Revues en revue Revues en revue

Transcription

Revues en revue Revues en revue
Revues en revue
longue tradition en Valais.
4
L’hisoire de
Résonances:
il était une fois
J.-P. Salamin
A L’Ecole primaire dès les années
1880 a succédé L’Ecole valaisanne
(1956-1988) puis Résonances (1988-),
6
Voyage dans le passé
des revues pédagogiques
du Valais
N. Revaz
7
Les buts
des revues
sans compter la parution de L’Ami
des Régens de 1854 à 1856.
Ce dossier un peu spécial propose
18
C’était écrit
dans L’Ecole primaire
16
C’était écrit
dans L’Ecole valaisanne
19
C’était écrit
dans Résonances
20
Quiz: devinez
quand cela a été écrit…
24
Un siècle
de ruse et
de modernité
P.-P. Bugnard
de faire un retour sur l’histoire
de ces revues et donne à lire
des morceaux choisis. Pierre-Philippe
Bugnard, des universités de Fribourg
et Neuchâtel, et Philippe Perrenoud,
de l’Université de Genève, apportent
leur regard de pédagogues
contemporains.
21
Cent fois sur
le métier remettez
votre ouvrage…
P. Perrenoud
(
Les revues pédagogiques ont une
L ’histoire de Résonances:
il était une fois…
Jean-Pierre Salamin
L’histoire de Résonances pourrait commencer, comme
tous les récits de contes ou de légendes, par ces mots
magiques tant elle se perd dans la nuit des temps ou du
moins de celle d’où a émergé l’Ecole de ce canton. Publié depuis 1988, Résonances représente la 6e génération d’une revue pédagogique qui a pris naissance en
1854, peu de temps après la 1re Loi sur l’instruction publique du 31 mai 1844, votée par le peuple valaisan.
L’Ami des Régens (1854-1856)
La première revue est créée par le Département de
l’instruction publique (DIP) à l’intention des «régens».
En 1854, elle naît du constat de l’état décevant de l’enseignement dans les écoles primaires. Elle constitue en
quelque sorte la première tentative d’offre de conseils
pédagogiques ou de leçons de perfectionnement aux
enseignants. L’Ami des Régens veut développer la collaboration entre le Gouvernement cantonal et le corps
enseignant pour alléger sa lourde tâche d’instruction.
rencontré par l’enseignement auprès des parents des
écoliers. Dans le même temps et selon des modalités
analogues parut le Schulehrerfreund, à l’intention des
«régens» du Haut-Valais.
Le Bulletin pédagogique (1881-1882)
La deuxième revue cantonale vit le jour 25 ans plus
tard, sous la forme du Bulletin pédagogique, une publication originale en raison de la collaboration entre
les cantons de Fribourg et du Valais. Le bulletin produit par les Départements de l’instruction est accompagné d’un supplément édité par les sociétés pédagogiques des deux cantons. Ainsi, la Société valaisanne
d’éducation publie le Supplément valaisan au Bulletin
pédagogique. Le souci principal de ces publications est
de contribuer à une formation façonnant de bons citoyens en général et catholiques en particulier. Ce supplément paraît uniquement dans le Valais romand, de
janvier 1881 à mai 1882.
La revue sert également de tribune aux régents pour
échanger des expériences entre eux, faire connaître
au Département leurs besoins et leurs observations à
propos d’enseignement ainsi que montrer au public,
qui ne portait pas une grande attention aux affaires
scolaires, les progrès accomplis par les classes de nombreuses écoles communales.
L’Ecole primaire (1881-1956)
La publication de L’Ami des Régens prit fin au mois de
mars 1856, en grande partie en raison du peu d’intérêt
L’objectif est de faire connaître au personnel enseignant, aux commissions scolaires et aux autorités communales les expériences et les préoccupations des enseignants. Les inspecteurs scolaires rapportent, dans la
revue, leurs activités et la rédaction s’efforce de publier des nouvelles recueillies dans les journaux extérieurs au canton.
(
Les revues pédagogiques: une des vitrines du
développement de l’école.
4
Dès novembre 1881, L’Ecole primaire prend progressivement le relais du Supplément et devient L’Organe
de la Société valaisanne d’éducation. La collaboration
avec le Département de l’instruction est assurée par le
rédacteur, son secrétaire général.
Dans une perspective de perfectionnement des enseignants, des thèmes didactiques sont publiés, comme l’enseignement intuitif, le calcul mental, les sciences physiques et naturelles, la façon d’écrire une
lettre. Le Département encourage les enseignants
à introduire des illustrations dans leurs cours et offre
des appuis pédagogiques sous la forme de documents
d’enseignement. L’Ecole primaire ne manque pas
de s’ouvrir aux problèmes du moment comme, par
exemple, la formation professionnelle, la guerre au
patois, l’alcoolisme…
Résonances - Avril 2004
)
Dans le Haut-Valais, se développe, de 1898 à 1915, Der
Erziehungsfreund qu’interrompt la Première Guerre
mondiale. Dès les années 1920, les enseignants sont
abonnés au Schweizer Schule publié par la Société suisse des enseignants catholiques.
Walliser Schule / L’Ecole valaisanne
(1956-1959)
En 1956, la Société valaisanne d’éducation demande
au DIP de reprendre la responsabilité financière de
L’Ecole primaire. Le Département accepte la proposition à la condition que les enseignants y soient obligatoirement abonnés. La revue devient bilingue sous la
dénomination de Walliser Schule / L’Ecole valaisanne.
Elle devait permettre, selon les propos de M. le CE Marcel Gross, «d’intensifier les contacts intellectuels entre
les deux régions linguistiques, de faire profiter chaque
région des expériences de l’autre, de faire de l’école
valaisanne une véritable unité d’esprit et de cœur».
Au début, les textes sont publiés dans les deux langues
à quantités égales; de brèves traductions accompagnent les textes originaux. A côté des directives et des
conseils pédagogiques, la revue publie la liste des acquisitions de la Bibliothèque cantonale, les informations du Département et les décisions du Conseil d’Etat
en matière scolaire, les offres de formation continue,
les prises de position des enseignants ainsi que la nécrologie du personnel enseignant. Des thèmes particuliers comme le passage de l’école primaire au gymnase,
la motivation scolaire ou des controverses de méthodologie comme l’approche globale de la lecture sont
régulièrement traités.
L’Ecole valaisanne (1959-1988)
Au bout de trois ans de publication, les textes allemands prennent de plus en plus d’ampleur et la disproportion linguistique entraîne la fin de la publication bilingue. L’Ecole valaisanne poursuit seule le chemin et les enseignants du Haut-Valais retrouvent la
revue Schweizer Schule, avec un abonnement partiellement payé par le Département qui passe par ce canal les informations officielles.
L’Ecole valaisanne change de mise en page, de format
et adopte un nouveau logo, en 1973. Elle continue à
faire paraître les informations habituelles, supprime
cependant la rubrique nécrologique et publie périodiquement des numéros spéciaux consacrés à un thème
particulier, comme l’architecture valaisanne, l’enseignement du français, le projet de Loi de 1983…
Résonances (1988-…)
L’Ecole valaisanne s’éteint avec la création de l’Office de
recherche et de documentation pédagogique (ORDP)
( Résonances - Avril 2004
qui propose une revue à la présentation actualisée et en
couleur, pour la rendre plus attractive, destinée à tous
les acteurs et partenaires de l’Ecole valaisanne dans le
canton et hors de ses frontières. Résonances est le nom
choisi parce que la revue se veut ouverte aux points de
vue didactiques et pédagogiques les plus divers et, en
retour, doit recueillir leur écho.
Résonances, après un départ semblant un peu éloigné
des préoccupations immédiates des enseignants, en
particulier du degré primaire, a trouvé sa vitesse de
croisière et offre mensuellement à plus de 3000 abonnés, un contenu attrayant, partagé entre un thème
central, des informations officielles et utiles aussi bien
pour les enseignants, les parents d’élèves, les étudiants que les autorités scolaires. La revue, contrairement à de nombreuses autres revues similaires, a réussi à survivre aux difficultés économiques des années
1990 et à se créer une réputation enviable, non seulement en Valais mais également à l’extérieur.
Dans le Haut-Valais est né entre-temps, en 1975, Mitteilungsblatt présentant, quatre fois par année, les informations officielles du Département. A la fin 1995,
également sous l’impulsion de l’ORDP, la brochure
change de format, devient illustrée et, comme Résonances, traite de thèmes particuliers.
Résonances et Mitteilungsblatt, trouvent leur légitimité dans l’article 89 de la Loi sur l’instruction publique du 4 juillet 1962, article se trouvant déjà dans
celle de 1946, à savoir: «Il existe un office cantonal
de documentation pédagogique qui est un organe
de recherche, de documentation et d’information.
L’office est chargé de tenir le personnel enseignant au
courant des méthodes et des techniques de l’enseignement et de rassembler, à cette fin, la documentation nécessaire. Le DIP organise l’office et précise ses
attributions».
Morale de l’histoire
Tout au long de leur histoire, les différentes revues pédagogiques, toujours soutenues par le Département,
ont constitué un maillon solide de l’Ecole valaisanne.
Elles se sont toujours adaptées à son évolution en devenant, tour à tour, support de formation continue,
document d’appui pédagogique ou de référence, porte-voix des enseignants, tribune de controverses pédagogiques ou méthodologiques, plate-forme d’innovations scolaires, fenêtre ouverte sur l’extérieur…
Que Résonances, Mitteilungsblatt, ou les revues qui
prendront leur relais, demeurent un moyen privilégié
de diffusion de larges informations au profit des acteurs et des partenaires de l’Ecole des deux parties linguistiques du Valais! Qu’elles restent encore très longtemps une des vitrines de son développement!
5
Voyage dans le passé des revues
Nadia Revaz
pédagogiques du Valais
1881 correspond à la création du Bulletin pédagogique:
supplément spécial pour le Valais, publié sous les auspices de la Société valaisanne d’éducation (à noter
qu’un Bulletin existait avant cette date si l’on se réfère
au message introductif du premier numéro), 1882
marque les débuts de L’Ecole primaire, 1956 ceux de
L’Ecole valaisanne, et 1988 ceux de Résonances: impossible donc de voir en cette année 2003-2004 un quelconque anniversaire qui justifierait un retour sur les
traces des revues. Et pourquoi ne pourrait-on pas fêter
les non-anniversaires comme au pays de Lewis Carroll?
Il est parfois bon de se pencher sur le passé pour mesurer les avancées et les statu quo.
La décennie comme fil rouge
Certes, mon exploration n’a rien d’historique, car la démarche est strictement intuitive. Je vous livre simplement mon regard de lectrice. Tout d’abord j’ai choisi un
fil rouge pour parvenir à faire face aux impressionnants
volumes de la bibliothèque. Une fois décidé que je ne
consulterai que chaque dixième volume de 1893-1894 à
1993-1994, j’ai commencé à feuilleter. Bien sûr, j’ai parfois eu des hésitations, en déplaçant les volumes et en
découvrant un texte passionnant de l’année 1900 ou
1985. Au fur et à mesure, je me suis aussi rendu compte
que j’avais trop peu de place pour proposer des articles
6
in extenso et que ce serait encore plus frustrant de publier seulement 3 ou 4 textes (à noter que les textes parus dans la revue étaient souvent nettement plus longs
avant), aussi ai-je pris le parti des morceaux choisis.
Pourquoi ces limitations? Parce que nous sommes dans
une année 3-4 et parce qu’autrement le choix aurait été
encore plus arbitraire. En me limitant à certaines années, j’avais plus de temps pour m’imprégner d’une décennie, mais sous l’angle d’une année seulement. Je
voulais juste au hasard de mes lectures sélectionner
quelques articles, soit toujours d’actualité soit le
contraire. Dès le départ, j’imaginais bien des progrès en
matière de lecture ou de scolarisation des filles. Je savais
aussi que certains débats – comme la baisse de niveau –
étaient récurrents, mais je n’avais pas idée qu’il y avait
un large débat sur la mixité à l’école en Valais en 1881
déjà, et probablement avant, ou que le sentiment d’une
autorité qui se délite était présent à la fin du XIXe siècle
tout comme la question du bien-fondé des notes. Il serait néanmoins faux d’en conclure que rien n’a changé.
