L`enfant au Moyen Age - Institut de l`entreprise

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L`enfant au Moyen Age - Institut de l`entreprise
LES LIVRES ET LES IDÉES
Medieval Children
par Nicholas Orme
L’enfant au Moyen Age
JULIEN DAMON*
La thèse, popularisée par Philippe Ariès, selon
laquelle le Moyen Age ignorait la notion même
d’enfance et ses spécificités est encore une
fois réfutée ici par une plongée dans les sources
historiques anglaises. A travers une présentation
minutieuse de leur vie quotidienne, de leur
environnement et de leur éducation, l’ouvrage
montre que les enfants médiévaux étaient entourés
d’affection et d’attentions ; et que, dans ce
domaine, les mentalités et les pratiques n’étaient
pas fondamentalement différentes de ce qu’elles
sont aujourd’hui.
D
ans un ouvrage superbe,
remarquablement illustré,
l’historien anglais Nicholas Orme
dresse un panorama de l’enfance
e n A n g l e t e rre d u X I e a u
XVIe siècles1, révélant la richesse
des matériaux dont on dispose sur
ce sujet.
L’idée d’enfance existait-elle au
Moyen Age ? La réponse, on le
sait depuis plus d’une décennie,
est incontestablement positive.
Démentant la mauvaise réputation
des parents médiévaux, ce livre met
pleinement en lumière l’attention
qu’ils portaient aux enfants, à leur
« statut », différencié de celui des
adultes, à leurs individualités, à
leurs jeux, à leurs droits et à leurs
besoins.
La documentation et l’argumentation
couvrent environ sept siècles et
toute l’enfance, de la naissance à
l’émancipation définitive. La trame
est très descriptive et se découpe
en neuf chapitres thématiques :
l’arrivée de l’enfant (conception,
naissance, baptême), la vie familiale
(structures familiales, soins du
nourrisson), les dangers et la mort
(handicaps, accidents, abus, maladies,
funérailles, vie après la mort), les
* Responsable du Département de la Recherche de la Caisse nationale des allocations
familiales.
mots et les chants (relations avec
le bébé, chansons enfantines), les
jeux (poupées et autres jouets,
simulations de guerre, représentations en public), l’Eglise (l’enseignement religieux, les rites de
passage), l’apprentissage de l’écriture,
la lecture d’agrément (la littérature
enfantine, l’expérience de la lecture), l’émancipation (le travail,
le départ du foyer, la sexualité).
Toutes les sources possibles –
normatives, narratives, matérielles –
sont utilisées : peintures, sculptures,
tombes, portraits, fresques, scènes
domestiques, manuscrits enluminés,
dînettes, berceaux, gribouillis.
L’éclat des 125 illustrations reflète
notamment les joies et les difficultés,
mais aussi la vivacité et l’humanité
des relations parents-enfants.
Le livre, qui est un modèle de mise
en page, d’illustration et d’érudition,
se présente comme une réponse
aux fameux travaux de Philippe
Ariès (1914-1984). « Historien du
dimanche », comme il se qualifiait
lui-même, Ariès est mondialement
connu pour sa thèse de l’indifférence
médiévale envers les enfants.
Ayant échoué à l’agrégation, il
est longtemps resté en marge du
système universitaire français.
Négligé comme amateur, il
pouvait également être discrédité
comme conservateur, en tant que
compagnon de route de l’école
1
Nicholas Orme,
Medieval Children,
New Haven, Yale
University Press,
2001, 387 pages.
Ce beau livre,
remarqué par
The Economist,
le Financial Times
et le Times Literary
Supplement (TLS),
coûte environ
30 dollars, un prix
somme toute
modique vu son
extraordinaire
présentation.
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LES LIVRES ET LES IDÉES
de pensée monarchiste de l’Action
française. La reconnaissance viendra
tardivement, quand cet historien
des mentalités et des comportements sera élu (en 1978) à l’Ecole
des hautes études en sciences
sociales. Ariès était pourtant
devenu une référence incontournable depuis 1960, avec un ouvrage
célèbre2 dans lequel il affirmait
que le Moyen Age était indifférent,
voire méfiant à l’égard des premiers âges de la vie. En bref,
l’enfance, telle que nous l’entendons, n’existait pas. Selon Ariès,
avant le XVIIe siècle, les enfants
étaient considérés comme de
petits adultes encore inadaptés.
