Revues en revue Revues en revue
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Revues en revue longue tradition en Valais. 4 L’hisoire de Résonances: il était une fois J.-P. Salamin A L’Ecole primaire dès les années 1880 a succédé L’Ecole valaisanne (1956-1988) puis Résonances (1988-), 6 Voyage dans le passé des revues pédagogiques du Valais N. Revaz 7 Les buts des revues sans compter la parution de L’Ami des Régens de 1854 à 1856. Ce dossier un peu spécial propose 18 C’était écrit dans L’Ecole primaire 16 C’était écrit dans L’Ecole valaisanne 19 C’était écrit dans Résonances 20 Quiz: devinez quand cela a été écrit… 24 Un siècle de ruse et de modernité P.-P. Bugnard de faire un retour sur l’histoire de ces revues et donne à lire des morceaux choisis. Pierre-Philippe Bugnard, des universités de Fribourg et Neuchâtel, et Philippe Perrenoud, de l’Université de Genève, apportent leur regard de pédagogues contemporains. 21 Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage… P. Perrenoud ( Les revues pédagogiques ont une L ’histoire de Résonances: il était une fois… Jean-Pierre Salamin L’histoire de Résonances pourrait commencer, comme tous les récits de contes ou de légendes, par ces mots magiques tant elle se perd dans la nuit des temps ou du moins de celle d’où a émergé l’Ecole de ce canton. Publié depuis 1988, Résonances représente la 6e génération d’une revue pédagogique qui a pris naissance en 1854, peu de temps après la 1re Loi sur l’instruction publique du 31 mai 1844, votée par le peuple valaisan. L’Ami des Régens (1854-1856) La première revue est créée par le Département de l’instruction publique (DIP) à l’intention des «régens». En 1854, elle naît du constat de l’état décevant de l’enseignement dans les écoles primaires. Elle constitue en quelque sorte la première tentative d’offre de conseils pédagogiques ou de leçons de perfectionnement aux enseignants. L’Ami des Régens veut développer la collaboration entre le Gouvernement cantonal et le corps enseignant pour alléger sa lourde tâche d’instruction. rencontré par l’enseignement auprès des parents des écoliers. Dans le même temps et selon des modalités analogues parut le Schulehrerfreund, à l’intention des «régens» du Haut-Valais. Le Bulletin pédagogique (1881-1882) La deuxième revue cantonale vit le jour 25 ans plus tard, sous la forme du Bulletin pédagogique, une publication originale en raison de la collaboration entre les cantons de Fribourg et du Valais. Le bulletin produit par les Départements de l’instruction est accompagné d’un supplément édité par les sociétés pédagogiques des deux cantons. Ainsi, la Société valaisanne d’éducation publie le Supplément valaisan au Bulletin pédagogique. Le souci principal de ces publications est de contribuer à une formation façonnant de bons citoyens en général et catholiques en particulier. Ce supplément paraît uniquement dans le Valais romand, de janvier 1881 à mai 1882. La revue sert également de tribune aux régents pour échanger des expériences entre eux, faire connaître au Département leurs besoins et leurs observations à propos d’enseignement ainsi que montrer au public, qui ne portait pas une grande attention aux affaires scolaires, les progrès accomplis par les classes de nombreuses écoles communales. L’Ecole primaire (1881-1956) La publication de L’Ami des Régens prit fin au mois de mars 1856, en grande partie en raison du peu d’intérêt L’objectif est de faire connaître au personnel enseignant, aux commissions scolaires et aux autorités communales les expériences et les préoccupations des enseignants. Les inspecteurs scolaires rapportent, dans la revue, leurs activités et la rédaction s’efforce de publier des nouvelles recueillies dans les journaux extérieurs au canton. ( Les revues pédagogiques: une des vitrines du développement de l’école. 4 Dès novembre 1881, L’Ecole primaire prend progressivement le relais du Supplément et devient L’Organe de la Société valaisanne d’éducation. La collaboration avec le Département de l’instruction est assurée par le rédacteur, son secrétaire général. Dans une perspective de perfectionnement des enseignants, des thèmes didactiques sont publiés, comme l’enseignement intuitif, le calcul mental, les sciences physiques et naturelles, la façon d’écrire une lettre. Le Département encourage les enseignants à introduire des illustrations dans leurs cours et offre des appuis pédagogiques sous la forme de documents d’enseignement. L’Ecole primaire ne manque pas de s’ouvrir aux problèmes du moment comme, par exemple, la formation professionnelle, la guerre au patois, l’alcoolisme… Résonances - Avril 2004 ) Dans le Haut-Valais, se développe, de 1898 à 1915, Der Erziehungsfreund qu’interrompt la Première Guerre mondiale. Dès les années 1920, les enseignants sont abonnés au Schweizer Schule publié par la Société suisse des enseignants catholiques. Walliser Schule / L’Ecole valaisanne (1956-1959) En 1956, la Société valaisanne d’éducation demande au DIP de reprendre la responsabilité financière de L’Ecole primaire. Le Département accepte la proposition à la condition que les enseignants y soient obligatoirement abonnés. La revue devient bilingue sous la dénomination de Walliser Schule / L’Ecole valaisanne. Elle devait permettre, selon les propos de M. le CE Marcel Gross, «d’intensifier les contacts intellectuels entre les deux régions linguistiques, de faire profiter chaque région des expériences de l’autre, de faire de l’école valaisanne une véritable unité d’esprit et de cœur». Au début, les textes sont publiés dans les deux langues à quantités égales; de brèves traductions accompagnent les textes originaux. A côté des directives et des conseils pédagogiques, la revue publie la liste des acquisitions de la Bibliothèque cantonale, les informations du Département et les décisions du Conseil d’Etat en matière scolaire, les offres de formation continue, les prises de position des enseignants ainsi que la nécrologie du personnel enseignant. Des thèmes particuliers comme le passage de l’école primaire au gymnase, la motivation scolaire ou des controverses de méthodologie comme l’approche globale de la lecture sont régulièrement traités. L’Ecole valaisanne (1959-1988) Au bout de trois ans de publication, les textes allemands prennent de plus en plus d’ampleur et la disproportion linguistique entraîne la fin de la publication bilingue. L’Ecole valaisanne poursuit seule le chemin et les enseignants du Haut-Valais retrouvent la revue Schweizer Schule, avec un abonnement partiellement payé par le Département qui passe par ce canal les informations officielles. L’Ecole valaisanne change de mise en page, de format et adopte un nouveau logo, en 1973. Elle continue à faire paraître les informations habituelles, supprime cependant la rubrique nécrologique et publie périodiquement des numéros spéciaux consacrés à un thème particulier, comme l’architecture valaisanne, l’enseignement du français, le projet de Loi de 1983… Résonances (1988-…) L’Ecole valaisanne s’éteint avec la création de l’Office de recherche et de documentation pédagogique (ORDP) ( Résonances - Avril 2004 qui propose une revue à la présentation actualisée et en couleur, pour la rendre plus attractive, destinée à tous les acteurs et partenaires de l’Ecole valaisanne dans le canton et hors de ses frontières. Résonances est le nom choisi parce que la revue se veut ouverte aux points de vue didactiques et pédagogiques les plus divers et, en retour, doit recueillir leur écho. Résonances, après un départ semblant un peu éloigné des préoccupations immédiates des enseignants, en particulier du degré primaire, a trouvé sa vitesse de croisière et offre mensuellement à plus de 3000 abonnés, un contenu attrayant, partagé entre un thème central, des informations officielles et utiles aussi bien pour les enseignants, les parents d’élèves, les étudiants que les autorités scolaires. La revue, contrairement à de nombreuses autres revues similaires, a réussi à survivre aux difficultés économiques des années 1990 et à se créer une réputation enviable, non seulement en Valais mais également à l’extérieur. Dans le Haut-Valais est né entre-temps, en 1975, Mitteilungsblatt présentant, quatre fois par année, les informations officielles du Département. A la fin 1995, également sous l’impulsion de l’ORDP, la brochure change de format, devient illustrée et, comme Résonances, traite de thèmes particuliers. Résonances et Mitteilungsblatt, trouvent leur légitimité dans l’article 89 de la Loi sur l’instruction publique du 4 juillet 1962, article se trouvant déjà dans celle de 1946, à savoir: «Il existe un office cantonal de documentation pédagogique qui est un organe de recherche, de documentation et d’information. L’office est chargé de tenir le personnel enseignant au courant des méthodes et des techniques de l’enseignement et de rassembler, à cette fin, la documentation nécessaire. Le DIP organise l’office et précise ses attributions». Morale de l’histoire Tout au long de leur histoire, les différentes revues pédagogiques, toujours soutenues par le Département, ont constitué un maillon solide de l’Ecole valaisanne. Elles se sont toujours adaptées à son évolution en devenant, tour à tour, support de formation continue, document d’appui pédagogique ou de référence, porte-voix des enseignants, tribune de controverses pédagogiques ou méthodologiques, plate-forme d’innovations scolaires, fenêtre ouverte sur l’extérieur… Que Résonances, Mitteilungsblatt, ou les revues qui prendront leur relais, demeurent un moyen privilégié de diffusion de larges informations au profit des acteurs et des partenaires de l’Ecole des deux parties linguistiques du Valais! Qu’elles restent encore très longtemps une des vitrines de son développement! 