Catalogue 2014

Transcription

Catalogue 2014
EMERGENCE
16e SESSION
2O14
Avant-propos
2
Même si l’artiste est son propre, son premier,
instrument de travail, il faut nécessairement
qu’il se constitue une technique pour réaliser
son œuvre. En seize années d’existence
l’association emergence a apporté la preuve
de son indéniable habileté à détecter les jeunes
talents et à les aider, dans le respect de
leur personnalité, à acquérir un savoir-faire
professionnel et à se forger leur propre
univers. Le travail de repérage et de choix
des lauréats est d’ailleurs aussi important
et aussi minutieux que celui d’accompagnement technique et artistique et se fait avec
patience, sur le long terme.
J’aimerais saluer ici l’admirable travail
d’élisabeth Depardieu et de Dominique
Besnehard, empreint d’un professionnalisme
exemplaire, fait également d’intuition et
de bienveillance, ainsi que celui de toute
l’équipe de professionnels qui les entourent
et mettent chaque année avec générosité
leur grande expérience au service de
ces jeunes talents. emergence est pour
ces jeunes réalisateurs un formidable terrain
d’apprentissage et d’expérimentation où
ils peuvent mettre à l’épreuve leur projet
de long métrage, tester leurs idées de mise
en scène et enrichir leur vocabulaire ciné-
Frédérique Bredin
Présidente du CNC
matographique. J’apprécie particulièrement
l’importance accordée au travail de direction
d’acteurs et à la collaboration avec les
compositeurs que le CNC s’attache également
à encourager. Je me réjouis que cette année,
quatre compositeurs, lauréats emergence,
voient leur travail représentés à Cannes :
Rémi Boubal pour Une chambre bleue
de Tomasz Siwinski, Benjamin Violet pour
Le Challat de Tunis de Kaouther Ben Hania,
Olaf Hund pour New territories de Fabianny
Deschamps et enfin Vadim Sher pour La fille
et le fleuve d’Aurélia Georges. C’est l’expertise
d’emergence qui est ainsi honorée. Proposant
un programme très complet qui prend en
compte tous les aspects de la réalisation
d’un film, et convie très opportunément
les producteurs à participer au choix des
scènes libres à tourner, des castings et
de l’équipe technique, l’association emergence
est sans conteste l’une des meilleures
marraines que puisse trouver la nouvelle
génération de cinéastes en France.
Je tiens à remercier chaleureusement
élisabeth Depardieu et Dominique Besnehard
de participer à ce renouvellement
des créateurs et à les assurer du soutien
du CNC.
3
Avant-propos
emergence, c’est
un peu l’amie rêvée.
Celle qui vous
encourage lorsque
vous débutez, celle qui
vous rassure lorsque
vous doutez. C’est
elle qui vous donne
le coup de pouce
opportun et salvateur. C’est l’amie qui
vous interdit de baisser les bras, qui vous
indique le chemin à prendre. C’est celle
qui vous accompagne au rendez-vous
décisif de votre vie.
emergence, c’est donc l’amie rêvée
des cinéastes en herbe. A chaque session,
la formidable équipe d’élisabeth Depardieu
est aux côtés des lauréats pour les orienter,
les conseiller, discuter du choix des
séquences, du casting, de la constitution
des équipes, des décors. Elle leur permet
de réaliser des scènes de leur long métrage
dans des conditions professionnelles, avec
des moyens et des parrains de premier choix.
En véritable amie, à l’écoute attentive
et au conseil judicieux, elle s’investit jour
après jour pour faire émerger de nouveaux
talents et rendre possible leur envol.
Et pour cela, le soutien de la Région
Île-de-France est sans faille. Il est animé
tant par son engagement de longue date
pour le cinéma et l’audiovisuel français,
que par son admiration pour la qualité
du travail et des réalisations issues
d’emergence. Car au-delà des nombreux
films qui naissent chaque année grâce
à ce dispositif, au-delà du dynamisme
et des emplois créés, c’est aussi
la richesse et la diversité de la création
cinématographique qui en sortent
renforcées. C’est pourquoi je souhaite tout
simplement remercier cette amie de rêve.
Jean-Paul Huchon
Président du Conseil régional
d’Ile-de-France
Dans le cadre de sa nouvelle stratégie
départementale en faveur d’une culture
partagée, le Conseil général de l’Essonne
réaffirme son soutien à l’association
emergence.
Aider de jeunes auteurs dans leurs parcours
de cinéaste, permettre à des professionnels
de travailler et de se former en Essonne
est une opportunité précieuse d’encourager
la création cinématographique sur notre
territoire. Avec ses partenaires, le Conseil
général accompagne les projets culturels
des salles de cinéma, considérant qu’elles
sont le lieu privilégié de la diffusion cinématographique, mais aussi des équipements
culturels de proximité, vecteurs de rencontres, de transmission et de lien social.
En période de crise, la culture est une
valeur refuge, c’est pourquoi le Conseil
général soutient les acteurs qui, sur
le territoire, travaillent autour des enjeux
d’éducation artistique et culturelle des
jeunes, de la culture « solidaire » ou encore
de la création, de l’innovation et de
la recherche. C’est à ce titre, et notamment
pour son rôle de détecteur et d’accompagnateur de talents, qu’emergence est aidé
par le Conseil général.
Je me réjouis qu’une fois encore l’Essonne
devienne pour emergence, ses cinéastes,
techniciens et comédiens, un véritablement
territoire d’expérimentation cinématographique, la transformant, pour le plaisir
de tous, en terre d’art et d’essai.
Jérôme Guedj
Président du Conseil général de l’Essonne
Stéphane Raffalli
Conseiller général délégué chargé
de la culture
5
emergence
emergence
sélection des lauréats
Tout au long de l’année, l’équipe
artistique dirigée par Élisabeth
Depardieu effectue un travail de veille,
repère des scénarios en écriture et
visionne des courts métrages. Dans
le cadre d’un appel à candidatures,
emergence reçoit chaque année une
centaine de projets. Les projets
pré-sélectionnés par emergence
sont ensuite présentés à un jury
qui auditionne les réalisateurs
et désigne les lauréats.
Les parrains de l’édition 2014 sont :
Jacques Audiard, Jean-Claude Carrière,
Chad Chenouga, Raphaël Jacoulot,
Agnès Jaoui, Paul Vecchiali,
Sylvie Verheyde
Sous la présidence de Jean-Louis Livi,
le jury de la 16e session était
composé de Roxane Arnold,
Dominique Besnehard,
Christophe Blanc, Bruno Coulais,
Elisabeth Depardieu, Lola Gans,
Sandra Mirimanoff, Yves Thomas.
La session de tournage dure trois
semaines, sous forme de résidence,
au printemps.
Présidents du jury depuis 1998 :
René Cleitman, Maurice Bernart,
Claude Chabrol, Philippe Carcassonne,
Gérard Depardieu, Fabienne Vonier,
Denise de Casabianca,
Charlotte Rampling, Nicole Garcia,
Margaret Ménégoz, Olivier Marchal,
Laurent Cantet, André Téchiné,
Xavier Beauvois, Patricia Mazuy.
Première semaine : l’Exercice
Le scénario de l’Exercice est
communiqué aux réalisateurs le premier
jour de la session. Cette année,
il a été écrit par Vincent Mariette.
Les lauréats disposent d’un jour
pour l’adapter, d’un jour de tournage
et d’un jour de montage.
Les comédiens sont choisis parmi
les participants au stage d’acteurs.
Les musiques originales sont écrites
pendant la session par les compositeurs
lauréats.
LA SESSION
Durant toute la session,
de la préparation au mixage,
les lauréats sont entourés
de conseillers à la mise en scène
et au montage, qui accompagnent
le travail en cours de fabrication.
Pendant les quelques mois de
préparation à Paris, les lauréats
dialoguent avec l’équipe d’emergence
sur tous les sujets : choix des
séquences, réécriture, casting,
constitution des équipes, décors...
Les lauréats font appel à un cinéaste
parrain qui leur apporte soutien
et conseils. Le parrain peut intervenir
dans le cadre du scénario,
de la préparation du tournage,
du tournage, du montage...
Session 2014 - © Marie Augustin
6
Depuis sa création en 1998
par Élisabeth Depardieu, emergence
aide des jeunes auteurs réalisateurs
à développer leurs projets de premiers
longs métrages. Chaque année,
les réalisateurs sélectionnés tournent
une ou deux séquences de leur scénario,
en bénéficiant d’un accompagnement
concret, artistique et technique.
emergence est un espace de transmission, d’apprentissage et de rencontres
réunissant tous les métiers du cinéma.
Le travail effectué a ainsi abouti à des
films relevant de sensibilités
différentes comme Depuis qu’Otar est
parti de Julie Bertuccelli, Podium de
Yann Moix, Nue propriété de
Joachim Lafosse, Le Fils de l’épicier
de Eric Guirado, Tout est pardonné
de Mia Hansen-Løve,Versailles
de Pierre Schoeller, Un Poison violent
de Katell Quillévéré, Augustine
d’Alice Winocour, Alyah d’Élie Wajeman,
Tristesse club de Vincent Mariette…
Deuxième et troisième semaines :
Tournage et montage
des Scènes libres
Ces scènes sont choisies à partir
des projets de longs métrages
et réalisées dans des conditions
de tournage professionnelles.
Le réalisateur choisit son casting
et constitue son équipe technique
en accord avec emergence. Chaque
lauréat dispose de deux journées
de tournage et de quatre journées
consécutives de montage image.
Présentation des travaux
des lauréats :
Après montage son, mixage
et étalonnage, réalisés à l’issue
de la résidence de tournage,
les scènes sont présentées à Paris
aux participants et partenaires
de la session.
L’ensemble des travaux de chaque
session est également édité en DVD.
7
SOMMAIRE
16e session
8
9
8 Lauréats réalisateurs
Farid Bentoumi
Caroline Deruas
Marion Desseigne Ravel
Christine Paillard
Martin Scali
Morgan Simon
20 Stage « L’acteur face à la caméra »
26 Lauréats compositeurs
30 Master class musique et cinéma
avec Bruno Coulais et Stéphane Lerouge 35 Master class distribution et ventes internationales
avec Alexis Hofmann et Juliette Schrameck
40 Entretien avec Vincent Mariette, réalisateur de Tristesse club
42 Entretien avec Stéphane Demoustier, réalisateur de Terre battue
45 Les films accompagnés par emergence
85 Équipes de la session
87 Remerciements
Lauréats réalisateurs
[1]
Après de longues études et de nombreux voyages, Farid Bentoumi pose ses bagages au théâtre.
Formé à l’improvisation, il joue Novarina, Beckett, Brecht, Racine. Il met en scène et co-écrit
plusieurs pièces. Talent Cannes Adami 2003, il tourne ensuite dans de nombreux cour tsmétrages et séries télévisées. En 2005, il reçoit le Grand Prix du Jury au Festival des Scénaristes,
et se lance dans l’écriture. Après El Migri, documentaire sur sa famille franco-algérienne,
il réalise Un autre jour sur terre, une fiction onirique et décalée, puis Brûleurs, court-métrage
sélectionné dans plus de soixante festivals, plusieurs fois primé et diffusé sur Canal Plus.
Il tournera, à l’été 2014, Un métier bien, un moyen-métrage (CNC, région PACA, Canal Plus).
Farid prépare actuellement son premier long-métrage, Sam, pour lequel il a bénéficié d’une
aide à la réécriture du CNC, d’une résidence au Moulin d’Andé et du prix Arte du scénario
au Festival de Dubaï 2012.
10
11
FARID
BENTOUMI
SAM
Produit par Frédéric Jouve / Les Films Velvet
Marraine emergence Agnès Jaoui
[1] [2]
Interprétation
Kamel Belghazi [1]
Abdallah Moundy [3]
Thomas Jouannet [2]
Casting
Antoine Carrard
Image
Brice Pancot
Assistante mise en scène
Elodie Baticle
Montage
Jean-Christophe Bouzy
[3]
© Marie Augustin
Son
Olivier Levacon
Julien Roig
Vincent Verdoux
Sam, 43 ans, dirige avec passion son entreprise grenobloise de production de skis de
fond. Mais son affaire périclite. Pour la sauver, il se lance dans un pari fou : participer aux
prochains jeux Olympiques d’hiver en ski de fond, pour le pays de son père, l’Algérie.
Au delà de l’exploit sportif, ce défi improbable va le pousser à renouer avec ses origines.
Lauréats réalisateurs
Pour Caroline Deruas, l’apprentissage du cinéma s’est fait sur les plateaux. Assistante à la mise
en scène puis scripte, elle a travaillé avec les cinéastes Yann Gonzalez, Romain Goupil,
Valéria Bruni Tedeschi et Philippe Garrel, dont elle a également co-écrit Un été brûlant,
La Jalousie et L’Ombre des femmes. À présent elle collabore aux prochains scénarios
de Valéria Bruni Tedeschi et de Samuel Benchetrit.
En 2006, elle réalise L’étoile de mer, son premier court-métrage, sélectionné à la Quinzaine
des réalisateurs. Elle réalise ensuite Le Feu, le sang, les étoiles, sélectionné à Locarno et
grand-prix au festival de Bilbao. Le court-métrage suivant, Les Enfants de la nuit, a remporté
le Léopard d’argent au festival de Locarno. Caroline Deruas finit actuellement La Mal aimée,
avec Lolita Chammah. Elle a également été pensionnaire à la villa Médicis, décor de son
premier long-métrage, L’Indomptée.
