée et domestiquée.
Dans le passé, sa fonction était essentielle. A Paris, les populations se ravitaillaient aux quelques
dizaines de fontaines installées dans les différents quartiers. Pour beaucoup de parisiens, chaque jour
était celui de la corvée d'eau. C'était aussi l'occasion de rencontrer des voisins, des amis. Par le
passage obligé qu'elle imposait, la fontaine a rapidement pris l'allure d'un lieu de rassemblement, et
même parfois d'un véritable centre d'animation.
Par sa situation au centre de Paris, au cœur d'un quartier de culture et de tourisme, mais aussi par sa
conception, la fontaine Stravinsky renoue avec cette tradition.
Son plan d'eau est entouré d'un rebord de béton dont la forme invite le promeneur à s'asseoir.
La fontaine est en même temps qu'un spectacle mobile, un lieu de convivialité, de rendez-vous et de
rencontre. On y passe, on s'y promène, on s'y arrête, on s'y installe, on y discute.
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Multiplicité des points de vue
Lorsque le passant s'assoit sur le pourtour de béton aménagé à cet effet, il tourne le dos à la fontaine
et même s'il s'assoit de biais, il perd toute vision frontale du monument : un nouvel angle s'offre à
lui. Il peut, changeant de place transformer presque à l'infini son point de vue.
La mobilité des sculptures ajoute à cette pluralité d'angles de vision. Leurs configurations multiples
et mouvantes se conjuguent les unes aux autres. Ainsi, envisagée dans sa globalité, avec ce réseau de
points de vue instable, la fontaine est toujours la même et pourtant chaque fois différente.
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N'étant pas attenante à un bâtiment (comme la fontaine Saint Michel par exemple), elle est de ces
fontaines autour desquelles on peut circuler. Visuellement, on peut être placé sur l'un de ses côtés et
apercevoir ce qui se trouve sur les 3 autres.
Aussi, les escaliers qui séparent la fontaine de l'église Saint Merri ajoutent à cette possibilité de
vision panoramique de l'ensemble de la place.
Ainsi, regardant la fontaine et les sculptures qui la composent, simultanément, on obtient une vue
générale de sa situation dans l'espace.
Ce monument est donc bien à envisager dans et avec le site qui le contient.
Une autre possibilité de points de vues : ceux que l'on a de la fontaine, des différents niveaux du
centre Georges Pompidou, du côté de la façade qui lui correspond.
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Igor Stravinsky
La fontaine Stravinsky de Jean Tinguely et Niki de Saint-Phalle est une oeuvre plastique qui rend
hommage à une oeuvre musicale.
Plus qu'une référence, elle est la célébration d'un compositeur russe du 20e siècle.
Igor Stravinsky est né à Saint Petersbourg en 1882 et mort à New York en 1971. Il a longtemps
séjourné en France et représente un symbole de l'éclectisme et de l'internationalisme artistique du
début du siècle.
La fontaine Stravinsky est attenante à Beaubourg (inauguré en 1977), elle en prolonge la
polychromie. L'ensemble constitue comme une enclave au milieu de constructions anciennes, avec la
mitoyenneté de Saint Merri, la proximité, entre autres édifices, de Sainte Eustache, de la tour SaintJacques et de Notre-Dame de Paris.
Avec ses formes, ses couleurs, ses représentations, la fontaine a certainement heurté une partie du
public, elle a pu apparaître pour certains comme une véritable provocation. En cela, elle rappelle,
soixante-dix ans plus tôt, le scandale de la première représentation Le Sacre du Printemps d'Igor
Stravinsky (le 29 mai 1913 au Théâtre des Champs Elysées). Les rythmes révolutionnaires de cette
musique associés à la chorégraphie provocante de Diaghilev avaient en effet choqué la critique qui
parla à l'époque de " massacre du printemps ".
Avec cette fontaine, les formes manifestes ou simplement suggérées par Tinguely et Saint-Phalle
citent des fragments de l'œuvre musicale de Stravinsky : les couleurs du Sacre du Printemps, l'envol
de l'Oiseau de feu.
