Convoyage_Lome_Ampur..

Transcription

Convoyage_Lome_Ampur..
VOYAGE EN AFRIQUE.
Convoyage d’un Cessna 172 . EC - IAE.
De Lomé (Togo).
à Ampuria Brava (Espagne).
Du 28 juin au 6 juillet 2010.
Pascale REILLE
Michel VILLIERE
Sur le parking de l’aéroclub du Golfe à Lomé.
Photos : Pascale et Michel.
[email protected]
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TRAJET : JUIN 2010
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Le dimanche 27 juin :
A Lomé !
Réveil à quatre heures, le chauffeur de Pascale passe me prendre à l’hôtel Equateur, nous
déposons les bagages à l’aéroclub, à la météo les nouvelles ne sont pas bonnes, vers le nord à
Niamtougou le plafond est trop bas car il y a des montagnes, des perturbations arrivent de l’Est et
des orages violents sont annoncés sur Niamey dans l’après midi. Pas question de partir avec ces
conditions, il faut attendre demain. (Pour avoir une bonne météo nous pourrions faire appel à un
féticheur qui tuerait un poulet vert avec des yeux jaunes mais le résultat n’est pas assuré alors
nous attendrons).
Départ, en fait faux départ.
Je change d’hôtel (Hôtel du Faso) pour être plus proche de chez Pascale et de l’aéroport,
installation dans une chambre au confort rustique.
Avec Pascale, nous allons déjeuner au restaurant « Coté jardin », accueil excellent, je vous
conseille cette adresse.
Le soir chez Pascale, nous terminons les restes du « frigo » en croisant les doigts pour que
la météo s’améliore.
Une fois de plus à l’hôtel, la télé ne marche pas, le WIFI ne répond pas, la chambre est
sombre, pour des raisons d’économie les ampoules donnent une faible clarté insuffisante pour lire.
Je fais appeler la Gérante et lui signale tous ces disfonctionnements, ça ne vaut pas trente Euros ;
je lui en donne vingt cinq pour marquer mon mécontentement
Le rendez vous est pris pour demain lundi à 5h30 devant l’hôtel du Faso.
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Le lundi 28 juin :
De Lomé à Niamey
Lever avant le soleil, dépôt du plan de vol, consultation de la météo qui est assez favorable et
départ vers le nord, nous montons au niveau 85 pour être au dessus d’une couche diffuse mais pas
soudée. Le Président du Togo nous suit avec son Jet, nous entendons son arrivée à Niamtougou.
Dans le désert, la ville au loin, le fleuve à gauche.
Piste de Niamey.
Atterrissage à Niamey (Niger) juste avant midi après cinq heures de vol. Avec tous ces orages, le fleuve Niger chargé de limon est jaune. Le météorologiste nous annonces des orages et des
vents de sable sur Agadez, il faut différer notre départ. Nous rejoignons le parking de Tamara une
compagnie de transport aérien nouvellement crée par quelques copains pilotes qui nous accueillent
à bras ouverts. Un peu plus loin gisent les morceaux du 707 posé par Michel Restout en 2 000.
Un employé nous accompagne en voiture à l’hôtel Terminus, c’est un bel endroit avec une
piscine (propre), un joli restaurant de plein air et une liaison wifi qui fonctionne. Des paons circulent en liberté dans l’enceinte de l’hôtel . Pascale, pour des raisons sentimentales profondes, commande à un artisan bijoutier une croix d’Agadez en or, son désir sera exaucé dans les deux heures.
Joulia (pilote et dirigeant de Tamara) attire notre attention sur l’absence avérée d’essence à Agadez et sur l’incertitude pour Tamanrasset.
L’inquiétude nous gagne alors Pascale lance des SOS dans toutes les directions, Mireille à
Ouaga se fait confirmer la présence d’essence AVGAS à Tamanrasset par le responsable des escales en Algérie, Raouf basé à Alger a bien planifié nos escales à des dates précises et nous sommes
attendus moyennant finances demain 29 juin à Tamanrasset. Joulia, lui, n’est pas très optimiste
mais il fait son possible pour nous aider.
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à Niamey : (suite)
Après plus de deux heures de négociations au téléphone la situation s’arrange nous sommes
assurés de trouver de l’Avgas à « Tam » alors nous prenons le taxi qui vient de nous apporter des
bidons vides et nous allons visiter le marché artisanal qui se trouve dans le musée, il y a aussi des
animaux en particuliers des hippopotames dont un bébé tout rose et même un dinosaure.
En centre
ville, face au
musée, un
berger et son
troupeau.