12
13
[1]
CAROLINE
DERUAS
L’INDOMPTÉE
Produit par Ludovic Henry / La Mer à boire productions
Co-scénariste : Maud Ameline
Avec la participation de Catherine Libert
Parrain emergence Jean-Claude Carrière
Interprétation
Adèle Haenel [1]
Clotilde Hesme [2]
[2] [1]
Axèle et Camille sont deux jeunes artistes aux caractères opposés qui exercent l’une sur
l’autre une forte attraction. Elles sont toutes les deux pensionnaires à la Villa Médicis,
l’Académie de France à Rome. Camille a été reçue au concours. Axèle a menacé le directeur
de se suicider s’il ne la prenait pas. Leur nécessité est la même : leur accomplissement
artistique. Alors que Camille s’asphyxie dans une vie de famille et de couple qui l’empêche
de créer, Axèle est rongée par son propre fléau, l’autodestruction.
[2]
Image
Pascale Marin
Son
Olivier Dandré
Philippe Grivel
Montage
Floriane Allier
Musique originale
Hugues Tabar-Nouval
© Marie Augustin
Assistant mise en scène
Nicolas Saubost
Lauréats réalisateurs
Marion Desseigne Ravel découvre le cinéma en travaillant comme assistante-réalisatrice sur
un documentaire de Pierre Trédez retraçant la lutte des sans-papiers en Ile-de-France. Elle y
forge un rapport à l’image basé sur le réel et la rencontre. Elle entre ensuite à La fémis où
elle découvre le travail avec les acteurs et développe un goût pour la fiction. Elle y réalise
plusieurs court-métrages, dont Les Murs et Fin d’été, sélectionnés dans de nombreux festivals.
Depuis sa sortie de l’école, elle a également tourné Voyage en Lémurie, pour Arte, grand prix
au festival de Sciences-po. Parallèlement à son activité de réalisatrice, elle mène des ateliers
vidéo avec des adolescents de la Goutte d’Or. Elle s’inspire de cette expérience pour écrire
Ta bouche, son premier long-métrage.
14
[1]
MARION
DESSEIGNE RAVEL
TA BOUCHE
Produit par Franck Ciochetti / Moe Films
Interprétation
Neila Boumaiza
Loubna Lahssini [1]
Sirine Rahmouni [2]
Chahinez Soltani
Maïmouna Toure [3]
[2]
Casting
Anaïs Duran
Image
Eponine Momenceau
Son
Benoît Gargonne
Paul Jousselin
Mathieu Vigouroux
Scripte
Virginie Cheval
Montage
François Quiqueré
[3]
© Marie Augustin
Assistante mise en scène
Célie Valdenaire
Paris - Au square Léon, à Barbès, les cultures se mélangent, les identités se frottent et les
bandes rivales s’affrontent. Nedjma a 14 ans et fait partie du clan de Samar. Assana, elle,
appartient au groupe adverse. Lorsque les deux jeunes filles se rapprochent, les rapports de
force de ce microcosme se retrouvent chamboulés...
15
Lauréats réalisateurs
Christine Paillard aborde la réalisation en autodidacte par un portrait du compositeur
Jean Françaix, sélectionné au Fipa. Elle adapte ensuite un opéra bouffe du même musicien,
Le Diable boiteux, diffusé sur Arte et Canal Plus. Par la suite, pendant près d’un an, elle
filme un atelier d’improvisations donné par le réalisateur Chad Chenouga au CASH (Centre
d’Accueil et de Soins Hospitaliers) de Nanterre. Le documentaire, Cash, a obtenu le grand prix
du film d’action sociale de Montrouge. Christine Paillard réalise son premier court-métrage,
Le Pion et la Reine, sélectionné dans plusieurs festivals. Elle tourne ensuite Le Grand-père
de Brad, également remarqué en festivals.
Elle vient de coécrire La Niaque, scénario du second long-métrage de Chad Chenouga, pour
TS Productions, et prépare son premier long-métrage Est-ce que maman a tué papa ?, pour
lequel elle a obtenu l’aide à l’écriture du CNC et l’aide à l’écriture de la Basse-Normandie.
[1]
16
17
CHRISTINE
PAILLARD
EST-CE QUE MAMAN
A TUÉ PAPA ?
Parrains emergence Raphaël Jacoulot
Chad Chenouga
Interprétation
Veronika Varga [1]
Yannick Choirat [4]
Thaïs Simon [2]
Jess Simon [3]
Co-scénariste : Chad Chenouga
[2] [3]
Casting
Tatiana Vialle
Sharon a dix ans, son père vient de mourir, elle déménage. Alors qu’avec sa mère et son
demi-frère elle essaie de s’adapter à sa nouvelle vie, une question commence à l’obséder :
Est-ce que maman a tué papa ?
Image
Hervé Lodé
Son
Xavier Griette
Xavier Marsais
Julien Roig
Assistant mise en scène
Maxime L’Anthoen
Montage
Damien Maestraggi
Musique originale
Kalina Swiatnicka
[4]
© Marie Augustin
Scripte
Leila Geissler
Lauréats réalisateurs
Martin Scali, scénariste et rélisateur, a grandi entre Paris et Barcelone. Pendant ses études,
il réalise plusieurs films expérimentaux, Seul en 2004, On avait rendez-vous en 2006.
Il s’installe ensuite à New York et devient l’assistant de Wes Anderson sur le film d’animation Fantastic Mr. Fox. De retour à Paris, il réalise en 2010 son premier court-métrage, Trois
Chats, sélectionné dans plusieurs festivals en France et à l’étranger. En 2011, il réalise
le making-of de Moonrise Kingdom. La même année, il tourne son deuxième court-métrage, Un Déjeuner du Dimanche, également remarqué en festivals. En 2013, il est réalisateur
2ème équipe de The Grand Budapest Hotel, le nouveau film de Wes Anderson. Il est actuellement
en cours d’écriture de son premier long-métrage, Un Prince.
[1]
18
MARTIN
SCALI
UN PRINCE
Produit par Frédéric Jouve / Les Films Velvet
Co-scénariste : Sacha Barbin
Parrain emergence Jacques Audiard
Interprétation
Ernst Umhauer [3]
Alice Isaaz [1]
Marc Barbé [2]
[2] [3]
Casting
Constance Demontoy
Image
Benoît Soler
Son
Niels Barletta
Benoît Gargonne
Frédéric Ullmann
Scripte
Chloé Rudolph
Montage
Albertine Lastera
[3]
© Marie Augustin
Assistante mise en scène
Violette Echazarreta
Gabriel Lesskov a été élevé par son beau-père Joseph, un homme rigide, mais honnête
et travailleur. Lorsque la déchèterie familiale où ils travaillent risque de passer aux mains
de la mafia, Gabriel est contraint de demander de l’aide à la seule personne capable de
leur tenir tête : son père biologique, Gilles, un voyou local, tout aussi séduisant qu’égoïste,
aux antipodes de Joseph. À son contact, Gabriel va (re)découvrir un pan de lui-même. Tiraillé
entre deux modèles paternels, il va devoir faire un choix… Quel fils, pour quel père, pour
quelle vie ?
19
Lauréats réalisateurs
Né en banlieue parisienne, Morgan Simon est critique pendant trois ans pour un webzine
consacré aux musiques rock alternatives. Il fait des études de biologie et suit des cours aux
Beaux-arts de Paris avant d’entrer en scénario à La fémis. Souvent traversés par la question
de la marginalité, ses courts-métrages ont été largement diffusés en festivals (Brest,
Vendôme, San Sebastian) et à la télévision (Canal+, Arte), comme American Football primé
à Angers et Villeurbanne. Morgan Simon est actuellement en développement de son premier
long-métrage, Compte tes blessures, lauréat de la bourse Beaumarchais-SACD et du Jerusalem
Film Lab.
[1]
MORGAN
SIMON
20
COMPTE
TES BLESSURES
Produit par Jean - Christophe Reymond
et Amaury Ovise / Kazak Productions
Parrains emergence Sylvie Verheyde,
Paul Vecchiali
Interprétation
Kevin Azaïs [1]
Nathan Willcocks [2]
Sonia Amori [3]
[1] [2]
Vincent n’est pas arrivé au tiers de sa vie qu’il a déjà tatoué la moitié de son corps et endurci
sa voix avec son groupe de post-hardcore. Depuis la mort de sa mère, il partage son existence
entre Bastille et Porte de Clignancourt, entre un boulot de perceur qui ne l’enchante guère et
un père poissonnier qui tente de refaire sa vie avec une femme plus jeune.
Et ça le rend malade.
Casting
Tatiana Vialle
Image
Boris Levy
Son
Mathieu Descamps
Daniel Capeille
Paul Jousselin
Scripte
Clémence Crèvecoeur
Montage
Marie Loustalot
[3]
© Marie Augustin
Assistant mise en scène
Ilan Cohen
21
Stage d’acteurs
L’ACTEUR
FACE À LA CAMÉRA
Pendant la session de tournage, emergence
propose une formation destinée à
des acteurs professionnels. Ce stage
conventionné par l’Afdas et soutenu par
l’Adami a réuni en 2014 douze comédiens,
sélectionnés après un entretien filmé. Ces
comédiens ont principalement l’expérience
du théâtre. Bruno Nuytten et Tatiana Vialle
dirigent ensemble ce stage centré sur
le travail face à la caméra.
D’autres intervenants participent, comme
cette année, le réalisateur Jérôme Bonnell
et Claudine Tavares, professeur de danse.
Les intervenants sont entourés d’une
équipe technique composée notamment
d’un cadreur, d’un ingénieur du son et d’un
monteur. Durant la première semaine en
résidence, les comédiens jouent en binôme
dans les Exercices tournés par les lauréats
réalisateurs.
22
23
Notre père
Exercice de Farid Bentoumi
Lucile Krier
premyslaw lisiecki
Et vous baverez à nos pieds
Exercice de Caroline Deruas
© Marie Augustin
© Marie Augustin
Vincent Bramoullé
Lucile Delzenne
Stage d’acteurs
24
25
Homéopathie
Jules César, Blanche-Neige et moi
Yann Gael
Clémentine Niewdanski
Marion Harlez-Citti
Christophe D’Esposti
© Marie Augustin
Exercice de Christine Paillard
© Marie Augustin
Exercice de Marion Desseigne Ravel
Stage d’acteurs
26
27
Nina
Je t’attends
Thomas Marceul
Chloé Astor
Hervé Terrisse
Sonia Amori
© Marie Augustin
Exercice de Morgan Simon
© Marie Augustin
Exercice de Martin Scali
emergence et la Sacem
emergence et la Sacem favorisent les
rencontres et le travail en commun entre
réalisateurs et compositeurs de musique.
Les lauréats du jury musique composent
des musiques originales pour les
Exercices réalisés à emergence. Ce travail
est accompagné par un parrain musical.
Succédant à Jean-Claude Petit, Jean-Michel
Bernard, Alexandre Desplat, Philippe Rombi,
Reinhardt Wagner et Bertrand Burgalat,
le compositeur Bruno Coulais est le parrain
du programme musique de la session 2014.
COMPOSITION
MUSICALE
LAURéATS COMPOSITEURS
Sous la présidence de Bruno Coulais,
le jury musique de la 16e session
se composait de :
Manuel Bleton, compositeur
Thierry Jousse, réalisateur, journaliste
Églantine Langevin, Sacem
Hervé Le Roux, réalisateur
28
29
Hugo
Gonzalez-Pioli
Ronan
Maillard
Thierry
Payen
Musique originale de Homéopathie
de Marion Desseigne Ravel
Grégoire Auclerc-Galland compose depuis
qu’il a appris à jouer d’un instrument.
Musiques de films, créations sonores,
ensembles rock ou jazz, il a participé
à de nombreux projets pour le cinéma,
le théâtre et la scène.
Au cinéma, il a notamment composé
la musique du film Le 4ème morceau
de la femme coupée en trois
de Laure Marsac.
Musique originale de Je t’attends
de Morgan Simon
Après des études au Conservatoire
de Toulon et de Marseille, Hugo GonzalezPioli prend goût à la composition pour
l’image et développe un grand intérêt pour
le cinéma. En mai 2008, il entre au CNSMD
(Conservatoire National Supérieur
de Musique et de Danse) de Lyon
en composition musique à l’image.
Il y obtiendra sa Licence en juin 2011.
Cette même année, il est admis
à la prestigieuse USC (University Southern
California) à Los Angeles dans la classe
de musique de film. Major de sa formation,
il obtient un Graduate Certificate. Aujourd’hui,
Hugo se consacre à la composition musicale
liée à l’image (cinéma, TV, web série…)
et s’est installé à Paris.
Musique originale de Nina de Martin Scali
Après une formation classique au Conservatoire National Supérieur de Musique (CNSM)
de Paris – prix d’Harmonie, de Contrepoint,
de Fugue et de Polyphonie du XVIe siècle –
il étoffe son répertoire en explorant d’autres
styles musicaux : jazz, chanson française,
pop, musique électro… Il compose des
musiques de courts-métrages, de spectacles
ou d’expositions déployant ainsi son champ
des possibles. On le retrouve parfois au
piano, son instrument de prédilection.
Très vite, Ronan sera remarqué par Joseph
Racaille (Bashung, Philippe Découflé, Arthur H).
Il rencontre alors Martin Rappeneau avec
lequel il collabore sur six longs-métrages
(Les Tuches et Safari d’Olivier Baroux…)
et également avec Sinclair (Le Premier jour
du reste de ta vie, Un heureux événement
de Rémi Bezançon). En 2012, il compose
des musiques pour Des morceaux de moi,
premier long-métrage de Nolwenn Lemesle.