L’Occident moderne aurait par la
suite « inventé » l’enfance.
UNE THÈSE VIVEMENT
CONTESTÉE
L
2
L’Enfant et la
vie familiale sous
l’Ancien Régime,
Paris, Plon, 1960
(rééd. Seuil,
1973).
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es médiévistes ont montré
depuis que les thèses d’Ariès
étaient fausses. L’idée selon laquelle
un « sentiment de l’enfance » aurait
progressé historiquement pour
apparaître pleinement aux XIXe et
XX e siècles a été rejetée .
L’enfant du Moyen Age était en
fait aimé et reconnu comme tel.
Ariès a d’ailleurs lui-même accepté les avancées critiques d’un
programme de recherches sur
l’histoire de l’enfance et de la
famille dont il avait ouvert le
chantier (voir l’encadré). Il était
moins catégorique que le prétendaient ses détracteurs. Néanmoins,
il pensait assurément que les
enfants sous l’Ancien Régime vivaient très différemment des enfants contemporains. S’appuyant
lui aussi sur l’iconographie médiévale, notamment sur les représentations d’enfants royaux et nobles
habillés exactement comme leurs
parents, il observait que les enfants n’étaient pas représentés
artistiquement de manière réaliste, qu’ils mouraient jeunes, qu’ils
vivaient très près de leurs ascendants, et qu’ils étaient souvent
très tôt contraints de quitter le
foyer.
DE L’ENFANT-ROI À L’ENFANT OUBLIÉ ?
S
ur le statut de l’enfant au Moyen Age, Philippe Ariès a fortement
nuancé ses positions initiales (ce que Nicholas Orme omet de
rappeler). On peut se reporter, sur ce point, à la nouvelle édition, en
1973, de son ouvrage, L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime.
Dans son article « L’enfant : la fin d’un règne », Autrement, n° 3, 1975,
pp. 169-171, il annonce, après la longue indifférence à l’enfance puis
la concentration affective sur les enfants (du XVIIIe au XXe siècles),
une nouvelle époque caractérisée par une disparition de l’enfance.
Certains ouvrages récents, discutables mais percutants, vont dans ce
sens : Louis Roussel, L’enfance oubliée, Paris, Odile Jacob, 2001 ; Neil
Postman, Building a Bridge to the Eighteenth Century. How the Past Can
Improve our Future, New York, Alfred Knopf, 1999 (cf. notre recension
dans Sociétal, n° 34, 2001, pp. 100-103).
Orme s’attaque frontalement à
Ariès, dès son introduction. Il ne
méconnaît pas – bien au contraire
– toute la littérature spécialisée
qui a déjà permis de revenir sur la
thèse de l’absence de sentiment
d’enfance (voir la bibliographie en
fin d’article). Il souligne que tous
ces chercheurs n’ont pas trouvé
de preuves pour soutenir les
assertions d’Ariès. A l’inverse, ils
ont pu rassembler des éléments
permettant de dire que les adultes
considéraient bien l’enfance comme
une phase particulière de l’existence, que les parents traitaient
les enfants en tant que tels et
qu’ils les aimaient, que les enfants
avaient des activités culturelles et
ludiques propres à leur âge.
A une époque de mortalité
infantile très élevée (un quart des
nourrissons anglais décédaient
avant 1 an, et un quart des
survivants disparaissaient entre
1 an et 10 ans), il pouvait être
rationnel de moins s’attacher
affectivement à de petits enfants.
La théorie est néanmoins invalidée par les faits. Orme prend,
parmi d’autres, l’exemple de la
mort à l’âge de 3 ans, en 1257,
de Katherine, fille muette et
handicapée du roi d’Angleterre
Henri III. Sa mère tomba malade
de chagrin et ne trouva jamais
de consolation. S’il est vrai que de
nombreux enfants mouraient, il
n’y a aucune raison de croire que
ces décès étaient moins péniblement ressentis qu’aujourd’hui.
Par ailleurs il est couramment dit
que les mariages et les maternités
étaient très précoces. Les registres
paroissiaux (tenus rigoureusement
à partir de 1538) consultés par
Orme montrent, contre cette
idée, que vers 1600 l’âge moyen
au mariage était de 28 ans pour
les hommes et de 26 pour les
femmes, les enfants venant après.