Nous dînons dans le jardin, Joulia est venu prendre un rafraichissement et nous avons échangé beaucoup d’informations aéronautiques au grand bénéfice de chacun, il y a tant d’incertitudes et
manques dans ces régions que ces relations sont très importantes.
Nous programmons un vol de Niamey à Agadez, nous y compléterons les réservoirs avec 65
litres d’Avgas que nous emmenons dans trois bidons. Aller directement à Tamanrasset présentait
quelques risques : en cas de panne nous aurions été loin de toutes routes, le vol devait durer six
heures mais en cas de vent contraire l’autonomie de huit heures pouvait se révéler insuffisante et
compte tenu de la durée du vol la météo risquait de se dégrader en chemin, c’est la saison des orages, il ne fait pas bon de voler l’après-midi dans cette zone de l’Afrique.
Avant de dormir, Pascale prépare le vol :
plan de vol, log de navigation, programmation
de la navigation dans le GPS Garmin 695, tracé
des routes, classement des autorisations.
Bonne nuit !
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Le mardi 29 juin :
De Niamey à Agadez
Réveil à 3h30, nous attendons une heure le taxi qui devait nous prendre à 4h30, on en profite pour consulter la météo avec l’ordinateur portable et le WIFI, le chauffeur ne trouve même pas
d’excuse, chargement de l’avion, formalités de Douane et Police puis décollage vers Agadez.
Vol au niveau 95 en conditions IMC on devine à peine le sol, rien devant, rien sur les cotés,
le pilote automatique ne fonctionnant plus, le pilotage se fait donc à la maquette. L’avion est bien
chargé et compte tenu de la densité de l’air il est instable en lacet, on ne peut pas quitter des yeux
les instruments plus de deux secondes, il part rapidement à droite ou à gauche. C’est formateur
mais épuisant. Nous avons un contact radio obligatoire toutes les trente minutes car nous sommes
en zone inhospitalière.
Arrivée à Agadez, excellent accueil en particulier par le chef des pompiers, Maitre ALI, qui
va se dévouer pour nous pendant tout notre séjour. Il nous donne une information qui ravit Pascale : il y aurait de l’Avgas dans une station service Total en ville, effectivement nous trouvons 3
fûts un peu ensablés mais scellés, nous passerons beaucoup de temps au téléphone pour trouver le
propriétaire puis en négocier l’achat ou le troc. Cette éventualité ne se concrétisera pas, nous ajoutons donc 60 litres d’essence voiture avec un additif spécifique dans les réservoirs pour gagner
« Tam ».
Ravitaillement à la pompe en ville.
Maître ALI chef des pompiers.
Les prévisionnistes de la météo
nous déconseillent vivement d’aller vers
le nord, des orages sont attendus dans
l’après midi, nous ne partirons donc que
demain matin.
Deux Antonov II sont sur le parking depuis longtemps, une tempête en
a soulevé et retourné un qui est venu
s’écraser sur l’autre, ils servent d’abris
aux militaires, dommage de voir ces appareils finir en ruine mais pour les récupérer il faudrait payer les taxes de stationnement qui doivent être dissuasives.
Nous arrimons le C.172 au sol
pour éviter la même triste fin.
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à Agadez :
En ce qui concerne la sécurité pas
de soucis, l’avion est bien gardé, les militaires
sont nombreux, il y a deux ans le terrain avait
été attaqué par la rébellion, depuis une solide
garnison occupe les lieux.
Les militaires nous offrent le thé vert et sucré.
Nous allons à l’auberge « AZEL » appartenant à Joulia, c’est une belle bâtisse couleur
ocre en banko (pisé), nous prenons possession de nos jolies chambres puis nous allons en taxi au
marché artisanal. Nous achetons le symbole des touaregs, la croix d’Agadez, encore faut-il savoir
qu’il y en a une différente pour chacune des 23 tribus du massif de l’Aïr.
Escalier menant à la terrasse.
Magnifique chambre voutée en briques et pisé.
Les habitants d'Agadez sont habillés de vêtements traditionnels d'indigo. Malheureusement
la ville est défigurée par les sacs en plastique que le vent traine partout, ils s'accrochent même aux
arbres épineux et aux édifices.