En 2013, il signe la musique des courtsmétrages Les Belles Manières de Marie-Cécile
Lucas et de Tout ce que tu ne peux pas
laisser derrière toi de Nicolas Lasnibat.
Musique originale de Notre père
de Farid Bentoumi
Thierry Payen étudie le piano, la contrebasse,
le violon, la flûte et la guitare en autodidacte
mais aussi à l’ASMM et à la BMS pour la
technique de composition et d’arrangement.
Il s’initie également aux recherches
pluridisciplinaires dans les domaines
de l’informatique et de l’acoustique
musicales à l’Ircam. Il compose la partition
musicale de plusieurs pièces contemporaines
chorégraphiées par Micheline Lelievre mais
aussi Emmanuelle Vo-Dinh. Création de
Poésie B (poésie orale dite et jouée en
concert) avec Lucio Mad, Raymond Chanté,
Jean Lemou, Gabor Rassov, Noël Akchoté,
Dom Farkas... Au théâtre, il collabore
régulièrement avec le metteur en scène
Pierre Pradinas. Il compose et dirige
plusieurs musiques de longs métrages
au sein de Kraked Unit : Loik Dury
et Christophe «Disco» Minck (Jacques Doillon,
Cédric Klapish, Fabien Otoniente...).
© Célia Bonnin
Grégoire
Auclerc-Galland
emergence et la Sacem
© Célia Bonnin
30
Kalina
Świątnicka
Hugues
Tabar-Nouval
Musique originale de Jules César,
Blanche Neige et moi et des Scènes Libres
de Christine Paillard
Kalina Świątnicka
Swiatnicka est une compositrice
polonaise, formée au Conservatoire
de Varsovie dans la classe de Krzysztof
Baculewski, et au Conservatoire de Strasbourg
dans la classe de Mark Andre.
Elle a complété sa formation en suivant
un cursus en réalisation du son à l’Académie
du Film et de la Télévision de Varsovie,
puis en Musiques appliquées aux arts
visuels à l’Université Lumière – Lyon 2.
Ses compositions sont très variées.
Elle écrit aussi bien des œuvres
instrumentales, chorales
qu’électroacoustiques, monte des
installations audiovisuelles, créée
des performances. Depuis plusieurs années,
elle compose également pour des films,
des jeux vidéo, des expositions
et des spectacles.
Musique originale de Et vous baverez
à nos pieds et des Scènes Libres
de Caroline Deruas
Hugues Tabar-Nouval a eu une formation
à la fois classique au conservatoire (écriture,
direction d’orchestre) et jazz (saxophone,
harmonie).
Cette double culture musicale lui a permis
d’être sollicité pour des projets très divers.
A ce jour il a composé une dizaine
de longs-métrage dans des genres
et pour des formations très différentes.
De l’orchestre philarmonique pour L’autre
de Dumas, au sextuor mélangé à des sons
électro pour L’Empreinte de Safy Nebbou,
du duo atypique comme le piano et les ondes
Martenot pour Où va la nuit ? de Martin
Provost à la musique cubaine pour le téléfilm
La Guerre des saintes de Giordano Gederlini…
Il a aussi signé la composition de plusieurs
documentaires pour la télé ainsi que de
nombreuses pièces de théâtre. Il poursuit
parallèlement une carrière de saxophoniste
de jazz.
Actuellement il compose la musique de son
projet de comédie musicale Les vivants
et les morts, pour le théâtre du Rond Point,
en collaboration avec son auteur Gérard
Mordillat et de François Morel pour les paroles.
31
© Célia Bonnin
Master class musique et cinéma
RENCONTRE avec
32
Bruno Coulais
animée par Stéphane Lerouge
Stéphane Lerouge : Je suis heureux
qu’emergence accueille Bruno Coulais,
l’un des compositeurs les plus innovants du
cinéma contemporain et dont le calme extérieur
contraste terriblement avec l’intensité
du monde intérieur. Bruno, quels avantages
tu trouves à t’exprimer pour et à travers
le cinéma ?
Bruno Coulais : Curieusement, quand j’étais
enfant, je n’allais pas beaucoup au cinéma.
Si on m’avait dit que j’écrirais de la musique
de films, j’aurais été très surpris. Ma chance
a été de rencontrer des metteurs en scène
passionnants et aux univers très variés :
Agnès Merlet, Christine Pascal, les documentaristes Claude Nuridsany et Marie Pérennou,
Frédéric Schœndœrffer, James Huth,
Jacques Perrin, Akhenaton, Christophe
Barratier… Je prends un plaisir infini à écrire
pour eux. À mes débuts, après trois ou
quatre films, je me disais : «Ça y est : désormais, je sais comment élaborer une musique
pour l’image». Puis le film suivant a balayé
cette certitude... Aujourd’hui encore,
à chaque nouveau projet, j’ai l’impression
de ne pas avoir d’idée, de devoir tout réapprendre. Le plus excitant dans cette forme
d’expression, c’est qu’on peut y travailler
à la fois avec des polyphonies corses, des
musiciens issus du jazz, de la variété, du
classique. Ou même des rappeurs. Pour
moi, écrire pour le cinéma, c’est aussi cela :
une façon de sortir de ma chambre pour voir
comment tourne le monde.
Stéphane Lerouge : Il y a vingt ans, tu affirmais
que ton rêve était de rencontrer un cinéaste
réfractaire à la musique, un enfant de Robert
Bresson ou d’Eric Rohmer. Finalement cette
rencontre est arrivée avec Benoît Jacquot.
Bruno Coulais : D’abord avec Jacques Davila,
puis effectivement avec Benoît. En général,
plus les réalisateurs connaissent la musique,
plus ils ont peur de l’utiliser. Paradoxalement, je suis fasciné par ces cinéastes, alors
que je me méfie de ceux qui veulent mettre
de la musique partout. Parce que placer de
la musique sur des images, c’est un artifice
absolu. Quand on réussit, c’est comme
la lumière du film : elle n’appartient qu’au
film qu’elle illustre. Parfois, sur de grosses
productions, si vous dites au producteur que
vous voulez utiliser un quintette à cordes, il
vous explique qu’il a les moyens de payer un
orchestre. Comme si l’orchestre correspondait
forcément à un standing. Pour un compositeur,
il est nécessaire d’essayer de résister au
formatage (d’orchestre, de langage), pour
trouver des solutions musicales propres à
chaque projet. D’ailleurs, j’ai toujours lutté
pour orchestrer moi-même, parce que la
couleur instrumentale qui éclaire directement
l’orchestre est une chose fondamentale.
Stéphane Lerouge : Comment apprend-on
à dialoguer avec un cinéaste, a fortiori si
le langage musical lui est étranger ?
Bruno Coulais : La marge de manœuvre est
assez étroite, effectivement. Au cinéma,
le compositeur doit aller à la rencontre des
metteurs en scène, entrer dans leur monde,
mais sans renoncer au sien propre. Plus les
metteurs en scène possèdent une esthétique
personnelle, plus ils sont méfiants vis-à-vis
de la musique. Alors qu’en réalité, il ne
s’agit pas d’aller contre leur univers mais d’y
pénétrer pour en devenir un élément à part
entière. Enfin, les meilleurs cinéastes sont
ceux qui vous laissent croire que vous êtes
indispensable, que leur film va s’écrouler
sans vous. Ce qui est absolument faux. Ils
sont terrifiés, comme vous. Et avec certains,
comme Benoît Jacquot, plus on expérimente,
plus ils sont excités.
Stéphane Lerouge : Tu as mis en musique
beaucoup de néo-polars, mis en scène par
Frédéric Schœndœrffer, Olivier Marchal…
et Matthieu Kassovitz avec Les Rivières
Pourpres, dont l’ouverture est aussi
spectaculaire qu’inattendue. (visionnage
du générique début)
Martin Scali : Quelles ont été les inspirations
pour cette séquence ?
Bruno Coulais : L’enfance. Pour moi, c’est
le moment des premières terreurs, celui où
l’on découvre le monde extérieur, souvent
avec appréhension. J’ai tenté d’intégrer à
ma composition des éléments qui évoquent
les craintes enfantines. C’est une démarche
que je peux relier à celle de Microcosmos :
c’est un documentaire, mais on a cherché
une musique qui lui apporte une dimension
fantastique, onirique. Il n’y avait pas de
commentaire en voix off, nous voulions
laisser le spectateur libre de sa propre
interprétation. Peut-être avez-vous eu une
enfance extrêmement heureuse mais, pour
ma part, ça n’a pas été un moment si joli,
si tendre, si naïf.
Martin Scali : Une fois la thématique de
l’enfance définie, quel a été le cheminement ?
Bruno Coulais : C’est d’abord un thème
et un climat qui me viennent en tête, des
couleurs instrumentales ou sonores. Quand
je n’ai pas d’idée, ce qui m’arrive assez
souvent, je sors, je fais autre chose, je
marche dans Paris. Parfois, se laisser dériver,
s’abandonner est une façon de se recentrer
et de déclencher des idées musicales.
Stéphane Lerouge : Sur ce générique des
Rivières pourpres, tu as employé des jouets
d’enfants ?
Bruno Coulais : J’utilise souvent des
jouets. Au studio, à l’enregistrement, c’est
la caverne d’Ali Baba. Là, dans le film de
Kassovitz, le générique est construit sur un
long crescendo. On passe d’une échelle à
une autre, on part de l’infiniment petit (des
gros plans sur un corps mutilé) à des plans
d’hélicoptère sur la montagne. La musique
démarre très piano avec des sons synthétiques,
une voix de petite fille, une boîte à musique
et, petit à petit, l’orchestre entre, se déploie,
gonfle. Un sentiment que l’inexorable est en
marche.
Stéphane Lerouge : Tu envisages le générique
comme une sorte de sas entre la réalité et
la fiction ?
Bruno Coulais : Le générique, c’est une manière
de pénétrer dans le film, de transmettre
d’emblée au spectateur des éléments souterrains dont il prendra conscience plus tard.
En outre, on bénéficie de la pleine concentration du spectateur. Le film vient de démarrer,
il n’y a pas de dialogue, la musique va jouer
son rôle de passeur, pour mieux nous faire
entrer dans la fiction. Malheureusement,
aujourd’hui, les génériques sont de plus
en plus courts, alors qu’un générique réussi
peut faire gagner quinze minutes au spectateur.
Hugues Tabar-Nouval : Votre première idée,
c’est de prendre le contrepied de ce que
vous voyez à l’écran ?
Bruno Coulais : Pas forcément. Beaucoup de
choses se font instinctivement. Je regarde la
séquence plusieurs fois, mais quand j’écris,
je m’en détache impérativement. Car la mémoire
inconsciente de l’image est plus riche. Tout
ce qu’on en retient est forcément parcellaire,
interprété. C’est votre subjectivité qui
s’exprime sur le papier. Si vous composez le
nez collé contre l’image, vous aurez tendance
à souligner des effets de montage. J’élabore
donc une première version puis je retourne à
33
Master class musique et cinéma
34
l’image afin de lui confronter mon travail, et
de l’affiner si nécessaire. Aujourd’hui, il est
très facile de composer avec un Pro Tools
ou Logic Pro : or, cette trop grande proximité
avec l’image est assez néfaste, de mon
point de vue. Quand j’ai écrit ma première
musique de film, à dix-huit ans, c’étaient
encore les méthodes des années cinquante :
les compositeurs voyaient les films en salle
de montage, relevaient les minutages et
écrivaient leurs musiques sur le souvenir
de ce visionnage. On montait sur pellicule
et modifier un raccord prenait des plombes.
Mais cette attente était bénéfique, c’était
un temps de réflexion. Aujourd’hui, avec le
montage numérique, la moindre manipulation
est immédiate. Du coup, paradoxalement, j’ai
l’impression que le montage ne se termine
jamais… Cela dit, j’adore écrire une musique
très rapidement. Si une partition écrite en
quinze jours n’est pas bonne, les décideurs
diront : «Le malheureux, il n’a pas eu
le temps». Si elle n’est pas trop mauvaise,
ce sera au contraire : «C’est un génie !»
Stéphane Lerouge : Quel est l’éventail des
réactions des cinéastes en studio, quand tu
leur renvoies ton regard sur leur film ?
Bruno Coulais : Certains sont tendus, ils ont
le sentiment que quelque chose se déroule
à leur insu, contre eux. Après coup, avec le
recul, ils sont souvent contents car ils ont
fini par digérer la musique, par comprendre
comment elle s’intègre au film. A mes débuts,
on ne pouvait pas faire de maquette avec la
même facilité qu’aujourd’hui. L’enregistrement
était une étape terrifiante, surtout avec
grand orchestre. Désormais, avec la sécurité
qu’apportent les maquettes, le moment du
studio est davantage celui où l’on conforte
les choses. Je vois les erreurs que j’ai pu
commettre, comme si je découvrais à ce
moment-là la relation définitive entre le film
et la musique. Aussitôt, grâce à l’informatique, on apporte les modifications,
les ajustements nécessaires.
Hugues Tabar-Nouval : Choisissez-vous
les emplacements du film où il y aura de
la musique ?
Bruno Coulais : On en parle énormément, bien
sûr. Le moment où la musique démarre et où
elle s’interrompt est crucial. Il n’y a rien de pire
qu’une musique qui arrive comme un cheveu
sur la soupe. Un frémissement, un mouvement
de caméra, un changement de lumière, peut
déclencher une intervention musicale. L’emplacement de la musique est le premier élément à
déterminer avec le cinéaste.
Hugues Tabar-Nouval : Et vous êtes toujours
d’accord ?