Un examen attentif montre que les 16 sculptures sont directement inspirées par les compositions du
musicien, les différents éléments de la fontaine se nomment : la clé de sol, le rossignol, le serpent,
l'oiseau de feu, l'éléphant, la mort, l'amour, le ragtime…
La place qui supporte la fontaine porte d'ailleurs également le nom de Stravinsky.
La fontaine Stravinsky se trouve donc sur la place Stravinsky, et cela au-dessus d'un centre de
recherche musicale.
Le monument est en effet situé sur le toit d'un immeuble souterrain de 5 étages abritant le centre de
recherche acoustique et musicale de Pierre Boulez, l'IRCAM (Institut de Recherche en Musique
Contemporaine.)
D'un point de vue pratique, ce projet architectural a été prévu en souterrain pour résoudre la
contrainte technique de l'isolation acoustique.
La structure du bassin de la fontaine est réalisée en acier inoxydable pour en alléger le poids.
Les sons produits par les jeux d'eau de la fontaine évoquent également la musique. L'eau projetée des
sculptures sur les formes en polyester ou sur les constructions métalliques elles-mêmes, sur les bords
du bassin ou encore sur la surface de l'eau produit des sons qui se répondent et qui varient en
fonction des déplacements du spectateur-auditeur.
Tinguely, avait réalisé dans les années cinquante des machines à peindre, des machines à dessiner
puis des machines acoustiques.
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Avec ce monument de Tinguely et de Niki de Saint-Phalle, il y a comme la tentative de rendre
visible la musique. La fontaine est une partition jouée et éclaboussée par l'eau.
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L'eau
Dans son ouvrage "L'eau et les rêves", le philosophe français Gaston Bachelard explique les liens
très étroits qui nous unissent à l'eau, cela à travers l'ensemble des visages que l'eau peut incarner :
Elle est la mère, la maîtresse, la consolatrice ; l'eau peut être douce ou violente, profonde, dormante
ou agitée,...
La Fontaine Stravinsky propose aussi des formes relatives à l'eau comme élément essentiel, source
de vie cristallisée par la généreuse sirène de Niki de Saint-Phalle, par la bouche pulpeuse et sensuelle
jusqu'à l'excès. Le cœur multicolore aussi trouve sa place dans cette ronde de symboles.
La fontaine propose aussi une lecture ludique relative à l'enfance, à ses jeux et à ses gourmandises.
Les sculptures de Niki de Saint-Phalle surtout, avec leurs formes opulentes ressemblent à des
ballons, à d'énormes bouées colorées.
Les structures métalliques de Tinguely rappellent les jeux-mécanos avec leurs constructions
complexes et en même temps dérisoires.
Le bruit participe aussi à tout cela : le bruit de l'eau, le bruit des mécanismes des différentes
machines en mouvement.
Avec cette danse des sculptures, une question est posée : celle de la pérennité. Un monument doit
durer, inaltérable, indifférent au temps qui passe et à l'érosion. Les Vénus sont immortelles. Qu'en
est-il de la Fontaine Stravinsky ? Entre la fonction d'éternité du monument et le mouvement qui peut
s'interrompre, cette contradiction est proposée à la réflexion, peut-être à la manière d'une vanité
contemporaine.
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Le mouvement
C'est à Bâle que Jean Tinguely (1925-1991), fils d'ouvrier, a commencé à construire de petites roues
en bois au bord d'un ruisseau. A partir de déchets récupérés, il a continué à fabriquer des machines
inutiles, bruyantes et délirantes à Paris également, où il s'installe en 1952.
Tout au long de sa carrière la question du mouvement obsède Tinguely.
Il explique :
" Je suis un artiste du mouvement, j'ai fait tout d'abord de la peinture mais je m'y suis
bloqué, j'étais dans une impasse. Toute l'histoire de l'art et l'Ecole des Beaux-Arts
m'avaient handicapé, je partais handicapé dans la peinture, je suis resté accroché dans
les tableaux, sur les tableaux, tout ce que je pouvais faire finalement dans les tableaux
était d'attendre qu'ils soient fatigués et je ne pouvais jamais en trouver la fin. Alors j'ai
décidé d'y introduire le mouvement. "
On peut penser que le fait que Tinguely soit né et ai grandi en Suisse, pays de l'horlogerie de
précision, ai constitué un facteur déterminant dans son orientation artistique. Il n'a jamais cessé de
construire des " anti-machine ". Les mécanismes mis au point par Tinguely sont à l'opposé de ce que
l'on entend ordinairement par " machine ". Elles sont imprécises, se trompent, grincent. Tinguely
ruse avec les mécanismes du mouvement et, là où l'homme moderne attend un mouvement
imperturbable et précis, la machine répond par des écarts, des tremblements. Avec ces imperfections,
Tinguely " humanisent " la machine.