Pris par toutes ces démarches, nous n’aurons pas l’occasion de voir, un lieu qui m’a toujours
interpellé : l'arbre du Ténéré, symbole de la survie dans le Sahara; cet arbre était un acacia solitaire, soit un Acacia raddiana ou un Acacia tortilus, qui fut à une époque considéré comme l'arbre le
plus isolé de la Terre, aucun autre arbre ne se situant à moins de 400 km. Il faisait office de repère
pour les routes des caravanes qui traversaient le désert du Ténéré au nord-est du Niger ; il était situé approximativement par 17° 75’ N, 10° 07’ E. Il s'agissait du dernier survivant d'un groupe d'arbres qui avait poussé lorsque le désert était moins aride que maintenant et il s'est élevé, seul, pendant des décennies. Pendant l'hiver 1938-1939, un puits fut foré près de l'arbre et on découvrit que
ses racines atteignaient la nappe phréatique plus de 30 mètres en dessous de la surface. En 1973,
l'arbre fut renversé par un camionneur libyen, sans doute saoul. Le 8 novembre 1973, l'arbre mort
fut transporté au musée national du Niger, à Niamey et remplacé par une simple sculpture métallique représentant un arbre.
Repas à la française au calme dans le patio, mais une coupure de courant nous prive de climatisation jusqu’à vingt trois heures.
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Le mercredi 30 juin :
Agadez – Niamey - Ouagadougou
Maitre Ali vient nous chercher à 7h30, préparation de l’avion, dépôt du plan de vol et décollage, et !!! contre-ordre, Tamanrasset annule les vols VFR pour son terrain à cause d’une visibilité
insuffisante (300 m), déçus, nous retournons nous poser.
Les 2 Antonov II empilés.
Ville de Agadez.
De plus, nous apprenons que l’essence ne sera pas accessible ce jour là (le 30) à Tamanrasset, il nous faut prendre une décision importante : nous renonçons à la route Est, demi-tour.
L’efficacité de Mireille de la société Flight Aviation Support est une fois de plus prouvée,
en quelques heures elle nous obtient une autorisation pour le Burkina Faso. Munis de ce sésame
nous mettons le cap sur Niamey au niveau 85 toujours dans un coton couleur sable, que nous atteignons après seulement trois heures trente de vol grâce à un fort vent dans le dos. Atterrissage, ravitaillement, nouveau décollage, deux heures plus tard nous sommes à Ouagadougou. Nos amis
pilotes de cet aéroclub sont assez surpris de nous voir ici, nous contons nos déboires, Mireille
vient nous remettre l’autorisation pour le Mali (cette autorisation demande parfois plusieurs semaines avant d’être obtenue) puis nous conduit à l’hôtel.
Tour de contrôle de Niamey.
A Ouaga, derrière le Cessna, un avion hôpital.
Nous ne pouvons pas nous empêcher de faire la publicité et l’éloge de cette compagnie
F.A.S que vous devez absolument connaitre elle vous simplifiera toutes vos démarches aéronautiques.
Nous laissons le radeau de survie à Ouagadougou, ce qui allège l’avion de vingt bons kilos, Jean Michel Boucly le prendra dans deux semaines pour le rendre à Lomé à Claude Siterlin
(que nous remercions au passage pour son prêt et ses conseils).
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Le jeudi 1 juillet :
Ouagadougou – Bamako - Kayes
Mireille (F.A.S) nous accompagne dans nos démarches à la météo et au bureau de piste
puis nous conduit au parking de l’aéroclub, l’avion a été nettoyé, merci aux mécaniciens, toujours
aussi efficaces et dévoués. Pascale et moi n’avons pas le même avis pour la répartition des bagages dans l’appareil, si, il est vrai que charger derrière les sièges des pilotes ne facilite pas la sortie
des pilotes, charger la soute nous pénalise fortement au niveau du centrage donc de la stabilité de
l’avion et plus particulièrement aux niveaux élevés. Comme la visibilité horizontale est nulle et
que nous devons tenir l’avion uniquement aux instruments, c’est la deuxième solution qui sera
retenue.
Tri des bagages à l’aéroclub de Ouagadougou.
Un vent favorable permet cette liaison en seulement trois heures trente de vol en condition
IMC au niveau 85 dans le coton, on voit seulement un peu le sol juste à la verticale. Cette fois-ci
nous apercevons la ville puis la piste, à notre dernier passage avec cet avion, en venant de Kayes,
munis d’une autorisation de VFR spécial nous avons dû faire une arrivée avec l’ILS; il y avait
moins de 1 km de visibilité et de très très fortes turbulences.
Pendant que je me charge de l’avitaillement dont les 40 litres de réserve dans nos deux bidons, Pascale récupère les autorisations de survol pour la Mauritanie et le Maroc. C’est du funambulisme administratif à tel point que le bureau de piste de Bamako n’avait encore reçu l’autorisation émise par le bureau voisin alors que nous l’avions déjà en main, il a fallu user de beaucoup de
diplomatie pour ne pas froisser les susceptibilités.