5 Voyage dans le passé des revues Nadia Revaz pédagogiques du Valais 1881 correspond à la création du Bulletin pédagogique: supplément spécial pour le Valais, publié sous les auspices de la Société valaisanne d’éducation (à noter qu’un Bulletin existait avant cette date si l’on se réfère au message introductif du premier numéro), 1882 marque les débuts de L’Ecole primaire, 1956 ceux de L’Ecole valaisanne, et 1988 ceux de Résonances: impossible donc de voir en cette année 2003-2004 un quelconque anniversaire qui justifierait un retour sur les traces des revues. Et pourquoi ne pourrait-on pas fêter les non-anniversaires comme au pays de Lewis Carroll? Il est parfois bon de se pencher sur le passé pour mesurer les avancées et les statu quo. La décennie comme fil rouge Certes, mon exploration n’a rien d’historique, car la démarche est strictement intuitive. Je vous livre simplement mon regard de lectrice. Tout d’abord j’ai choisi un fil rouge pour parvenir à faire face aux impressionnants volumes de la bibliothèque. Une fois décidé que je ne consulterai que chaque dixième volume de 1893-1894 à 1993-1994, j’ai commencé à feuilleter. Bien sûr, j’ai parfois eu des hésitations, en déplaçant les volumes et en découvrant un texte passionnant de l’année 1900 ou 1985. Au fur et à mesure, je me suis aussi rendu compte que j’avais trop peu de place pour proposer des articles 6 in extenso et que ce serait encore plus frustrant de publier seulement 3 ou 4 textes (à noter que les textes parus dans la revue étaient souvent nettement plus longs avant), aussi ai-je pris le parti des morceaux choisis. Pourquoi ces limitations? Parce que nous sommes dans une année 3-4 et parce qu’autrement le choix aurait été encore plus arbitraire. En me limitant à certaines années, j’avais plus de temps pour m’imprégner d’une décennie, mais sous l’angle d’une année seulement. Je voulais juste au hasard de mes lectures sélectionner quelques articles, soit toujours d’actualité soit le contraire. Dès le départ, j’imaginais bien des progrès en matière de lecture ou de scolarisation des filles. Je savais aussi que certains débats – comme la baisse de niveau – étaient récurrents, mais je n’avais pas idée qu’il y avait un large débat sur la mixité à l’école en Valais en 1881 déjà, et probablement avant, ou que le sentiment d’une autorité qui se délite était présent à la fin du XIXe siècle tout comme la question du bien-fondé des notes. Il serait néanmoins faux d’en conclure que rien n’a changé. Choisir un passage est toujours arbitraire, mais je crois que la solution retenue donne une petite idée des problématiques d’une époque. Il va de soi que chaque lecteur – mais aussi chaque auteur – aurait fait d’autres sélections, et je dois avouer que même moi j’aurais pu trouver d’autres centres d’intérêt à quelques heures d’intervalle. Impossible de le nier, je vous propose un choix forcément orienté. C’est donc dire que ma sélection n’est de loin pas le reflet de la réalité. C’est le résultat de lectures grappillées car, je l’avoue, je n’ai pas non plus tout lu. Néanmoins j’ai passé de nombreuses heures à me plonger dans L’Ecole primaire et L’Ecole valaisanne. Et je n’en suis pas ressortie indemne. J’ai été sensible à certains articles, franchement épatée souvent. J’ai également vécu des minutes de désespérance, me disant que tel débat était ancien, alors que je le croyais nouveau. Cela a modifié mon regard sur certaines thématiques actuelles. Résonances - Avril 2004 ) Au final, ce voyage dans le passé des revues pédagogiques valaisannes a aussi considérablement transformé mon regard sur Résonances, mais aussi sur d’autres revues pédagogiques contemporaines. Je crois qu’à jamais je resterai marquée par la qualité des débuts de L’Ecole primaire. La lecture était tellement passionnante que j’en ai vite oublié que c’était écrit avant la Première Guerre mondiale. Les idées d’avant-garde et l’ouverture aux réflexions pédagogiques venues d’ailleurs étaient déjà présentes dans l’école d’autrefois, et ce tout particulièrement vers les années 1900. Il y a bien sûr des époques qui m’ont moins passionnée, mais peut-être était-ce en partie parce que je me rapprochais du présent, et que ma faculté d’émerveillement diminuait. J’espère parvenir à vous transmettre, à travers mes choix, le plaisir que j’ai eu en parcourant la richesse de la réflexion pédagogique valaisanne de 1881 à nos jours. ( L es buts des revues Voici quelques fragments des messages introductifs (éditoriaux) évoquant les objectifs du Supplément valaisan au Bulletin pédagogique publié sous de la Société pédagogique valaisanne, de L’Ecole primaire, de L’Ecole valaisanne puis de Résonances. Supplément valaisan au Bulletin pédagogique (…) En créant ce supplément nous avons voulu tenir un compte spécial des intérêts scolaires du Valais. Aussi, toutes les correspondances valaisannes qui jusqu’ici paraissaient dans le corps même du Bulletin pédagogique fourniront-elles, avec d’autres communications, la matière de ce supplément qui revêtira par là un caractère exclusivement cantonal et servira, cas échéant, de lien entre les autorités scolaires à tous les degrés et le corps enseignant primaire. N° 1, janvier 1881. Les rédacteurs de L’Ecole valaisanne Michel Veuthey (1956-1959) – période où la revue est bilingue Eugène Claret (1959-1964) Paul Bourban (1964-1972) Jean-Pierre Rausis (1972-1980) Jean-François Lovey (1980-1987) Jean-Pierre Salamin, rédacteur ad interim (1987-1988) ( Résonances - Avril 2004 Les rédacteurs de Résonances Marie-France Vouilloz-Bekhechi (1988-1991) Jacques Darbellay (1991-1993) Paul Vetter (1993-1998) Paul Vetter et Nadia Revaz (1998-2001) L’Ecole primaire Voulant tenir compte des désirs manifestés de divers côtés, et d’accord avec le Comité de la Société valaisanne d’Education, sous les auspices de laquelle elle continuera de paraître, nous apportons un changement au titre de la présente publication qui portait jusqu’ici celui de Supplément valaisan au Bulletin pédagogique. L’éditeur de L’Ecole primaire: P. Pignat, secrétaire à l’Inst. Publ., n° 1, novembre 1882. L’Ecole valaisanne En toute simplicité, L’Ecole valaisanne vient offrir à ses lecteurs ses premiers hommages. Elle part à leur conquête avec confiance, car elle n’a d’autre ambition que de chercher à les aider. Elle peut d’ailleurs s’appuyer dès le début sur une longue expérience. En effet, si elle est neuve sur plusieurs aspects, elle continue L’Ecole primaire, qui fut pendant 75 ans l’organe de la Société valaisanne d’éducation. (…) Depuis longtemps, M. Bérard songeait à une transformation de L’Ecole primaire. Il s’agissait tout d’abord d’étendre la revue à tout le personnel enseignant du Valais. On déplore souvent la séparation existant entre le Haut et le Bas-Valais; on déplore encore plus l’absence de rapports entre les enseignements primaires, professionnels et secondaire. (…) Si chaque maître, dans chaque degré, connaissait mieux les besoins et les buts des autres degrés, ne serait-il pas plus facile de s’entendre? Michel Veuthey, n° 1, novembre 1956. Résonances La qualité d’une revue pédagogique se mesure à l’attention que lui portent ses lecteurs et à l’ouverture qu’elle propose sur la société actuelle. Si une telle revue concerne d’abord les enseignants du canton, elle se doit aussi de tenir compte des partenaires de l’éducation que sont les parents. (…) La rédaction se propose d’aborder, durant l’année scolaire, un thème particulier par mois. Marie-France Vouilloz-Bekhechi, n° 1, septembre 1988. 7 C ’était écrit en 1883-1884 dans L’Ecole primaire L’Ecole primaire était publiée sous les auspices de la Société valaisanne d’éducation. En 1883-1884, la revue paraissait chaque quinzaine, de novembre à avril inclusivement, en livraisons de 16 pages. Chronique scolaire Un brave agriculteur de Liddes, nommé J.-Jos. Bastian, décédé le 21 octobre dans sa commune à l’âge de 80 ans, a légué aux écoles de son village natal la jolie somme de 2160 francs. Le rôle du livre dans l’enseignement Il ne faudrait jamais admettre dans une classe un livre où les principes religieux ne seraient pas rigoureusement respectés, qui n’offrirait qu’une morale douteuse, qui renfermerait des choses exagérées, des principes faux ou erronés, sous quelque forme ou sous quelque apparence qu’ils se présentent. F. Majoric, n° 1, p. 22. un petit nombre des instituteurs et des auteurs de manuels de géographie: baser l’étude de la géographie d’un pays sur l’étude de la carte de ce pays, subordonnant ainsi ce qu’on est convenu d’appeler la géographie politique à la géographie physique. J. Magnenat, n° 9, p. 139. Message aux abonnés de l’époque Nous ne saurions nous dispenser d’adresser quelques paroles de bienvenue et de remerciements aux nombreux instituteurs et institutrices d’autres cantons, de celui de Fribourg en particulier, qui ont bien voulu honorer de leur souscription L’Ecole primaire. P. Pignat, n° 9, p. 129. Conthey, classe d'Anita Fontannaz, 1936. But de l’enseignement de la langue Il ne doit pas s’écouler un seul jour sans que les enfants soient exercés à reproduire correctement, de vive voix et par écrit, ce qu’ils auront lu. C’est dans l’habileté à exprimer par écrit ses propres pensées ou les pensées d’autrui qu’on a le plus sûr criterium pour juger si l’enseignement de la langue maternelle est donné d’une manière convenable. Dès que l’écolier peut faire une description, une lettre renfermant une suite d’idées et de propositions bien coordonnées quant à leur objet, sans commettre des fautes d’orthographe trop choquantes, on peut dire qu’il a reçu un bon enseignement de la langue maternelle, même s’il ne devait pas savoir distinguer un adjectif d’un adverbe. Tiré des Principes d’Education et d’Enseignement à l’usage des aspirants-instituteurs, n° 12, p. 185. © Fonds Conthey, Médiathèque Valais - Martigny. Enseignement de la géographie par la cartographie Depuis un certain nombre d’années, bien des efforts ont été faits pour améliorer l’enseignement de la géographie dans nos écoles publiques, enseignement qui, chacun le sait, est demeuré longtemps le plus défectueux. De réels progrès se sont accomplis, ce qui ne veut pas dire qu’il ne reste plus rien à faire. Je me bornerai à signaler, entre autres, une réforme, très importante, et qui n’est encore acceptée que par L’institutrice L’institutrice et l’instituteur: n’est-ce pas le même rôle, le même but, le même dévouement, la même vie semée de sacrifices, d’efforts et de privations. L’un prépare l’homme, l’autre, la femme. Et je ne crains pas de dire que le rôle de l’institutrice est aussi important et plus délicat que celui de l’instituteur. L’instituteur s’occupe principalement de l’instruction, c’est-à-dire des idées, des connaissances et du savoir. L’institutrice penche pour l’éducation qui embrasse les habitudes, les sentiments, les mœurs, qui est l’enseignement de nos rapports avec nos semblables, de nos devoirs envers la famille et envers Dieu. Extrait de Voyage au Pays du Bien, par Fulbert Dumonteil, n° 11, p. 161. 8 Résonances - Avril 2004 ) C ’était écrit en 1893-1894 dans L’Ecole primaire Les articles de cette année-là traitaient de thématiques fort variées (la lecture, l’autorité, la vocation, le placement du personnel enseignant en été, etc.). Il y avait aussi une partie pratique, présentant les thèmes donnés aux examens des recrues. S’ajoutaient à cela des récits, des pensées, des anecdotes scolaires, etc. Les feuilletons étaient à la mode et nombre d’articles – très longs selon nos normes contemporaines – étaient fréquemment découpés en épisodes. De bonnes habitudes à l’école primaire «Il faut que l’instituteur donne l’exemple d’une parfaite distinction à l’école; qu’il évite les paroles dures, ou blessantes, les gestes violents et désordonnés, les brusques rappels à l’ordre, qu’il traite les élèves avec douceur, qu’il ne prenne pas un cahier, qu’il n’interroge pas un élève sans y mettre des formes polies; que dans ses visites aux parents, dans ses relations avec le public, il se distingue du rustique paysan par son tact et son savoir-vivre.» Extrait du Bulletin de l’Instruction primaire de la Corrèze. N° 3, p. 35. Les devoirs à domicile Les devoirs à domicile constituent un procédé éminemment propre à inculquer à l’élève l’habitude de produire quelque chose par lui-même. (…) L’ordre, la régularité, la propreté, l’économie, le courage, la persévérance, la soumission sont autant de vertus à la pratique desquelles l’enfant s’exercera en accomplissant sa petite tâche journalière. N° 4, p. 53. Examen des recrues Nous vous recommanderons tout d’abord d’apporter un soin particulier à obtenir une bonne lecture, de manière que les élèves, non seulement lisent couramment, sans aucune hésitation, avec correction et bonne prononciation, avec pauses et articulation distincte, un alinéa quelconque, mais qu’ils en saisissent le sens et sachent, au