Les vrais »faux livres » - Le site des bouquinistes de Paris

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Parapet N°14
Sommaire
Le billet de la présidente .............................................................................................................................. 2
I. LE LIVRE, CE HEROS... ........................................................................................................................ 2
II. L'AMOUR DES LIVRES ....................................................................................................................... 4
III. LE LIVRE OBJET ................................................................................................................................ 6
IV. LES LIVRES A ROULETTES .............................................................................................................. 7
V. LIVRES A TIROIRS ............................................................................................................................... 8
VII. ANNONCES ......................................................................................................................................... 8
1.Recherches............................................................................................................................................ 8
2. Ventes................................................................................................................................................... 9
3. Peinture ............................................................................................................................................. 10
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Le billet de la présidente
Poursuivant nos investigations dans le monde étonnant et merveilleux du livre, voici
quelques exemples insolites d'utilisation "détournée" de cet objet. Du livre coffret fermé par
des ferrures au CD-Rom qui sera (malheureusement) le livre de demain, nous avons la chance
de pouvoir encore croiser sur nos chemins de vrais "faux livres".
La Présidente
I. LE LIVRE, CE HEROS...
Est-il rien de plus délectable, pour un amateur de livres, que de se plonger dans un
roman dont le héros est un bouquin ? Les cinq exemples qui suivent sont les premiers d'une
liste que chacun pourra compléter à sa guise.
Pour commencer, le rêve absolu, le livre qui ne se termine jamais et dont le lecteur
devient le personnage central, "Histoire sans fin" de Michaël Ende. Bastien Balthasar Bux a dix
ans. Un jour, il voit dans le magasin d'antiquités un livre ancien qui le fascine à tel point qu'il
le dérobe et se réfugie dans le grenier de son école pour le lire. Il découvre un univers
étrange où vivent des elfes et leur impératrice, un garçon à la peau verte nommé Atreju, des
"mange-pierres", un dragon volant, tous menacés d'anéantissement par une force inconnue.
Brusquement, Bastien entre dans l'histoire comme s'il en avait toujours fait partie. "Le livre
était relié en soie couleur de cuivre et étincelait quand on le manipulait (...) C'était bien là
ce dont il avait tant de fois rêvé, ce qu'il souhaitait trouver depuis le jour où la passion des
livres s'était emparée de lui: une histoire qui ne finit jamais ! Le livre des livres ! (...) Bastien
sursauta quand il comprit ce qu'il venait de lire. Cette fois, les choses allaient décidément
trop loin ! Il était pourtant absolument impossible que se trouvât dans un livre imprimé une
réalité qui n'existait qu'à l'instant même et pour lui seul..."
Dans "Si par une nuit d'hiver un voyageur...", Italo Calvino interpelle lui aussi un
lecteur - qui personnifie tous les lecteurs - alors qu'il cherche en librairie son dernier roman.
"Es-tu bien sûr, lecteur, de vouloir lire ce livre-là ? (...) Tu t'es aussitôt frayé un chemin dans
la boutique, sous le tir de barrage nourri des livres-que-tu-n'as-pas-lus, qui sur les tables et
les rayons, te jetaient des regards noirs pour t'intimider (...) Mais voilà que te tombe dessus
l'infanterie des livres-que-tu-lirais-volontiers-si-tu-avais-plusieurs-vies-à-vivre. Tu les
escalades rapidement, et tu fends la phalange des livres-que-tu-as-l'intention-de-lire-mais-ilfaudrai-d'abord-en-lire-d'autres..." Livre en main, le lecteur s'embarque alors dans un cassetête : dix débuts de romans de tous pays, interrompus les uns après les autres pour des
raisons différentes, et qui, mis bout à bout, pourraient finir par former une seule histoire. Un
livre jamais achevé, toujours en mouvement et dont on ne sait qui l'écrit, de l'auteur ou du
lecteur.