Il y a de la pièce détachée à Bamako.
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Décollage de Bamako, montée au 85, vol comme d’habitude seuls avec nos instruments.
Un peu avant l’arrivée, à trente nautiques de Kayes, nous descendons à mille pieds pour suivre et
photographier les méandres du fleuve Sénégal dont l’eau est encore claire, les pluies en retard
n’ont pas encore atteint ce bassin.
Le fleuve est coupé par de nombreux rapides.
Comme la Meuse à Monthermé !
Barrage en construction sur le fleuve Sénégal
En finale à Kayes, comme souvent la visibilité
est réduite à cause de la poussière
Encore une très longue finale, nous connaissons bien ce terrain nous le pratiquons pour la
quatrième fois, il est en travaux, la piste sera allongée. Pour la petite histoire cette ville a accueilli
les réserves d’or de la France pendant la seconde guerre mondiale.
C’est encore un pompier qui nous conduit à l’hôtel Kamankolé (nous y bénéficions maintenant
d’un tarif préférentiel) en passant sur pont enfin rétabli au désespoir des piroguiers. Tout fonctionne, télévision, internet, la chambre est propre, le lit confortable, la piscine est à la bonne température, pourquoi ne reste-on pas là s’interroge Pascale ?
Le repas du soir est pris sous les étoiles avec
un fond musical de vieilles chansons françaises années
60/70. Cette journée nous avance enfin vers notre but :
l’Espagne, puis la France.
Pascale décompresse un peu et passera sa meilleure nuit depuis le départ qui fut laborieux et riche en
incertitudes.
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Le vendredi 2 juillet :
Kayes – Nouakchott - Dakhla
Départ de l’hôtel à 6h, comme convenu la veille le pompier nous attend, à cette heure, la ville de 120 000 habitants est calme. Les Chinois qui construisent le nouvel aéroport sortent de leur
campement, nous comprenons difficilement qu’avec le potentiel humain de l’Afrique les chinois
importent la majorité de la main d’œuvre pour réaliser leurs travaux ; ponts, stades, routes, quelque
soit la nation Africaine concernée.
Les chinois agrandissent la piste à Kayes.
Première leçon de pilotage pour le fils du gardien.
Je prépare l’avion, j’ajoute les quarante litres d’Avgas que nous avons mis dans les bidons à
Bamako, je complète le niveau d’huile, pendant ce temps Pascale dépose le plan de vol, hélas ici
pas de bureau météo, nous obtenons des informations en téléphonant avec notre portable à Bamako, les vents en surface nous seraient contraires alors nous choisissons de monter au niveau 85.
Bien sûr il faut « arroser » un peu tout le monde. Il y a deux ans le seul emprunt d’un escabeau pendant 10 minutes nous avait couté dix-sept mille francs CFA (30 Euros).
La visibilité est encore nulle devant et médiocre dessous, à cent nautiques (187 km) de
Nouakchott nous descendons pour éviter un fort nuage de poussière annoncé par la météo, au niveau quarante cinq la visibilité horizontale s’améliore un peu et après 3h20 de vol calme, l’arrivée
est facile, nous connaissons bien le terrain. Il n’y a pas de trafic, nous sommes autorisés pour une
longue finale, atterrissage, et parking devant la tour.
Les pétroliers viennent avec leur tracteur en tirant une cuve, un moteur hydraulique actionne
la pompe à essence, c’est merveilleux ! Mais les tuyaux sont trop courts il faut donc dételer le tracteur pour y raccorder les tuyaux hydrauliques qui ne sont pas repérés. Après plusieurs essais infructueux il faut se résoudre à utiliser la pompe à main, cent quarante litres seront ainsi transvasés
pour un cout de trois cent quarante Euros.
On pompe en rythme à Nouakchott.
Village de pêcheurs.
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Le vendredi 2 juillet : Kayes – Nouakchott - Dakhla
Dépôt du plan de vol, consultation de la météo et décollage en direction de Dakhla en suivant scrupuleusement la cote à mille pieds, la visibilité est correcte, nous pouvons enfin apprécier
les paysages qui défilent avec un Badin de cent dix Knots. Le cheminement basse altitude est obligatoire sur la côte puis nous devons monter au niveau 45 pour passer au-dessus du banc d’Arguin,
nous n’y croiserons seulement que des vols de flamants roses.
Banc d’Arguin (réserve nationale).
Vol de flamants roses.
Survol de Nouadhibou, des dizaines de bateaux de pêche et un bateau usine sont abandonnés, la surexploitation de la mer par les Russes (sans contre partie durable) à décimé la faune marine et déséquilibré l’économie locale qui était traditionnellement tournée vers la pêche en pirogue.