besoin, le répéter de vive voix, du moins quant au contenu. (…) Prochain dossier: L’enseignement du français, d’hier à demain, ici et ailleurs. ( Résonances - Avril 2004 Anecdote scolaire Le jeune Mardochée se présente à un examen. – L’instituteur: si votre père emprunte 1000 fr. avec promesse de rembourser à raison de 250 fr. par an, combien devra-t-il au bout de 3 ans? – 1000 fr. – Mais, mon enfant, vous ne connaissez pas le premier mot de l’arithmétique. C’est possible… mais je connais mon papa. Il en est de même 1° de toutes les leçons: elles doivent être expliquées et comprises avant que les élèves les apprennent; 2° de tous les exercices de grammaire et de style destinés à amener à l’art difficile d’exprimer facilement leurs pensées, qui est cependant le but principal de tous les exercices précédents; car à quoi le bon instituteur peut-il viser, sinon à mettre son élève en état de rendre ses pensées par la parole et par l’écriture? Par le chef du Département, Roten, n° 5, p. 65. Du manque de fermeté dans l’éducation Bien rares sont de nos jours les hommes de caractère, bien rares sont ceux qui savent se tracer un plan de conduite et le suivre: on ne rencontre plus que légèreté et laisser-aller sur toute la ligne. D’où provient cet état de choses: du manque de fermeté dans l’éducation. Aujourd’hui, les enfants sont choyés, dorlotés, gâtés à qui mieux mieux. On leur accorde tout ce qu’ils veulent et comme ils le veulent, de crainte de les rendre malades en ne satisfaisant pas tous leurs désirs. En un mot, on veut en faire non pas des hommes utiles à la société, mais des petits dieux. N° 5, p. 69. A noter que ces mêmes propos étaient repris dans la revue en tant qu’extraits de «l’Art de commander», ouvrage qui connut un vif succès à l’époque. Méthodes d’enseignement L’emploi uniforme du temps des classes, l’usage des mêmes méthodes d’enseignement, voilà, ce me semble, les deux conditions sine qua non pour poursuivre sûrement et plus rapidement la marche progressive de l’éducation et de l’instruction dans notre cher Valais. Dans le programme de notre enseignement primaire, il est une matière, base de toutes les autres, – la religion à part – et dont la primauté d’importance n’échappe à personne; j’ai nommé la langue. N° 8, p. 116. 9 C ’était écrit en 1903-1904 dans L’Ecole primaire Le 1er janvier 1904, l’année de L’Ecole primaire cesse de commencer d’octobre à avril pour débuter en janvier. Variétés On demande à Toto si son instituteur est content de lui. – Oh oui, répond-il fièrement; il m’a dit que si je continue comme cela l’année prochaine, je serai le doyen d’âge de la classe. Difficultés du début Je visitais l’autre jour la classe d’un jeune maître sorti tout récemment de l’école normale. Ce n’était pas brillant, tant s’en faut; le pauvre jeune homme se débattait au milieu d’une cinquantaine d’enfants, tous plus remuants les uns que les autres, les sermonnant à propos de tout et de rien, au moyen de longues harangues, dont le premier résultat était de leur faire perdre un temps précieux. T*****, n° 2, p. 17. par de douces remontrances et la promesse de les récompenser s’ils se conduisent mieux à l’avenir? Nous le sentons bien, quand l’affection, aidée des récompenses, ne suffit pas, il faut bien avoir recours aux punitions. Pierre Fournier, inst. à Euseigne, n° 4, pp. 52-53. Récréations ou sorties scolaires Dans nos écoles de montagne, l’habitude des récréations ou des sorties scolaires n’a pas encore pris. Les considèret-on comme une perte de temps? Ce serait un tort. Gibé, inst. à Combaneire, n° 2, p. 19. Le tableau noir Le recours au tableau noir doit être continuel. Sans aller jusqu’à s’écrier avec un auteur: «Le tableau noir, c’est la vie de l’enseignement», on peut dire aux régents: «Usez-en, usez-en beaucoup». La poussière de craie sur les mains et sur les habits du maître est comme la poudre à la figure du soldat, un signe qu’il fait son devoir et comprend bien son métier. Gieffe, n° 5, p. 67. © Benedikt Rast, Médiacentre, Fribourg. Des récompenses et des punitions Certaines gens prétendent que l’on peut conduire un enfant par le seul moyen de la persuasion et des récompenses. Mais alors pourquoi ne démolissons-nous pas les prisons et ne rendons-nous pas la liberté à ces criminels détenus que l’on pourrait peut-être ramener au devoir Chanoine professeur devant un tableau noir, vers 1955. 10 Le goût de la lecture Ce sont ces livres agréables qui, après avoir captivé l’enfant ont chance de pénétrer avec lui dans la famille. Il faut, dans un tel milieu, parler à l’imagination et à la sensibilité avant de s’adresser à la raison plus mûre. Il faut commencer par ce qui amuse, poursuivre par ce qui instruit, achever par ce qui élève. Mais s’il ne faut pas proscrire les ouvrages faits pour distraire, il y a des ouvrages sérieux (sciences, économie, politique) dont les instituteurs devront surtout recommander la lecture aux plus intelligents de leurs élèves, après les avoir lus eux-mêmes. N° 6, p. 94. Quelques conseils pour l’orthographe 1° Empêcher que les enfants ne contractent, au point de vue de l’orthographe, de mauvaises habitudes. 2° Apporter dans son enseignement, plan, suite et graduation; ne pas oublier que chaque leçon doit avoir un objet précis. 3° Comprendre que l’étude de l’orthographe est affaire d’observation, de raisonnement et de pratique. N° 7, pp. 105-106. Résonances - Avril 2004 ) C ’était écrit en 1913-1914 dans L’Ecole primaire A cette époque, L’Ecole primaire donne de 10 à 12 livraisons de 16 pages chacune, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8-16 pages pendant l’année ordinaire (soit du 1er janvier au 31 décembre). Nouveau livre de lecture Le personnel enseignant primaire valaisan accueillera certainement avec la plus vive satisfaction la bonne nouvelle que nos écoles vont enfin être dotées d’un livre de lecture spécialement rédigé pour elles et publié par les soins du Département cantonal de l’instruction publique. Cet ouvrage, enrichi d’une centaine d’illustrations, est appelé à paraître dans quelques semaines, le manuscrit, entièrement livré, s’en trouvant actuellement à l’impression. Il a pour titre: Livre de lecture à l’usage des écoles primaires du canton du Valais (cours moyen et supérieur). Le nouveau manuel – dont la rédaction fut confiée à une commission de trois membres, composée d’hommes d’école des plus compétents – est appelé à combler une importante lacune. N° 7, p. 97. Enseignement de l’écriture Autrefois, l’enseignement de l’écriture occupait à l’école primaire une place prépondérante: on sait avec quel soin et quelle habileté écrivaient les instituteurs. Une réaction a suivi, mais elle a été trop forte, car, malgré l’emploi, dans le commerce, de la machine à écrire, la bonne écriture reste très appréciée et ce sera toujours être agréable aux gens qui vous lisent que de leur épargner la fatigue et l’ennui d’un déchiffrement. On doit donc chercher à faire acquérir à l’enfant une écriture très lisible et assez rapide. Cela demande un enseignement méthodique et des soins persévérants. N° 7, p. 101. L’alphabet en chocolat Un maître d’école vient d’appliquer une originale méthode d’enseignement: l’alphabet en chocolat. (…) L’appât de la gourmandise surexcite ces petits cerveaux et il paraît qu’en trois jours à peine les élèves reconnaissent toutes les lettres et composent de nombreux mots. Il ne coûte que d’essayer. Mais sans doute le moyen n’est pas à la portée de chacun. ( Résonances - Avril 2004 Pensée La curiosité des enfants est un penchant de la nature qui va au-devant de l’instruction; ne manquez pas d’en profiter. Fénelon L’Ecole ménagère Ainsi enseignée, la jeune élève ménagère devient tour à tour cuisinière, infirmière, mère de famille, repasseuse, couturière, jardinière même. Rien ne lui paraîtra ennuyeux dans ces occupations familiales, parce qu’elle comprendra bien que la femme qui veut commander dans sa maison doit connaître et savoir faire les choses qu’elle ordonne et en posséder l’expérience pratique. Par Mme Lucie de Courten, supplément du n° 8 de «L’Ecole» Importance de l’attention Les conseils, que l’on pourrait donner pour la pédagogie de l’attention, ressemblent sur bien des points à ceux qui concernent la pédagogie de la mémoire. Et, tout d’abord, il est des heures où il vaut mieux qu’à d’autres demander aux enfants un effort d’attention; le matin est toujours préférable; de plus, il ne faut pas exiger que cet effort soit continu, ni même, en général, de bien longue durée sans un repos appréciable et qui change complètement le cours des idées; plus l’enfant est jeune, en tout cas, et plus l’effort doit être limité. N° 5, p. 72. La lecture à haute voix On se plaint souvent que les enfants ne savent pas lire. Il ne s’agit pas ici bien entendu de la lecture matérielle, car on trouverait difficilement dans les Cours moyens de nos écoles primaires des élèves incapables de déchiffrer couramment un texte imprimé, mais bien plutôt de la façon de lire qui laisse à désirer. La constatation en a souvent été faite soit dans les écoles elles-mêmes, soit dans les examens de divers ordres, et on a remarqué que beaucoup d’écoliers et de candidats lisent d’une manière peu intelligible et peu intelligente. H. C., n° 5, p. 72. 11 C ’était écrit en 1923-1924 dans L’Ecole primaire Dans les années 20, par rapport aux années précédentes, le contenu des numéros est davantage lié au budget. grammes sont surchargés quoique la durée de la scolarité demeure invariablement la même. Extrait du «Valais», n° 2, p. IV. Pensée pédagogique Avant toute chose, les instituteurs doivent posséder la vraie connaissance du Christ, en sorte que, fondant leur vie sur le christianisme, ils accomplissent leur mission devant Dieu en vue du salut, et qu’ainsi, par le dévouement et le bon exemple, ils rendent heureux leurs élèves en cette vie et les préparent encore à la félicité éternelle. Les païens eux-mêmes avaient senti tout ce qu’il y a de grand, d’élevé, dans la charge d’éducateur. «Le plus bel emploi de la sagesse des vieillards, disait Cicéron, c’est l’éducation de la jeunesse.» - Et Platon: «Il n’y a rien de plus divin que de former les enfants à la vertu.» N° 7, p. 33. Conférence de l’Instruction publique Les directeurs des Départements de l’instruction publique se sont réunis en assemblée annuelle le samedi 26 avril écoulé, à Lausanne. La discussion s’est ouverte sur de nombreux problèmes qui intéressent le développement de l’instruction primaire post-scolaire, secondaire et classique. N° 5-8, p. IV L’enseignement post-scolaire Ce sera le principal objet à l’ordre, disons le plat de résistance, du prochain Congrès pédagogique valaisan qui tiendra ses assises à Martigny en avril. En choisissant ce thème le Comité de la Société valaisanne d’éducation présidée avec autant de distinction que de compétence par M. le député Thomas, a été particulièrement bien inspiré. C’est une question de toute actualité que celle de l’enseignement post-scolaire. (…) L’enseignement primaire donné dès l’âge de sept à quinze ans inclusivement n’est ordinairement pas suffisant pour «meubler» une intelligence moyenne des connaissances nécessaires à la vie courante. Les pro- 12 © Oscar Darbellay, Médiathèque Valais - Martigny. La situation matérielle de nos instituteurs C’est avec un vrai chagrin que nous enregistrons le vote émis par le Grand Conseil dans sa dernière session à l’occasion de la discussion du budget. (…) En cette circonstance, notre personnel enseignant a compté une fois de plus de chauds et éloquents défenseurs de leurs légitimes intérêts et de leurs justes revendications. (…) Malheureusement, tous leurs efforts sont venus se briser contre la volonté tenace et irréductible de nos députés de rogner partout sans se demander si toutes leurs réductions ne ressemblent pas quelquefois à des économies de bouts de chandelles. P., n° 12, p. 50. L’enseignement primaire au Grand Conseil Il s’agit d’une révision partielle de la loi de 1907 sur l’enseignement primaire afin de la mettre en harmonie aux exigences actuelles. La Commission, par l’organe de son président M. Thomas, propose le renvoi momentané de cette révision, laquelle imposerait vraisemblablement une dépense nouvelle de Fr. 107’000.