Bruno Coulais : Je dis toujours au réalisateur
que je suis de son avis mais après, je n’en
fais qu’à ma tête ! Parfois, c’est lui qui
a raison, mes propositions ne sont pas
systématiquement infaillibles. Dans certains
cas, de légers décalages, par exemple dans
une scène d’émotion, rendent les choses
plus fortes, moins convenues. C’est une discussion, un rapport de confiance au metteur
en scène, il ne faut pas hésiter à le trahir, à
le bousculer. Rien ne me touche plus qu’un
cinéaste qui me dit avoir compris quelque
chose de son film grâce à la musique. Je
trouve intéressant d’exprimer le non-dit du
film, tout ce qui est au-delà de l’image,
de la narration. Tout ce que le cinéaste n’a
pas filmé, en définitive.
Stéphane Lerouge : Pourrait-on parler du
cinéaste d’animation américain Henry
Selick ? Le film de votre rencontre, Coraline,
comporte beaucoup de séquences spectaculaires mais nous avons choisi une situation
en suspension, que tu as traitée simplement
avec harpe et voix de petite fille. C’est le
moment où Coraline découvre les différentes
pièces de la vieille maison isolée dans
laquelle elle vient d’emménager avec ses
parents. (extrait)
Bruno Coulais : Selick, c’est une rencontre
majeure. On a travaillé un an et demi
ensemble. J’ai rarement ressenti une telle
proximité avec un cinéaste, alors même que
des milliers de kilomètres nous séparaient.
J’élaborais des maquettes, je les lui envoyais
par email et il me renvoyait ses réactions
dans la nuit. C’est un film extraordinaire,
avec un univers cruel et troublant, proche
une fois encore des peurs de l’enfance.
La petite Coraline découvre la porte d’un
monde parallèle, dirigé par une sorcière
arachnéenne. On sent qu’Henry aime ce
monstre. D’ailleurs, dans une séquence de
grande violence, j’ai mélangé des éléments
contradictoires, des stridences avec un
hautbois au chant très élégiaque, au lyrisme
doux. Malgré la tension de la situation, ce
hautbois continue imperturbablement sa
route, humanisant paradoxalement la figure
du monstre.
Hugo Gonzalez-Pioli : Vous avez composé un
thème pour chaque personnage ?
Bruno Coulais : Henry Selick me l’a demandé, même si je n’aime pas trop ce côté
Pierre et le loup. Ensuite, il m’envoyait des
séquences sans me donner d’indications,
car il ne voulait pas m’influencer. Sur le
générique de début, je voulais une voix, que
j’ai chantée moi-même sur la maquette. A
l’enregistrement, on a essayé de la réenregistrer, mais Henry a décidé de garder la voix de
la maquette. Dans l’extrait que l’on vient de
visionner, c’est une fillette qui chante un texte
qui ne veut rien dire. C’était assez amusant
de voir les chanteuses s’appliquer à chanter
ce n’importe quoi, à trouver la prononciation
exacte de cette langue inventée. Henry Selick
est venu aux enregistrements symphoniques
à Budapest, puis nous avons mixé la musique
au ranch Skywalker de George Lucas. C’est un
endroit magique où toutes les activités sont
concentrées : vous enregistrez la musique
dans un auditorium et, à l’autre bout du couloir, vous mixez le film.
Hugues Tabar-Nouval : À l’enregistrement,
quelle est la meilleure place pour vous ? Être
dans la cabine ou avec une baguette devant
l’orchestre ?
Bruno Coulais : J’aime avoir une certaine
distance et rester en cabine. Derrière la vitre,
je ne perds jamais le rapport aux images.
À qualité d’oreille égale, il existe des compositeurs qui sont des chefs nés. Manipuler
l’orchestre, arriver à obtenir immédiatement
les bonnes nuances, c’est difficile. Je préfère
travailler avec un vrai chef parce que je sais
à quel point c’est un métier.
Stéphane Lerouge : Peux-tu nous parler
de ta collaboration avec Laurent Petitgirard,
qui dirige tes séances avec orchestre
symphonique depuis dix ans ?
Bruno Coulais : Laurent me permet de
trouver immédiatement la couleur et les
nuances que je souhaite. Je préfère guetter
les réactions du cinéaste à mes côtés et
surveiller la partition, comme un directeur
artistique. Je serais épuisé si je devais faire
des allers-retours entre le metteur en scène
et l’orchestre.
Farid Bentoumi : Qu’est ce qui vous fait
accepter ou refuser un projet ?
Bruno Coulais : J’adore les premiers films,
c’est une façon de recommencer. Sinon c’est
dans la rencontre avec le cinéaste que je
sens si l’aventure va être stimulante, si elle
va bien se passer. Il y a des films très intéressants sur lesquels je serais incapable de
travailler. Il m’est également arrivé d’écrire
pour la télévision. Le pouvoir des chaînes est
tel qu’on y réduit la musique à des normes
effrayantes. Sur un téléfilm de Josée Dayan,
la chaîne trouvait que la musique était trop
sombre, trop inquiétante. Heureusement,
Josée ne s’est pas laissée démonter.
Il faut que le metteur en scène ait ce courage,
c’est la clé.
Stéphane Lerouge : Tu as d’ailleurs traversé
des périodes de rejet du cinéma...
Bruno Coulais : Oui. Pendant deux ans,
je ne pouvais plus voir une seule image.
À l’époque je devais faire entre dix et quinze
longs métrages par an, dont beaucoup
de thrillers et Le Peuple Migrateur, qui était
un film épuisant. Là, je me suis dit qu’il
fallait arrêter. Pendant deux ans, j’ai fait des
choses personnelles et je suis revenu avec
un très joli film d’animation danois, L’enfant
qui voulait être un ours. Puis, Les Choristes
m’a permis de refaire surface financièrement.
Je me suis senti régénéré quand je suis revenu
au cinéma parce que quand on écrit pour soi,
pour des concerts, on est seul. Ce travail
de groupe dans le cinéma c’est une chose
précieuse, à condition de ne pas faire tout
ce qu’on vous propose et d’avoir du recul, du
temps. C’est important de faire des choses
pour le plaisir et de travailler avec des gens
qu’on aime. Je pense qu’on a parfois besoin
de changer de cap. Même dans le cinéma,
c’est intéressant de changer d’univers, de
faire d’autres tentatives, que tout ça ne soit
pas une habitude, un métier.
35
Master class
distribution et ventes
internationales
37
Rencontre avec Alexis Hofmann, responsable acquisitions
et marketing chez Bac Films, et Juliette Schrameck, directrice
des ventes internationales et des acquisitions chez MK2.
S’ENGAGER SUR DES FILMS
Juliette Schrameck : Dans la plupart
des cas, les distributeurs s’engagent dès
le scénario, sauf pour certaines cinématographies émergentes, étrangères, pour des
réalisateurs qui n’ont pas encore traversé
les frontières dans le cadre de ventes...
Chez MK2, il ne nous est jamais arrivé
d’acheter un premier film français sur film
fini, on achète toujours sur scénario.
Alexis Hofmann : C’est la même chose
chez Bac Films.
Caroline Deruas : Quelle place ont les
courts métrages dans votre engagement ?
Alexis Hofmann : Dans le travail de
prospection que l’on mène, le court
métrage a beaucoup d’importance.
Nous avons une politique d’auteurs
que nous avons envie de suivre et
d’accompagner de film en film.
On recherche le style qui se dégage
dès le court métrage, que ce soit
au niveau du scénario, de la mise
en scène, de la direction d’acteurs.
Juliette Schrameck : Le court métrage
est vraiment le point de départ. Ensuite,
la qualité du scénario joue aussi. Le casting
n’est en revanche pas le premier critère.
Si le scénario est solide, original, bien
construit et si les courts métrages sont
convaincants, le casting n’est pas forcément
déterminant.
Farid Bentoumi : Vous êtes en dialogue
direct avec les chaînes ?
Alexis Hofmann : On essaie de faire ce
travail d’accompagnement des producteurs
sans se substituer à eux. Mais quand
on s’engage sur un film, on peut soutenir
le producteur en appelant par exemple
des chaînes avec lesquelles on a
un contact privilégié.
Juliette Schrameck : Dès que je m’engage
sur un projet, j’ai envie qu’il se monte
et comme son financement dépend des
premiers préachats, je m’investis. Souvent,
les diffuseurs eux-mêmes nous demandent
pourquoi on s’est engagé et ouvrent
le dialogue sur le film.
Un troisième critère qui est important
pour un premier film, en tout cas pour moi,
ce sont les postes techniques, qui peuvent
rassurer sur la qualité. Le chef op et
le monteur sont les deux postes clés,
et je pose toujours la question sur ces
deux postes.
Caroline Deruas : Quels sont les critères
qui font que vous pouvez dépasser
la promesse de distribution pour vous
engager financièrement sur un film ?
Master class distribution et ventes internationales
38
Juliette Schrameck : Dès lors que l’on
décide de faire un film, on décide de
l’investissement financier qu’on est prêts
à faire. Sur les premiers films, il arrive
souvent qu’on s’engage sur les ventes
internationales sans minimum garanti (MG).
Le producteur a la garantie qu’on fera les
dépenses nécessaires pour le marketing,
dans les festivals, les marchés… ce qui est
relativement coûteux pour les distributeurs
internationaux. Parfois, on met des MG
parce qu’on croit vraiment que le film peut
se vendre. Soit parce qu’on est convaincus
que le film a le potentiel pour être dans
un festival de classe A et qu’il sera porté
par le buzz ou la presse. On fait donc des
estimations de ventes. Ou alors, parfois,
quand on pense que le film a un vrai potentiel
de marché, sans parler de festivals, qu’il
va pouvoir sécuriser des diffusions sur
certains territoires, voire des ventes télé.
Ces ventes vont nous permettre de
remonter un MG plus important.
Martin Scali : Combien de temps mettezvous pour vous engager à partir du moment
où vous avez lu le scénario et qu’il vous
plaît ?
Alexis Hofmann : Il n’y a pas de limite,
cela dépend surtout de la concurrence.
Quand on fait une offre sur un film,
le producteur revient assez vite vers nous
pour nous dire s’il a une autre offre ou
s’il s’engage avec nous. Il y a aussi une
question d’envie de travailler ensemble,
au-delà de l’aspect financier.
Juliette Schrameck : On est capable
de se décider en quelques heures sur
un scénario, ou en quelques minutes sur
un film fini. Quand on lit un scénario qu’on
aime vraiment, on appelle le producteur
tout de suite pour lui dire qu’on veut
s’engager sur le film.
Mais cela peut aussi prendre beaucoup
plus de temps. Par exemple, si le producteur
veut un MG qu’on trouve déraisonnable et
qui ne correspond pas au potentiel qu’on
a identifié.
Christine Paillard : Et comment ça se
passe, vous avez des comités de lecture ?
Alexis Hofmann : C’est important pour nous
d’avoir une vision du scénario de la part
des personnes qui s’occupent de
la programmation des salles, du marketing
ou des ventes internationales. On est cinq
à lire et les décisions sont assez collégiales
On reçoit des scénarios de toutes parts,
de producteurs plus ou moins sérieux,
et le filtrage se fait par un comité de lecture
et des fiches rédigées par des lecteurs
en interne. Nous faisons en sorte
de répondre à tous les producteurs
qui prennent contact avec nous.
Martin Scali : Est-ce qu’il vous arrive
d’intervenir sur les scénarios ?
Juliette Schrameck : On fait très souvent
des retours extrêmement nourris. C’est
notamment le cas quand un scénario nous
plaît mais qu’il y a un élément qui nous
gêne. On partage notre réflexion avec
le producteur.
Ludovic Henry : Qu’est ce que c’est un
scénario avec un potentiel à l’international ?
Juliette Schrameck : Cela dépend,
c’est surtout une histoire et un contexte
capables de parler, d’émouvoir, de faire rire
quel que soit le pays. Il y a aussi le marketing,
le moment du lancement, la concurrence et
le rôle de la presse internationale, le buzz...
On peut citer Intouchables, même si le
succès n’était pas forcément prévisible, en
France ou à l’étranger. Cela reste un pari.
LE RÔLE DES FESTIVALS
Juliette Schrameck : Berlin et Venise sont
des festivals importants pour le marché
international car les distributeurs s’y
déplacent pour acheter des films. Comme
Cannes, Venise et Berlin se répartissent
assez harmonieusement sur le calendrier,
les distributeurs ont en général encore
de l’argent à dépenser et sont attentifs
aux films qui y sont présentés.
Ludovic Henry : Et d’autres festivals,
comme Toronto ou Rotterdam ?
Juliette Schrameck : Pour moi Toronto est
un prolongement de Venise. Venise est
un écrin pour des films qui seront vendus
à Toronto. Rotterdam est davantage
un endroit de pitchs, où les vendeurs
français vont beaucoup. Les producteurs
y viennent avec ou sans réalisateurs pour
pitcher leurs projets et rechercher
des co-producteurs ou des distributeurs.
Alexis Hofmann : Une sélection en festival
est toujours une bonne chose, même
si cela peut être à double tranchant. Pour
un premier film en tout cas, c’est toujours
un soutien significatif.
LA CHRONOLOGIE, LA PRISE DE RISQUES,
LES TERRITOIRES
Martin Scali : Est-ce que vous vendez
les territoires avant tournage ?
Juliette Schrameck : Oui, bien sûr, au maximum. Quand on préachète un film, il arrive
qu’on fasse traduire les scénarios pour les
distributeurs-cibles. C’est un peu moins vrai
pour les premiers films qui se vendent
en général sur film fini.
