natacha atlas - Le Trident - Scène nationale de Cherbourg

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natacha atlas - Le Trident - Scène nationale de Cherbourg
© (c)HegeSaebjornsen
NATACHA ATLAS
Théâtre à l’Italienne
Le vendredi 9 mars I 20h30 I Chanson I Un aller simple pour le Caire
Ouverture de billetterie 19 novembre
Tarif B I 11 € aux abonnés de l’Espace Culturel Buisson
Saison 2011-2012
NATACHA ATLAS
Avec :
John Turville, piano
Aly Abdel-Alim, darabuka
Andy Hamill, contre-basse
Louai Al Henawi, ney
Samy Bishai, violon
Ivan Hussey, violoncelle
Un spectacle co-accueilli avec l’Espace Culturel Buisson.
Durée 1h30
Saison 2011-2012
Natacha Atlas, Mounqaliba (sortie le 23 septembre 2010, Harmonia Mundi)
Nouvel album magistral de la chanteuse anglo-égyptienne…
Natacha Atlas publie Mounqaliba, son nouvel album. A ses côtés, on trouve notamment la pianiste
Zoe Rahman, un ensemble de vingt musiciens turcs, et un orchestre de chambre qui mélange
formes occidentales et arabes. A travers une série de compositions originales et d’interludes
évocateurs, auxquels s’ajoute une reprise limpide du Riverman de Nick Drake, une autre de La nuit
est sur la ville de Françoise Hardy ainsi que Le cor, le vent signé par Mouzanar, le disque
développe le son d’Ana Hina, qui obtint un grand succès lors de sa sortie en 2007.
La chanteuse porte le principe acoustique d’Ana Hina au niveau supérieur. Elle explique : « Le
nouvel album s’inscrit dans la lignée d’El Nowm, le dernier morceau d’Ana Hina, qui s’inspirait en
partie de l’œuvre de Zad Moultaka, un pianiste et compositeur libanais spécialiste de
l’harmonisation entre influences occidentales et orientales. Par exemple, Ghoroub, un des nouveaux
morceaux, est une composition classique réalisée sur ce principe, uniquement à base de cordes et
de voix, plutôt sombre, sur un texte inspiré du poète bengali Tagore. »
La majorité des chansons de Mounqaliba ont été co-écrites en arabe classique par Natacha Atlas
et son complice musical Samy Bishai, qui a grandi en Egypte et a appris le violon classique à
Alexandrie avec des Russes et des Arméniens. Tous deux ont commencé à travailler sur le projet
Mounqaliba en novembre 2009, immédiatement après la fin de la tournée mondiale d’Ana Hina.
La préparation du projet a représenté un processus créatif intense qui s’est déroulé dans le secret
d’un studio d’enregistrement situé au sud-est de Londres, un endroit bien choisi pour façonner la
fusion bien personnelle de Natacha Atlas entre les musiques arabe et occidentale. « Cette fois, je
me suis beaucoup plus impliquée dans la composition, du début à la fin, plus que sur n’importe
lequel de mes précédents albums », nous dit-elle.
Le morceau-titre est « une complainte sur le monde actuel, qui… marche sur la tête. Tout va de
travers, tout est sens dessus dessous, et on est loin de pouvoir se dire vraiment civilisés… On a
plutôt l’impression de traverser une version moderne perverse de temps moyenâgeux. Au départ
c’était une espèce de lamentation qui est devenue un instrumental avec voix mais sans paroles. »
Les thèmes sont relativement sombres, mais le ton général est relevé par des chansons comme
Nafoura (« La fontaine ») qui, inspirée d’un poème de Natacha elle-même, clôt l’album par un
hymne à l’amour et sa faculté de tout illuminer. Avant cela on aura entendu un Mwashah (une
des formes de la poésie traditionnelle arabe) allègre et enjoué, tiré d’une épopée classique datant
de quatre cents ans et revisité par la chanteuse et Samy Bishai dans le style orchestral « estouest » des frères Rahbani.