- pour l’Etat et une somme égale pour les communes. Il y aurait peut-être lieu de refondre la loi actuelle. On sait que le projet comporte une prolongation de la durée de la scolarité, l’introduction de l’enseignement ménager obligatoire et de porter à 4 ans les études normaliennes. N° 5-8, p. IV. Montana, sœurs donnant une leçon, vers 1940. Résonances - Avril 2004 ) C ’était écrit en 1933-1934 dans L’Ecole primaire L’Ecole primaire des années 1933-1934 reste dans la ligne des éditions des années précédentes. A propos de la fermeture des classes Quoique la situation financière du canton soit difficile en ce moment, le Département de l’I. P. n’entend nullement faire des économies qui seraient de nature à entraver les progrès réjouissants de l’enseignement primaire. Le Département entend suivre un programme basé sur la justice distributive. C’est pourquoi il a cru tout d’abord utile de faciliter la tâche du maître en dédoublant les classes surchargées et en réunissant d’autres comprenant un effectif trop réduit. (…) En 1912-13, il y avait en Valais 618 classes avec une moyenne de 34 élèves. Pendant le cours scolaire 193233, 23’388 élèves ont fréquenté nos 752 classes primaires, ce qui donne une moyenne de 31 élèves. En 20 ans, il y a eu une augmentation de 134 classes dans le même temps que la fréquentation moyenne des classes a diminué de 3 unités. N° 9, p. 252. Difficultés orthographiques L’orthographe française est extrêmement difficile. Elle fait bien souvent le désespoir des maîtres et des élèves. Et après des années d’étude du vocabulaire et des règles de grammaire, les résultats restent médiocres. Rares sont, en effet, ceux, qui même après des études classiques, parfois des études supérieures, possèdent une orthographe impeccable et n’ont besoin que rarement de consulter le dictionnaire ou la grammaire. (…) Il ne reste donc aux maîtres et aux élèves qu’à prendre les choses comme elles sont; à en tirer le meilleur parti possible; à s’appliquer à l’acquisition de l’orthographe par l’étude sérieuse d’un vocabulaire étendu et des règles de la grammaire; enfin par la lecture et l’usage fréquent d’un dictionnaire. La grammaire et le dictionnaire sont des livres qu’on devrait rencontrer avec le catéchisme, la Bible et l’Evangile dans toute famille. N° 10, pp. 320-322. Des punitions En règle générale, il faut proscrire dans l’éducation publique des enfants toute punition corporelle et toute peine physique ou morale contraire au sentiment ( Résonances - Avril 2004 de la dignité personnelle de l’élève. Les coups avec la main ou quelque instrument, de quelque façon et sur quelque partie du corps qu’ils se donnent, sont des moyens disciplinaires auxquels un instituteur qui se respecte et respecte ses élèves se fait un strict devoir de ne jamais recourir. N° 13, p. 393. L’orientation de l’enseignement primaire Autrefois, gémit-on de toutes parts, l’école primaire formait des élèves qui avaient de l’orthographe et qui savaient calculer: à ceux d’aujourd’hui, demandez une multiplication de nombres décimaux, demandez la conjugaison d’un verbe usuel – rire par exemple, – vous rirez certes, de la fantaisie arithmétique et grammaticale qui vous sera offerte. Et l’on ajoute: «C’est parce que l’école primaire devient une petite université qui donne des clartés de tout, ce qui empêche d’approfondir les choses essentielles». Voilà un point de vue. Mais, répliquent nombre de pédagogues, cette formation que vous souhaitez serait, à notre époque, bien insuffisante. Jadis, l’homme du peuple pouvait, à la rigueur, ignorer tout de l’histoire, de la géographie, des sciences naturelles. Mais aujourd’hui! N° 13, p. 396. Radio scolaire La Société romande en faveur de la diffusion de la Radio développe son activité envers l’Ecole. L’année dernière, plusieurs séances ont été organisées spécialement pour les classes primaires; elles ont eu trait à des leçons de chant, de musique, de géographie, des causeries variées et intéressantes. N° 1, p. 3. Chronique de l’Union Quant à la mise à la retraite d’office à 55 ans, solution qui nous avait tant effrayés il y a quelques jours, il n’en a paraît-il jamais été question sérieusement. M. le Chef du Département, bien à propos, nous a tranquillisés. (…) Les anciens qui se sentaient en danger et sous le coup de cette menace peuvent donc boucler leurs malles sans inquiétude et dire «au revoir» à leurs élèves. Nous nous associons à leur joie et leur souhaitons de bonnes vacances. M, n° 8, p. 211. 13 C ’était écrit en 1943-1944 dans L’Ecole primaire Dans ces années-là, au sommaire de L’Ecole primaire on trouvait des communications diverses, une partie pédagogique, une partie pratique, des informations pédagogiques, une bibliographie ainsi qu’une rubrique nécrologie. La partie pratique était développée autour de centres d’intérêt en lien avec la langue française, de leçons de choses, histoire, etc. L’école pour la vie L’angoisse du temps présent n’effleure pas l’école. Les enfants continuent leur doux travail dans la salle chauffée derrière les vitres où danseront les flocons de neige; – ou bien c’est le printemps, et le bourdonnement des abeilles avec le parfum des fleurs. Et cela est bien: oasis préservée au matin de la vie. Mais… pendant ce temps-là, puis-je oublier que le monde saigne? Que tout près de nous les familles sont peut-être dans le labeur et les larmes? (…) C’est beau d’enseigner la grammaire et le calcul; c’est plus beau de contribuer à l’édification de la cité harmonieuse. M. M., n° 2, p. 37. A propos de la suppression des notes scolaires En résumé, la suppression des notes scolaires dans les écoles supérieures de La Chaux-de-Fonds ne reconnaît plus aux parents le droit de suivre le travail de leurs enfants, de les conseiller, de leur faire des observations que nécessitent parfois leur conduite à l’école. (…) La nouvelle méthode permet toutes les suppositions, fait naître des jalousies et laisse supposer l’existence de petites combinaisons en créant une ambiance de préférence ou de favoritisme. N° 2, p. 40. Le patois «Le dialecte ne doit pas être repoussé dans son ensemble. Il y a quelque chose de triste dans son abandon. C’est agir contre soi-même, renoncer à une douce atmosphère domestique et populaire qui ne peut se garder sans lui.» C’est Henri de Ziegler qui parle ainsi. L’avis n’est pas à rejeter. Avant lui, Mistral a trouvé des mots simples et clairs pour exprimer la même pensée. (…) 14 Le patois, ennemi du français? Erreur! Je préfère un écolier qui vient vers moi le premier jour en parlant un bon patois, à celui qui jargonne un pitoyable français. Jean Follonier, n° 4, pp. 110-112. Nouvelles méthodes Une certaine pédagogie est en vogue. Elle nous vient d’Italie, de Belgique. On est Decrolyen, Montessorien ou pédagogue traditionaliste. (…) Que faut-il penser de ces nouveaux systèmes d’éducation? Certains, trop pressés ou les connaissant insuffisamment, les rejettent en bloc. (…) Je ne crois pas qu’il soit opportun de partir en guerre au nom des Anciens contre les Modernes. Si ceux-ci se trompent, rappelons-nous qu’il y a dans toute erreur une parcelle de vérité et recherchons-la. M. Hamayon, n° 7, p. 206. A propos des notes scolaires Il nous est venu un jour l’idée d’annoncer à la classe, que serait classé premier celui dont le nombre de fautes aurait le plus diminué sur la semaine précédente. Le résultat fut surprenant. (…) Cette petite expérience nous incite à émettre l’opinion que l’on gagnerait à accentuer la note «progrès» au détriment de la note force. N, inst., n° 11, p. 328. La Caisse de Retraite du Personnel enseignant, exercice 1943 Le traitement du régent de 1906 ne permettait pas de réaliser des économies pour les vieux jours. Aussi devenait-il urgent de créer une institution de prévoyance. N° 14, p. 422. L’instituteur et la psychologie La leçon doit être une réponse à une question, dit Claparède; en d’autres termes, la leçon doit intervenir lorsque l’utilité de la valeur est pressentie par l’enfant. Est-ce à dire que cette attitude fonctionnelle soit toujours possible, toujours désirable? Nous ne le pensons pas, car si d’une part l’enfant doit comprendre et vouloir par lui-même, il doit aussi automatiser et obéir pour son bien. Ces deux mécanismes ne sont pas contradictoires et l’éducation intelligente doit savoir insister à tour de rôle sur chacun d’eux. A. Rey, professeur à l’Institut des sciences de l’éducation, n° 14, p. 426. Résonances - Avril 2004 ) C ’était écrit en 1953-1954 dans L’Ecole primaire Les numéros de 1953-54 contiennent quelques illustrations et la partie pratique gagne en importance, avec l’introduction en cours d’année de fiches de lecture silencieuse. Méthodes: la fin et les moyens Qui dit école dit livres; pas d’écoles sans livres. Mais le livre n’est qu’un moyen pour accéder à la réalité et nullement une fin en soi. De celui qui, au lieu de contempler un paysage à travers ses jumelles, se contenterait d’examiner curieusement cet instrument d’optique, on dirait avec raison qu’il n’a pas toute sa raison. Dans l’école, la querelle des anciens et des modernes est de toujours. Périodiquement, l’école dite moderne accuse l’école traditionnelle de faire la part trop belle aux branches qui s’enseignent par la voix et l’imprimé. Marcel Michelet, n° 6, p. 203. © Fonds Vieux-Monthey, Médiathèque Valais - Martigny. Conseils aux débutants dans l’enseignement C’est un moment important que celui où un maître débutant se trouve pour la première fois dans une salle de classe devant des élèves qu’il ne connaît pas encore, et qui, eux, ne le connaissent pas non plus. De ce moment peut dépendre sa réussite ou son échec sinon total du moins partiel. Il s’agit donc pour lui de savoir quelle attiScolarité tude il prendra, ce A peine arrivé au Déqu’il devra dire ou ne partement de l’inspas dire, de quelle truction publique, manière il donnera Monsieur le conseilsa première leçon, ler d’Etat Gross s’est quel travail d’applidonné pour tâche la cation il imposera, réforme de notre enbref comment il étaseignement. Œuvre blira dès le premier méritoire s’il en est jour son autorité et qui continue et comson prestige; car si plète celle entreprise l’autorité vient à faipar son prédécesseur Monthey, classe du curé Joseph Courthion, vers 1900. re défaut, la classe Monsieur Pitteloud. ou l’école sera rapidement un foyer d’indiscipline, de Il y a lieu tout d’abord d’augmenter la durée moyenne