Alexis Hofmann : On fait la même chose
avec les exploitants qu’on essaye de
sensibiliser sur les films à venir. Au congrès
des exploitants par exemple, tous les
line-ups des distributeurs sont présentés
avec des bandes annonces.
Martin Scali : Est ce que dans le cas
de certains films les MG augmentent
en fonction des ventes qui sont réalisées ?
Juliette Schrameck : Ce n’est pas nécessaire car le MG est une avance sur les
recettes. Dès lors qu’un film se vend bien,
l’avance est récupérée. Le budget de frais
sur lequel on s’est mis d’accord avec
le producteur est également récupéré assez
rapidement. Quand l’avance et le budget
de frais sont récupérés, le vendeur ne garde
plus qu’une commission qui oscille entre
20 et 30%. Tout le reste est reversé
au producteur. Le MG est augmenté
par les recettes réelles et non plus par
l’avance. C’est la remontée de recettes.
Farid Bentoumi : Une fois que vous vous
engagez sur un projet, est-ce-que vous
êtes co-producteurs, dans le sens où
vous continuez à suivre le scénario, ou
vous avez toujours votre mot à dire pendant
le tournage, au montage ?
Juliette Schrameck : Pas tellement au
tournage, mais, en revanche, très souvent
au montage. Que ce soit pour les films
français ou étrangers, les producteurs sont
très demandeurs d’un retour des vendeurs
internationaux. Une chose à savoir est que
le vendeur et le distributeur auront ensuite
un rôle très important pour aider à négocier
les films dans les festivals, pour faire du
lobbying.
Martin Scali : Comment gérez-vous
le rapport de force avec les exploitants ?
Alexis Hofmann : C’est compliqué.
Dix à quinze films sortent chaque semaine.
Si le film ne marche pas dès la première
semaine, l’exploitation devient vite très
compliquée.
Le rapport avec les exploitants se fait
beaucoup sur l’envie. On organise des
visionnages par exemple pour les premiers
films, à Paris ou en province, et après
c’est de la négociation pure. Il n’y a pas de
contrat pour programmer un film, tout se
fait sur la parole. Un médiateur du cinéma
tranche aussi parfois, en cas de problème
de programmation, mais on évite ces médiations qui révèlent un conflit. On peut voir
assez vite si on est sur un petit film avec
un public de niche pour évaluer le nombre
de copies et de salles. Il nous arrive d’avoir
des surprises et d’ajuster. Là encore, les
festivals sont importants : une sélection
peut changer l’exposition médiatique de
certains films qu’on envisageait comme
difficile à distribuer.
Marion Desseigne : Combien de temps
avant la sortie fixez-vous le nombre de
copies ?
Alexis Hofmann : On a déjà une bonne
indication trois à quatre mois avant la sortie.
Cela dépend si c’est un premier film ou
un réalisateur confirmé, si il y a un casting
connu, un prix en festival etc. Mais on
essaye d’avoir un plan de sortie deux mois
avant. Pour la province, les exploitants nous
appellent à ce moment là mais pour Paris,
tout se fait au dernier moment par rapport
au marché.
Farid Bentoumi : Est-ce grâce à vos auteurs
39
Master class distribution et ventes internationales
40
confirmés que vous pouvez prendre
des risques sur vos premiers films ?
Juliette Schrameck : C’est exactement de
cette manière que je raisonne. Dans mon
line-up, j’essaie d’avoir un équilibre entre
des auteurs confirmés comme Assayas,
Guediguian, Kawase… qui vont générer
beaucoup d’intérêt, pour pouvoir promouvoir
de jeunes réalisateurs. On ne veut pas
perdre d’argent, mais on accepte d’en gagner
moins ou pas du tout pour découvrir de
nouveaux auteurs français ou étrangers.
Je me suis récemment engagée sur
le premier film d’Elodie Namer produit
par Lola Gans, Le Tournoi, avec Michelangelo Passaniti et Lou de Laâge. Nous
nous étions engagés l’an dernier sur Ouf de
Yann Coridian qui avait fait un très joli court
métrage. C’était un film plutôt casté pour
la France avec Eric Elmosnino, Valeria Golino,
Anémone, Luis Rego et des petits rôles
amusants, Brigitte Sy...
Alexis Hofmann : En ce qui nous concerne
nous avons signé récemment des 1ers films
uniquement sur le mandat international :
Les Combattants de Thomas Cailley et
Tristesse Club de Vincent Mariette.
Juliette Schrameck : Dans certains cas,
le producteur peut gagner plus d’argent
en dissociant les mandats. J’achète surtout
des premiers films étrangers sur film fini.
Mais, par contre, je n’ai jamais acheté un
premier film français après l’avoir vu mais
toujours sur scénario.
Nous avons conscience de la difficulté pour
les films de se faire sans distributeur
et c’est pour cela que nous avons tendance
à prendre des risques.
Farid Bentoumi : Par exemple quand vous
avez signé Ouf ou Tristesse club, vous pensiez
les sortir dans les pays francophones,
d’autres pays européens ?
Juliette Schrameck : On avait acheté Ouf pour la distribution France et les ventes
internationales, sachant que c’est surtout
pour la distribution France qu’on l’a acheté
parce que son potentiel était surtout
en France. On avait pris les ventes
internationales pour faire une proposition
globale et il n’y avait pas un gros MG
qui était valorisé à l’étranger.
Alexis Hofmann : On espère vendre
Tristesse Club dans les pays francophones.
Ludivine Sagnier a une certaine notoriété
à l’étranger et on espère que sa présence
pourra débloquer des ventes dans certains
pays. Certains comédiens français sont très
connus à l’étranger, notamment au Japon.
Martin Scali : Est-ce que vous faites des
packages ?
Juliette Schrameck : Beaucoup de vendeurs
en font, mais ce n’est pas notre manière
de faire notre métier. On a des films
tellement singuliers qu’on ne peut pas être
dans une logique industrielle. On vend tel
film à tel distributeur parce qu’on sait qu’il
s’en occupera bien. Il arrive qu’on vende
deux films à un même distributeur en même
temps. On peut utiliser l’un pour pousser
l’autre mais on essaie de faire en sorte que
l’un ne pénalise pas l’autre. Chez MK2,
on a arrêté la distribution pour des questions
stratégiques. Cela part du constat qu’il y
a trop de distributeurs en France et que
les MG France connaissent une trop forte
inflation parce qu’il y a trop d’acteurs, trop
de films qui sortent et qu’on avait pas un
avantage comparatif suffisant par rapport
à d’autres distributeurs pour continuer sur
ce marché-là. C’était plus judicieux de se
concentrer sur les salles et sur les ventes.
L’EXPLOITATION, LE MARKETING
Martin Scali : Je comprends assez mal
l’absence de contrat entre les distributeurs
et les exploitants. Chacun se rémunère sur
le prix des entrées ?
Juliette Schrameck : C’est un accord oral,
mais du point de vue du droit civil,
un accord oral vaut contrat.
Alexis Hofmann : On peut demander
des lettres d’engagement, mais c’est de
plus en plus rare. Quand il y a beaucoup
de demandes, cela va être au plus offrant.
Sur des villes où on a une concurrence,
et quand il n’est pas judicieux de mettre
le film sur les deux salles en même temps,
c’est à celui qui fera la meilleure offre.
La plupart du temps, la durée d’exploitation
se fait par rapport aux résultats de la
semaine précédente. Le lundi matin, on
a quatre personnes qui appellent toutes
les salles de France où nos films sont
programmés et qui demandent si les salles
continuent à jouer le film ou pas.
Si oui, pour combien de séances, avec
quel pourcentage sur les recettes… Cela
oscille entre 50 et rarement au dessous
de 30 % pour le distributeur, en fin
d’exploitation. C’est ce qu’on appelle
le taux de location, c’est ce qui revient
au distributeur. C’est encadré par l’usage,
il n’y a pas de texte qui le définit.
Ludovic Henry : On commence de plus en
plus à entendre que certains films auraient
plus intérêt à sortir en VOD qu’en salle
parce que les salles sont encombrées,
que le marketing coûte cher, qu’ils vont
faire très peu d’entrées... quelle est votre
vision par rapport à cela ?
Alexis Hofmann : Pour nous l’essence
du cinéma c’est la salle donc on ne s’est
jamais posé cette question. Je n’ai jamais
été confronté à cette situation et dans
l’état d’esprit de Bac Films, la salle reste
la première exposition. C’est notre cœur
d’activité.
Juliette Schrameck : On est confronté
à ces problématiques à l’étranger car il y
a certains pays, comme les Etats-Unis ou
l’Angleterre, où les sorties salles et VOD
concomitantes sont autorisées. Dans
ces cas, les distributeurs nous demandent
une sortie salle et VOD en même temps.
Souvent, on l’autorise car on fait confiance
à leur connaissance du territoire et parce
qu’on sait que la culture de la salle est très
française. Il y a 5 000 écrans en France,
ce maillage du territoire par la salle est
une exception. La communication d’un
film se fait désormais beaucoup sur le
web et pour que les cinéphiles d’un pays
puissent découvrir un film, c’est parfois très
important qu’ils y aient accès en VOD. Cela
permet parfois que le film se déploie mieux
en salle. C’est le cas aux Etats Unis où il
n’y a pas de sorties nationales pour les
films étiquetés «auteurs». Si le film marche
bien en salle en en VOD sur les premiers
marchés - New-York et Los Angeles - cela lui
permet de se déployer mieux dans d’autres
régions. On n’accepte pas forcément les
mêmes choses sur tous les territoires. Par
exemple, en Russie, le système VOD est
très fort. Les films sont gratuits et financés
par la pub, c’est leur manière de faire.
Il faut s’adapter.
Martin Scali : Comment vous concevez
la campagne marketing ?
Alexis Hofmann : On définit une stratégie
en dialogue avec le producteur et, dans une
moindre mesure, avec le réalisateur. Mais
sur les éléments clés du marketing (affiche,
bande-annonce, titre…), il faut la validation
du réalisateur et du producteur.
Morgan Simon : Est ce que cela vous arrive
de trouver un titre vous même ?
Alexis Hofmann : Cela peut se passer dans
le cadre de séances de brainstorming.
J’aime regarder les filles, c’est nous qui
l’avons trouvé dans la discussion. A l’origine,
le titre était Quand le ciel s’est déchiré.
Le titre positionne le film. Le réalisateur
avait choisi ce titre à l’origine car le début
du film se passe au moment de l’élection
de Mitterrand et il y a eu un énorme orage
ce jour là. Pour nous, cela positionnait
le film complètement différemment.
Farid Bentoumi : Avez-vous des accords
avec les grands groupes d’exploitants
comme UGC, Gaumont ?
Alexis Hofmann : L’exploitation se décide
de la même manière qu’avec les indépendants, c’est au cas par cas. On aimerait
que ce soit global, mais c’est du salle
par salle.
Certains films servent cependant de levier
de négociation. Quand on a un film
très fort, qui devrait trouver son exposition
en salle, on pourra plus facilement demander
à l’exploitant de s’engager en même temps
sur un autre film plus fragile à venir.
41
Entretiens
vincent mariette
42
tristessE club
Ancien élève de La fémis (département
scénario), Vincent Mariette était lauréat
emergence avec son projet de long métrage
Chiens errants, devenu Tristesse club, dans
lequel il poursuit un travail stylistique entamé
dans la plupart de ses courts métrages
(Double mixte, Les Lézards…).
A quel stade se trouvait ton scénario
de long métrage quand tu l’as présenté
à emergence ?
C’était mon travail de fin d’études à La fémis.
Une première version que j’avais écrite rapidement car la préparation et la réalisation
de mon premier court métrage comme
réalisateur, Cavalier seul, m’avait alors
occupé toute l’année. Le scénario n’était
pas encore abouti, mais l’accueil positif du
jury emergence m’avait conforté dans l’idée
que le film pouvait se faire un jour.
Ta Scène libre d’emergence était un épilogue
imaginaire du film.
Effectivement. Je n’avais pas envie de tourner
des scènes du scénario à emergence.
J’avais la crainte de trop déflorer quelque
chose du film, peur également peut-être
d’user trop les scènes. Mais l’épilogue
que nous avons alors tourné avec deux
des personnages ne pourrait plus fonctionner
dans le film tel qu’il est aujourd’hui,
tellement il a évolué.
Qu’as-tu retenu de l’expérience emergence ?
emergence m’a donné davantage confiance
en moi. À l’époque, je n’étais sûr de rien,
je n’avais fait que deux courts métrages,
Cavalier seul (à La fémis) et Le meilleur ami
de l’homme (pour la Collection Canal +).
J’étais encore un peu novice et j’avais besoin
de tester des choses, de chercher ce qui
m’intéressait en terme de mise en scène
ou de découpage technique, ou encore de
direction d’acteurs. L’expérience emergence
m’a conforté dans des directions formelles :
je recherche toujours la juste mesure entre
le naturalisme et la stylisation, aussi bien
pour la direction d’acteurs que sur la forme,
les mouvements et places de caméra.
A emergence enfin, on travaille vite et sans trop
de moyens, mais c’est un inconfort en réalité
très utile. Cela me permettait de voir comment
j’allais réagir en étant confronté à cela.
emergence t’a permis également de faire
des rencontres importantes ?
Oui, principalement Sylvie Verheyde, qui a
accompagné le film ensuite, en donnant
un avis sur le scénario, des idées de comédiens,
ou encore en venant notamment au montage.
J’ai l’impression qu’elle comprenait ce que
je voulais faire et où je voulais aller. Hervé
Le Roux aussi a été important. Quand on
sort d’une école de cinéma, on a besoin
d’avoir à nos côtés des personnes qui sont
un peu des balises.
