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Weekend
Cinéma
« TéléVisions »
Enquête page 17
Supplément
Morgan Freeman
dans la peau de Mandela
a Médias de quartier, info de banlieue
uee
lé
a «Lionel raconte Jospin », version télé
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010 - 66e année - N˚20206 - 1,40 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr ---
Neige,gel,sécheresse:
pourquoilamétéos’affole
t L’hémisphère Nord connaît une vague de froid particulièrement intense
t Principale cause : la faiblesse des vents océaniques laisse passer l’air polaire
S
oudain, les paysages de Provence ressemblentàla Scandinavie,lesoranges
de Floride sont givrées à peine mûres,
et, de Londres à Pékin, de Washington à
Amsterdam, l’hémisphère Nord est saisi
par un hiver particulièrement rigoureux.
En France, neige et verglas sèment la
pagaille dans les transports : axes routiers
coupés, trafic TGV ralenti… La Grande-Bretagneessuie lavague de froidla plussévère
depuis trente ans. Celle-ci a déjà fait
22morts,etla sociétéd’assurances RSAestime à plus de 750 millions d’euros le coût
du ralentissement de l’économie. Pour
l’instant, le Royaume-Uni n’a pas connu
pire qu’une température de – 27,2 oC enregistrée en 1895, en 1982, puis en 1995. Mais,
dans la nuit de jeudi à vendredi, le thermomètre est descendu à moins 21,5 oC dans les
Highlands écossais.
Le reste de l’Europe n’est pas épargné.
En Pologne, le froid a déjà fait 139 morts.
En Norvège, la température a plongé à –
41˚C, le plus bas niveau depuis 1987. En
Allemagne, elle est descendue à – 19˚C.
Les scientifiques expliquent le froid qui
frappe l’hémisphère Nord par une «phase
d’oscillation nord-atlantique négative » :
les vents océaniques sont plus faibles et
laissent passer l’air polaire. Autre phénomène à l’œuvre : El Niño, qui provoque un
réchauffement des eaux au centre du Pacifique, trop loin des côtes, donc, pour empêcher l’Amérique du Nord de grelotter et celle du Sud de subir la sécheresse. Cette anomalie pourrait durer jusqu’au printemps.
A plus long terme, les climatologues
s’attendent à des hivers plus doux.
Réchauffement oblige… p
Lire page 4
Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino
Lajusticepermetauchefdel’Etat
deseconstituerpartiecivile
t M. Sarkozy peut agir «comme un citoyen ordinaire»
C
’est à un immigré clandestin d’origine sénégalaise que l’on doit un
débat approfondi sur l’épineuse
question du statut de justiciable du président de la République. En se rendant coupable d’une escroquerie à la carte bancaire
sur le compte de Nicolas Sarkozy, en septembre 2008, pour un montant de
176,80 euros, Ama M’Bodji a conduit successivement deux juridictions à se prononcer sur la recevabilité de la constitution de partie civile du chef de l’Etat.
Ce n’est certes pas la première fois
depuis son élection que M. Sarkozy, rompant avec la tradition de ses prédécesseurs, demande aux tribunaux de lui ren-
dre justice. Mais Ama M’Bodji tient une
place toute particulière dans le parcours
judiciaire présidentiel.
Le premier jugement le concernant a
été prononcé par le tribunal correctionnel
de Nanterre en juillet 2009, à quelques
semaines de l’ouverture du procès Clearstream, et le second, rendu vendredi 8 janvier par la cour d’appel de Versailles, intervient tout juste vingt jours avant le
dénouement attendu de cette affaire.
Cette proximité de calendrier ne pèse
pas pour rien dans le soin apporté par les
juges à la rédaction de leur décision.
Pascale Robert-Diard
a Lire la suite page 10
L’automobile américaine
veut oublier l’année 2009
t Les petites voitures en vedette au Salon de Detroit
I
A Saint-Cloud, en Floride, le 7 janvier. RED HUBER / ORLANDO SENTINEL / AP
ls ont longtemps été surnommés les
« Big Three », en référence à leur poids
dans l’économie des Etats-Unis. Mais,
aujourd’hui, les trois constructeurs automobiles américains – General Motors,
Ford et Chrysler – ne sont plus que les
« Detroit Three », du nom de la ville où
sont installés les sièges de ces entreprises.
Et c’est dans cette cité du Michigan que le
secteur tentera de montrer que le pire est
derrière lui, à l’occasion du Salon annuel
qui ouvre ses portes aux professionnels
lundi 11 janvier.
En 2009, l’automobile américaine a en
effet connu la pire année de son histoire,
avec des ventes de voitures aux Etats-Unis
au plus bas depuis trente ans, l’injection
de dizaines de milliards de dollars d’aides
publiques, la nationalisation de General
Motors ou encore la prise de contrôle de
Chrysler par l’italien Fiat. Les trois
constructeurs américains n’ont aujourd’hui plus que 44,6 % de parts de marché
aux Etats-Unis, contre 69,7 % en 1999.
Mais quelques signes laissent croire à
une amélioration de la situation : les
constructeurs relancent leur production,
Ford a renoué avec les bénéfices, General
Motors prévoit de rembourser les aides
du Trésor américain d’ici à juin et envisage de revenir en Bourse en 2010. Surtout,
les constructeurs proposent désormais
des véhicules plus adaptés aux nouveaux
goûts des consommateurs, notamment
des petites voitures. p
Lire page 11
UK price £ 1,50
Le regard de Plantu Les dangers
du principe
de précaution
Entretien Le professeur
François Ewald analyse
la gestion de la grippe
A(H1N1) à la lumière du
principe de précaution,
qui « oblige à exagérer la
menace », dit-il, et à gérer
un « risque subjectif,
créé par l’imaginaire
collectif ». P. 9
Les cinq raisons
d’espérer
d’Edgar Morin
www.new-peugeot.com
Rendez-vous
en page centrale
Demain dans 0123
« Le Monde Economie » Comment
la crise a renforcé monopoles et oligopoles
Enquête Pourquoi on devient « expatrié
fiscal », pourquoi on cesse de l’être
Débats Comment éviter
la désintégration du
« système Terre » ? Le
philosophe Edgar Morin,
dans un « Eloge de la
métamorphose », parie
sur les capacités
de régénération propres
aux sociétés et propose
cinq principes
d’espérance. P. 18
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2 0123
Editorial
RetourauRwanda
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Chronique
Une très bonne
nouvelle
Aujourd’hui par Serguei
S
T
rois ans après la rupture par Kigali des relations diplomatiques
avec Paris, la France est de retour
au Rwanda. La reprise des
contacts, annoncée fin novembre
par une discrète visite de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, au président Paul
Kagamé, vient d’être concrétisée par la présence, jeudi 7 janvier à Kigali, du ministre français
des affaires étrangères, Bernard Kouchner.
Il s’agit d’un retour par la petite porte dans
un pays qui fut considéré, dans les années 1980
et jusqu’au génocide des Tutsi en 1994, comme
un allié proche, et choyé comme tel. Pour le
régimeissu de la tragédie, dominé par lesTutsi,
laFrance,parce qu’elleaarmé les futurs génocidaires hutu et refusé de porter assistance à
leurs victimes, porte une lourde responsabilité. La mise en accusation par le juge français
Jean-LouisBruguière,fin 2006,del’actuelprésident, Paul Kagamé, comme instigateur de l’attentatmortelcontresonprédécesseur,considéré comme l’élément déclencheur du génocide,
a été interprétée comme un affront et a provoqué la rupture avec Paris.
Le retour au dialogue, trois ans après, est
une démarche de raison. Mais il ne signifie nullement que les lourds contentieux soient soldés. Pour le Rwanda, il s’agit de prendre acte
des gestes de bonne volonté adressés par Nicolas Sarkozy, qui ont notamment permis à Kigali, en entrant dans la procédure Bruguière, de
passer à l’offensive pour la démonter point par
point, nier toute responsabilité dans l’attentat
de 1994 et accuser les extrémistes hutu de
l’avoir perpétré.
Pour la France, le Rwanda ne présente guère
d’intérêt économique. En adhérant au Commonwealth et en imposant l’enseignement de
l’anglais, le régime de M. Kagamé a affirmé sa
volonté de rupture. Reste le motif majeur de
ces retrouvailles : sans le Rwanda, très influent
danslarégion, Paris ne pourrait pas peser surla
situation dans l’immense République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) voisine – ni
pour faire avancer la paix à l’est de ce pays, ni
pourfaire valoirson intérêtpourlesressources
de son riche sous-sol, notamment l’uranium.
Il est à craindre que la réconciliation francorwandaise ne s’opère au prix d’un étouffement
progressif de l’enquête sur l’attentat de 1994,
dont les conclusions, quelles qu’elles soient,
mettraient à nouveau à vif les plaies du passé.
Or une relation saine ne peut se construire sur
un non-dit aussi béant. Le droit à la vérité sur
les événements de 1994 doit prévaloir. Au nom
de l’indépendance de la justice et, en premier
lieu, au nom de la mémoire des 800 000 victimes du génocide. p
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Eric Fottorino
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0123
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on Excellence Nicolas Sarkozy a déclaré, lors de ses vœux
aux Français le 31 décembre,
que le sommet de Copenhague est
« parvenu à faire prendre par tous
les Etats des engagements chiffrés
de lutte contre le réchauffement climatique». Hélas! C’est rigoureusement faux. S’agit-il d’un mensonge délibéré ou d’une incompréhension ? En toute candeur,
posons que cette dernière hypothèse est la bonne.
Son Excellence a, en effet, déjà
Ecologie
Hervé Kempf
L’industrie du luxe
n’a pas échappé à la crise
E
ssoré par la crise, le secteur du luxe
doit se réinventer. On croyait le commerce de ces fastueux produits
immunisé contre la récession, il n’en a rien
été et l’insolente croissance annuelle
moyenne du secteur entre 2003 et 2007
(7,5 % selon Eurostaf) n’a pas résisté aux
retournements de l’économie en 2008.
Après une forte décélération en 2008
(+ 0,3 %), le secteur mondial du luxe, largement dominé par des acteurs français,
devait entreren récession en 2009. Le cabinet Bain & Company prévoyait fin octobre
une chute pouvant atteindre 7 % pour les
ventes de produits de luxe.
En dix ans, c’est donc la deuxième crise
qui affecte le luxe : 2001-2003 avait déjà
En pole position pour
supplanter les premiers
marchés du luxe, la Chine
est déjà le deuxième
marché de Louis Vuitton
sanctionné les excès des années 1990,
selon Nicolas Boulanger, chargé du luxe
chez Eurostaf. L’assainissement du secteur s’était traduit par des stratégies d’internationalisation à marche forcée – pour
mutualiser les risques pays et trouver de
nouveaux relais de croissance – et d’intégration de la distribution, afin d’intégrer
les marges des distributeurs.
Cettefois encore, la capacité de résistance à la crise est très variable selon la taille
des groupes, les segments de produits et
les zones géographiques. Certaines marques très haut de gamme – Louis Vuitton,
Gucci, Hermès – ont peu souffert, là où les
entreprises plus fragiles ont sérieusement
pâti. Les arts de la table, en proie à des difficultés structurelles, ont accentué leur
déclin. La bulle du champagne a éclaté. La
joaillerie et l’horlogerie ont particulièrement souffert. Les exportations horlogères suisses, fleuron du secteur, ont reculé
de 23,7 % en un an. Un des géants du sec-
Analyse
Nicole Vulser
Service Economie-Entreprises
teur, le groupe suisse Richemont, a, malgré son portefeuille de marques prestigieuses (Cartier, Piaget, Jaeger-LeCoultre,
Montblanc, Baume & Mercier…), vu son
bénéfice opérationnel chuter de 39 % au
premier semestre. En revanche, la maroquinerie, qui bénéficie de marges considérables, et, dans une moindre mesure, les
parfums ont bien tiré leur épingle du jeu.
Des groupes aussi variés que Bernardaud, Estée Lauder, Hugo Boss, Tiffany ou
les montres Zenith ont réduit leurs effectifs. Cartier, Christofle ou Daum ont eu
recours à des mesures de chômage partiel.
Les défaillances d’entreprises majeures du
secteur n’ont pas pu être évitées en 2009.
Christian Lacroix fut la plus emblématique de la fragilité économique de la haute
couture. La maison doit se séparer de 90 %
de ses effectifs pour se borner à gérer quelques contrats de licences. En Allemagne,
Escada a été reprise par Megha Mittal, la
fille unique du magnat indien de l’acier
Lakshmi Mittal, mais en Italie, le groupe IT
Holding (Gianfranco Ferré, Roberto Cavalli) a toutes les peines du monde à trouver
un repreneur, et Mariella Burani risque
aussi le dépôt de bilan.
Les marchés mûrs, comme le Japon, les
Etats-Unis et dans une moindre mesure
l’Europe,seportent mal. Les Etats-Unis resteront d’ailleurs un marché difficile pour
l’industrie du luxe «pendant des années»,
a estimé le directeur général de Richemont, Norbert Platt dans WirtschaftsWoche. « Aux Etats-Unis, a-t-il assuré, on a
mauvaise conscience à s’offrir un article de
luxe, quand le voisin ou le collègue vient
peut-être juste de se faire licencier. » En
revanche, les marchés émergents, la Chine
en tête, apparaissent comme un formidable réservoir de croissance. En pole posi-
tion pour supplanter les premiers marchés du luxe – l’Europe puis les Etats-Unis
et le Japon –, la Chine est déjà le deuxième
marché de Louis Vuitton ou des cognacs
Hennessy. Hermès lance même sa propre
marque chinoise. « Les dépenses en produits de luxe des riches et super-riches
(dont l’actif net est supérieur à 1 million de
dollars) vont augmenter de 20 % à 35 % sur
les marchés émergents comme le Brésil, la
Russie, l’Inde et la Chine dans les cinq prochaines années », promet le cabinet Bain.
Dans l’Hexagone, la crise a mis en exergue le caractère éclaté du secteur, entre
des grosses maisons concurrentes –
LVMH ; Gucci Group, la filiale de PPR ; Chanel ; Hermès – souvent cotées en Bourse et
un tissu de petits sous-traitants, de façonniers, d’ateliers qui subissent la crise de
plein fouet. A la tête de soixante-dix maisons prestigieuses, le Comité Colbert
défend les couleurs du luxe français à
l’étranger, mais le secteur du luxe – sans
doute parce qu’il est très hétéroclite – n’est
pas organisé en tant que filière homogène.
Des débuts d’alliances se font jour pour
combattre la contrefaçon, la vente des
faux sur Internet ou encore protéger à
Bruxelles le système spécifique de distribution sélective.
Si le ministre de l’industrie, Christian
Estrosi, veut aider les façonniers du luxe,
de nombreuses réflexions restent à mener
pour améliorer le secteur au niveau européen et hexagonal. Se positionnant comme un think tank de la filière, le Centre du
luxe et de la création a suggéré une dizaine
demesurespouraider lesecteur. Parmicelles-ci figure l’idée de « Luxe Angels » : une
association d’investisseurs privés pourraitsoutenir les jeunes marques. Autrepiste,un seulcrédit d’impôt créationqui fonctionnerait comme celui accordé pour la
recherche aux sociétés innovantes. Pour
donner de l’oxygène aux PME et éviter que
le luxe, l’un des grands secteurs français
d’exportation, ne délocalise inexorablement sa production. p
Courriel : [email protected]
Il y a 50 ans dans 0123
«Tu ne tueras pas» de Me Albert Naud
«TU NE TUERAS PAS » s’adresse à ceux qui
n’imaginent pas, ou qui ne veulent pas
imaginer. Me Naud n’a pas caché son intention: « Mon objet est de contribuer à ruiner,
dans l’esprit du public, la faveur dont jouit
encore la peine de mort. » Ce public-là, il a
voulu le prendre aux épaules et le tenir de
gré ou de force devant la réalité d’un supplice. Il faut du courage pour lire ces pages.
Elles lèveront le cœur de plus d’un. Elles
feront patauger dans le sang, elles apprendront ce que signifie l’information lue au
petit déjeuner : « X… a été exécuté ce
matin.» Me Naud a vu, de la cellule à la fos-
se commune. Il a vu la tête de 20 ans que le
bourreau porte, collée à sa cuisse, jusqu’à
la table des chirurgiens. Il a vu, à l’approche de la pince qui allait les prendre, cligner d’effroi les yeux de cette tête censée
morte. Me Naud a voulu, après les avoir
vus accomplir leurs gestes de bouchers et
d’équarisseurs, «connaître ces hommes
dont la profession est de tuer ». Ce sont des
portraits frémissants, féroces, uniques.
Alors, l’abolition ? Bien sûr. Juste, la peine
de mort? Comment le serait-elle, quand
on sait quelle tragique loterie décide de l’issue d’un procès criminel. Quel habitué des
prétoires n’a pu penser avec Me Naud: «La
peine de mort ne peut pas être juste à raison de tout ce qui manque aux hommes
pour bien accuser, bien juger, bien défendre. La peine de mort ne devrait être que le
châtiment des sociétés parfaites.» Utile,
alors? Ici parlent les chiffres. Me Naud a
examiné les statistiques de tous les pays
qui ont aboli la peine capitale. Pas une seule n’indique que l’abolition ait conduit à
une augmentation quelconque du nombre des homicides. Au contraire. p
J.-M. Théolleyre
(11 janvier 1960.)
montré plusieurs fois son ignorance des principes du changement
climatique : le 3 juillet 2008, il parlait du « CO2, les émissions qui font
le trou dans la couche d’ozone ».
Un an plus tard, il n’avait rien
appris et expliquait doctement, le
23 septembre 2009, que « le carbone crée un trou dans la couche
d’ozone ».
Vraiment, cela fait honte à
mon identité nationale que le
magistrat suprême de la nation
ne connaisse pas le b.a.-ba du problème majeur du siècle. N’y a-t-il
personne à l’Elysée pour lui faire
un petit cours de deux heures sur
le climat, afin qu’il comprenne ce
dont il parle ?
Mais Son Excellence nous fait
perdre notre temps. Je voulais
vous faire part d’une très bonne
nouvelle, dont nous instruit Lester Brown, vieux lion toujours
rugissant et patron du Earth Policy Institute, basé à Washington.
Brown observe qu’en 2009, pour
la première fois depuis 1945, le
parc automobile aux Etats-Unis a
diminué ! Non seulement la production, qui a chuté comme partout, mais le parc : il y a moins de
voitures en circulation aux EtatsUnis en 2009 qu’en 2008. Explication : le nombre de véhicules vendus (10 millions) a été inférieur à
celui de ceux envoyés à la casse
(14 millions), faisant passer le parc
total à 246 millions de voitures. La
tendance se poursuivra-t-elle ?
Oui, estime Brown, à partir de
l’analyse de l’âge du parc.
Une première depuis
1945: aux Etats-Unis,
le parc automobile a
diminué. «American
Graffiti», c’est fini
Il y a encore plus encourageant
(je sais que vous tressautez de joie
sur votre fauteuil, cela me fait plaisir de vous voir bien démarrer
l’année) : « La tendance sociale la
plus fondamentale affectant l’avenir de l’automobile est l’intérêt
déclinant des jeunes pour la voiture », observe Brown. « Les jeunes
socialisent sur Internet et sur les
téléphones mobiles, pas dans les
voitures. » American Graffiti, c’est
fini. La bagnole, c’est – excusezmoi – un truc de vieux.
Eh oui, le modèle culturel de l’American way of life est en train de
muter, l’équation fondatrice du
désastre écologique (auto + télévision + maison individuelle) se
modifie. La consommation, c’est
une culture. Cette culture évolue.
Aux Etats-Unis, et sans doute
dans tout l’Occident.
Mais ! Horreur ! Les forces obscures du mal s’opposent au progrès. Plusieurs associations écologistes viennent de sonner l’alarme : le gouvernement français
favorise une relance autoroutière
en laissant progresser une série
de projets dont l’énumération
occuperait bien plus que l’espace
qu’il me reste. Alerte ! Halte au
retour du Vieux Monde ! p
Courriel : [email protected]
Page trois
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Une agence française, installée à Paris, est chargée par la ville-émirat
du golfe Persique de créer un musée sans équivalent dans le monde
Les artisans du Louvre Abou Dhabi
L
L’équipe de France-Muséums autour des plans du musée. Debout, en costume, Bruno Maquart. A sa gauche, Laurence des Cars. FLORENCE JOUBERT/LE CARTON/ PICTURETANK
Etats.Et notre action est centrale en
termesdeformation. »Une desmissions est de former des personnels
émiratis. Elle ajoute que, lorsque
des musées américains ont acheté
des artistes français, « on les avait
traités de cow-boys ». M. Maquart
précise qu’il « travaille au service
non d’un pays mais d’une idée. Et
tant mieux si ça rapporte de l’argent à la France ! Il y a des avis
contraires ? Tant mieux. Soyons
jugés sur le résultat! »
Un conflit vient des achats
d’œuvres. France-Muséums dispose d’une cagnotte de 40 millions
paran– donnéspar l’émiratenplus
des 974millions. Quarante œuvres
ont été achetées en un peu moins
d’un an. La première, pour 21,5 millions, est un tableau de Piet Mondrian, de 1922, qui figurait, en
février 2009, dans la vente du couturier Yves Saint Laurent. Ont suivi
des œuvres de Cézanne, Bellini,
Manet, Murillo, Ingres, un Christ
sculpté en bois de tilleul de 1515. Ou
un tabouret curule (vers 1920) de
Pierre Legrain. De bons achats ?
n’achète pas à n’importe quel prix. »
Ces acquisitions doivent être
validées par une commission d’acquisition (quatre Emiratis, huit
Français,dontHenriLoyrette)présidée par le cheikh Sultan Bin Tahnoon Al-Nahyan, patron de la Tourism Development & Investment
Company (TDIC), organisme gouvernemental d’Abou Dhabi. Ce dernier détient un droit de veto. L’a-t-il
exercé? «Ce que mon équipe a proposé a été acheté », répond Mme des
Cars. Elle assure que la commission
permet d’« éviter tout conflit d’intérêt avec les musées français ». Est-ce
si sûr ? Abou Dhabi a exposé dixneuf œuvres dans un hôtel, en
mai2009. Mais on ne sait rien de la
vingtaine d’autres achetées depuis.
Des conservateurs pointent un
conflit d’intérêts possible. « Que
des Français travaillent pour un
musée étranger, c’est très bien. Mais
alors qu’ils coupent vraiment les
ponts. Là, ils ont un pied dans chaque pays. Il y a brouillage», dénonce Didier Rykner, animateur du site
Latribunedelart.com. Abou Dhabi
pourrait-il obtenir une œuvre qui
aurait pu finir dans un musée en
France ? Non, dit-on à FranceMuséums, car la France cherche
juste à combler des manques, alors
qu’Abou Dhabi part de rien. « Ce
que l’on propose ne gêne pas les collections françaises. »
Il y en a au moins un qui est
furieux. Daniel Alcouffe dirigeait
jusqu’en 2004 le département des
objets d’art du Louvre. Il avait
essayé d’acheter une fibule (agrafe)
en forme d’aigle, du Ve siècle, chef-
Abou Dhabi donne à l’agence
190 millions d’euros sur dix ans
afin de rémunérer les musées prêteurs. Belle carotte… Laurence des
Cars a déjà une idée de ce qui sera
prêté pour l’ouverture, fin 2013.
«Dans un an, on aura la liste. »
Le visiteur aura-t-il le sentiment de se trouver en pays arabe ?
Les œuvres de cette région du
monde seront en bonne place, jusqu’à l’art contemporain. La signalétique sera rédigée d’abord en arabe, puis en anglais, enfin en français. Certains ont pu s’inquiéter
que les œuvres ayant pour motif
la religion chrétienne et la nudité
soient écartées. « Il est impossible
de faire ce musée avec des interdits. Et nos confrères émiratis sont
surpris que la question soit soule-
vée», assure Laurence des Cars. Les
premiers achats ont pu rassurer,
notamment une Vénus au bain de
Lagrenée. « L’Origine du monde,
de Courbet, on ne l’enverra pas la
première année. Mais ce fut impossible aussi de montrer ce tableau
dans un musée de Washington »,
dit Laurence des Cars.
La préoccupation est autre :
montrer les œuvres dans leur
contexte. « Il faut éclairer le visiteur», dit Laurence des Cars,
notamment le public scolaire, une
des cibles principales, auquel sera
consacré un « musée des enfants».
Ce contexte sera surtout donné
par l’image (projections multimédias) dans un pays dominé par
le multilinguisme. p
M. G.
Trop tôt pour juger, d’autant que
les montants sont rarement divulgués. «On s’enest pas mal tirés, soutient Mme des Cars, qui voyage beaucoup, à New York, à Londres ou en
Suisse. Notre budget est à l’échelle
du projet, car on part de zéro ! On
On n’a jamais vu
unpays acheter à
ce point l’image et le
savoir-faire d’un autre
Le défi du musée universel
LE LOUVRE Abou Dhabi sera un
musée universel. « C’est un pari »,
dit Laurence des Cars, la responsable du projet. La collection, qui
occupera 6 000 m2 – ce n’est pas
énorme –, embrassera toute la
création, de la préhistoire à l’art
actuel, sur tous les continents, de
la peinture à la photographie en
passant par le mobilier. Aucun
autre musée de ce type existe.
Ce parcours des collections est
constitué de quatre ailes reliées
par des sas. D’abord le monde antique. Puis l’art du Ve au XVe siècle,
avec les grandes religions. Ensuite,
l’art du XVe à la fin XVIIIe siècle
avec les découvertes. Enfin le
moderne et le contemporain.
«Le parcours sera chronologique avec des thématiques, dit Lau-
rence des Cars. Il sera décloisonné,
riche en dialogues. » Entre art grec,
mésopotamien et chinois pour la
période antique, par exemple.
Les quatre premières années,
300 œuvres seront prêtées par des
musées français, qui seront exposées à côté des achats de FranceMuséums. Le balancier s’inversera
progressivement: les prêts baisseront à 250 puis 200, et prendront
fin dans dix ans. «Les premiers
prêts viendront des gros musées
parisiens. Puis de musées de province sur la base du volontariat, explique Laurence des Cars. Cela fait un
an et demi que j’apaise cette question, mais on n’est pas dans l’hystérie, au contraire ! Le plus complexe
est de gérer les rotations. La durée
moyenne d’un prêt sera d’un an. »
d’œuvredel’artmérovingien.France-Muséums l’a achetée pour Abou
Dhabi. « C’est de la haute trahison,
cet objet aurait dû entrer au Louvre », s’indigne-t-il. C’est aussi la
France qui proposera le nom du
directeur du musée. Un million et
demi de visiteurs sont attendus
chaque année, ce qui est beaucoup,
comparé aux 5 millions d’habi-
tants de la fédération des Emirats
arabes unis. «Il y aune vraie curiosité », assure M. Maquart, qui s’appuie sur une étude sur les publics
potentiels.Desscénariossontébauchés pour que le musée soit ouvert
le soir et une partie de la nuit, à la
fraîche. Pas sûr que l’entrée soit
payante. p
Michel Guerrin
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Paris 9h, M° Bou er.fr
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P. gra
7 J / 7 EAUX
6 NIV O
D’EXP
Suivant les dates légales en vigueur
e musée que le Louvre
doit livrer à l’émirat
d’Abou Dhabi, un des
plus attendus au monde, se fabrique dans
deux
appartements
d’unimmeuble bourgeois, au cœur
de Paris : 900 m2 près du marché
Montorgueil où vingt-huit personnes travaillent depuis deux ans.