Bateaux de pêche russes abandonnés.
Mariage de la mer et du sable : Cap Blanc.
Passage de la frontière Marocaine, nous arrivons dans une zone particulièrement sensible : le
Sahara occidental occupé et géré par les marocains mais revendiqué par les algériens et les mauritaniens, El Quaida s’en mêle aussi et des trafics en tout genre se développent dans cette région. Le
survol côtier est obligatoire à la fois pour des raisons « politico-militaires » et pour des raisons de
sécurité des équipages, il n’y a pas (volontairement) de cartes aéronautiques disponibles de cette
région, il faut avec l’aide des fonctionnaires tracer les points de report sur une carte routière. De
très nombreux postes militaires jalonnent la route, impossible de passer inaperçu.
Un des nombreux camps militaires.
Ce n’est pas une peinture rupestre, c’est une lagune.
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L’arrivée sur DAKHLA est un régal pour la vue : la presqu’ile en sable blond pénètre loin en
mer, la ville en briques rouges est nette nous avons droit à une très longue finale sur la mer dans
l’axe du trajet. Avec un fort vent de face 30 Nœuds, il faut être vigilant et bien tenir l’avion. La
ville neuve est jolie, nous allons stationner près de l’aérogare on peut dire l’ancien, le nouveau sera
mis en service dans un mois.
Nous saluons les militaires et policiers qui maintenant nous connaissent, l’avion est pris en photo sous
toutes ses coutures par les gendarmes, le chien de la
douane, un gros Labrador vient jouer avec nous, il est
chargé de détecter les explosifs.
Les pétroliers arrivent avec sur une remorque un fût d’Avgas et un compteur qui ne fonctionne pas, ils veulent nous vendre 200 litres de carburant alors que ce bidon très officiellement n’en
contient que 187,5. Nous frôlons l’incident grave car, de plus ce liquide même si il nous est précieux est vendu ici une fois et demi plus cher qu’ailleurs. Bien que cela ne soit pas prévu nous
remplissons nos bidons ainsi il ne restera que 4 litres au fond du tonneau, la facture est salée. C’est
une escroquerie que nous ne manquerons pas de signaler au fournisseur Total, c’est aussi un manquement grave à la sécurité, faire croire à un pilote qu’on lui fournit 200 litres alors qu’il n’y en a
pas plus de 187,5 litres.
Ici nous faisons les formalités d’entrée au Maroc, un numéro est apposé sur notre passeport,
il sera utilisé pendant toute la durée de validité de ce document.
Avec un chariot à bagages de l’aéroport nous rejoignions l’hôtel « Sahara Regency » situé à
250 m pour cela il suffit de traverser la route principale de la ville. Sous les yeux réprobateurs des
gardiens, je garderai le chariot dans la chambre pour le trajet inverse demain matin. Sur la terrasse
il y a un bar avec de l’alcool, cette adresse est bien connue des musulmans qui ne sont pas tous
sobre.
Nous allons chercher de l’argent au distributeur, acheter des olives sur le marché puis nous
voulons manger un couscous, pas de chance; le Ghana joue contre l’Uruguay, aucun restaurant ne
sert à manger ce soir avant la fin du match, l’Afrique entière soutient son équipe. Le Ghana mène
puis le score évolue : un à un, au restaurant de l’hôtel nous trouvons notre bonheur, pendant ce
temps les équipes souffrent et les spectateurs sont tenus en haleine, le résultat laisse les africains à
la fois fiers d’être allé aussi loin mais déçus car la phase des tirs au but ne reflète pas toujours les
qualités d’une équipe.
Il n’y aura pas la fête en ville, nous allons pouvoir dormir sereinement dans des chambres
très confortables.
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Le samedi 3 juillet :
Dakhla - Laayoune - Essaouira
Avec le chariot à bagages nous gagnons l’aéroport qui n’ouvre qu’à 9h locales, Je vérifie
l’avion et Pascale va encore une fois de plus préparer à la tour le plan de vol avec la carte Michelin, de nombreuses consignes de sécurités nous sont imposées.
Entrée de l’aérogare de Laayoune.
Le vent de face (du nord) est violent, l’avion décolle comme un hélicoptère, c’est une particularité à bien connaitre dans cette zone, il faut monter au moins au niveau 55 pour trouver un
vent du sud favorable à notre navigation, l’an dernier lors d’une tentative sur le même axe à 700
pieds sol le Badin affichait tout juste 50 nœuds de vitesse sol, il a fallu faire demi-tour.