mauvaises habitudes et même de vices. de la scolarité qui est la plus basse de Suisse. En effet, (…) Résumons ce qui précède par ces mots: grande diprès de la moitié de nos classes ne s’ouvrent que pengnité du maître, calme imperturbable, égalité d’hudant 6 mois; pour être exact, 40% dans le Bas-Valais et meur, discipline sévère, mais non brutale, policière, 52% dans le Valais romand. travail d’élèves intéressant et utile, préparation réguCl. Bérard, n° 9, p. 302. lière et soigneuse de la classe. A ce prix tout ira pour le mieux. Campagne d’éducation routière 1954 J., n° 2, p. 19. Sous le thème «Respectez signes et signaux», une campagne d’éducation routière aura lieu fin mai/ début juin 1954 dans toute la Suisse. Les DéparteL’instruction religieuse dans les Ecoles primaires ments de police et des travaux publics, ainsi que les En voyant figurer les leçons de religion dans l’horaire associations et institutions intéressées à la circulation de classe, mainte personne enseignante peut être tenroutière collaborent à l’organisation de cette camtée de croire que l’histoire sainte et le catéchisme sont pagne; les écoles devront aussi en bénéficier, car on des matières scolaires comme les autres et qu’il faut déplore trop souvent des accidents dont les enfants bien les traiter puisqu’on les demande aux examens. sont victimes. On sera même tenté de les réduire en faveur de choses plus pratiques. Erreur grossière. Le chef du Département de l’instruction publique, M. Gross, n° 14, p. 490. C. Gribling, S. M., Sion, n° 3, p. 90. ( Résonances - Avril 2004 15 C ’était écrit en 1963-1964 dans L’Ecole valaisanne Faisant suite à L’Ecole primaire, L’Ecole valaisanne a vu le jour en 1956. En 1963-1964, la revue a donc dépassé l’âge de raison. La revue comportait alors une partie générale, une partie officielle et une partie pratique. Fait frappant, la publicité, présente dès les débuts de l’école primaire, était très présente dans les années 60. Délicatesse Notre technique moderne est admirable: elle rend la vie plus confortable, mais non plus heureuse. Nous pouvons redevenir sauvages en dépit du frigidaire et du transistor, parce que l’éducation du cœur n’a rien à voir avec les progrès de la technique. Crocus, n° 1, p. 4. Lectures pour nos grandes filles qui font des études La multiplication des moyens audiovisuels des appareils de télévision, des magazines illustrés a pu faire craindre, il y a quelques années, que la civilisation du livre ne soit détrônée par celle de l’image. Sans préjuger de l’avenir, disons que le moment n’en paraît pas venu. En tout cas, les réponses des jeunes à de récentes enquêtes montrent que la lecture figure en bonne place parmi leurs loisirs. Monique Debure, Revue «Parents et Maîtres», n° 40, juin 1963, in n° 1, p. 10. Le décalogue pédagogique Chercher par tous les moyens à créer une bonne atmosphère de classe. Aimer les enfants et leur témoigner beaucoup d’affection, d’amitié. Etre gai, patient, bienveillant, ferme et calme. Rire souvent. Chanter beaucoup. Favoriser l’expression libre, le texte libre, le dessin libre, le calcul vivant, la recherche, l’esprit d’initiative. Imprimer ou polygraphier les textes d’enfants, les ré- Humour Le marmot a rapporté une très mauvaise note en calcul. Son père décide de s’en occuper. Si tu as 7 oranges, dit-il, et que tu en ajoutes une, ça fait combien d’oranges? Je ne sais pas, répond le marmot, à l’école on compte toujours en pommes. 16 sultats de leurs enquêtes, de leurs interviews, le compte rendu de leurs initiatives, l’analyse de films… pour en constituer un intéressant LIVRE DE VIE, qui sera échangé avec des classes correspondantes. Tirer son enseignement de ce que la vie nous apporte. Travailler dans le concret. Faire beaucoup de travaux manuels et de sport. Travailler à la mesure de chacun. Individualiser l’enseignement et favoriser le travail en équipe. Adopter le système d’entraide et de collaboration entre élèves. Adopter la pédagogie de l’encouragement. Faire en sorte que tout ce qui est entrepris aboutisse autant que possible à la réussite, au succès. Ne pas mettre de notes mais des appréciations encourageantes telles que: bien, bravo, etc. ou alors «vu» quand les résultats ne sont pas satisfaisants. Chercher les dispositions particulières de chaque élève en vue d’en faire un moniteur (lecteur, calculateur, géographe, dessinateur, peintre, gymnaste, opérateur, etc.). Favoriser et encourager les bonnes actions. Relever les faits positifs: conduite, effort, persévérance, ordre et propreté, discipline, politesse, initiatives, égards, esprit d’entraide, maîtrise de soi, etc. Quand l’atmosphère de la classe est devenue ce qu’elle doit être, demander aux élèves de se constituer en petite communauté républicaine avec son comité, ses lois, ses charges, ses responsabilités. Favoriser l’esprit civique. Viser au SELF GOVERNMENT et faire confiance. Apprendre à vivre dans l’harmonie. Par Edgar Sauvain, instit., Bienne, n° 8, p. 14. Pas de mathématiques sans efforts C’est en 1959, après plusieurs années d’expérience, que la méthode Cuisenaire a été officiellement adoptée par le Département de l’instruction publique pour les classes de la partie romande de notre canton. (…) Au sujet de l’application de la méthode, on constate que du côté des élèves il n’y a absolument aucune difficulté. Bien au contraire, il suffit de voir les classes au travail pour se rendre compte combien le matériel réglettes correspond à la psychologie de l’enfant. Tous les maîtres qui, sans idées préconçues, ont honnêtement tenté l’expérience sont unanimes à déclarer que jamais ils ne voudraient revenir à leur ancienne méthode. Léo Biollaz, n° 6, p. 13. Résonances - Avril 2004 ) C ’était écrit en 1973-1974 dans L’Ecole valaisanne 1973-1974 correspond à un changement de format du Bulletin du personnel enseignants du Valais romand. C’est aussi l’arrivée des photos. Réflexions sur le cycle d’orientation En septembre 1974 sera introduit en Valais un nouveau système scolaire concernant les élèves de douze à quinze ans et appelé «cycle d’orientation». (…) Il apparaîtra à chacun que le cycle d’orientation prévu pour l’an prochain exigera beaucoup de doigté dans sa mise en place. Et cela, parce qu’il repose sur deux exigences contradictoires. La première est qu’il faut retarder le choix d’une profession et des études qui y préparent pour ne pas faire fausse route; la deuxième est qu’il n’est pas nécessaire d’attendre l’âge de 14 ans pour permettre à un élève intelligent de foncer de l’avant. Ce sera la tâche de l’école romande de trouver la solution du compromis. Eug. Claret, n° 1, pp. 47-49. Le droit à la parole Le développement de l’expression verbale est un aspect de la formation des élèves qui laisse encore à désirer dans les écoles de notre canton. (…) Le mal proviendrait-il d’une indigence du vocabulaire? Sans doute y a-t-il avantage à connaître le plus grand nombre de mots d’une langue. Nos écoles s’y emploient, par toutes sortes d’excellents moyens: utilisation des dictionnaires, recherches d’homonymes, de mots contraires, analogues, complémentaires, apparentés, exercices à trous, étude de termes selon des listes de fréquences. Anselme Pannatier (éditorial), n° 3, p. 3. Rapport de la SPVal 1972-1973 Nous relevons avec une très vive satisfaction que durant l’exercice 1972-1973 l’activité déployée par la SPVal dans le domaine pédagogique a pris nettement le pas sur les questions matérielles. L’adoption, par le Grand Conseil, le 7 février 1973, du décret concernant l’alignement sur la moyenne suisse des traitements du P. E. est l’une des réalisations majeures qui nous ont permis d’étudier plus à fond les problèmes touchant directement à l’école. Joséphine Briguet, présidente, et Arthur Borloz, secrétaire, n° 4, p. 48. ( Résonances - Avril 2004 Avant-propos au numéro consacré au CO et à ses débouchés L’adaptation des âges scolaires aux clauses du concordat intercantonal, l’introduction, dans le Valais d’expression française, du nouveau programme cantonal romand et, en 1974, le début du Cycle d’orientation conjuguent leurs effets sur l’Ecole valaisanne. L’abondance des réformes qui en résultent peut dérouter, surtout aujourd’hui où l’école est devenue, dans le monde occidental, le champ d’élection dans lequel tous les prophètes de lendemains qui chantent aspirent à semer leur grain… ou leur ivraie, et réussissent parfois, dans les esprits, de belles moissons de confusion. Antoine Zufferey, chef du Département de l’instruction publique, n° 5, p. 4. Nouveaux catéchismes Depuis quelques mois une campagne a été menée contre les nouveaux catéchismes introduits officiellement dans notre diocèse. Des tracts («Que se passe-t-il au catéchisme?», des brochures («Savent-ils ce qu’ils défont?») ou des feuilles ronéotypées sous le titre de «FAC» sont répandus dans nos familles par une organisation anonyme qui ne signe pas ses articles. (…) Les catéchismes utilisés dans les quatre premières années d’école primaire depuis plusieurs années n’ont jamais été condamnés ni refusés par une instance de Rome. F. Pralong sm, n° 7, pp. 28-30. L’enseignant dans la société L’enseignant doit-il s’engager dans la société? Comment? A quel niveau? Pourquoi? En essayant de faire une rétrospective, sur ce plan, nous constatons que l’enseignant occupait il y a une vingtaine d’années – et peut-être encore dans certains petits villages – une place privilégiée au sein de la société. (…) Devant cette situation pouvons-nous dire en extrapolant que l’enseignant n’a plus de rôle important à jouer au sein de la société? Que la profession a perdu de son éclat? Je ne pense pas, car la profession enseignante reste avant tout un engagement collectif presque au service de la collectivité; cependant il paraît de plus en plus évident, – à l’époque de la spécialisation, – que l’enseignant choisisse son engagement. Jean-Pierre Rausis (éditorial), n° 9, p. 3. 17 C ’était écrit en 1983-1984 dans L’Ecole valaisanne Les années 1983-1984 sont marquées par une large part d’articles consacrés à la société. Dire ou taire la drogue à l’école? La drogue figure sans nul doute parmi les phénomènes contemporains les plus discutés et controversés. Elle dérange et interpelle. La perception du terme drogue est si différente qu’elle explique la difficulté à y porter un même regard. Le fléau drogue a tendance à être réduit à une relation entre «jeunesse» et «substances illégales». Le concept, pourtant, s’élargit. L’OMS propose, depuis quelques années, une définition qui englobe des substances qui nous sont chères parmi lesquelles l’alcool et la drogue. Etre candidat à la drogue n’est donc pas qu’une question d’illégalité. Le comportement de toxicomane peut être le partenaire de toute une vie. Jean-Daniel Barman (texte d’une conférence), n° 1, p. 5. Un exemple d’intégration de l’initiation aux massmedia Après sept ans d’une intégration tous azimuts, le brouillon se mue en une mosaïque cohérente. L’initiation aux mass-media est ressentie tant par les milieux politiques que pédagogiques, comme une nécessité. Gérald Berger (exemple de l’initiation fribourgeoise), n° 2, p. 36. L’école obligatoire et la sélection scolaire Ce thème de la sélection scolaire touche aussi bien aux fondements philosophiques et éthiques de l’école qu’aux aspects structurels et pratiques de sa quotidienneté. (…) L’intégration des mass-media à l’école. 