Section infectiologie - Centre de santé et services sociaux de
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Section infectiologie Cholécystite (Dre Cathya Soucy) Diverticulite à l’urgence (Dr Jacques Gagné) Neutropénie fébrile (Dre Catherine Bégin) Risque d’infection rabique (Dr Maxime Amar) Pyélonéphrite chez l’adulte (Dre France Raby) CHOLÉCYSTITE Cathya Soucy, M.D. 3 CHOLÉCYSTITE DÉFINITION : Inflammation aiguë de la vésicule biliaire résultant dans 95% des cas d'une obstruction du canal cystique par une lithiase. PATHOPHYSIOLOGIE : - Obstruction du canal cystique 6 douleur. Si persiste, relâchement des composants de la bile produisant de l'inflammation. La surinfection peut survenir après quelques heures à quelques jours surtout par : . E.Coli, Klebsiella 70%; . Entérocoque 14%; . Anaérobies 10%. A) Facteurs de risque - & - Perte de poids rapide Âge - Grossesse Obésité - Hypertriglycéridémie Alimentation parentérale Rx (Ceftriaxone, C.O., progestérone, …) B) Symptômes et examen Symptômes : - Douleur hypochondre droit et\ou épigastre Irradiation possible niveau dorsal et\ou omoplate Début brusque Nausée/vomissement Examen : - Signe de Murphy (très fréquent) – Ictère (20 %) Fièvre (absente chez 90% des patients) Absence d'irritation péritonéale diffuse C) Diagnostic différentiel - Pancréatite Ulcus peptique perforé Hépatite Appendicite retro-caecale Oesophagite - pyélonéphrite aiguë droite - cholangite suppurée - pneumonie poumon droit - infarctus du myocarde D) Investigation Laboratoire : - FSC : - - Rx abdomen : - Leucocytose (absente chez 40% des patients) 15-20% des cholélithiases sont radiopaques. Éliminer ulcus peptique perforé si douleur importante. 4 - Bilirubine\phosphatase alcaline GT - Si cholédoque. élevé, soupçonner une obstruction du - AST\ALT : - Peuvent être augmentés. Si 8 2 fois la normale, soupçonner obstruction du cholédoque. - Amylase : - Peut être légèrement augmentée. Si très 8 rechercher pancréatite associée avec calcul dans le cholédoque. E) Conduite SUSPICION DE CHOLÉCYSTITE FSC Bilirubine, phosphatase alcaline, AST\ALT, amylase *Rx abdomen (si suspicion d'ulcus perforé ou toxicité avec attention pour la cholécystite emphysémateuse) *Hémocultures (si fièvre > 38.5) Nil per os Hydratation I.V. Démérol 50-100 mg I.M. q 4 h p.r.n./ Morphine 2-4 mg I.V. q 4 heures *Associé avec Bentylol 20 mg I.M. q 4 h p.r.n. (Dr.Gagné) Si douleur persiste < 6 h et . absence de fièvre . bilan hépatique normal . leucocytes normaux Colique hépatique probable - Libéré de l'urgence - Échographie abdominale en externe - Revoir à l'urgence si reprise de douleur semblable : . de longue durée et\ou . accompagnée de fièvre Si douleur persiste > 6 h et\ou . fièvre . leucocytes > 12 000 . AST\ALT > 2X normale . bilirubine directe 8 (si indirecte 8 : hépatite?) Cholécystite plus probable - Admission (séjour selon la clinique) - Si fièvre : Ampicilline 1-2 gr I.V. q 6 h et Gentamicine selon protocole (+Flagyl 500 mg q 8 h si sévère) ou Ticarcilline/A. clavunilique 3.1 g I.V. q 6 heures Cefoxitine 1 gr I.V. q 6 h ou - Si allergie pénicilline : Gentamicine + Flagyl. ÉCHOGRAPHIE (sens 88-94%, spéc. 78-80%) Négatif Si doute persiste 9 Scan Hida (sens. 95-97% spéc. 90-97%) Positif Investigation selon l'évolution clinique Consultation en chirurgie Consultation en gastro-entérologie en plus si obstruction du cholédoque suspectée