Mobilier épuré, art actuel au mur.
Le personnel est jeune, dans le ton.
L’agence s’appelle FranceMuséums et elle a pour seule mission de mener à bien l’installation
des 24 000 m2 de ce musée, logé sur
l’îledeSaadiyat etquidonneral’impression de flotter sur l’eau. Elle est
de statut français – une société par
actions simplifiée, créée en 2007.
Ses salariés sont français. Le président du conseil scientifique, Henri
Loyrette, le patron du Louvre, est
entouré de huit responsables de
musées et institutions français.
L’architecte est Jean Nouvel. Mais
Abou Dhabi paie tout : le nom du
Louvre, le musée, les œuvres qui y
seront exposées, les salaires et
locaux de France-Muséums. Généreux émirat ! 974 millions d’euros
sur trente ans, dont 164 millions,
sur vingt ans, pour faire tourner
France-Muséums.
Dans un monde de l’art toujours
plus mondialisé, on n’a jamais vu
un pays acheter à ce point l’image
et le savoir-faire d’un autre. « Les
émirats sont venus nous chercher
pour créer un musée original pour
le XXIe siècle. Nous travaillons dans
un climat de grande confiance », dit
Bruno Maquart, le directeur de
France-Muséums.
Cette agence a quatre missions.
Faire en sorte que le musée, dont le
chantier démarre en ce début 2010,
ouvre fin 2013. Imaginer un projet
muséalnovateuretcohérent.Acheter des œuvres de qualité. Attirer le
public. Un tiers du personnel est
détaché pour trois ans renouvelables de musées français. Dont Laurence des Cars, qui vient d’Orsay et
pilote le contenu. D’autres viennent de Guimet, du Louvre, du
Quai Branly, du Centre Pompidou… Ils sont bien mieux payés
qu’en France – « correctement »,
disent-ils – mais sans avouer combien. Pourquoi ce bonus ? « C’est
quand même un risque pour sa carrière. Le projet a fait parler de lui, il
n’est pas classique.»
Ce projet est en effet contesté. La
France braderait ses collections, ses
cerveaux parce qu’elle n’a plus les
moyens de financer ses musées.
Mme des Cars a-t-elle l’impression
de trahir ? «Je ne vois pas les choses
ainsi. Il y avait des suspicions, mais
on a rassuré car ce sera un musée
ambitieux. Je travaille pour mon
pays, car France-Muséums est le
fruit d’un accord entre deux
4 Planète
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Accord de Copenhague
Inondations au Kenya
L’Australie, le Canada, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Maldives sont les quatre premiers
Etats à avoir indiqué leur intention de signer l’accord obtenu lors du sommet sur le climat de
Copenhague, en décembre 2009. Les autres Etats
ont jusqu’au 31 janvier pour les imiter.
Trente mille personnes sont affectées par des
inondations causées par des pluies torrentielles
au Kenya, a indiqué la Coordination des affaires
humanitaires (OCHA) de l’ONU, qui craint une
épidémie de choléra. Les inondations ont fait
34 morts, selon la police kenyane.
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Bienvenue dans un monde virtuel durable!
SOS-21,jeu en ligne gratuit reconnu notamment
parle Programme des Nations unies pour l’environnement
permet de découvrir un univers socialement,
économiquementet écologiquement responsable.
Pourquoi
l’hémisphère Nord
subit des vagues de froid
Une oscillation nord-atlantique négative affecte l’Europe
et l’Amérique du Nord, par ailleurs touchée par El Niño
E
urope, Etats-Unis, Asie : l’hémisphère Nord grelotte. Plus
que d’une seule vague de
froid, il convient de parler de
vagues de froid au pluriel,
c’est-à-dire de flux d’air polaire
déferlant sur les continents sans
être forcément reliés entre eux,
précise Christophe Cassou, du Centre européen de recherche et de formation avancée en calcul scientifique (Cerfacs). La faute à deux phénomènes météorologiques bien
distincts mais qui, dans le cas présent, sont tous deux à l’œuvre :l’oscillation nord-atlantique (NAO) et
El Niño.
La circulation atmosphérique
au-dessus de l’Atlantique nord est
régie par la variation (l’oscillation)
de la position et de l’intensité,
Pour la fin du siècle,
des oscillations plus
souvent positives
que négatives sont
prévues. Et donc
des hivers plus doux
d’une part de la zone de dépression
située sur l’Islande, de l’autre de la
zone de haute pression (anticyclone) positionnée sur les Açores.
«Depuis la mi-décembre, nous sommes dans une phase d’oscillation
nord-atlantique négative, du fait
d’une dépression sur l’Islande et
d’un anticyclone sur les Açores l’un
et l’autre plus mous que d’habitude », décrit Christophe Cassou.
Conséquence pour l’Europe : les
vents océaniques qui, d’ordinaire,
tempèrent le climat continental,
sont plus faibles, ce qui donne un
hiver plus rigoureux.
«Uneoscillation nord-atlantique
négative n’est pas nécessairement
synonyme de vague de froid, souligne le chercheur, mais plutôt d’occurrence accrue de vague de froid. »
Et donc d’hiver contrasté, où phases de redoux et de rafraîchissement alternent, comme c’est le cas
cette année.
Au cours des trente dernières
années, les hivers à NAO positive
(donc plus chauds) ont été plus
nombreux que ceux à NAO négative. Les climatologues hésitent à y
voir un effet du réchauffement global. Mais leurs modèles prévoient,
pourla fin dusiècle,desoscillations
plus souvent positives que négatives. Et donc des hivers généralement plus doux.
Les effets de l’oscillation nordatlantique négative se font sentir,
actuellement, jusqu’en Europe de
l’Est et en Asie. Ils expliquent aussi,
en partie, pourquoi l’Amérique du
nord est frigorifiée. Mais un autre
phénomène entre ici en jeu : El
Niño. Cette élévation anormale de
la température des eaux de surface,
danslabandeéquatorialeettropicale de l’océan Pacifique, est associée
à des anomalies de circulation
atmosphériqueau-dessusduPacifique nord et de l’Amérique du nord.
Anomaliesquiprovoquentdestempératures plus froides. « L’épisode
El Niño actuel, qui a commencé l’été
dernieret s’est renforcéà l’automne,
est atypique, indique M. Cassou. Le
réchauffement des eaux se produit
au centre du Pacifique, et non près
des côtes du Pérou et de l’Equateur,
comme on l’observe habituellement. » D’où un impact plus marqué sur les Etats-Unis. Cet épisode
pourrait se poursuivre jusqu’au
printemps,cequiaccroîtlaprobabilité de nouvelles vagues de froid.
Reste que, pour les météorologues, la froidure de cet hiver n’a
rien d’exceptionnel, en Europe du
moins. Pas plus que les chutes de
neige sur les régions méditerranéennes. Météo-France rappelle
qu’au cours des 39 derniers hivers,
des hauteurs de neige supérieures
à 10 cm à basse altitude – considérées comme des « phénomènes
majeurs» – ont été enregistrées à 34
reprises, soit, en moyenne, quasiment une fois par an. D’ailleurs, les
prévisions saisonnières de MétéoFrance – dont le niveau de fiabilité
est par nature assez faible– annoncent, pour la métropole, un premier trimestre 2010 « plus chaud »
que la normale.
En attendant, cinq régions et
vingt-neuf départements français
ont été placés en vigilance orange,
en raison de la neige et du verglas.
Dans le Sud-Est, les TGV accusaient,
vendredi 8 janvier, plusieurs heures de retard. A Lyon, 60 % des vols
ont été supprimés et la direction
générale de l’aviation civile a
demandé aux compagnies aériennes d’annuler 25% des vols prévus,
samedi 9 janvier, sur Roissy-Charles-de-Gaulle.
La Grande-Bretagne, où 22 personnes sont mortes du froid depuis
le mois de décembre 2009, connaît
son hiver le plus rigoureux depuis
trente ans. L’Espagne, l’Allemagne
ou les Pays-Bas, sont, eux aussi,
transis.
Outre-Atlantique, les Etats-Unis
subissent les rigueurs d’un hiver
polaire.DanscertainsEtats,lacolonne de mercure a dégringolé jusqu’à
-45˚C. Fait exceptionnel, la Floride,
habituée à la douceur hivernale,
connaît les affres du gel. Jeudi 7janvier, la température est tombée à
0˚C à Miami, et les producteurs
d’agrumes craignent des pertes de
récolte record.
L’Asie frissonne aussi. En Chine,
des chutes de neige et un vent glacé
en provenance du désert de Gobi et
des plaines de Sibérie paralyse la
circulation à Pékin. Selon les services météorologiques, les températures enregistrées dans la capitale
sontlesplusbassesdepuisundemisiècle. p
Pierre Le Hir
Vue satellite de la Grande-Bretagne entièrement recouverte par la neige, jeudi 7 janvier. NASA/AP
La Colombie décrète l’«état d’urgence environnemental»
CONFRONTÉ à une sécheresse
attribuée au phénomène climatique El Niño et à une vague de
froid, le gouvernement colombien a instauré, jeudi 7 janvier,
l’« état d’urgence environnemental » dans 25 des 32 départements
du pays. Cette mesure permet
notamment de fermer les parcs
naturels nationaux et d’acheter,
sans appel d’offres, des équipements destinés à contrôler les
incendies. Le ministère de l’environnement aura par ailleurs la
possibilité de légiférer par décret.
Les pique-niques, les feux de
bois, les barbecues dans les campagnes ou l’utilisation de la poudre
dans les fêtes régionales sont inter-
dits, alors que la sécheresse a déjà
provoqué, dans 77 municipalités,
des incendies qui ont détruit 2 216
hectares de forêts.
Le ministre de la défense,
Gabriel Silva, a offert des récompenses pouvant aller jusqu’à
20millions de pesos (7 000 euros)
à ceux qui permettront d’identifier les incendiaires. Le code pénal
prévoit une peine de prison maximale de quinze ans pour les pyromanes.
L’aviation colombienne a rencontré des difficultés à juguler certains incendies à cause de l’altitude. C’est notamment le cas dans le
parc Las Hermosas, sur la cordillère des Andes, situé à 4 000 mètres
au-dessus du niveau de la mer.
L’assistance de pays ayant l’expérience des incendies, comme les
Etats-Unis, a été sollicitée.
En raison de la présence d’El
Niño sur le Pacifique, la saison des
pluies, qui s’étend généralement
de septembre à décembre, a été cette année très courte et de faible
intensité. La saison sèche qui lui a
succédé devrait durer encore trois
mois.
Floriculture compromise
Les intempéries ont d’ores et
déjà compromis 30 % de la production de fleurs, une des principales
sources d’exportation pour la
Colombie, puisqu’elle suscite
1,1 milliard de dollars (770 millions
d’euros) de recettes par an. Les pertes provoquées par le gel dans la
savane qui entoure Bogota, où la
température a chuté jusqu’à -5˚C,
concernent notamment les récoltes destinées aux Etats-Unis pour
la Saint-Valentin, le 14 février. A
cette occasion, les Colombiens vendent aux Américains 1,7 million de
caisses de fleurs, soit 15 % de leur
production annuelle. 70 % de la
production colombienne vient de
la savane de Bogota, où 5 600 hectares sont consacrées à la floriculture. La Colombie est le deuxième
exportateur de fleurs au monde,
après les Pays-Bas. p
Paulo A. Paranagua
Une compagnie d’Etat chinoise mise en cause dans la pollution du fleuve Jaune
La rupture d’un oléoduc a provoqué le déversement de 150000 litres de gazole et menace l’accès à l’eau potable de millions de personnes
Pékin
Correspondant
Pékin
L
Lanzhou
GANSU
(Huang He)
a China National Petroleum
Corporation (CNPC), une des
plus grandes compagnies
pétrolières chinoises, fait figure
d’accusée après la rupture d’un de
ses oléoducs, le 30 décembre
2009, qui a provoqué le déversement de 150 000 litres de gazole
dans deux affluents du fleuve
Jaune, le Huang He, qui est le
deuxième plus long fleuve de
Chine. Une alerte à la pollution a
été décrétée par les autorités
chinoises.
L’incident s’est produit dans le
nord de la province du Shaanxi et a
touché les rivières Chishui et Wei.
Le gouvernement local a précisé
qu’un degré de pollution de
Tianjin
SHAANXI
CORÉE
DU SUD
Kaifeng
HENAN
Wuhan
Chongqing
BIRMANIE
u
Ble
uve gzi)
e
l
n
F (Ya
niveau 5, le plus haut sur l’échelle
chinoise, avait été relevé dans ces
deux affluents, tout en précisant
que la contamination de la rivière
Wei, la moins touchée, était désor-
Mer
Jaune
Zhengzhou
Fleuve Jaune
INDE
CORÉE
DU NORD
HUNAN
Shanghaï
CHINE
250 km
mais«souscontrôle ».Untel niveau
de pollution rend l’eau impropre à
la consommation, mais encore utilisable pour l’agriculture, ont précisé les autorités.
Septcentsouvriersont étémobilisés pour réparer la fuite. Le fleuve
Jaune est une source d’eau potable
pour des dizaines de millions de
personnes et la contamination de
ses deux affluents affecte les habitants de huit villes. Des traces de
pétrole ont notamment été décelées dans le réservoir du barrage de
Sanmenxia, dans la province du
Henan. Pour éviter que la pollution
ne s’étende à Zhengzhou, la capitale provinciale, les responsables ont
dû interrompre la production
d’électricité de ce barrage.
ZhengzhouetKaifeng,une autre
importante cité voisine, totalisent
unepopulationde3,5millionsd’habitants, et 95 % de l’eau courante y
provient du fleuve Jaune. L’agence
de presse Chine nouvelle précise
que, depuis longtemps déjà, en rai-
son de la pollution du fleuve,la plupart des habitants ne pouvaient
plusconsommerquedel’eauminérale en bouteille. Selon des statistiques officielles, deux cents millions de Chinois n’ont pas accès à
uneeau propreà la consommation.
« Politique de l’autruche »
La CNPC a reconnu que la pollution des deux cours d’eau avait
bien pour origine la rupture d’un
de ses oléoducs, mais la compagnie
d’Etat a rejeté la responsabilité de
l’accident sur « des travaux effectués » dans la zone de la fuite par
«untroisièmeacteur»auprofilparticulièrement flou. Ce qui a provoqué des commentaires inhabituellement acerbes de la part de la
Radio nationale de Chine, pour
laquelle « la CNPC joue la politique
de l’autruche en refusant d’accepter
sa pleine responsabilité et en
n’ayant pas encore proposé de
dédommagements aux victimes de
cette pollution».
La radio a rappelé qu’un autre
incidentsérieuxavaitimpliquécette même compagnie en 2005,
quand une fuite de pétrole avait
pollué la rivière Songhua, dans la
provinceduHelongjiang, frontalière de la Russie. Cette catastrophe
écologique avait provoqué une
sérieuse crise diplomatique entre
Pékin et Moscou. Le même commentateur de la radio chinoise a
précisé que, à l’époque, la CNPC
était restée « silencieuse » et qu’à
nouveau « on peut mettre en doute
le sens de la responsabilité dont fait
preuve ce colosse d’Etat ». p
Bruno Philip
International 5
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Afghanistan: la stratégie hésitante des Occidentaux
Avant la conférence de Londres du 28janvier, Paris prépare prudemment une hausse de ses effectifs militaires
face à l’extension de l’insurrection
talibane.
De lourdes incertitudes planent
sur la conférence. Annoncée en
novembre 2009 par le premier
ministre britannique, Gordon
Brown, qui est en pleine campagne
électorale, elle est jugée prématurée par certains experts, car le renfort de troupes décidé par le président américain, Barack Obama,
commence à peine à se mettre en
place. « De quoi discutera-t-on au
juste ?», s’interrogent des diplomates, d’autant que « personne n’a
d’argent supplémentaire à mettre
au pot ».
Une autre question se pose :
M. Karzaï aura-t-il formé son gouvernement avant cette date ? Cet
aspect est important pour les Occidentaux, qui veulent plus que
jamais obtenir de lui des engagements de « bonne gouvernance » et
de lutte contre la « corruption ». Le
3 janvier, le Parlement afghan a
récusé les deux tiers des ministres
que M. Karzaï proposait. Des diplomates se demandent si le dirigeant
afghan ne cherchera pas à tirer
argument de cette situation pour
faire baisser une partie de la pression qui s’exerce sur lui.
L’enjeu pour les partenaires de
l’Afghanistan est de relégitimer la
relation avec un président dont la
reconduction s’est faite dans des
conditions chaotiques : fraudes au
premier tour, annulation du
second tour. « C’est une reprise en
main un peu illusoire de Karzaï,
après la tragi-comédie de l’élection », commente une source européenne. Le soutien des opinions
publiques occidentales est dans la
balance.
Depuis 2001, les conférences
internationales sur l’Afghanistan
M.Sarkozy défend l’engagement français
« LES CONDITIONS du retrait ne
sont pas réunies », a indiqué le président de la République, Nicolas
Sarkozy, vendredi 8 janvier, à Vannes (Morbihan), en évoquant l’engagement militaire français en
Afghanistan, lors des traditionnels vœux aux armées. M. Sarkozy
avait choisi pour cette cérémonie
de retourner pour la deuxième
fois en quatre mois au 3e régiment
d’infanterie de marine, qui a perdu cinq soldats en Afghanistan.
Le chef de l’Etat n’a pas abordé
la question de ce conflit isolément : elle a été englobée dans un
passage du discours concernant
les opérations extérieures de la
France, et « la reconnaissance que
la nation porte à nos soldats
déployés » – 10 000 en ce
moment – « à travers le monde »,
« prêts à défendre nos valeurs, la
paix et la sécurité internationale ».
Cet engagement global « est à
la hauteur des responsabilités qui
incombent à un pays membre permanent du Conseil de sécurité de
l’ONU », a affirmé M. Sarkozy.
Dans ce cadre, « dès que les conditions le permettent, il est de mon
devoir de faire rentrer nos soldats
à la maison, comme ce sera bientôt le cas, je l’espère, pour nos troupes en Côte d’Ivoire et au Kosovo »,
a-t-il poursuivi. Mais « lorsque les
circonstances l’exigent, il est aussi
de mon devoir de les maintenir à
leur poste comme c’est le cas en
Afghanistan aujourd’hui ».
Selon M. Sarkozy, la France doit
« aider les Afghans jusqu’à ce qu’ils
soient en mesure d’assumer seuls
leur sécurité et leur développement dans le cadre d’un pays souverain, stable, en paix, acteur du
dialogue international ». p
Nathalie Guibert
AFGHANISTAN
O U Z B.
TURKMÉN.
IRAN
A
lors que les enjeux de la lutte contre Al-Qaida viennent
d’être remis en évidence par
la tentative d’attentat, le 25 décembre 2009, sur un avion de ligne
reliant Amsterdam à Detroit, puis
par la spectaculaire attaque-suicide du 30 décembrecontre une base
de la CIA à Khost, en Afghanistan,
la communauté internationale se
prépare à se réunir de nouveau au
chevet de l’Afghanistan.
L’opérationde la coalition internationale sous mandat de l’ONU
est désormais entrée dans sa neuvième année. Une conférence
internationale, prévue à Londres
le 28 janvier, vise à faire repartir
sur de meilleures bases la relation
compliquée entre le président
afghan, Hamid Karzaï, réélu en
novembre 2009 pour cinq ans, et
les gouvernements occidentaux
qui cherchent à stabiliser son pays
Chef de l’Etat
TA DJ I K .
Kunduz
Herat Kaboul
Khost
Kandahar
PA K I STA N
200 km
Hamid Karzaï
Superficie
652 000 km2
Population
28,4 millions
Croissance (2007)
15,6 %
Espérance de vie
44 ans
Indice de développement 0,352
181e sur 182
humain (2007)*
*indice compris entre 0 (mauvais) et 1 (très bon)
Monnaie
afghani (0,01365 €)
SOURCES : BILAN DU MONDE, LE MONDE, ÉD. 2010 ; PNUD
se succèdent à un rythme soutenu
– en moyenne une par an. Celle de
Londresà laparticularité d’intervenir au moment où l’arrivée progressive de 30 000 soldats américains supplémentaires devrait,
d’ici à l’été (en ajoutant les contributions nouvelles d’autres pays :
10 000 soldats, dont 7 000 de
l’OTAN), porter la force internationale au-delà des 130 000 hommes.
La France et l’Allemagne réservent leur réponse. Y aura-t-il des
annonces à l’occasion de la conférence de Londres ? Les Etats-Unis
demandent 1 500 soldats de plus à
Paris, qui a déployé à ce jour
3 750 hommes sur l’ensemble du
théâtre des opérations. Le président Nicolas Sarkozy serait, selon
nos sources, tenté de « couper la
poire en deux » en envoyant 600
ou 700 hommes de plus.
L’idée est de renforcer la présence de gendarmes français (aujourd’hui 150) chargés de former des
policiers afghans, d’envoyer
d’autres instructeurs et aussi de
dépêcher environ 200 soldats de
plus pour les opérations de combat. Ce renfort est souhaité par la
hiérarchie militaire française.
Paris semble vouloir en savoir
plus sur les intentions allemandes
avantdefixer sonchoix. EnAllemagne, les retombées politiques de la
« bavure » militaire de Kunduz en
septembre2009 (plus de 140 civils
tuésdans unbombardement) compliquent le dossier pour la chancelière, Angela Merkel.
Plus généralement, le débat qui
s’est focalisé ces derniers mois sur
le nombre de troupes fait craindre
une dérive vers le tout-militaire,
au détriment de la reconstruction
etavec les risques de nouvelles pertes civiles que cela pourrait comporter.
Selon l’ONU, sur les 2 021 civils
tués au cours des dix premiers
mois de l’année 2009, près de
1 400 ont péri dans des attaques
des talibans et 465 dans des actions
de la coalition. Non sans calculs
politiques, le président Karzaï
continue de concentrer ses critiques sur les pertes causées par
l’OTAN.
Le représentant spécial de
l’ONU en Afghanistan, le Norvégien Kai Eide, dont le successeur
devrait être annoncé le 28 janvier,
met en garde : « Le surge militaire
ne doit pas miner les objectifs civils,
qui sont tout aussi importants. Ni
l’élaboration d’une stratégie à
dominante politique », a-t-il dit
devant le Conseil de sécurité.
«Autrement, nous allons échouer. »
L’année 2009 a été la plus meurtrière pour la coalition. La qualité
des renseignements dont l’OTAN
dispose sur le terrain vient d’être
fustigée parun de ses responsables
à Kaboul, le général Michael Flynn.
Le débat sur le renfort
des troupes fait
craindre une dérive
vers le tout-militaire
Le ministre français des affaires
étrangères, Bernard Kouchner,
assure pour sa part que le « grand
atout » des troupes françaises est
de « savoir parler aux paysans »
afghans, qui « nous font confiance ». Paris considère que la tenue
d’une autre conférence internationale, au printemps, à Kaboul cette
fois, permettrait de mieux souligner la volonté de transfert de responsabilités aux Afghans. p
Natalie Nougayrède
6 International
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
A Detroit, le procès de l’auteur de l’attentat L’Argentine plonge
dans une crise
raté du 25décembre commence
Le jeune Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab plaide non coupable de six chefs d’accusation
institutionnelle
Reportage
La justice suspend un décret de la présidence
limogeant le chef de la Banque centrale
Detroit (Michigan)
Envoyé spécial
L
a justice fut ponctuelle. A
13 heures précises, vendredi
8janvier, le juge fédéral Mark
Randonest entrédans lapetite salle
archicombledu tribunal de Detroit.
Les murmures se sont tus et les
regards se sont tournés vers la frêle
silhouettedel’accusé quise présenteà la barre. Ilporte deschaînes aux
chevilles. Tee-shirt blanc, pantalon
large et kaki, le jeune Nigérian
Omar Farouk Abdulmutallab, accusé d’avoir voulu faire exploser en
vol, le jour de Noël, un avion de
ligne américain entre Amsterdam
et la métropole du Michigan, avance encore, hésite, se place à gauche
de son avocate, Miriam Siefer,
debout à ses côtés.
Le juge demande ses nom, prénometâge.OmarFaroukAbdulmutallab répond en anglais d’une voix
polie,mais à peine audible. « Abdulmutallab, Farouk, 23 ans. » Il tire sur
son tee-shirt, se déhanche. Il affirme avoir bien suivi des études
secondaires. Comprend-il les charges qui lui sont reprochées ? «Oui. »
A la question de savoir s’il a pris ces
dernières vingt-quatre heures des
pilules ou des médicaments, le
jeune homme reprend : « Ces dernières vingt-quatre heures ? Oui, des
antidouleurs.»
Ce seront ses dernières paroles.
OmarFaroukAbdulmutallablaissera à son avocate commise d’office
annoncer qu’il plaide, à ce stade de
la procédure, non coupable des six
chefs d’accusation pesant contre
lui dont « tentative de meurtre » et
«tentative d’utilisation d’armes de
destruction massive ». Miriam Siefer ajoute devant le juge qu’elle ne
demande pas la libération de son
client. « Nous acceptons la détention», conclut-elle.
L’audienceestlevée.Lejugequitte la salle en empruntant la petite
porte par laquelle il était entré il y a
àpeine plus detroisminutes. Omar
Farouk Abdulmutallab s’avance,
lui, vers le côté opposé de la cour.
Avant d’être reconduit sous bonne
escorte policière à la prison Milan,
L
Des manifestants musulmans dénoncent le terrorisme, vendredi, devant le tribunal. R. COOK/REUTERS
située à une petite heure de route
du tribunal, il tourne pour la première fois la tête en direction du
public, comme pour chercher un
membre de sa famille, un proche.
Des rumeurs avaient annoncé la
venue de son père, qui avait alerté
l’ambassadeaméricaine auNigeria,
ennovembre2009, de la radicalisation de son fils. Mais il n’est pas là.
«Le jour de l’incident,
il était sans voix
et sans expression.
Aujourd’hui, il a parlé»
Hebba Aref
passagère du vol
du 25 décembre 2009
Seule une avocate nigériane qui le
représente a fait le déplacement.