18 Réfléchir sur la sélection invite à réfléchir sur le rôle de l’école, sa finalité, ses buts, les moyens humains qu’elle met en œuvre pour y parvenir, ses limites, ses défaillances, ses exigences d’adaptation et de renouvellement, sa volonté de démocratisation et les obstacles dressés sur ce chemin par les autres secteurs de la société. Jean-François Lovey, n° 4, p. 5. L’enseignement spécialisé et l’intégration L’enseignement spécialisé et l’intégration, ces deux notions, plutôt que de s’opposer, ne véhiculent-elles pas complémentarité et harmonie? (…) L’objectif éducatif d’intégrer les personnes handicapées est incontesté: tous les spécialistes sont en principe d’accord, en effet, que les uns et les autres nous devrions vivre ensemble. Où les opinions divergent, c’est surtout sur les moyens de favoriser ou de réaliser une telle intégration. Philippe Theytaz, n° 6, pp. 17-18. Réflexions sur la classe ouverte Entre les parents désireux de suivre leur enfant, soucieux de comprendre les mécanismes qui régissent l’école et le maître peu enclin à la critique ou à la discussion, il y a une tension indéniable: peur et rigidité caractérisent souvent des rapports pénibles et peu constructifs entre les partenaires d’une même éducation. (…) Les maîtresses enfantines ouvrent dans la majorité des cas leur classe aux parents. Pourquoi ne pas généraliser cette pratique à l’école primaire? Le débat sur l’instruction et sur son organisation en sortirait certainement grandi. Marie-Jeanne Bagnoud, Ghislaine Crouzy, maîtresses de 3e année, n° 8, p. 26. Chronique SPVal Année 1983-1984: grande activité En toute modestie, je crois qu’on peut dire que l’activité de la SPVal et de son comité cantonal a été intense durant cette année scolaire. La préparation du Congrès SPR à Sion, l’intensification des relations avec les responsables (du DIP, de la SPR, de l’IRDP) et la participation active et soutenue à toutes les actualités pédagogiques (introduction du français, environnement, appuis pédagogiques) ont nécessité beaucoup d’énergie et de disponibilité de la part des membres du CC et des présidents des deux commissions permanentes. Jean-Marie Abbet, n° 10, p. 22. Résonances - Avril 2004 ) C ’était écrit en 1993-1994 dans Résonances Le passage de L’Ecole valaisanne à Résonances, c’est non seulement un changement de format et de maquette (maquette qui a changé une nouvelle fois en avril 2002) mais aussi une évolution au niveau du contenu, avec l’introduction de dossiers thématiques puis d’interviews. Petite lacune, Résonances n’indique pas sur sa page de couverture son âge et se contente de recommencer sa numérotation chaque année à 1. Ainsi, en 2003-2004, la revue, sous ce nom, en est à sa quinzième année d’existence. Collèges valaisans: augmentation notable des effectifs L’an dernier, ils étaient 3554 à fréquenter les différents collèges valaisans. Cette année, ce nombre frôle les 3900. Cet accroissement de près de dix pour cent du nombre d’étudiants n’est pas sans conséquences. Paul Vetter, n° 1, p. 5. La violence à l’école, thème des années 90. Cycle d’orientation: un nouveau plan d’études A nouvelle loi scolaire, nouveau plan d’études (PE). Document indispensable pour permettre la mise en place d’un Cycle d’orientation à deux voies: l’une «rapide» (section secondaire ou niveaux I), l’autre «médiane» (section générale ou niveaux II), le premier PE du CO valaisan date de 1987. (…) Les programmes actualisés des diverses matières enseignées au CO s’appliquent dès la rentrée scolaire 19931994. Ils prennent en compte les options méthodologiques arrêtées par la Commission des programmes sur la base de la loi scolaire du 16 mai 1986 et sont conçus en termes d’objectifs. Guy Voide, inspecteur des écoles du CO, n° 1, p. 6. Souci de rentabilité L’école dans son ensemble est un gouffre à finances dont la rentabilité est fort difficile à démontrer. La preuve? Autrefois, on avait quarante élèves dans des classes moins luxueuses et a réussi à inventer la fusée Ariane, le hamburger et le fil à couper le beurre. Alors pourquoi investir? Nous laisserons le soin de répondre à Gérard Delaloye, qui dans un récent éditorial du Nouveau Quotidien écrivait: «Que l’on réduise des cours d’appui à des écoliers ou que l’on freine le développement de la recherche en physique produira à moyen terme le même effet: la sclérose intellectuelle d’un pays déjà durement touché par la stagnation démographique. (…) Ces mesures ne répondent à aucune stratégie globale autre que celle du tiroir-caisse.» Au juste, une sclérose intellectuelle, est-ce rentable? Paul Vetter (éditorial), n° 4, p. 1. A propos des racines de la violence La violence fait partie de notre quotidien; on la montre à la télé, on l’expose dans les journaux. Il ne se passe pas un jour sans que des actes de violence grave se déroulent quelque part sur notre planète bleue. Même nos chères petites têtes blondes vivent des scènes d’une agressivité extrême, dans les cours de récréation ou sur le chemin de l’école, quand ce n’est pas dans la classe elle-même. Y a-t-il davantage de violence aujourd’hui qu’hier? A entendre Plaute, l’être humain a peu évolué sur ce plan en deux millénaires. Une chose est sûre, actuellement la violence prend des tournures qui interpellent beaucoup. Jean-François Dorsaz, n° 3, p. 5. Former des hommes et des femmes libres A qui l’école doit-elle servir? – demandez-vous. Et j’entends retentir au-delà de cette question le vieux débat qui oppose l’intérêt de l’individu à celui de la société. Comme si l’un et l’autre étaient antagonistes, ou à tout le moins divergents. Comme si l’épanouissement de l’individu entraînait un appauvrissement simultané de la société ou sa possible mise en danger. En réalité, la société ne se transforme que lorsqu’elle est entraînée par des esprits intelligents, vigoureux, indépendants. Mieux elle forme les individus, et mieux l’école s’acquitte de sa tâche sociale. Le chef du Département de l’instruction publique, Serge Sierro, n° 8, p. 3. ( Résonances - Avril 2004 19 Q uiz: devinez quand cela a été écrit… Petit indice, l’un des textes date de 1881, les autres ont été écrits dans une année 3-4, reste à trouver la bonne décennie. ré. Une bonne compréhension résulte, au contraire, d’un long travail entrepris en profondeur, mené patiemment et systématiquement… 1) Perfectionnement En ce siècle de vitesse, avec l’évolution rapide des découvertes de la science, nul ne peut plus se figer dans un immobilisme béat. Celui qui veut rester à la hauteur de sa tâche doit régulièrement rajeunir et moderniser ses méthodes de travail. Les instituteurs pas plus que les autres n’échappent à cette loi. Leur profession exige qu’ils soient des ouvriers qualifiés et non des «manœuvres de l’enseignement» pour employer une expression chère à un inspecteur scolaire. 3) De l’enseignement intuitif à l’école primaire C’est par la perception que notre âme arrive à connaître, à acquérir des connaissances. La plupart de ces connaissances parviennent à notre esprit par l’intermédiaire des sens, et c’est particulièrement la vue qui est le plus en jeu. C’est pourquoi tout enseignement doit être, à l’école primaire, aussi intuitif que possible. Il joue un rôle important en éducation et spécialement dans l’instruction. Grâce à l’enseignement intuitif, l’enfant acquiert l’esprit d’observation, source de connaissances solides et durables. 2) L’école et les travailleurs étrangers Que veut faire l’école de bien valable pour augmenter la compréhension envers les travailleurs étrangers? On admettra d’emblée que la question est extrêmement vaste. Je ne pense pas qu’avec de rapides leçons de choses sur le genre de vie des ouvriers étrangers, que l’élève est appelé à côtoyer, et quelques belles phrases sur la fraternité universelle on parvienne au but dési- 4) Faire aimer l’école Faire aimer l’école, c’est prévenir les ennuis d’une fréquentation irrégulière, c’est éviter les critiques des parents, c’est intéresser tout un village au développement intellectuel, c’est rendre fructueux les efforts tentés de part et d’autre, et surtout faire monter le niveau moral de la société. 6) 5) 4) 3) 2) 1) C’était écrit dans L’Ecole primaire en 1954. R. Z., n° 7, p. 243. C’était écrit dans L’Ecole valaisanne en 1973. Par Jean Follonier (prix littéraire de la Commission nationale de l’UNESCO, 1967), n° 1, p. 17. C’était écrit dans L’Ecole primaire en 1904. Michellod P.J., Inst. à P., n° 1, p. 5. C’était écrit dans L’Ecole primaire en 1923. C. D., n° 12, p. 52. C’était écrit dans le Supplément pédagogique en 1881. C.W., p. 51. C’était écrit dans Résonances en 1993. Recommandation édictée par la Conférence des directeurs cantonaux de l’Instruction publique (CDIP) se fondant sur l’article 3 du concordat sur la Coordination scolaire, sur la base du rapport «Filles – Femmes Formation. Vers l’égalité des droits», et pour développer les principes et recommandations adoptés les 2 novembre 1972 et 30 octobre 1981. Réponses 20 5) Les écoles mixtes Si d’autres cantons se trouvent bien de la création d’écoles mixtes pourquoi le Valais s’en trouverait-il mal? Les mœurs y seraient-elles plus relâchées qu’ailleurs? C’est ce qu’il faudrait prouver avant tout, et ce serait là, nous croyons, un sérieux embarras pour les adversaires des écoles mixtes; ils ne prouveraient qu’une chose, c’est qu’ils seraient à… quia. Nous dirons, pour terminer, que si cette question pouvait prendre, de la consistance, et recevoir par la suite un favorable accueil de la part des Dépositaires du pouvoir, sous la dénomination de «Classes primaires supérieures» ne recueillera partout où cette innovation aura eu lieu, que d’unanimes témoignages de satisfaction. 