CONSULTATION EN CHIRURGIE EN STAT SI SUSPICION DE: % Cholangite avec choc septique % Cholécystite perforée (péritonite) % Cholécystite emphysémateuse Aussi, considérer dans ces cas des consultations en gastro-entérologie et en infectiologie. BIBLIOGRAPHIE ADAM J. Singer et al. Correlation Among Clinical, Laboratory and Hepatobiliary Scanning Findings in Patients With Suspected Acute Cholecystisis. Annals of Emergency Medicine. Septembre 1996. Scientific American Inc. Gallstones and BiIiary Tract Disease, 1993. chap. 6, pp 1 -11. EGBERT, Anne M. Gallstone Symptoms : Myth and Reality, Postgraduate Medicine, October 1991, pp 119-126. YOUND, Michael. Acute Diseases of the Pancreas and Biliary Tract. Emergency Medicine Clinics of North America, August 1989, pp 555-573. KADAKIA, Shailesh,C. Biliary Ttract Emergencies : Acute Cholecystitis, Acute Cholangitis, and Acute Pancreatitis. The Medical of North America, september 1993, pp 10151036. MOSCATI, Ronald M. Cholelithiasis, Cholecystitis, and Pancreatitis, Emergency Medicine Clinics of North America, November 1996. SANGEETA Agrawal, M.D., Gallstones, from gallbladder to gut. Management options for diverse complications. Postgraduate Medicine, September 2000. The Sanford Guide to Antimicrobial Therapy 2001. En collaboration avec : Dr Richard Gagné, chirurgien C.H.R.R., Dre Francine Tourangeau, microbiologiste C.H.R.R. Dr André Larose, gastro-entérologue C.H.R.R. Révisé avec les docteurs Régent Saint-Georges, chirurgien et Patrick Dolcé, microbiologiste C.H.R.R. Stéphane Lefebvre, M.D. 1995-02-15 Révisé par Cathya Soucy, M.D. – avril 2001 Service d’urgence DIVERTICULITE À L’URGENCE Jacques Gagné, M.D. 7 DIVERTICULITE À L’URGENCE BILAN DE BASE F.S.C. BUN-Créatinine Ions SMU-DCA Considérer : Hémocultures Radiographie abdominale (3 incidences) – Utile surtout si péritonisme (recherche air libre) PATIENT NON TOXIQUE . . . . Subfébrile Douleur abdominale localisée Capable de se mobiliser Sans vomissement PATIENT TOXIQUE Avec un ou plusieurs des critères suivants : . Température élevée . Signe d’irritation péritonéale . Souffrant ++ . Vomissements présents . Hémodynamiquement instable . Sous corticothérapie orale . Diabétique A) TRAITEMENT EXTERNE B) HOSPITALISATION Céduler TDM abdomino-pelvienne dans les 2448 heures : . Prendre entente avec radiologiste de garde au TDM Repos Prescrire TDM abdomino-pelvien Repos Diète : . . . Liquide X 48 heures Basse en résidus par la suite (x-10j) Consultation en diététique : - si jours « ouvrables » : prendre entente avec diététiste pour rendez-vous le jour même - Autres jours : remettre feuille de diète 9 rés. et Rx pour rendez-vous en externe : Y inscrire diverticulite - urgent Tél. : 724-8308 NPO - solutés (selon besoins et pertes) TNG si signes d’obstruction Analgésie I.M./ I.V., p.r.n. Analgésie p.o., p.r.n. ANTIBIOTHÉRAPIE À LARGE SPECTRE SUIVI EXTERNE . Revoir dans les 48 -72 heures sans faute . Si détérioration VOIR B) HOSPITALISATION 8 ANTIBIOTHÉRAPIE À LARGE SPECTRE Pour couvrir Aérobies : E. coli, Klebsiella, Enterobacter, E. fécalis Anaérobies : Bactéroïdes fragilis, Peptostreptococcus, clostridium Durée du traitement p.o. de 10 jours er 1 choix Durée totale du traitement p.o. et I.V. de 10-14 jours er Coût/10 jours Ciprofloxacine 500-750 mg p.o. bid (Cipro) + Métronidazole 500 mg p.o.tid (Flagyl) 65 -120 $ 8$ 1 choix Gentamicine 80 mg I.V. q 8 h (3 