A côté de cette « reprise » quatre fois centenaire figure une superbe relecture à la fois luxuriante
et fluide du célèbre Riverman de Nick Drake, ainsi qu’une composition cosignée par Tim Whelan
(de Transglobal Underground) et le cousin percussionniste de Natacha, Aly El Minyawi.
Le disque a beau être majoritairement acoustique et faire appel à des instruments tels que le ney,
l’accordéon ou le piano au sein des ensembles à cordes « Orient Occident » et des textures
orchestrales, Natacha n’en fait pas moins un retour aux rythmiques numériques. « Très souvent,
quand elles fusionnent avec la musique occidentale, les percussions orientales traditionnelles se
calquent sur ces rythmiques, mais nous avons préféré les traiter afin qu’elles sonnent modernes
sans perdre leur identité arabe. »
Les six Interludes, que l’on pourrait qualifier de « filmiques », contiennent des parties électroniques
légères, mais aussi des enregistrements de rue, réalisés notamment au Caire et à Marrakech. Le
chant complexe et puissant du claviériste turc évoque l’appel du muezzin, et les paroles et les
concepts évoqués s’inspirent de Peter Joseph et du mouvement « zeitgeist ». Natacha Atlas s’en
explique : « Vu le titre de l’album, cette notion de « monde à l’envers », de renversement et de
retour au chaos, j’ai trouvé intéressant d’en utiliser quelques extraits avec l’autorisation de Peter.
Ces interludes représentent autant de voyages musicaux délibérément évocateurs, ils jouent un
rôle bien défini qui consiste à lier entre elles les musiques qui les suivent et les précèdent. Pour
toutes ces raisons il s’agit véritablement d’un album-concept, chose que je n’avais encore jamais
faite. »
Saison 2011-2012
La biographie
Née à Bruxelles dans une famille mêlant origines anglaises et proche-orientales, Natacha Atlas
s’installe en Grande-Bretagne à l’âge de huit ans. Après avoir longuement voyagé à travers la
Turquie, la Grèce et le Proche-Orient, à dix-huit ans elle se retrouve à Bruxelles où elle fait ses
premiers pas de musicienne professionnelle comme invitée au sein d’un groupe formé d’immigrés
chiliens et cubains. Parallèlement, elle se produit comme danseuse du ventre dans des clubs turcs
et arabes. Lorsqu’elle regagne l’Angleterre, sa carrière peut démarrer.
Je jouais avec des personnes qui ont proposé que nous fassions une démo ; et j’ai donné à la
musique une orientation arabo-hispanique. C’était de la world music, mais à cette époque je ne
savais même pas que ce nom existait. Par l’intermédiaire d’un ami commun, ces premières
maquettes atterrissent chez Nation Records, un label de fusion de musique occidentale et de
musique arabe fondé par l’ex-batteur de Southern Death Cult, Aki Nawas. En signant chez Nation,
je suis entrée d’un coup dans un système qui permettait de jouer dans les festivals. Les
responsables du label mettent alors la chanteuse en contact avec Jah Wobble et ses Invaders of
the Heart. Elle devient la vocaliste du groupe et elle cosigne les paroles de l’album Rising Above
Bedlam (1991).
En 1992, Nation Records l’introduit auprès du groupe Transglobal Underground. C’est là que tout a
vraiment commencé. Le jour où ça a décollé, on s’est mis à tourner sans arrêt. A partir de 1993, et
avec le disque Dream of 100 Nations, Natacha collabore avec Tim Whelan, Hami Lee ainsi que des
invités allant de Nick Page au percussionniste Neil Sparkes en passant par le joueur de dhol
Johnny Kalsi, pour allier les musiques nord-africaines et plus généralement arabes aux univers
numériques de la pop, de la dance et du rock occidentaux. C’était un peu comme un
apprentissage. Il fallait qu’on se familiarise avec les ficelles de l’industrie de la musique. Et on
s’est bien amusés. Au bout d’un moment on s’est retrouvés un peu dépassés par le phénomène,
mais on a aussi vécu des moments fabuleux et donné des concerts extrêmement bizarres…
Tim Whelan, Nick Page et Hami Lee, tous membres de Transglobal Underground, la poussent dès
1993 à faire son premier disque solo. Réalisé avec des membres du groupe, Diaspora (1995) relève
du même métissage empreint de dub et de rythmiques puissantes entre dance et musiques
arabes. Suivront Halim (1997), dans la lignée d’International Times (1994), le grand classique de
Transglobal Underground, puis Psychic Karaoke (1997) et le dernier album de Natacha avec le
groupe, intitulé Rejoice, Rejoice.