Le phénomène des mères mineures était confiné chez les
nobles, où les unions se faisaient
par arrangement. Enfin la décohabitation juvénile n’était pas aussi
précoce qu’on l’a dit.Avant 15 ans,
il était rare que les enfants aient
quitté le foyer parental.
JOUETS, VÊTEMENTS,
CHANSONS ET
GRIBOUILLIS
O
rme dresse une image détaillée
de l’enfance médiévale.
Les enfants avaient des jouets
spécifiquement construits pour
leur distraction, portaient des vêtements distinctifs. Leurs gribouillis
et leurs chansons dévoilent des
obsessions qui n’ont probablement
jamais changé, et que le bon
docteur Freud aurait pu analyser
rétrospectivement : la morve, le
sexe et les excréments.
L’ENFANT AU MOYEN AGE
D’un point de vue normatif, l’enfance
était clairement distinguée de l’âge
adulte. Les découpages des âges
ont varié. Au Xe siècle, l’âge de la
responsabilité criminelle est établi
à 12 ans, il passera ensuite à 15 ans,
avant de baisser de nouveau. En
1299, un garçon de 11 ans est
pendu pour avoir tué un enfant
de 5 ans qui avait cherché à l’empêcher de voler un morceau de pain.
Au XVIIe siècle, l’âge de la responsabilité criminelle est stabilisé
autour de 14 ans.
Le Moyen Age distingue clairement
les âges de la vie. En témoigne
l’utilisation récurrente, chez les
lettrés, des termes latins infantia
(jusqu’à 7 ans), pueritia (de 7 à
14 ans), adolescentia (de 14 à
28 ans). Avec tous les autres spécialistes, Orme considère que l’enfance finissait à 7 ans. A cet âge,
dont on dit encore en France qu’il
est de raison, l’enfant pouvait être
tondu pour devenir moine, ou
même se marier.
Vers 1200, l’Eglise (la famille
spirituelle) fait une nette distinction
entre adultes et enfants. Les
premiers peuvent (et doivent) se
confesser, se marier et se faire
bénir par onction s’ils sont malades.
Tout cela ne concerne pas les enfants, tant qu’ils n’ont pas atteint
une maturité mentale et sexuelle.
Saint Thomas d’Aquin pensait que
les enfants morts avant 10 ans ne
paraîtraient pas lors du Jugement
Dernier. Aux yeux de l’Eglise, les
enfants devenaient adultes vers
10 ans, quand on les autorisait à
communier. A côté du droit canon,
les normes séculières identifiaient
différents stades de majorité, de
12 à 21 ans, auxquels les jeunes
pouvaient acquérir des droits
propres.
La première étape, cruciale, est
celle du baptême, dont la cérémonie
est décrite avec un luxe de détails.
Pour entrer dans la société,
l’enfant devait d’abord être lavé
du péché. Un enfant mort non
parentale est Anne, la mère de la
Vierge, régulièrement présentée
dans les manuscrits, les fresques et
les vitraux, en train d’apprendre à
lire à sa fille. Les enfants n’étaient
pas plus disciplinés qu’aujourd’hui.
En retour, les parents n’étaient
pas nécessairement violents. Contre
le mythe d’une omniprésence du
châtiment corporel, Orme retrace
les actions et réactions éducatives
de parents qui n’étaient ni spécialement flagellateurs ni spécialement
on apprend
« gentils ». Il en ressort
une image d’un Moyen
Il existait déjà
Age qui n’a rien de
au Moyen Age des
« barbare », et d’une
controverses autour
enfance protégée, comprise et accompagnée
de l’obstétrique,
dans la vie quotidienne.
de la puériculture,
baptisé constituait un double
fardeau moral pour les parents : la
perte d’un enfant, et le remords
de le savoir éloigné du paradis.
Saint Augustin pensait que les
âmes des enfants non baptisés
étaient vouées à l’enfer. Le baptême, selon Orme, était une
manière de respecter l’enfant en
tant qu’individu, en lui ouvrant
une possibilité de salut.