mg/kg/j tid) adulte 70 kg (puis selon pharmacocinétique) ou (1) Gentamicine haute dose 6 mg/kg + Métronidazole 500 mg I.V. q 8 h " (2) Ampicilline 1g I.V. q 6 h Alternatives Ciprofloxacine 500-750 mg p.o. bid (Cipro) + ( 3) Clindamycine 300 mg p.o. qid (Dalacin) Coût/10 jours 28 $ 40 $ 24 $ Alternatives 65-120 $ 50 $ Gentamicine 80 mg I.V. q 8 h 28 $ (puis selon pharmacocinétique) ou (1) Gentamicine haute dose 6mg/kg + ( 3) Clindamycine 600-900 mg I.V. q 8 h 90-130 $ ou TMP SMX DS p.o. bid (Bactrim Ds/Septra DS) + Métronidazole 500 mg p.o. tid (Flagyl) 13 $ (2) 24 $ Légende 8$ (1) (2) ou Amoxicilline/clavulanate de potassium 500 mg p.o. tid ou 875 mg p.o. bid (Clavulin) " Ampicilline 1 g I.V. q 6 h (3) 55 $ Selon protocole de pharmacocinétique des aminosides. À donner si diverticulite flamboyante car couvre mieux l’Enterocoque. À donner si hypersensibilité connue au métronidazole. Privilégier relais p.o. rapide selon état clinique CONSULTATIONS 9 Si patient présente insuffisance rénale sans allergie à la pénicilline. Coût/10 jours Insuffisance rénale légère : Timentin (Ticarcilline/acide clavulinique) (créatiinine 100-150) 2gr. I.V. q 4 heures 350 $ Insuffisance rénale modérée : Timentin 2 gr. I.V. q 8 heures (créatinine 150-250) 177 $ Insuffisance rénale sévère : Timentin 2 gr I.V. bid (créatinine > 250) 118 $ Si insuffisance rénale avec allergie à la pénicilline, à discuter cas par cas avec un microbiologiste ou un néphrologue. 10 CONSULTATIONS Diététiste Chirurgien général A) Consultation dans les plus brefs délais (stat) si : . . . Péritonite Perforation intestinale Leucocytose, fièvre et défense abdominale au bout de 7 à 10 jours de traitement B) Chirurgie si : . Après 48-72 heures d’évolution : non amélioration de la douleur, T°, pas de régression de la leucocytose. C) Chirurgie élective (6 à 8 semaines suivant l’épisode aigu) Faire voir pendant l’hospitalisation si : . . . Rétrécissement d’un segment colique avec signes d’obstruction Fistule entérovésicale ou entérovaginale Suspicion de néo sous-jacent Faire voir en externe si : . . Attaques récurrentes de diverticulite aiguë Première attaque chez patient < 55 ans Gastro-entérologue Si impasse diagnostique. SUIVI EXTERNE Lorsque épisode aigu résolu : . . . Diète riche en fibres Lavement baryté (- 1 mois plus tard) Consultation en gastro-entérologie pour colonoscopie courte si L.B. montre autre chose qu’une simple diverticulose. DOCUMENT FAIT EN COLLABORATION AVEC : Dr Yves Clouâtre, service de néphrologie Dr Harold Bernatchez, département de microbiologie Dr Jean Robillard, service de gastro-entérologie Dr Marc Lafontaine, service de radiologie Dr Régent Saint-Georges, service de chirurgie générale Madame Céline Jobin, service de diétothérapie Christine Hill, M.D. Juin 1996 Révisé par : Jacques Gagné, M.D. – Service d’urgence avril 2001 Références : Tintinalli, Judith, RUIZ, Ernest. KROME, Ronald. A Comprehensive Study Guide, Emergency Medicine, 4th Edition 1996. 11 CENTRE HOSPITALIER RÉGIONAL DE RIMOUSKI SERVICE DE NUTRITION CLINIQUE 724-8308 RECOMMANDATIONS ALIMENTAIRES LORS DE DIVERTICULITE Le régime préconisé dans les cas de diverticulite est un régime restreint en fibres et en résidu (9 rés). Celui-ci ne doit être suivi que temporairement soit . 