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La fin d'un roman interrompu, c'est ce que s'amusent à imaginer Fruttero et Lucentini
dans "L'Affaire D, ou le crime du faux vagabond". De nos jours, à Rome, se déroule un congrès
international assemblé par "la géniale et tenace industrie japonaise", dont le but est de
compléter des oeuvres musicales et littéraires inachevées. Les plus grands détectives de
l'histoire du roman policier - dont Sherlock Holmes, Hercule Poirot, Maigret et Philip Marlow
- s'attellent à la tâche : découvrir la fin du "Mystère d'Edwin Drood" de Charles Dickens.
""De l'importance de compléter", répètent les banderoles tendues autour de la grande salle. Donc, annonce l'hôtesse, le texte intégral du roman, c'est-à-dire, bien entendu, dans la limite
des chapitres que nous possédons, sera lu en entier au cours des différentes séances." Peu à
peu l'enquête progresse, et c'est Hercule Poirot qui résoudra de façon magistrale l'énigme du
roman mais aussi celle de la mort de Dickens.
C'est aussi une énigme que s'emploie à résoudre A. S. Byatt dans "Possession". Et c'est
grâce à un livre qu'y parviendra son héros, Roland Michell. Ce jeune chercheur, passionné par
la vie et l'oeuvre de Randolph Henry Ash, grand poète victorien, découvre une lettre du
maître, adressée à une inconnue, glissée entre les pages d'un livre consulté dans une
bibliothèque. L'étudiant dérobe la lettre, et c'est le début d'un passionnant jeu de piste qui
dévoilera peu à peu la vie du poète mort. "Le livre n'avait pas été dérangé de son coffre
depuis très longtemps. (...) il se sépara brusquement en deux, comme une boîte, déversant
des feuilles et des feuilles de papier passé, bleu, crème, gris, couvertes d'une écriture
rouillée, aux stries brunes d'une plume en acier. (...) Roland fut d'abord bouleversé par ces
lettres et puis, en sa qualité de chercheur, électrisé. (...) Il lui fut soudain impossible de
replacer ces paroles vivantes à la page 300 du Vico et de les renvoyer au coffre n5. Il
regarda autour de lui. Personne. Il glissa les lettres entre les pages de son exemplaire
personnel des oeuvres choisies d'Ash".
Ce n'est pas l'énigme contenue dans un livre, c'est un livre mystérieusement disparu
que cherche le moine Guillaume de Basjerville dans "Le Nom de la rose" d'Umberto Eco. A
travers le labyrinthe d'une bibliothèque, la quête, menée comme une intrigue policière
jalonnée de crimes, du Deuxième Livre de la Poétique d'Aristote, conduit Guillaume au
coupable, Jorge. "-Mais qu'est-ce qui t'a fait peur dans ce discours sur le rire. Tu n'élimines
pas le rire en éliminant le livre. - Non certes. (...) Mais ici, on renverse la fonction du rire, on
l'élève à un art. (...) mais la loi s'impose à travers la peur, dont le vrai nom est crainte de
Dieu. Et de ce livre pourrait partir l'étincelle luciférienne qui allumerait dans le monde entier
un nouvel incendie : et on désignerait le rire comme l'art nouveau, inconnu même de
Prométhée, qui anéantit la peur."
Pour empêcher Guillaume de s'emparer du livre, Jorge déchire les feuillets, qu'il a au
préalable empoisonnés, les mange et meurt. Les livres, danger suprême parce qu'ils éveillent
l'esprit, sont toujours menacés par les dictateurs.
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Mais ils tuent rarement leurs lecteurs : souhaitons que le sort de Jorge ne soit pas le
nôtre quand, gavés de lecture, nous fermerons les yeux pour rêver aux livres dont nous serons
les héros...