Au fil des chapitres,
qu’il existait déjà
au Moyen Age des
experts et des
controverses autour
de l’obstétrique, de
la puériculture, de
la nutrition, de
l ’ é d u c a t i o n 3. L e s
p a re n t s d u X I V e de la nutrition,
Certains traits peuvent
s i è c l e s ’ i n t e r r o - de l’éducation.
sembler cruels, mais
geaient sur les presils s’expliquent simcriptions à suivre (le
plement. C’est le cas
lait de vache est-il bon pour
par exemple de l’emmaillotement
l’enfant ?). L’auteur a même déniché
très serré, recommandé pour
ce qu’on pourrait nommer des
éviter que les enfants tombent des
manuels de puériculture, comme
berceaux, ou se blessent en jouant
le livre de Thomas Deloney publié
en l’absence de leurs parents.
en 1597 (The Gentle Craft, « La douce
occupation »), où sont précisément
DIVERSITÉ
décrits le trousseau et l’équipement
DES SITUATIONS
recommandés pour l’arrivée d’un
ET DES CONDITIONS
nouveau-né : berceau, langes,
linges, gilets, bonnets, bavoirs,
es enfants, au Moyen Age,
chiffons, capes, chaussures, jouets
grandissaient au sein d’une
d’éveil, bouillies.
très grande variété de foyers, en
termes de structures familiales
Pour l’éducation de la petite
et de position sociale. L’enfant
enfance, des principes et des
riche vivait dans une famille qu’on
normes étaient proposés aux
dirait aujourd’hui élargie, rassemparents. Sir Thomas Elyot (auteur
blant diverses personnes sous
à succès d’un The Governor en
un même toit et une même
1531), déplorant les gazouillis des
autorité, l’enfant pauvre dans une
nourrices, préconisait de ne pas
famille nucléaire, (père, mère,
babiller devant les enfants mais
frères et sœurs). Les grandsde s’exprimer normalement, afin
parents, s’ils étaient toujours là,
de ne pas risquer de corrompre
vivaient souvent à côté du foyer,
leur prononciation et leur sens
rarement sous le même toit.
moral.
Plus que les grands- parents,
d’ailleurs, parrains et marraines
Pour les plus grands, bien avant la
(qui n’étaient pas seulement des
Renaissance, les garçons d’extraction
soutiens spirituels, mais aussi
aisée reçoivent une éducation en
d’éventuels suppléants parenlatin. Les parents s’y impliquaient
taux) jouaient un rôle important
dans l’éducation. Orme rappelle
activement. Le modèle de l’éducation
L
3
Pour des
analyses actuelles
sur l’expertise
en matière de
petite enfance,
voir les différentes
contributions
réunies dans
Recherches
et Prévisions
(n° 57/58, 1999),
sur les savoirs et
les normes,
sur les parents face
aux prescriptions
nutritionnelles,
sur la disponibilité
à l’enfant. On
remarquera, dans
cette livraison, le
texte de Didier Lett
sur les conceptions
pédagogiques au
Moyen Age, à base
d’exemplarité et
d’affection plus que
de châtiments.
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LES LIVRES ET LES IDÉES
que les décompositions et recompositions familiales, issues de décès,
d’adoptions et de remariages,
n’étaient pas rares. Les beauxparents, en particulier les bellesmères (les marâtres) avaient la
réputation d’être moins affectueux
que les parents naturels.
4
La couverture
de l’ouvrage
reprend le
tableau de Pieter
Bruegel (1559)
sur les jeux
d’enfants,
dépeignant
quelque 75 jouets
et jeux.
5
En complément,
on se penchera
sur les
comparaisons
anthropologiques
et culturelles
effectuées par
Catherine Rollet
et Marie-France
Morel,
Des bébés et
des hommes.
Traditions et
modernité
des soins aux
tout-petits,
Paris, Albin
Michel, 2000.
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pour l’humour, l’imagination et le
non-sens, comme dans cette image
représentant des « lièvres chasseurs »,courant après des garçons.
Il est impossible de résumer un
ouvrage aussi foisonnant. Signalons cependant, dans le désordre,
quelques digressions intéressantes.