Elle n’esquisse aucun geste et garde
le silence.
Assise au premier rang, accompagnéedeplusieursmembresdesa
famille, Hebba Aref n’a pas quitté
du regard le jeune accusé. Originaire du Michigan, cette avocate de
27ans travaillant au Koweït se trouvait, ce 25 décembre, dans le même
vol qu’Omar Farouk Abdulmutallab, six rangées derrière lui. Devant
lesjournalistes,lajeunefemmevoilée dit avoir voulu « revoir une fois
quiétaitcettepersonne».Etdepoursuivre:« J’airessenticommeunpincement dans mon ventre. Le jour de
l’incident, il était sans voix et sans
expression. Aujourd’hui, il a parlé.»
Lajeunefemmeajouteencorequ’elle souhaite l’application de la peine
maximale. «Il dévoie notre religion,
lâche sa mère, NeveenAref,présenteàsescôtés.Ilnel’apasluecorrectement. Notre religion n’est que beauté et paix. »
Des propos répétés devant l’enceinte du tribunal par une trentaine de manifestants venus braver le
froid glacial. Des musulmans pour
la plupart arborant des drapeaux
américains comme Jay Gonbey, 36
ans,propriétaired’unepetitelibrairie et qui dit être venu pour
envoyer un message à ceux qui
tirent les ficelles des attentats. Sur
une de ses pancartes, on peut lire :
«L’islam est contre le terrorisme. »
Viviane Majed porte, elle aussi,
le voile, comme une poignée
d’autres jeunes femmes regroupées au milieu de la rue. Originaire
du Liban, elle dit avoir suivi son
père, venu voilà plus de trente ans,
ici, aux Etats-Unis, pour y travailler
dans l’industrie automobile. Le
tract qu’elle distribue se veut porteur d’un message adressé aux terroristes. Il prévient que « si vous
voulez tuer des Américains, nous
sommes des Américains, venez
nous tuer en premier ».
Un petit groupe de personnes,
membres de la communauté nigériane locale, estimée à quelque
10 000 individus, se fait plus discret. Ougnika Yanke, 50 ans, luimême de confession musulmane
etinstallédepuisquinzeansdansla
région, affirme soutenir la guerre
de Barack Obama contre le terrorisme. Surtout, il dit ne pas comprendre les motivations d’Omar Farouk
Abdulmutallab: «Il est entré dans le
mauvais gang, dans un pays lointain. Pourquoi?»
D’après les experts, le procès
pourrait être rapidement bouclé,
« deux semaines, peut-être même
moins », selon Peter Henning, professeur de droit à l’université Wayne de Detroit. Le jeune homme
encourtlaréclusion àperpétuité. p
Nicolas Bourcier
e sort du président de la Banque centrale d’Argentine a
soudainement plongé le
pays dans une crise institutionnelle. Jeudi 7 janvier, la présidente
(péroniste) Cristina Kirchner a en
effet limogé par décret le chef de
cette institution, Martin Redrado,
dont le mandat expire en septembre. Vendredi, une juge fédérale
suspendait provisoirement l’application du décret. Martin Redrado a
donc repris le chemin de la Banque
centrale, alors que toute la classe
politique s’emparait du sujet.
Les dissensions entre la présidence et la Banque centrale portent sur le paiement de la dette
publique. Le 14 décembre 2009,
Cristina Kirchner avait en effet
décidé de créer, par décret, un
fonds spécial – le Fonds du bicentenaire de la révolution de mai 1810
– qui devait être doté de 6,5 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros). Puisée dans les réserves en
devises de la Banque centrale, cette somme était destinée à payer
une partie des échéances de 2010
(13 milliards de dollars) de la dette
publique extérieure.
M. Redrado a refusé d’opérer ce
transfert, craignant les recours des
créanciers privés. En retour, il a été
accusé par le pouvoir de « manquement aux devoirs d’un fonctionnaire ». Lui, assure être le garant de
« la confiance de tous les Argentins
dans leur monnaie, la prévisibilité
des changes et la stabilité financière ». Vendredi, la même juge a aussi suspendu le décret créant le
Fonds de la révolution. Deuxième
revers pour Mme Kirchner.
Cette crise a précipité la fin de la
trêve estivale. Les ténors de l’opposition sont rentrés à Buenos Aires.
La députée centriste Elisa Carrio
estime que « la présidente est passible d’une procédure de destitution ». Selon ses détracteurs, le
décret présidentiel viole l’autonomie de la Banque centrale. Il ignore
l’avis du Congrès, nécessaire pour
démettre le président de l’institu-
tion bancaire, alors que le gouvernement ne dispose plus de majorité parlementaire depuis les élections législatives de juin 2009.
L’ancien sénateur Jorge Capitanich, gouverneur de la province du
Chaco et partisan de Mme Kirchner,
considère quant à lui que l’avis du
Congrès est seulement consultatif.
«Un changement àla tête de la Banque centrale est du ressort du pouvoir exécutif », plaide-t-il.
« Peut-on retirer des réserves de
la Banque centrale par un simple
décret ? C’est une folie ! », s’exclame
le cinéaste Fernando Solanas,
député (de gauche) à Buenos Aires.
« C’est un affront à tous les Argentins que de prétendre honorer la
révolution de mai en payant des
dettes frauduleuses et en aggravant le modèle pervers d’endettement hérité de la dictature militaire et des présidences de Carlos
Menem et Fernando de la Rua »,
ajoute le cinéaste.
« Autoritarisme »
«Le problème est compliqué, car
le gouvernement manque de ressources pour financer le budget »,
souligne Oscar Aguad, député du
Parti radical (centre gauche). « Le
messagequ’on envoie àtoute la planète est que l’Argentine est un pays
sanslois », déplore ledéputé Federico Pinedo (droite). Le quotidien
conservateurLa Nacionmet encause«l’autoritarisme »dela présidente. La Nacion accuse le gouvernement de s’approprier des ressources qui ne lui appartiennent pas,
comme il le fit avec les fonds de
pension privés, en octobre 2008.
Cette crise institutionnelle
pourrait avoir un impact économique. « M. Redrado avait gagné la
confiance des marchés pour avoir
bravé la crise financière internationale en limitant les coûts en termes
de mouvements bancaires, note le
consultant Aldo Abram. Le démettre ne peut avoir que des résultats
négatifs. » p
Paulo A. Paranagua
La voiture de M.Karoubi, figure de l’opposition en Iran, aurait essuyé des coups de feu
L’aile dure des fondamentalistes semble jouer la politique du pire devant les hésitations du pouvoir à accroître encore la répression
L
a violence a franchi un pas en
Iran. Selon les informations
publiées vendredi 8 janvier
par le site Internet réformateur
Kaleme, la voiture blindée qui
transportait Mehdi Karoubi, une
des figures de proue de la vague de
contestation qui secoue l’Iran
depuis la réélection contestée du
président Ahmadinejad en
juin 2009, a essuyé plusieurs
coups de feu. Le pare-brise et une
vitre arrière ont été atteints, selon
son fils Hossein, mais M. Karoubi,
ex-candidatmalheureux à la présidentielle et le premier à avoir
dénoncé les tortures en prison, n’a
pas été touché. Il s’était rendu à
Ghazvin (ouest de Téhéran), dans
le cadre du deuil chiite du Moharam et venait de rencontrer le dirigeant religieux Nassir Ghavami.
A sa sortie, des hommes en civil
l’ont insulté, selon des témoins, lui
lançantdes œufset des pierres.Puis
les tirs ont éclaté. La police a tenté
de protéger M. Karoubi. Parmi la
foule se trouvaient les plus hautes
autorités des services de sécurité de
la province, dont le colonel Mirbaha, sous-préfet de Ghazvin, le
généralGhorbani,conseillerdupréfet ou le chef des services de renseignement des Gardiens de la révolutiondelaprovince,l’officier Khandjani. Autant de personnalités dont
lespartisansdeM.Karoubiontcritiqué au minimum la « passivité ».
Par la suite, le chef de la police, MassoudJafariNassab,aconfirmél’attaque mais démenti les coups de feu,
alléguant que M.Karoubi «veut faire de la propagande à l’étranger ».
Presque au même moment à
Yazd, d’autres inconnus attaquaient la maison de l’imam de la
prière du vendredi de la ville, l’ayatollah Sadoughi, un religieux proche de l’ex-président réformateur
Mohammad Khatami, qui soutient la contestation.
La télévision iranienne qui n’a
pas mentionné les événements de
Ghazvin, a diffusé un débat sur la
situation dans le pays. Au cours de
ce débat, un député pourtant réputé parmi les plus fondamentalistes, Ali Mottahari, lui-même fils de
l’un des fondateurs de la République islamique, l’ayatollah Morteza Mottahari, assassiné au début
de la révolution, s’est élevé avec
virulence contre ceux qui veulent
accentuer encore la répression,
estimant que la crise est grave et
qu’une fuite en avant ne serait que
dangereuse. Un pointde vue partagé par Ali Larijani, le président du
Parlement qui a défendu plusieurs personnalités du régime
attaquées pour avoir dit qu’ouvrir
un dialogue est encore possible.
Peines de mort
«Cesinterventions,quelquesheures après l’attaque contre M. Karoubi montre à quel point les autorités
restent encore divisées sur la façon
de répondre à la contestation, estime un analyste iranien. Il y a nettement un noyau fondamentaliste,
proche de M. Ahmadinejad, avec
des représentants parmi les religieux et les Gardiens de la révolution qui cherchent à tout prix l’incident pour pouvoir s’autoriser un
bain de sang, quitte à mettre le Guide suprêmeAli Khamenei, devant le
fait accompli. Et c’est dangereux.»
C’est sans doute dans ce sens
Des hommes en civil s’en prennent à la voiture de Mehdi
Karoubi, dans la nuit de jeudi à vendredi, à Ghazvin. DR
qu’il faut comprendre la démarche de certains religieux de l’aile la
plus dure durégime qui ont encouragé les autorités judiciaires à qualifier des manifestants de « Mohareb » (« ennemis en lutte contre
Dieu »), ce qui, en Iran, est passible
de la peine de mort. Cinq manifestants seront jugés dans ce cadre, a
annoncé, vendredi, le procureur
général de Téhéran, Abbas Jafari
Dolatabadi. Des condamnations à
mort seraient prononcées « pour
l’exemple » ? « Ce serait en violation de la Constitution, s’insurge
Karim Lahidji, juriste et président
de la Ligue des droits de l’homme
iranienne : en effet l’article 183 dit
qu’est “mohareb celui qui utilise
des armes et par ce biais met la
liberté et la sécurité de la population en danger” ou alors l’article 186, qui reconnaît comme
mohareb “des groupes organisés et
armés agissant contre le régime”.
Dans tous les cas, les manifestants
étaient pacifiques, pas organisés,
pas armés. Ceux qui correspondent
à la définition sont plutôt les miliciens qui ont mené la répression. »
p
Marie-Claude Decamps
International 7
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Nouvelle offensive de l’armée contre
les rebelles hutu dans l’est du Congo
Kinshasa demande le départ des casques bleus, qui appuient pourtant l’opération militaire
Kinshasa
Envoyé spécial
Forces de l’ONU
(Monuc)
U
en décembre 2009
ne nouvelle opération militaire d’envergure a été lancée, début janvier, dans
l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette offensive bénéficie de l’appui de la majeure partie des quelque 20 000 casques bleus de la Mission d’observation des Nations unies au Congo
(Monuc), à un moment où Kinshasa commence à remettre en cause
la présence sur son sol du plus
important déploiement de casques bleus dans le monde.
Baptisée « Amani Leo », l’opération militaire prévue pour durer
plusieurs mois doit permettre aux
forces armées congolaises (FARDC),entre autres objectifs,de « libérer» des zones contrôlées par ceux
quel’onappelleàKinshasa, les«forces négatives » : les miliciens hutus
rwandais présents en RDC et qui
ont participé au génocide de 1994.
Mieux équipée que l’armée
congolaise,la Monuc fourniraà celle-ci les renseignements militaires, l’appui logistique et sanitaire,
le carburant, l’alimentation. Et, à
l’occasion, elle apportera « un
appui feu ».
« Forces négatives »
Sans cette aide, personne n’imagine que l’armée dite régulière,
peu motivée et faite d’éléments
disparates, puisse s’imposer face
aux anciens « génocidaires »,
même si les effectifs de ces derniers, disséminés en petits grou-
Quartiers
généraux
SOUDAN
Gbadolite
Dungu
Bunia
Gemena
Mbandaka
Kindu
CONGO
OUGANDA
Beni
Kisangani
Goma
Bukavu
RWANDA
Uvira
BURUNDI
Kinshasa
Kalemie
TANZANIE
Mbuji-Mayi
Moba
R É P. D É M .
DU CONGO
Kamina
ANGOLA
500 km
pes dans la forêt, ne dépassent pas
6 000 combattants, selon la
Monuc.
Avec l’opération « Amani Leo »,
le rôle de la Monuc va différer de
ce qu’il était lors des deux précédentes opérations aux objectifs
similaires, en 2009, a prévenu à la
mi-janvier son chef, le lieutenant
général Babacar Gaye. Cette fois,
l’appui des casques bleus ne sera
pas automatique. Il n’interviendra que pour des « opérations planifiées conjointement » et qui
devront être menées « dans le respect des droits de l’homme », insiste la Monuc.
Le bilan humanitaire catastrophique des offensives antérieures
explique les restrictions décidées
par la Monuc et approuvées par le
Manono
Lubumbashi
ZAMBIE
Conseil de sécurité de l’ONU. Car si
l’armée congolaise a réduit le fief
des milices hutu, son comportement sur le terrain vis-à-vis des
civils lui a valu d’être dénoncée
par les associations non gouvernementales (ONG). Human Rights
Watch (HRW), a ainsi « documenté
les meurtres délibérés d’au moins
732 civils (…) par des soldats de l’armée congolaise et leur partenaire
au sein de la coalition ».
La Monuc juge ces chiffres surévalués. « C’est clair, il y a eu des
abus », reconnaît son porte-parole
militaire, le lieutenant-colonel
Jean-Paul Dietrich, avant de rappeler que « les casques bleus ont cessé
de fournir leur soutien à une brigade [la 213e] coupable d’exactions ».
« Ce cas mis à part, la Monuc fait
confiance à la justice militaire
congolaise pour punir les auteurs
de violences contre des civils, identifiés par la mission de l’ONU », ajoute le militaire. « Il y aurait eu une
trentaine de jugements prononcés », croit savoir un porte-parole
de la Monuc, Kevin Kennedy. Les
auteurs de violences ont-ils été
condamnés ? La Monuc l’ignore.
Souveraineté
Paradoxalement, la Monuc a
beau apporter un soutien essentiel à l’armée dans sa lutte contre
les « génocidaires », sa présence au
Congo fait débat à Kinshasa. Fin
novembre 2009, le président Joseph Kabila a souhaité qu’un « plan
de désengagement de la Monuc »
soit présenté au gouvernement
« avant le 30 juin ». Pour justifier
sa demande, le chef de l’Etat a mis
en avant « l’amélioration nette de
la situation sécuritaire dans l’est
du pays ».
En juin, l’ancien Congo belge
célébrera – en grande pompe – le
50e anniversaire de son indépendance. Il est possible que le président Kabila souhaite à cette occasion montrer un pays vide de toute présence militaire étrangère.
Même celle de casques bleus. Mais
il n’est pas exclu que le chef de
l’Etat veuille se débarrasser de la
Monuc pour se maintenir au pouvoir le plus discrètement possible,
au prix d’un tour de passe-passe
constitutionnel qui lui permettrait de briguer autant de mandats
présidentiels qu’il le souhaite. p
Jean-Pierre Tuquoi
Angola
Le bus de l’équipe de football du Togo
mitraillé dans l’enclave de Cabinda
LUANDA. Des indépendantistes de
l’enclave angolaise de Cabinda ont
ouvert le feu, vendredi 8 janvier,
sur le convoi de l’équipe de football
du Togo qui arrivait dans le pays
Brazzaville R D C
pour la Coupe d’Afrique des
nations (CAN-2010). L’attaque a fait
Kinshasa
Cabinda
un mort et neuf blessés.
(Angola)
La Confédération africaine de football (CAF) a immédiatement annoncé le maintien de la compétition,
Océan
Luanda
qui devait débuter dimanche à
Atlantique
Luanda. La fusillade a été revendiANGOLA
quée par l’aile militaire du Front de
250 km
libération de l’Etat de Cabinda
(FLEC), qui milite depuis l’indépendance de l’Angola, en 1975, pour
l’autodétermination de cette bande de terre côtière située à une cinquantaine de kilomètres au nord du territoire angolais. – (AFP.) p
GABON
CONGO
Egypte La tension entre coptes et musulmans reste vive
NAGAA HAMMADI. De nouveaux actes de violence ont éclaté, vendredi
8 janvier à Nagaa Hammadi, en dépit de l’arrestation des responsables
présumés de la fusillade de mercredi contre la communauté chrétienne
de cette localité de Haute-Egypte. Selon un responsable de la sécurité,
des coptes ont lancé des pierres sur des magasins tenus par des musulmans à Nagaa Hammadi, où six coptes et un policier musulman ont été
tués mercredi, lors des fêtes du Noël copte, dans les violences confessionnelles les plus sanglantes depuis des années en Egypte. – (AFP.)
Irak Des partis sunnites menacés d’inéligibilité
BAGDAD. Quinze partis politiques devraient être décrétés inéligibles au
scrutin législatif prévu le 7mars en Irak, en raison de leurs liens supposés
avec l’ancien régime de Saddam Hussein, estime la Commission «justice
et responsabilité », instance indépendante chargée de s’assurer que l’ancien parti Baas de Saddam Hussein ne revienne pas au pouvoir. Cette
recommandation doit encore être ratifiée par la commission électorale,
et peut être contestée devant les tribunaux. Mais la légitimité de ses
conclusions, qui pourraient raviver les tensions intercommunautaires, a
déjà été contestée par les partis visés, dont le Front du dialogue national
de Saleh Al-Moutlak. – (AFP.)
Venezuela Le président Hugo Chavez annonce
une dévaluation du bolivar
CARACAS. Le président Hugo Chavez a annoncé, vendredi 8 janvier, une
dévaluation du bolivar. La monnaie nationale aura désormais deux taux,
selon son usage. Elle s’échangera à 2,60 pour un dollar pour les transactions jugées prioritaires par le gouvernement, et 4,30 pour les autres opérations. Le bolivar était jusqu’ici fixé au taux de 2,15 pour un dollar. Cette
dévaluation est la conséquence de la baisse des revenus du pétrole. – (AP.)
8 Europe
Suède Un ancien dirigeant
néonazi reconnaît
sa responsabilité
dans l’affaire du vol
d’Auschwitz
STOCKHOLM. Un ex-dirigeant
néonazi suédois de 34 ans soupçonné d’avoir participé au vol de
l’inscription allemande Arbeit
macht frei (« Le Travail rend
libre») de l’ancien camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau
a admis, vendredi 8 janvier, être
impliqué, dans son premier commentaire à la presse. Anders Hijgstrijm, qui a fondé et dirigé, de 1994
à 1999, le Front national-socialiste,
le principal parti néonazi suédois,
a reconnu qu’il devait agir comme
intermédiaire pour chercher et
revendre l’inscription. – (AFP.)
Royaume-Uni Incident
à bord d’un avion
à l’aéroport d’Heathrow
LONDRES. Des policiers en armes
sont intervenus à bord d’un avion
des Emirats arabes unis qui s’apprêtait à partir pour Dubaï au
départ de Heathrow et ont interpellé trois personnes soupçonnées d’une menace d’attentat à
la bombe, a annoncé la police londonienne,vendredi 8 janvier.
« Une menace verbale », avait été
lancée au personnel de l’avion,
selon la police. – (AFP.)
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
La direction de l’UE se veut volontariste face à la crise
L’échec de l’agenda de Lisbonne, qui devait faire de l’Union une puissance compétitive, impose un changement de stratégie
Madrid
Envoyé spécial
A
chacun son rôle pour redéfinir le modèle de croissance
de l’Union européenne (UE).
Le trio placé à la tête de l’UE a tenté,
vendredi 8 janvier à Madrid, d’accorder ses violons afin de refondre
d’iciaumoisdejuinla stratégieéconomique des Vingt-Sept.
Herman Van Rompuy, le tout
nouveau président permanent du
Conseil européen, José Luis Zapatero,lechefdugouvernementespagnol, dont le pays assure la présidence tournante ce semestre, et
José Manuel Barroso, le président
de la Commission européenne,
tâtonnent encore sur la mise en
œuvre du traité de Lisbonne. Mais
pour tourner la page de la récession, ils se sont promis de dépasser
les petites rivalités suscitées par les
nouvelles règles du jeu européen.
« L’Europe a besoin d’unité, et de
concertation », ont proclamé les
trois hommes, après un déjeuner
de travail offert par l’Espagnol.
En début de semaine, c’est
eudi 14
j
é
t
a
d
r
e
i
v
redi 13 jan
M.Van Rompuy qui avait pris l’initiative de convoquer un sommet
informel des chefs d’Etat et de gouvernement, pour le 11 février à
Bruxelles. D’après lui, l’Europe ne
peut se contenter d’une croissance
de l’ordre de 1 % dans les années à
venir. Il s’agit donc de préciser à
vingt-sept les réformes et les mesures susceptibles de relancer un
continent affaibli par la récession.
L’idée est de se projeter au-delà
de la sortie de crise, pour remettre
de l’ordre dans les finances publiques, et générer de nouveaux
emplois, alors que la progression
duchômage etlevieillissementfragilisent le modèle social européen.
L’exercice est cependant redoutable après l’échec de l’agenda dit
« de Lisbonne », un catalogue de
bonnes intentions lancé voici dix
ans pour faire de l’Europe l’économiede laconnaissance lapluscompétitive du monde en 2010. Les
Européens ne sont jamais parvenus, par exemple, à consacrer 3 %
de leur richesse à la recherche.
A peine l’invitation était-elle
lancée que M. Zapatero a proposé
de rendre « contraignants » les
objectifs que les Vingt-Sept pour-
Guy Verhofstadt veut un changement de méthode
Guy Verhofstadt, chef du groupe libéral et démocrate au Parlement européen, a écrit à José
Manuel Barroso, vendredi 8 janvier, pour l’inviter à réorienter le
projet de la stratégie de Lisbonne qui, selon lui, repose sur « une
illusion ». La volonté était de faire de l’Europe l’économie la plus
performante du monde dès
2010. Selon l’ex-premier minis-
tre belge, l’échec est patent. Il
faut, assure-t-il, renoncer à la
méthode de « coordination
ouverte » souvent basée sur le
plus petit commun dénominateur pour suivre la stratégie qui
a rendu possible la monnaie commune. La Commission doit être
dotée des moyens de contraindre les Etats à respecter leurs
engagements. – (Corresp.)
janvier
du merc
M. Van Rompuy, le premier peut
dire tout haut ce que le second pense tout bas », dit un fonctionnaire
européen.
Les débats s’annoncent néanmoins complexes. Car les avis
divergent vite en Europe quand il
s’agit de parler stratégie, voire de
gouvernement économique. L’Allemagne se méfie de toute atteinte
à l’indépendance de la Banque centrale européenne (BCE). Les Britanniques, surtout si les conservateurs prennent le pouvoir d’ici à
juin, voient d’un mauvais œil tout
renforcement des prérogatives de
la Commission. Depuis quelques
mois, le gouvernement français
Del’avis général,
l’échec de la méthode
précédente tient
au fait qu’il s’agissait
d’un simple outil
de coordination
pousse, de son côté, pour que les
réflexions en cours permettent de
lancer une véritable « politique
industrielle ». Vendredi, M. Van
Rompuy s’est bien gardé de prononcer l’expression qui hérisse
toujours les pays les plus libéraux.
La veille en Allemagne, il s’était
pourtant interrogé sur la meilleure façon de « maintenir un minimum d’activité industrielle » en
Europe. Les prochains mois diront
si le président du Conseil et ses
interlocuteurs ont trouvé les bonnes réponses. p
Philippe Ricard
La justice allemande rouvre
le dossier d’un demandeur
d’asile mort en garde à vue
E
L
A
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C
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P
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EDIT
Cinq ans après les faits, un policier accusé
de négligence est renvoyé devant la justice
Ce siècle
a 10 ans
O
R
É
M
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UN N
raient se fixer en matière d’innovation, d’éducation, de politique
énergétique ou d’économie numérique. La nouvelle stratégie doit
« inclure des mesures incitatives et
des mesures correctives », selon le
socialiste espagnol, en particulier
par le biais du budget européen.
De l’avis général, l’échec de la
précédente méthode tient au fait
qu’il s’agissait d’un simple outil de
coordination, sans aucune obligation de moyens, ni de résultats.
Pour M. Zapatero, le moment
serait venu de donner de « nouveaux pouvoirs » à la Commission
européenne pour qu’elle supervise le processus. A ses yeux, les
Vingt-Septdoivent même en profiter pour faire émerger « le gouvernement économique » que certaines capitales, comme Madrid et
Paris, appellent de longue date de
leurs vœux. Très soucieux d’exister face à M. Van Rompuy, l’Espagnol n’exclut pas de convoquer un
sommet des pays de la zone euro
au cours les six mois à venir.
M. Barroso, qui sera chargé de
synthétiser les débats du sommet
du 11 février, a salué « l’ambition »
du dirigeant espagnol. M. Van
Rompuy n’a pas voulu aller aussi
loin dès vendredi. « Le sens de l’urgence est beaucoup plus fort maintenant qu’il y a quelques années »,
a-t-il observé en faisant allusion à
l’impact de la crise. L’ancien premier ministre belge entend annoncer des propositions plus
détaillées le 11 février. Elles seront,
dit-il, préparées en concertation
avec le gouvernement espagnol, et
la Commission. « Le positionnement de M. Zapatero peut servir
L
E
N
N
O
I
EXCEPT
En partenariat avec
Berlin
Correspondante
C
ette affaire était devenue le
symbole d’une justice
impuissante face aux bavures policières. Jeudi 7 janvier, la
Courdejusticefédérale(BGH)acasséun verdictdu tribunal de Dessau,
dans la région du Saxe-Anhalt dans
l’est de l’Allemagne, qui avait
acquittéendécembre2008unpolicier après la mort en garde à vue
d’un demandeur d’asile.
Cette décision, intervenue cinq
ans jour pour jour après le drame, a
étéaccueillieavecsoulagement par
les organisations de défense des
droits de l’homme. Les faits « qui
sont décrits sont difficilement compréhensibles », ont conclu les juges
de Karlsruhe en renvoyant le fonctionnairedepoliceaccusédeblessuresayant entraînéla mortdevant la
cour de Magdebourg.