Tristesse club raconte les retrouvailles
de trois frères et sœurs en l’absence
du père (dont on ne sait pas s’il est mort
ou vivant) : c’est un film qui mêle une
dimension intime et autobiographique et
une part importante de romanesque. C’était
ce que tu cherchais à faire dès le début ?
Oui, c’est vrai. Le point de départ avait une
dimension personnelle et cathartique. Tout
ce qui concerne la mort du père notamment.
Mais je ne voulais pas que le film parle de
mort ou d’apitoiement. Mon idée était de
créer des rencontres avec des personnages
qui amusent. Le film démarre comme
une enquête dont je me débarrasse ensuite.
Ce qui me plait, ce sont les interactions
entre les personnages, ou encore filmer
des espaces qui me parlent. J’avais envie
de faire un film que j’aie envie de voir, un
film pop et ludique, inspiré de Wes Anderson
ou de Hal Ashby.
Comment le film a t-il évolué ?
Le trio de personnages existait depuis
le début. La question du statut du père dans
le film a évolué. À savoir, est-ce qu’il était
mort ou vivant ? Dans certaines versions,
il était vivant et caché, et des retrouvailles
avaient finalement lieu avec ses enfants. Il a
fallu que mon père meure dans la réalité pour
que j’aie la confirmation que le père de mon
film devait véritablement être mort. Cette
quête devait finalement être vaine. Après de
nombreuses versions contenant beaucoup
de matière scénaristique, j’ai recentré le
scénario final sur ce qui m’importait le plus :
les personnages.
Quel a été le déclic dans l’écriture pour
que tu trouves la bonne version du film ?
Nous avons envoyé le film à l’avance sur
recettes une première fois après emergence :
il n’est même pas monté en plénière.
Je comprenais néanmoins les retours
négatifs sur cette version. J’ai réécrit des
scènes se passant dans la maison du père,
qui est l’espace central du film. Dans une
version précédente, le film était davantage
un road movie. Là, les personnages passent
leur temps à revenir dans la maison. Je l’ai
réécrit en deux mois. Mais je n’aurais pas
pu le réécrire aussi rapidement si je n’avais
pas passé deux ans dessus auparavant !
Comment as-tu pensé à ce trio de comédiens ?
Quand j’ai rencontré Ludivine Sagnier, et
que j’ai entendu sa voix, j’ai eu la sensation
de trouver mon personnage féminin principal.
Je venais de faire Les Lézards avec Vincent
Macaigne et je le trouvais parfait pour
le personnage de Bruno. Laurent Lafitte
a complété ce casting, ce trio qui nous
paraissait évident en terme d’équilibre.
Je ne sais pas comment j’aurais fait si l’un
de ces acteurs n’avait pas pu faire le film.
Le titre a évolué de Chiens errants
à Tristesse club…
Quand j’ai écrit la nouvelle version du film,
le titre initial ne me plaisait plus. Je cherchais
un titre qui plaise et qui marque sans raconter
le film totalement. L’agrégation de ces deux
termes me plaisait. Peut-être parce que j’aime
bien le film de John Hugues, Breakfast Club !
Comment as-tu abordé ta scène imposée à
emergence ? Elle a un écho avec l’histoire
du long métrage.
Je n’ai pas du tout fait ce qu’il fallait faire.
J’ai demandé à faire autre chose, j’ai écrit
l’histoire en fonction des comédiens et j’ai
tourné le lendemain. J’aime bien faire des
choses comme ça à l’arraché peut-être à
cause de ma formation de scénariste ! Quant
à l’histoire, oui c’est vrai, je raconte souvent
des histoires de filles qui manipulent des garçons. Mais je ne sais pas d’où ça me vient !
A emergence, tu as travaillé pour la première
fois avec le monteur Nicolas Desmaisons…
Oui. Je le connaissais un peu avant mais
c’est la première fois qu’on travaillait
ensemble. Frédéric Baillehaiche, monteur de
certains de mes films, me l’avait conseillé.
Nicolas a monté le long métrage et a marqué
le film de son empreinte, comme la dernière
séquence, ce nouvel épilogue muet du long
métrage qui était à l’origine beaucoup plus
dialogué. Nous partageons en plus une
même culture générationnelle.
C’est une dimension importante de
ton cinéma, qui passe notamment par
la musique. Dans la séquence emergence,
on entend FGTH (The Power of Love) et
dans Tristesse club, assez furtivement, à
la radio, Tasmin Archer (Sleeping Satellite).
Oui, ce sont des chansons qui marquent
à une époque. Mais il faut ensuite arriver
à avoir les droits ! Sleeping Satellite était
typiquement la chanson qu’on retrouvait sur
des compilations partagées avec des amis
pour écouter dans la voiture quand on a vingt
ans. Ce qui arrive au personnage de Léon
et qui le ramène à sa jeunesse glorieuse.
Propos recueillis par Bernard Payen
en mai 2014
43
Entretiens
Stéphane demoustier
44
TERRE BATTUE
Producteur, réalisateur de plusieurs courts
métrages remarqués (Bad Gones, Filles du
Calvaire…), Stéphane Demoustier, lauréat
emergence 2012, réalise avec Terre battue
son premier long métrage.
D’où vient ce projet qui te tient à cœur ?
Je n’ai pas écrit ce film par hasard. Le fait
de grandir dans le milieu haut niveau du
tennis a été l’événement de mon enfance.
Cette expérience m’a façonné. Quand j’ai
entendu parler de ce fait divers d’un père
qui avait empoisonné les adversaires de
son fils, cela m’a forcément interpellé.
Cet événement a été le déclencheur du
projet, mais l’histoire de Terre battue en
est une interprétation. Il était le prétexte
pour prendre le tennis comme caisse de
résonnance d’un monde et d’une époque
bien plus larges. Les deux mondes du film,
celui du père et celui du fils, se répondent.
Cela m’intéressait de parler de ce qu’est
la réussite, mais aussi de la transmission.
Pourquoi as-tu voulu faire emergence ?
Je n’ai pas fait d’école. Je suis un autodidacte des films, j’ai appris le cinéma en
faisant des courts métrages. J’aimais l’idée
d’être accompagné, encadré, par des gens
du métier. Xavier Beauvois, président du
jury emergence qui m’a choisi, fait partie
des cinéastes français contemporains que
j’aime le plus. Cela m’a donné confiance.
C’était valorisant et stimulant.
Ensuite, concrètement, par rapport au projet
de Terre battue, je voulais tester l’enfant
acteur du film, voir comment il se comportait
avec une équipe de cinéma, et je voulais
aussi tester un acteur amateur : l’entraîneur
que j’avais moi même eu étant enfant.
Xavier Beauvois était aussi ton parrain
emergence ?
Je lui ai demandé, il a accepté. Il n’est pas
venu à Marcoussis mais il a relu une version
du scénario et m’a rappelé en m’incitant
à tourner, persuadé que j’étais maintenant
prêt. J’ai eu quelques échanges avec lui en
amont du tournage, notamment à propos
des décors. Je lui avais proposé de jouer
le rôle du policier à la fin, mais il n’a pas
pu le faire finalement.
Quelles rencontres importantes as-tu pu
faire pendant emergence ?
Un intervenant monteur, François Quiqueré
avec qui je suis resté en contact au-delà
d’emergence et qui est venu au montage du
film. Surtout, je savais qu’en cas de besoin
je pouvais appeler l’équipe emergence,
même après la session et que je trouverais
une aide précieuse. Je pense par exemple
à Hervé Le Roux ou bien sûr à Elisabeth
Depardieu. Christophe Blanc m’a conseillé
des techniciens pendant la préparation
du tournage.
J’ai pris du plaisir aussi à faire cette
session emergence aux côtés de Guilhem
Amesland, que je connaissais déjà et qui
était aussi lauréat cette année-là. Il est
devenu le premier assistant pour le tournage
de ce film.
Comment s’est passé le casting
de l’enfant ?
emergence était le prétexte idéal pour com-
mencer le casting. Hugo Fernandez,
qui a joué dans les scènes d’emergence,
était très bon comédien, facile à diriger.
Quelques mois plus tard, je suis allé tourner
un documentaire sur le championnat de
France de tennis des 10-11 ans. Je me
suis alors rendu compte en montant les
séquences de tennis que ces enfants
avaient quelque chose d’extraordinaire
que n’ont pas les enfants acteurs. Une
intensité, une gravité, une part d’enfance
étouffée, mais qui subsiste. C’est alors que
j’ai décidé de ne pas prendre Hugo malgré
ses qualités. J’ai fait un casting de jeunes
tennismen. J’en ai vu 350 et j’ai choisi
Charles Mérienne, un petit Dijonnais. Faire
emergence m’a donc permis de comprendre
que ce n’était pas possible de faire le film
sans un enfant qui sache jouer au tennis.
Ce fut la même chose pour l’entraîneur.
Il joue dans les scènes d’emergence mais
le rôle ayant pris de l’ampleur entre temps,
j’ai choisi de prendre un acteur professionnel,
Jean-Yves Berteloot.
A emergence, tu as tourné une autre scène
où l’enfant, passionné de tennis, ne veut pas
sortir avec ses copains. Ceux-ci se vengent
en urinant sur la voiture de son père.
C’était une scène d’une précédente version
du scénario que j’avais réécrite pour
emergence, ce qui me permettait de tester
deux autres enfants en contre-champ.
Mais elle a finalement disparu du scénario.
Dans le film définitif, on voit très peu l’enfant
avec ses amis ou camarades d’école. Je
voulais montrer que ces apprentis-tennismen
ont une vie à part, différente de celle
des enfants ordinaires. Le personnage
de mon film en hérite un certain isolement.
A emergence, j’avais peur d’user les scènes
et de ne plus avoir envie de les tourner.
D’où mon envie de tourner des scènes qui
ne concernaient pas le film. Je voulais enfin
tester ma capacité à parler et diriger des
enfants, bien que les enfants se dirigent en
définitive chacun d’une manière différente.
Comment as-tu choisi ton chef opérateur ?
Mon choix a mis beaucoup de temps à
se dessiner. Beauvois me conseillait de
prendre quelqu’un de confirmé : il me
disait « tu es un jeune metteur en scène,
prêt pour faire son premier long métrage
mais tu dois prendre les meilleurs avec
toi ». C’est un discours qui peut s’entendre
mais le contraire aussi ! Et les Dardenne
me disaient « le cinéma c’est générationnel, il faut que tu prennes des gens de
ta génération ». Discours auquel je suis
sensible car j’avais choisi cette option pour
tous mes courts métrages. J’ai finalement
pris un chef opérateur de ma génération qui
avait déjà fait pas mal de films, et qui est
passionné de sport : Julien Poupard.
Damien Maestraggi était quant à lui déjà
ton monteur à emergence…
Oui, Damien a monté aussi plusieurs de
mes courts métrages. Quand on réalise un
film, il faut que les techniciens nous rendent
plus intelligent qu’on est. Et c’est le cas
avec lui.
Luc et Jean-Pierre Dardenne ont coproduit
ton film : comment s’est faite
la rencontre ?
Je voulais Olivier Gourmet dans le rôle
du père : j’avais écrit en pensant à lui.
Il a dit oui assez rapidement. C’était très
encourageant. En tournant dans le Nord,
avec Gourmet il était naturel d’avoir
une coproduction belge. On a contacté
les Dardenne et ça a marché ! Ils ont joué
un vrai rôle de coproducteur, ils ont été
présents pour donner un conseil sur le choix
de l’enfant ou pour suivre plusieurs versions
de montage. Ils n’étaient jamais didactiques
ou donneurs de leçons, juste de bon
conseil. Cette rencontre a été très heureuse
de bout en bout.
Comment le film s’est-il monté
économiquement ?
De manière classique, avec l’avance sur
recettes, Arte, Canal Plus, une région,
Eurimages, Diaphana (avant la coproduction
belge). Le budget était de deux millions
et demi. J’ai pu tourner en 35mm, pendant
45 jours entre mai et juillet 2013.