Choisir un passage est toujours arbitraire, mais je crois
que la solution retenue donne une petite idée des problématiques d’une époque. Il va de soi que chaque lecteur – mais aussi chaque auteur – aurait fait d’autres
sélections, et je dois avouer que même moi j’aurais
pu trouver d’autres centres d’intérêt à quelques heures d’intervalle. Impossible de le nier, je
vous propose un choix forcément
orienté. C’est donc dire que ma
sélection n’est de loin pas le reflet de la réalité. C’est le résultat
de lectures grappillées car, je
l’avoue, je n’ai pas non plus tout
lu. Néanmoins j’ai passé de nombreuses heures à me plonger dans
L’Ecole primaire et L’Ecole valaisanne. Et je n’en suis pas ressortie
indemne. J’ai été sensible à certains articles, franchement épatée souvent. J’ai également vécu
des minutes de désespérance, me
disant que tel débat était ancien,
alors que je le croyais nouveau.
Cela a modifié mon regard sur
certaines thématiques actuelles.
Résonances - Avril 2004
)
Au final, ce voyage dans le passé des revues pédagogiques valaisannes a aussi considérablement transformé
mon regard sur Résonances, mais aussi sur d’autres revues pédagogiques contemporaines. Je crois qu’à jamais je resterai marquée par la qualité des débuts de
L’Ecole primaire. La lecture était tellement passionnante
que j’en ai vite oublié que c’était écrit avant la Première
Guerre mondiale. Les idées d’avant-garde et l’ouverture
aux réflexions pédagogiques venues d’ailleurs étaient
déjà présentes dans l’école d’autrefois, et ce tout particulièrement vers les années 1900. Il y a bien sûr des
époques qui m’ont moins passionnée, mais peut-être
était-ce en partie parce que je me rapprochais du présent, et que ma faculté d’émerveillement diminuait.
J’espère parvenir à
vous transmettre, à
travers mes choix, le
plaisir que j’ai eu en
parcourant la richesse
de la réflexion pédagogique valaisanne
de 1881 à nos jours.
(
L es buts des revues
Voici quelques fragments des messages introductifs
(éditoriaux) évoquant les objectifs du Supplément valaisan au Bulletin pédagogique publié sous de la Société pédagogique valaisanne, de L’Ecole primaire, de
L’Ecole valaisanne puis de Résonances.
Supplément valaisan au Bulletin
pédagogique
(…) En créant ce supplément nous avons voulu tenir
un compte spécial des intérêts scolaires du Valais. Aussi, toutes les correspondances valaisannes qui jusqu’ici
paraissaient dans le corps même du Bulletin pédagogique fourniront-elles, avec d’autres communications,
la matière de ce supplément qui revêtira par là un caractère exclusivement cantonal et servira, cas échéant,
de lien entre les autorités scolaires à tous les degrés et
le corps enseignant primaire.
N° 1, janvier 1881.
Les rédacteurs de L’Ecole valaisanne
Michel Veuthey (1956-1959) – période où la revue est
bilingue
Eugène Claret (1959-1964)
Paul Bourban (1964-1972)
Jean-Pierre Rausis (1972-1980)
Jean-François Lovey (1980-1987)
Jean-Pierre Salamin, rédacteur ad interim (1987-1988)
( Résonances - Avril 2004
Les rédacteurs de Résonances
Marie-France Vouilloz-Bekhechi (1988-1991)
Jacques Darbellay (1991-1993)
Paul Vetter (1993-1998)
Paul Vetter et Nadia Revaz (1998-2001)
L’Ecole primaire
Voulant tenir compte des désirs manifestés de divers
côtés, et d’accord avec le Comité de la Société valaisanne d’Education, sous les auspices de laquelle elle continuera de paraître, nous apportons un changement au
titre de la présente publication qui portait jusqu’ici celui de Supplément valaisan au Bulletin pédagogique.
L’éditeur de L’Ecole primaire: P. Pignat,
secrétaire à l’Inst. Publ., n° 1, novembre 1882.
L’Ecole valaisanne
En toute simplicité, L’Ecole valaisanne vient offrir à ses
lecteurs ses premiers hommages. Elle part à leur conquête avec confiance, car elle n’a d’autre ambition que
de chercher à les aider.
Elle peut d’ailleurs s’appuyer dès le début sur une
longue expérience. En effet, si elle est neuve sur plusieurs aspects, elle continue L’Ecole primaire, qui fut
pendant 75 ans l’organe de la Société valaisanne d’éducation. (…)
Depuis longtemps, M. Bérard songeait à une transformation de L’Ecole primaire. Il s’agissait tout d’abord
d’étendre la revue à tout le personnel enseignant du Valais. On déplore souvent la séparation existant entre le
Haut et le Bas-Valais; on déplore encore plus l’absence
de rapports entre les enseignements primaires, professionnels et secondaire. (…)
Si chaque maître, dans chaque degré, connaissait mieux
les besoins et les buts des autres degrés, ne serait-il pas
plus facile de s’entendre?
Michel Veuthey, n° 1, novembre 1956.
Résonances
La qualité d’une revue pédagogique se mesure à l’attention que lui portent ses lecteurs et à l’ouverture
qu’elle propose sur la société actuelle. Si une telle revue concerne d’abord les enseignants du canton, elle
se doit aussi de tenir compte des partenaires de l’éducation que sont les parents. (…)
La rédaction se propose d’aborder, durant l’année scolaire, un thème particulier par mois.
Marie-France Vouilloz-Bekhechi,
n° 1, septembre 1988.
7
C ’était écrit en 1883-1884
dans L’Ecole primaire
L’Ecole primaire était publiée sous les auspices de la Société valaisanne d’éducation. En 1883-1884, la revue
paraissait chaque quinzaine, de novembre à avril inclusivement, en livraisons de 16 pages.
Chronique scolaire
Un brave agriculteur de Liddes, nommé J.-Jos. Bastian,
décédé le 21 octobre dans sa commune à l’âge de 80
ans, a légué aux écoles de son village natal la jolie
somme de 2160 francs.
Le rôle du livre dans l’enseignement
Il ne faudrait jamais admettre dans une classe un livre
où les principes religieux ne seraient pas rigoureusement respectés, qui n’offrirait qu’une morale douteuse, qui renfermerait des choses exagérées, des principes
faux ou erronés, sous quelque forme ou sous quelque
apparence qu’ils se présentent.
F. Majoric, n° 1, p. 22.
un petit nombre des instituteurs et des auteurs de manuels de géographie: baser l’étude de la géographie
d’un pays sur l’étude de la carte de ce pays, subordonnant ainsi ce qu’on est convenu d’appeler la géographie politique à la géographie physique.
J. Magnenat, n° 9, p. 139.
Message aux abonnés de l’époque
Nous ne saurions nous dispenser d’adresser quelques
paroles de bienvenue et de remerciements aux nombreux instituteurs et institutrices d’autres cantons, de
celui de Fribourg en particulier, qui ont bien voulu honorer de leur souscription L’Ecole primaire.
P. Pignat, n° 9, p. 129.
Conthey, classe d'Anita Fontannaz, 1936.
But de l’enseignement de la langue
Il ne doit pas s’écouler un seul jour sans que les enfants
soient exercés à reproduire correctement, de vive voix
et par écrit, ce qu’ils auront lu. C’est dans l’habileté à
exprimer par écrit ses propres pensées ou les pensées
d’autrui qu’on a le plus sûr criterium pour juger si l’enseignement de la langue maternelle est donné d’une
manière convenable. Dès que l’écolier peut faire une
description, une lettre renfermant une suite d’idées et
de propositions bien coordonnées quant à leur objet,
sans commettre des fautes d’orthographe trop choquantes, on peut dire qu’il a reçu un bon enseignement
de la langue maternelle, même s’il ne devait pas savoir
distinguer un adjectif d’un adverbe.
Tiré des Principes d’Education et d’Enseignement à
l’usage des aspirants-instituteurs, n° 12, p. 185.
© Fonds Conthey, Médiathèque Valais - Martigny.
Enseignement de la géographie par la cartographie
Depuis un certain nombre d’années, bien des efforts
ont été faits pour améliorer l’enseignement de la géographie dans nos écoles publiques, enseignement qui,
chacun le sait, est demeuré longtemps le plus défectueux. De réels progrès se sont accomplis, ce qui ne
veut pas dire qu’il ne reste plus rien à faire.
Je me bornerai à signaler, entre autres, une réforme,
très importante, et qui n’est encore acceptée que par
L’institutrice
L’institutrice et l’instituteur: n’est-ce pas le même rôle,
le même but, le même dévouement, la même vie semée
de sacrifices, d’efforts et de privations. L’un prépare
l’homme, l’autre, la femme. Et je ne crains pas de dire
que le rôle de l’institutrice est aussi important et plus
délicat que celui de l’instituteur.
L’instituteur s’occupe principalement de l’instruction,
c’est-à-dire des idées, des connaissances et du savoir.
L’institutrice penche pour l’éducation qui embrasse les
habitudes, les sentiments, les mœurs, qui est l’enseignement de nos rapports avec nos semblables, de nos devoirs envers la famille et envers Dieu.
Extrait de Voyage au Pays du Bien,
par Fulbert Dumonteil, n° 11, p. 161.
8
Résonances - Avril 2004
)
C ’était écrit en 1893-1894
dans L’Ecole primaire
Les articles de cette année-là traitaient de thématiques
fort variées (la lecture, l’autorité, la vocation, le placement du personnel enseignant en été, etc.). Il y avait
aussi une partie pratique, présentant les thèmes donnés aux examens des recrues. S’ajoutaient à cela des
récits, des pensées, des anecdotes scolaires, etc. Les
feuilletons étaient à la mode et nombre d’articles – très
longs selon nos normes contemporaines – étaient fréquemment découpés en épisodes.
De bonnes habitudes à l’école primaire
«Il faut que l’instituteur donne l’exemple d’une parfaite
distinction à l’école; qu’il évite les paroles dures, ou blessantes, les gestes violents et désordonnés, les brusques
rappels à l’ordre, qu’il traite les élèves avec douceur, qu’il
ne prenne pas un cahier, qu’il n’interroge pas un élève
sans y mettre des formes polies; que dans ses visites aux
parents, dans ses relations avec le public, il se distingue
du rustique paysan par son tact et son savoir-vivre.»
Extrait du Bulletin de l’Instruction primaire de la Corrèze.
N° 3, p. 35.
Les devoirs à domicile
Les devoirs à domicile constituent un procédé éminemment propre à inculquer à l’élève l’habitude de produire quelque chose par lui-même. (…)
L’ordre, la régularité, la propreté, l’économie, le courage, la persévérance, la soumission sont autant de vertus
à la pratique desquelles l’enfant s’exercera en accomplissant sa petite tâche journalière.
N° 4, p. 53.
Examen des recrues
Nous vous recommanderons tout d’abord d’apporter
un soin particulier à obtenir une bonne lecture, de
manière que les élèves, non seulement lisent couramment, sans aucune hésitation, avec correction et bonne prononciation, avec pauses et articulation distincte,
un alinéa quelconque, mais qu’ils en saisissent le sens
et sachent, au besoin, le répéter de vive voix, du moins
quant au contenu. (…)
Prochain dossier:
L’enseignement du français, d’hier
à demain, ici et ailleurs.