Pour lui, n'existe que ce qui bouge.
" Tout ce qui est fixe se délabre, tout ce qui est mouvement demeure. Le mouvement de
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mes sculptures est un mouvement pour la stabilité… La plus grande stabilité, c'est
l'instabilité. "
En 1953, il utilise le mouvement manuel dans les Moulins à prière et autres constructions en fil de
fer.
La même année, il commence la réalisation de tableaux géométriques noir et blanc, animés de
moteurs cachés.
Il poursuit ces recherches avec les Méta-mécaniques que l'on peut entendre comme "au-delà de la
mécanique". Des formes simples, figures plus ou moins géométriques empruntées au vocabulaire
formel des constructivistes russes, animées par un mécanisme invisible, engendrant une série
indéfinie de compositions. Ces reliefs sont en continuelle transformation :
" Mes reliefs représentent une permanence de l'infini, c'est-à-dire ce que je n'avais pas
réussi à faire avant, à l'époque où je ne parvenais jamais à finir un tableau. Je
construisais ces reliefs comme des tableaux où la poésie intervenait comme malgré moi.
Ils se travaillaient tout seuls et se plaçaient eux-mêmes dans l'infini… "
En observant certaines des compositions de cette époque, et en imaginant la danse de ses différents
éléments à l'intérieur du rectangle qui en constitue le support, on peut penser aux différentes
sculptures animées dans l'espace rectangulaire du plan d'eau du bassin de la Fontaine Stravinsky.
Envisagé de cette manière, c'est à dire en vision aérienne, le monument rappelle les méta-mécaniques
que Tinguely construisait dans les années 1956-1958.
Tinguely rencontre Yves Klein en 1956 et organise avec lui, en 1959 à la galerie Iris Clert,
l'exposition "Vitesse pure et stabilité monochrome" où sont présentés de grands disques bleus peints
par Klein, montés sur des machines de Tinguely. Cette collaboration annonce la mécanisation de
certaines des sculptures de Niki de Saint-Phalle par Tinguely.
La rencontre de Tinguely avec Yves Klein et les discussions qui ont abouti à la constitution du
groupe des Nouveaux Réalistes en 1960, n'ont pas bouleversé la démarche de Tinguely. Il serait
réducteur de n'envisager son travail qu'en relation avec ce mouvement.
C'est à cette époque aussi qu'il rencontre Niki de Saint-Phalle. Ils s'engageront ensemble dans le
mouvement des Nouveaux Réalistes et travailleront régulièrement à des œuvres communes. La
Fontaine Stravinsky est un exemple de cette collaboration.
Bien avant la réalisation de ce monument dédié à un musicien, l'intérêt de Tinguely pour le
mouvement s'accompagne d'une interrogation relative au son. En 1958, il réalise des sculptures
acoustiques : Mes étoiles - Concert pour sept peintures est enregistré et diffusé par deux stations de
radio.
En 1960, il réalise son fameux Hommage à New York : Une machine, dont la construction a nécessité
des semaines de travail, se détruisait elle-même.
L'art de Tinguely fonctionne donc sur un paradoxe : mouvement / stabilité ; construction /
destruction
La filiation à Dada est évidente (Ready-made de Marcel Duchamp ou peinture mécanomorphe de
Picabia). Il s'agit d'une même critique de la civilisation mécanisée à outrance, symbole d'ordre, de
discipline, de précision et de rationnel.
Tinguely contraint ses machines à se confronter à ce qui jusque là leur semblait inconciliable : le
hasard.
Il continuera toute sa vie, à construire à partir de déchets un grand nombre de machines,
généralement inutiles, (sauf pour ce qui concerne Méta-matic, qui produisait en 1959 des dessins et
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peintures aléatoires, ridiculisant peut-être l'Expressionnisme abstrait américain), bruyantes et
d'aspect souvent délirant (satire manifeste des outrances de la société industrielle).