On commençait tous à fatiguer vraiment, on n’avait plus du tout de temps pour nous. Il fallait
qu’on s’y prenne différemment. L’année 1998 voit les dernières prestations du groupe avec
Natacha à sa tête, mais celle-ci fait une sortie retentissante puisqu’elle s’embarque aussitôt pour
une tournée mondiale en première partie de Jimmy Page et Robert Plant avec la tonitruante Dhol
Foundation de Johnny Kalsi. Ça a été un moment extraordinaire. On ne s’est jamais perdus de vue
depuis. Entre nous le lien est toujours là.
Après Ayeshteni (2001), qui comportait une reprise électrisante de / Put A Spell On You, ce sera un
disque d’ « ambient », Foretold in the Language of Dreams avec le compositeur Marc Eagleton, le
Syrien Abdullah Chhadeh, joueur de qanûn, et le multi-instrumentiste Andrew Cronshaw, grande
figure du folk britannique et de la world. En 2003, Something Dangerous contient un duo avec
Sinead O’Connor et, en 2006, Mish Maoul (« Incroyable ») réunit Natacha et Nick Page sur deux
morceaux très rythmiques incorporant des éléments de shaabi (musique populaire algérienne). En
2007, Ana Hina amorce un virage radical dans la carrière de Natacha Atlas, qui revient --- pour le
plus grand bonheur de la critique --- à ses premières amours, c’est-à-dire la musique de Fairouz et
des frères Rahbani, grandes vedettes libanaises, ou de l’Egyptien Abdel Halim Hafez, pour ne citer
qu’eux. En même temps, avec la complicité de l’arrangeur Harvey Brough, elle renonce à
l’électronique pour adopter une approche acoustique pour grand ensemble.
Tim Cumming (2010)
Saison 2011-2012
Les extraits de presse
Mondomix, septembre-octobre 2010, SQ
« Mounqaliba » (world village/Harmonia Mundi)
[…] Natacha Atlas revient avec Mounqaliba (« la tête à l’envers »), son huitième album. Dans la
lignée d’Ana Hina paru en 2008, ce nouvel opus coréalisé avec le violoniste Samy Bishai sonne
très acoustique. Enregistré à Londres avec la participation de la pianiste Zoe Rahman, d’un
ensemble de vingt musiciens turcs et d’un orchestre de chambre à même de lier les formes
occidentales et moyen-orientales, cet album inspiré par l’œuvre du compositeur, écrivain,
dramaturge, peintre et philosophe indien Rabîndranâth Thâkur dit Tagore, est une sorte de quête
du Graal pour la chanteuse, qui atteint là l’un des sommets de son art.
Album de création aux compositions originales à l’exception de deux reprises (Riverman de Nick
Drake qu’elle sublime et La Nuit est sur la Ville, nouvel emprunt à Françoise Hardy), Mounqaliba
est ponctué de délicieux interludes. Son mystère s’apparente à une œuvre de pacification par la
connaissance. Qui mieux que cette chanteuse née à Bruxelles d’un père natif de Jérusalem,
flottant entre Maroc, Palestine et Egypte, et d’une mère anglaise convertie à l’Islam, peut ouvrir
des portes sur des mondes inconnus ou fantasmés ? Qui mieux que Natacha Atlas peut embrasser
la beauté de ces mondes que trop d’idéologues cathodiques cherchent à opposer ? Sa voix
limpide est un trait d’union qui rapproche les pensées arabe, perse, hindi et occidentale, les éclaire.
Dans une épure sensible, l’ex-Transglobal Underground fait briller le diamant de ses compositions.