Le 7 janvier 2005, Ouri Jallow, un
jeune homme de 23 ans originaire
du Sierra Leone, suspecté d’avoir
importuné deux femmes, avait été
placé en détention provisoire dans
un commissariat de Dessau. Comme il était ivre et se montrait peu
coopératif, les policiers l’avaient
menotté pieds et mains à un lit.
Quelques heures plus tard, il était
retrouvé mort dans sa cellule, son
corps carbonisé.
Le demandeur d’asile était, semble-t-il, en possession d’un briquet
qui avait échappé au contrôle des
policiers et qu’il aurait utilisé pour
mettre le feu à son matelas. Lorsque l’alarme incendie s’est déclenchée, le fonctionnaire de police
incriminé l’a éteinte à deux reprises, croyant à une erreur. Quand,
quelques minutes plus tard, il s’est
enfin rendu dans la cellule d’Ouri
Jallow, il était trop tard. « L’accusé
aurait peut-être pu empêcher la
mort s’il avait pris les mesures de
sécurité adéquates dès le déclenchement de l’alarme», a estimé la cour
fédérale, qui s’étonne que le policier n’ait pas entendu les éventuels
cris de la victime.
Impuissance du droit
Ce n’est qu’après la mobilisation
d’une poignée de militants et une
forte pression médiatique, qu’un
procès avait fini par s’ouvrir à Dessau en 2007. Mais sans pouvoir faire la lumière sur les circonstances
du décès. Le tribunal avait clôturé
cette affaire par un non-lieu : pour
lesjuges,ilétaitimpossibledeprouver que le policier avait volontairement cherché à blesser le demandeur d’asile, ou qu’une réaction
plus rapide aurait pu le sauver. Surtout, les témoignages contradictoires ou incomplets du personnel de
police avaient torpillé le travail de
la justice. « Cela n’a rien à voir avec
un Etat de droit », avait constaté,
résigné, le juge Manfred Steinhoff.
Après l’annonce du verdict, l’organisation de défense des réfugiés
Pro Asyl avait accusé la police de
« racisme institutionnel ». « Il y
avait un mur de silence à Dessau.
Avec le renvoi devant la cour de
Magdebourg, l’affaire a une chance
d’être éclaircie », espère Regina
Goetz,avocatedelafamilledelavictime. « Dans le cas Ouri Jallow, ce
n’est pas l’impuissance du droit,
mais la puissance du droit qui doit
se montrer », a commenté le quotidien libéral Süddeutsche Zeitung.
Deson côté, la ville de Dessau,où
un Mozambicain, Alberto Adriano,
avait été assassiné en 2000 par des
néonazis, a déjà tenté de tirer les
leçons de ce drame. Un réseau de
lutte contre l’extrême droite et un
bureau d’aide pour les victimes de
racisme ont été créés. p
Cécile Calla
France 9
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
«Le principe de précaution oblige à exagérer la menace»
Le philosophe François Ewald met en perspective cette notion centrale dans la gestion des crises sanitaires en France
P
hilosophe du risque, François Ewald est professeur
titulaire de la chaire d’assurances du Conservatoire national
des arts et métiers (CNAM) et directeur de l’Ecole nationale d’assurances. Ancien assistant de Michel
Foucault au Collège de France, il a
fondé l’observatoire du principe
de précaution qu’il préside et
vient de coordonner un ouvrage
collectif « Aux risques d’innover »
(éditions Autrement). Il décrit l’origine de ce principe de gestion de
risques et les possibles dérives de
son utilisation.
double obligation d’avoir à offrir
tous les moyens pour la vaccination alors que les moyens seront
utilisés librement par chacun.
D’une certaine manière, le prix
des vaccins en trop, c’est le prix de
la liberté des gens ! Car s’ils voulaient se faire vacciner et que vous
n’aviez pas les doses correspondantes, ils vous le feraient payer
très cher.
«Les choix faitspar
Mme Bachelot dansle
casdu H1N1supposent
quelasociété veut se
protégeraumaximum,
queledécès d’uneseule
personne devrait
pouvoirêtre évité»
Le principe de précaution s’est
imposé comme principe cardinal de gestion de crise en France. Comment expliquer cette
évolution ?
Dans sa définition originelle,
c’est un principe de gestion environnementale et non un principe
de gestion de crise. Il apparaît en
Allemagne à la fin des années 1960
(« Vorsorgeprinzip »). Les Allemands vont le décliner selon trois
dimensions : éviter les dangers
immédiats, prévenir les risques de
moyen terme et avoir une gestion
optimale, à long terme, des ressources naturelles. Il va ensuite
prospérer sur le plan international
en devenant une figure imposée
de tous les traités internationaux
en matière d’environnement – le
premier acte important étant le
Sommet de la Terre de Rio en 1992.
Etait-ce une conception nouvelle de l’action des pouvoirs
publics ?
Pas du tout.L’idée que lesautorités en charge de la police administrative doivent faire preuve de précaution dans l’exercice de leur
charge date du XVIIe siècle. On en
retrouve trace dans le Traité de la
police, de Nicolas de La Mare
(1707), dans lequel la police de l’environnement est déjà inscrite (gestion de l’eau, de l’air, des
déchets…). Sans parler strictement
de principe de précaution, on
retrouve la même notion dans la
loi sur les communes de 1884 qui
définit les devoirs du maire. Avec
leprincipe de précaution, on réactive donc de vieilles notions dans un
contexte d’événements nouveaux. Mais nous ne sommes pas à
l’origine d’une interrogation qui,
de Aristote à Hegel en passant par
les jansénistes, est aussi vieille que
la morale et la décision en situation d’incertitude.
En France, quand apparaît le
principe de précaution ?
Jusqu’au Sommet de Rio, la
France reste étrangère au débat.
Les Français ne sont pas pionniers
en la matière, ils prennent le train
en marche : la première législation
qui inscrit le principe de précaution,la loi Barnier de 1995, ne suscite à l’époque quasiment aucun
Quelle leçon tirer pour une prochaine crise sanitaire ?
L’application, demain, du principe de précaution a toutes les
chances de passer par les mêmes
phases : excès dans l’évaluation de
la menace, puis déception.
Qu’est-ce que cela veut dire de
la société d’aujourd’hui ?
MELANIE FREY/FEDEPHOTO POUR « LE MONDE »
débat. Par contre, l’inscription de
ce principe dans la Constitution,
au niveau des valeurs fondatrices
de la République, avec la Charte de
l’environnement de 2005, a fait
prendre une longueur d’avance à
la France.
«Ce principe a été
réfléchi en fonction
des responsabilités
qu’il pourrait engager.
Il est devenu à la fois
unépouvantail
et un principe
de couverture»
Mais en France, le principe de
précaution s’est surtout fait
connaître à l’occasion des crises
sanitaires…
Tout à fait, et c’est une spécificité française. Dans notre pays, le
principe de précaution a d’abord
été entendu comme principe de
responsabilité de l’Etat, notamment à l’occasion de l’affaire du
sang contaminé. Ce principe a été
réfléchi en fonction des responsabilités qu’il pourrait engager. Il est
devenu à la fois un épouvantail et
un principe de couverture. En faire
trop semble vous protéger d’une
mise en cause éventuelle. J’ajoute
qu’il y a deux manières différentes
d’envisager le principe de précaution : soit on considère qu’il s’agit
d’un processus de délibération qui
ne préjuge pas de la décision finale
– en situation d’incertitudes, j’analyse tous les paramètres et j’opte
pour la solution la plus adaptée ;
soit j’interprète le principe de précaution en décidant qu’à partir du
moment où il y a une incertitude,
je suspends toute action, j’omets
d’agir : c’est la logique du moratoire. Sous le label « principe de précaution», ontrouve toutes les utilisations.
Comment expliquer cette diversité d’usages ?
Le principe de précaution est
toujours lié à la défense d’un système de valeurs précis. Si vous considérez que la santé n’est pas une
valeur qui doit être hautement
protégée, alors il n’y a pas de précaution particulière à prendre en
matière sanitaire. Les choix faits
par Roselyne Bachelot dans le cas
du risque H1N1 supposent que la
société veut se protéger au maximum, que le décès d’une seule personne devrait pouvoir être évité.
Si vous vous appelez Marc Gentilini ou Bernard Debré, que vous êtes
médecin, que vous voyez beaucoup de gens mourir et que vous
relativisez les situations, vous ne
donnez pas au principe de précaution la même interprétation. Une
association écologiste qui se bat
contre une société qui fabrique
des OGM va surpondérer la protection de l’environnement face aux
bénéfices potentiels d’un progrès
technique. Nous sommes donc, en
réalité, dans une bataille de
valeurs.
Jugez-vous excessive la gestion
de la crise de la grippe A par le
gouvernement ?
Mais le principe de précaution
est en soi-même excessif ! Il commande de donner le plus grand
poids au plus petit risque. Il oblige
à exagérer la menace. On ne peut
pas faire le reproche à Mme Bachelot d’avoir engagé une démarche
de précaution, notamment au
début de la crise : les informations
en provenance de l’Organisation
mondiale de la santé étaient très
alarmistes. Vient ensuite, logiquement, la phase de la déception. Le
temps passe. On découvre que les
choses ne sont pas comme on les
avaitimaginées. Ilfautalors s’adapter. C’est ce que tente de faire, sous
des critiques qui ne sont pas toujours honnêtes, Mme Bachelot.
Il faut bien voir que, dans une
conjoncture de précaution, les
politiques ne gèrent pas seulement le risque objectif, difficile à
établir scientifiquement en raison
du manque de connaissances,
mais aussi le risque subjectif, créé
par l’imaginaire collectif autour
de la menace. La dimension de la
communication, la gestion des
craintes absorbent la gestion du
risque « réel ». Les communicateurs prennent les choses en main
et les politiques sont liés.
Comment analysez-vous le fait
que la population n’ait pas adhéré à la campagne de vaccination ?
On assiste dans cette crise au
croisement de deux logiques : une
logiqueétatique classique,vaccinale et préventive, qui suppose que
tout le monde va obéir aux prescriptions d’hygiène publique. Et
une logique presque postmoderne
selon laquelle on ne peut pas gouverner les gens par obligation parce qu’ils décident de ce qu’ils font,
en fonction de l’information qu’ils
reçoivent et de leurs propres jeux
de valeurs. C’est une des dialectiques du principe de précaution : il
ne conforte pas la légitimité du
pouvoir de l’Etat, il disperse la décision au niveau des individus.
Cette gestion de crise révèle une
situation éminemment contemporaine. L’Etat est pris dans cette
Avec le principe de précaution,
on revient sur cette ascèse chère
aux philosophes du XVIIIe selon
laquelle un jugement juste devrait
être dépassionné. Nous revendiquons un nouvel usage des émotions, de la peur en particulier, qui
ne préserve pas de l’erreur. Le principe de précaution, loin de renforcer l’autorité de l’Etat, l’affaiblit et
finalement prive la décision publique de sa légitimité. Enfin, en raison de l’exagération des émotions
qui le constitue, il tend à placer la
société dans une situation de crise,
d’urgence permanente comme on
le constate par exemple avec la
question du climat.
Cela témoigne d’un changement de paradigme politique, à
une sorte d’hyperdémocratie des
individus qui est fort préoccupante. Car on ne voit plus ce qui,
dans un tel monde de dispersion
des valeurs et des passions, pourrait rassembler les individus
déboussolés. p
Propos recueillis
par Cécile Prieur
L’ATELIER DU CLUB
Canapés & Fauteuils club haut de gamme
L’élection des 73e et 74e eurodéputés français est annulée
U
n véritable fiasco ! L’élection des deux députés
français appelés à siéger à
titre d’observateurs au Parlement européen, qui devait avoir
lieu mercredi 13 janvier à l’Assemblée nationale (Le Monde des 5 et
28 décembre 2009), est repoussée
sine die. En tout cas, elle n’aura
pas lieu avant l’été. « On verra
d’ici à la fin de l’année », susurre
le « M. élections » du gouvernement, Alain Marleix.
Le tout, maintenant, est d’habiller la reculade. La faute aux
Espagnols – qui ont pris depuis le
1er janvier la présidence, pour six
mois, du Conseil européen –, comme le prétend l’exécutif ? Alors
que le dernier Conseil européen,
réuni les 11 et 12 décembre 2009 à
Bruxelles, avait décidé de lancer
sous la présidence espagnole la
procédure permettant de faire passer le nombre de membres du Parlement européen de 736 à 754, « les
Espagnols ne sont plus aussi pressés». « Ils estiment qu’il ne leur sera
pas possible de réunir une conférence intergouvernementale pour
adopter le nouveau protocole »,
explique M.Marleix. Zapatero a
bon dos.
Mais quid, alors, des mesures
transitoires qui avaient été envisagées: envoyer au Parlement européen des représentants «observateurs», dont l’« élection» aurait
été entérinée après-coup? « Le Parlement n’admettra pas la présence
d’observateurs en son sein avant
l’adoption du protocole », déclare
ingénument le secrétaire d’Etat à
l’intérieur. Et pour cause ! Les
députés européens n’ont pas du
tout – mais alors pas du tout –
apprécié la manière dont le gouvernement français avait envisagé de pourvoir les deux sièges supplémentaires revenant à la France
depuis l’entrée en vigueur, le
1er décembre 2009, du traité de Lis-
bonne. Celui-ci s’est tout bonnement pris les pieds dans le tapis.
D’abord, en n’anticipant pas une
situation que le Conseil européen
de décembre2008 avait pourtant
prévue. D’autres pays l’ont fait, en
appliquant une règle simple,
consistant à prendre en considération, pour l’octroi des sièges supplémentaires, le nombre de voix
obtenues aux élections européennes. Dans ce cas, la «régularisation» ne pose aucun problème.
« Simulacre de démocratie »
A la veille de l’entrée en
vigueur du traité de Lisbonne, le
premier ministre, François Fillon,
a demandé par courrier au président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, de désigner deux
députés, un de la majorité et un de
l’opposition, pour aller au Parlement européen. Quelque peu
gêné de la mission qu’on lui avait
confiée, M. Accoyer a décidé d’en
passer par un vote en séance, qui
devait avoir lieu le 13 janvier. Mais
cette solution n’offre pas plus de
garanties, quoi qu’en dise Nicolas
Sarkozy, qui assurait, le 12 décembre 2009, à l’issue du Conseil européen, qu’elle avait eu l’aval de ses
partenaires. « C’est ridicule, la polémique n’a pas de sens », balayait le
chef de l’Etat, affirmant que la
question était « réglée».
De fait, l’opposition, toutes
composantes confondues, a indiqué qu’elle refusait de participer à
ce « simulacre de démocratie». Les
juristes consultés ont fait savoir
que, sur le plan juridique, la solution envisagée – « étrange et anachronique» – s’exposait à une
contestation qui avait toutes les
chances d’être jugée recevable. Et
le gouvernement a enclenché la
marche arrière, quitte à se passer
de deux eurodéputés supplémentaires. Champion ! p
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10 France
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Enseignement supérieur
30% de boursiers dans les grandes
écoles: «Une avancée» pour le PS
Les secrétaires nationaux du Parti socialiste (PS), Bruno Julliard, chargé
de l’éducation, et Razzy Hammadi, chargé des services publics, ont estimé, vendredi 8 janvier, que l’ouverture des grandes écoles à 30 % d’élèves boursiers, dont le gouvernement s’est fait un objectif à l’horizon
2012, constituait « une avancée ». M. Hammadi a également critiqué l’attitude « scandaleuse et pitoyable » de la Conférence des grandes écoles,
opposée à de tels « quotas ». « Seule une politique ambitieuse de rapprochement des grandes écoles et des universités permettra de lutter contre
cet élitisme conservateur », a-t-il ajouté. – (AFP.) p
Commerce extérieur
5,3milliards
d’euros
Le déficit en novembre
La reprise des importations, déjà manifeste en octobre, s’est encore accélérée en novembre. Pendant ce temps, les exportations augmentaient,
certes, mais plus modérément. Le « repli soudain des ventes aéronautiques obérant les bons résultats obtenus par ailleurs » – comme l’analysent les Douanes –, le déficit du commerce extérieur s’est à nouveau
creusé à – 5,3 milliards d’euros. p
Fiscalité Bercy publie des simulations
sur la contribution économique territoriale
Le ministère de l’économie a publié, vendredi 8 janvier, sur Internet,
des simulations sur les conséquences de la suppression de la taxe professionnelle (TP) et de son remplacement par la contribution économique territoriale (CET) pour les collectivités locales. Elles sont disponibles
sur le site www.economie.gouv.fr/tp-cet. – (AFP.)
Social
Perturbations à prévoir, les 13 et
14janvier, dans le transport aérien
Des préavis de grève nationaux déposés par cinq syndicats de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) pourraient perturber, mercredi 13 et jeudi 14 janvier, le transport aérien, et contraindre des compagnies à annuler certains vols, a annoncé, vendredi 8 janvier, la DGAC.
La CFE-CGC, la CGT, FO, l’UNSA et la CFDT contestent les 400 suppressions d’emplois programmées d’ici à 2011, du fait du non-remplacement d’un agent sur deux partant à la retraite. Ils s’inquiètent par
ailleurs des projets de changement statutaire de la DGAC qui, selon eux,
font peser « de lourdes menaces » sur ses 12 000 agents. – (AFP.)p
Grand froid
La ville de Paris ouvre un 5e gymnase
pour les sans-abri
La ville de Paris devait ouvrir, vendredi 8 janvier au soir, un cinquième
gymnase, dans le 15e arrondissement de Paris, pour protéger
les sans-abri du froid.
Outre ses gymnases, trois salles sont déjà ouvertes en mairie. Au total,
323 places de mise à l’abri sont proposées par la mairie de Paris. La ville a
par ailleurs annoncé la mise en place d’un suivi très soutenu de la centaine de sans-abri des bois de Vincennes et Boulogne. – (AFP.) p
Pour la cour d’appel de Versailles, le chef
de l’Etat est une victime comme les autres
A vingt jours du jugement dans l’affaire Clearstream, cet arrêt confirme la recevabilité
de Nicolas Sarkozy à se constituer partie civile pendant la durée de son quinquennat
aaa Suite de la première page
Deux questions se posaient à eux :
à la première – Nicolas Sarkozy estil victime de l’escroquerie à la carte
bancaire reprochée à Ama M’Bodji
et à ses coprévenus – le tribunal de
Nanterre et la cour d’appel de Versailles ont répondu « oui ». Les faits
sont établis et reconnus. Sur la
seconde–leprésidentde laRépublique est-il une victime comme les
autres?–,leursappréciationsdivergent. Non, ont estimé les juges de
Nanterre.Oui, ont répondu ceux de
Versailles, en accordant à M.Sarkozy l’euro symbolique de dommages et intérêts qu’il sollicitait et
2 500 euros pour frais de justice.
Le7juillet2009,lejugementrendu par le tribunal de Nanterre avait
provoqué un certain trouble chez
les juristes et chez l’avocat de NicolasSarkozy, Me Thierry Herzog,tout
occupé à préparer la défense de son
client dans le dossier de dénonciation calomnieuse qui allait l’opposer notamment à l’ancien premier
ministre, Dominique de Villepin.
En réponse aux conclusions
déposées par l’un des avocats des
prévenus, Me Pierre Degoul, qui
avait soulevé l’irrecevabilité de la
constitution de partie civile du chef
de l’Etat, le tribunal, présidé par Isabelle Prévost-Desprez, avait ouvert
une brèche en constatant que « le
lien entre le président de la Républiqueetlesmagistratspeutlaissercroireauxjusticiablesqu’ilsne bénéficieraient pas d’un tribunal indépendant et impartial, conformément à
l’article6delaConventioneuropéenne des droits de l’homme ».
Mais les juges de Nanterre
étaient restés à mi-chemin, en
admettant la constitution de partie
civile du chef de l’Etat, tout en décidant de surseoir à statuer, jusqu’à
l’expiration de son mandat, sur les
demandesderéparationdesonpréjudice moral. Le parquet, comme
Me Herzog, avait aussitôt fait appel.
Ce débat sur l’irrecevabilité de
M. Sarkozy à se constituer partie
civilependantla duréede son quinquennat avait ouvert le procès
Clearstream. A l’appui de leurs
conclusions,selon lesquelles leprésident de la République n’est pas
un justiciable ordinaire, en raison
de « l’importance considérable de
ses responsabilités dans le fonctionnementmêmedel’autorité judiciaire », les avocats de M. de Villepin
avaient bien évidemment brandi
devant les juges du tribunal correctionnel de Paris le jugement rendu
par leurs collègues de Nanterre.
La polémique a donc rebondi
devant la cour d’appel de Versailles,présidéepar Jean-PierreGetti et appelée à juger à son tour Ama
M’Bodji et ses coprévenus. Leurs
avocats ont notamment fait valoir
que, dans ce dossier d’escroquerie,
l’ordonnance du juge d’instruction
est le « copié-collé » du réquisitoire
du parquet, signé de Philippe Courroye, procureur de la République
de Nanterre, dont les liens d’amitié
avec le président de la République
sont connus. Un élément supplé-
mentaire, selon eux, dans l’atteinte
au principe de l’égalité des armes.
Autant dire que la réponse
apportée par les juges de Versailles
L’arrêt souligne
que les prévenus
«ne peuvent
contester le pouvoir
d’agir du président de
la République comme
citoyen ordinaire»
était attendue sur plusieurs points.
D’abord sur le rôle joué par le parquet de Nanterre. Si les juges relèvent que la qualité de la victime a
conduit le procureur de la Républiqueà déployer « un zèle manifeste »
dans l’enquête, ils estiment que
celan’apaspourautantportépréjudice aux droits des personnes
mises en cause. Ils écartent égalementl’argumenttirédelaproximi-
té du procureur de la République
avec M. Sarkozy, en observant que
« rien n’établit que le ministère
public ou l’autorité de nomination
des magistrats ont pu porter atteinte, d’une quelconque façon, à l’indépendance ou à l’impartialité des
juges ». En conséquence, souligne
l’arrêt, les prévenus « ne peuvent
contester le pouvoir d’agir du président de la République comme
citoyen ordinaire ».
Lesjuges deVersaillesontcependant pris soin d’ajouter, en conclusion de leur arrêt : «A supposer que
l’organisation judiciaire française
et la Convention européenne soient
incompatibles, seule la réforme de
la Constitution serait en mesure de
résoudre cette contradiction. » Prudence ou parapluie ? On attend
désormais l’appréciation du tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire Clearstream.
En attendant, Ama M’Bodji a été
condamné à deux ans de prison,
dont neuf mois avec sursis. p
Pascale Robert-Diard
«Le droit à un tribunal indépendant
et impartial ne vise que les juges»
Verbatim Extraits de l’arrêt de la cour d’appel de Versailles du 8 janvier
La cour rappelle
que la jurisprudence européenne
«a retenu comme principe fondamental l’adage selon lequel il ne suffit pas que la justice soit rendue, il
faut encore que l’on ait le sentiment qu’elle l’a été». « Cette théorie
des apparences est essentielle pour
considérer que la justice a été
au-dessus de tout soupçon. »
Sur le ministère public : «Les
motifs retenus dans l’arrêt Medvedyev contre France le 10 juillet 2008
par la Cour européenne des droits
de l’homme [selon lequel le procureur de la République n’est pas une
Y
autorité judiciaire, car il manque
d’indépendance à l’égard du pouvoir exécutif] laissent à penser que
la présence de celui-ci au procès est
de nature, selon les termes de l’arrêt, à polluer la juridiction du jugement, a fortiori si le représentant
du ministère public est un proche
du président de la République (…)
Toutefois, la jurisprudence admet
comme principe que le droit à un
tribunal indépendant et impartial
ne vise que les juges et non pas le
représentant de l’accusation ou
celui de la défense. »
Sur le rôle éminent du président de la République dans l’orga-
nisation judiciaire : « Les premiers
juges ont admis que le lien institutionnel entre le président de la
République et les magistrats peut,
à lui seul, laisser croire aux justiciables qu’ils ne bénéficieraient
pas d’un tribunal indépendant et
impartial. Toutefois (…) le président de la République est le
garant de l’indépendance de
l’autorité judiciaire, ce qui légitime (…), et même lorsque le président de la République est partie
au procès, ses pouvoirs sur le
ministère public et écarte toute
remise en cause de l’indépendance du siège. » p
La mort d’un élève poignardé relance le débat sur la sanctuarisationdes lycées
Agressé vendredi 8janvier par un camarade dans son établissement du Kremlin-Bicêtre, le jeune homme de 18 ans est décédé dans la nuit
H
akim, le lycéen victime
d’une agression au couteau, vendredi 8 janvier, au
lycée Darius-Milhaud du KremlinBicêtre (Val-de-Marne) est décédé.
Hospitalisé dans un état grave à
l’hôpital Henri-Mondor de Créteil,
le jeune homme de 18 ans est mort
dans la soirée après une intervention chirurgicale de six heures.
Agressé àl’intérieur du lycée par
un camarade pour un différend
apparemment anodin, il avait été
frappé au thorax. L’agresseur présumé, un autre élève qui a pris la
fuite, a été interpellé par la police
durant la nuit de vendredi à samedi. Le lycée avait fermé ses portes
dès la mi-journée, et seuls les journalistes attendaient devant la
grille l’arrivée des ministres de
l’éducation et de l’intérieur, Luc
Chatel et Brice Hortefeux venus
rencontrer l’équipe éducative.
Les deux ministres ont insisté
sur le « plan de sanctuarisation »
des établissements, mis en place
depuis septembre 2009. Plan décidépar leprésidentSarkozyetle précédent ministre de l’éducation,
Xavier Darcos, après l’intrusion, en
mars, d’une bande dans un lycée
de Gagny (Seine-Saint-Denis), puis,
en mai, l’agression au couteau
d’une enseignante de collège à
Fenouillet (Haute-Garonne). Les
ministres ont aussi évoqué les
« diagnostics de sécurité » réalisés
depuis dans de nombreux établissements sensibles. Celui du lycée
Darius-Milhaud avait été fait en
décembre et, selon eux, était
« bon ». En mai, la proposition de
M. Darcos de multiplier les portiques de détection à l’entrée des éta-
Pour l’académie
de Créteil, le lycée ne
connaît «ni laxisme ni
mauvaise ambiance»
blissements, avait été très critiquée. Ce nouveau drame tend à
souligner l’absence de solutions
simples.
Venu un peu plus tôt sur place,
le président PS de la région Ile-deFrance, Jean-Paul Huchon, a indi-
Un événement
qué que le lycée était « bien protégé », notamment par des portiques
desécurité et descaméras devidéosurveillance installés depuis un an
etdemi. Interrogé surla pertinence
de ces portiques M. Hortefeux a
prudemment répondu qu’il s’agissait d’une « piste », mais pas d’une
« réponse unique ». Il a également
insisté sur le fait que ce « drame
individuel » n’était pas lié à un
«phénomène de bande». M. Chatel
propose « à l’ensemble des proviseurs de lycée et des principaux de
collège de faire respecter une minute de silence à la mémoire d’Hakim
dans la journée du mardi 12 janvier », et « suggère également d’organiser des temps de parole pour
réfléchircollectivementsur lafrater-
nité, le respect de l’autre et la dignitédelapersonnehumaine».Il aaussi annoncé qu’il allait réunir les
chefs d’établissement « la semaine
prochaine» pour « faire le point sur
les mesures de sécurisation ».