La visibilité est correcte et nous suivons des yeux les immenses plages désertes, les pêcheurs se sont regroupés près des nombreux camps militaires, il faut savoir que le Maroc est couvert par un dense réseau de radars efficaces, il est prudent de ne pas s’écarter de la route imposée.
Nous sommes en contact radio avec les Canaries en anglais.
Camp militaire et village de pêcheurs.
Laayoune est un important centre militaire, en
arrivant par le sud il faut utiliser la piste de droite, celle de gauche est réservée à l’armée. Sur le parking
nous aurons le droit à deux chiens forts joueurs mais
spécialisés, un dans la détection des drogues et l’autre
dans la détection des explosifs. Je remplis comme à
chaque fois les fiches d’entrée et les documents douaniers, c’est un peu lourd mais ça se passe bien sur ces
aéroports peu fréquentés, ce n’est pas comme à Agadir
que nous évitons soigneusement maintenant tant les
tracasseries administratives retardent et gâchent cette
étape.
Avec ce GPS la précision de naviga-
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Essaouira :
Cette fois ci le compteur de la pompe marche, pas de palabres, mais impossible de payer en
monnaie locale si on n’a pas le bordereau de change, pas de chance j’ai tiré de l’argent à un distributeur à Dakhla et comme ça peut arriver partout il n’y avait plus de papier, donc je n’ai donc pas
de reçu, Pascale puise dans sa réserve en Euros et je complète pour les petites coupures car bien
sûr il n’y a jamais de monnaie en Afrique. Amis pilotes prenez vos précautions ayez une bonne
réserve de billets de cinq, dix et vingt Euros car au bureau de piste pour payer les taxes vous aurez
le même problème.
Vol sans histoire, nous pourrons même éviter Agadir en passant en mer, à l’ouest, au niveau 55 entre les points : Rilat et Kopir.
Sur le cap Rhir ça secoue bien, contact avec
Essaouira, descente, étape de base main gauche, atterrissage et parking près de la tour à l’abri des
vents. Le pétrolier nous confirme la capacité des fûts
de carburant 187,5 litres ! Après un contrôle de la
qualité du contenu, je vide nos bidons dans le réservoir tout en signant une décharge, le plein est fait, ici
le compteur fonctionne et le prix raisonnable. Nous
traversons la nouvelle aérogare flambant neuve, formalités de police, scan des bagages, le taxi est là
pour nous conduire en ville, l’ancien nom de cette
cité est Mogador.
Aérogare flambant neuf mais désert (Mogador).
L’hôtel Miramar est doté d’une jolie façade, d’une belle piscine couverte et d’un hammam, il est situé près de la ville ancienne, en longeant la plage nous sommes rapidement dans cette
cité qui fourmille de touristes Européens mais surtout Marocains venus ici pour échapper à la chaleur de Marrakech.
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Le samedi 4 juillet :
Fête nationale des USA
Essaouira - Essaouira
Nous prenons le taxi à 6h30, la brume de mer est fortement installée, il bruine, par contre à
dix kilomètre vers l’intérieur le temps est beaucoup plus clair, arrivé à l’aéroport je me rends
compte que j’ai oublié nos passeports à la réception de l’hôtel, Pascale va à la tour pour déposer le
plan de vol et prendre la météo, je retourne en ville pour récupérer nos pièces d’identité. A mon
arrivée, je vois que mon Commandant de bord fait grise mine, il y a vers Casablanca une perturbation qui ne nous arrange pas, la brume s’étant dispersée nous décollons pour découvrir que le relief
est accroché sur notre route, après un quart d’heure de vol nous décidons de revenir à Mogador.
La piste de Essaouira est en travaux elle sera allongée pour accueillir de gros porteurs.
Nous attendons au bureau de piste et plus le temps passe plus les nouvelles sont mauvaises,
vers midi nous récupérons les valises et retournons à l’hôtel.
Sur la route nous croisons des dromadaires qui pâturent dans les épineux.
Et les increvables 103 Peugeot.
Au « Miramar » l’accueil est bon, les chambres sont confortables avec un balcon, la mer est à
moins de deux cent mètres.
Nous allons visiter la ville et déjeuner, le soleil montre son nez par contre l’horizon est bouché,
la consultation de différentes cartes météo sur internet nous dissuade de persévérer ce jour.
Ci-contre : le salon de l’hôtel.
Bombardes à chaque porte de la ville
et sur les remparts
Une des spécialités : les poteries colorées.