10 jours. Par la suite, c’est d’augmenter progressivement la quantité de fibres (8 rés). Exemple d’un menu faible en résidu DÉJEUNER : Jus de fruits ou banane; Céréale raffinée (exemple : « Corn Flakes »); Pain blanc rôti; Oeuf ou fromage; Lait (200 ml/6 on). DÎNER ET SOUPER : Jus de tomates ou soupe poulet et nouilles; Viandes maigres tendres (ex. : poulet, boeuf); Pomme de terre sans la pelure; Légumes cuits (ex. : carottes, haricots jaunes ou verts); Pain blanc, beurre; Fruits en conserve; Biscuits secs; Lait (125 ml/4 on). CHOIX DE COLLATION : Jus de fruits; Fromate, biscottes; Biscuits secs. N’oubliez pas de contacter les diététistes du Centre hospitalier pour des conseils plus approfondis au 724-8308. NEUTROPÉNIE FÉBRILE Catherine Bégin, M.D. 13 Facteurs de sévérité : Pathogène : (Infection bactérienne) Causes : Définition : NEUTROPÉNIE FÉBRILE § § § § 3 TB > 38 X 2 en1 h chez patient neutropénique (N.B. : – Contre-indication à la prise de température rectale – Éviter les antipyrétiques avant la confirmation de l’état fébrile) 9 Neutropénie légère 1.0 – 2.0 X 10 9 Neutropénie modérée 0.5 – 1.0 X 10 9 Neutropénie sévère <0.5 X 10 Infectieuses (toujours à considérer jusqu’à preuve absolue du contraire … et encore) § Infection bactérienne (documentée dans 40-60% des cas) § Infection virale/fongique Non-infectieuses (rares) § Chimiothérapie § Radiothérapie § Pathologie de base (néo, envahissement médullaire) § § § Mortalité et morbidité la plus importante avec les entérobactéries et le pseudomonas; On note une augmentation de l’incidence des Gram⊕; Également, augmentation des multirésistances chez les patients avec infections nosocomiales. § § Neutropénie sévère (<0.5 X10 ) Neutropénie prolongée → cancer hématologique ou atteinte médullaire extensive ($ 7 jours) → patient en préparation pour transplantation moëlle et autre protocole agressif Hypertermie survenant jour 1 à jour 10 post-chimiothérapie (i.e. : neutropénie précoce post-chimio) Néoplasie en progression (non-contrôlée par traitement) Comorbidité (maladie cardiaque, pulmonaire, rénale ou hépatique) Mauvais status clinique à l’arrivée (hypotension, détresse respiratoire, altération de l’état de conscience, déshydratation, incapacité de s’alimenter) Pertubation des paramètres biochimiques (ions, glycémie), perturbation de l’équilibre acidobasique « acidose métabolique » 3 Plaquettes < 75 000/mm ) § § § § § § 9 … donc le patient à faible risque : • Présente une tumeur solide répondant au traitement (neutropénie post chimiothérapie de courte durée); • Absence de facteur de comorbidité; • Bon état général lors de la consultation; Conduite : 14 § Histoire et examen physique - Incluant l’examen de la peau, des muqueuses, de la région péri-rectale et les sites de cathéters (même anciens) § Investigation FSC, ions, urée, créatinine, glycémie, bilan hépatique, ASTRUP; Bilan septique complet avec hémocultures X2, Rx poumons et DCA; Si indiqué : culture des expectorations, culture de lésions cutanées, culture de selles, recherche toxine C. difficile, Rx sinus, écho de l’abdomen.; Consultation en hémato " consultation en microbiologie (selon hémato) si un foyer est identifié. § Patient à faible risque (tel que défini précédemment) - Autres patients 9 - Admission – isolement si neutro < 1.0 X 10 ad ré-évaluation en hématologie Antibiothérapie I.V. selon foyer (avec opinion microbio) ou selon tableau suivant si hyperT° sans foyer. § Le meilleur facteur pronostic est la résolution de la neutropénie. § Antibiothérapie