Hôtel Lincoln

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Hôtel Lincoln
Hôtel Lincoln
Mercredi, 09 Mars 2011 17:28
Comment dire : ceci est tout simplement affligeant ! L'hôtel Lincoln s’essouffle ! L'hôtel Lincoln
se meurt ! L'hôtel Lincoln ne sera plus !
C’est si dur de voir un si beau monument, vestige de l'architecture de l’époque coloniale
(heureusement révolue), se craqueler, se casser, s’effondrer, disparaître, sous nos yeux…
Celui qui fut le premier bâtiment construit sur le boulevard Mohammed V (ex-Bd de la Gare), en
1917, par l’architecte français Hubert Bride, se voit condamné à une fin désolante.
Il y a quelque temps, la moitié de la façade donnant sur le boulevard s’est écroulée
entièrement, découvrant ses entrailles de pierres noircies par le temps, lamentablement
éclairées par un soleil de plomb, accentuant au contraire cette large blessure. Que de litanies
n’avons-nous pas entendues sur le devenir de ce bâtiment ? En 2006, nous avons vu s’élever
des armatures autour de l’hôtel, espérant que ce soit le début des rénovations. Cela nous a
bercé d’illusions pendant quatre ans. Aujourd’hui, elles n’y sont plus, anéantissant à jamais
notre ultime espoir de voir renaitre cet édifice. Il fut l’objet de nombreuses convoitises à une
époque. Certains voulaient le transformer en centre commercial. D’autres, le reconstruire pour
en faire des plateaux de bureaux. En 2000, ses façades sont classées patrimoine historique…
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au moins, a-t-il la chance de bénéficier d’une sorte de bouclier protecteur, le qualifiant
d’intouchable. Les bâtiments de cette période (début du XXe siècle), représentatifs de
l’architecture Art Déco, furent parfois considérés comme le symbole de la présence française
au Maroc. Bon nombre d’entre eux furent malheureusement détruits, sans aucune restriction.
Au lendemain de l’Indépendance, les autorités avaient démoli certains édifices, légués par la
colonisation. Cette volonté d’effacer ce pan de l’histoire, rejoignait celle de retrouver l’identité
culturelle arabo-musulmane. Mais, en détruisant à tort et à travers, propriétaires privés et
autorités ne réalisaient pas qu’ils faisaient disparaître de précieux témoins de l’histoire du
Maroc et de l’architecture (hôtel d’Anfa, théâtre municipal, les arènes)… Certes, la patronne du
Rick’s Café… a eu la merveilleuse idée d’en faire un centre de musique, comme le Centre
Lincoln de NY. De quoi séduire tous les mélomanes du monde. Mais ce projet fut lui aussi
abandonné. En tant que Casablancais, conscients et fiers de l’ampleur du patrimoine
architectural de notre ville blanche, nous ne savons nullement à quel piètre sort il est livré, mais
nous refusons, nous décrions, nous supplions, nous implorons devant cette triste léthargie.
Fatima-Zahra Omary
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