Parmi celles-ci figurent les
« équipes mobiles de sécurité »
(EMS) dont la mise en place, en
cours dans toutes les académies, a
été effectuée avec une large avance
dans celle de Créteil, dont dépend
lelycéeDarius-Milhaud.Cedispositif est composé à la fois de personnels de sécurité, au rôle dissuasif
en cas de tension, et de personnels
éducatifs.Cesderniers peuventrester jusqu’à plusieurs semaines
dans un établissement afin de
« donner de l’air » à son équipe,
explique Hervé Luxembourger,
commissaire de police détaché
comme conseiller « sécurité » du
recteur de Créteil depuis la fin septembre2009.
Du début octobre à la fin décembre, l’EMS de l’académie, comprenant 45 personnes, est intervenue
sous des formes diverses dans près
de soixante établissements qui en
avaientfaitla demande.Lesresponsables de l’académie sont par
ailleurs unanimes pour souligner
que le lycée Darius-Milhaud, particulièrement « bien tenu », ne
connaît « ni laxisme ni mauvaise
ambiance », et que rien ne laissait
présager le drame survenu vendredi matin. p
Luc Cédelle et Elise Vincent
Rencontre autour d’ALBERT CAMUS
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Mardi 19 janvier à 19 h 30
Une rencontre animée par Eric Fottorino, directeur du Monde
du Monde - Tél. : 0892 684 694 (0,34 €/min)
Amphithéâtre 0123
80, boulevard Auguste-Blanqui, 75013 Paris
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Tarif : 18 € - 12 € pour les adhérents Fnac et les abonnés
Bernard-Henri
Lévy
Philosophe,
écrivain
et essayiste
© M. Bancilhon
En partenariat avec
Jean Daniel
Fondateur
du Nouvel Obs
et éditorialiste
Michel Onfray
Philosophe
et écrivain
Economie 11
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
En hausse
La Française des jeux
En baisse
UPS
Grâce à une croissance de 8,6 % de son chiffre
d’affaires (10 milliards d’euros), la FDJ a pris,
en 2009, la deuxième place des loteries
dans le monde derrière Lottomatica (Italie).
Le groupe américain de messagerie UPS
a annoncé la suppression de 1 800 emplois
aux Etats-Unis, tout en relevant ses prévisions
de résultat pour le quatrième trimestre 2009.
C’est le nombre de militaires
qui contribueront à la sécurité
du prochain Forum économique mondial de Davos (Suisse), du 27 au 31janvier. La
petite station de montagne accueille chaque année le
gothaéconomique et politique mondial.
5000
A Detroit, l’automobile américaine veut croire à l’éclaircie
Après la pire année de leur histoire, les constructeurs lancent des modèles mieux adaptés aux consommateurs
A
u Salon de l’automobile de
Detroit (Michigan) – qui
s’ouvre lundi 11 janvier aux
professionnels et aux médias, puis
du 16 au 24 janvier au grand public
–, tous les participants auront sans
doute le même souhait : que 2009
soit reléguée au rang de mauvais
souvenir, même si cette année restera forcément dans les annales
comme la pire pour l’industrie
automobile américaine.
Avec 10,4 millions de voitures
vendues, le marché américain a
chuté de 21 % par rapport à 2008 et
a réalisé sa pire performance
depuis près de trente ans. C’est
même plus d’un tiers de moins
que la moyenne des ventes réalisées entre 2000 et 2007 ! Résultat :
le marché automobile s’est fait
rafler la place de numéro un mondial par la Chine. Les 4 × 4, que les
Américains jugent trop gros, trop
polluants et trop gourmands en
carburant, ont poursuivi leur chute (– 24 %). Pire, la production a
plongé de 35 %.
Les trois constructeurs américains – General Motors (GM), Ford
et Chrysler – se souviendront longtemps de 2009. Car ce qui semblait inimaginable est arrivé. A force de ne pas vouloir écouter leurs
clients et engager les réformes
nécessaires – stopper les rabais et
crédits gratuits, réformer les systèmes de retraite et de dépenses de
santé des salariés… –, GM et Chrysler ont dû déposer le bilan malgré
les dizaines de milliards de dollars
injectés par l’Etat américain.
Le premier a été nationalisé,
sommé de rétrécir en vendant des
marques(Hummer),en en arrêtant
certaines (Pontiac) et en fermant
des usines (11 sur 47). Ledeuxième a
été racheté par l’italien Fiat. Ford
est le seul à avoir passé la crise sans
avoir reçu le soutien de l’Etat.
La réalité est là : ceux qu’on
appelle désormais les « Detroit
PART DE MARCHÉ DES CONSTRUCTEURS AMÉRICAINS
VENTES DE VOITURES AUX ÉTATS-UNIS
en %
en millions
General Motors
Ford
Chrysler
(en glissement annuel)
35
20
30
16
25
1978-1982
– 31 %
2e choc pétrolier
2000-2009
– 44 %
22 millions
11 %
18
9
12
14
19,9
20
8
1973-1975
– 23 %
1er choc pétrolier
15,8
15
4
8,9
1995
2002
Three » (les « trois de Detroit »), et
non plus les Big Three, n’en finissent plus de perdre des parts de
marché. Ils ne représentent plus
que 44,6 % du marché américain
(48,1 % en 2008, 69,7 % en 1999).
Pour la première fois, les constructeurs asiatiques (Toyota, Honda,
Nissan, Hyundai…) ont dépassé les
américains, avec environ 47 % de
parts de marché.
« Industrie stabilisée »
Même si la reprise « ne sera pas
rapide », comme le pense Karl
Brauer, du site spécialisé
Edmunds.com, il y a toutefois des
raisonsd’espérer. «L’industrie semble s’être stabilisée », estime de son
côté George Pipas, spécialiste des
ventes chez Ford. D’abord, Ford et
GM ont prévu de relancer leur production au premier semestre
2010. Les usines de GM devraient
ainsi produire 650 000 véhicules,
contre 371 000 au premier trimestre 2009. Chez Toyota, pour faire
face à la demande et reconstituer
l’argentier de la F1 Bernie Ecclestone – « n’est pas affectée par la
nomination d’AlixPartners », la
société chargée de « superviser
le démantèlement progressif de
Saab ». Cette liquidation
« devrait prendre plusieurs mois,
et fera en sorte que les
employés, les concessionnaires
et les fournisseurs soient protégés correctement », précise GM.
1980
1988
2000
SOURCE : STANDARD&POOR’S
les stocks chez les fournisseurs,
des heures supplémentaires ont
été instaurées dans toutes les usines nord-américainesdu constructeur nippon. Mi-décembre 2009, il
a annoncé qu’il allait aussi mettre
en place une deuxième équipe
composée de 800 ouvriers dans
son usine de Woodstock (Ontario,
Canada), qui fabrique l’un de ses
modèles emblématiques, le Rav4,
un 4 × 4 urbain.
Parmi les autres bonnes nouvelles : Ford. Au troisième trimestre,
le deuxième constructeur américain a enregistré des bénéfices –
1,1 milliard de dollars (770 millions
d’euros) –, une situation inédite
depuis le premier trimestre 2008.
Ed Whitacre, le nouveau patron
de GM, est aussi optimiste. Il a prévu un retour aux bénéfices en
2010, prévoit de rembourser intégralement les prêts du Trésor américain d’ici à juin et de faire son
retour en Bourse en juillet. Plusieurs véhicules lancés par GM en
2009 se vendent bien, comme la
Chevrolet Camaro ou la nouvelle
version d’un crossover Cadillac.
Enfin, même si de nombreux
équipementiers sont toujours
sous le « chapitre 11 », le régime
américain des faillites, de grands
noms en sont sortis, comme Delphi ou encore Lear.
Après la centaine de milliards
de dollars injectés dans l’industrie
automobile, une douzaine de
membres du Congrès se rendront
à Detroit lundi, emmenés par l’inflexible élue démocrate Nancy
7
Ventes d’automobiles
10
5
Taux de chômage
en % de la population active
6
1970
2009
SOURCE : STANDARD&POOR’S ET BOSTON CONSULTING GROUP
1988-1991
– 20 %
Guerre du Golfe
0
10
General Motors lance la liquidation judiciaire de Saab
General Motors a décidé de placer sa filiale Saab en liquidation
judiciaire, a annoncé, vendredi
8 janvier, le syndicat suédois de
l’industrie IF Metall, dont un
représentant est membre du
conseil d’administration de
Saab. GM a néanmoins annoncé
que l’évaluation des nouvelles
offres – celles du néerlandais
Spyker et d’un fonds associé à
ÉVOLUTION DU TAUX DE CHÔMAGE (données mensuelles)
ET DES VENTES DE VOITURES AUX ÉTATS-UNIS
2009
Jan. 2000
Août 03
Jan. 06
3
Août 2009
SOURCE : BLOOMBERG, DÉPARTEMENT DU TRAVAIL AMÉRICAIN
Pelosi, qui s’était opposée à toute
aide faute de plan viable.
Ils verront au moins deux choses. La première, c’est que les
Detroit Three vont faire leur entrée
sur le marché des petites voitures.
Ford va vendre pour la première
fois aux Etats-Unis sa Fiesta, et aussi sa nouvelle Focus tandis que GM
commercialisera au troisième trimestre 2010 sa Chevrolet Cruse.
Des véhicules inspirés des modè-
les vendus en Europe. Quant à
Chrysler, le plus mal en point, la
nouvelle direction compte sur le
lancement de son Grand Cherokee
pour 2010 et sur le renouvellement d’une dizaine de voitures
lors du troisième trimestre pour
enrayer la chute de sa part de marché (4 points entre 2007 et 2009).
Detroit fera évidemment la
part belle aux voitures électriques.
Au total, entre 30 % et 40 % de la
surface du Salon devrait concerner ce type de véhicule. Tout cela
laisse espérer des jours meilleurs.
« Les chiffres de décembre 2009
nous font penser que le marché va
repartir à la hausse », estime
Xavier Mosquet, qui dirige le Boston Consulting Group à Detroit.
Selon lui, il devrait atteindre
11,5 millions d’unités. A moins
d’une nouvelle récession. p
Nathalie Brafman
NIGER
AIDER LES GENS À VIVRE C’EST LEUR PERMETTRE DE TRAVAILLER.
Nord Niger. La région est pauvre, très pauvre. Directement touchée par la sécheresse,
éloignée des centres commerciaux et d’échanges, la population est en détresse.
Ford, un rescapé dans un paysage sinistré
AVOIR DE L’EAU POUR CULTIVER (500 dons de 10 euros = 1 puits),
AVOIR DES CHÈVRES POUR L’ÉLEVAGE (une chèvre = 20 euros),
ils si élevés ? Pourquoi la gamme
est-elle si vieillissante ? Pourquoi
les besoins des clients sont-ils aussi peu pris en compte ? Selon lui,
l’une des clés du redressement
repose sur une harmonisation de
la production internationale des
véhicules pour répondre aux
besoins de plus en plus homogènes des consommateurs. Plus
question que les entités américaines, européenne et asiatique travaillent séparément.
Des modèles plus petits
Avec l’effondrement des ventes de 4 × 4 aux Etats-Unis,
M. Mulally a décidé de faire tomber la part de ces véhicules sous la
barre de 40 % et de proposer des
modèles plus petits. En 2010, la
Ford Fiesta, le modèle star de sa
filiale européenne lancée il y a
trente-trois ans et l’un des plus
vendus en Europe, fera son entrée
sur le marché américain. Trois usines américaines de 4 × 4 transformeront leurs plates-formes pour
produire ce véhicule.
Côté finances, pour pallier le
manque de liquidités de Ford,
M. Mulally a décidé d’emprunter
23 milliards de dollars. Pour obtenir cet argent, il gage les actifs du
groupe, et arrive à convaincre les
actionnaires dont la famille Ford,
qui dispose de 5 % du capital mais
de 40 % des droits de vote, de
renoncer à leurs dividendes. Bien
vu ! Deux ans plus tard, avec la crise financière, le robinet du crédit
s’est fermé.
Par ailleurs, M. Mullaly a entrepris de vendre certaines de ses
marques haut de gamme, Aston
Martin à un consortium d’investisseurs et Jaguar et Land Rover à
l’indien Tata. Avant de céder Volvo au chinois Geely. Entre 1980 et
1990, Ford s’était lancé sur le segment des voitures de luxe. Il avait
même créé une structure, baptisée Premier Automotive Group
(PAG), qui devait rapporter un
tiers des profits du groupe. Las !
PAG a gagné de l’argent… mais
une seule fois, en 2003. p
N. Bn
AVOIR DU CUIR POUR FABRIQUER (une selle de chameau = 50 euros)
Association Humanitaire d’Aide au Développement
(Journal Officiel du 2 août 2008, annonce 1594)
www.matinsdusoleil.org
OUI, j’apporte une contribution de : ....…............€ (66% du montant st déductible de l’impôt sur le revenue)
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Merci de retourner à : Matins du Soleil - BP 43 - 92380 Garches (pour reçu fiscal)
- 01 47 10 95 95
« NOUS regardons 2010 avec optimisme ! », s’est écrié Ken Czuby, le
directeur des ventes de Ford, commentant début janvier les chiffres
des ventes de voitures neuves aux
Etats-Unis. Des trois constructeurs
américains, Ford est celui qui s’en
sort le mieux. Il est le seul à avoir
échappé à la faillite et à ne pas
avoir demandé l’aide de l’Etat.
En 2009, Ford a limité la chute
de ses ventes à 15 % sur l’année,
alors que celles de General Motors
ont plongé de près de 30% et celles
de Chrysler de 36 %. Le constructeur a même gagné plus d’un
point de part de marché: une première depuis 1995. Mieux, au troisième trimestre 2009, il a gagné
de l’argent, ce qui ne lui était pas
arrivé depuis début 2008.
Ces bons résultats sont à mettre
au crédit d’Alan Mulally, son directeur général. Dès son arrivée, en
2006, cet ancien de Boeing, âgé de
64 ans aujourd’hui, n’a pas hésité
à provoquer ses troupes en posant
les questions qui fâchent : pourquoi les coûts de production sont-
12 Economie
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Virgin Money, filiale de services financiers du groupe Virgin de Richard
Branson, a officialisé, vendredi 8 décembre, l’acquisition d’une banque
régionale britannique, Church House Trust, pour 12,3 millions de livres
(13,5 millions d’euros). Elle compte en faire une plate-forme pour se lancer dans la banque de détail au Royaume-Uni. – (AFP.)
Malgré la reprise, le marché de l’emploi
se dégrade des deux côtés de l’Atlantique
Médias Au Canada, le groupe Canwest dépose le bilan
de dix quotidiens
Le taux de chômage atteint 10% de la population active, aux Etats-Unis comme en Europe
Le premier groupe de presse du Canada, Canwest Global Communications, a annoncé, le 8 décembre, le dépôt de bilan de ses dix grands quotidiens, dans le cadre d’une restructuration prévoyant leur mise en vente dès mi-janvier. Parmi eux, le Montréal Gazette, l’Ottawa Citizen, le
Vancouver Sun et le Calgary Herald, une vingtaine de journaux locaux
et plus de 80 sites, dont Canada.com. – (AFP.)
L
Finance Virgin Money va devenir une banque de détail
Boisson Le leader mondial de la bière AB InBev
supprime 10 % de ses emplois en Europe occidentale
Le numéro un mondial de la bière, Anheuser-Busch InBev, a révélé, le
8 décembre, qu’il supprimerait 10 % de sa main-d’œuvre en Europe occidentale, soit 800 emplois. A la suite de l’annonce de la perte probable de
63 emplois à l’usine de Jupille (Belgique), une dizaine de membres de la
direction du site ont été séquestrés, jeudi, par les syndicats. – (AFP.)
Energie Une proposition de loi pour prolonger le retour
aux tarifs réglementés de l’électricité au-delà du 30 juin
Ladislas Poniatowski, sénateur (UMP) de l’Eure, a annoncé, le 8 janvier, le
dépôt d’un projet de loi visant à permettre aux consommateurs ayant
souscrit une offre auprès d’un concurrent d’EDF, (GDF Suez, Poweo,
Direct Energie…) de revenir aux tarifs réglementés de l’électricité après
le 30 juin. Elle a pour but de « pérenniser » l’existence de ces tarifs fixés
par l’Etat et de « stimuler la concurrence, au bénéfice des petits consommateurs individuels et petites entreprises ». Aux termes de la loi actuelle,
les consommateurs ayant rejoint un rival d’EDF ne pourront pas revenir
aux tarifs réglementés de l’électricien public après cette date. Un article
de la loi Nouvelle organisation du marché de l’électricité doit être consacré au problème, mais elle ne devrait pas être adoptée avant le 30 juin.
es Etats-Unis ont détruit
85 000 emplois en décembre 2009, a indiqué, vendredi
8 janvier, le département du travail américain (en données corrigées des variations saisonnières).
Le taux de chômage, de son côté,
est resté stable, à 10 % de la population active.
Ces chiffres ont constitué une
mauvaise surprise, les analystes
misant sur un solde proche de
zéro. La tendance favorable du
mois de novembre 2009 (plus de
4 000 créations d’emploi) n’a
donc pas pu être confirmée.
Pour Christine Rifflart, économiste à l’Observatoire français des
conjonctures
économiques
(OFCE), le décalage entre novembre et décembre 2009 n’a toutefois rien de « significatif. C’est une
baisse de 0,06 % sur un mois. »
Mme Rifflart parle au contraire de
« stabilisation ». « Au début de l’année 2009, explique-t-elle, les des-
tructions d’emploi touchaient
700 000 personnes par mois. »
Benjamen Carton, économiste
au Centre d’études prospectives et
d’informations internationales
(Cepii), juge lui aussi « les destructions modérées, même si on avait
eu l’espoir d’un chiffre positif pour
démarrer l’année ». L’économie
américaine, avec une croissance
légèrement inférieure à 3 % et un
taux de chômage aux environs de
10 % de la population active,
demeure toutefois « fragile », voire « convalescente », indique
M. Carton. En valeur absolue, le
nombre des emplois détruits pendant l’année 2009 (4,6 millions)
est le plus élevé dans les annales
du département américain du travail, qui remontent à 1939.
En fait, la crise financière de
l’automne 2008 n’a pas eu un
impact uniforme sur l’économie
américaine. La moitié des emplois
détruits se sont ainsi concentrés
sur deux secteurs : celui de la
construction (BTP) et celui de l’industrie, lesquels représentent 15 %
de l’emploi total aux Etats-Unis.
En décembre 2009, le BTP a « encore perdu 53 000 emplois, et le secteur manufacturier 27 000 », indique Mme Rifflart, qui ajoute: «La fai-
Les chiffres du
chômage américain
ont jeté un froid:
85000emplois ont
encore été détruits
en décembre2009
blesse des mises en chantier ne permet pas d’espérer un rebond de la
demande immobilière pour le reste
de l’année. »
M. Carton estime de son côté
que le « rebond des commandes à
l’industrie, s’il est notable, ne se traduit pas par des créations d’emploi
spectaculaires ».
Au sein du groupe des personnes privées d’emploi, un doubleclivage se produit selon l’âge et le
sexe, note toutefois Mme Rifflart. Le
taux de chômage des « jeunes »
(25-34 ans) s’améliore et « passe de
9,2 % à 8,2 % de la population active », tandis que celui des plus de
50 ans demeure à un niveau élevé.
En outre, le chômage apparaît
plus élevé chez les hommes
(+ 7,9 % en décembre 2009) que
chez les femmes (+6,2 %). «Ce décalage tient aux secteurs qui ont été
touchés : les hommes sont plus
nombreux dans le BTP et l’industrie
manufacturière. »
En Europe aussi, la crise est loin
d’être terminée. Selon les données
rendues publiques vendredi 8 janvier par Eurostat, le chômage a
atteint pour la première fois le
seuil symbolique de 10 % de la
population active dans la zone
euro en novembre 2009 (+ 0,1 %
par rapport à octobre).
Ces moyennes masquent toutefois des disparités importantes
selon les pays. Un quart des pertes
d’emploi de la zone euro est ainsi
concentré en Espagne, qui affiche
un taux de chômage record de
19,4 % en novembre 2009 (19,3 %
en octobre). En France, il est de
10 %, et de 8,3 % en Italie. Dans presque tous les pays, la destruction
d’emplois a donc continué en
2009, et pourrait se prolonger sur
le moyen terme.
La Commission européenne
prévoit ainsi que le taux de chômage se situera à une moyenne de
10,7 % en 2010, pour atteindre
10,9 % en 2011 dans la zone euro,
après 9,5 % en 2009. La stabilisation progressive du chômage ne se
produirait qu’à la fin de 2010, et
plus certainement au coursde l’année 2011. p
Yves Mamou
A Marseille, un salarié du port
roué de coups pour avoir
refusé d’adhérer à la CGT
La cour d’appel a confirmé la peine de six mois
de prison avec sursis infligée à un syndicaliste
L’ACCORD PARFAIT
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endredi 8 janvier, la cour
d’appel d’Aix-en-Provence
(Bouches-du-Rhône)
a
confirmé la peine de six mois de
prison avec sursis infligée en première instance à un syndicaliste
de la CGT employé sur le Port autonome de Marseille.
Poursuivi pour violences volontaires, Guillaume Magne était
accusé d’être le meneur d’un groupe d’hommes qui avaient roué de
coups un collègue de travail.
D’après la victime, ces violences
seraient liées au fait qu’elle avait
refusé de prendre sa carte à la CGT
et de participer à deux mouvements de grève.
Jean-Philippe Formosa a été
recruté comme « conducteur d’engins » au premier semestre 2006
par le Port autonome de Marseille,
récemment rebaptisé Grand Port
maritime de Marseille. Plusieurs
semaines après son embauche,
des membres de la CGT, parmi lesquels M.Magne, luiauraient suggéré de façon assez virile d’adhérer à
cesyndicat. M.Formosa ayant refusé, les pressions ont redoublé de
vigueur, à tel point qu’il a demandé à changer d’équipe, d’après son
avocat, Me Gaspard Jouan.
Le 14 décembre 2006, à la fin
d’un repas de Noël organisé dans
un réfectoire du Port autonome,
une altercation a éclaté entre
M. Formosa et d’autres salariés.
Les hommes sont sortis du local
pour s’expliquer. Plusieurs individus ont alors passé à tabac M. Formosa. Bilan : des os du nez cassés,
une cheville et le col du péroné
fracturés.
Qui a participé à la rixe ? L’enquête n’a pas pu le déterminer
avec certitude. M. Formosa assure
avoir été victime d’un « commando » emmené par M. Magne, ce que
lesyndicaliste a nié, devant les policiers et lors de ses procès en première instance puis en appel.
La CGT du Port autonome, elle, a
fait paraître un communiqué, en
novembre 2008, pour dénoncer la
« campagne de diffamation
menée (…) à [son] encontre » par
M. Formosa. Selon elle, « ce salarié
immoral et cupide est vraisemblablement manipulé » lorsqu’il prétend avoir « été pris à partie pour
avoir refusé de se syndiquer à la
CGT ».
Quant aux témoins de la scène
interrogés par les enquêteurs, la
plupart ont indiqué qu’ils ne
connaissaient pas le nom des protagonistes. « Les gens ont eu peur
de parler, car ils craignaient des
représailles de certains membres
de la CGT, estime Me Jouan. C’est
d’ailleurs ce qui ressort des procès-
Dans son jugement,
en 2008, le tribunal
correctionnel
évoquait une «loi
du silence bien
respectée sur le site»
verbaux dressés par les policiers. »
Dans son jugement rendu le
2 décembre 2008, le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence écrit
que « la loi du silence est bien respectée sur le site ».
En dépit de ces zones d’ombre,
M. Magne a été condamné. « Cette
décision l’a anéanti, réagit son avocat, Me Alain Molla, parce qu’il écope d’une peine de prison avec sursis,malgré soninnocence, mais aussi parce qu’il est le seul à avoir été
poursuivi alors même que la victime avait nommé deux autres personnes comme étant les auteurs
des coups. »
D’après Me Molla, son client a
l’intention de former un pourvoi
en cassation. p
Bertrand Bissuel
Marchés 13
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Matières premières Alain Faujas
Orange frappée
E
n Floride, on tremble, ce
week-end, pour la récolte des
belles oranges de Jacksonville où les services de la météo locale
annoncent un « gel féroce » de
0 ˚Celsius pendant plusieurs heures, ce qui pourrait renchérir nos
boissons de l’été prochain. Pas du
tout, jurent les associations de producteurs d’agrumes : la récolte ne
sera pas affectée par un gel inhabituel certes, mais supportable.
Les marchés, qui n’entendent
jamais raison, ont préféré parier
sur la catastrophe possible. Le
cours de la livre de concentré de
jusd’orange, qui avait déjàprogressé en 2009 de quelque 80%, a grappillé encore plusieurs points à
New York par rapport à la veille et a
atteint 143,5 vendredi 8 janvier.
Faut-il rire ou pleurer de cette lointaine conséquence boursière du
phénomène climatique El Niño
dans l’océan Pacifique ?
Récolte maigrichonne
D’abord, rassurons les assoiffés,
la pénurie ne menace en rien nos
rafraîchissements. Les stocks de
jus restent massifs. Au début de la
campagne 2008-2009, ils représentaient encore les deux tiers de
la récolte annuelle de Floride.
Il est vrai que la récolte mondiale s’annonce maigrichonne. Le
département américain de l’agriculture prédit que le verger brésilien, le deuxième au monde, produira lui aussi 15 % de moins que la
moyenne de ces dernières années.
Pourquoi cette soudaine raréfaction ? Parce que la production
floridienne est affectée par la maladie du « dragon jaune » ou chancre
critique, bactérie transmise aux
orangers par une sorte de puceron, mais aussi par le greening,
autre méchante bactérie injectée
par des homoptères psyllidés.
« La chute brutale de la production floridienne est donc due auttant à l’état sanitaire du verger
qu’à des raisons météo, explique
Eric Imbert, économiste au Centre
de coopération internationale en
recherche agronomique pour le
développement (Cirad). Les traitements insecticides et la surveillance des plantations génèrent des
frais additionnels de l’ordre de
40 %. » Faut-il s’étonner si les arboriculteurs réduisent des superficies plantées moins juteuses ?