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Essaouira :
Confortablement installé sur la terrasse du bâtiment, je profite de cette halte forcée pour mettre à jour ce compte-rendu, Pascale après avoir rempli les carnets de l’avion va se faire faire des
soins corporels : sauna, gommage, massages etc. Elle l’a méritée, elle qui tous les soirs trime pour
me préparer une navigation sans faille.
Vu de la terrasse; il y a de forts embruns.
Mise à jour des documents de bord.
Repas du soir en terrasse dans la Médina, nous visitons les boutiques qui regorgent de produits artisanaux en particuliers des tapis magnifiques. Chaque échoppe à son chat qui se prélasse
au soleil. C’est une destination touristique de plus en plus prisée, les hôtels de luxe poussent comme des champignons.
Une des nombreuses réserves de tapis.
Un gardien paisible et utile.
Devant la porte Bab Sbaa
à Mogador en 1913.
Espérons que la météo soit meilleure demain, nous commandons le taxi pour 7h30
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Le lundi 5 juillet :
Essaouira – Tanger – Malaga – La Axarquia
7h30, La brume de mer est moins épaisse, on devine le ciel bleu, mais, les cartes météo montrent encore la perturbation active au
niveau de Casablanca.
Nous décidons d’aller à l’aéroport en espérant une amélioration. En fait ce qui nous complique la tache c’est l’obligation de contourner Casa par l’Est car il y a du relief, le cheminement
VFR côtier tracé sur les cartes ne nous à jamais été accordé. Compte tenu des informations des
TAF et METAR qui indiquent un plafond de 1600 pieds, nous allons le solliciter à nouveau. Ce
plan de vol est refusé par Casa.
Il faut absolument faire l’éloge du personnel du terrain d’Essaouira qui se met en quatre
pour nous aider, j’inclus les policiers qui font leur travail avec le sourire en prenant en compte nos
contraintes de pilotes privés. Rien à voir avec les complications d’Agadir.
Le deuxième plan de vol par l’Est est aussi refusé pour cause de visibilité insuffisante, nous
attendons. Le ciel s’éclaircit, le plafond monte, Casablanca nous propose alors un troisième plan
de vol passant par une verticale du VOR en bout piste afin d’éviter les reliefs, nous recevons avec
plaisir cette proposition qui nous permet enfin de partir.
Départ à 10h40 trajet côtier à 1500 pieds jusqu’à Safi, puis prise de cap vers l’entrée de zone
CTR de Casa, nous devons monter jusqu’à 2500 pieds pour avoir un contact radio, nous avons
l’autorisation de couper l’axe principal à 4000 pieds verticale du VOR de Bakri, un Boeing de
Royal Air Maroc passe 1000 pieds en dessous de nous en finale sur la piste 35.
Safi, point tournant
Boeing de la RAM en
finale sur la 35 de Casablanca à 3000 pieds.
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Le lundi 5 juillet :Essaouira – Tanger – Malaga – La Axarquia.
Nous poursuivons en montée vers Tiflet et nous stabilisons au niveau 65, la visibilité est excellente, ça secoue un peu mais pas trop, nous profitons des paysages.
A Larache nous commençons la descente sur Tanger, le contrôleur annonce 27 nœuds de
vent, heureusement dans l’axe, nous entrons en vent arrière pour laisser le passage à un airbus de
la RAM c’est toujours agréable de voir un gros porteur se poser avant nous, mais cela veut dire
que nous devrons attendre pour faire le plein de notre avion, les pétroliers servent en priorité les
avions commerciaux.
Airbus de la RAM à l’atterrissage à Tanger.
Le parking aviation légère est
loin de l’autre coté des installations,
une voiture de police vient, Pascale
en profite pour se faire conduire au
contrôle.
Les formalités, en général, ça
se passe bien à Tanger.
Il faut compter une heure sans
trainer.
Parking C172
Contrôle
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Le lundi 5 juillet :Essaouira – Tanger – Malaga – La Axarquia.
Ce sera une heure quinze d’escale. Après deux départs commerciaux qui se font secouer au
décollage, c’est notre tour, l’avion boosté par le vent de face monte vite nous sommes à 500 pieds
en fin de piste, virage à droite pour rejoindre la côte, prise de cap au nord vers le VOR de Jerez
« VJF » en Espagne, la traversée se fait au niveau 45, nous monterons au 55 pour passer le relief
de la Sierra Nevada. Sur notre droite se dresse le rocher de Gibraltar et ses installations militaires
anglaises protégées par une zone toute en longueur.
27 Nœuds de face ça secoue même les gros.
Le VOR de Jerez.