6) Recommandation pour l’égalité de l’homme et de la femme L’homme et la femme ont également accès à toutes les filières de formation scolaire et professionnelle. Les objectifs et contenus des filières de formation sont les mêmes pour les deux sexes. Il convient de veiller à une représentation équilibrée des deux sexes à tous les niveaux de la formation enseignante et à tous les échelons administratifs. Résonances - Avril 2004 ) C ent fois sur le métier P. Perrenoud remettez votre ouvrage… Quiconque traverse cent ans de presse pédagogique s’étonne de la récurrence de certains thèmes. Si l’on enlève les références, si l’on supprime les noms et allusions qui datent un texte, si l’on fait abstraction de l’évolution de la langue elle-même (pas immense en un siècle) et d’un ton plus sentencieux, voire moraliste il y a cent ans, il devient difficile d’attribuer tel fragment à telle décennie: ou à tout le moins divergents. Comme si l’épanouissement de l’individu entraînait un appauvrissement simultané de la société ou sa possible mise en danger. En réalité, la société ne se transforme que lorsqu’elle est entraînée par des esprits intelligents, vigoureux, indépendants. Mieux elle forme les individus, et mieux l’école s’acquitte de sa tâche sociale. Alors, 1920? Non, 1994. Il est des heures où il vaut mieux qu’à d’autres demander aux enfants un effort d’attention; le matin est toujours préférable; de plus, il ne faut pas exiger que cet effort soit continu, ni même, en général, de bien longue durée sans un repos appréciable et qui change complètement le cours des idées; plus l’enfant est jeune, en tout cas, et plus l’effort doit être limité. N’est-ce pas ce qu’on enseigne encore en formation des maîtres? Le texte date de 1914. Ou encore: Et j’entends retentir au-delà de cette question le vieux débat qui oppose l’intérêt de l’individu à celui de la société. Comme si l’un et l’autre étaient antagonistes, ( Résonances - Avril 2004 Sans doute pourrait-on questionner cette affirmation répétée et souvent plaintive de l’éternel retour, du caractère cyclique des thèmes et des propos. Avec un peu d’habileté, on peut choisir des textes qui suggèrent un temps et une société immobiles, d’autres qui plaident pour une rupture. Il faudrait un échantillon représentatif et des techniques permettant de neutraliser les indices sans intérêt, car ils témoignent de changements extérieurs au monde scolaire, comme l’évocation de la télévision ou de l’intégration européenne. Admettons que l’impression de répétition ne soit pas sans fondement. Qu’aujourd’hui renaisse un débat sur 21 la mixité amène de l’eau à ce moulin. Si c’est vrai, la question suivante est: pourquoi? On peut raviver les «théories» de l’éternel retour ou de l’histoire qui bégaie. Ou avancer l’hypothèse d’une société sans mémoire, qui n’apprend rien de son passé et, croyant innover, redit et refait ce que l’humanité a déjà fait et dit maintes et maintes fois. Dire «Il n’y a rien de nouveau sous le soleil» est une façon de refroidir les enthousiasmes juvéniles. Ces mythes ont toujours une fonction. Dire «Il n’y a rien de nouveau sous le soleil» ou, en plus littéraire, «Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent» (Jean de la Bruyère), est une façon de refroidir les enthousiasmes juvéniles de ceux qui croient inventer l’avenir. Si rien ne bouge vraiment, à quoi bon travailler à changer le monde? Rien n’est plus démobilisateur que le mythe de l’éternel retour ou l’affirmation de l’invariance de la «condition humaine» en dépit d’apparences changeantes. Ces «idées» suggèrent la vanité de toute posture prométhéenne. Elles sont d’autant plus pernicieuses qu’elles se parent des vertus de la sagesse, des acquis de l’expérience. A qui profite ce pessimisme? Si introduire l’évaluation sans notes ou des cycles d’apprentissage, par exemple, participe d’un simple mouvement de balancier, pourquoi «perdre son temps» à vouloir modifier ce qui, «de toute façon», reviendra à la case départ. Daniel Hameline ironise sur ceux qui reviennent d’autant mieux des pédagogies actives qu’ils n’y sont jamais allés. S’il y a véritablement des permanences et des retours, sommes-nous obligés de les expliquer par une sorte de loi qui, en réalité, n’explique rien et permet encore moins de comprendre les différences entre le champ de l’éducation et d’autres champs sociaux? On peut, bien entendu, faire la part des changements technolo- Résonances: sur le net Vous trouverez les dossiers de Résonances ainsi que les fichiers pdf complets (six mois après leur parution sur Internet), à l’adresse: www.ordp.vsnet.ch/fr/resonance/ resonanceprinc.htm. Les numéros parus depuis septembre 2001 sont en ligne. A noter que la navigation se fait via les onglets sur la gauche. 22 giques et se dire que, l’école y échappant encore largement (malgré la vidéo, l’informatique et Internet), elle a plus de raisons de tourner en rond. Il y a au moins une autre hypothèse: l’histoire se répète parce qu’elle confronte les acteurs à des problèmes qu’ils ne savent pas résoudre véritablement et durablement. Dans un récent article (Perrenoud, 2003), j’ai tenté de recenser les problèmes émergents, ceux qui occupent actuellement le devant de la scène dans les pays développés. J’en retenais neuf: L’atteinte des limites de la forme scolaire. Le consumérisme actif des classes moyennes. Les résistances nouvelles des élèves à l’intention de les instruire. L’affaiblissement des normes et des solidarités. La bureaucratisation croissante du système. L’électoralisme et l’autoritarisme des politiques de l’éducation. La montée de l’«antipédagogisme» et des impérialismes disciplinaires. Une incertaine professionnalisation. L’émergence d’une «culture de l’évaluation» brutale et simpliste. Cette liste ne devrait pas masquer le fait que certains problèmes se posent depuis l’invention de l’école de masse et de l’obligation scolaire. Sans prétendre en dresser une liste exhaustive, on peut au moins mentionner, sans que l’ordre soit significatif: L’échec scolaire, les inégalités sociales devant l’échec et les mesures financières, structurelles ou pédagogiques à prendre. L’âge et les critères de l’orientation ou de la sélection, la structuration des cursus au-delà du primaire. La juste division des tâches éducatives entre l’école et les parents. La coexistence entre intériorisation de normes et construction de savoirs. Les méthodes pédagogiques et les théories de l’apprentissage. Les conceptions de l’autorité et de l’autonomie. L’équilibre entre la culture commune et la diversification des contenus d’enseignement. La tension entre universalisme et particularismes ou communautarismes (régionaux, linguistiques, religieux, ethniques ou de genre). Le problème spécifique de la laïcité de l’école. La nature des objectifs de formation, des formes et normes d’excellence. Le rapport entre les disciplines et les apprentissages qui n’en relèvent pas. Les exigences comportementales et les sanctions. La dépendance forte ou faible de l’école à l’égard des besoins de l’économie et du marché du travail. Les équilibres instables ou controversés entre le corps et l’esprit, entre la mémoire et le raisonnement, entre l’intellectuel, le manuel et l’émotion- Résonances - Avril 2004 ) nel, entre les sciences et les lettres, entre les savoirs et les disciplines plus expressives, etc. Les critères, les procédures et les codes relatifs à l’évaluation. Le contrôle politique et moral de ce qui se fait à l’école. Les places et rapports du privé et du public. La question du financement de la scolarité par l’impôt, des écolages ou d’autres formules. Le sort des élèves différents, «inadaptés» au moule scolaire. La sélection, la formation, l’inspection, le contrôle des enseignants. Le degré de centralisation de l’éducation, entre enjeu national et affaire locale. L’équilibre entre la formation au service de la personne ou au service de la société. Ces vingt-deux problématiques sont des analyseurs des réformes récentes, y compris du développement d’un nouveau plan d’étude cadre en Suisse romande, aussi bien que des controverses autour des réformes cantonales. Tous ces problèmes ne se posent pas en permanence. Ils alternent, les plus brûlants éclipsant les autres pour un temps. De même qu’un individu ne peut pas faire coexister plus de sept objets complexes dans sa mémoire de travail, les systèmes éducatifs semblent incapables d’une approche véritablement systémique et ont souvent la mémoire courte, reprenant les problèmes à zéro plutôt que là où ils avaient été laissés, comme un peintre continue une toile ou un joueur d’échec une partie suspendue. On peut le leur reprocher, à condition de se souvenir que les systèmes éducatifs, c’est nous! On ne peut guère, en revanche, leur reprocher de ne pas résoudre ces problèmes. Car il s’agit dans tous les cas de contradictions ou de divergences très difficiles à dépasser, du moins dans une société pluraliste. Les «idées positives pour l’école» dont se réclament les Cahiers pédagogiques se heurtent à des idées opposées, jugées non moins positives par ceux qui les opposent aux pédagogies actives et à la démocratisation des études… Institution centrale des sociétés modernes, l’école résulte d’un compromis instable entre forces et conceptions antagonistes de la culture, de la justice, de la condition humaine, de l’ordre social. Chaque crise, chaque recomposition du paysage politique, chaque bouleversement de la conjoncture économique peut menacer les équilibres, amener les combattants à déterrer la hache de guerre, dans l’espoir de maintenir leurs acquis ou de regagner un terrain perdu. On pourrait dire que si l’un des problèmes évoqués semblait définitivement résolu, ce serait en raison d’un improbable consensus, sans doute éphémère, ou, plus gravement, d’une régression de la démocratie. Les Etats totalitaires donnent des réponses plus claires et stables à la question de l’éducation scolaire, jusqu’au jour où leur effondrement rouvre un jeu qui n’aurait jamais dû être suspendu. Certes, vivre avec les contradictions a un prix et la démocratie n’exige pas le maximum d’incohérence et de discontinuité dans les politiques de l’éducation. Là est l’enjeu: trouver des formes institutionnelles de débat et de pilotage, des stratégies de changement et des modes de gestion qui préservent des retours trop violents de balancier et permettre de remettre l’ouvrage sur le métier sans repartir à zéro et sans ajouter à l’amertume de ceux qui ont le sentiment d’avoir travaillé à changer l’école et ne comprennent pas que les «nouveaux innovateurs» ignorent leurs avancées et abordent les problèmes comme s’ils se posaient pour la première fois. Références Pour en savoir plus sur les revues Gazette du Valais, 1882, n° 101, p. 2. (Extr. du Bulletin pédagogique de Fribourg). Gazette 1898, n° 22, p. 3 et n° 23, p. 2. Nécrologie de Casimir Wetzler de Massongex, collaborateur de l’Ecole primaire. Cahiers pédagogiques (1996). Des idées positives pour l’école. Paris: Hachette. Hameline, D. (1986). L’éducation, ses images et son propos. Paris: ESF. Hameline, D. (2002). Courants et contre-courants dans la pédagogie contemporaine. Paris: ESF. Gazette 1899, 94, p. 2. Isambert-Jamati, V. (1970). Crises de la société, crises de l’enseignement. Paris: PUF. Gazette 1902, n° 2, p. 2. Presse pédagogique (Fusion de L’Ecole primaire avec le Bulletin pédagogique de Fribourg). Perrenoud, Ph. (2003). Etat des lieux. A quels problèmes le système éducatif est-il confronté aujourd’hui? Education & Management, n° 24, pp. 26-29. Gazette 1902, n° 97, p. 3. L’Ecole primaire de retour en Valais. ( Résonances - Avril 2004 ( l’ a ut eu r Gazette 1902, n° 5, p. 3. Fusion nécessaire Ch. Haegler (Extr. Courrier de Genève). Philippe Perrenoud Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève (2004). 23 U n siècle de ruse et de modernité P.-P. Bugnard Une petite série de témoignages sélectionnés, sur un long XXe siècle. Eléments ténus, certes, mais révélateurs, même s’il reste difficile de mesurer la largeur du fossé que la lettre creuse avec l’esprit, l’énoncé avec le secret de la classe… La nostalgie de temps révolus où les élèves auraient eu de l’orthographe était présente dans les années… 1930! De ce miroir scolaire apparaît d’abord ce qu’on appelle la tradition: dans le registre des valeurs essentielles, la religion prime sur tout (années 1880, années 1890), occupant l’en-tête du bulletin scolaire, au moins jusque dans les années 1950 où il est encore affirmé qu’elle n’a rien d’une «matière scolaire». Et puis, plus rien sur ce point. Silence significatif de l’inexorable processus de laïcisation et de désacralisation qui envahit le siècle, jusqu’en Valais, hormis les poches intégristes assignant à la religion enseignée la fonction d’éluder les questions contemporaines. Il y a ensuite les mutations de la fonction enseignante. La place du maître prévaut encore sur celle des savoirs dans les années 1880, avec la figure de l’instituteur, un «modèle de distinction» tranchant d’avec celui du «rustique» paysan (1890). Finalement, la place privilégiée qu’elle occupe dans la société villageoise chancelle dès l’instant où la revue s’interroge sur l’aura d’une profession dont l’éclat pâlit (1970). Pourtant, paradoxalement (?), la condition matérielle des instituteurs, précaire dans les années 1920, peu à peu s’améliore avec la création d’une caisse de retraite (1940) et finalement l’alignement des traitements sur la moyenne nationale (1970). 