( Résonances - Avril 2004
Anecdote scolaire
Le jeune Mardochée se présente à un examen. – L’instituteur: si votre père emprunte 1000 fr. avec promesse de rembourser à raison de 250 fr. par an, combien
devra-t-il au bout de 3 ans? – 1000 fr. – Mais, mon enfant, vous ne connaissez pas le premier mot de l’arithmétique. C’est possible… mais je connais mon papa.
Il en est de même 1° de toutes les leçons: elles doivent
être expliquées et comprises avant que les élèves les apprennent; 2° de tous les exercices de grammaire et de
style destinés à amener à l’art difficile d’exprimer facilement leurs pensées, qui est cependant le but principal
de tous les exercices précédents; car à quoi le bon instituteur peut-il viser, sinon à mettre son élève en état de
rendre ses pensées par la parole et par l’écriture?
Par le chef du Département, Roten, n° 5, p. 65.
Du manque de fermeté dans l’éducation
Bien rares sont de nos jours les hommes de caractère, bien
rares sont ceux qui savent se tracer un plan de conduite et
le suivre: on ne rencontre plus que légèreté et laisser-aller
sur toute la ligne. D’où provient cet état de choses: du
manque de fermeté dans l’éducation. Aujourd’hui, les enfants sont choyés, dorlotés, gâtés à qui mieux mieux. On
leur accorde tout ce qu’ils veulent et comme ils le veulent,
de crainte de les rendre malades en ne satisfaisant pas
tous leurs désirs. En un mot, on veut en faire non pas des
hommes utiles à la société, mais des petits dieux.
N° 5, p. 69.
A noter que ces mêmes propos étaient repris dans la
revue en tant qu’extraits de «l’Art de commander»,
ouvrage qui connut un vif succès à l’époque.
Méthodes d’enseignement
L’emploi uniforme du temps des classes, l’usage des
mêmes méthodes d’enseignement, voilà, ce me semble,
les deux conditions sine qua non pour poursuivre sûrement et plus rapidement la marche progressive de
l’éducation et de l’instruction dans notre cher Valais.
Dans le programme de notre enseignement primaire, il
est une matière, base de toutes les autres, – la religion
à part – et dont la primauté d’importance n’échappe à
personne; j’ai nommé la langue.
N° 8, p. 116.
9
C ’était écrit en 1903-1904
dans L’Ecole primaire
Le 1er janvier 1904, l’année de L’Ecole primaire cesse de
commencer d’octobre à avril pour débuter en janvier.
Variétés
On demande à Toto si son instituteur est content de
lui. – Oh oui, répond-il fièrement; il m’a dit que si je
continue comme cela l’année prochaine, je serai le
doyen d’âge de la classe.
Difficultés du début
Je visitais l’autre jour la classe d’un jeune maître sorti
tout récemment de l’école normale.
Ce n’était pas brillant, tant s’en faut; le pauvre jeune
homme se débattait au milieu d’une cinquantaine
d’enfants, tous plus remuants les uns que les autres,
les sermonnant à propos de tout et de rien, au moyen
de longues harangues, dont le premier résultat était
de leur faire perdre un temps précieux.
T*****, n° 2, p. 17.
par de douces remontrances et la promesse de les récompenser s’ils se conduisent mieux à l’avenir? Nous le
sentons bien, quand l’affection, aidée des récompenses,
ne suffit pas, il faut bien avoir recours aux punitions.
Pierre Fournier, inst. à Euseigne, n° 4, pp. 52-53.
Récréations ou sorties scolaires
Dans nos écoles de montagne, l’habitude des récréations
ou des sorties scolaires n’a pas encore pris. Les considèret-on comme une perte de temps? Ce serait un tort.
Gibé, inst. à Combaneire, n° 2, p. 19.
Le tableau noir
Le recours au tableau noir doit être continuel. Sans aller jusqu’à s’écrier avec un auteur: «Le tableau noir,
c’est la vie de l’enseignement», on peut dire aux régents: «Usez-en, usez-en beaucoup». La poussière de
craie sur les mains et sur les habits du maître est comme la poudre à la figure du soldat, un signe qu’il fait
son devoir et comprend bien son métier.
Gieffe, n° 5, p. 67.
© Benedikt Rast, Médiacentre, Fribourg.
Des récompenses et des punitions
Certaines gens prétendent que l’on peut conduire un
enfant par le seul moyen de la persuasion et des récompenses. Mais alors pourquoi ne démolissons-nous pas les
prisons et ne rendons-nous pas la liberté à ces criminels
détenus que l’on pourrait peut-être ramener au devoir
Chanoine professeur devant un tableau noir, vers 1955.
10
Le goût de la lecture
Ce sont ces livres agréables qui, après avoir captivé
l’enfant ont chance de pénétrer avec lui dans la famille. Il faut, dans un tel milieu, parler à l’imagination et
à la sensibilité avant de s’adresser à la raison plus mûre. Il faut commencer par ce qui amuse, poursuivre par
ce qui instruit, achever par ce qui élève.
Mais s’il ne faut pas proscrire les ouvrages faits pour
distraire, il y a des ouvrages sérieux (sciences, économie, politique) dont les instituteurs devront surtout
recommander la lecture aux plus intelligents de leurs
élèves, après les avoir lus eux-mêmes.
N° 6, p. 94.
Quelques conseils pour l’orthographe
1° Empêcher que les enfants ne contractent, au point
de vue de l’orthographe, de mauvaises habitudes.
2° Apporter dans son enseignement, plan, suite et
graduation; ne pas oublier que chaque leçon doit
avoir un objet précis.
3° Comprendre que l’étude de l’orthographe est affaire d’observation, de raisonnement et de pratique.
N° 7, pp. 105-106.
Résonances - Avril 2004
)
C ’était écrit en 1913-1914
dans L’Ecole primaire
A cette époque, L’Ecole primaire donne de 10 à 12 livraisons de 16 pages chacune, non compris la couverture, et autant de suppléments de 8-16 pages pendant
l’année ordinaire (soit du 1er janvier au 31 décembre).
Nouveau livre de lecture
Le personnel enseignant primaire valaisan accueillera
certainement avec la plus vive satisfaction la bonne
nouvelle que nos écoles vont enfin être dotées d’un
livre de lecture spécialement rédigé pour elles et publié par les soins du Département cantonal de l’instruction publique. Cet ouvrage, enrichi d’une centaine
d’illustrations, est appelé à paraître dans quelques semaines, le manuscrit, entièrement livré, s’en trouvant
actuellement à l’impression. Il a pour titre: Livre de
lecture à l’usage des écoles primaires du canton du Valais (cours moyen et supérieur).
Le nouveau manuel – dont la rédaction fut confiée à
une commission de trois membres, composée d’hommes
d’école des plus compétents – est appelé à combler une
importante lacune.
N° 7, p. 97.
Enseignement de l’écriture
Autrefois, l’enseignement de l’écriture occupait à
l’école primaire une place prépondérante: on sait avec
quel soin et quelle habileté écrivaient les instituteurs.
Une réaction a suivi, mais elle a été trop forte, car,
malgré l’emploi, dans le commerce, de la machine à
écrire, la bonne écriture reste très appréciée et ce sera
toujours être agréable aux gens qui vous lisent que de
leur épargner la fatigue et l’ennui d’un déchiffrement.
On doit donc chercher à faire acquérir à l’enfant une
écriture très lisible et assez rapide. Cela demande un
enseignement méthodique et des soins persévérants.
N° 7, p. 101.
L’alphabet en chocolat
Un maître d’école vient d’appliquer une originale méthode d’enseignement: l’alphabet en chocolat. (…)
L’appât de la gourmandise surexcite ces petits cerveaux et il paraît qu’en trois jours à peine les élèves reconnaissent toutes les lettres et composent de nombreux mots. Il ne coûte que d’essayer. Mais sans doute
le moyen n’est pas à la portée de chacun.
( Résonances - Avril 2004
Pensée
La curiosité des enfants est un penchant de la nature
qui va au-devant de l’instruction; ne manquez pas
d’en profiter.
Fénelon
L’Ecole ménagère
Ainsi enseignée, la jeune élève ménagère devient
tour à tour cuisinière, infirmière, mère de famille, repasseuse, couturière, jardinière même. Rien ne lui paraîtra ennuyeux dans ces occupations familiales, parce
qu’elle comprendra bien que la femme qui veut commander dans sa maison doit connaître et savoir faire
les choses qu’elle ordonne et en posséder l’expérience
pratique.
Par Mme Lucie de Courten,
supplément du n° 8 de «L’Ecole»
Importance de l’attention
Les conseils, que l’on pourrait donner pour la pédagogie de l’attention, ressemblent sur bien des points à
ceux qui concernent la pédagogie de la mémoire. Et,
tout d’abord, il est des heures où il vaut mieux qu’à
d’autres demander aux enfants un effort d’attention;
le matin est toujours préférable; de plus, il ne faut pas
exiger que cet effort soit continu, ni même, en général, de bien longue durée sans un repos appréciable
et qui change complètement le cours des idées; plus
l’enfant est jeune, en tout cas, et plus l’effort doit
être limité.
N° 5, p. 72.
La lecture à haute voix
On se plaint souvent que les enfants ne savent pas lire. Il ne s’agit pas ici bien entendu de la lecture matérielle, car on trouverait difficilement dans les Cours
moyens de nos écoles primaires des élèves incapables
de déchiffrer couramment un texte imprimé, mais
bien plutôt de la façon de lire qui laisse à désirer. La
constatation en a souvent été faite soit dans les écoles
elles-mêmes, soit dans les examens de divers ordres,
et on a remarqué que beaucoup d’écoliers et de candidats lisent d’une manière peu intelligible et peu intelligente.
H. C., n° 5, p. 72.
11
C ’était écrit en 1923-1924
dans L’Ecole primaire
Dans les années 20, par rapport aux années précédentes, le contenu des numéros est davantage lié au
budget.
grammes sont surchargés quoique la durée de la scolarité demeure invariablement la même.
Extrait du «Valais», n° 2, p. IV.
Pensée pédagogique
Avant toute chose, les instituteurs doivent posséder la
vraie connaissance du Christ, en sorte que, fondant
leur vie sur le christianisme, ils accomplissent leur mission devant Dieu en vue du salut, et qu’ainsi, par le dévouement et le bon exemple, ils rendent heureux leurs
élèves en cette vie et les préparent encore à la félicité
éternelle.
Les païens eux-mêmes avaient senti tout ce qu’il y a de
grand, d’élevé, dans la charge d’éducateur. «Le plus
bel emploi de la sagesse des vieillards, disait Cicéron,
c’est l’éducation de la jeunesse.» - Et Platon: «Il n’y a
rien de plus divin que de former les enfants à la vertu.»
N° 7, p. 33.
Conférence de l’Instruction publique
Les directeurs des Départements de l’instruction publique se sont réunis en assemblée annuelle le samedi
26 avril écoulé, à Lausanne.
La discussion s’est ouverte sur de nombreux problèmes
qui intéressent le développement de l’instruction primaire post-scolaire, secondaire et classique.
N° 5-8, p. IV
L’enseignement post-scolaire
Ce sera le principal objet à l’ordre, disons le plat de résistance, du prochain Congrès pédagogique valaisan
qui tiendra ses assises à Martigny en avril.
En choisissant ce thème le Comité de la Société valaisanne d’éducation présidée avec autant de distinction
que de compétence par M. le député Thomas, a été
particulièrement bien inspiré.
C’est une question de toute actualité que celle de l’enseignement post-scolaire. (…)
L’enseignement primaire donné dès l’âge de sept à
quinze ans inclusivement n’est ordinairement pas suffisant pour «meubler» une intelligence moyenne des
connaissances nécessaires à la vie courante. Les pro-
12
© Oscar Darbellay, Médiathèque Valais - Martigny.
