Piratage: Sony annule la sortie d`un film, Pyongyang

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Piratage: Sony annule la sortie d`un film, Pyongyang
Piratage: Sony annule la sortie d'un film,
Pyongyang soupçonné
ony Pictures a renoncé mercredi à sortir le film "L'interview qui tue!" parodiant
S
un projet d'assassinat du dirigeant nord-coréen, après des menaces de pirates
informatiques qui seraient téléguidés par Pyongyang.
"Sony Pictures n'a plus aucun projet de sortie pour le film", a indiqué sans plus de
détails à l'AFP une porte-parole du studio mercredi. Cette déclaration va plus loin que le
communiqué du groupe, diffusé quelques heures plus tôt, qui ne parlait que de
l'annulation des sorties en salles aux Etats-Unis. Les sorties à l'international, en vidéo à
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la demande, ou en DVD, semblent désormais elles aussi compromises.
Le film, une parodie sur un complot fictif de la CIA pour assassiner le dirigeant
nord-coréen Kim Jong-un, devait sortir le jour de Noël aux Etats-Unis. La décision de
Sony Pictures Entertainment (SPE) fait suite à l'annonce plus tôt mercredi par les plus
grandes chaînes de cinéma américaines, comme Regal, AMC ou Carmike, qu'elles ne
diffuseraient pas la comédie controversée.
Le studio a aussi reçu mardi de nouvelles menaces des pirates (les "Guardians of
peace") qui avaient revendiqué l'attaque informatique majeure lancée contre Sony fin
novembre.
es enquêteurs américains seraient à présent convaincus que la Corée du Nord a
L
commandité cette attaque informatique dévastatrice, a indiqué à l'AFP une source proche
du dossier, confirmant des informations de médias américains, et ils devraient l'annoncer
jeudi. "Cela semble juste en effet", a précisé cette source.
La Corée du Nord, très irritée par ce film qui met en scène son leader, a nié être à
l'origine de l'attaque tout en louant ceux qui l'avaient commise. Pour James Lewis, un
expert du centre de réflexion CSIS et ancien membre du département d'Etat, "le suspect
le plus probable parmi tous ceux qui sont possibles c'est la Corée du Nord".
Hollywood courroucé
Les pirates du GOP ou "Guardians of peace" avaient mis en ligne de nombreux
documents, emails, adresses et même numéros de sécurité sociale de 47.000 employés.
Ils ont aussi publié des emails confidentiels embarrassants des dirigeants et
collaborateurs de Sony, et mis en ligne 5 films dont certains pas encore sortis en salles,
comme "Still Alice" ou "Alice".
Il s'agit d'une des plus importantes attaques informatiques ayant jamais touché une
entreprise. Le "GOP" avait menacé mardi les spectateurs qui désiraient aller voir
"L'interview qui tue!", au budget de 42 millions de dollars.
" Bientôt le monde verra quel mauvais film Sony Pictures Entertainment (SPE) a fait. Le
monde sera plein de craintes", avaient écrit les pirates de GOP dans un mauvais anglais,
concluant leur message publié sur le site Pastebin.com par un menaçant: "rappelez-vous
le 11 septembre 2001". Hollywood hésitait entre colère et désolation après la décision de
Sony et des exploitants de retirer le film.
" Wow, tout le monde s'est couché. Les pirates ont gagné. Ils remportent une victoire
éclatante", a réagi sur Twitter l'acteur Rob Lowe, qui fait une apparition dans le film. "J'ai
vu Seth Rogen à (l'aéroport) JFK. Aucun de nous n'avait jamais vu ou entendu chose
pareille. Hollywood a rendu Neville Chamberlain très fier aujourd'hui", a-t-il ajouté en
référence au dirigeant britannique qui avait joué l'apaisement avec Hitler avant la
Seconde Guerre mondiale.
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Le réalisateur Judd Apatow ("40 ans: mode d'emploi") était également courroucé: "C'est
honteux que les salles de cinéma ne projettent pas ‘‘L'interview qui tue!''.
Est-ce qu'ils vont retirer des écrans n'importe quel film qui reçoit une menace anonyme
maintenant?" "Triste jour pour la liberté d'expression", a tweeté pour sa part l'acteur
Steve Carell.
Richard Walter, professeur à UCLA Film School, était plus nuancé: "j'aimerais voir Sony
défier les menaces, sortir le film, mais qu'est-ce qu'on fera s'il y a une attaque à la bombe
dans un cinéma? Il y a déjà eu des attentats dans des cinémas". Le cinéaste Damien
Chazelle, interrogé par l'AFP, a dit craindre de voir "une forme d'autocensure" s'installer
chez les réalisateurs et scénaristes.
e président Barack Obama a pour sa part enjoint les Américains à ne pas se laisser
L
impressionner par les menaces: "Ma recommandation c'est ‘‘allez au
cinéma'' ", a-t-il déclaré à la chaîne ABC.
(Avec AFP) Page 3/3