I.V. Pénicilline anti-pseudomonase; Piperacilline 3 g q 4 h (péd. 200-300 mg/kg/j q 6 h) ⊕ Aminoglycoside; Tobramycine dose de charge 2 mg/kg puis 1,5 mg/kg q 8 h (péd. 5-7,5 mg/kg/j q 6 h) * Toujours indiqué au pharmacien que le patient est neutropénique. Traitement empirique : § Possibilité de traitement en externe avec antibio p.o. (voir tableau suivant) avec l’accord de l’hématologue ; Suivi à prévoir die par le département d’hématologie. ∅ unidose Parfois on utilise une monothérapie, par exemple si les aminoglycosides sont contre-indiqués : Imipénem 500 mg q 6 h. § Antibiothérapie per os (patients suivis externe) Cipro 750 mg q 12 h ⊕ Clavulin 750 mg q 12 h 15 Bibliographie e HARRISSON’S Principles of Internal Medecin, 13 ed. e TINTINALLI, Emergency Medecine, 5 ed. 1997 Guidelines for the Use of Antimicrobial Agents in Neutropenic Patients with Unexplained Fever Clinical Infectious Deseases 1997; 25 :551-73. Walter T Hughes, Chairman, Donald Armstrong. SUDHOFFT, GIAGOUNIDIS A, KARTAUS M. Evaluation of neutropenic fever : value of serum and plasma parameters in clinical practice. Chemotherapy. 2000 Mar-Apr; 46(2) :77-85. ROLSTON KV. New trends in patient management : risk-based therapy for febrile patients with neutropenia. Clin. Infect Dis. 1999 Sep;29 (3) : 515-21. RAMPHAL R. Is Monotherapy for Febrile Neutropenia still a viable Alternative? Clin. Infect. Dis. 1999 Sep;29 (3) : 508-14. STOOUPIS A, ZINNER SH. Approach to fever in the neutropenic host. Cancer Treat Res. 1998;96 :77-104. PROTOCOLE ET TRAITEMENT EMPIRIQUE DU PATIENT NEUTROPÉNIQUE FÉBRILE C.H.R.R. A double blind comparison of emperical oral and intravenous antibiotic therapy for low-risk-febrile patients with neutropenia during cancer hemotherapy. NEJM 341, 305-311, 1999. Oral vs I.V. empirical antimicrobial therapy for fever in patients with granylocytopenia who are receiving cancer chemotherapy. NEJM 341, 312-317 , 1999. Discuté avec le docteur Jean Lépine, hémato-oncologue et le Dr Philippe Jutras, microbiologiste Catherine Bégin, M.D. Service d’urgence - Septembre 2000 RISQUE D’INFECTION RABIQUE Maxime Amar, M.D. 17 Que faire si l’on suspecte un risque d’infection rabique ? 1. DÉTERMINER LA PRÉSENCE D’UN RISQUE SIGNIFICATIF Ø Animaux susceptibles d’être enragés : Ø Situation de la rage animale dans le Bas Saint-Laurent § animaux de ferme — Le dernier cas de rage dans le Bas Saintrenards § chiens Laurent remonte à 1994. Un cheval aurait mouffettes § chats été contaminé par un virus dont le sérotype ratons-laveurs § tout animal errant était similaire au virus rabique des tout animal présentant un comportement chauves-souris. inhabituel ou bizarre (eg : animal Auparavant, aucun cas n’avait été rapporté sauvage anormalement familier, animal depuis 1980 (bovin à Saint-Fabien). Au nocturne ayant des activités diurnes, Québec, l’épizootie, actuellement en attaque sans provocation). régression, est principalement située en Ø Exposition significative : Estrie et dans le Centre du Québec. Les animaux touchés sont surtout les renards, [] Toute morsure les mouffettes, les chauves-souris, les [] Chauve-souris vue ou trouvée à bovins, les chiens et les chats. proximité d’un jeune enfant, d’une personne endormie ou déficiente Des cas sporadiques chez la chauve-souris sensorielle ou intellectuelle ont toutefois été retrouvés dans différentes [] Contamination des