La situation matérielle de nos instituteurs
C’est avec un vrai chagrin que nous enregistrons le vote émis par le Grand Conseil dans sa dernière session à
l’occasion de la discussion du budget. (…)
En cette circonstance, notre personnel enseignant a
compté une fois de plus de chauds et éloquents défenseurs de leurs légitimes intérêts et de leurs justes revendications. (…)
Malheureusement, tous leurs efforts sont venus se briser contre la volonté tenace et irréductible de nos députés de rogner partout sans se demander si toutes
leurs réductions ne ressemblent pas quelquefois à des
économies de bouts de chandelles.
P., n° 12, p. 50.
L’enseignement primaire au Grand Conseil
Il s’agit d’une révision partielle de la loi de 1907 sur
l’enseignement primaire afin de la mettre en harmonie
aux exigences actuelles. La Commission, par l’organe de
son président M. Thomas, propose le renvoi momentané de cette révision, laquelle imposerait vraisemblablement une dépense nouvelle de Fr. 107’000.- pour l’Etat
et une somme égale pour les communes. Il y aurait
peut-être lieu de refondre la loi actuelle. On sait que le
projet comporte une prolongation de la durée de la scolarité, l’introduction de l’enseignement ménager obligatoire et de porter à 4 ans les études normaliennes.
N° 5-8, p. IV.
Montana, sœurs donnant une leçon, vers 1940.
Résonances - Avril 2004
)
C ’était écrit en 1933-1934
dans L’Ecole primaire
L’Ecole primaire des années 1933-1934 reste dans la
ligne des éditions des années précédentes.
A propos de la fermeture des classes
Quoique la situation financière du canton soit difficile
en ce moment, le Département de l’I. P. n’entend nullement faire des économies qui seraient de nature à
entraver les progrès réjouissants de l’enseignement
primaire.
Le Département entend suivre un programme basé
sur la justice distributive. C’est pourquoi il a cru tout
d’abord utile de faciliter la tâche du maître en dédoublant les classes surchargées et en réunissant d’autres
comprenant un effectif trop réduit. (…)
En 1912-13, il y avait en Valais 618 classes avec une
moyenne de 34 élèves. Pendant le cours scolaire 193233, 23’388 élèves ont fréquenté nos 752 classes primaires, ce qui donne une moyenne de 31 élèves. En 20
ans, il y a eu une augmentation de 134 classes dans le
même temps que la fréquentation moyenne des
classes a diminué de 3 unités.
N° 9, p. 252.
Difficultés orthographiques
L’orthographe française est extrêmement difficile. Elle
fait bien souvent le désespoir des maîtres et des
élèves. Et après des années d’étude du vocabulaire et
des règles de grammaire, les résultats restent médiocres. Rares sont, en effet, ceux, qui même après des
études classiques, parfois des études supérieures, possèdent une orthographe impeccable et n’ont besoin
que rarement de consulter le dictionnaire ou la grammaire. (…)
Il ne reste donc aux maîtres et aux élèves qu’à prendre les choses comme elles sont; à en tirer le meilleur
parti possible; à s’appliquer à l’acquisition de l’orthographe par l’étude sérieuse d’un vocabulaire étendu
et des règles de la grammaire; enfin par la lecture et
l’usage fréquent d’un dictionnaire. La grammaire
et le dictionnaire sont des livres qu’on devrait rencontrer avec le catéchisme, la Bible et l’Evangile dans
toute famille.
N° 10, pp. 320-322.
Des punitions
En règle générale, il faut proscrire dans l’éducation
publique des enfants toute punition corporelle et toute peine physique ou morale contraire au sentiment
( Résonances - Avril 2004
de la dignité personnelle de l’élève. Les coups avec la
main ou quelque instrument, de quelque façon et sur
quelque partie du corps qu’ils se donnent, sont des
moyens disciplinaires auxquels un instituteur qui se
respecte et respecte ses élèves se fait un strict devoir
de ne jamais recourir.
N° 13, p. 393.
L’orientation de l’enseignement primaire
Autrefois, gémit-on de toutes parts, l’école primaire
formait des élèves qui avaient de l’orthographe et qui
savaient calculer: à ceux d’aujourd’hui, demandez une
multiplication de nombres décimaux, demandez la
conjugaison d’un verbe usuel – rire par exemple, –
vous rirez certes, de la fantaisie arithmétique et grammaticale qui vous sera offerte. Et l’on ajoute: «C’est
parce que l’école primaire devient une petite université qui donne des clartés de tout, ce qui empêche d’approfondir les choses essentielles».
Voilà un point de vue.
Mais, répliquent nombre de pédagogues, cette formation que vous souhaitez serait, à notre époque, bien
insuffisante. Jadis, l’homme du peuple pouvait, à la rigueur, ignorer tout de l’histoire, de la géographie, des
sciences naturelles. Mais aujourd’hui!
N° 13, p. 396.
Radio scolaire
La Société romande en faveur de la diffusion de la Radio développe son activité envers l’Ecole.
L’année dernière, plusieurs séances ont été organisées
spécialement pour les classes primaires; elles ont eu
trait à des leçons de chant, de musique, de géographie, des causeries variées et intéressantes.
N° 1, p. 3.
Chronique de l’Union
Quant à la mise à la retraite d’office à 55 ans, solution
qui nous avait tant effrayés il y a quelques jours, il
n’en a paraît-il jamais été question sérieusement. M. le
Chef du Département, bien à propos, nous a tranquillisés. (…)
Les anciens qui se sentaient en danger et sous le coup
de cette menace peuvent donc boucler leurs malles
sans inquiétude et dire «au revoir» à leurs élèves. Nous
nous associons à leur joie et leur souhaitons de bonnes
vacances.
M, n° 8, p. 211.
13
C ’était écrit en 1943-1944
dans L’Ecole primaire
Dans ces années-là, au sommaire de L’Ecole primaire
on trouvait des communications diverses, une partie
pédagogique, une partie pratique, des informations
pédagogiques, une bibliographie ainsi qu’une rubrique nécrologie.
La partie pratique était développée autour de centres
d’intérêt en lien avec la langue française, de leçons de
choses, histoire, etc.
L’école pour la vie
L’angoisse du temps présent n’effleure pas l’école. Les
enfants continuent leur doux travail dans la salle
chauffée derrière les vitres où danseront les flocons de
neige; – ou bien c’est le printemps, et le bourdonnement des abeilles avec le parfum des fleurs. Et cela est
bien: oasis préservée au matin de la vie.
Mais… pendant ce temps-là, puis-je oublier que le
monde saigne? Que tout près de nous les familles sont
peut-être dans le labeur et les larmes? (…)
C’est beau d’enseigner la grammaire et le calcul; c’est
plus beau de contribuer à l’édification de la cité harmonieuse.
M. M., n° 2, p. 37.
A propos de la suppression des notes scolaires
En résumé, la suppression des notes scolaires dans les
écoles supérieures de La Chaux-de-Fonds ne reconnaît
plus aux parents le droit de suivre le travail de leurs
enfants, de les conseiller, de leur faire des observations que nécessitent parfois leur conduite à l’école.
(…) La nouvelle méthode permet toutes les suppositions, fait naître des jalousies et laisse supposer l’existence de petites combinaisons en créant une ambiance de préférence ou de favoritisme.
N° 2, p. 40.
Le patois
«Le dialecte ne doit pas être repoussé dans son ensemble. Il y a quelque chose de triste dans son abandon. C’est agir contre soi-même, renoncer à une douce
atmosphère domestique et populaire qui ne peut se
garder sans lui.»
C’est Henri de Ziegler qui parle ainsi.
L’avis n’est pas à rejeter.
Avant lui, Mistral a trouvé des mots simples et clairs
pour exprimer la même pensée.
(…)
14
Le patois, ennemi du français? Erreur! Je préfère un
écolier qui vient vers moi le premier jour en parlant un
bon patois, à celui qui jargonne un pitoyable français.
Jean Follonier, n° 4, pp. 110-112.
Nouvelles méthodes
Une certaine pédagogie est en vogue. Elle nous vient
d’Italie, de Belgique. On est Decrolyen, Montessorien
ou pédagogue traditionaliste. (…)
Que faut-il penser de ces nouveaux systèmes d’éducation? Certains, trop pressés ou les connaissant insuffisamment, les rejettent en bloc. (…) Je ne crois pas qu’il
soit opportun de partir en guerre au nom des Anciens
contre les Modernes. Si ceux-ci se trompent, rappelons-nous qu’il y a dans toute erreur une parcelle de
vérité et recherchons-la.
M. Hamayon, n° 7, p. 206.
A propos des notes scolaires
Il nous est venu un jour l’idée d’annoncer à la classe,
que serait classé premier celui dont le nombre de fautes
aurait le plus diminué sur la semaine précédente. Le résultat fut surprenant. (…) Cette petite expérience nous
incite à émettre l’opinion que l’on gagnerait à accentuer la note «progrès» au détriment de la note force.
N, inst., n° 11, p. 328.
La Caisse de Retraite du Personnel enseignant,
exercice 1943
Le traitement du régent de 1906 ne permettait pas de
réaliser des économies pour les vieux jours.
Aussi devenait-il urgent de créer une institution de
prévoyance.
N° 14, p. 422.
L’instituteur et la psychologie
La leçon doit être une réponse à une question, dit Claparède; en d’autres termes, la leçon doit intervenir
lorsque l’utilité de la valeur est pressentie par l’enfant.
Est-ce à dire que cette attitude fonctionnelle soit toujours possible, toujours désirable? Nous ne le pensons
pas, car si d’une part l’enfant doit comprendre et vouloir par lui-même, il doit aussi automatiser et obéir
pour son bien. Ces deux mécanismes ne sont pas
contradictoires et l’éducation intelligente doit savoir
insister à tour de rôle sur chacun d’eux.
A. Rey, professeur à l’Institut des sciences
de l’éducation, n° 14, p. 426.
Résonances - Avril 2004
)
C ’était écrit en 1953-1954
dans L’Ecole primaire
Les numéros de 1953-54 contiennent quelques illustrations et la partie pratique gagne en importance, avec
l’introduction en cours d’année de fiches de lecture silencieuse.
Méthodes: la fin et les moyens
Qui dit école dit livres; pas d’écoles sans livres. Mais le
livre n’est qu’un moyen pour accéder à la réalité et nullement une fin en soi. De celui qui, au lieu de contempler
un paysage à travers ses jumelles, se contenterait d’examiner curieusement cet instrument d’optique, on dirait
avec raison qu’il n’a pas toute sa raison. Dans l’école, la
querelle des anciens et des modernes est de toujours.
Périodiquement, l’école dite moderne accuse l’école
traditionnelle de faire la part trop belle aux branches
qui s’enseignent par
la voix et l’imprimé.
Marcel Michelet,
n° 6, p. 203.
© Fonds Vieux-Monthey, Médiathèque Valais - Martigny.
Conseils aux débutants dans l’enseignement
C’est un moment important que celui où un maître débutant se trouve pour la première fois dans une salle
de classe devant des élèves qu’il ne connaît pas encore, et qui, eux, ne le connaissent pas non plus. De
ce moment peut dépendre sa réussite ou
son échec sinon total
du moins partiel. Il
s’agit donc pour lui
de savoir quelle attiScolarité
tude il prendra, ce
A peine arrivé au Déqu’il devra dire ou ne
partement de l’inspas dire, de quelle
truction publique,
manière il donnera
Monsieur le conseilsa première leçon,
ler d’Etat Gross s’est
quel travail d’applidonné pour tâche la
cation il imposera,
réforme de notre enbref comment il étaseignement. Œuvre
blira dès le premier
méritoire s’il en est
jour son autorité et
qui continue et comson prestige; car si
plète celle entreprise
l’autorité vient à faipar son prédécesseur
Monthey, classe du curé Joseph Courthion, vers 1900.
re défaut, la classe
Monsieur Pitteloud.
ou l’école sera rapidement un foyer d’indiscipline, de
Il y a lieu tout d’abord d’augmenter la durée moyenne
mauvaises habitudes et même de vices.
de la scolarité qui est la plus basse de Suisse. En effet,
(…) Résumons ce qui précède par ces mots: grande diprès de la moitié de nos classes ne s’ouvrent que pengnité du maître, calme imperturbable, égalité d’hudant 6 mois; pour être exact, 40% dans le Bas-Valais et
meur, discipline sévère, mais non brutale, policière,
52% dans le Valais romand.
travail d’élèves intéressant et utile, préparation réguCl. Bérard, n° 9, p. 302.
lière et soigneuse de la classe. A ce prix tout ira pour le
mieux.