Laurence Lefèvre
II. L'AMOUR DES LIVRES
Ce n'est pas de bibliophilie qu'il s'agit. Le goût du livre rare m'apparaît comme un
appétit si naturel que je jugerais oiseux de faire un commentaire sur ce sujet. Pour ma part,
j'ai eu ce goût à un âge où on ne l'a guère d'ordinaire, et il ne me valut que moqueries et
réprimandes. Qui, parmi mes camarades de lycée, connaissait la luxueuse géographie des
grands papiers, les Hollande, les Chine, les Japon ? Qui, parmi mes compagnes des leçons de
danse, s'intéressait à mes désirs les plus vifs : posséder Au jardin de l'Infante et Bruges-la
Morte en édition originale ? Combien de fois ai-je quitté ces délicieuses réunions pour aller
relire dans un coin les catalogues des bouquinistes qui emplissaient mes poches, catalogues
où ces mots magiques, "édito princeps", exemplaire de toute rareté, passaient devant mes
yeux en lettres de feu !
Manie des livres, je lui dois mes premières aventures et mes premiers mensonges. Car
souvent, au lieu d'aller au lycée, je piquais droit sur la rive gauche, ce pays de cocagne.
Troublé par le désir, mal à l'aise sous la crainte et le remords, j'allais de boîte en boîte, de
boutique en boutique, ne voyant réellement rien d'autre sur mon chemin que les étalages des
libraires...
... Ah ! si j'avais conservé les achats fait au cours de mes promenades en ces temps
lointains, quelles merveilles j'aurais à présent dans ma bibliothèque ! Un Samain à couverture
verte, des Rimbaud à couverture orange, des grands papiers du Mercure payés dix francs, et
toutes les "premières" de France et de Loti. De Loti, seule me manquait l'édition originale
d'Azyadé, à couverture mauve...
... Samain, Rodenbach, Loti, première cueillette de l'école buissonnière, vous n'êtes
plus dans ma bibliothèque. Quand vint ma seizième année, d'autres désirs réduisirent à rien
les désirs du bibliophile. Il me fallut chercher à aimer et à être aimé ; il me fallut aller au
Palais de Glace, dans les bars, aux courses ; il me fallut rapporter des présents à d'autres
blondes dont les cheveux se dénouaient facilement. Comment me procurer de l'argent ? Un à
un, tous mes livres y passèrent. Ce ne fut pas sans combat, mais je trouvais de bonnes raisons
: "Je garderai Loti jusqu'à l'Inde sans les Anglais me disais-je. Les derniers sont mauvais... Je
n'aime plus les rengaines de Samain, les roses, les velours, les cristaux... A quoi bon le garder
!" Chargé de mes trésors, je refis en sens inverse le chemin de la rive gauche. Vais-je avouer
que j'allai jusqu'à me défaire de livres sur lesquels des auteurs, cédant à mes impudentes
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prières d'écolier, avaient inscrit des dédicaces ? Où sont-ils, ces livres que je repaierais cher
aujourd'hui ? Le Théâtre de Maeterlinck (éd. orig. trois vol. Lacomblez, rel. chag. orange, dos
plat, tr. dor., couv. cons., dédicace) se trouve, paraît-il, dans la bibliothèque de M. Fernand
Vandérem, qui devrait bien avoir la charité de me le vendre.
Et ces livres que j'ai vendus afin d'être aimé, peut-être m'auraient-ils apporté, si je
les avais conservés, bien plus d'amour que je n'en ai eu au cours des jours. Car je ne connais
rien qui serve l'amour aussi bien qu'un beau livre... un livre, un beau livre que vous maniez en
même temps que cet être, comme il vous rapproche ! Alors tout conspire pour votre amour,
l'inclinaison du visage, le frôlement des doigts, la même ligne imprimée où les deux regards
se heurtent et ricochent, le silence qui épaissit le désir... Je n'ai guère de livres rares : un
seul est singulier. Mais il n'est pas une personne que je désire, sur qui je ne fasse, dès sa
première visite, "l'épreuve de la bibliothèque". Je l'amène doucement vers les rayons et dis
sur un ton déguisé (afin de dissimuler la gravité du moment) :
- Aimez-vous les livres ? Voulez-vous voir les miens ?