Le travail de Tinguely atteint des niveaux de représentation symbolique qui sont de l'ordre du
théâtre, un théâtre joué par les objets dont l'artiste se joue lui-même.
Avec ses machines folles et dérisoires, Tinguely se réapproprie la machine à des fins parfois ludiques
(Rotozaza n°1, 1967, lance des ballons).
Dans sa rétrospective au Centre Pompidou, quelque peu avant sa mort, Tinguely avait exigé que la
première salle soit gratuite et réservée aux enfants.
Ses sculptures restent inspirées par l'esprit d'enfance, du carnaval et du cirque. La Fontaine
Stravinsky est un peu comme l'arène rectangulaire d'un grand cirque où tout tourne : les sculptures
sur elle-mêmes, les spectateurs autour de l'ensemble.
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Opulence et générosité des formes
Niki de Saint-Phalle, née en 1930 à Neuilly sur Seine, passe son enfance à New York puis revient
vivre à Paris en 1952, date de l'installation de Jean Tinguely en France et qu'elle rencontrera
quelques années plus tard.
Elle commence à fabriquer et à peindre des objets-reliefs en plâtre puis utilise de nouveaux
matériaux.
Elle explique elle-même que c'est par l'art qu'elle est parvenue à surmonter les traumatismes d'une
enfance douloureuse.
Les productions de cette époque évoquent des figurines de sorciers (Crucifixion, 1963) qui peu à peu
vont annoncer les fameuses Nanas.
En 1960, elle participe à la création du mouvement des Nouveaux Réalistes fondé par le critique
Pierre Restany.
C'est à cette période qu'elle réalise les premiers Tirs (les œuvres contiennent des ampoules de
peinture qui explosent sous l'impact de balles tirées à la carabine par les spectateurs ou par Niki de
Saint-Phalle elle-même).
A partir de 1965, les Nanas se multiplient. Elles sont gaies, colorées, rondes et semblent pourtant
légères, comme des ballons. Les Nanas de Niki de Saint-Phalle rappellent les jeux, les sucreries et
gourmandises de l'enfance. Elles sont parfois habitables et ludiques aussi, comme les énormes
personnages des parcs d'attraction, supports ou coques de circuits infernaux.
La plus grande lui est commandée par le musée d'Art moderne de Stockholm en 1966. Elle mesure
28 mètres de long, 12 de large et 7 de haut. Elle contient des salles d'exposition, de cinéma, un bar.
L'entrée des visiteurs est située à l'emplacement du sexe.
De nombreuses Nanas suivront, habitables ou non.
Niki de Saint-Phalle réalisera également beaucoup d'aménagements urbains ou d'éléments de
mobiliers utilisant les thèmes qu'elle affectionne (animaux et mythologie liée à l'enfance).
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Collaboration Tinguely / Niki de Saint-Phalle
La collaboration de Niki de Saint-Phalle et de Tinguely est présente dans d'autres œuvres.
Le musée Tinguely à Bâle, construit par l'architecte Mario Botta propose les œuvres de Tinguely à
l'intérieur du bâtiment alors que des sculptures de Niki de Saint-Phalle sont installées à l'extérieur.
Niki de Saint Phalle était la compagne de Tinguely et leur communion artistique était notoire. Ils
travaillaient parfois à la réalisation d'œuvres communes. La Fontaine Stravinsky est un exemple.
Les rondeurs, les couleurs et les sujets des productions de Niki de Saint-Phalle s'articulent aux
métalliques et sombres structures mécaniques de Tinguely dans une opposition/complémentarité du
masculin/féminin. Certains y ont vu une relation artistique sexuelle et fusionnelle rendue tangible par
les productions de leur collaboration professionnelle.
Au long des différentes lectures relatives à cette fontaine, le plus souvent on relève qu'il s'agit d'un
travail de Tinguely " avec la collaboration de Niki de Saint-Phalle ".