Campagne d’éducation routière 1954
J., n° 2, p. 19.
Sous le thème «Respectez signes et signaux», une
campagne d’éducation routière aura lieu fin mai/
début juin 1954 dans toute la Suisse. Les DéparteL’instruction religieuse dans les Ecoles primaires
ments de police et des travaux publics, ainsi que les
En voyant figurer les leçons de religion dans l’horaire
associations et institutions intéressées à la circulation
de classe, mainte personne enseignante peut être tenroutière collaborent à l’organisation de cette camtée de croire que l’histoire sainte et le catéchisme sont
pagne; les écoles devront aussi en bénéficier, car on
des matières scolaires comme les autres et qu’il faut
déplore trop souvent des accidents dont les enfants
bien les traiter puisqu’on les demande aux examens.
sont victimes.
On sera même tenté de les réduire en faveur de choses
plus pratiques. Erreur grossière.
Le chef du Département de l’instruction
publique, M. Gross, n° 14, p. 490.
C. Gribling, S. M., Sion, n° 3, p. 90.
( Résonances - Avril 2004
15
C ’était écrit en 1963-1964
dans L’Ecole valaisanne
Faisant suite à L’Ecole primaire, L’Ecole valaisanne a vu
le jour en 1956. En 1963-1964, la revue a donc dépassé
l’âge de raison. La revue comportait alors une partie
générale, une partie officielle et une partie pratique.
Fait frappant, la publicité, présente dès les débuts de
l’école primaire, était très présente dans les années 60.
Délicatesse
Notre technique moderne est admirable: elle rend la
vie plus confortable, mais non plus heureuse. Nous
pouvons redevenir sauvages en dépit du frigidaire et
du transistor, parce que l’éducation du cœur n’a rien à
voir avec les progrès de la technique.
Crocus, n° 1, p. 4.
Lectures pour nos grandes filles qui font des
études
La multiplication des moyens audiovisuels des appareils de télévision, des magazines illustrés a pu faire
craindre, il y a quelques années, que la civilisation du
livre ne soit détrônée par celle de l’image. Sans préjuger de l’avenir, disons que le moment n’en paraît pas
venu. En tout cas, les réponses des jeunes à de récentes enquêtes montrent que la lecture figure en
bonne place parmi leurs loisirs.
Monique Debure, Revue «Parents et Maîtres»,
n° 40, juin 1963, in n° 1, p. 10.
Le décalogue pédagogique
Chercher par tous les moyens à créer une bonne atmosphère de classe. Aimer les enfants et leur témoigner
beaucoup d’affection, d’amitié. Etre gai, patient, bienveillant, ferme et calme. Rire souvent. Chanter beaucoup.
Favoriser l’expression libre, le texte libre, le dessin
libre, le calcul vivant, la recherche, l’esprit d’initiative.
Imprimer ou polygraphier les textes d’enfants, les ré-
Humour
Le marmot a rapporté une très mauvaise note en calcul. Son père décide de s’en occuper.
Si tu as 7 oranges, dit-il, et que tu en ajoutes une, ça
fait combien d’oranges?
Je ne sais pas, répond le marmot, à l’école on compte
toujours en pommes.
16
sultats de leurs enquêtes, de leurs interviews, le compte rendu de leurs initiatives, l’analyse de films… pour
en constituer un intéressant LIVRE DE VIE, qui sera
échangé avec des classes correspondantes.
Tirer son enseignement de ce que la vie nous apporte.
Travailler dans le concret. Faire beaucoup de travaux
manuels et de sport.
Travailler à la mesure de chacun. Individualiser l’enseignement et favoriser le travail en équipe. Adopter le
système d’entraide et de collaboration entre élèves.
Adopter la pédagogie de l’encouragement. Faire en
sorte que tout ce qui est entrepris aboutisse autant
que possible à la réussite, au succès.
Ne pas mettre de notes mais des appréciations encourageantes telles que: bien, bravo, etc. ou alors «vu»
quand les résultats ne sont pas satisfaisants.
Chercher les dispositions particulières de chaque élève
en vue d’en faire un moniteur (lecteur, calculateur, géographe, dessinateur, peintre, gymnaste, opérateur, etc.).
Favoriser et encourager les bonnes actions. Relever les
faits positifs: conduite, effort, persévérance, ordre et
propreté, discipline, politesse, initiatives, égards, esprit d’entraide, maîtrise de soi, etc.
Quand l’atmosphère de la classe est devenue ce qu’elle doit être, demander aux élèves de se constituer en
petite communauté républicaine avec son comité, ses
lois, ses charges, ses responsabilités. Favoriser l’esprit
civique.
Viser au SELF GOVERNMENT et faire confiance. Apprendre à vivre dans l’harmonie.
Par Edgar Sauvain, instit., Bienne,
n° 8, p. 14.
Pas de mathématiques sans efforts
C’est en 1959, après plusieurs années d’expérience,
que la méthode Cuisenaire a été officiellement adoptée par le Département de l’instruction publique pour
les classes de la partie romande de notre canton. (…)
Au sujet de l’application de la méthode, on constate
que du côté des élèves il n’y a absolument aucune difficulté. Bien au contraire, il suffit de voir les classes
au travail pour se rendre compte combien le matériel
réglettes correspond à la psychologie de l’enfant.
Tous les maîtres qui, sans idées préconçues, ont honnêtement tenté l’expérience sont unanimes à déclarer
que jamais ils ne voudraient revenir à leur ancienne
méthode.
Léo Biollaz, n° 6, p. 13.
Résonances - Avril 2004
)
C ’était écrit en 1973-1974
dans L’Ecole valaisanne
1973-1974 correspond à un changement de format du
Bulletin du personnel enseignants du Valais romand.
C’est aussi l’arrivée des photos.
Réflexions sur le cycle d’orientation
En septembre 1974 sera introduit en Valais un nouveau système scolaire concernant les élèves de douze à
quinze ans et appelé «cycle d’orientation». (…)
Il apparaîtra à chacun que le cycle d’orientation prévu
pour l’an prochain exigera beaucoup de doigté dans
sa mise en place. Et cela, parce qu’il repose sur deux
exigences contradictoires. La première est qu’il faut
retarder le choix d’une profession et des études qui y
préparent pour ne pas faire fausse route; la deuxième
est qu’il n’est pas nécessaire d’attendre l’âge de 14 ans
pour permettre à un élève intelligent de foncer de
l’avant. Ce sera la tâche de l’école romande de trouver
la solution du compromis.
Eug. Claret, n° 1, pp. 47-49.
Le droit à la parole
Le développement de l’expression verbale est un aspect de la formation des élèves qui laisse encore à désirer dans les écoles de notre canton. (…)
Le mal proviendrait-il d’une indigence du vocabulaire?
Sans doute y a-t-il avantage à connaître le plus grand
nombre de mots d’une langue. Nos écoles s’y emploient, par toutes sortes d’excellents moyens: utilisation des dictionnaires, recherches d’homonymes, de
mots contraires, analogues, complémentaires, apparentés, exercices à trous, étude de termes selon des
listes de fréquences.
Anselme Pannatier (éditorial),
n° 3, p. 3.
Rapport de la SPVal 1972-1973
Nous relevons avec une très vive satisfaction que durant l’exercice 1972-1973 l’activité déployée par la SPVal dans le domaine pédagogique a pris nettement le
pas sur les questions matérielles.
L’adoption, par le Grand Conseil, le 7 février 1973, du
décret concernant l’alignement sur la moyenne suisse
des traitements du P. E. est l’une des réalisations majeures qui nous ont permis d’étudier plus à fond les
problèmes touchant directement à l’école.
Joséphine Briguet, présidente,
et Arthur Borloz, secrétaire, n° 4, p. 48.
( Résonances - Avril 2004
Avant-propos au numéro consacré au CO et à ses
débouchés
L’adaptation des âges scolaires aux clauses du concordat intercantonal, l’introduction, dans le Valais d’expression française, du nouveau programme cantonal
romand et, en 1974, le début du Cycle d’orientation
conjuguent leurs effets sur l’Ecole valaisanne.
L’abondance des réformes qui en résultent peut dérouter, surtout aujourd’hui où l’école est devenue, dans le
monde occidental, le champ d’élection dans lequel tous
les prophètes de lendemains qui chantent aspirent à semer leur grain… ou leur ivraie, et réussissent parfois,
dans les esprits, de belles moissons de confusion.
Antoine Zufferey, chef du Département
de l’instruction publique, n° 5, p. 4.
Nouveaux catéchismes
Depuis quelques mois une campagne a été menée contre les nouveaux catéchismes introduits officiellement
dans notre diocèse. Des tracts («Que se passe-t-il au catéchisme?», des brochures («Savent-ils ce qu’ils défont?»)
ou des feuilles ronéotypées sous le titre de «FAC» sont
répandus dans nos familles par une organisation anonyme qui ne signe pas ses articles. (…) Les catéchismes utilisés dans les quatre premières années d’école primaire
depuis plusieurs années n’ont jamais été condamnés ni
refusés par une instance de Rome.
F. Pralong sm, n° 7, pp. 28-30.
L’enseignant dans la société
L’enseignant doit-il s’engager dans la société? Comment? A quel niveau? Pourquoi?
En essayant de faire une rétrospective, sur ce plan, nous
constatons que l’enseignant occupait il y a une vingtaine d’années – et peut-être encore dans certains petits
villages – une place privilégiée au sein de la société. (…)
Devant cette situation pouvons-nous dire en extrapolant que l’enseignant n’a plus de rôle important à
jouer au sein de la société? Que la profession a perdu
de son éclat?
Je ne pense pas, car la profession enseignante reste
avant tout un engagement collectif presque au service
de la collectivité; cependant il paraît de plus en plus
évident, – à l’époque de la spécialisation, – que l’enseignant choisisse son engagement.
Jean-Pierre Rausis (éditorial), n° 9, p. 3.
17
C ’était écrit en 1983-1984
dans L’Ecole valaisanne
Les années 1983-1984 sont marquées par une large
part d’articles consacrés à la société.
Dire ou taire la drogue à l’école?
La drogue figure sans nul doute parmi les phénomènes contemporains les plus discutés et controversés.
Elle dérange et interpelle. La perception du terme
drogue est si différente qu’elle explique la difficulté à
y porter un même regard. Le fléau drogue a tendance
à être réduit à une relation entre «jeunesse» et «substances illégales». Le concept, pourtant, s’élargit.
L’OMS propose, depuis quelques années, une définition
qui englobe des substances qui nous sont chères parmi
lesquelles l’alcool et la drogue. Etre candidat à la
drogue n’est donc pas qu’une question d’illégalité. Le
comportement de toxicomane peut être le partenaire
de toute une vie.
Jean-Daniel Barman (texte
d’une conférence), n° 1, p. 5.
Un exemple d’intégration de l’initiation aux massmedia
Après sept ans d’une intégration tous azimuts, le
brouillon se mue en une mosaïque cohérente. L’initiation aux mass-media est ressentie tant par les milieux
politiques que pédagogiques, comme une nécessité.
Gérald Berger (exemple de l’initiation
fribourgeoise), n° 2, p. 36.