Du brut, de l’essentiel qu’elle saura assurément sertir sur scène en petite formation ou
accompagnée par des ensembles plus conséquents.
mondomix.com, le 29 septembre 2010, François Mauger
Les messages secrets de Natacha Atlas
Sur son nouvel album, la diva anglo-égyptienne Natacha Atlas donne discrètement la parole à
deux hommes : Jacque Fresco et Peter Joseph. Portrait de ces deux libres-penseurs quasiment
inconnus en France…
« J’essaie de vous expliquer quelque chose : j’essaie de dire que les êtres humains ne sont pas
responsables de leurs choix et de leurs valeurs, ils sont façonnés par la culture. »
Ce n’est pas Natacha Atlas qui chante cette phrase, c’est la voix d’un homme âgé qui la dit au
début de son nouvel album. Deux voix d’homme apparaissent ainsi régulièrement sur les interludes
moelleux de Mounqaliba. Sur un disque ouvertement inspiré par l’œuvre du poète bengali
Rabindranâth Tagore, prix Nobel en 1913, on imagine de prime abord que ces voix viennent du
Proche, du Moyen, voire de l’Extrême-Orient. Pas du tout Renseignements pris, c’est à deux
penseurs états-uniens contemporains que Natacha Atlas a choisi de donner la parole.
Le premier, Jacque Fresco, est un ingénieur aujourd’hui âgé de 94 ans. Toute la première partie de
sa carrière, il a travaillé sur des inventions aussi diverses que les maisons préfabriquées en
aluminium, les appareils de lecture médicale en trois dimensions, un système électrostatique pour
l’élimination du bang supersonique des avions,… Au milieu des années 70, il a lancé le « Projet
Venus », qui doit son nom à la ville de Venus, en Floride, où il a installé ses vastes bureaux, et non
à la deuxième planète du système solaire. C’est pourtant à de l’architecture-fiction que s’y livre
Jacque Fresco : il y conçoit les cités de demain, qu’il souhaite économes en énergie. Pour lui, les
ressources de la planète sont suffisantes pour tous si elles sont gérées intelligemment, selon des
critères purement scientifiques. Exit donc l’argent et la culture du manque, de la spéculation et de
la dette qu’il induit. Jacque Fresco propose de le remplacer par une « resource based economy »,
une économie basée sur les ressources, dans un monde dont les fruits seraient considérés comme
un bien public. L’ingénieur détaille ces idées au cours de nombreuses conférences. Un film de
2006, « Future by Design », les reprend en revenant sur la vie de ce libre-penseur.
L’autre homme à qui Natacha Atlas donne la parole sur son nouvel album a certainement vu ce
film. Documentariste lui-même, Peter Joseph a bricolé deux longs-métrages qui se basent en
partie sur le « Projet Venus » : « Zeitgeist, the movie » en 2007 et « Zeitgeist, addendum » en
Saison 2011-2012
2008. Le succès de ce deuxième opus, visionnable sur internet, a été si grand que le vidéaste a
décidé de fonder un mouvement, lui aussi baptisé « zeitgeist » (« l’esprit du temps » en
allemand), pour réunir ceux qui partagent ses idées. Les dites idées sont proches de celles de
Jacque Fresco, même si Peter Joseph use volontiers de raccourcis critiquables et s’aventure plus
loin : il attaque violemment les mensonges des religieux et s’interroge sur les attentats du 11
septembre 2001. Mais c’est lorsque, pour élever un peu le débat, il prolonge le travail de Jacque
Fresco, et notamment lorsqu’il questionne la faculté d’évolution de l’être humain, sa capacité à
bâtir une civilisation fondée sur le triptyque nature, science et technologie, plutôt que sur l’actuel
triptyque religion, politique et argent, que son mouvement de pensée est le plus intéressant.
Les adeptes du statu quo, ceux qui refusent de s’interroger réellement sur l’avenir d’une humanité
dont l’appétit ne cesse de grandir sur une planète aux ressources limitées, se hâteront de forger
de nouvelles insultes (« techno-communistes », « anarcho-scientistes »,…) pour disqualifier ces
penseurs qui opèrent bien loin des réseaux universitaires. Faire entendre leur voix, permettre à des
milliers de mélomanes en Europe ou dans le monde arabe de discuter de leurs idées, est donc
assez courageux. Et tout à fait surprenant lorsque cela se produit discrètement, au creux d’un
album aussi élégamment sophistiqué que le Mounqaliba de Natacha Atlas…
Jeune Afrique, du 19 au 25 septembre 2010, Faïza Ghozali
[…] Vous avez vécu au Caire. Vous y sentez-vous toujours aussi bien ?
