« Notre but est de transformer la consultation gratuite en dossier

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« Notre but est de transformer la consultation gratuite en dossier
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AVOCATS
« Notre but est de transformer
la consultation gratuite en dossier »
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Entretien avec Bruno Carriou, avocat au barreau de Nantes, associé,
SCP Ipso Facto Avocats, membre du conseil de l’ordre du barreau de Nantes
Bruno Carriou
Le 21 juillet 2016, le barreau de Nantes a lancé sa plateforme de consultations juridiques « Mes droits, mon
avocat », en partenariat avec la société Imatech. Une initiative que Bruno Carriou, membre du conseil de
l’ordre du barreau de Nantes, est venu présenter dans le cadre d’un atelier de la conférence annuelle de
l’Incubateur le 3 novembre dernier, et qu’il détaille pour la Gazette du Palais.
Gazette du Palais : Le barreau de Nantes avait
annoncé vouloir créer une plateforme en 2014.
« Mes droits, mon avocat » est-il le prolongement
de ce projet ?
Bruno Carriou : Oui. Dès 2014 en effet, l’ordre des
avocats de Nantes a souhaité que les avocats occupent
l’espace numérique. L’ordre estimait qu’il avait
vocation à rendre ce service aux confrères. Le projet
étant d’envergure, l’ordre a travaillé avec un partenaire,
Imatech, pour développer « Mes droits, mon avocat »,
une plateforme de consultation juridique en ligne
permettant de mettre en avant l’expertise des avocats.
Elle a été officiellement lancée le 21 juillet dernier.
Gaz. Pal. : Comment avez-vous choisi ce partenaire ?
B. Carriou : Imatech est une société nantaise spécialisée
dans l’information juridique par téléphone. Elle
disposait déjà d’une équipe de juristes, titulaires au
minimum d’un M2, et était à même d’appuyer notre
projet de process de consultation juridique en ligne.
Gaz. Pal. : Comment fonctionne « Mes droits, mon
avocat » ?
B. Carriou : L’internaute pose une question en
ligne et précise le créneau horaire auquel il souhaite
être recontacté. Un juriste d’Imatech le rappelle et
cerne la question – l’internaute a connaissance de
la question exacte qui va être transmise. Un avocat
pouvant répondre est ensuite identifié et sollicité après
vérification de sa disponibilité et de l’absence de conflit
d’intérêt. L’internaute a alors connaissance du nom de
l’avocat et paie 80 € – cette somme ne revient pas à
l’avocat, mais constitue le coût technique. Pendant
24 heures, le juriste fournit la matière juridique à
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l’avocat (jurisprudence, doctrine, etc.), lequel la
transforme ensuite en consultation sur son propre
papier à en-tête et la renvoie dans les 48 heures. Il s’agit
d’une consultation d’orientation, étant précisé qu’il n’y
a pas d’examen de pièces.
Gaz. Pal. : Y-a-t-il un droit de suite pour les avocats ?
B. Carriou : Oui, le but est de transformer la
consultation gratuite en dossier. L’internaute a les
coordonnées de l’avocat et l’avocat peut à tout moment
recontacter l’internaute. Actuellement, nous avons
50 % de taux de transformation.
Gaz. Pal. : Avez-vous eu du mal à convaincre vos
confrères de participer à ce projet, d’autant que la
consultation est gratuite pour eux ?
B. Carriou : Face à la nouveauté, il y a toujours des
gens enthousiastes et d’autres plus boudeurs ! Nous
sommes aujourd’hui une centaine à participer à la
plateforme avec une augmentation de 15 % par
mois. Les avocats nantais délivrent déjà, sur la base
du volontariat, des consultations juridiques dans leur
cabinet sans condition de ressources. Cela part de la
même démarche en faveur de l’accès au droit.
Gaz. Pal. : Le projet de plateforme a-t-il heurté les
principes essentiels de la profession ?
B. Carriou : Nous avons fait attention à ce que le nom
de l’avocat qui va répondre soit connu de l’internaute
comme nous l’impose le Code de la consommation
(C. consom., art. L. 111-1) et à ce que la frontière entre
information juridique et consultation juridique ne soit
pas franchie, comme l’impose le RIN. Entre le juriste
et l’avocat, chaque rôle est bien défini.
Actual ité
Gaz. Pal. : Comment votre plateforme s’articulet-elle avec celle du Conseil national des barreaux
(CNB) ?
B. Carriou : Les produits ne sont pas les mêmes.
La plateforme du CNB est une plateforme de
référencement. Il s’agit d’une communication
individuelle. « Mes droits, mon avocat » repose
davantage sur une communication de l’ordre. C’est
l’ordre des avocats de Nantes qui est consulté pour le
moment.
Gaz. Pal. : La plateforme a-t-elle des projets de
développement ?
B. Carriou : Elle doit renforcer son maillage territorial.
L’ordre des avocats de Nantes n’a pas vocation à
répondre aux questions d’internautes de toute la
France, même si Internet rend cela possible. La
plateforme a été conçue pour que tous les ordres qui
souhaitent participer puissent le faire et c’est que nous
souhaitons voir se développer.
Propos recueillis par Laurence Garnerie
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