Propos recueillis par Bernard Payen
en mai 2014
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LES FILMS
ACCOMPAGNéS
PAR
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48
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Vincent Mariette
Parrains : Bertrand Blier, Jean-François Stévenin
Produit par Amaury Ovise, Kazak Productions
Distribution : Haut et Court
Filmographie
2014 Tristesse Club
2012 Les Lézards (CM)
2011 Double mixte (CM)
2010 Le Meilleur ami de l’homme (CM)
2009 Cavalier seul (CM)
Anne Weil et Philippe Kotlarski
Parrain : Jacques Deschamps
Produit par Laetitia Gonzales, Les Films du poisson
Distribution : Pyramide Films
Festival International de Toronto 2013
50
51
Antonin Peretjatko
François-Xavier Vives
Parrain : Alain Chabat
Produit par Emmanuel Chaumet, Ecce Films
Distribution : Shellac
Quinzaine des Réalisateurs, festival de Cannes 2013
Parrain : Gérard Mordillat
Produit par Florence Borelly, Sésame Films
Distribution : Sophie Dulac Distribution
Filmographie
2013 La Fille du 14 juillet
2011 Les Secrets de l’invisible (CM)
2009 Paris monopole (CM)
2005 L’Opération de la dernière chance (CM)
2004 French Kiss (CM)
2003 Changement de trottoir (CM)
2001 L’Heure de pointe (CM)
1998 La Montagne égrenée (CM documentaire)
Filmographie
2013 Landes
2004 Noli me tangere (CM)
1995 1860 sur l’extrême horizon (CM documentaire)
1994 Rémanent (CM)
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Alice Winocour
Élie Wajeman
Marraine : Patricia Mazuy
Produit par Isabelle Madelaine et Émilie Tisné, Dharamsala
Distribution : ARP Sélection
Semaine de la Critique, festival de Cannes 2012
Deux nominations aux César 2013 (meilleurs costumes, meilleur premier film)
Parrain : Cédric Kahn
Produit par Lola Gans, 24 mai Productions / Les Films Pelléas
Distribution : Rezo Films
Quinzaine des Réalisateurs, festival de Cannes 2012
Filmographie
2012 Augustine
2008 Pina Colada (CM)
2006 Magic Paris (CM)
2005 Kitchen (CM)
2001 Maltonius Olbren (CM, co-réal. : Kamen Kalev)
Filmographie
2012 Alyah
2010 Arturo (CM documentaire, co-réal. : Lila Pinell)
2007 Platonov, la nuit est belle (co-réal. : Mia Hansen-Løve)
2004 Los Angeles (CM)
2004 Écho (CM)
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Audrey Fouché
Estelle Larrivaz
Parrain : Jacques Doillon
Produit par Jérôme Vidal, Noodles Productions
Distribution : Bac Films
Marraine : Sylvie Pialat
Produit par Mathieu Bompoint, Mezzanine Films
Distribution : Shellac
Festival Premiers plans d’Angers 2012, Prix du public
Filmographie
2012 Memories Corner
Filmographie
2012 Le Paradis des bêtes
2001 Notre père (CM)
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Pierre Pinaud
Teddy Lussi-Modeste
Marraine : Catherine Corsini
Produit par Stéphanie Carreras, Estrella Productions
Distribution : Diaphana Films
Marraine : Noémie Lvovsky
Produit par Jean-Christophe Reymond, Kazak Productions
Distribution : Pyramide Distribution
Festival Premiers plans d’Angers 2011, prix du public
Nomination au César du Meilleur espoir masculin 2012
Filmographie
2012 Parlez-moi de vous
2008 Les Miettes (CM)
2003 Submersible (CM)
2002 Fonctions annexes (CM)
1999 Gelée précoce (CM)
1996 Conte de fée (CM)
Filmographie
2011 Jimmy Rivière
2008 Je viens (CM)
2006 Dans l’œil (CM)
2004 Embrasser les tigres (CM)
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Isabelle Brocard
Parrain : Christophe Blanc
Produit par Anne-Cécile Berthomeau et Édouard Mauriat, Mille et Une Productions
Distribution : Zelig Films Distributions
Filmographie
2011 Ma compagne de nuit
2007 Lait de sorcière (co-réal. : Hélène Laurent, CM)
Christian Angeli
Marraine : Catherine Breillat
Produit par Luna Film S.R.L.
Distribution : Iris Film Distribution
Filmographie
2009 In carne e ossa (sortie en Italie)
2005 Fare bene mikles (CM)
60
61
Renaud Fély
Parrain : Philippe Faucon
Produit par Arnaud Louvet, Aeternam Film
Distribution : Haut et Court
Filmographie
2010 Pauline et François
2001 Le Passage des bêtes (CM)
1995 Ni blues ni opéra (CM documentaire)
1992 Luc s’entête (CM)
Katell Quillévéré
Parrain : Bertrand Bonello
Produit par Justin Taurand, Les Films du Bélier
Distribution : Sophie Dulac Distribution
Quinzaine des Réalisateurs, festival de Cannes 2010
Prix Jean-Vigo 2010
Festival international du film de Rotterdam 2011
Filmographie
2007 L’Imprudence (CM)
2010 Un poison violent
2005 À bras le corps (CM)
2009 L’Échappée (CM)
2013 Suzanne
62
63
Brigitte Sy
Parrain : Jacques Fieschi
Produit par Mathieu Bompoint et Claire Trinquet, Mezzanine Films
Distribution : Chrysalis Films
Festival international du film de Berlin 2011
Filmographie
Les Mains libres
2009 Fruits de mer (CM documentaire)
2008 L’Endroit idéal (CM)
Léa Fehner
Marraine : Julie Bertuccelli
Produit par Philippe Liégeois et Jean-Michel Rey, Rezo Productions
Distribution : Rezo Films
Nomination au César du meilleur premier film, 2010
Prix Louis-Delluc du premier film, 2009
Festival de Venise, Venice Days, 2009
2011
2009
Filmographie
Qu’un seul tienne et les autres suivront
2002 Sauf le silence (CM)
64
65
Hubert Gillet
Marraine : Hélène Angel
Produit par Alain Benguigui et Thomas Verhaeghe, Sombrero Films
Distribution : Haut et Court
Filmographie
2009 Dans tes bras
2002 Lune (CM)
Pierre Schoeller
Parrain : Jacques Audiard
Produit par Géraldine Michelot et Philippe Martin, Les Films Pelléas
Distribution : Les Films du Losange
Un certain regard, festival de Cannes 2008
Deux nominations aux César 2009 (meilleur premier film, meilleur acteur)
Filmographie
2003 Zéro défaut (fiction TV)
1992 Deux amis (prélude) (CM)
1984 Basse température (CM, co-réal. : Olivier Wahl)
2013 Les Anonymes (fiction TV)
2011 L’Exercice de l’État
2008 Versailles
66
67
Emmanuel Saget
Parrain : Jean-François Stévenin
Produit par Philippe Martin, Les Films Pelléas
Distribution : Pyramide Distribution
Festival Premiers plans d’Angers 2010
Filmographie
2012 L’Oiseau dans la chambre (CM documentaire)
2010 Le Ventre de Jonas (CM)
2010 Les Grands s’allongent par terre
2008 Une image du noir (CM documentaire)
2005 Jesù dolar (CM)
2003 Ventre (CM)
2001 Murs (CM)
CHEICK Fantamady Camara
Parrain : Tony Gatlif
Produit par Annabel Thomas et Mariamar Camar, Les Films Djoliba
Distribution : Atlantis
Filmographie
2008 Il va pleuvoir sur Conakry
2004 Be kunko (CM)
2000 Konorofili / Anxiété (CM)
68
69
Marion Laine
Mia Hansen-Løve
Parrain : Philippe Faucon
Produit par Philippe Liégeois, Jean-Michel Rey et Béatrice Caufman, Rezo Productions
Distribution : Rezo Films
Parrain : Olivier Assayas
Produit par David Thion, Les Films Pelléas
Distribution : Pyramide Distribution
Festival international de Mar del Plata, mention spéciale
Prix Louis-Delluc du Premier film 2007
Nomination au César du meilleur premier film 2008
Festival International du film de Vienne 2007
Festival International du film de Rotterdam 2008
Filmographie
2003 Hôtel des Acacias (CM, réal. collective)
1999 Derrière la porte (CM)
1996 Le 28 (CM)
2012 À cœur ouvert
2012 Le Fil d’Ariane (fiction TV)
2007 Un cœur simple
2006 Quiproqu’eau (CM)
Filmographie
2010 Un amour de jeunesse
2009 Le Père de mes enfants
2007 Tout est pardonné
2003 Après mûre réflexion (CM)
70
71
Sébastien Betbeder
Marc Fitoussi
Parrain : Eugène Green
Produit par Sylvie Pialat, Les Films du Worso
Distribution : Bodega Films
Parrain : Pierre Salvadori
Produit par Caroline Benjo, Carole Scotta, Barbara Letellier et Simon Arnal-Szlovak, Haut et Court
Distribution : Haut et Court
Festival international du film de Locarno 2007
Festival BFI du film de Londres 2007
Filmographie
2009 Yoshido (les autres vies) (CM)
2013 2 automnes 3 hivers
2008 La Vie lointaine (CM)
2013 Les Nuits avec Théodore
2007 Nuage
2012 Je suis une ville endormie (CM)
2006 Les Mains d’Andréa (CM)
2011 Sarah Adams (CM)
2004 Nu devant un fantôme (CM)
2011 The Unbroken Line (version 1) (CM)
2002 Des voix alentour (CM)
2009 Toutes les montagnes
1999 Le Haut mal (CM)
se ressemblent (CM, co-réal. : Christelle Lheureux)
2014 Inupiluk (CM)
Filmographie
2005 L’Éducation anglaise (CM documentaire)
2005 Bonbon au poivre (CM)
2003 Illustre inconnue (CM)
2002 Sachez chasser (CM, co-réal. : Elsa Barrère)
2013 La Ritournelle
2012 Pauline détective
2010 Copacabana
2007 La Vie d’artiste
72
73
Éric Guirado
Martial Fougeron
Parrain : Manuel Poirier
Produit par Milena Poylo et Gilles Sacuto, TS Productions
Distribution : Pyramide Distribution
Parrain : Frédéric Fonteyne
Produit par Frédéric Niedermayer, Moby Dick Films, et Pascal Caucheteux, Why Not Productions
Distribution : Studio Canal
Filmographie
Festival international du film de San Sebastian 2007
2012 Possessions
2009 Le Début de l’hiver (CM)
2007 Comœdia, une renaissance (CM documentaire)
2007 Le Fils de l’épicier
2002 Quand tu descendras du ciel
2000 Erreur système (CM)
2000 Étoffe (CM)
2000 & frères (CM)
2000 Je suis un super héros (CM)
2000 De marbre (CM)
2000 Leçons de ténèbres (CM)
1999 Un petit air de fête (CM)
1997 Les Beaux jours (CM)
1994 Lonelytude ou une légère éclaircie (CM)
Filmographie
2007 Mon fils à moi
2001 Une voix d’homme (CM)
1998 Je vois déjà le titre (CM)
1997 Oranges et pamplemousses
74
75
Joachim Lafosse
Parrain : Abdellatif Kéchiche
Produit par Martine et Antoine de Clermont-Tonnerre, MACT Productions
Distribution : Haut et Court
Festival de Venise 2006
Festival international du film de Toronto 2006
Festival international du film de Rotterdam 2007
Filmographie
2006 Ça rend heureux
2004 Folie privée
2001 Tribu (CM)
2012 À perdre la raison
2010 Avant les mots (CM)
2008 Élève libre
2007 Nue propriété
Gérald Hustache-Mathieu
Parrain : Manuel Poirier
Produit par Isabelle Madelaine, Dharamsala
Distribution : Haut et Court
Festival international du film de Rome 2007
Festival du nouveau cinéma de Montréal 2006
Filmographie
2011 Poupoupidou
2006 Avril
2002 La Chatte andalouse (CM)
2000 Peau de vache (CM)
76
77
Laurent Boulanger
José Alcala
Marraine : Suzanne Schiffman
Produit par Anne Bennet, Noodles Productions
Distribution : Zelig Films Distribution
Marraine : Sandrine Veysset
Produit par Paulo Branco, Gemini Films
Distribution : Gemini Films
Filmographie
2006 Un an
2002 Alice ou son ombre (CM)
1998 Les Mille et une nuits (CM)
1997 Interlude (CM)
1995 Un jour, ce soir-là (CM)
1991 Elles étaient trois (CM)
Festival international du film de San Sebastian 2005
Festival international du film de Rotterdam 2006
Filmographie
1990 Case départ (CM)
1987 Via ventimiglia (CM)
1983 Ceux d’en face (CM)
2011 Coup d’éclat
2010 Les Molex, des gens debout (documentaire)
2004 Alex
1997 Les Gagne-petit (CM)
78
79
Bolondok éneke
Le chant des fous
de Csaba Bereszki
Csaba Bereszki
Éléonore Faucher
Parrain : Jacques Rouffio
Produit par Rogerius Film Kft. et Tracol Films
Parrains : Sólveig Anspach et Bertrand van Effenterre
Produit par Alain Benguigui, Sombrero Films
Distribution : Pyramide Distribution
Filmographie
2010 The Fallen Faithfull
2009 A két Bolyai (fiction TV)
2008 Életek éneke (documentaire)
2004 Bolondok éneke / Le Chant des fous (sorti en Hongrie)
1996 Excuse me ! (CM)