Et si elle acquiesce mollement, je pressens bien que, une fois mon désir satisfait,
aucun attachement durable ne pourra subsister entre nous. Mais si, au contraire, je sens chez
elle de la curiosité, un goût encore tâtonnant que je pourrai affermir, alors j'entrevois sur-lechamp la possibilité d'une grande liaison, de voyages depuis longtemps rêvés, de dons infinis,
j'entrevois le sacrifice de mon indépendance... D'une main mal assurée je lui montre mes
misérables richesses, quelques reliures romantiques, un beau Racine, un Shakespeare sombre
et glacé, Un Daphnis et Cloé de chez Didot, qui a la couleur d'une olive trempée. En même
temps je regarde à la dérobée le visage qui sourit, la bouche qui s'entr'ouvre, les fossettes qui
se dessinent, et je crois voir dans cette chair des ornements merveilleux, dentelles, rinceaux,
roulettes à froid...
Mais ce n'est là que l'épreuve préliminaire, ensuite vient la consécration définitive.
- Voici le seul de mes livres qui ait quelque valeur. Voyez, c'est un des cinq
exemplaires sur Japon de Du côté de chez Swann, et la dédicace qui tient trois pages, donne
plusieurs clefs de l'ouvrage.
Un silence. Qu'elle se recueille ; je lui pardonnerai de se taire, mais non de dire une
sottise. Et si je vois qu'elle admire vraiment ; si parcourant la dédicace, elle arrête son doigt
sous une ligne et s'écrie : "Oh ! il est question de la sonate de Vinteuil !... "Quand le piano et
le violon gémissent comme deux oiseaux qui se répondent, j'ai pensé à..." Comme vous avez
de la chance d'avoir ce livre !" Si, ensuite elle me parle de Combray, de Méséglise, du cours
de la Vivonne, des catleyas d'Odette, c'est bon, quoiqu'il arrive plus tard, qu'elle soit cruelle,
perfide ou froide, je lui garderais toujours de la reconnaissance pour cette courte volupté
qu'elle m'a donnée devant la bibliothèque.
Il y a un autre cas où un livre peut être complice de l'amour : c'est lorsqu'il prépare un
raccommodement. Tant qu'il y a entre deux amants désunis un livre prêté, la rupture n'est
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pas définitive, qu'ils le sachent bien. On commence par penser : "Qu'elle le garde ! Je le lui
abandonne." Et puis, un jour on songe de nouveau à ce livre, on revoit le moment où elle l'a
pris. "Et maintenant, où l'a-t-elle placé chez elle ? Est-ce qu'elle l'ouvre encore quelquefois ?"
Toutes sortes d'images reviennent vous tourmenter. "Si je le lui réclamais..." Et cette idée,
vous n'en doutez pas, n'est qu'un prétexte pour écrire une lettre. Après vingt essais jugés ou
trop froids ou trop humbles, vous envoyez cette lettre. Réponse, remerciements mêlés parfois
à des souvenirs du passé, entrevue, pardon; et voici le lien renoué. Quelle gratitude je garde
à un médiocre exemplaire de Mérimée qui m'apporta un jour un billet d'une personne que
j'avais désirée mais qui était d'apparence si sage que j'avais bien vite renoncé à la revoir.
Dans ce billet on déplorait mon silence, on me rappelait certains mots que j'avais dits ; il eût
fallu être bien nigaud pour ne pas reconnaître à travers les lignes fines et fermes une pousse
soudaine de curiosité sensuelle. Et cette petite feuille virginale, serrée dans le Mérimée
(dem. rel. chag. noir dos plat, orné, la couleur est légèrement défraîchie, coiffe supérieure
déchirée) me fit penser à ces créatures d'une innocence miraculeuse qui s'offrent quelques
fois par les mains d'une vieille procureuse ridiculement attifée.
J. de Lacretelle, "les aveux étudiés", 1934, Gallimard, pp 81 et SS.
III. LE LIVRE OBJET
Robert Morel, éditeur au Jas du Revest Saint-Martin en Haute-Provence fut un
spécialiste du livre objet ou du livre à système.
Il a publié dans les années 60-70 beaucoup d'ouvrages originaux de part leur
conception et leur présentation.
