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SPÉCIAL IMMOBILIER
ROUEN
Les beaux jours
reviennent...
Les acheteurs sont enfin de retour et les ventes ne cessent d’augmenter.
Le climat a bien changé dans une ville qui se métamorphose à grands pas
A
du marché : la rapidité à laquelle s’écoulent
les biens. « Toutes les affaires récemment entrées
dans notre portefeuille se vendent en moins de
trois mois », précise Stéphane Lejeune, de
l’agence Square Habitat. « Aujourd’hui, c’est
l’acquéreur qui fait le marché », précise Alex
Journo, de l’agence So Loft. Les grands bénéficiaires de ce nouveau climat favorable à
l’achat immobilier sont les primo-accédants,
qui représentent 45% des dossiers traités par
l’agence Meilleurtaux.com de Rouen. Pour
Julian Paris, responsable local de ce courtier
en prêts immobiliers, « le prix moyen d’acquisition de ces acheteurs avoisine 126 000 euros,
soit le prix d’un F2 ou F3 en ville ou à proximité ». Grâce au doublement du prêt à taux
zéro, au Pass-Foncier et aux aides accordées
par les collectivités locales, ces ménages sont
en mesure d’acheter à des prix accessibles
dans les nombreux programmes dans le neuf
qui essaiment intra-muros ou en proche banlieue. On constate par ailleurs « pas mal de
logements locatifs achetés avec l’avantage fiscal
Périssol ou Besson, qui sont aujourd’hui ☛
Photos : Robert Beaufils / Sipa
près dix-huit mois de baisse, les
prix se stabilisent à Rouen.
« Depuis le deuxième trimestre
2009, le volume des transactions
s’étoffe chaque mois davantage. Ce
phénomène a notamment été favorisé par la
baisse des taux d’intérêt des crédits, qui a fait
revenir les acheteurs, indique Gilles Tétard,
porte-parole de la chambre des notaires de
Seine-Maritime. Les banques acceptent à nouveau de financer les frais de notaire des opérations immobilières. » Autre signe de la fluidité
●I
DR
Spécial immobilier
VALÉRIE
FOURNEYRON
Maire de Rouen
Le Nouvel Observateur. – La ville de
Rouen est active en matière de construction
de logements. Pourquoi une telle dynamique ?
Valérie Fourneyron. – Avec plus de
110 000 habitants, Rouen est la seule des
grandes villes de Normandie à voir sa
population augmenter chaque année. Le
besoin de logements est réel. Ici, on
construit beaucoup. En 2010, nous délivrerons 1 300 permis de construire,
contre 500 en moyenne lors des années
précédentes. Notre objectif en matière
d’habitat consiste à créer des logements
durables et, surtout, adaptés à tous les
profils de la population rouennaise. Il
faut réaliser des habitations conçues
pour les personnes âgées, les étudiants,
les familles trop longtemps éloignées de
la ville, sans oublier bien sûr les ménages dotés de revenus modestes ou limités. Notre projet vise aussi à densifier
la ville et à rééquilibrer la répartition de
l’habitat entre rive droite et rive gauche.
Le retard en matière de logement pour
étudiants va être comblé avec la création
de 500 de ces logements pendant la mandature, dont 150 en 2010.
N. O. – Quels sont les moyens employés
pour mettre en pratique votre politique du
logement ?
V. Fourneyron. – Pour aider les
Rouennais à accéder à la propriété, tous
les outils d’aide à l’achat ont été mis en
place : Pass-Foncier pour le collectif,
doublement du prêt à taux zéro et aide
de l’agglomération. Récemment, nous
avons inauguré sur les hauts de Rouen,
à Grammont et à Grieu, des programmes neufs collectifs et individuels
en accession sociale. En juillet 2009, la
ville a modifié son plan local d’urbanisme avec une obligation de réaliser
25% de logements sociaux dans chaque
programme neuf. Du logement HLM à
l’accession sociale en passant par du logement PLS et l’accession libre, la palette des typologies de logements
proposés est complète. Cette politique
va, entre autres, se concrétiser avec les
écoquartiers Luciline et Flaubert
(12 500 habitants au total), programmés
sur les rives de la Seine.