24 Quant à la question cruciale de la mixité, le système éducatif vit au rythme d’une émancipation féminine relativement tardive. Sur le modèle d’un instituteur pour les garçons et d’une institutrice pour les filles (1880), d’une école ménagère préparant les filles à la cuisine et au point de croix (1910), le système greffe un premier plaidoyer pour l’école mixte (1920). Au bout du compte, il ménage pour les filles un accès à toutes les filières de formation. Et c’est donc à une formation individuelle et à l’épanouissement de chacun, quel que soit son sexe, que l’école se propose finalement de travailler (années 1990). Des évolutions profondes et des mutations A l’image de ces évolutions profondes, le siècle bat au rythme des mutations techniques, économiques et sociales, d’angoisses nouvelles aussi et de la conscience de dangers encore inconnus… La radio scolaire pénètre par la fenêtre (1930). Le monde «saigne» tandis que les petits Valaisans vivent en «oasis» (1940). Sourd aussi la perception des dangers de la civilisation industrielle, notamment par de premières campagnes d’éducation routière (1950). Si l’invasion des médias modernes, télévision, magazines… n’amenuise pas encore le goût pour la lecture (1960), la question de l’intégration des étrangers surgit à l’heure où les grands travaux de génie civil d’après-guerre, assumés essentiellement par les immigrés, sont pratiquement achevés (1970). Le «fléau» drogue auquel l’OMS associe une «substance chère» au pays du fendant, émerge (1980), tandis qu’enseignement spécialisé et intégration sont sollicités pour atteindre l’objectif de faire vivre les personnes handicapées au sein de l’école (1980). Finalement, même la violence heurte aux portes de l’école (1990). Inexorablement, le Valais passe par toutes les évolutions auxquelles d’abord il assiste, du fond de ses La religion prime sur tout (années 1880), vallées ou du haut de ses somoccupant l’en-tête du bulletin scolaire, mets (1990). au moins jusque dans les années 1950. Résonances - Avril 2004 ) La genèse contrastée de cette modernité scolaire s’accompagne aussi de particularités. On assiste successivement à des rentrées scolaires en janvier (1900), à l’invention de la récréation en écoles de montagne (1900), au recours plus systématique au tableau noir (1900), alors que la fréquentation reste en dessous des normes nationales avec une moitié des classes fermées pendant six mois, encore au milieu du siècle. L’adoption d’un livre de lecture unique avec une centaine d’illustrations (1900) coïncide, outre-Jura, au triomphe du Tour de la France par deux enfants, dont les millions d’exemplaires solenniseront la leçon de choses édifiante jusqu’au dernier village de la France obscure! Leçon de relativisme historien Dans cette petite série aléatoire, il y a aussi de quoi surprendre les courants philosophistes les plus intarissables sur la légendaire «baisse de niveau». Exhortations à rédiger correctement, «sans fautes trop choquantes» (1880), à saisir le sens de ce qu’on lit, à parvenir à rendre ses pensées par la parole et l’écriture (1890), à maintenir la calligraphie en dépit de la dactylographie (1910). A la dénonciation du laisser-aller, du manque de fermeté, de tout ce qui fabrique des «petits dieux» gâtés et dorlotés… (1890). Aux lamentations sur les enfants qui ne savent pas lire, qui lisent d’une manière «peu intelligente» (1910), contre la surcharge des programmes (1920) ou la médiocrité des résultats (1930). A la dénonciation de la complexification des savoirs et de l’accroissement des exigences culturelles au détriment de l’essentiel (1930). La nostalgie de temps révolus où les élèves auraient eu de l’orthographe ne manque même pas au tableau des années… 1930! Bref, jolie leçon de relativisme historien: l’enfant-roi existe en 1890 et si les élèves ne sont jamais au niveau qu’on voudrait, on s’aperçoit qu’ils n’ont probablement jamais été à celui qu’on croit! Dans le domaine des méthodes, l’école valaisanne montre ce qu’elle a vraiment dans le ventre. Premier principe: «maintenir» (1890). Quoi? Et bien par exemple l’enseignement intuitif (1900), préconisé depuis les pédagogues de la Renaissance. Ou un «objet précis» par leçon (1900), ce qui préfigure la pédagogie par objectifs de la fin du siècle. Ou encore prolonger la scolarité (1910) et adapter l’enseignement à l’attention de l’élève (1910), autrement dit respecter la «zone proximale de développement» que Vigotsky propose, sans qu’on le sache encore, dès les années 1920. Les centres d’intérêt (1940) aussi, vieille préoccupation des pédagogues sensibles à la dimension psychologique des apprentissages, depuis le XVIIe siècle. Mais voilà, toutes ces belles visées s’inscrivent dans un milieu à forts effectifs: 50 enfants «remuants» par classe vers 1900, de 34 élèves dans les années dix à 31 élèves encore, en moyenne, dans les années trente… Alors, on compte sur la pédagogie pour fournir des solutions: certains principes de l’Education nouvelle – l’enseignement fonctionnel de Claparède – sont proposés… dans un cadre traditionnel – maintien du mode frontal – (1940)! Evidemment, nous sommes en pays de Sioux: si un certain scepticisme reste de rigueur face à toute nouvelle méthode, il y aurait néanmoins une parcelle de vérité à y trouver (1940). L’«éternelle» querelle des anciens – rivés à la magistralité et à la mémorisation – et des modernes – ouverts aux pédagogies du problème – (1950) ne se résoudra que dans la (trompeuse?) sérénité du compromis. © Raymond Schmid, Bourgeoisie de Sion, Médiathèque Valais - Martigny. Pourtant, ce ne sont pas les idées qui manquent pour motiver. La lecture est envisagée comme une activité pédagogique où il est question d’amuser avant d’instruire et d’élever (1900). Mais faut-il aller jusqu’à proposer du chocolat pour pousser l’apprentissage de l’alphabet (1910)? La punition passe avant la persuasion (1900), bien que les châtiments corporels soient désormais, en principe, proscrits (1930). Archives à la Médiathèque-Valais Tous les volumes de L’Ami des Régens, du Bulletin pédagogique, de L’Ecole primaire, de Walliser Schule / L’Ecole valaisanne, de L’Ecole valaisanne et de Résonances peuvent être empruntés (ou consultés sur place pour L’Ami des Régens) à la MédiathèqueValais. Sion, première communion, vers 1940. ( Résonances - Avril 2004 25 Ce qui devait arriver arriva: l’abondance des réformes dérouterait les parents (1970), ce qui incite, idéalement, à la généralisation de la pratique de la classe ouverte, sur le modèle de l’école maternelle (1980). Pour couronner le tout, les programmes des CO sont conçus en terme d’objectifs (1990) alors que la pédagogie par objectifs est déjà dépassée par les pédagogies de la construction et de la coopération dans la maîtrise des apprentissages! Il n’est jamais trop tard… On perçoit la suppression des notes à la Chaux-deFonds comme une source de subjectivité (1940). Paradoxalement, l’évaluation se voit ainsi affublée des défauts que la recherche docimologique (naissante) attribue, elle, à la notation scolaire traditionnelle! Toutefois, l’idée de prendre en compte la progression dans le cadre de la notation scolaire classique montre que la question des notes n’est pas éludée. Mais en attribuant le 1er rang à celui dont le nombre de fautes diminue le plus (1940), l’invention du palmarès d’Ancien Régime est simplement adaptée à un cadre qui annonce la fonction formative de la fin du siècle. Vieille proposition du Manifeste de l’Education nouvelle française de 1919, le «cycle d’orientation» valaisan est introduit au début des années 1970: il s’agit de résoudre la question du report de l’orientation précoce à l’âge des projets professionnels sans priver d’une formation adéquate les élèves «intelligents»! Mais voilà, ici comme en France un peu plus tôt, le «collège unique» échouera par le maintien des filières précoces, faute de croire dans le postulat de l’éducabilité, sans doute, faute des moyens que réclame la pédagogie différenciée, certainement. Finalité éducative majeure du second XXe siècle, partout en Europe, la démocratisation des études progresse tout de même, bousculant les normes de la sélection scolaire. Ça démarre sur l’idée de réfléchir aux finalités éducatives (1980), ça se concrétise par un accroissement sensible des effectifs des collèges (1990). Le grand ordre du secondaire a beau rechigner: il cède inexorablement aux passions et à la ruse de son petit frère trépignant de l’ordre du primaire! ( l’ a ut eu r Mais le sentiment que la civilisation avance pousse inéluctablement à la modernisation (1950). En tous cas, la nouvelle méthode de maths (Cuisenaire) est unanimement acceptée (1960). Serait-ce parce qu’elle porte sur un aspect opérationnel, à partir d’un instrument de maniement aisé, la calculette? Non, esprit d’initiative, goût pour l’enquête, confection d’un «livre de vie» (annonçant le portfolio), travail coopératif, pédagogie de l’encouragement, évaluation plutôt que notation (perçue comme inhibante), développement de la responsabilité, de la gestion commune de la classe… tout cela dénote finalement l’intérêt pour les pédagogies du problème, institutionnelle, différenciée, du projet… dans l’affirmation du primat de la formation sur l’instruction (1960). Pierre-Philippe Bugnard, professeur aux universités de Fribourg et Neuchâtel. Pour en savoir plus Quelques pistes pour en savoir plus sur l’histoire des revues et celle de l’école valaisanne. Ulrich Gailland, Mouvement pédagogique en Valais et historique de la Société des instituteurs du Valais romand. Lausanne: Impr. Ch. Viret-Genton,1899. Xavier de Cocatrix, Examens pédagogiques des recrues en Valais de 1886 à 1906. Berne: Impr. Staempfli, 1907. Xavier de Cocatrix, Le canton du Valais au point de vue scolaire. Lausanne: Payot, 1911. Maxence Farquet. L’école valaisanne de 1830 à 1910: (histoire et organisation). Sion: Impr. Fiorina et Pellet, 1949. Tiré à part de: Vallesia. Sion: 1949, t. 4, p. 75 (Th. Lettres Fribourg, 1947). Richard Métrailler. L’école primaire en Valais durant la deuxième partie du XIXe siècle et son processus de popularisation jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. Th. Lettres Fribourg, 1978. 26 Pierre-Alain Aymon. Formation-vie et destinée des instituteurs du Valais romand (18461909). Fribourg: Université de Fribourg, 1988 (Faculté des lettres, Mémoire de licence polycopié fac. Lettres). Danièle Périsset Bagnoud. Vocation: régent, institutrice: jeux et enjeux autour des Ecoles normales du Valais romand, (1846-1994). Sion: Vallesia Archives de l’Etat du Valais: Cahiers de Vallesia 10, 2003. Joseph Guntern. Die Walliser Schule im 20. Jahrhundert. Sion: Vallesia Archives de l’Etat du Valais, Cahiers de Vallesia 11, 2003. Résonances - Avril 2004 )