Toutes les reliures sont en rapport avec le thème principal de l'ouvrage.
"Le livre des confitures" a une reliure en cuivre comme les anciennes bassines dans
lesquelles on préparait les confitures.
"Le livre des confiseries" porte sur le premier plat de couverture, un petit moule à
confiserie en aluminium pris dans la toile de la reliure.
"Le livre du bouchon" est transpercé de part en part d'un trou dans lequel se place un
bouchon de liège qui en quelque sorte permet la fermeture du livre.
"Le livre des salades" est relié de toile verte.
Sur le tranchant du "Livres des herbes et des épices" une reproduction de plante ou
d'herbe est imprimée.
"La cuisine du pauvre" ouvrage relié dans une toile de jute.
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Il a aussi édité toute une série de petites plaquettes d'un format carré et toilé : "Les
célébrations".
Célébration du pain, du bois, de la sardine, de l'andouille, du pissenlit, du cactus, de
l'asperge, de la pomme, du petit pois, de l'oeuf, de la grenade, de la nouille, du fromage,...
A la fin de sa vie, devenu mystique, dans les dernières expositions de libraires, ses
stands ressemblaient à des autels entourés d'ex-voto. Il est mort dans la misère.
IV. LES LIVRES A ROULETTES
Dans un récent débat à la radio, consacré aux livres d'étrennes, une auditrice a suscité
scandale et réprobation quand elle a affirmé ne jamais offrir de livres, mais 'seulement des
objets utiles, comme par exemple, un mixeur". Nous ne lui donnons pas entièrement raison,
mais nous pouvons comprendre son point de vue.
Il est vrai que l'édition, au moment des étrennes (du latin strenna, "cadeau à titre
d'heureux présage"), a beaucoup contribué à la diffusion du livre-chose, du livre-objet-àposer-là. Mais cet objet est ensuite resté décoratif, purement ornemental, aussi sa part de
marché s'est-elle peu à peu restreinte par rapport à celle de l'objet d'art ; car, si un
Rembrandt reste rigoureusement inutile, un Joseph Beuys peut servir de porte-parapluie, un
Robert Morris de roue de secours, et un Calder, correctement actionné, de ventilateur.
Pourquoi les livres ne suivraient-ils pas la même voie ?
Ne nous laissons pas décourager par les difficultés envisagées, dans sa Bibliothèque de
Babel, par Borges pour qui un livre "ne peut pas être aussi une échelle", et donc encore moins
un mixeur. D'ailleurs, une bonne encyclopédie, une collection de classiques achetée en bloc,
peuvent très bien servir d'échelle si on les range dans un petit meuble adéquat. Mais même
pour des oeuvres de formatet de coût inférieurs, on peut imaginer toute une gamme
d'applications utiles.
En substituant, par exemple, à l'habituelle couverture plastifiée une couverture en
feutre ou en poils de sanglier, nous obtiendrons un livre-chiffon à poussière ou un luxueux
livre-bosse, tous deux fort indiqués pour des romans, ou essais de peu d'ampleur. Une
jaquette en amiante, avec résistance électrique incluse et prise de branchement, nous
donnera un livre-grille-pain, à conserver sur sa table de nuit comme livre de chevet à double
usage : méditation le soir et, le matin, petit déjeuner sain et nutritif. Il y aura aussi des
livres-réveil, avec réveil à quartz incorporé ; des livres-pèse-lettres avec tarif postal sur le
rabat ; des livres à roulettes pour le patinage et les courses; de gros livres (imperméabilisés)
pour le surf ; et tant d'autres, parmi lesquels les spécialistes de marketing n'auront que
l'embarras du choix.
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Mais attention. Il ne s'agit pas de remplacer le livre par quelque chose qui ne soit pas
un livre, même s'il en a l'apparence extérieure. La culture est inaliénable. Il s'agit, au
contraire, de conférer à des objets purement utilitaires, dépourvus jusqu'ici de dignité
intellectuelle, le prestige d'une véritable étrenne que seule la littérature peut donner. Nous
verrons alors les plus réfractaires - comme l'auditrice en question - continuer à offrir des
mixeurs, mais en préférant sans aucun doute, tout du moins au moment de Noël, ceux qui
auront dans leur poignée les Canti de Léopardi, voire les Oeuvres complètes de G.W.F. Hegel.