éraflures fraîches, régions. des écorchures, des plaies ouvertes ou des muqueuses par la salive, les — Les animaux domestiques sont plus à liquides organiques ou les tissus risque d’avoir été infectés au cours d’un d’animal enragé. voyage en région endémique. Communiquer dans les cas douteux avec Note : On considère « Provoquée » une Dr J.L. Martel, M.V., Agriculture Canada, morsure infligée à une personne Rimouski (722-3032) qui effectuera une tentant de nourrir ou de manipuler enquête auprès de l’animal et de ses un animal apparemment en bonne propriétaires. santé. CONDUITE : animal en observation (la majorité des animaux infectés présentent des anomalies de comportement dans les 10 jours suivants), prophylaxie selon l’évolution (cf. algorithme) § chauve-souris § § § § À noter : Tout cas suspect de rage doit obligatoirement être déclaré à Agriculture Canada. 18 2. MESURES POST EXPOSITION [] Laver la plaie avec de l’eau et du savon (Hibitane ou autre). Irriguer avec du Salin ou de la Bétadine. Ces soins de base sont les mêmes que pour toute plaie. Ils peuvent éliminer le virus s’il est en surface, mais ils ne sont aucunement efficaces pour le tuer s’il est en profondeur. Ne pas oublier la prophylaxie antitétanique si nécessaire. [] Adimistrer les agents immunisants contre la rage le plus tôt possible après l’exposition. On peut toutefois, si l’accident a lieu en soirée, attendre au lendemain matin si besoin est de communiquer avec Agriculture Canada pour confirmer le risque. Le virus voyage via les terminaisons nerveuses. L’intervention devra donc être d’autant plus rapide que la plaie sera proche anatomiquement du cerveau (eg visage vs mollet). ❚ Sujet non vacciné Ig antirabique Vaccin antirabique ❚ Sujet vacciné Vaccin antirabique Les Ig (Mérieux) et le vaccin (Connaught) sont disponibles à la pharmacie du CHRR. Ø CALENDRIER ET VOIES D’ADMINISTRATION (Voir CPS au besoin) Dose 1 Moment Le plus tôt possible après l’exposition et moins de 8 jours après la première dose de vaccin. IMMUNOGLOBULINE Posologie 20 U.I./kg (exemple : sujet de 50 kg 1000 U.I. i.e. 6,66 cc Ig Mérieux) Voie d’administration Si possible, infiltrer la moitié de la dose autour de la plaie. Administrer le reste par voie I.M. dans la fesse ou la cuisse en utilisant une autre seringue et une autre aiguille. VACCIN Posologie Voie d’administration universelle (tout) âge re (1) 1 Jour 0 1 mL I.M. e 2 Jour 3 1 mL I.M. e 3 Jour 7 1 mL I.M. e 4 Jour 14 1 mL I.M. e 5 Jour 28 1 mL I.M. (1) Administrer simultanément les immunoglobulines antirabiques (RIG) et le vaccin antirabique le plus rapidement possible après l’exposition. Il est inutile d’administrer les immunoglobulines plus de 8 jours après le début de la série vaccinale, car la formation des anticorps provoquée par le vaccin est déjà amorcée. Dose Intervalle AGRICULTURE CA NADA Inspection vétérinaire 180, ave de la Cathédrale C.P. 819 Rimouski (Québec) G5L 7C9 Dr Jean-Louis Martel, M.V. Tél.: (418) 722-3032 (bur.) 725-3351 (rés.) Fax. : (418) 722-3332 DIRECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE, DE LA PLANIFICATION ET DE L’ÉVALUATION Centre hospitalier régional de Rimouski 288, rue Pierre-Saindon, e 2 étage Rimouski (Québec) G5L 9A8 Tél. : (418) 724-8454 Fax. : (418) 723-3103 Docteur Maxime Amar Monsieur Daniel Bolduc CLSC : Référer par la suite le patient au CLSC (724-7204) avec une prescription de vaccin antirabique en spécifiant le jour de la morsure, la date et les doses d’immunoglobulines et de vaccins déjà reçues. 