Trois nominations aux César 2005 (meilleur premier film, meilleur jeune espoir féminin,
meilleure actrice dans un second rôle)
Semaine de la Critique, festival de Cannes 2004
Grand prix festival international du film de Toronto 2004
Filmographie
2013 Les Déferlantes (fiction TV)
2009 Gamines
2004 Brodeuses
1998 Ne prends pas le large (CM)
1993 Les Toilettes de Belle-Ville (CM)
80
81
PAS SAGES
de Lorraine Groleau
Lorraine Groleau
Isild Le Besco
Marraine : Chantal Akerman
Produit par Jérôme Dopffer et Bénédicte Couvreur, Les Productions Balthazar
Parrain : Mathieu Amalric
Produit par Leonor Graser et Catherine Belkhodja, Karedas
Distribution : Action Cinémas
Festival du film de Paris 2004, prix du jury jeunes
Filmographie
2004 Pas sages (Diffusion Arte)
1994 Portrait de Josette au béret (CM)
1988 Les Petites sœurs (CM)
Festival Premiers plans d’Angers 2004, prix spécial du jury
Filmographie
2010 Bas-fonds
2007 Charly
2007 Le Regard d’un enfant (CM)
2005 Le Marais (CM documentaire)
2003 Demi-tarif
82
83
Thomas De Thier
Parrain : François Dupeyron
Produit par Jacques Bidou et Marianne Dumoulin, JBA Production
Distribution : JBA Production
Quinzaine des Réalisateurs, festival de Cannes 2003
Festival international du film de Toronto 2003
Filmographie
2013 Le Goût des myrtilles
2004 Des plumes dans la tête
1999 Les Gens pressés sont déjà morts (documentaire)
1994 Caisse express (CM)
1991 Je t’aime comme un fou (CM)
1990 Je suis votre voisin (CM)
Yann Moix
Parrain : Pierre Salvadori
Produit par Marc Missonnier et Olivier Delbosc, Fidélité Films
Distribution : Mars Distribution
Cinq nominations aux César 2005 (dont meilleure première œuvre de fiction)
Filmographie
2009 Cinéman
2004 Podium
2000 Grand oral (CM)
84
85
Julie Bertuccelli
Raja Amari
Parrain : Emmanuel Finkiel
Produit par Yaël Fogiel, Les Films du Poisson
Distribution : Haut et Court
Parrain : Jean-Pierre Améris
Produit par Alain Rozanes et Pascal Verroust, ADR Productions
Distribution : Diaphana Films
César du meilleur premier film 2004
Semaine de la Critique, festival de Cannes 2003, Grand prix
Festival du nouveau cinéma de Montréal 2003
Festival international du film de Turin 2002, meilleur film
Festival international du film de Berlin 2002
Festival international du film de Karlovy Vary 2002
Filmographie
2013 La Tour de Babel (documentaire)
2010 L’Arbre
2008 Antoinette Fouque, qu’est-ce qu’une femme ? (documentaire TV)
2003 Depuis qu’Otar est parti
2001 Un monde en fusion (documentaire TV)
Filmographie
2010 Les Secrets
2009 Sur les traces de l’oubli (documentaire)
2002 Satin rouge
2000 Un soir de juillet (CM)
1998 Avril (CM)
1995 Le Bouquet (CM)
Les équipes de la session
Conseil d’administration
Président :
Dominique Besnehard
Vice-Président :
Jean Cazès
Trésorière :
Christine Gozlan
Secrétaire général :
René Bonnell
emergence
Directrice artistique :
élisabeth Depardieu
assistée de :
David Meadeb
Déléguée générale :
Nathalie Bessis-Dernov
assistée de :
Manon Guichard
Conseillère artistique :
Lola Gans
Conseillers à la mise
en scène :
Christophe Blanc,
Hervé Le Roux
Conseillers au montage :
Mathilde Muyard,
Guy Lecorne
Conseillère montage son :
Elisabeth Paquotte
MUSIQUE
Parrain :
Bruno Coulais
Enregistrements :
Pierre Botton,
Arnaud Huré
DIRECTION DE
PRODUCTION / RÉGIE
Directeur session :
Patrick Bordier
Directrice de production :
Claire Langmann
Assistante de production :
Justine Chabroullet
des Tuves
Régisseur général :
Fabrice Bousba
Régisseurs adjoints :
Anne-Sophie Duplessis,
Kévin Mahe-Seebaluck
Régisseurs :
Alexandre Beaudouin,
Charles Cheval,
Maxime Halbout,
Arnaud Lusetti,
Dalil Ouali
COORDINATION ACCUEIL
DES ÉQUIPES :
Olivier Gautron
Assisté de :
Paul Landry,
Lora Quelennec
Chauffeurs :
Michel Angeles,
Gérard Brunel,
Marc Couvret,
Joël Dubois,
Astrid Lolivret,
Simon Pinta,
Jean-Louis Raffenaud,
Michel Thion,
Jean-Jacques Treny
IMAGE
Directeurs
de la photographie :
Boris Lévy,
Hervé Lodé,
Pascale Marin,
Eponine Momenceau,
Brice Pancot,
Benoît Soler
2ème caméra :
Pierre-Hubert Martin
Steadycam :
Mathieu Lornat
Assistants opérateurs :
Zoé Bota,
Rémi Bouges,
Alexis Cohen,
Quentin De Lamarzelle,
Sébastien Goepfert,
Dorian Lebeau,
Cécile Plais,
Prune Saunier-Dardant
Seconds assistants
opérateurs :
Marie Kalfon,
Charlie Renier
Chefs électriciens :
Enguerrand Gicquel,
Joachim Imbard,
Joffrey Renambatz
Electriciens :
Thais Beaufils,
Stéphane Gautron,
Camille Houguenague
Chefs machinistes :
Thibault Cloarec,
Pascal Delaunay,
Alexandre François,
Jérémie Tondowski
Machinistes :
Arthur Chamaillard,
Nicolas Lebigue
Photographe de plateau :
Marie Augustin
MISE EN SCÈNE
Casting :
Antoine Carrard,
Constance Demontoy,
Anaïs Duran,
Tatiana Vialle
1ers assistants
mise en scène :
Elodie Baticle,
Ilan Cohen,
Violette Echazaretta,
Maxime L’Anthoën,
Nicolas Saubost,
Célie Valdenaire
2ndes assistantes
mise en scène :
Margaux Bail,
Amélie Pineau
Scriptes :
Virginie Cheval,
Clémence Crèvecoeur,
Leila Geissler,
Chloé Rudolph
Repérages :
Charles Cheval,
Arnaud Lusetti,
Kévin Mahe-Seebaluck,
Julie Sayagh
SON
Ingénieurs du son :
Mathieu Descamps,
Xavier Griette,
Philippe Grivel,
Olivier Levacon,
Antoine-Basile Mercier,
Frédéric Ullmann,
Mathieu Vigouroux
Assistants son :
François Abdelnour,
Léo Banderet,
Milène Chave,
Léo Lepage,
Victor Loeillet,
Marie Mougel,
Olivier Pelletier,
Olivier Perrin,
Sarah Serginsky
DÉCORS
Chef décorateur :
Guillaume Deviercy
Ensemblière :
Lisa Ternon
Régisseuse d’exterieur :
Marie-Cerise Bruel
Accessoiriste :
Charlène Dubreton
Rippers :
Sébastien Herouard,
Antoine Annarumma
COSTUMES
Christel Birot,
Annie Melza,
Clément Roussier
Habilleuse :
Lucie Dupiellet
MAQUILLAGE
Aurélie Cerveau,
Mélodie Evrard,
Marthe Faucouit
POST-PRODUCTION
Montage :
Floriane Allier,
Jean-Christophe Bouzy,
Albertine Lastera,
Marie Loustalot,
Damien Maestraggi,
Tristan Meunier,
François Quiqueré,
Giulia Rodino
Montage son :
Daniel Capeille,
Olivier Dandré,
Benoît Gargonne,
Julien Roig
Mixage :
Niels Barletta,
Philippe Grivel,
Paul Jousselin,
Xavier Marsais,
Edouard Morin,
Vincent Verdoux
Directrice de
post-production :
Julie Picouleau
assistée de :
Lucie Clément,
Julie Hassid,
Naïri Sarkis,
Sarah Sauvage
Assistant son :
Louis Laverne
Coordination mixage :
Edouard Morin
Etalonnage :
Vincent Amor,
Yov Moor
87
STAGE D’ACTEURS
Casting :
Tatiana Vialle
Intervenants :
Bruno Nuytten,
Tatiana Vialle,
Jérôme Bonnell,
Claudine Tavares
Coordination :
Manon Guichard
Cadre :
Jean-Baptiste Gaillot
Stagiaire image :
Timothé Hervé
Son :
Victor Loeillet
Montage :
Julien Schickel
assisté de :
Maxime Cappello
CATALOGUE
Direction de publication :
Nathalie Bessis-Dernov
Rédaction :
Manon Guichard
David Meadeb
Entretiens :
Bernard Payen
Transcriptions :
Camille Rosa
Photographies :
Marie Augustin
Célia Bonnin
Graphisme :
Catherine Barluet
Impression :
Imprimerie Grenier
45 rue de Babylone
75007 Paris
Tel. 01 43 17 32 82
[email protected]
www.emergence-cinema.fr
facebook.com/emergencecinema
Remerciements
CENTRE NATIONAL DU CINÉMA
ET DE L’IMAGE ANIMÉE
Frédérique Bredin, Françoise Pams,
Audrey Azoulay, Anne Cochard,
Valentine Roulet, Catherine Merlhiot,
Olivier Wotling, Thomas Sonsino,
Milvia Pandiani Lacombe,
Ariane Ragot
CONSEIL RÉGIONAL
D’ILE-DE-FRANCE
Jean-Paul Huchon, Julien Dray,
Rachel Khan, Nathalie Fortis,
Etienne Achille, Françoise Patrigeon,
Sébastien Colin, Marine Coatalem
CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ESSONNE
Jérôme Guedj, Stéphane Raffalli,
Sharon Elbaz, Daniel Chambon,
Renaud Chenu, Mathieu Cussot,
Sylvie Zammit, Marine Hernandez,
Virginie Peduzzi, Nathalie Faure,
Olivier Pesce
MAIRIE DE MARCOUSSIS
Olivier Thomas, Christine Rosso,
Sylvain Legrand, Virginie Marson,
Magali Ferrandon, Yann Lemarchand
Yan Rutili, Arnaud Huré,
Jean-Lionel Wark
PROCIREP
Alain Sussfeld, Idzard van der Puyl,
Catherine Fadier,
Jean-Baptiste Dupont et les
membres de la Commission Cinéma
SACEM
Jean-Claude Petit, Jean-Noël Tronc,
François Besson,
Eglantine Langevin, Julie Todisco
SACD
Jacques Fansten, Yves Nilly,
Pascal Rogard, Janine Lorente,
Laurent Heynemann,
Jeanne Labrune, Arthur Joffé,
Jean Marbœuf, Valérie-Anne Expert,
Christine Coutaya, Catherine Vincent,
Nathalie Germain, Véronique Petit
ADAMI
Jean-Jacques Milteau, Odile Renaud,
Nadine Trochet, Catherine Chevallier
et les membres de la commission
Formation
AFDAS
Kris Ludhor, Jean-Yves Boitard,
Nathalie Lecoq, Bruno Boileau,
Véronique Legagneur
EUROMÉDIA
Pascal Bécu, Benoît Sanson,
Carmen Averlant
TRANSPAMEDIA
Didier Diaz, Pierre Carrère,
Céline Lanery, Sylvain Blache
TAPAGES
Olivier Binet, Daniel Toni,
Christian Ladhuie, Nicolas Launay
CTM
Julien Coeffic, Gregory Alcala,
Jonas Beugnot, Jonathan Bertin
YMAGIS
Christophe Lacroix,
Arnaud Denoual,
Frédéric Fermon, Carole Vasseur,
Romain Provenzano
POLY SON POST PROD
Nicolas Naegelen,
Charles Vallette-Viallard
Alexandre Blondeau,
Charles Bussienne,
Guillaume Camboly,
Lucile Demarquet,
Olivier Guillaume, Kevin Stragliati,
Catherine Strem
LES ECRANS DE PARIS –
SOPHIE DULAC DISTRIBUTION
Sophie Dulac, Eric Vicente,
Jérémie Pottier-Grosman
LA FÉDÉRATION FRANÇAISE
DE RUGBY ET LE CNR
Pierre Camou, Annabelle Anglade,
Delphino Isidoro et leurs équipes
SNC - SAISON WAGNER
Guy Saison et Gisèle Wagner
NUXE
Aliza Jabès, Ilan Duran Cohen,
Carine Aubineau,Sonia Garnier,
Virginie Calvao
DR. HAUSCHKA
Claudine Reinhard, Sophie Roosen,
Virginie Talavera
BOUVET-LADUBAY
Jean-Maurice Belayche,
Murielle Gibault
AVIS - MASSOUTRE LOCATIONS
Patrick Masuyer
SABBAH COMMUNICATIONS
Claude Sabbah
AGNÈS B.
Le service de presse
EURO-COSTUMES
Pascale Métier
LANDSCAPE ROCKSHOP
LE JURY
Jean-Louis Livi (Président),
Roxane Arnold, Dominique Besnehard,
Christophe Blanc, Bruno Coulais,
Elisabeth Depardieu, Lola Gans,
Sandra Mirimanoff, Yves Thomas
LE Jury musique
Bruno Coulais (Président),
Manuel Bleton, Eglantine Langevin,
Thierry Jousse, Hervé Le Roux
LES PARRAINS
Jacques Audiard,
Jean-Claude Carrière, Chad
Chenouga, Raphaël Jacoulot,
Agnès Jaoui, Paul Vecchiali,
Sylvie Verheyde
LES LECTEURS DE SCÉNARIO
Charlotte Bouché, Chad Chenouga,
Lorraine Groleau, Licia Eminenti,
Lola Gans, Kristen Glorennec,
Thierry Jousse, Laurence Manheimer,
Christophe Régin,
Lucie de Rohan Chabot,
Tatiana Vialle
LES AGENTS
Elizabeth Simpson, Claire Blondel,
Frédérique Moidon,
Magalie Delamarre, Véronique Auriol,
Isabelle de la Patelliere,
Anna Morin, Laurent Grégoire,
Grégory Weill, Anne Laforestrie,
Peggy Fischer, Juanita Fellag,
Carine Pichonnat, Patrick Goavec,
Dominique Dauba, Sophie Barrois,
Cindy Brace
LES INTERVENANTS
DES MASTER-CLASS
Alexis Hofmann, Juliette Schrameck,
Bruno Coulais, Stéphane Lerouge
ET AUSSI
Pascale Belluardo, Hélène Bordier,
Bénédicte Couvreur, Jacques Fieschi,
Florence Gastaud, Christine Gendre,
Michel Gire, Henri Grillet,
Antoine Le Carpentier, Annie Leclair,
Vincent Mariette, Patricia Mazuy,
Anne-Cécile Némond, Sylvie Pialat,
Rémi Roy, Jeanne Le Scoul,
Touda Taïbi
Merci à tous ceux qui ont accueilli
les tournages en Essonne,
aux figurants et aux techniciens
sans lesquels rien n’est possible.
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