Oui, même si je n’y étais pas retournée depuis trois ans. Le Caire, l’Egypte dans son ensemble,
sont complexes. Si vous appartenez à une certaine classe sociale, vous pouvez vivre très bien avec
cuisinier, chauffeur… Mais la donne politique et socioéconomique me met mal à l’aise. C’est l’une
des raisons pour lesquelles je suis partie. Je sentais que le pouvoir était en train de resserrer sa
mainmise, préparant l’accession du fils à la tête de l’Etat… La situation est explosive, mais les
gens ne peuvent pas se révolter tant leurs conditions de vie sont difficiles. Lorsque dans une
famille nombreuse il n’y a qu’une seule personne qui a un salaire, et qu’elle décide de se révolter,
elle risque d’être arrêtée pour activités subversives. Tout le monde est sous contrôle. Et ce p… de
Qanun tawari [l’état d’urgence en vigueur depuis 1981, NDLR] existe toujours !
Fille d’un Egyptien et d’une Anglaise, vous avez aussi des racines juives ?
Il est exagéré de parler de racines juives même si j’ai un grand-père qui avait un quart de sang
juif. Je n’ai plus envie d’en parler. Ca m’a valu trop d’attaques, tant du côté juif qu’arabe. Tout le
monde s’arc-boute sur son identité religieuse et j’en fais les frais.
Etes-vous quelqu’un d’engagé ?
Sur deux des interludes de l’album, j’ai inséré des passages du documentaire Zeitgeist, de Peter
Joseph, qui traite notamment de l’escroquerie monétaire. Pour moi, c’est une forme d’engagement
car c’est assez radical sur les maux économiques, la pauvreté, le système monétaire mondial qui
bloque le progrès social….
Votre démarche vers plus d’acoustique ne risque-t-elle pas de rebuter votre public ?
Ça fait trois ans que je fais ça. Le public qui m’est fidèle le sait. Asar, un ami turc avec qui je
travaille, me dit : « C’est bien ce que tu fais, mais pas si tu veux gagner de l’argent ». Le succès
de Mon amie la rose était un accident, ça n’est pas reproductible.
Pourquoi alors une autre reprise de Françoise Hardy La nuit est sur la ville ?
C’est une chanson de 1964. J’ai une nostalgie pour la musique de cette époque, tant française
qu’arabe. L’époque était plus romantique, plus porteuse d’espoirs que la nôtre, nourrie de peurs
avec la récession, la destruction progressive de notre système écologique.
Vous collaborez avec plusieurs musiciens arabes, libanais surtout. Qui préférez-vous ?
Je suis fan de Zad Moultaka, au travail à la fois très contemporain et ancré dans la tradition. Plus
jazz, il y a Ziad Rahmani et Ibrahim Maalouf. Sinon, je travaille avec Samy Bishai. Il a fait tous les
arrangements de Mounqaliba. Il maîtrise parfaitement la musique classique arabe. On a d’autres
projets ensemble, comme avec l’Orchestre symphonique national d’Irak. On voudrait reprendre un
poème d’Omar Khayyam ou de Khalil Gibran. Pour l’instant, on cherche des sponsors. Vu leur
responsabilité dans la misère des Irakiens, les Américains devraient financer le projet !
Vous pensez déjà au prochain album ?
Avec Samy on veut faire un album électro aux influences orientales, quelque chose de vraiment
expérimental, d’étrange. On va encore me dire que ça n’est pas commercial. Je m’en moque !