Il semble que, dès le XIIe siècle,
Bien entendu, on a conservé
les moines aient acquis une
beaucoup moins de traces (écrits,
réputation de pédérastie. Des
monuments,portraits…) des familles
croyances fortes entouraient la
pauvres que des riches, dont les
femme enceinte : ainsi, le fait
enfants étaient souvent élevés par
d’avoir un sein droit plus gros
des nourrices issues de foyers
était annonciateur
pauvres. Dans les envid’une naissance mâle.
ronnements favorisés,
Orme signale que les
les jouets étaient très Dans les familles
enfants handicapés
nombreux, comme les aisées, les jouets
étaient en général
appareils spécifiqueétaient très nombreux,
entourés d’affection :
ment construits ou
objets de compasacquis pour l’enfant. ainsi que les appareils
sion, ils n’étaient
Une illustration montre et les objets
pas aussi souvent
même un prototype
spécifiquement
abandonnés qu’on a
de trotte-bébé (ou
voulu le dire.
« youpala »). Au tout construits ou acquis
début du XVIe siècle pour l’enfant.
La richesse du livre
apparaissent des ouest à la fois sa force
vrages imprimés et
et sa faiblesse : il s’agit plus d’une
illustrés spécialement pour les encompilation anecdotique que d’une
fants (un des premiers exemples
analyse méthodique. Aucune idée
connus, en Angleterre, s’intitule
force ne se dégage, sinon de
The Friar and the Boy, « Le moine
prouver l’importance de l’enfance
et le garçon »).
au Moyen Age. Certains thèmes
sont trop rapidement évoqués,
Outre les différences de condition
comme le cas des enfants vagasociale, les inégalités étaient nettes
entre garçons et filles. Un fœtus
bonds ou prostitués. D’autres ne
mâle était réputé, depuis Aristote,
sont pas abordés, comme les
disposer d’une âme après quarante
problèmes d’héritage, les conflits
jours de gestation, contre quatreentre frères et sœurs, ou encore
vingt pour une future petite fille.
le coût de l’enfant – il est vrai
Les filles, plus généralement, sont
que dans ce domaine les données
relativement absentes de l’iconodisponibles ne permettraient pas
graphie et des traités étudiés par
la sophistication des évaluations
Orme.
actuelles. L’auteur aurait pu
cependant fournir un peu plus
On note cependant, dans tous les
de précisions sur l’économie de
milieux, une vie familiale très
l’enfance, par exemple en se
dense. Père et mère étaient très
penchant sur les industries du
présents, ils jouaient et chantaient
jouet, dont il atteste l’existence
avec leurs enfants. C’est autour de
dès 1300.
ces moments ludiques, aux activités
très diverses4 , que se révèle l’attenLe plus intéressant dans cette
tion du Moyen Age pour tout ce
fresque historique optimiste, au
qui concerne l’enfance. On relève
risque de quelques anachronismes,
souvent, aussi, un goût prononcé
ce sont les parallèles entre le passé
et le présent qui ponctuent le
texte. Souvent éclairants, ces
rapprochements montrent qu’il
y a plus de continuité que de
ruptures dans l’histoire de l’enfance. Selon Orme, qui parle
de « constantes de la nature
humaine5 », rien d’essentiel n’a
véritablement changé : il y a toujours eu des bouches à nourrir,
des petits corps à vêtir, des nuits
difficiles à passer et de l’affection,
des douleurs et des douceurs à
partager. l
BIBLIOGRAPHIE
Parmi les ouvrages français cités
par Orme :
Pierre Riché,
Danièle Alexandre-Bidon,
L’enfance au Moyen Age,
Paris, Seuil/BNF, 1994 ;
Danièle Alexandre-Bidon,
Didier Lett,
Les enfants au Moyen Age,
Ve-XVe siècles,
Paris, Hachette, 1997 ;
Robert Fossier (dir.),
La petite enfance dans l’Europe
médiévale et moderne,
Toulouse, Presses Universitaires
du Mirail, 1997.
On y ajoutera les trois ouvrages
de Didier Lett :
L'enfant des miracles.
Enfance et société au Moyen Age
(XIIe-XIIIe siècles),
Paris, Aubier, 1997 ;
Famille et parenté dans l’Occident
médiéval (Ve-XVe siècles),
Paris, Hachette, 2000 ;
L’enfance au Moyen Age,
Paris, Aubier, 2001.