L’école obligatoire et la sélection scolaire
Ce thème de la sélection scolaire touche aussi bien aux
fondements philosophiques et éthiques de l’école qu’aux
aspects structurels et pratiques de sa quotidienneté. (…)
L’intégration des mass-media à l’école.
18
Réfléchir sur la sélection invite à réfléchir sur le rôle de
l’école, sa finalité, ses buts, les moyens humains qu’elle
met en œuvre pour y parvenir, ses limites, ses défaillances, ses exigences d’adaptation et de renouvellement, sa
volonté de démocratisation et les obstacles dressés sur ce
chemin par les autres secteurs de la société.
Jean-François Lovey, n° 4, p. 5.
L’enseignement spécialisé et l’intégration
L’enseignement spécialisé et l’intégration, ces deux
notions, plutôt que de s’opposer, ne véhiculent-elles
pas complémentarité et harmonie? (…)
L’objectif éducatif d’intégrer les personnes handicapées est incontesté: tous les spécialistes sont en principe d’accord, en effet, que les uns et les autres nous devrions vivre ensemble. Où les opinions divergent, c’est
surtout sur les moyens de favoriser ou de réaliser une
telle intégration.
Philippe Theytaz, n° 6, pp. 17-18.
Réflexions sur la classe ouverte
Entre les parents désireux de suivre leur enfant, soucieux de comprendre les mécanismes qui régissent
l’école et le maître peu enclin à la critique ou à la discussion, il y a une tension indéniable: peur et rigidité
caractérisent souvent des rapports pénibles et peu
constructifs entre les partenaires d’une même éducation. (…) Les maîtresses enfantines ouvrent dans la
majorité des cas leur classe aux parents. Pourquoi ne
pas généraliser cette pratique à l’école primaire? Le
débat sur l’instruction et sur son organisation en sortirait certainement grandi.
Marie-Jeanne Bagnoud, Ghislaine Crouzy,
maîtresses de 3e année, n° 8, p. 26.
Chronique SPVal
Année 1983-1984: grande activité
En toute modestie, je crois qu’on peut dire que l’activité de la SPVal et de son comité cantonal a été intense durant cette année scolaire. La préparation du
Congrès SPR à Sion, l’intensification des relations avec
les responsables (du DIP, de la SPR, de l’IRDP) et la participation active et soutenue à toutes les actualités pédagogiques (introduction du français, environnement,
appuis pédagogiques) ont nécessité beaucoup d’énergie et de disponibilité de la part des membres du CC et
des présidents des deux commissions permanentes.
Jean-Marie Abbet, n° 10, p. 22.
Résonances - Avril 2004
)
C ’était écrit en 1993-1994
dans Résonances
Le passage de L’Ecole valaisanne à Résonances, c’est
non seulement un changement de format et de maquette (maquette qui a changé une nouvelle fois en
avril 2002) mais aussi une évolution au niveau du
contenu, avec l’introduction de dossiers thématiques
puis d’interviews. Petite lacune, Résonances n’indique
pas sur sa page de couverture son âge et se contente
de recommencer sa numérotation chaque année à 1.
Ainsi, en 2003-2004, la revue, sous ce nom, en est à sa
quinzième année d’existence.
Collèges valaisans: augmentation notable des
effectifs
L’an dernier, ils étaient 3554 à fréquenter les différents
collèges valaisans. Cette année, ce nombre frôle les
3900. Cet accroissement de près de dix pour cent du
nombre d’étudiants n’est pas sans conséquences.
Paul Vetter, n° 1, p. 5.
La violence à l’école, thème des années 90.
Cycle d’orientation: un nouveau plan d’études
A nouvelle loi scolaire, nouveau plan d’études (PE).
Document indispensable pour permettre la mise en
place d’un Cycle d’orientation à deux voies: l’une «rapide» (section secondaire ou niveaux I), l’autre «médiane» (section générale ou niveaux II), le premier PE
du CO valaisan date de 1987. (…)
Les programmes actualisés des diverses matières enseignées au CO s’appliquent dès la rentrée scolaire 19931994. Ils prennent en compte les options méthodologiques arrêtées par la Commission des programmes
sur la base de la loi scolaire du 16 mai 1986 et sont
conçus en termes d’objectifs.
Guy Voide, inspecteur des écoles du CO, n° 1, p. 6.
Souci de rentabilité
L’école dans son ensemble est un gouffre à finances
dont la rentabilité est fort difficile à démontrer. La
preuve? Autrefois, on avait quarante élèves dans
des classes moins luxueuses et a réussi à inventer la
fusée Ariane, le hamburger et le fil à couper le beurre. Alors pourquoi investir? Nous laisserons le soin de
répondre à Gérard Delaloye, qui dans un récent éditorial du Nouveau Quotidien écrivait: «Que l’on réduise
des cours d’appui à des écoliers ou que l’on freine
le développement de la recherche en physique produira à moyen terme le même effet: la sclérose intellectuelle d’un pays déjà durement touché par la stagnation démographique. (…) Ces mesures ne répondent à aucune stratégie globale autre que celle du
tiroir-caisse.»
Au juste, une sclérose intellectuelle, est-ce rentable?
Paul Vetter (éditorial), n° 4, p. 1.
A propos des racines de la violence
La violence fait partie de notre quotidien; on la
montre à la télé, on l’expose dans les journaux. Il ne se
passe pas un jour sans que des actes de violence grave
se déroulent quelque part sur notre planète bleue.
Même nos chères petites têtes blondes vivent des
scènes d’une agressivité extrême, dans les cours de récréation ou sur le chemin de l’école, quand ce n’est
pas dans la classe elle-même.
Y a-t-il davantage de violence aujourd’hui qu’hier? A
entendre Plaute, l’être humain a peu évolué sur ce plan
en deux millénaires. Une chose est sûre, actuellement la
violence prend des tournures qui interpellent beaucoup.
Jean-François Dorsaz, n° 3, p. 5.
Former des hommes et des femmes libres
A qui l’école doit-elle servir? – demandez-vous.
Et j’entends retentir au-delà de cette question le vieux
débat qui oppose l’intérêt de l’individu à celui de la
société. Comme si l’un et l’autre étaient antagonistes,
ou à tout le moins divergents. Comme si l’épanouissement de l’individu entraînait un appauvrissement simultané de la société ou sa possible mise en danger.
En réalité, la société ne se transforme que lorsqu’elle
est entraînée par des esprits intelligents, vigoureux,
indépendants. Mieux elle forme les individus, et mieux
l’école s’acquitte de sa tâche sociale.
Le chef du Département de l’instruction
publique, Serge Sierro, n° 8, p. 3.
( Résonances - Avril 2004
19
Q uiz: devinez
quand cela a été écrit…
Petit indice, l’un des textes date de 1881, les autres
ont été écrits dans une année 3-4, reste à trouver la
bonne décennie.
ré. Une bonne compréhension résulte, au contraire,
d’un long travail entrepris en profondeur, mené patiemment et systématiquement…
1) Perfectionnement
En ce siècle de vitesse, avec l’évolution rapide des découvertes de la science, nul ne peut plus se figer dans
un immobilisme béat. Celui qui veut rester à la hauteur de sa tâche doit régulièrement rajeunir et moderniser ses méthodes de travail.
Les instituteurs pas plus que les autres n’échappent à
cette loi. Leur profession exige qu’ils soient des ouvriers qualifiés et non des «manœuvres de l’enseignement» pour employer une expression chère à un inspecteur scolaire.
3) De l’enseignement intuitif à l’école primaire
C’est par la perception que notre âme arrive à connaître, à acquérir des connaissances. La plupart de ces
connaissances parviennent à notre esprit par l’intermédiaire des sens, et c’est particulièrement la vue qui
est le plus en jeu. C’est pourquoi tout enseignement
doit être, à l’école primaire, aussi intuitif que possible.
Il joue un rôle important en éducation et spécialement
dans l’instruction. Grâce à l’enseignement intuitif,
l’enfant acquiert l’esprit d’observation, source de connaissances solides et durables.
2) L’école et les travailleurs étrangers
Que veut faire l’école de bien valable pour augmenter
la compréhension envers les travailleurs étrangers? On
admettra d’emblée que la question est extrêmement
vaste. Je ne pense pas qu’avec de rapides leçons de
choses sur le genre de vie des ouvriers étrangers, que
l’élève est appelé à côtoyer, et quelques belles phrases
sur la fraternité universelle on parvienne au but dési-
4) Faire aimer l’école
Faire aimer l’école, c’est prévenir les ennuis d’une fréquentation irrégulière, c’est éviter les critiques des parents, c’est intéresser tout un village au développement intellectuel, c’est rendre fructueux les efforts
tentés de part et d’autre, et surtout faire monter le niveau moral de la société.
6)
5)
4)
3)
2)
1)
C’était écrit dans L’Ecole primaire en 1954. R. Z.,
n° 7, p. 243.
C’était écrit dans L’Ecole valaisanne en 1973. Par
Jean Follonier (prix littéraire de la Commission nationale de l’UNESCO, 1967), n° 1, p. 17.
C’était écrit dans L’Ecole primaire en 1904. Michellod P.J., Inst. à P., n° 1, p. 5.
C’était écrit dans L’Ecole primaire en 1923. C. D.,
n° 12, p. 52.
C’était écrit dans le Supplément pédagogique en
1881. C.W., p. 51.
C’était écrit dans Résonances en 1993. Recommandation édictée par la Conférence des directeurs
cantonaux de l’Instruction publique (CDIP) se fondant sur l’article 3 du concordat sur la Coordination
scolaire, sur la base du rapport «Filles – Femmes Formation. Vers l’égalité des droits», et pour développer les principes et recommandations adoptés
les 2 novembre 1972 et 30 octobre 1981.
Réponses
20
5) Les écoles mixtes
Si d’autres cantons se trouvent bien de la création
d’écoles mixtes pourquoi le Valais s’en trouverait-il
mal? Les mœurs y seraient-elles plus relâchées qu’ailleurs? C’est ce qu’il faudrait prouver avant tout, et ce
serait là, nous croyons, un sérieux embarras pour les
adversaires des écoles mixtes; ils ne prouveraient
qu’une chose, c’est qu’ils seraient à… quia.
Nous dirons, pour terminer, que si cette question pouvait prendre, de la consistance, et recevoir par la suite
un favorable accueil de la part des Dépositaires du pouvoir, sous la dénomination de «Classes primaires supérieures» ne recueillera partout où cette innovation aura
eu lieu, que d’unanimes témoignages de satisfaction.
6) Recommandation pour l’égalité de l’homme
et de la femme
L’homme et la femme ont également accès à toutes les
filières de formation scolaire et professionnelle.
Les objectifs et contenus des filières de formation sont
les mêmes pour les deux sexes.
Il convient de veiller à une représentation équilibrée
des deux sexes à tous les niveaux de la formation enseignante et à tous les échelons administratifs.
Résonances - Avril 2004
)
C ent fois sur le métier
P. Perrenoud
remettez votre ouvrage…
Quiconque traverse cent ans de presse pédagogique
s’étonne de la récurrence de certains thèmes. Si l’on
enlève les références, si l’on supprime les noms et allusions qui datent un texte, si l’on fait abstraction de
l’évolution de la langue elle-même (pas immense en
un siècle) et d’un ton plus sentencieux, voire moraliste
il y a cent ans, il devient difficile d’attribuer tel fragment à telle décennie:
ou à tout le moins divergents. Comme si l’épanouissement de l’individu entraînait un appauvrissement simultané de la société ou sa possible mise en danger.
En réalité, la société ne se transforme que lorsqu’elle
est entraînée par des esprits intelligents, vigoureux,
indépendants. Mieux elle forme les individus, et mieux
l’école s’acquitte de sa tâche sociale.
Alors, 1920? Non, 1994.