Saison 2011-2012
Le monde.fr, le 7 octobre 2010
Liban-Egypte : Natacha Atlas, Mounqaliba
[…] Mounqaliba, dont l’artiste a composé une partie des titres, est un album somptueux, très
recherché musicalement. Natacha y affirme son amour pour le langage musical créé par les frères
Rahbani, compositeurs de Fayrouz, comme par la chanson égyptienne d’avant l’indépendance, qui
mêlait d’une autre façon Orient et Occident, et elle les développe ici, tout en les actualisant.
La musique est donc sublime ici, et d’abord le piano, grâce à Zoe Rahman, jeune pianiste et
compositrice britannique de jazz multi-primée, métis anglo-orientale comme Natacha Atlas, car
elle est née d’un père bengladeshi et d’une mère anglaise. Le piano, symbole de la musique
classique occidentale, était un instrument-clé dans les compositions des Rahbani, et il est
largement mis à l’honneur dans cet album. Dès le premier titre, tous les ingrédients sont là :
longue introduction instrumentale au piano, dans un climat oriental tout intérieur ; déploiement
des doux violons d’un orchestre moyen-oriental, à la manière d’un orchestre classique occidental ;
surgissement de la flûte nay, qu’affectionnait Fayrouz ; et la voix enfin la voix pure, toute de
féminité exquise, comme l’était celle de la grande diva libanaise, de Natacha Atlas. […]
La libre.be, le 9 novembre 2010, Sophie Lebrun
Natacha Atlas jette des ponts
La chanteuse belge aux racines anglaises et proche-orientales est en concert à Anvers ce 13
novembre. Retour sur son dernier album Mounqaliba.
Entretien
Depuis près de deux décennies, Natacha Atlas, voix somptueuse et tempérament bien trempé,
tisse des liens entre les musiques de l’Occident et de l’Orient. Ce qui pour elle constitue « un pont
naturel », précise-t-elle. Née à Bruxelles en 1964 dans une famille mi-anglaise mi-proche-orientale,
elle a passé une partie de son enfance en Grande-Bretagne, s’est produite comme danseuse du
ventre dans la capitale belge et a fait ses débuts de chanteuse dans divers groupes, dont
Invaders of the Heart (de Jah Wobble, ex-Pil) et Transglobal Underground, pionnier de la fusion
« ethno-électro », avant d’entamer une carrière solo en 1995. Dans le prolongement d’Ana Hina
(2008), son récent album Mounqaliba, où elle est entourée d’une volée de musiciens dont la
pianiste de jazz Zoe Rahman et des ensembles de cordes, penche davantage du côté des
musiques arabes. Tout en se réappropriant le Riverman de Nick Drake et La nuit est sur la ville
chanté jadis par Françoise Hardy, et en s’offrant un titre écrit par le libanais Khaled Mouzanar,
auteur de la B.O. du film Caramel. Concocté avec le violoniste et arrangeur Samy Bishai, alternant
pièces vocales et instrumentales, outre des interludes parlés et urbains, Mounqaliba s’affirme
hautement cinégénique. A quelques jours de son concert à Anvers, rencontre avec Natacha Atlas,
qui vit aujourd’hui « entre Londres, le Sud de la France, et l’Egypte quand c’est possible. »
Quel sens donner au titre Mounqaliba « (In a state of reversal) », « la tête à l’envers », « le
retournement » ?
C’est à propos du monde actuel, qui est sens dessus dessous, qui marque un retour en arrière. J’ai
l’impression de traverser une version moderne, perverse, de l’époque moyennageuse. Nos valeurs
sont malades. Au Moyen Age, c’étaient les classes les plus riches qui gouvernaient, et la vie d’un
pauvre n’avait pas de valeur, il n’était qu’un serviteur. En un sens, on en revient là : on est esclaves
des dettes, des gros « cartels », basés sur le profit, des banques, qui, dans les faits, gouvernent.
Soit une idée-phare de l’Américain Peter Joseph, dont on entend des extraits du documentaire
Zeitgeist sur votre album…
Oui, Peter Joseph est devenu un ami. A Los Angeles, d’ailleurs, il va monter sur scène avec nous --il a étudié les percussions arabes --- et parler. Il défend, dans la lignée d’un Jacque Fresco aussi,
une économie basée sur les ressources (renouvelables). Le mal qu’on fait au monde pour l’instant
nous mène au désastre, on ne pourra y survivre. Il faut penser aux générations suivantes. La
chanson Mounqaliba est une lamentation. Il faut se réveiller.