19 Algorithme décisionnel pour la prophylaxie post-exposition (PpoE) de la rage Exposition rabique Autres animaux sauvages : 1 chauve-souris , renard, mouffette, raton-laveur, lynx, coyote, marmotte, etc. Animaux domestiques et autres animaux de compagnie : chien, chat, bétail, furet, etc. Non disponible Secteur Exempt 3 de rage Pas de PpoE sauf si circonstances 2 particulières ou mauvais état de santé compatible 3 avec la rage Disponible Non disponible PPoE Secteur enzootique 3 pour la rage PpoE sauf si provocation manifeste et animal en bonne 3 santé Bon état de santé et comportement 3 habituel Mise en observation X 10 jours après le contact Bon état de santé à la fin de 3 l’observation Pas de PPoE Petits rongeurs : écureuil, tamia, souris, rat, gerboise, hamster, mulot, lapin, etc. Mauvais état de santé et comportement 3 inhabituel Disponible Commencer la PpoE immédiatement sauf si animal sacrifié et résultat disponible < 48 h depuis le contact et qu’il n’y a pas de rage dans ce 3 secteur Animal rabique PPoE Mauvais état de santé et comportement inhabituel durant ou à la fin de l’observation PpoE non recommandée sauf si circonstances très 2 particulières Animal non rabique Cesser PpoE si commencée 1. Une attention particulière doit entourer l’évaluation d’un contact avec une chauve-souris. 2. Circonstances très particulières, ex. : attaque non provoquée par un animal furieux et 3 agressif , mauvais état de santé compatible avec les symptômes de la rage animale . 3. À confirmer par un vétirinaire d’Agriculture Canada. Cet algorithme est tiré du document Guide pour la prévention de la rage humaine à la suite d’une exposition et doit tenir compte des nuances du texte. Source : Les directions de la santé publique des régies régionales de la santé et des services sociaux de Laval, dela Montérégie et de Montréal Centre. Maxime Amar, M.D., Service d’urgence du CHRR, révisé le 25 février 1998 PYÉLONÉPHRITE CHEZ L’ADULTE France Raby, M.D. 21 PYÉLONÉPHRITE CHEZ ADULTE SYMPTÔMES ET EXAMEN Symptômes : - Douleur flanc; Symptômes d'infection vésicale associée ou non; Symptômes systémiques tels nausées, vomissements, frissons, peuvent être présents. Examen : - Punch rénal positif; Fièvre. INVESTIGATION Labo : - SMU : - Anomalies suggérant une infection urinaire; - Ne permet pas de faire la différence entre infection haute ou basse; FSC : leucocytose; Hémoculture X 2 si To > 38,50 C et/ou patient toxique; DCA : résultat à venir ultérieurement; Créatinine. CONDUITE Critères d'hospitalisation (court séjour) : - a) Atteinte systémique importante (autre que fièvre); Vomissements; Grossesse; Pathologie rénale connue: . porteur de calcul ou autre type d’obstruction de l’arbre urinaire; . malformation de l'arbre urinaire; . greffe rénale; . insuffisance rénale. Traitement hospitalisé Antibiothérapie I.V. : T 1er choix : Ampicilline 1-2 g q 6 h + gentamicine(1) 1,5 mg/kg q 8 h I.V. (ajuster posologie selon pharmacocinétique). Si allergie à la pénicilline: Débuter traitement avec gentamicine seul et attendre antibiogramme; Si atteinte sévère, ajouter ciprofloxacine(2) per os à gentamicine I.V. T Autres choix : (utilisation rare) - Ceftriaxone (Rocephin) 1 g I.V. q 24 h ; TMP/SMX (Bactrim) 160/800 I.V. q 12 h. _____________ (1) Un protocole de gentamicine à haute dose 7 mg/kg/24 h est actuellement en utilisation au CHRR; s’y référer pour les critères d’inclusion et d’exclusion. (2) Ciprofloxacine offre une couverture pour cocci Gr (entérocoque). 