Il est des heures où il vaut mieux qu’à d’autres demander aux enfants un effort d’attention; le matin est toujours préférable; de plus, il ne faut pas exiger que cet
effort soit continu, ni même, en général, de bien
longue durée sans un repos appréciable et qui change
complètement le cours des idées; plus l’enfant est jeune, en tout cas, et plus l’effort doit être limité.
N’est-ce pas ce qu’on enseigne encore en formation
des maîtres? Le texte date de 1914. Ou encore:
Et j’entends retentir au-delà de cette question le vieux
débat qui oppose l’intérêt de l’individu à celui de la
société. Comme si l’un et l’autre étaient antagonistes,
( Résonances - Avril 2004
Sans doute pourrait-on questionner cette affirmation
répétée et souvent plaintive de l’éternel retour, du caractère cyclique des thèmes et des propos. Avec un peu
d’habileté, on peut choisir des textes qui suggèrent un
temps et une société immobiles, d’autres qui plaident
pour une rupture. Il faudrait un échantillon représentatif et des techniques permettant de neutraliser les indices sans intérêt, car ils témoignent de changements
extérieurs au monde scolaire, comme l’évocation de la
télévision ou de l’intégration européenne.
Admettons que l’impression de répétition ne soit pas
sans fondement. Qu’aujourd’hui renaisse un débat sur
21
la mixité amène de l’eau à ce moulin. Si c’est vrai, la
question suivante est: pourquoi? On peut raviver les
«théories» de l’éternel retour ou de l’histoire qui bégaie. Ou avancer l’hypothèse d’une société sans mémoire, qui n’apprend rien de son passé et, croyant innover, redit et refait ce que l’humanité a déjà fait et
dit maintes et maintes fois.
Dire «Il n’y a rien de nouveau sous
le soleil» est une façon de refroidir les
enthousiasmes juvéniles.
Ces mythes ont toujours une fonction. Dire «Il n’y a
rien de nouveau sous le soleil» ou, en plus littéraire,
«Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept
mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent» (Jean
de la Bruyère), est une façon de refroidir les enthousiasmes juvéniles de ceux qui croient inventer l’avenir.
Si rien ne bouge vraiment, à quoi bon travailler à
changer le monde? Rien n’est plus démobilisateur que
le mythe de l’éternel retour ou l’affirmation de l’invariance de la «condition humaine» en dépit d’apparences changeantes. Ces «idées» suggèrent la vanité
de toute posture prométhéenne. Elles sont d’autant
plus pernicieuses qu’elles se parent des vertus de la sagesse, des acquis de l’expérience. A qui profite ce pessimisme? Si introduire l’évaluation sans notes ou des
cycles d’apprentissage, par exemple, participe d’un
simple mouvement de balancier, pourquoi «perdre son
temps» à vouloir modifier ce qui, «de toute façon», reviendra à la case départ. Daniel Hameline ironise sur
ceux qui reviennent d’autant mieux des pédagogies actives qu’ils n’y sont jamais allés.
S’il y a véritablement des permanences et des retours,
sommes-nous obligés de les expliquer par une sorte de
loi qui, en réalité, n’explique rien et permet encore
moins de comprendre les différences entre le champ
de l’éducation et d’autres champs sociaux? On peut,
bien entendu, faire la part des changements technolo-
Résonances:
sur le net
Vous trouverez
les dossiers de
Résonances ainsi que les fichiers
pdf complets (six mois après leur parution sur Internet), à l’adresse: www.ordp.vsnet.ch/fr/resonance/
resonanceprinc.htm. Les numéros parus depuis septembre 2001 sont en ligne. A noter que la navigation
se fait via les onglets sur la gauche.
22
giques et se dire que, l’école y échappant encore largement (malgré la vidéo, l’informatique et Internet),
elle a plus de raisons de tourner en rond.
Il y a au moins une autre hypothèse: l’histoire se répète parce qu’elle confronte les acteurs à des problèmes
qu’ils ne savent pas résoudre véritablement et durablement. Dans un récent article (Perrenoud, 2003), j’ai
tenté de recenser les problèmes émergents, ceux qui
occupent actuellement le devant de la scène dans les
pays développés. J’en retenais neuf:
L’atteinte des limites de la forme scolaire.
Le consumérisme actif des classes moyennes.
Les résistances nouvelles des élèves à l’intention de
les instruire.
L’affaiblissement des normes et des solidarités.
La bureaucratisation croissante du système.
L’électoralisme et l’autoritarisme des politiques de
l’éducation.
La montée de l’«antipédagogisme» et des impérialismes disciplinaires.
Une incertaine professionnalisation.
L’émergence d’une «culture de l’évaluation» brutale et simpliste.
Cette liste ne devrait pas masquer le fait que certains
problèmes se posent depuis l’invention de l’école de
masse et de l’obligation scolaire. Sans prétendre en
dresser une liste exhaustive, on peut au moins mentionner, sans que l’ordre soit significatif:
L’échec scolaire, les inégalités sociales devant l’échec
et les mesures financières, structurelles ou pédagogiques à prendre.
L’âge et les critères de l’orientation ou de la sélection, la structuration des cursus au-delà du primaire.
La juste division des tâches éducatives entre l’école
et les parents.
La coexistence entre intériorisation de normes et
construction de savoirs.
Les méthodes pédagogiques et les théories de l’apprentissage.
Les conceptions de l’autorité et de l’autonomie.
L’équilibre entre la culture commune et la diversification des contenus d’enseignement.
La tension entre universalisme et particularismes ou
communautarismes (régionaux, linguistiques, religieux, ethniques ou de genre).
Le problème spécifique de la laïcité de l’école.
La nature des objectifs de formation, des formes et
normes d’excellence.
Le rapport entre les disciplines et les apprentissages
qui n’en relèvent pas.
Les exigences comportementales et les sanctions.
La dépendance forte ou faible de l’école à l’égard
des besoins de l’économie et du marché du travail.
Les équilibres instables ou controversés entre le
corps et l’esprit, entre la mémoire et le raisonnement, entre l’intellectuel, le manuel et l’émotion-
Résonances - Avril 2004
)
nel, entre les sciences et les lettres, entre les savoirs
et les disciplines plus expressives, etc.
Les critères, les procédures et les codes relatifs à
l’évaluation.
Le contrôle politique et moral de ce qui se fait à
l’école.
Les places et rapports du privé et du public.
La question du financement de la scolarité par l’impôt, des écolages ou d’autres formules.
Le sort des élèves différents, «inadaptés» au moule
scolaire.
La sélection, la formation, l’inspection, le contrôle
des enseignants.
Le degré de centralisation de l’éducation, entre enjeu national et affaire locale.
L’équilibre entre la formation au service de la personne ou au service de la société.
Ces vingt-deux problématiques sont des analyseurs
des réformes récentes, y compris du développement
d’un nouveau plan d’étude cadre en Suisse romande,
aussi bien que des controverses autour des réformes
cantonales. Tous ces problèmes ne se posent pas en
permanence. Ils alternent, les plus brûlants éclipsant
les autres pour un temps. De même qu’un individu ne
peut pas faire coexister plus de sept objets complexes
dans sa mémoire de travail, les systèmes éducatifs
semblent incapables d’une approche véritablement
systémique et ont souvent la mémoire courte, reprenant les problèmes à zéro plutôt que là où ils avaient
été laissés, comme un peintre continue une toile ou un
joueur d’échec une partie suspendue. On peut le leur
reprocher, à condition de se souvenir que les systèmes
éducatifs, c’est nous!
On ne peut guère, en revanche, leur reprocher de ne
pas résoudre ces problèmes. Car il s’agit dans tous les
cas de contradictions ou de divergences très difficiles à
dépasser, du moins dans une société pluraliste. Les
«idées positives pour l’école» dont se réclament les Cahiers pédagogiques se heurtent à des idées opposées,
jugées non moins positives par ceux qui les opposent
aux pédagogies actives et à la démocratisation des
études…
Institution centrale des sociétés modernes, l’école résulte d’un compromis instable entre forces et conceptions antagonistes de la culture, de la justice, de la
condition humaine, de l’ordre social. Chaque crise,
chaque recomposition du paysage politique, chaque
bouleversement de la conjoncture économique peut
menacer les équilibres, amener les combattants à déterrer la hache de guerre, dans l’espoir de maintenir
leurs acquis ou de regagner un terrain perdu.
On pourrait dire que si l’un des problèmes évoqués
semblait définitivement résolu, ce serait en raison
d’un improbable consensus, sans doute éphémère, ou,
plus gravement, d’une régression de la démocratie.
Les Etats totalitaires donnent des réponses plus claires
et stables à la question de l’éducation scolaire, jusqu’au jour où leur effondrement rouvre un jeu qui
n’aurait jamais dû être suspendu.
Certes, vivre avec les contradictions a un prix et la démocratie n’exige pas le maximum d’incohérence et de
discontinuité dans les politiques de l’éducation. Là est
l’enjeu: trouver des formes institutionnelles de débat et
de pilotage, des stratégies de changement et des modes
de gestion qui préservent des retours trop violents de
balancier et permettre de remettre l’ouvrage sur le métier sans repartir à zéro et sans ajouter à l’amertume de
ceux qui ont le sentiment d’avoir travaillé à changer
l’école et ne comprennent pas que les «nouveaux innovateurs» ignorent leurs avancées et abordent les problèmes comme s’ils se posaient pour la première fois.
Références
Pour en savoir plus sur les revues
Gazette du Valais, 1882, n° 101, p. 2. (Extr. du Bulletin
pédagogique de Fribourg).
Gazette 1898, n° 22, p. 3 et n° 23, p. 2. Nécrologie de
Casimir Wetzler de Massongex, collaborateur de l’Ecole primaire.
Cahiers pédagogiques (1996). Des idées positives pour l’école. Paris: Hachette.
Hameline, D. (1986). L’éducation, ses images et son propos.
Paris: ESF.
Hameline, D. (2002). Courants et contre-courants dans la pédagogie contemporaine. Paris: ESF.
Gazette 1899, 94, p. 2.
Isambert-Jamati, V. (1970). Crises de la société, crises de l’enseignement. Paris: PUF.
Gazette 1902, n° 2, p. 2. Presse pédagogique (Fusion
de L’Ecole primaire avec le Bulletin pédagogique de
Fribourg).
Perrenoud, Ph. (2003). Etat des lieux. A quels problèmes le
système éducatif est-il confronté aujourd’hui? Education &
Management, n° 24, pp. 26-29.
Gazette 1902, n° 97, p. 3. L’Ecole primaire de retour en
Valais.
( Résonances - Avril 2004
(
l’ a ut eu r
Gazette 1902, n° 5, p. 3. Fusion nécessaire Ch. Haegler
(Extr. Courrier de Genève).
Philippe Perrenoud
Faculté de psychologie et des sciences de
l’éducation, Université de Genève (2004).
23
U n siècle de ruse
et de modernité
P.-P. Bugnard
Une petite série de témoignages sélectionnés, sur un
long XXe siècle. Eléments ténus, certes, mais révélateurs,
même s’il reste difficile de mesurer la largeur du fossé
que la lettre creuse avec l’esprit, l’énoncé avec le secret
de la classe…
La nostalgie de temps révolus où les
élèves auraient eu de l’orthographe
était présente dans les années… 1930!
De ce miroir scolaire apparaît d’abord ce qu’on appelle la tradition: dans le registre des valeurs essentielles,
la religion prime sur tout (années 1880, années 1890),
occupant l’en-tête du bulletin scolaire, au moins
jusque dans les années 1950 où il est encore affirmé
qu’elle n’a rien d’une «matière scolaire». Et puis, plus
rien sur ce point. Silence significatif de l’inexorable
processus de laïcisation et de désacralisation qui envahit le siècle, jusqu’en Valais,
hormis les poches intégristes assignant à la religion enseignée
la fonction d’éluder les questions contemporaines.