Vous avez de nombreux invités sur l’album. Comment cela se passera-t-il sur scène ?
On sera sept, on peut difficilement faire plus. Zoe Rahman ne fera que quelques concerts, elle a sa
propre carrière. On aura parfois un quatuor à cordes, sinon un violon et un violoncelle.
Saison 2011-2012
Samy Bishai a comme vous des racines multiples, il est d’origines(s) moyen-orientales(s) mais vit
en Europe. Est-ce aussi cela qui vous réunit ?
Oui, c’est pour cela, entre autres, qu’on se comprend très bien. On a presque les mêmes références
culturelles on n’est pas fanatiques des religions, il y a des côtés de la culture du Moyen Orient
qu’on adore (l’expression des émotions, la chaleur, le côté famille, le sens social), d’autres pas,
idem avec la culture occidentale. On aime tous les deux le sens de l’humour égyptien et l’anglais.
A Londres beaucoup de mes amis, dont Zoe Rahman qui est anglo-indienne, sont des métisses, on
se sent « à la maison » avec eux, ils ont une double culture, pas nécessairement de naissance
d’ailleurs : parfois parce qu’ils ont vécu longtemps dans un autre pays.
Le piano est très présent sur cet album.
C’est pour moi un hommage aux frères Rahbani (Ndlr : célèbres compositeurs libanais) qui ont fait
ce pont, dans les années 60, entre les musiques classiques occidentale et arabe, réussi à utiliser
les quarts de ton sans créer de conflit avec la musique occidentale. Enfant, j’écoutais beaucoup
Fairuz (la chanteuse phare des frères en question) et Abdel Halim Hafez.
Puisez-vous précisément dans le répertoire traditionnel du monde arabe ?
Le morceau Muwashah Ozkourini vient d’une chanson qui a plus de 400 ans, en fait un très long
poème --- accompagné d’une mélodie --- dont on a repris une partie ; nos arrangements s’inspirent
de ceux qu’en avaient faits les frères Rahbani. A part ce morceau et les deux reprises, tout est
original dans l’album, qui s’inspire de manière générale des musiques classiques du Liban et de
l’Egypte.
Cet album est assez « cinématographique », par sa musique, mais aussi la présence d’interludes,
dont certains évoquent des bruits de ville.
Ce sont des choses qu’on a enregistrées dans la rue au Caire, à Alexandrie, au Maroc et à Zaghreb,
auxquelles on a parfois ajouté des sons de pluie, etc. On a voulu une base de sons pour poser les
extraits du film Zeitgeist, de Peter Joseph.
Avez-vous déjà imaginé revisiter un tube pop --- comme l’a par exemple fait Yael Naim avec le
Toxic de Britney Spears ?
Pour un prochain projet électronique, j’ai en tête une idée de chanson pop que je pense reprendre,
oui.
Vous envisagez de refaire un album mêlant musiques orientales et électro, comme à vos débuts ?
Oui mais j’imagine un projet plus expérimental, façon Kronos Quartet, un peu bizarre, avant-garde.
On a des projets en tête, avec Samy, mais il est un peu tôt pour en parler. J’aimerais faire un duo
avec… Tom Yorke ! Sinon, là, je viens de terminer un album avec un artiste indien, en hindou et en
arabe, qui va sortir sur un label libanais. Cela me replonge dans mon enfance en Angleterre, où j’ai
vu beaucoup de films indiens.
Peut-on vous demander quelle musique vous écoutez pour l’instant ?
Zad Moultaka, un Libanais basé en France, compositeur classique et avant-garde, parfois jazz. Un
génie. Ibrahim Maalouf aussi, des chants grégoriens, Kronos Quartet, Björk. Parfois de la chanson
française des années 60, « chanson lente et triste » comme l’a écrit Tim Whelan (Transglobal
Underground) sur la compilation qu’il m’a faite. Jacques Brel, Françoise Hardy, Charles Aznavour.
Ah j’adore La Bohème !
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