22 N.B.: - Faire traitement I.V. jusqu'à ce que le patient soit apyrétique pendant 48 h. Par la suite, traitement per os. - Modifier antibiothérapie dès la réception de l'antibiogramme. - Traitement I.V. plus per os pour un total de 14 jours. - Faire DCA une à deux semaines post-traitement pour s'assurer de la résolution de la bactériurie. b) Traitement externe Antibiothérapie per os: T1er choix : Ciprofloxacine 500 bid (Cipro). T2e choix : Norfloxacine 400 bid (Noroxin); TMP/SMX DS bid (Bactrim). T Autres choix : N.B. : Clavulin 500 tid; à utiliser seulement si le germe et la sensibilité sont connus. Keflex 500 qid; Amoxil 500 tid (résistance de 20% à E. coli). Agents pathogènes des pyélonéphrites chez clientèle externe : - E coli : 80% Staph. saprophyticus : 5-15% Klebsiella : 4% - Protéus : 3% Entérocoque : 3% Autres : 1% INVESTIGATION COMPLÉMENTAIRE 1- Pour clientèle externe : À faire chez tout homme avec pyélonéphrite suite à un premier épisode et chez toute femme suite à un deuxième épisode (à faire post-résolution d'épisode aigu) : L écho rénale et arbre urinaire + consultation urologique (cystoscopie) ; L il est maintenant préconisé de faire une écho rénale et un RX de l’abdomen chez la femme à son premier épisode. 2- Pour clientèle hospitalisée : a) À faire chez tout patient n'ayant pas répondu au traitement I.V. en 48 h : L vérifier antibiogramme; L écho rénale et arbre urinaire + consultation urologique pour investigation subséquente p.r.n. b) À faire chez tout patient porteur de sonde suite à une deuxième récidive (à faire post-résolution de l'épisode aigu) : L écho rénale + consultation urologique. 23 CAS SPÉCIAUX 1- Femme enceinte : . . Hospitalisation; Antibiothérapie I.V. : - Ceftriaxone(1) 1 g I.V. q 24 h; - Ampicilline +/- gentamicine(2) (1,5 mg/kg I.V. q 8 h.) Si allergie à la pénicilline : gentamicine seule. 2- Patient porteur d'une sonde : . . 3- Antibiothérapie idem à celle décrite au point « conduite », page 1; Changer sonde lorsque processus infectieux contrôlé afin d'éviter une bactériémie secondaire à manipulation. (attendre un minimum de 48 heures) Patient avec insuffisance rénale : . . . Pas de contre-indication à donner gentamicine à dosage standard pour la dose de charge; Dose de charge de 80 mg I.V.; Ajuster la posologie en fonction de la pharmacocinétique. N.B.- Ne pas utiliser le protocole d’unidose de gentamicine chez la femme enceinte et l’insuffisant rénal. (1) (2) Ceftriaxone ne couvre pas entérocoque, donc si atteinte sévère, opter pour ampicilline et gentamicine. Quelques rares cas d’ototoxicité chez le foetus rapportés avec gentamicine. Bibliographie CONNOLLY, A. THORP JM JR. Urologic Clinics North America. 1999 Nov ; 26 (4). MANDELL, DOUGLAS, BENNETTS. Principles and practice of infectious deseases. 5e édition, 2000. TONDREAU, Geneviève. L'infection urinaire chez la femme enceinte. Médecin du Québec, sept. 1994 American Family Physician. March 1, 1999, vol. 59, numéro 5, pp 1225-1234. The Sanford Guide to Antimicrobial Therapy 2000. Discuté avec : Dre Hélène Boutin, urologue Dr Yves Clouâtre, néphrologue France Raby, M.D. Service d’urgence 11-01-1995 Révisé le 12 février 2001