Il y a ensuite les mutations de la
fonction enseignante. La place
du maître prévaut encore sur celle des savoirs dans les années
1880, avec la figure de l’instituteur, un «modèle de distinction» tranchant d’avec celui du
«rustique» paysan (1890). Finalement, la place privilégiée qu’elle
occupe dans la société villageoise chancelle dès l’instant où
la revue s’interroge sur l’aura
d’une profession dont l’éclat pâlit (1970). Pourtant, paradoxalement (?), la condition matérielle
des instituteurs, précaire dans les
années 1920, peu à peu s’améliore avec la création d’une caisse
de retraite (1940) et finalement
l’alignement des traitements sur
la moyenne nationale (1970).
24
Quant à la question cruciale de la mixité, le système éducatif vit au rythme d’une émancipation féminine relativement tardive. Sur le modèle d’un instituteur pour les
garçons et d’une institutrice pour les filles (1880), d’une
école ménagère préparant les filles à la cuisine et au
point de croix (1910), le système greffe un premier plaidoyer pour l’école mixte (1920). Au bout du compte, il
ménage pour les filles un accès à toutes les filières de formation. Et c’est donc à une formation individuelle et à
l’épanouissement de chacun, quel que soit son sexe, que
l’école se propose finalement de travailler (années 1990).
Des évolutions profondes et des mutations
A l’image de ces évolutions profondes, le siècle bat au
rythme des mutations techniques, économiques et sociales, d’angoisses nouvelles aussi et de la conscience de
dangers encore inconnus… La radio scolaire pénètre par
la fenêtre (1930). Le monde «saigne» tandis que les petits Valaisans vivent en «oasis» (1940). Sourd aussi la perception des dangers de la civilisation industrielle, notamment par de premières campagnes d’éducation routière (1950).
Si l’invasion des médias modernes, télévision, magazines…
n’amenuise pas encore le goût
pour la lecture (1960), la question
de l’intégration des étrangers
surgit à l’heure où les grands travaux de génie civil d’après-guerre, assumés essentiellement par
les immigrés, sont pratiquement
achevés (1970). Le «fléau» drogue auquel l’OMS associe une
«substance chère» au pays du
fendant, émerge (1980), tandis
qu’enseignement spécialisé et intégration sont sollicités pour atteindre l’objectif de faire vivre les
personnes handicapées au sein
de l’école (1980). Finalement,
même la violence heurte aux
portes de l’école (1990). Inexorablement, le Valais passe par
toutes les évolutions auxquelles
d’abord il assiste, du fond de ses
La religion prime sur tout (années 1880),
vallées ou du haut de ses somoccupant l’en-tête du bulletin scolaire,
mets (1990).
au moins jusque dans les années 1950.
Résonances - Avril 2004
)
La genèse contrastée de cette modernité scolaire s’accompagne aussi de particularités. On assiste successivement à des rentrées scolaires en janvier (1900), à l’invention de la récréation en écoles de montagne (1900),
au recours plus systématique au tableau noir (1900),
alors que la fréquentation reste en dessous des normes
nationales avec une moitié des classes fermées pendant six mois, encore au milieu du siècle. L’adoption
d’un livre de lecture unique avec une centaine d’illustrations (1900) coïncide, outre-Jura, au triomphe du
Tour de la France par deux enfants, dont les millions
d’exemplaires solenniseront la leçon de choses édifiante jusqu’au dernier village de la France obscure!
Leçon de relativisme historien
Dans cette petite série aléatoire, il y a aussi de quoi
surprendre les courants philosophistes les plus intarissables sur la légendaire «baisse de niveau». Exhortations à rédiger correctement, «sans fautes trop choquantes» (1880), à saisir le sens de ce qu’on lit, à parvenir à rendre ses pensées par la parole et l’écriture
(1890), à maintenir la calligraphie en dépit de la dactylographie (1910). A la dénonciation du laisser-aller, du
manque de fermeté, de tout ce qui fabrique des «petits dieux» gâtés et dorlotés… (1890). Aux lamentations sur les enfants qui ne savent pas lire, qui lisent
d’une manière «peu intelligente» (1910), contre la surcharge des programmes (1920) ou la médiocrité des
résultats (1930). A la dénonciation de la complexification des savoirs et de l’accroissement des exigences
culturelles au détriment de l’essentiel (1930). La nostalgie de temps révolus où les élèves auraient eu de
l’orthographe ne manque même pas au tableau des
années… 1930! Bref, jolie leçon de relativisme historien: l’enfant-roi existe en 1890 et si les élèves ne sont
jamais au niveau qu’on voudrait, on s’aperçoit qu’ils
n’ont probablement jamais été à celui qu’on croit!
Dans le domaine des méthodes, l’école valaisanne montre ce qu’elle a vraiment dans le ventre. Premier principe: «maintenir» (1890). Quoi? Et bien par exemple l’enseignement intuitif (1900), préconisé depuis les pédagogues de la Renaissance. Ou un «objet précis» par
leçon (1900), ce qui préfigure la pédagogie par objectifs de la fin du siècle. Ou encore prolonger la scolarité
(1910) et adapter l’enseignement à l’attention de l’élève (1910), autrement dit respecter la «zone proximale
de développement» que Vigotsky propose, sans qu’on
le sache encore, dès les années 1920. Les centres d’intérêt (1940) aussi, vieille préoccupation des pédagogues
sensibles à la dimension psychologique des apprentissages, depuis le XVIIe siècle. Mais voilà, toutes ces belles
visées s’inscrivent dans un milieu à forts effectifs: 50 enfants «remuants» par classe vers 1900, de 34 élèves dans
les années dix à 31 élèves encore, en moyenne, dans les
années trente…
Alors, on compte sur la pédagogie pour fournir des solutions: certains principes de l’Education nouvelle –
l’enseignement fonctionnel de Claparède – sont proposés… dans un cadre traditionnel – maintien du mode frontal – (1940)! Evidemment, nous sommes en pays
de Sioux: si un certain scepticisme reste de rigueur face
à toute nouvelle méthode, il y aurait néanmoins une
parcelle de vérité à y trouver (1940). L’«éternelle» querelle des anciens – rivés à la magistralité et à la mémorisation – et des modernes – ouverts aux pédagogies
du problème – (1950) ne se résoudra que dans la (trompeuse?) sérénité du compromis.
© Raymond Schmid, Bourgeoisie de Sion, Médiathèque Valais - Martigny.
Pourtant, ce ne sont pas les idées qui manquent pour
motiver. La lecture est envisagée comme une activité
pédagogique où il est question d’amuser avant d’instruire et d’élever (1900). Mais faut-il aller jusqu’à proposer du chocolat pour pousser l’apprentissage de l’alphabet (1910)? La punition passe avant la persuasion
(1900), bien que les châtiments corporels soient désormais, en principe, proscrits (1930).
Archives à la Médiathèque-Valais
Tous les volumes de L’Ami des Régens, du Bulletin
pédagogique, de L’Ecole primaire, de Walliser Schule / L’Ecole valaisanne, de L’Ecole valaisanne et de
Résonances peuvent être empruntés (ou consultés
sur place pour L’Ami des Régens) à la MédiathèqueValais.
Sion, première communion, vers 1940.
( Résonances - Avril 2004
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Ce qui devait arriver arriva: l’abondance des réformes
dérouterait les parents (1970), ce qui incite, idéalement, à la généralisation de la pratique de la classe
ouverte, sur le modèle de l’école maternelle (1980).
Pour couronner le tout, les programmes des CO sont
conçus en terme d’objectifs (1990) alors que la pédagogie par objectifs est déjà dépassée par les pédagogies de la construction et de la coopération dans la
maîtrise des apprentissages! Il n’est jamais trop tard…
On perçoit la suppression des notes à la Chaux-deFonds comme une source de subjectivité (1940). Paradoxalement, l’évaluation se voit ainsi affublée des
défauts que la recherche docimologique (naissante)
attribue, elle, à la notation scolaire traditionnelle!
Toutefois, l’idée de prendre en compte la progression
dans le cadre de la notation scolaire classique montre
que la question des notes n’est pas éludée. Mais en attribuant le 1er rang à celui dont le nombre de fautes
diminue le plus (1940), l’invention du palmarès d’Ancien Régime est simplement adaptée à un cadre qui
annonce la fonction formative de la fin du siècle.
Vieille proposition du Manifeste de l’Education nouvelle française de 1919, le «cycle d’orientation» valaisan est introduit au début des années 1970: il s’agit de
résoudre la question du report de l’orientation précoce à l’âge des projets professionnels sans priver d’une
formation adéquate les élèves «intelligents»! Mais
voilà, ici comme en France un peu plus tôt, le «collège
unique» échouera par le maintien des filières précoces, faute de croire dans le postulat de l’éducabilité,
sans doute, faute des moyens que réclame la pédagogie différenciée, certainement. Finalité éducative majeure du second XXe siècle, partout en Europe, la démocratisation des études progresse tout de même,
bousculant les normes de la sélection scolaire. Ça démarre sur l’idée de réfléchir aux finalités éducatives
(1980), ça se concrétise par un accroissement sensible
des effectifs des collèges (1990).
Le grand ordre du secondaire a beau rechigner: il cède
inexorablement aux passions et à la ruse de son petit
frère trépignant de l’ordre du primaire!
(
l’ a ut eu r
Mais le sentiment que la civilisation avance pousse
inéluctablement à la modernisation (1950). En tous
cas, la nouvelle méthode de maths (Cuisenaire) est
unanimement acceptée (1960). Serait-ce parce qu’elle
porte sur un aspect opérationnel, à partir d’un instrument de maniement aisé, la calculette? Non, esprit
d’initiative, goût pour l’enquête, confection d’un
«livre de vie» (annonçant le portfolio), travail coopératif, pédagogie de l’encouragement, évaluation plutôt que notation (perçue comme inhibante), développement de la responsabilité, de la gestion commune
de la classe… tout cela dénote finalement l’intérêt
pour les pédagogies du problème, institutionnelle,
différenciée, du projet… dans l’affirmation du primat
de la formation sur l’instruction (1960).
Pierre-Philippe Bugnard, professeur aux
universités de Fribourg et Neuchâtel.
Pour en savoir plus
Quelques pistes pour en savoir plus sur l’histoire des
revues et celle de l’école valaisanne.
Ulrich Gailland, Mouvement pédagogique en Valais et historique de la Société des instituteurs du Valais romand.
Lausanne: Impr. Ch. Viret-Genton,1899.
Xavier de Cocatrix, Examens pédagogiques des recrues en
Valais de 1886 à 1906. Berne: Impr. Staempfli, 1907.
Xavier de Cocatrix, Le canton du Valais au point de vue scolaire. Lausanne: Payot, 1911.
Maxence Farquet. L’école valaisanne de 1830 à 1910: (histoire et organisation). Sion: Impr. Fiorina et Pellet, 1949. Tiré à part de: Vallesia. Sion: 1949, t. 4, p. 75 (Th. Lettres Fribourg, 1947).
Richard Métrailler. L’école primaire en Valais durant la
deuxième partie du XIXe siècle et son processus de popularisation jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale.
Th. Lettres Fribourg, 1978.
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Pierre-Alain Aymon.
Formation-vie et destinée des instituteurs du
Valais romand (18461909). Fribourg: Université de Fribourg, 1988
(Faculté des lettres, Mémoire de licence polycopié fac. Lettres).
Danièle Périsset Bagnoud.
Vocation: régent, institutrice: jeux et enjeux autour des Ecoles normales
du Valais romand, (1846-1994). Sion: Vallesia Archives de
l’Etat du Valais: Cahiers de Vallesia 10, 2003.
Joseph Guntern. Die Walliser Schule im 20. Jahrhundert.
Sion: Vallesia Archives de l’Etat du Valais, Cahiers de Vallesia 11, 2003.
Résonances - Avril 2004
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