Sous nos ailes un champ de mille éoliennes profite du vent qui ne manque pas dans ce goulet. Descente vers Malaga, nous sommes quatrièmes à l’atterrissage, nous prolongeons un peu la
branche vent arrière, numéro un, atterrissage entre les gros porteurs, puis le contrôleur débitant (en
anglais) ses ordres trop rapidement le roulage vers le parking de l’aviation générale sera un peu
laborieux. Nous retrouvons ce terminal luxueux, d’où nous sommes partis vers l’Afrique en février
2009, les formalités sont expédiées en quelques minutes. Notre prochain vol figure sur le panneau
d’affichage des avions en partance.
Champ d’éoliennes.
Affichage des vols privés au départ de Malaga.
Dépôt du plan de vol pour « LEAX », une demi-heure de vol côtier et le Cessna retrouve le
terrain de La Axarquia sur lequel il a vécu dans les mains d’Isabelle son ancienne propriétaire.
Nous allons dormir à Torre Del Mar dans un hôtel où enfin tout fonctionne. La saison touristique
n’est pas encore très active et ces restaurants immenses et vides sont déprimants. La sangria fera
passer un repas pas vraiment gastronomique.
Tour du terrain
de La Axarquia.
Architecture
Torré del Mare
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Le mardi 6 juillet :
La Axarquia – Ampuria Brava
Pascale a préparé sur son GPS la route en suivant le littoral, un long vol nous attend, plus de
6 heures. Départ à 11h, à 1 000 pieds au dessus de la mer tout en admirant sur notre gauche la neige des sommets de la Sierra Nevada.
Neiges sur la Sierra Nevada.
Des kilomètres carré de serres sur cette côte.
Nous passons travers Almeria, Murcia, Alicante, nous allons même jusqu’au cap NAO bien
connu des cruciverbistes, puis : Valence, Castillons, Tarragone.
Tout pour le confort du vacancier !
Ce cap bien déchiqueté n’est pas épargné.
Pour contourner Barcelone, nous avons dû prendre le cheminement Est sur le continent au
niveau 35 en passant par Sabadell. Nous y croisons quelques cumulus et descente ver la côte il
nous reste 40 minutes de vol il faut savourer ces instants.
Elevages de poissons en mer.
Jolie palette de couleurs : marais salants.
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Ampuria Brava :
Longue finale sur la piste 34 de Ampuria Brava au nord de Géronne, ici ce termine le périple
commencé il y a une semaine.
Nous déchargeons les bagages pas très
lourds mais encombrants
Pascale confie l’appareil à Riccardo son
mécanicien pour des opérations d’entretien et
pour qu’il effectue les démarches en vue d’une
nouvelle immatriculation française F GZPR.
Pascale devrait pouvoir reprendre son
avion dans trois semaines ?
Une petite promenade à pieds et du shopping me permet de découvrir cette ville balnéaire
fort agréable.
Nous fêtons notre
bonne arrivée au champagne près de la piscine
en dégustant les olives
de Dakhla.
Puis dîner au restaurant de l’hôtel au bord du
canal.
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Le mercredi 7 juillet :
Nous prenons un taxi pour aller à Perpignan puis l’avion d’Air France pour Orly. Pascale
poursuivant son voyage jusqu’à Brest.
Le retour de cet avion s’effectuera fin août en traversant l’Algérie si possible.
Quelques chiffres :
Ce voyage nous a conduits dans sept pays différents : Togo, Niger, Burkina-Faso, Mali,
Mauritanie, Maroc, Espagne.
Nous avons volé 49,5 heures pour effectuer 10 143 kilomètres en 8 jours dont 7 780 en
terre Africaine, à la moyenne de 203 km/h soit 110 Nœuds.
Il a fallu environ 1 600 litres d’essence et deux litres d’huile
Soit moins de 16 litres au 100 km en circulant à 203 km/h !
L’avion :
Cessna 172 construit à Reims en 1980
195 chevaux, hélice tripale à pas variable
Avion en métal, ailes hautes, 4 places
Pour les non pilotes :
En général la vitesse de l’avion s’exprime en Nœuds ou Knots soit 1,852 km/h
Exemple :110 nœuds = 203 km/h
L’altitude s’exprime en pieds = 0,3 m
Exemple : 1000 pieds (altitude d’un tour de piste) = 300 mètres
Au dessus de 3000 pieds on vole en niveau
En VFR on vole aux niveaux impairs : 35, 45, 55, 65, 75, 85, 95, 105, 115, 125, 135
Exemple niveau 75 = 7500 pieds = 2 250 m
Niveau maximum autorisé sans oxygène : 135 soit 4 000 m
VFR : vol avec les règles de vol à vue (VMC)
IFR : vol avec les règles de vol aux instruments (IMC)
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