Propos recueillis par L. B.
II ● LE NOUVEL OBSERVATEUR
Les primo-accédants et les investisseurs, très présents, sont à la recherche de petites surfaces
remis sur le marché. Ces petites et moyennes surfaces intéressent entre autres les primo-accédants », indique Stéphane Lejeune.
La baisse conjuguée des prix et des taux
d’intérêt fait remonter le taux de rentabilité
des locations. De coup, les investisseurs repartent à la recherche de bonnes affaires. Ils
reviennent en force, tout comme les primoaccédants : « La demande de petites surfaces à
petit prix est soutenue ; en revanche, l’offre a du
mal à suivre », observe Sébastien Villery, du
cabinet Thillard et Duhamel. La partie est un
peu plus serrée pour les acheteurs qui sont
déjà propriétaires. « Ils doivent toujours com-
LA MUNICIPALITÉ VEUT
RECONQUÉRIR LES QUAIS
DE LA SEINE ET VALORISER
LA RIVE GAUCHE, MOINS
PRISÉE QUE LA DROITE
mencer par vendre avant d’acheter, même si les
banques sont moins strictes qu’il y a un an en
matière de prêt-relais », affirme Gilles Tétard.
L’activité immobilière va de pair avec la
mutation de la ville. Il suffit de se promener
dans la cité normande pour découvrir les
nombreux chantiers en cours. Après plusieurs années de douce torpeur, Rouen se
transforme à grands pas. Ces derniers temps,
la municipalité s’est engagée dans une politique dynamique d’urbanisme, de transports
et de logements. Objectifs : reconquérir les
quais de la Seine, auxquels la ville tournait le
dos depuis des décennies, et valoriser la rive
gauche, moins prisée que la rive droite. Le
programme local de l’habitat (PLH) est ambitieux : il prévoit la création de 30 000 loge-
ments entre 2008 et 2012. Proposés en location
ou en accession à la propriété, ils seront conçus
pour toutes les catégories de la population, des
étudiants aux personnes âgées en passant par
les familles et les ménages à revenus modestes.
Le premier quartier en cours de gestation se
situera justement en bordure de fleuve, au
niveau de la presqu’île Rollet. Entre les ponts
Gustave-Flaubert et Guillaume-le-Conquérant,
soit à près de 800 mètres à vol d’oiseau de la
cathédrale, l’écoquartier Flaubert s’étendra sur
80 hectares dans les communes de Rouen et du
Petit-Quevilly pour accueiller des habitations,
des commerces, des bureaux et des espaces
publics. Dans dix ans, 10 000 personnes y
vivront. Les premières livraisons de logements
sont prévues pour 2011, de même que l’ouverture d’une salle de concert. Autre opération
importante en cours : dans le quartier LucilineRives de Seine. Situé sur la rive droite, entre le
Mont-Riboudet et la Seine, ce dernier s’étendra
sur plus de 10 hectares. « Les premiers permis de
construire des programmes de logements sont en
cours », indique Frédéric Sanchez, vice-président de la Communauté d’agglomération de
Rouen-Elbeuf-Austreberthe (Crea) – créée le
1er janvier 2010 –, et chargé du développement
durable, de la politique ferroviaire et des coopérations territoriales. Enfin, une autre partie
de la ville est promise à une importante mutation : les abords de la future gare côté rive
gauche. La ville va réaménager ce secteur en
prévision de l’arrivée en 2020 du TGV Paris-Le
Havre, via Rouen. Au programme, un quartier
d’affaires et d’habitations. Pour mettre en
œuvre ces grandes opérations urbaines, la ville
et la Crea mènent une politique active d’acquisition foncière, notamment de friches ferroviaires, portuaires et industrielles.
LAURENCE BOCCARA