Au Brésil, la situation n’est pas
meilleure. « La présence du greening et les perspectives de gains
offerts parla canne à sucren’encouragent pas le développement de
l’oranger et aucune hausse de la
production n’est à attendre dans
les prochaines années », poursuit
notre expert.
Cette offre flageolante devrait
d’autant plus vite venir à bout des
stocks qui pèsent sur les prix
depuis une dizaine d’années que
l’on annonce un autre dégel. « La
demande est repartie, notamment
aux Etats-Unis, pays qui absorbe
40 % des volumes mondiaux », se
félicite Eric Imbert.
En effet, les boissons dites
« énergisantes », type Redbull,
auraient moins la cote. La bonne
vieille vitamine C contenue dans
le jus d’orange du petit-déjeuner
– notamment le jus reconstitué,
moins cher – profiterait d’un
regain. On attend confirmation en
Europe de ce retour en grâce. p
Rebond
COURS DU JUS D’ORANGE,
en cent de dollars la livre
de concentré, à New York
220
200
180
143,5
160
140
120
100
80
60
Janv. 2005
8 janv. 2010
SOURCE : BLOOMBERG
Capitaux Isabelle Ehrhart
En voiture
T
out en douceur, ce début
d’année 2010 sur le marché
obligataire de la zone euro. Il
est vrai que nombreux sont les
pays, notamment au sud de l’Europe, où la trêve des confiseurs
prend fin le 6 janvier, jour de l’Epiphanie. Une bonne raison de laisser le marché somnoler. Sans
inquiéter les professionnels, qui
anticipent une activité soutenue
en 2010, même si elle ne devrait
pas égaler le record de 2009.
Un seul émetteur s’est présenté
aux investisseurs depuis le 1er janvier et il préfigure ce qui nous
attend dans les prochains jours : il
y aura de la voiture. Banque PSA, la
filiale dédiée au crédit du constructeur automobile français, a inauguré cette nouvelle année, vendredi
8 janvier, sur le marché du crédit
en euros.
Forte demande
L’émission totalise 750 millions
d’euros, qui seront remboursés
dans trois ans moyennant une prime de risque de 170 points de base
(1,70 %), raisonnable pour cette
signature notée Baa1 par l’agence
Moody’s et BBB par Standard
& Poor’s, avec une perspective
d’évolution négative de la part des
deux agences. La demande a été
près de cinq fois supérieure au
montant emprunté, preuve que
les investisseurs sont pour l’instant au rendez-vous.
Mais vu la liste d’attente sur le
marché du crédit, mieux vaut être
vif, de crainte d’être celui qui,
devant la flopée d’émissions à
venir, lassera les investisseurs. Car
le secteur automobile va bientôt
Paris
Francfort
Londres
Eurostoxx 50 New York
+ 2,76 %
+ 1,35 %
+ 2,24 %
+ 1,78 %
CAC 40
DAX 30
FTSE 100
6 037,61 points
5 534,24 points
4 045,14 points
+ 1,82 %
Nasdaq
+ 2,12 %
Dow Jones
3 017,85 points
10 618,19 points
Tokyo
+ 2,39 %
Nikkei
2 317,17 points
10 798,32 points
La Bourse fête 2010 mais ne s’enivre pas
Malgré une première semaine de hausse, les experts se gardent de tout enthousiasme
S
ur les marchés boursiers, l’année 2010 a commencé comme 2009 s’était terminée :
bien. Trop bien, peut-être. En quelques séances, à la Bourse de Paris,
le CAC 40 a franchi le seuil des
4 000 points. Pour la première
semaine de l’année, entre le 4 et le
8 janvier, le marché parisien s’est
adjugé 2,76 % à 4 045,14 points,
après 22 % de hausse en 2009.
La tendance a été identique à
New York, à Londres ou à Tokyo.
Sur la période les indices respectifs de ces places financières, le
Dow Jones, le Footsie et le Nikkei
ont gagné 1,82 %, 2,24 % et 2,39 %.
Les marchés ont ainsi presque
gommé l’intégralité des pertes
accumulées depuis la faillite retentissante de la banque d’affaires
américaine Lehman Brothers, le
15 septembre 2008.
Pourtant, sur le front de l’économie, « on est dans un environnement qui reste un peu pourri »,
reconnaît Phillippe Waechter, responsable de la recherche chez
Natixis AM. Une illustration ? Les
Etats-Unis, première économie
mondiale, ont annoncé, vendredi
8 janvier, la destruction de
85 000 emplois en décembre 2009. Le taux de chômage stagne ainsi à 10 % de la population
active. Rien de très réjouissant…
Mais pour la plupart des investisseurs, tout cela n’est pas dramatique. « Ce chiffre est décevant,
mais ne remet pas en cause l’amélioration progressive de l’économie », estime Jean-Louis Mourier,
analyste chez Aurel. En étant
même un peu provocateur, cette
reprise molle arrangerait presque
lesdits investisseurs.
Taux et changes
Car si l’économie ne redémarre
pas en fanfare, cela signifie que les
politiques monétaires ultra-accomodantes mises en places par les
grandes banques centrales avec
des taux d’intérêt très bas destinés
à soutenir l’économie, vont se prolonger. Ainsi au regard des rendements des obligations et autres
produits de taux, par exemple, les
actions vont encore rester un placement attractif.
En outre, les investisseurs
constatent que si la croissance
n’est pas encore très vigoureuse,
les signaux d’une embellie se sont
multipliés dès 2009. Dans le secteur automobile, le Comité des
constructeurs français d’automobiles (CCFA) a ainsi annoncé, le
4 janvier, que les immatriculations de voitures neuves avaient
bondi de 48,6 % sur un an en
décembre 2009. Ces ventes ont,
certes, bénéficié du soutien de la
prime à la casse.
Mais les constructeurs ont aussi mis en place une organisation
de combat en réduisant au maximum leurs coûts afin de doper
leurs résultats. Et Renault s’est dit
confiant pour le premier trimestre
2010, escomptant des ventes encore solides même après la réduction des aides publiques. Dans la
foulée, les titres du constructeur,
et celui de son concurrent Peugeot, ont bondi.
Certes, les entreprises
se sont désendettées
et ont réduit leurs
coûts pour maintenir
leur rentabilité. Mais
la crise n’est pas finie
Dans les autres secteurs aussi,
afin de faire face à la crise, et à une
reprise atone, « les entreprises se
sont assainies », remarque Grégorie Volokhine, expert chez Meeschaert, à New York. Elles se sont
désendettées, ont réduit leurs
La place de Shanghaï redoute un tour de vis de l’Etat
Si la reprise est hésitante en
Europe et aux Etats-Unis, c’est
loin d’être le cas en Chine. En
2010, la République populaire
pourrait connaître une croissance de l’ordre de 10 % de son produit intérieur brut. Paradoxalement, il s’agit d’une mauvaise
nouvelle pour la Bourse, comme
l’illustre le recul de 2,48 % de
l’indice de la place de Shanghaï
sur la semaine écoulée.
Les investisseurs restent sur
leur garde à la suite de rumeurs
d’un durcissement de la politi-
que monétaire des autorités
chinoises afin d’éviter une surchauffe de l’économie. Selon le
journal officiel China Securities
Journal, Pékin aurait averti les
compagnies publiques des risques d’investir en Bourse, dans
l’immobilier et les produits dérivés. « Les investisseurs sont
attentistes, ils ne savent pas ce
que seront les prochaines décisions du gouvernement », a ainsi
indiqué à l’agence Dow Jones Li
Xianming, analyste à Ping An
Securities.
1 ¤ = 1,4411 $
b
Taux à 10 ans (France) = 3,572 %
coûts pour redresser ou maintenir
leur rentabilité.
Vendredi, le groupe américain
de messagerie UPS a donné une
illustration de ce phénomène en
annonçant de façon concomitante
une amélioration attendue de son
bénéficepour le quatrième trimestre 2009 et la suppression de
1 800 emplois. Et la Bourse apprécie ce genre de nouvelle.
Les investisseursse gardent toutefois d’afficher un enthousiasme
démesuré. Tous savent que la crise
n’est pas terminée. Que les ménages demeureront inquiets et que
laconsommation restera sans doute un peu déprimée. Les titres des
groupes français de la grande distribution, comme Casino ou Carrefour, restent ainsi à la peine.
Même les secteurs dits défensifs, comme la pharmacie, ne sont
pasà l’abri d’une mauvaise nouvelle. Cette semaine, la ministre de la
santé, Roselyne Bachelot, a annoncé que la France avait annulé une
commande de 50 millions de
doses de vaccin contre la grippe A
(H1N1). La campagne de vaccination n’ayant pas eu le « succès »
attendu. Les laboratoires concernés, comme Novartis ou GSK ont
vu leurs cours reculer.
La prudence des boursiers est de
mise. Le milliardaire américain
Warren Buffett, gourou de
Wall Street, l’a rappelé en s’opposant au rachat de Cadbury par
Kraft, dont il est actionnaire. Il
n’est pas question, par les temps
qui courent, de gaspiller son
argent en surpayant une acquisition, semble dire le septuagénaire,
plutôt réputé pour son flair. p
Claire Gatinois
b
Taux à 10 ans (US) = 3,832 %
Paris reprend sa charge contre le «désordre monétaire»
de nouveau les solliciter par le
biais de l’allemand Daimler, un
émetteur traditionnel des débuts
d’année, son compatriote Volkswagen ne devant, lui, pas tarder.
A plus long terme, le troisième
constructeur allemand, BMW, est
aussi attendu, tandis que RCI Banque, la filiale dédiée du constructeur automobile Renault, ne
devrait pas laisser passer l’occasion. Car chez RCI Banque, comme
chez Banque PSA, les difficultés
rencontrées début 2009 pour se
financer ne sont pas oubliées. Le
secteur était alors délaissé : les
deuxgroupes français ont pu bénéficier du soutien de la Société de
financement de l’économie française (SFEF), mais ont dû attendre
le printemps pour émettre des
obligations.
Si les sociétés industrielles ou
de services s’avèrent un peu lentes
à réagir cette année, ce n’est pas le
cas des financières, qui ont « dégainé » dès le 7 janvier avec une série
d’émissions d’obligations sécurisées (covered bonds) : la danoise
Nordea, la portugaise BPI, la britannique Barclays, l’espagnole BBVA,
les françaises BNP Paribas ou
CM-CIC. Si l’on fait abstraction des
deux dernières, on note ce retour
des obligations couvertes par des
crédits hypothécaires émanant de
pays où la crise immobilière avait
déclenché une grande méfiance
des investisseurs – les « cédulas »
espagnols, par exemple, ont
connu une longue période de
dédain. C’est maintenant terminé
et les obligations trouvent preneurs à des prix toujours dans le
bas de la fourchette proposée. p
T
out au long de l’année 2008,
les hommes politiques n’ont
pas cessé de déplorer le chaos financier provoqué par des traders cupides, des gestionnaires
aveugleset des banquiersirresponsables. De dénoncer l’irrationalité
et la dangerosité des marchés.
A peine le calme commence-t-il
à revenir, les cours à se stabiliser et
à se normaliser que ce sont les
mêmes hommes politiques qui
sèment le trouble, notamment sur
le marché des changes.
Le nouveau ministre japonais
des finances Naoto Kan – à peine
installé dans le fauteuil d’Hirohisa
Fujii, qui, à 77 ans, a dû démissionner pour des problèmes d’hypertension – s’est prononcé en faveur
d’un yen plus faible et doncfavorable aux exportations. Une rupture
majeure, son prédécesseur ayant
toujours répété qu’un yen fort ne
gênait pas le Japon.
« Ce serait bien que le yen s’affaiblisse un peu plus », a déclaré
M. Kan, le 6 janvier, avant de souhaiter un niveau de 95 yens pour
1 dollar et de préciser qu’il était
prêt à collaborer avec la Banque du
Japon pour y parvenir. Le lendemain, il n’a pas exclu une intervention sur le marché des changes :
« Prendre des mesures sur les taux
de change quand c’est nécessaire
fait partie des devoirs et des prérogatives du ministère des finances.
Je suis conscient de ces devoirs et de
ces prérogatives. »
Ces déclarations fracassantes
lui ont valu un ferme rappel à l’ordre du premier ministre Yukio
Hatoyama, qui a expliqué que « le
gouvernement ne doit par principe
pas discuter du marché des changes». «Les taux dechange sont décidés par le marché », a fini par concéder l’impétueux M. Kan.
Dans le passé, le Japon est intervenu massivement sur le marché
des changes pour affaiblir le yen
en achetant des dollars ; mais il ne
l’a plus fait depuis 2004. Le billet
vert, tombé fin novembre 2009 à
85 yens, son plus bas niveau en
quatorze ans, s’est repris depuis : il
cotait, vendredi, 92,6 yens.
Le retour des prêcheurs
En France, c’est le président de
la République en personne qui a
décidé de sonner la charge contre
« les disparités monétaires ».
En présentant le 6 janvier à Cholet (Maine-et-Loire) ses vœux aux
« forces économiques », M. Sarkozy a estimé qu’elles représentaient
un«problème absolument considérable », qui devait être « au centre
des débats internationaux » en
2010. « Si on fabrique en zone euro
et qu’on vend en zone dollar, avec le
dollar qui tombe et l’euro qui monte, comment pouvez-vous compenser le déficit de compétitivité » des
entreprises françaises, s’est-il
inquiété. « Le désordre monétaire
estdevenu inacceptable », a-t-il renchéri le lendemain. « Le monde est
multipolaire, le système monétaire
doit devenir multimonétaire »,
a-t-il encore lancé.
Dans la foulée de M. Sarkozy,
c’est le premier ministre François
Fillon qui y est allé, le 8 janvier, de
son petit couplet monétaire : « Il
faut faire en sorte que les parités
monétaires reflètent davantage les
fondamentaux économiques. »
Cette offensive a surpris puisque le billet vert a repris des couleurs, l’euro revenant de 1,5140dollar mi-novembre 2009 à 1,44 dollar. A l’origine de ce mouvement, le
sentiment d’opérateurs pour lesquels la reprise économique pourrait être plus rapide et vigoureuse
aux Etats-Unis qu’en Europe, ce qui
conduirait la Réserve fédérale (Fed)
à relever ses taux plus tôt que la
Banquecentrale européenne(BCE).
Les déclarations de MM. Sarkozy et Fillon n’ont en tout cas guère
eu d’impact sur les cours. Vendredi
après-midi, l’euro a même rebondi
à la suite des statistiques décevantes du chômage américain. Il est
vrai que, pour les marchés, seule
compte la parole du président de la
BCE, Jean-Claude Trichet, « M.
Euro » et, dans une moindre mesure, celle de la chancelière allemande, Angela Merkel. Personne en
revanche ne prête la moindre
attention aux discours des autres
prêcheurs.p
Pierre-Antoine Delhommais
Janvier 2010
Un monde post-racial
Qu’en est-il du racisme aujourdhui ?
Sciences
Ecologie : arrêtez
de nous culpabiliser !
Littératures
Camus,
l’« homme rare ».
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16 Valeurs
0123
SOURCE : BLOOMBERG
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
en euros à Paris
1,2
260
1,07
1,1
1,0
0,9
254,55
11,4
250
11,0
240
10,6
7,5
10,97
7,3
7,145
7,1
41,8
30,8
41,6
30,4
41,4
6,9
41,2
6,7
41,0
41,25
30,0
+ 17,7% + 13,3% + 10,6 % + 9,25 % – 1,12% – 3,13 %
10,2
230
9,8
220
31 déc. 2009
8 janvier 2010
31 déc. 2009
8 janvier 2010
6,5
31 déc. 2009
8 janvier 2010
29,2
40,8
31 déc. 2009
8 janvier 2010
31 déc. 2009
29,545
29,6
31 déc. 2009
8 janvier 2010
8 janvier 2010
THOMSON
Espoirs
ERAMET
Part à vendre
UBISOFT
Recommandée
EUROTUNNEL
Régulier
ESSILOR
A contre-courant
GEMALTO
En panne
Le titre Thomson a bondi de 17,7 %
à la Bourse de Paris entre le lundi 4
et le vendredi 8 janvier, à 1,07 euro.
Les investisseurs espèrent que le
groupe spécialisé en technologies
de l’image va tirer bénéfice de l’engouement du public pour les
films en 3D. Par ailleurs, le fait que
le plan de restructuration de la dette du groupe ait été validé par la
majorité de ses créanciers, en
décembre 2009, a pu rassurer les
investisseurs. Ce plan doit être soumis à l’approbation des actionnaires lors de l’assemblée générale
prévue le 27 janvier.
Le cours du groupe minier Eramet (nickel, manganèse…) a fortement progressé, de 13,3 %, entre le
lundi 4 et le vendredi 8 janvier, à
254,55 euros. L’actionnariat
devrait évoluer dans les prochains mois, Areva ayant annoncé la vente de sa participation de
25 % pour financer son développement dans le nucléaire. Le Fonds
stratégique d’investissement (FSI)
négocie aujourd’hui le rachat de
cette part, mais les discussions
achoppent sur le prix, le FSI valorisant Eramet à un niveau inférieur
à ce que souhaite Areva.
Le titre de l’éditeur français de
jeux vidéo, créateur de Rayman
ou Assassin’s Creed, a progressé
de 10,6 % entre lundi 4 et vendredi 8 janvier, à 10,97 euros, à la suite de recommandations d’analystes conseillant aux investisseurs
de passer à l’achat sur le titre. Les
chiffres de vente de consoles de
salon (Wii de Nintendo, XBox 360
de Microsoft et PS3 de Sony), en
hausse sur la fin 2009, ont également pu pousser les investisseurs
à l’achat. Ces ventes pourraient
augurer d’une augmentation des
volumes de vente des jeux.
Le titre de l’exploitant du tunnel
sous la Manche a augmenté de
9,25 % entre le lundi 4 et le vendredi 8 janvier, à 7,145 euros. Cette
croissance, régulière au cours de
la première semaine de l’année,
paraît contradictoire au vu des
récents problèmes de l’Eurostar.
Jeudi 7 janvier, un train a de nouveau été bloqué dans le tunnel suite à un incident technique qui a
provoqué de nombreux retards.
Mais les investisseurs ne semblent pas inquiets de ces difficultés, qui n’ont pas affecté négativement le titre Eurotunnel.
Le titre du numéro un mondial du
verre correcteur, Essilor, a perdu
1,2 % en cinq séances, à 41,25 euros.
En 2009, cette action réputée
défensive, car moins sensible que
d’autres à la conjoncture, avait réalisé un parcours exemplaire avec
une hausse annuelle de 24,4 %, un
peu supérieure à la moyenne de
l’indice phare de la Bourse de
Paris. L’annonce du rachat pour
388 millions d’euros, le 16 décembre 2009, de l’américain FGX, spécialiste de la lunette prémontée
ou lunette de lecture, avait encore
été saluée.
Le leader mondial de la carte à
puce Gemalto a été pénalisé par le
« bug » qui a rendu 30 millions de
cartes bancaires inutilisables
outre-Rhin. Principal fournisseur
en cartes de paiement des banques allemandes, le groupe a perdu 3,13 % à la Bourse de Paris entre
le lundi 4 et le vendredi 8 janvier,
à 29,545 euros. La procédure corrective du dysfonctionnement
pourrait coûter cher : de 250 millions à 300 millions d’euros, selon
la presse allemande. Gemalto n’a
pas précisé quelle part de cette
somme il assumerait.
VALEURS DU SBF120
Valeur
Valeurs françaises et zone euro
Vendredi 8 janvier 19h40
Valeur
Dernier
cours
Sem.
préc.
% var.
/heb.
% var.
31/12
ACCOR ..........................◗ 37,83
38,25 -1,11
ADP .....................................◗ 58,43
56,33 3,73
AIR FRANCE-KLM ..............◗ 11,99
11,00 9,00
AIR LIQUIDE .......................◗ 82,46
83,03 -0,69
ALCATEL-LUCENT ...........◗
2,62
2,38 9,91
ALSTOM ............................◗ 53,15
49,06 8,34
ALTEN .................................◗ 19,61
19,50 0,56
ALTRAN TECHNO. .............◗
3,86
3,72 3,68
ARCELORMITTAL................ 33,65
32,18 4,57
AREVA CIP ............................ 370,55 349,00 6,17
ARKEMA .............................◗ 27,77
26,00 6,81
ATOS ORIGIN .....................◗ 34,05
32,09 6,11
17,11
16,54 3,48
AXA ....................................◗
BENETEAU .........................◗ 12,49
10,72 16,51
BIC ......................................◗ 49,80
48,30 3,12
BIOMERIEUX .......................◗ 81,39
81,68 -0,36
BNP PARIBAS ACT.A .......◗ 59,60
55,90 6,62
79,46 1,31
BONDUELLE........................◗ 80,50
BOURBON ..........................◗ 29,19
26,35 10,78
BOUYGUES ........................◗ 37,17
36,42 2,06
BUREAU VERITAS...............◗ 36,82
36,41 1,14
CAP GEMINI ......................◗ 34,22
31,97 7,04
CARBONE-LORRAINE ........◗ 27,66
25,40 8,90
CARREFOUR ......................◗ 34,49
33,56 2,79
CASINO GUICHARD ............◗ 60,61
62,53 -3,07
CGG VERITAS .....................◗ 17,34
14,93 16,11
CIMENTS FRANCAIS .........◗ 77,34
74,00 4,51
CLUB MED...........................◗ 13,56
12,85 5,53
CNP ASSURANCES ............◗ 68,99
67,76 1,82
CREDIT AGRICOLE ............◗ 13,47
12,36 8,98
DANONE ............................◗ 42,65
42,83 -0,42
DASSAULT SYSTEMES ......◗ 41,41
39,75 4,18
DERICHEBOURG...................
3,50
3,11 12,51
DEXIA ...................................
4,98
4,46 11,57
EADS ..................................◗ 14,35
14,09 1,88
EDF .....................................◗ 42,14
41,56 1,40
EDF ENERGIES NOUV. ........◗ 38,47
36,01 6,83
39,45 6,46
EIFFAGE ..............................◗ 42,00
ERAMET ..............................◗ 254,55 220,75 15,31
ESSILOR INTL ....................◗ 41,25
41,75 -1,20
EULER HERMES ..................◗ 55,80
52,29 6,71
EURAZEO ...........................◗ 51,93
48,84 6,34
EUROFINS SCIENT. ...........◗ 40,00
38,19 4,74
EUTELSAT COMMUNIC. .....◗ 22,85
22,46 1,74
FAURECIA ..........................◗ 17,70
15,40 14,94
FONC.REGIONS. ................◗ 72,03
71,38 0,91
FRANCE TELECOM ............◗ 17,33
17,43 -0,57
-1,11
3,73
9,00
-0,69
9,91
8,34
0,56
3,68
4,57
6,17
6,81
6,11
3,48
16,51
3,12
-0,36
6,62
1,31
10,78
2,06
1,14
7,04
8,90
2,79
-3,07
16,11
4,51
5,53
1,82
8,98
-0,42
4,18
12,51
11,57
1,88
1,40
6,83
6,46
15,31
-1,20
6,71
6,34
4,74
1,74
14,94
0,91
-0,57
Plus
haut
Plus
bas
Divid.
net
Code
ISIN
38,90
37,24 1,65 T FR0000120404
59,30 56,00 1,38 T FR0010340141
12,08
11,05 0,58 T FR0000031122
84,50
81,04 2,25 T FR0000120073
2,69
2,37 0,16 T FR0000130007
53,28
49,45 1,12 T FR0010220475
19,75
19,30 n/d
FR0000071946
3,89
3,67 0,20 T FR0000034639
33,88
32,07 0,16 S LU0323134006
378,00 346,20 7,05 T FR0004275832
27,89
25,85 0,60 T FR0010313833
34,85
31,71 0,40 T FR0000051732
17,41
16,56 0,40 T FR0000120628
12,49
10,70 0,43 T FR0000035164
50,48 48,40 1,35 T FR0000120966
83,85
80,52 0,81 T FR0010096479
59,88
56,11 1,00 T FR0000131104
82,07
79,01 1,50 T FR0000063935
29,49
26,30 0,90 T FR0004548873
37,70
36,32 1,60 T FR0000120503
37,40
36,02 0,72 T FR0006174348
34,47 32,00 1,00 T FR0000125338
27,66
25,43 0,62 T FR0000039620
34,99
33,45 1,08 T FR0000120172
64,50
60,01 2,53 T FR0000125585
17,50
14,92 1,22
FR0000120164
77,48
73,92 3,00 T FR0000120982
13,60
12,85 1,00 T FR0000121568
70,25
67,81 2,85 T FR0000120222
13,50
12,41 0,45 T FR0000045072
43,33
42,41 1,20 T FR0000120644
41,59
39,82 0,46 T FR0000130650
3,59
3,12 0,08 T FR0000053381
5,05
4,50 0,68 T BE0003796134
14,48
13,71 0,17 T NL0000235190
42,24
41,03 0,55 A FR0010242511
39,22
36,10 0,27 T FR0010400143
42,02
39,10 1,20 T FR0000130452
257,30 220,00 5,25 T FR0000131757
41,98 40,84 0,66 T FR0000121667
56,84
52,31 1,50 T FR0004254035
52,40
48,97 1,20 T FR0000121121
41,95
38,25 0,10 T FR0000038259
22,95
22,39 0,13 D FR0010221234
18,00
15,40 1,10 T FR0000121147
75,80
71,40 5,30 T FR0000064578
17,78
17,20 0,60 A FR0000133308
LES BOURSES DANS LE MONDE 8/1, 22h23
Pays
Indice
Dernier
cours
% var.
/heb.
Mini
2008
6058,02
923,78
2642,67
2606,15
353,77
12240,50
6716,91
4051,41
4687,79
6399,75
6185,61
2871,02
3464,20
2338,30
22173,15
3112,85
23911,07
5/1
8/1
8/1
8/1
8/1
5/1
8/1
8/1
8/1
8/1
8/1
8/1
5/1
8/1
7/1
8/1
8/1
5961,25
876,18
2493,10
2521,73
336,75
11986,10
6490,51
3950,61
4544,23
6098,80
5918,52
2799,47
3382,71
2187,09
21152,18
2974,93
23317,12
7/1
4/1
4/1
4/1
4/1
4/1
4/1
4/1
4/1
4/1
4/1
4/1
4/1
4/1
31/12
4/1
4/1
13,80
13,40
13,80
12,40
Cours de l’euro
100 Yens
1,07951
0,74862
0,67356
1,10480
Euro
1,44150
133,58000
336,96 4/1
2387,97 31/12
0,89940
1,47540
Achat
Livre
1,60290
148,46540
1,11430
30,29
76,14
30,50
6,54
2,79
93,31
66,75
83,52
42,02
16,96
38,76
21,16
17,04
28,39
57,81
28,41
19,48
78,00
78,38
17,97
12,68
24,55
53,58
3,55
% var.
/heb.