"La sauvegarde du sourire" de Carlo Fruttero et Franco Lucentini, Arléa, 1989.
V. LIVRES A TIROIRS
Il fouille autour de lui, tripote les livres.
- Je peux t'être utile ? continues-tu, comme si tu voulais le provoquer.
- Je cherchais un livre.
- Je croyais que tu ne lisais jamais.
- Ce n'est pas pour lire. C'est pour faire. Moi, avec les livres, je fais des choses. Des
objets. Enfin, des oeuvres : des statues, des tableaux, appelle ça comme tu voudras. Je leur
ai même consacré une exposition. Je fixe les livres avec de la résine, et ça tient. Fermés,
ouverts : ou bien je leur donne des formes, je les resculpte, j'ouvre des trous dedans. C'est
une belle matière à travailler, le livre, on peut faire beaucoup de choses avec.
- Et Ludmilla est d'accord ?
- Elle aime mes travaux. Elle me donne des conseils. Les critiques disent que ce que je
fais est important. On va bientôt rassembler toutes mes oeuvres dans un livre : on m'a fait
rencontrer le Dottore Cavedagna. Un livre avec la photographie de tous mes livres. Quand ce
livre-là sera imprimé, je l'utiliserai pour en faire une oeuvre, plusieurs oeuvres. Puis on en
fera un autre livre. Et ainsi de suite...
Italo CALVINO, Si par une nuit d'hiver un voyageur, Seuil (points), 1981, pp 159 et ss.
VII. ANNONCES
1.Recherches
Monsieur HOUILLOT, 11 Place du 11 novembre 53000 LAVAL
Ouvrages publiés chez hachette dans la collection "Les grands écrivains"
8
*****
Jean-Claude LEFRANC, 55 rue du Pont des Pierres 59500 DOUAI
Tél. : 03 27 88 41 16
Beaucoup d'ouvrages ayant été illustrés par JOB. Une liste est à la disposition de chacun
auprès de Véronique et Alain (quai Saint-Michel), Anne et Jean-Jacques (Quai Conti)
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Bernard VIALATTE, 4 Place de la République46500 GRAMAT
Tél. : 05 65 38 72 24 Fax : 06 65 33 41 57
- Olivier COMTE "Pierre Benoit le romancier de la femme fatale et des hommes déchus"
- Vincent de La VAISSIERE "Pierre Benoit un professionnel du roman"
- L'homme et son personnage, confidences d'écrivains au pluriel, Grasset, 1955
- Dictionnaire national des contemporains, Ed. de la Jeunesse, 1936
- André MOULIS "Pierre Benoit écrivain de Saint-Cère"
- Oeuvres complètes illustrées, 7 vol. Albin Michel, 1966
- DAISNE Baratz carta, aventures basques
- Arlette MARCHAL "Quand j'étais la châtelaine du Liban" Renaissance du Livre, 1926
- 1635-1935 3 siècles de l'Académie Française, Firmin Didot, 1935
*****
Laurent OCHLAFEN, 4 rue George Gershwin 75012 PARIS
Patrice BOUSSEL "Veillées du Pays Normand", Aux Quais de Paris G. Kogan
2. Ventes
GALERIE MICHEL
17 Quai Saint-Michel
75005 PARIS
Tél. : 01 43 54 77 75
Catalogues de ventes (Sotheby's, Loudmer, Christie's,...)
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3. Peinture
Si vous souhaitez repeindre vos boîtes avec la même peinture que celle utilisée par les
employés de la ville de Paris, vous devez vous rendre chez COLORINE, 90 rue de Lourmel
75015 PARIS. Présentez-vous en tant que bouquiniste et expliquant que vous souhaitez
acheter la même peinture qui a servi a recouvrir les graffitis.
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