Visuellement la participation de chacun de ces deux artistes paraît égale. Pourtant, lorsque l'on
s'attache à un inventaire précis, le travail de Tinguely paraît plus présent (7 sculptures sont en propre
de Tinguely, pour 6 de Niki de Saint-Phalle et 3 semblent réalisées en collaboration). Les œuvres de
Niki de Saint-Phalle présentent des mécanismes qui les rendent mobiles et qui s'apparentent au
travail de Tinguely.
Après examen, cette inégalité semble visuellement compromise. Cela, comme si la couleur et les
formes opulentes des sculptures de Niki de Saint-Phalle compensaient leur plus petit nombre, comme
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si les productions mécaniques, monochromes et évidées des constructions métalliques de Tinguely
nécessitaient une mobilisation plus grande.
Ce relevé impose un déplacement tout autour du plan d'eau. Il faut s'y reprendre plusieurs fois, tant
tout bouge, tourne, virevolte, éclabousse. Entre le déplacement de celui qui regarde et la mobilité de
ce qui est observé, l'examen semble chaque fois à reprendre. Ici, à cet endroit, telle pièce semble
avoir échappé à l'opération, finalement vue sous ce nouvel angle, au détour de sa ronde propre, elle
se reconnaît. Il est en effet difficile de compter et de dénombrer les différentes pièces de la fontaine.
Lorsque l'on s'attache à une vision plus générale, la participation respective de Tinguely et de Niki de
Saint-Phalle donne à l'ensemble une impression harmonieuse et équilibrée.
Entre le moderne centre Pompidou, témoin et organisateur de spectacles vivants et l'église Saint
Merri, site de concerts classiques, au-dessus de l'IRCAM, la Fontaine Stravinsky "joue" au
monument-synthèse, à la manière d'une proposition in situ où les arts (peinture, sculpture,
architecture et musique) sont représentés ensembles.
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D'autres Fontaines
- En 1962, Tinguely expose à Baden "Onze sculptures-fontaines".
- Jean Tinguely, Fountain V, 1963
Tubes de métal, éléments de fer forgé, 205 x 96 x 77 cm.
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(Document extrait de : Catherine Francblin, Les Nouveaux Réalistes, Paris, Editions du Regard,
1997, page 141).
- En 1977, Tinguely réalise un ensemble de fontaines pour la ville de Bâle.
- Niki de Saint-Phalle, La Fontaine aux quatre Nanas 1974 - 1991
Polyester peint, 225 x 224 x 55 cm
Musée d'Art moderne et d'Art contemporain, Nice.
- Niki de Saint-Phalle, Jean Tinguely, La Roue de la Fortune 1979 - 1996
"Jardin des Tarots" Garavicchio, Italie.
Il s'agit de l'une des 22 sculptures monumentales de Niki de Saint-Phalle et Tinguely réalisées entre
1979 et 1996, dans le "Jardin des Tarots", à Garavicchio, dans le sud de la Toscane en Italie. Ces
sculptures sont inspirées des arcanes majeurs du Tarot. Certaines comme la Roue de la fortune sont
habitables. Elle est construite en béton et est recouverte d'une mosaïque de miroir, de verre et de
céramique colorée.
" La Roue de la fortune est un vieux symbole de la Roue de la vie ; ce qui monte doit
forcément descendre. Un jour je marchant à travers le jardin, EUREKA ! J'ai eu l'idée
de demander à Jean Tinguely de faire la Roue de la Fortune dans une fontaine. L'eau
s'écoulerait de la bouche de la Papesse. "
Niki de Saint Phalle
- Jean Tinguely, Niki de Saint-Phalle, Statue-Fontaine-Mobile 1987 - 1993
Château-Chinon, Morvan.
Cette fontaine est une commande de François Mitterrand à Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle
pour la place de la mairie de Château-Chinon, dont il était maire. Elle présente de nombreux points
communs avec la Fontaine Stravinsky (bassin central, distribution de sculptures mobiles des deux
artistes, situation au milieu d'une place) mais dans des dimensions beaucoup plus réduites.
- Niki de Saint-Phalle, L'arbre fontaine, Installation au jardin du Palais-Royal
Eté 2003, Paris.
- Niki de Saint-Phalle, Les trois grâces, Installation au jardin du Palais-Royal
Eté 2003, Paris.
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Crédits photographiques : Isabelle Rollin-Royer
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