0,30
-2,50
-3,13
9,25
9,92
1,33
8,01
4,41
1,15
2,24
2,23
2,20
6,90
0,62
4,07
-0,39
6,19
-0,40
3,43
6,23
4,14
2,85
7,41
11,28
% var.
31/12
0,30
-2,50
-3,13
9,25
9,92
1,33
8,01
4,41
1,15
2,24
2,23
2,20
6,90
0,62
4,07
-0,39
6,19
-0,40
3,43
6,23
4,14
2,85
7,41
11,28
Plus
haut
30,70
79,30
31,42
7,25
3,10
94,99
72,75
89,54
42,88
17,69
40,15
21,90
19,27
29,45
60,90
29,32
20,82
79,85
81,50
19,09
13,30
25,58
57,83
3,96
Plus
bas
29,92
73,75
29,35
6,60
2,77
92,00
68,24
83,30
41,76
16,96
38,50
21,03
16,71
28,10
57,80
27,52
19,42
76,92
77,77
17,86
12,65
24,57
53,50
3,56
Divid.
net
0,80
1,98
n/d
0,04
0,04
1,03
3,25
0,34
1,00
0,25
0,70
0,50
0,44
1,25
2,00
1,30
0,70
1,44
0,35
0,85
0,35
0,44
1,00
0,45
Code
ISIN
Valeur
A FR0010208488
S FR0010040865
NL0000400653
T FR0010533075
T FR0000121881
T FR0000052292
T FR0000035081
T FR0004035913
T FR0000120859
T FR0000125346
T FR0010259150
T FR0000073298
T FR0000077919
T FR0000121964
T FR0000120537
T FR0000130213
T FR0010307819
T FR0000120321
A FR0000121014
T FR0000053225
T FR0000051070
A FR0010241638
T FR0000121261
T FR0000120685
Dernier
cours
NEOPOST ............................◗ 58,28
NEXANS .............................◗ 58,76
NEXITY ................................◗ 27,20
NICOX ..................................
6,10
ORPEA .................................◗ 32,59
PAGESJAUNES ...................◗
7,49
PERNOD RICARD ..............◗ 58,91
PEUGEOT ...........................◗ 26,50
PPR ....................................◗ 87,66
PUBLICIS GROUPE .............◗ 29,36
REMY COINTREAU .............◗ 36,59
RENAULT ...........................◗ 39,38
REXEL .................................◗ 10,60
RHODIA ...............................◗ 13,78
SAFRAN ..............................◗ 14,54
SAFT...................................... 34,59
SAINT-GOBAIN .................◗ 38,90
SANOFI-AVENTIS .............◗ 55,65
SCHNEIDER ELECTRIC ....◗ 80,32
SCOR SE .............................◗ 17,66
SEB ......................................◗ 41,50
SECHE ENVIRONNEM. .......◗ 61,73
SECHILIENNE SIDEC ..........◗ 26,65
SES ......................................◗ 15,38
SILIC ....................................◗ 84,56
SOCIETE GENERALE ........◗ 52,08
SODEXO ..............................◗ 40,94
SOITEC ................................◗ 11,32
SPERIAN PROTECTION .....◗ 49,00
STALLERGENES ................... 59,89
STERIA GROUPE ................◗ 22,48
STMICROELECTR. ............◗
6,44
SUEZ ENV. ..........................◗ 17,07
TECHNIP ............................◗ 52,22
TELEPERFORMANCE .........◗ 23,83
TF1 .......................................◗ 14,01
THALES ...............................◗ 35,41
THOMSON ..........................◗
1,07
TOTAL .................................◗ 46,01
UBISOFT ENTERTAIN ........◗ 10,97
UNIBAIL-RODAMCO .........◗ 154,85
VALEO .................................◗ 26,82
VALLOUREC ......................◗ 134,35
VEOLIA ENVIRON. ............◗ 25,10
VILMORIN & CIE .................◗ 85,39
VINCI ..................................◗ 41,43
VIVENDI ..............................◗ 20,86
WENDEL ..............................◗ 45,94
ZODIAC AEROSPACE .........◗ 30,95
Sem.
préc.
57,67
55,82
25,46
5,83
31,63
7,80
59,91
23,66
84,24
28,50
35,60
36,20
10,20
12,61
13,69
33,76
38,07
55,06
81,78
17,50
39,70
59,94
28,35
15,76
85,00
48,95
39,87
9,99
50,39
58,85
21,51
6,42
16,12
49,40
22,68
12,89
35,95
0,91
45,01
9,92
153,70
24,53
127,05
23,12
86,50
39,47
20,80
42,80
29,13
% var.
/heb.
1,06
5,27
6,83
4,69
3,04
-4,04
-1,67
12,00
4,06
3,00
2,78
8,80
3,92
9,24
6,17
2,44
2,18
1,07
-1,79
0,91
4,53
2,99
-6,00
-2,38
-0,52
6,39
2,68
13,29
-2,76
1,77
4,53
0,28
5,83
5,71
5,07
8,65
-1,49
17,71
2,23
10,58
0,75
9,34
5,75
8,54
-1,28
4,97
0,31
7,34
6,27
% var.
31/12
1,06
5,27
6,83
4,69
3,04
-4,04
-1,67
12,00
4,06
3,00
2,78
8,80
3,92
9,24
6,17
2,44
2,18
1,07
-1,79
0,91
4,53
2,99
-6,00
-2,38
-0,52
6,39
2,68
13,29
-2,76
1,77
4,53
0,28
5,83
5,71
5,07
8,65
-1,49
17,71
2,23
10,58
0,75
9,34
5,75
8,54
-1,28
4,97
0,31
7,34
6,27
Plus
haut
58,50
59,10
27,84
6,38
32,61
7,99
60,85
26,97
87,94
29,62
37,80
40,00
10,81
13,95
14,79
34,90
39,29
56,79
82,74
17,90
41,66
62,20
29,69
15,70
86,29
52,51
42,85
11,64
50,20
60,20
23,05
6,59
17,22
53,32
24,18
14,10
35,84
1,11
46,15
11,29
157,50
27,36
135,90
25,90
88,60
41,59
21,47
46,30
31,30
Plus
bas
57,49
55,78
25,51
5,86
31,36
7,46
58,42
23,72
83,54
28,50
35,30
36,75
10,02
12,55
13,69
33,35
38,06
55,11
79,41
17,55
39,15
59,00
26,61
15,00
84,50
49,21
39,72
10,01
48,35
58,57
21,43
6,35
16,13
49,32
22,68
12,87
34,20
0,90
45,26
10,01
151,80
24,40
127,25
23,16
84,13
39,58
20,73
42,70
28,94
Divid.
net
1,65
2,00
1,50
n/d
0,10
0,96
0,50
1,50
3,30
0,60
0,65
3,80
0,37
0,25
0,17
0,68
1,00
2,20
3,45
0,80
0,94
1,30
0,60
0,56
4,30
1,20
1,27
n/d
1,20
0,45
0,12
0,03
0,65
1,20
0,44
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1,05
0,33
1,14
n/d
2,00
1,20
6,00
1,21
1,77
0,52
1,40
1,00
1,00
Code
ISIN
A FR0000120560
T FR0000044448
T FR0010112524
FR0000074130
T FR0000184798
T FR0010096354
A FR0000120693
T FR0000121501
T FR0000121485
T FR0000130577
T FR0000130395
T FR0000131906
T FR0010451203
T FR0010479956
S FR0000073272
T FR0010208165
T FR0000125007
T FR0000120578
T FR0000121972
T FR0010411983
T FR0000121709
T FR0000039109
T FR0000060402
T LU0088087324
T FR0000050916
T FR0000130809
T FR0000121220
FR0004025062
T FR0000060899
T FR0000065674
T FR0000072910
A NL0000226223
A FR0010613471
T FR0000131708
T FR0000051807
T FR0000054900
T FR0000121329
D FR0000184533
A FR0000120271
FR0000054470
D FR0000124711
T FR0000130338
T FR0000120354
T FR0000124141
T FR0000052516
A FR0000125486
T FR0000127771
T FR0000121204
T FR0000125684
Cours en euros. En gras : CAC40. ◗ : valeur pouvant bénéficier du service de règlement différé (SRD). # : valeur faisant
l’objet d’un contrat d’animation. Plus haut et plus bas : depuis le 1/1/2008. n/d : valeur non disponible.
A : acompte, D : divers, S : solde, T : totalité.
Indice
Dernier
cours
PSI 20
FTSE 100 index
FTSE techMark 100 index
SUÈDE
OMX
REP. TCHÉQUE
Exchange PX 50
8839,75
5534,24
1771,65
973,44
1154,50
% var.
/heb.
Maxi
2008
Mini
2008
8/1
8/1
8/1
8/1
23/11
8839,75
5551,66
1774,70
974,90
1195,69
8/1
7/1
8/1
8/1
24/8
8475,45
5410,82
1704,82
951,72
628,50
4/1
4/1
4/1
4/1
18/2
ICEX 15
263,66 30/6
RTS 1444,61 31/12
Swiss market 6617,88 8/1
National 100 54797,90 8/1
355,20
1508,42
6635,78
54972,94
2/1
18/11
8/1
7/1
212,05
498,20
6494,90
51668,41
1/4
23/1
7/1
31/12
2411,39
70936,60
11971,62
3684,55
10619,40
2317,60
1893,25
11418,34
1145,39
33080,05
5/1
6/1
6/1
7/1
8/1
8/1
8/1
2/12
8/1
8/1
ROYAUME UNI
PER
Pays
16,90
13,20
ASIE-OCÉANIE
Indice
Dernier
cours
ISLANDE
13,00
SUISSE
TURQUIE
12,80
AMÉRIQUES
Merval
Bovespa
CANADA
TSX Composite
CHILI
Ipsa
ETATS-UNIS
Dow Jones ind.
Nasdaq composite
Nasdaq 100
Wilshire 5000
Standards & Poors 500
MEXIQUE
IPC
2389,45
70262,70
11953,83
3706,87
10618,19
2317,17
1892,59
11333,82
1144,98
32892,04
ARGENTINE
13,60
10,70
12,80
13,20
Franc S.
0,97714
90,51412
0,67778
0,60957
1,64050
Vente
couronne danoise .......................................................7,4403 ....................................7,4410
couronne norvég. .........................................................8,1723 .....................................8,1753
couronne suédoise ....................................................10,3421 ..................................10,3538
couronne tchéque .....................................................26,2590 ..................................26,2790
dollar australien ............................................................1,5601.....................................1,5607
dollar canadien .............................................................1,4827 .....................................1,4867
dollar hongkong ..........................................................11,1777 ....................................11,1827
dollar néo-zéland. ........................................................1,9556 ....................................1,9586
forint hongrois.........................................................267,6800 ...............................267,8800
leu roumain ..................................................................4,2321 ....................................4,2446
rouble ..........................................................................42,8713 ..................................42,8783
BRÉSIL
7/1
8/1
8/1
8/1
8/1
8/1
8/1
1/12
8/1
8/1
2305,44 30/12
68587,16 4/1
11746,11 4/1
3556,91 30/12
10430,69 4/1
2285,22 7/1
1867,62 7/1
6772,29 6/3
1116,56 4/1
32120,74 4/1
All ordinaries 4942,20 8/1
Shangaï B
253,75 8/1
Shenzen B
617,76 8/1
CORÉE DU SUD
K Composite 1695,26 8/1
HONG KONG
Hang Seng 22296,75 8/1
HKEX LargeCAp 26112,65 8/1
INDE
Bombay SE 30 2213,00 8/1
ISRAËL
Tel Aviv 100 1094,04 7/1
JAPON
Nikkei 225 10798,32 8/1
Topix index
941,29 8/1
MALAISIE
KL composite 1292,98 8/1
NOUVELLE-ZÉLANDE All ordinar.
791,89 8/1
SINGAPOUR
Straits Time 2922,76 8/1
TAÏWAN
Weighted 8280,90 8/1
THAILANDE
Thaï SE
738,96 8/1
AUSTRALIE
CHINE
14,90
11,80
EUROPE
RUSSIE
343,59 5/1
2480,90 5/1
Sem.
préc.
% var.
/heb.
Maxi
2008
Mini
2008
PER
PER
MARCHÉ DES CHANGES 8/1, 22h23
92,63500
0,69372
0,62387
1,02340
30,38
74,24
29,55
7,14
3,07
94,55
72,10
87,20
42,50
17,34
39,62
21,62
18,21
28,57
60,16
28,30
20,68
77,69
81,07
19,09
13,20
25,25
57,55
3,95
PORTUGAL
DAX Index 6037,61 8/1
Euro Neu Markt Price IX
919,14 8/1
AUTRICHE
Austria traded 2588,49 8/1
BELGIQUE
Bel 20 2591,64 8/1
DANEMARK
Horsens Bnex
353,23 8/1
ESPAGNE
Ibex 35 12163,00 8/1
FINLANDE
Hex General 6690,24 8/1
FRANCE
CAC 40 4045,14 8/1
CAC Next20 4673,61 8/1
CAC Mid100 6387,17 8/1
CAC Small 90 6185,61 8/1
SBF 250 2871,02 8/1
CAC IT20 3437,27 8/1
GRÈCE
ASE General 2327,57 8/1
HONGRIE
Bux 22197,11 8/1
IRLANDE
Irish Overall 3080,75 8/1
ITALIE
S&P Mib index 23811,13 8/1
LUXEMBOURG
Lux Index
PAYS BAS
Amster. Exc. Index
341,94 8/1
POLOGNE
WSE Wig 20 2440,42 8/1
ALLEMAGNE
Dollar
GDF SUEZ ..........................◗
GECINA ...............................◗
GEMALTO ...........................◗
GROUPE EUROTUNNEL ......
HAVAS ................................◗
HERMES INTL .....................◗
ICADE ..................................◗
ILIAD ...................................◗
IMERYS ...............................◗
INGENICO ...........................◗
IPSEN ..................................◗
IPSOS ..................................◗
JC DECAUX .........................◗
KLEPIERRE .........................◗
LAFARGE ...........................◗
LAGARDERE ......................◗
LEGRAND ...........................◗
L’OREAL .............................◗
LVMH MOET HEN. .............◗
M6-METROPOLE TV ..........◗
MAUREL ET PROM ..............◗
MERCIALYS.........................◗
MICHELIN ..........................◗
NATIXIS ..............................◗
Pays
Maxi
2008
UNION EUROPÉENNE
NEW YORK ($)
TOKYO (¥)
PARIS (¤)
LONDRES (£)
ZURICH (FR. S.)
Dernier
cours
11,80
13,60
15,50
13,30
18,70
17,00
AFRIQUE DU SUD
All share
BRVM
TAUX COURANTS
OR
Taux d’intérêt le 8/1
Taux de base bancaire ....................................6,60 %
Taux des oblig. des sociétés privées ...........4,54 %
Taux d’intérêt légal .........................................3,99 %
Vendredi 8 janvier 22h23
france
royaume-uni
italie
allemagne
japon
états-unis
suisse
Taux
3 mois
Taux
10 ans
Taux
30 ans
0,35
0,51
0,35
0,35
0,11
0,17
0,06
0,69
0,61
0,69
0,69
0,27
0,25
0,25
3,48
4,15
3,93
3,31
1,28
3,78
2,00
4,18
4,53
4,81
4,15
2,29
4,66
2,40
Marchés à terme le 8/1, 22h23
Echéance
paris
cac 40 ter.
1/10
euro notio. ERROR
euro st. 50 3/10
francfort
bund 10 ansERROR
londres
euribor 3m. 3/10
new york
dow jones ERROR
s. & poors
3/10
Premier
prix
Dernier
prix
Contrats
ouverts
4046,50 4056,50
348260
3023,00 3029,00 1979831
99,28
1134,50
99,30
1141,20
789193
318720
Crédit immobilier à taux fixe
taux effectif moyen ............................................5,52 %
usure ...................................................................7,36 %
Crédit immobilier à taux variable
taux effectif moyen ............................................5,60 %
usure ...................................................................7,46 %
Crédit consommation (- de 1 524 euros)
taux effectif moyen...........................................15,82 %
usure .................................................................21,09 %
Crédit renouvelable, découverts
taux effectif moyen...........................................15,54 %
usure .................................................................20,72 %
Crédit consommation (+ de 1 524 euros)
taux effectif moyen ............................................7,33 %
usure ...................................................................9,77 %
Crédit aux entreprises (+ de 2ans)
moyenne taux variable ......................................6,93 %
usure taux variable ............................................9,24 %
moyenne taux fixe ...............................................6,11 %
usure taux fixe ....................................................8,15 %
(Taux de l’usure : taux maximum légal)
131,91 8/1
134,38 4/1
130,91 7/1
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour l’exercice
courant. PER : FactSet JCF Estimates ; données : la Cote Bleue.
n/d : valeur non disponible.
TAUX
Taux
j.le j.
4876,30 4/1
16,10
250,38 7/1
610,94 7/1
1661,10 30/12
21689,22 4/1
12,90
25338,09 4/1
2175,71 31/12
1064,97 31/12
10608,14 4/1 20,00
912,48 4/1
1264,82 31/12 15,10
769,90 31/12
2863,45 31/12
8138,58 31/12 16,90
725,65 4/1
AFRIQUE
COTE D’IVOIRE
15,10
15,50
4963,60 7/1
256,64 6/1
629,39 4/1
1707,90 7/1
22548,03 7/1
26283,13 7/1
2233,37 6/1
1098,31 6/1
10791,04 5/1
937,02 7/1
1299,69 7/1
784,82 7/1
2945,06 7/1
8369,54 7/1
742,30 30/12
MÉTAUX
Cours
% var.
/heb.
ONCE D’OR EN DOLLAR ................1126,75
OR FIN KILO BARRE ..................20600,00
OR FIN LINGOT ..........................24800,00
PIÈCE 20 FR. FRANCAIS .................146,80
PIÈCE 20 FR. SUISSE .....................146,00
PIÈCE UNION LAT. 20 ......................147,50
PIÈCE 10 US$ .................................470,00
PIÈCE 20 US$ .................................930,50
PIÈCE 50 PESOS MEXICAINS ........945,00
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
DENRÉES
Vendredi 8 janvier 22h23
Cours
% var.
/heb.
BLE ($ CHICAGO) ...............................5,65
CACAO ($ NEW YORK) ................2705,00
CAFE (£ LONDRES) .....................................
COLZA (¤ PARIS) ............................288,50
MAÏS ($ CHICAGO) .............................4,21
ORGE ($ WINIPEG) .........................156,30
JUS D’ORANGE ($ NEW YORK) ......135,00
SUCRE BLANC (£ LONDRES) .........725,60
SOJA TOURT. ($ CHICAGO) ...........298,50
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
Vendredi 8 janvier 22h23
Cours
LONDRES
ALUMINIUM COMPTANT ($/T) ....................
ALUMINIUM À 3 MOIS ($/T).........................
CUIVRE COMPTANT ($/T) ..........................
CUIVRE À 3 MOIS ($/T) ...............................
ETAIN COMPTANT ($/T) ..............................
ETAIN À 3 MOIS ($/T) ...................................
NICKEL COMPTANT ($/T)............................
NICKEL À 3 MOIS ($/T) ...............................
PLOMB COMPTANT ($/T) ............................
PLOMB À 3 MOIS ($/T) ................................
ZINC COMPTANT ($/T) ...............................
ZINC À 3 MOIS ($/T) .....................................
NEW YORK
ARGENT À TERME ($/once) ...............18,46
PLATINE À TERME ($/once) .......................
% var.
/heb.
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
...............
PÉTROLE
Vendredi 8 janvier 22h23
Cours
% var.
/heb.
LIGHT SWEET CRUDE ......................83,48 ................
BRENT (LONDRES) ...........................81,46 ................
WTI (NEW YORK) ...............................82,66 ................
Enquête Horizons 17
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Photos du tournage d’« Invictus ».
Dès 1994, Nelson Mandela avait
désigné Morgan Freeman
pour jouer son rôle à l’écran.
La ressemblance entre
les deux hommes est devenue
évidente avec le temps.
KEITH BERNSTEIN/WARNER/THE KOBAL COLLECTION
Samuel Blumenfeld
E
n ce soir de décembre, Morgan
Freeman doit se rendre à Soweto pour assister à la première
d’Invictus, le nouveau film de
Clint Eastwood, où il incarne
Nelson Mandela. Le lendemain, l’acteur déjeunera dans la demeure de l’ancien président de l’Afrique du
Sud. Un rituel, depuis ce jour de 1994 où
le leader sud-africain, tout juste élu président en avril, le premier à la tête d’un
gouvernement non racial dans ce pays,
avait estimé, lors d’une conférence de
presse, que la vedette de Seven et d’Impitoyable serait l’acteur idéal pour l’incarner à l’écran. Morgan Freeman avait
alors cru que le ciel lui tombait sur la
tête. Il ne recherchait en aucun cas
pareille élection. « C’était une sanction. Si
Mandela me voulait, je devais assumer
cette responsabilité. »
En attendant de retrouver Nelson Mandela pour déjeuner, Morgan Freeman réside dans son quartier général habituel, à
Johannesburg, au Saxon, là où, après
vingt-sept années d’incarcération, le leader politique rédigea en 1990 ses Mémoires, Un long chemin vers la liberté. La
demeure a été, depuis, transformée en un
impressionnant palace, où l’on aperçoit
quelques touristes privilégiés. Freeman
ne les voit pas. L’acteur américain ne croise plus personne depuis longtemps au
Saxon, si ce n’est l’ombre tutélaire de Mandela. Freeman est devenu la mémoire
improbable de ce lieu, capable d’en dresser la topographie abstraite, avant sa rénovation. L’acteur a intégré depuis longtemps sa dimension symbolique. En terminant ici son livre, Mandela racontait
plus que l’histoire de sa vie. Il mettait également un point final à l’apartheid.
Morgan Freeman avait fixé des préalables auprès de Nelson Mandela avant de
travailler avec lui. Il était alors question
d’adapter à l’écran Un long chemin vers la
liberté. Pendant des années, Freeman a
obtenu un accès privilégié auprès du chef
d’Etat, le suivant des jours entiers dans
l’exercice de ses fonctions, « chose
qu’aucun autre leader n’aurait pu m’accorder ». Les deux hommes se sont ensuite
revus à intervalles réguliers. Dans la maison de Mandela, bien entendu, puis à New
York, Washington, Memphis et Monaco.
Freeman recherchait des détails physiques. La manière dont Mandela se tient,
marche et parle. « Je voulais tenir sa main.
Etablir un lien invisible. Interpréter Mandela consistait à l’incarner, pas à l’imiter. »
Au final, rien ne s’est produit. Un long
chemin vers la liberté, récit d’une vie, se
révélait un livre trop dense pour se plier
aux impératifs de durée d’un long métrage. Morgan Freeman a traversé ces
années auprès du président sud-africain
comme Fabrice del Dongo à la bataille de
Waterloo. Sans rien voir. Sans tout comprendre. A commencer par l’épisode qui
servira plus tard de base à Invictus, en l’occurrence la victoire en Afrique du Sud,
devant son public, de l’équipe nationale
lors de la Coupe du monde de rugby en
1995, transformée par Mandela en triomphe politique. En venant à bout de la Nouvelle-Zélande, les Springboks, emblème
de la suprématie blanche du temps de
l’apartheid, deviennent l’étendard d’une
nation, y compris pour sa majorité noire.
Lorsque Mandela termine en 1999 son
mandat de président, Freeman prend
d’abord la mesure de ce qui le sépare de
son modèle. Une enfance tranquille à
Charleston, dans le Mississippi, pour l’acteur, dans un quartier noir, où la ségrégation en vigueur dans les années 1940 le
préserve de toute manifestation raciste.
« Il n’y avait pas de violences, les Noirs ne
croisaient tout simplement jamais la route des Blancs. » Mandela était, lui, marqué au fer rouge de l’apartheid. Morgan
Freeman n’a jamais fait du retour en Afrique un préalable à son épanouissement
identitaire.
Même lorsqu’il avait réalisé, en 1992 au
Zimbabwe, son premier film, Bopha !, cen-
Lerôle
d’unevie
Morgan
Freeman
L’acteur américain personnifie Nelson Mandela
dans «Invictus», de Clint Eastwood, qui sort en France
le 13janvier. Pendant quinze ans, fasciné, il aura côtoyé
l’ancien chef d’Etat sud-africain, tourné autour de ce personnage,
si proche et si lointain, avant d’en trouver enfin la clé
sé se dérouler en Afrique du Sud, où il
n’avait pu se rendre faute d’obtenir une
autorisation de tournage, il imaginait
mal comment ce pays pourrait devenir
un jour le centre de gravité de son existence. « Je ne veux pas être catalogué comme afro-américain. Je ne suis pas africain.
Mon héritage n’a rien à voir avec l’Afrique. » Son héritage est américain. Il se
résume dans les sept lettres de son nom
d’esclave affranchi, ce Freeman qui signifie « homme libre ». « C’est mon histoire,
martèle l’acteur, et je réclame seulement
le droit de l’approfondir. »
«Interpréter
Mandela consistait
à l’incarner,
pas à l’imiter»
Morgan Freeman
Jamais, peut-être, Morgan Freeman
n’avait autant touché au cœur de son identité qu’en interprétant, en 1987, le maquereau de La Rue, de Jerry Schatzberg, le film
qui le révélait au grand public, à 50 ans
passés. Pauline Kael, l’influente critique
du New Yorker, se demandait alors s’il
n’était pas le meilleur acteur du monde.
Morgan Freeman avait partagé la vie d’un
proxénète à Chicago pour préparer son
rôle. « La chose la plus importante pour lui
était de tout savoir de ses prostituées, et de
s’assurer qu’elles ne sachent rien de lui. »
Pour l’acteur, le maquereau fait partie de
l’histoire des Noirs américains, au même
titre que la guerre civile. Il incarnait la
part maudite de la communauté aux
Etats-Unis, qui n’avait pas encore tout à
fait tourné la page de l’esclavage.
C’est en découvrant, en 2008, le livre
d’un journaliste anglais, John Carlin,
Déjouer l’ennemi : Nelson Mandela et le
jeu qui a sauvé une nation (publié en France par les éditions Ariane), récit détaillé de
l’accession de Mandela au pouvoir et de la
manière dont il instrumentalisa, avec
génie, la victoire de son pays en Coupe du
monde, que Morgan Freeman « tient »
Mandela. « Un seul coup de pied, le drop du
demi d’ouverture Joel Stransky, dans les
prolongations contre la Nouvelle-Zélande,
modifie les fondamentaux d’un pays. L’enceinte d’un stade concentrait les enjeux du
combat politique de Mandela. »
Freeman achète les droits de l’ouvrage
pour le proposer à Clint Eastwood, sous la
direction duquel il avait tourné Impitoyable (1992) et Million Dollar Baby (2004).
« Lui seul pouvait adapter ce livre. S’il avait
dit non, j’aurais laissé tomber et je ne
serais jamais devenu Mandela. Je me souvenais du Eastwood d’Un frisson dans la
nuit et de Josey Wales hors la loi, qui mettait sa masculinité à l’épreuve, exposait sa
vulnérabilité. Je recherchais cette sensibilité pour raconter cette histoire. En outre, un
film comme Bird, sa biographie de Charlie
Parker, montre qu’au-delà de son goût
pour le jazz Eastwood possède une connaissance profonde de la communauté noire. »
Surtout, Freeman avait trouvé dans ce
personnage la clé qui lui permettrait de
lier son histoire à celle de Mandela.
D
ans ses recherches, Freeman avait
pris la mesure du charisme si particulier de Mandela, qui concevait
son activisme à la manière d’un acteur.
Dans les années 1950, quand il était déjà
l’un des visages proéminents du mouvement anti-apartheid, le jeune Mandela
était tiré à quatre épingles. Il était le seul
Noir dont les costumes étaient confectionnés par le même tailleur que celui de
l’homme le plus riche du pays, le magnat
de l’or et des pierres précieuses, Harry
Oppenheimer. Dans une autre vie, Mandela aurait pu devenir une « matinee idol »,
un jeune premier hollywoodien.
D’autres facteurs objectifs sont entrés
en ligne de compte. Mandela s’apprêtait à
fêter son 77e anniversaire lorsque l’Afrique du Sud a remporté la Coupe du monde. Freeman avait 72 ans, en 2009, lors du
tournage d’Invictus au Cap.
La ressemblance physique entre Freeman et Mandela devenait évidente avec le
temps. Leur grande taille d’abord, et une
même silhouette filiforme. Les cheveux
ensuite, naturellement tournés vers l’arrière, plaqués sur le crâne, les tempes
apparentes, devenus gris prématurément. Il y avait, enfin, chez Mandela et
Freeman, une aptitude pour le sport de
haut niveau. La boxe que Mandela, étudiant en droit, pratiquait avec assiduité
dans les années 1930. La danse classique
et les claquettes chez Morgan Freeman
quand il envisageait une carrière de danseur à Broadway.
Plus que tout, le goût pour les pompes
réunit les deux hommes. Celles que le leader politique s’imposait chaque jour
durant les vingt-sept années de son incarcération, entre 1964 et 1990, dans l’île prison de Robben Island, puis dans celle de
Pollsmoor, dans la banlieue du Cap, où
son obsession pour sa condition physique rendait fous ses compagnons de cellule. Morgan Freeman s’infligeait le même
exercice pour parfaire son corps de danseur, « des heures parfois, jusqu’à vomir ».
Lorsqu’il ne travaille pas, Morgan lit.
Des livres d’histoire toujours. Il se penche
sur les différents conflits qui ont ensanglanté son pays. La seconde guerre mondiale à laquelle participa son père, au sein
de l’US Air Force. La guerre civile qui donna un nom à ses ancêtres. « L’histoire américaine fait l’impasse sur bien des épisodes.
Avant de tourner Glory en 1989, personne
ne savait que des Noirs avaient combattu
pendant la guerre civile. »
Au fil des ans, Freeman a appris à vivre
avec les fantômes d’un conflit qui l’a
façonné, participant activement à la production de deux documentaires télévisés
dont les titres ont valeur de manifeste :
The Civil War (1990) et Slavery and the
Making of America (2005). La « guerre
civile » et « l’esclavage et la construction
de l’Amérique », donc, obsessions d’un
homme qui gardera toujours un pied
dans le passé.
La fréquentation de Mandela a permis
à Freeman de prendre la mesure d’une
autre réalité. Installer un consensus dans
son pays n’a pas permis à cet exceptionnel chef d’Etat d’instaurer la paix chez lui.
Invictus est aussi le récit de cet échec personnel. Mandela était un homme seul,
séparé de sa femme depuis 1992, hanté
par la mort de son fils aîné, en 1969, puis
celle de son fils cadet en 2000. Il est devenu le père d’une nation, sans parvenir à
devenir un père de famille.
Demain, Morgan Freeman retournera
chez Nelson Mandela. Invictus et Clint Eastwood figureront au menu de ce déjeuner
rituel. Puis les deux hommes reprendront
le fil d’une conversation jamais interrompue pour confronter, une fois encore,
leurs fantômes respectifs. p
18 Horizons Débats
Revue
Haro
sur la pensée
française !
A
force de sacraliser la pensée française des sixties, de sanctifier la
déconstruction et de stariser la subversion subventionnée, cela devait bien
finir par arriver. Pas un inédit de Michel
Foucault (1926-1984) qui ne soit unanimement célébré, pas un tapuscrit de Roland
Barthes (1915-1980) qui ne soit uniformément commenté… Remixés et bien souvent dénaturés par quelques épigones en
mal de légitimité, les concepts phares de
la « pensée 68 » seraient devenus les mots
de passe d’une certaine radicalité distinguée. Au point que les concepts de « rhizome » ou de « multitude », de « spectacle »
ou de « biopouvoir » apparaissent aux
yeux de quelques iconoclastes comme les
références obligées d’un conformisme
subversif garanti par l’Etat et les médias.
Ce « trop de théorie » avait déjà été
débusqué par l’écrivain Annie Le Brun
qui, dans La Nouvelle Revue française
(n˚ 582), avait pointé le talon d’Achille de
cette pensée française largement plébiscitée aux Etats-Unis : sa capacité à réaliser
en pratique ce qu’elle dénonce en théorie.
En un mot, Annie Le Brun reprochait à la
French theory, au style « désespérément
universitaire », de n’être qu’une « combinaison de dispositifs de pouvoir, en fait
peu différents de ceux que ses représentants prétendirent dénoncer ». Ironie de
l’histoire, les principaux défricheurs de la
folie, de la déraison, de la délinquance, de
la différence et de la marginalité seraient
devenus les principales figures de la nouvelle officialité.
Créée en 2009, la revue L’Autre Côté a
décidé d’y consacrer son premier numéro
afin de résister à la séduction d’une pensée française dont on n’aurait retenu que
le jargon et le caractère abscons.
L’autre côté,
n˚1,
La French
Theory et
ses avatars,
82 pages,
15 ¤
Animée par Séverine Denieul, la directrice de la publication, et Jean-Marc Mandosio, essayiste et traducteur, la revue en
noir et blanc frappe fort. Jean-Marc Mandosio raille la flagornerie des « foucaultphiles » et des « foucaulâtres », capables
d’attribuer à Michel Foucault, non seulement une pensée, mais également un
«corps de gauche»… Séverine Denieul s’attache à démonter les boursouflures
conceptuelles de la théorie « Queer », tentative de dépasser les notions de sexe et
de genre notamment défendue par la philosophe américaine Judith Butler, dont le
« féminisme destructeur » oscillerait entre
fumeuses ruminations métaphysiques et
résignation politique. L’opération rappelle celle menée par Alain Sokal et Jean Bricmont dans Impostures intellectuelles
(1997), démontage corrosif des usages
abusifs des mathématiques ou des sciences physiques par certains maîtres de la
philosophie contemporaine.
Il y a beaucoup de pertinence et d’impertinence, de justesse et d’injustice dans
ce numéro de L’autre côté. Quelques raccourcis aussi. Car la boîte à outil de la
French theory a produit autant d’inepties
que d’œuvres réussies. Difficile aussi de
ranger des auteurs parfois très disparates
dans le même panier d’une postmodernité qui aurait renvoyé les notions de vérité
et d’objectivité dans les poubelles de l’Histoire. Tout n’est pas relativisme, cynisme
ou ésotérisme jargonnant dans la pensée
critique française étudiée sur les campus
américains. Loin des agitateurs patentés
d’idées pseudo-subversives, beaucoup
cherchent même encore à soustraire la
philosophie du pathos de la fin, tout comme le philosophe Jacques Bouveresse,
dont la revue s’inspire, chercha dans les
années 1980 à maintenir les conditions
d’une recherche de la vérité face au relativisme généralisé. La théorie française est
parfois survendue. Mais elle n’est pas univoque. Il faut également aller voir de
l’autre côté de son miroir déformant. p
Nicolas Truong
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Pour éviter la désintégration du «système Terre», il faut
d’urgence changer nos modes de pensée et de vie. Tout est
à transformer pour trouver de nouvelles raisons d’espérer
Eloge de la métamorphose
Q
uand un système est incapable
de traiter ses problèmes
vitaux,il se dégrade, se désintègreoualorsil estcapabledesusciter un meta-système à même
de traiter ses problèmes : il se
métamorphose. Le système Terre est incapabledes’organiser pourtraitersesproblèmes vitaux : périls nucléaires qui s’aggravent avec la dissémination et peut-être la
privatisationdel’armeatomique;dégradation de la biosphère ; économie mondiale
sans vraie régulation; retour des famines;
conflits ethno-politico-religieux tendant à
se développer en guerres de civilisation.
L’amplification et l’accélération de tous
ces processus peuvent être considérées
comme le déchaînement d’un formidable
feed-back négatif, processus par lequel se
désintègre irrémédiablement un système.
Le probable est la désintégration. L’improbablemais possibleest lamétamorphose. Qu’est-ce qu’une métamorphose ?
Nousen voyons d’innombrables exemples
dans le règne animal. La chenille qui s’enferme dans une chrysalide commence
alors un processus à la fois d’autodestruction et d’autoreconstruction, selon une
organisation et une forme de papillon,
autre que la chenille, tout en demeurant le
même. La naissance de la vie peut être
conçue comme la métamorphose d’une
organisation physico-chimique, qui, arrivée à un point de saturation, a créé la métaorganisation vivante, laquelle, tout en
comportant les mêmes constituants physico-chimiques, a produit des qualités
nouvelles.
La formation des sociétés historiques,
au Moyen-Orient, en Inde, en Chine, au
Mexique, au Pérou constitue une métamorphose à partir d’un agrégat de sociétés
archaïques de chasseurs-cueilleurs, qui a
produit les villes, l’Etat, les classes sociales,
la spécialisation du travail, les grandes religions, l’architecture, les arts, la littérature,
la philosophie. Et cela aussi pour le pire : la
guerre, l’esclavage. A partirdu XXIe siècle se
pose le problème de la métamorphose des
sociétés historiques en une société-monde
d’un type nouveau, qui engloberait les
Etats-nations sans les supprimer. Car la
poursuitedel’histoire,c’est-à-diredesguerres, par des Etats disposant des armes
d’anéantissement, conduit à la quasi-destruction de l’humanité. Alors que, pour
Fukuyama,les capacitéscréatrices del’évolution humaine sont épuisées avec la
démocratie représentative et l’économie
libérale,nousdevons penser qu’aucontraire c’est l’histoire qui est épuisée et non les
capacités créatrices de l’humanité.
L’idée de métamorphose, plus riche
que l’idée de révolution, en garde la radicalité transformatrice, mais la lie à la conservation (de la vie, de l’héritage des cultures). Pour aller vers la métamorphose,
comment changer de voie ? Mais s’il semble possible d’en corriger certains maux, il
est impossible de même freiner le déferlement techno-scientifico-économico-civilisationnel qui conduit la planète aux
désastres. Et pourtant l’Histoire humaine
a souvent changé de voie. Tout commence, toujours, par une innovation, un nouveau message déviant, marginal, modeste, souvent invisible aux contemporains.
Ainsi ont commencé les grandes religions : bouddhisme, christianisme, islam.
Le capitalisme se développa en parasite
des sociétés féodales pour finalement
prendre son essor et, avec l’aide des royautés, les désintégrer.
La science moderne s’est formée à partir
de quelques esprits déviants dispersés,
Galilée, Bacon, Descartes, puis créa ses
réseaux et ses associations, s’introduisit
dans les universités au XIXe siècle, puis au
XXe siècle dans les économies et les Etats
pour devenir l’un des quatre puissants
moteursdu vaisseauspatial Terre. Lesocialisme est né dans quelques esprits autodidactes et marginalisés au XIXe siècle pour
devenir une formidable force historique
au XXe. Aujourd’hui, tout est à repenser.
Tout est à recommencer.
Tout en fait a recommencé, mais sans
qu’on le sache. Nous en sommes au stade
de commencements, modestes, invisibles,
Edgar Morin
Sociologue et philosophe
MARTIN BUREAU/AFP
Né en 1921, Edgar Morin est directeur de recherches
émérite au CNRS, président de l’Agence européenne
pour la culture (Unesco) et président de l’Association
pour la pensée complexe. En 2009, iI a notamment publié
« Edwige, l’inséparable » (Fayard). A lire également, « La
Pensée tourbillonnaire - Introduction à la pensée d’Edgar
Morin », de Jean Tellez (éditions Germina)
marginaux, dispersés. Car il existe déjà, sur
tous les continents, un bouillonnement
créatif, une multitude d’initiatives locales,
dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive,
ou éducationnelle, ou éthique, ou de la
réforme de vie.
Ces initiatives ne se connaissent pas les
unes les autres, nulle administration ne
les dénombre, nul parti n’en prend
connaissance. Mais elles sont le vivier du
futur. Il s’agit de les reconnaître, de les
recenser, de les collationner, de les répertorier, et de les conjuguer en une pluralité de
chemins réformateurs. Ce sont ces voies
multiples qui pourront, en se développant
conjointement, se conjuguer pour former
la voie nouvelle, laquelle nous mènerait
vers l’encore invisible et inconcevable
métamorphose.Pourélaborerles voies qui
se rejoindront dans la Voie, il nous faut
nous dégager d’alternatives bornées, auxquelles nous contraint le monde de
connaissance et de pensée hégémoniques.
Ainsi il faut à la fois mondialiser et démondialiser, croître et décroître, développer et
envelopper.
L’orientation mondialisation/démondialisation signifie que, s’il faut multiplier
les processus de communication et de planétarisation culturelles, s’il faut que se
constitue une conscience de « Terrepatrie », il faut aussi promouvoir, de façon
démondialisante, l’alimentation de proximité, les artisanats de proximité, les commerces de proximité, le maraîchage
périurbain, les communautés locales et
régionales.
L’orientation « croissance/décroissance» signifie qu’il faut faire croître les services, les énergies vertes, les transports
publics, l’économie plurielle dont l’économie sociale et solidaire, les aménagements
d’humanisationdesmégapoles,les agricultures et élevages fermiers et biologiques,
mais décroître les intoxications consommationnistes, la nourriture industrialisée,
la production d’objets jetables et non réparables, le trafic automobile, le trafic
camion (au profit du ferroutage).
L’orientation développement/enveloppement signifie que l’objectif n’est plus
fondamentalement le développement des
biensmatériels,del’efficacité,delarentabilité, du calculable, il est aussi le retour de
chacun sur ses besoins intérieurs, le grand
retour à la vie intérieure et au primat de la
compréhension d’autrui, de l’amour et de
l’amitié.
Il existe déjà, sur tous
les continents,
unbouillonnement
créatif»
Il ne suffit plus de dénoncer. Il nous faut
maintenant énoncer. Il ne suffit pas de rappeler l’urgence. Il faut savoir aussi commencer par définir les voies qui conduiraient à la Voie. Ce à quoi nous essayons de
contribuer. Quelles sont les raisons d’espérer ? Nous pouvons formuler cinq principes d’espérance.
1. Le surgissement de l’improbable. Ainsi la résistance victorieuse par deux fois de
la petite Athènes à la formidable puissance
perse, cinq siècles avant notre ère, fut hautement improbable et permit la naissance
de la démocratie et celle de la philosophie.
De même fut inattendue la congélation de
l’offensive allemande devant Moscou en
automne 1941, puis improbable la contreoffensive victorieuse de Joukov commencée le 5 décembre, et suivie le 8 décembre
par l’attaque de Pearl Harbor qui fit entrer
les Etats-Unis dans la guerre mondiale.
2. Les vertus génératrices/créatrices
inhérentes à l’humanité. De même qu’il
existe dans tout organisme humain adulte
des cellules souches dotées des aptitudes
polyvalentes (totipotentes) propres aux
cellules embryonnaires, mais inactivées,
de même il existe en tout être humain, en
toutesociétéhumaine desvertus régénératrices, génératrices, créatrices à l’état dormant ou inhibé.
3. Les vertus de la crise. En même temps
que des forces régressives ou désintégratrices, les forces génératrices créatrices
s’éveillent dans la crise planétaire de l’humanité.
4. Ce à quoi se combinent les vertus du
péril : « Là où croît le péril croît aussi ce qui
sauve.» La chance suprême est inséparable
du risque suprême.
5. L’aspiration multimillénaire de l’humanité à l’harmonie (paradis, puis uto-
pies, puis idéologies libertaire
/socialiste/communiste, puis aspirations et révoltes juvéniles des années
1960). Cette aspiration renaît dans le
grouillement des initiatives multiples et
dispersées qui pourront nourrir les voies
réformatrices, vouées à se rejoindre dans
la voie nouvelle.
L’espérance était morte. Les vieilles
générations sont désabusées des faux
espoirs. Les jeunes générations se désolent
qu’il n’y ait plus de cause comme celle de
notre résistance durant la seconde guerre
mondiale. Mais notre cause portait en ellemême son contraire. Comme disait Vassili
Grossman de Stalingrad, laplus grande victoire de l’humanité était en même temps
sa plus grande défaite, puisque le totalitarismestalinienensortait vainqueur. Lavictoire des démocraties rétablissait du
même coup leur colonialisme. Aujourd’hui, la cause est sans équivoque, sublime: il s’agit de sauver l’humanité.
L’espérance vraie sait qu’elle n’est pas
certitude. C’est l’espérance non pas au
meilleur des mondes, mais en un monde
meilleur. L’origine est devant nous, disait
Heidegger.Lamétamorphoseseraiteffectivement une nouvelle origine. p
Nouvel An par Chappatte
Sur la carte : « Bonne année de la part d’Al-Qaida » ; l’agent de la CIA : « Ça, c’était posté du Yémen. »
Dessin de Chappatte paru dans l’« International Herald tribune ». [email protected]
Débats Horizons 19
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Pas facile d’imaginer «Sisyphe heureux» dans l’Algérie contemporaine
Les atrocités de la décennie sanglante ( 1990-2002) ramènent à Camus
A
Stockholm le 10 décembre
1957, Albert Camus disait
avec les mots puisés dans la
lumière et la misère de sa terre algérienne qu’il était
«voué à tirer de son être double les créations qu’il essaie obstinément
d’édifier dans le mouvement destructeur de
l’histoire ». Le 11 décembre 1957, l’histoire
emportait mon père assassiné par un
enfant de sa ville. Le 12décembre, au foyer
des étudiants de Stockholm, interpellé par
un Algérien, l’enfant de Belcourt lança à la
face du monde: «Je crois à la justice, mais je
défendrai ma mère avant la justice. » Malgré ses correspondances troublantes,
Camus n’était pas encore entré dans ma
vie. C’est sa mort qui le fera surgir entre les
murs du lycée de Benaknoun. Le 5 janvier
1960 plus exactement, notre classe de philos’enflamma,etcettefois,Françaiset Algériens étaient d’accord: Camus le traître est
mort!
Inscrits au programme, je venais de
découvrir en cette année 1960 : Noces à
Tipaza – «Je comprends ici ce qu’on appelle
gloire : le droit d’aimer sans mesure » –, Le
Mythe de Sisyphe, L’Etranger. Souvenir
lumineux de mes lectures sous les arbres
du parc du lycée. Je cherchais et je trouvais
dans ces pages les mots pour comprendre
et accepter mon désir de bonheur que l’absurdité du destin cruel tenait loin de moi,
inaccessible et coupable. J’apprenais aussi
que la beauté était d’autant plus souveraine qu’elle naissait de cette absurdité
même, car toutes choses étaient périssables. J’apprenais aussi le sens du mot liberté à cent lieues de celui de libération qui
occupait tous les esprits.
J’en savais déjà la force subversive, il la
disaitparfaitement. «Dansce grandtemple
déserté par les dieux, toutes mes idoles ont
des pieds d’argile. » Aussi, les batailles
autour de leur Camus ne m’intéressaient
pas, et comme j’avais appris à échapper à la
fougue des rouleaux de la mer, je plongeais
en apnée avec les mots limpides de mon
Camus. De ces lectures est née une reconnaissance qui me lie à lui pour toujours.
C’est avec lui que je fuirai les vertus joyeuses du socialisme quand je chercherai refuge loin des chantiers bruyants de la Révolution agraire et de la reconstruction.
Wassyla Tamzali
Avocate, directrice des droits des
femmes à l’Unesco, auteur d’« Une
femme en colère » (Gallimard, 2009)
Et puis surtout en cette année 1960, la
querelle sur « la justice et ma mère » venait
trop tard pour moi. L’histoire avait choisi,
la violence avait fait son œuvre, et j’attendais la justice qui comblerait le trou creusé
par la mort de mon père. Mais la justice
n’est pas venue, la violence ne s’est pas tue.
Elle restait là, tapie sous le rêve d’un pays
fraternel, incrustée dans notre histoire.
Dans les années 1990, elle explosa. Mon
pays se réveilla en proie à une guerre fratricide. Alors je suis retournée à Camus.
Aprèsunlong« détour».J’avaisété déso-
Ces hommes
qu’il nomme Arabes
pourquoi refuse-t-il
de les appeler Algériens ?»
rientée par son mutisme devant le désir de
liberté des hommes de cette terre qu’il
connaissait si bien. Comment avait-il pu
être à ce point sourd à notre désir d’être
libres ? Avait-il comme Meursault le cœur
aveugle ? Ces hommes qu’il nomme Arabes tout le long de ses écrits, ses conférences,pourquoirefuse-t-ildelesappeler Algériens? Comment ne pas y voir une volonté
d’occulter notre appartenance à cette terre,
et le lien de ce pays avec nous. Une posture
anhistorique, jusque dans sa réponse à l’AlgériendeStockholm,etc’estcequime frappeleplus aujourd’hui:« Jamaisjen’ai parlé
ainsi à un Arabe ». L’Algérien, c’est lui
Camus. Plus encore, Camus, le romancier
de la condition humaine dans ce qu’elle a
d’absurde et de tragique, nous a gommés
du Roman de la vie. Il ne nous donna pas la
chance de raconter notre histoire. Il nous
voyait à peine dans nos villes : « Alger est
plutôt italienne. L’état cruel d’Oran a quelque chose d’espagnol. Constantine fait penser à Tolède. Les cités dont je parle sont des
Albert Camus recevant le prix Nobel de littérature, en 1957. ROGER-VIOLLET
villes sans histoire. » Absence d’histoire
qu’il revendique pour justifier une Algérie
qui n’existerait que fécondée par son
regard, son amour.
Que proposait-il en réponse à cette
volonté d’indépendance des Arabes ? Des
constructions politiques hasardeuses par
lesquellesilessayepathétiquementde donner corps à la fiction d’un pays avec deux
peuples. Un pays helvétisé. Comme les
pieds noirs libéraux, il pensait que le régime colonialpouvait s’amender,etque si on
avait fait les réformes sociales nécessaires,
les Arabes n’auraient jamais réclamé leur
indépendance. Quel fourvoiement ! Dans
ma maison opulente, on ne rêvait que d’indépendance, même quand la mort frappa
sous les traits d’un jeune Kabyle.
Les années 1990 me ramènent à lui. Les
crimes innommables, les assassinats
d’hommes et de femmes algériens, certains mes amis, par des Algériens me
replongent dans la violence politique. La
déclaration que j’avais refusé d’entendre,
cinquante ans avant – « J’ai toujours
condamnélaterreur,jedoiscondamneraussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément…
Je crois à la justice, mais je défendrais ma
mère… » – prenait un sens nouveau. Et
urgent. Ce que je m’étais interdit de penser,
« entre la justice et mon père », tant les
mots sont impossibles,quand la vie avance
avec des exigences égales et opposées,
venait lentement à la surface. Après ce long
détour, je comprenais enfin ce qu’Albert
Camus avait essayé de dire, avec trop de
mots sans doute, un agaçant donneur de
leçon disaient de lui ses amis, s’épuisant
dans de longues explications pour maintenir entier l’enchantement de la jeunesse, ce
tempsdel’innocenceoùil n’étaitpasnécessaire de choisir entre la justice et sa mère, la
justice et son père. Il semble alors que sa
plume ardente et prolixe n’est là que pour
mieux fuir devant la réalité de l’histoire,
indifférente et silencieuse comme Catherine, la mère, de ce silence qui l’obsède.
Qu’importe, ces pages tomberont dans
l’oubli. Ce qui reste, ce que j’entendais moi
danslesnuitsfiévreusesdela décennienoire qui assombrissait mon pays de lumière,
c’est que si la violence était nécessaire elle
n’était jamais justifiable. «Il était pour ainsi dire cette inaltérable affirmation », dira
Jean-Paul Sartre. L’enfant d’Alger, à travers
lejeuneAlgériendeStockholm,lefrèredouloureux dont il se sent plus proche que des
Français, nous exhortait, nous jeunes Algériens nés de la guerre, des maquis, de la torture, des attentats, des liquidations sommaires, de ne jamais accepter la violence
comme moyen politique. Il nous demandaitdeprendrelecheminétroitentrelaviolence nécessaire et la violence injustifiable.
Une voie étroite, celle de la morale politique, la seule qui met fin à l’emprise de la
violence sur nos vies quand elle n’est plus
nécessaire. Sans cela, les raisons de la violencesontchaque foisrenouvelées, etjustifiées. Et, inexorablement la violence se
transmet d’une génération à l’autre plus
sûrement que l’art de la moisson et de la
cueillette des olives.
Sortir de la violence est difficile à penser,
et encore plus à faire. Une tâche colossale. Il
faut vaincre pour cela le mépris des hommes chez ceux qui commandent, la peur
chez les autres, les haines. Faut-il désespérer ? Camus nous donne en exemple Sisyphe, voué par les dieux à une tâche absurde. Il nous dit aussi que contre les dieux,
Sisyphe, parce qu’il comprend sa condition
tragiqued’homme, trouve la liberté de narguer ces mêmes dieux.
Aussi sombres que soient les temps que
nous vivons, l’Algérie encore, cette liberté
trouvée, nous place au-dessus du malheur,
et nous donne le goût de l’action. Avec
Albert Camus, il nous reste le choix de croire Sisyphe heureux. p
aLire aussi un hors-série du «Monde » ,
«Albert Camus : la révolte
et la liberté », 122 pages, 6,50 ¤.
Fallait-il préférer sa mère à la justice ou affronter les ultras de l’OAS?
Quand le courage était du côté d’un «prof de philo» méconnu d’Oran
L
e professeur dephilosophieparlait de liberté et d’engagement
et moi je me disais qu’il n’était
pas le mieux placé pour discourir sur des catégories qu’il semblait avoir en exécration : dictant ses cours, cassant et sarcastique, ramenant tout à un bergsonisme invraisemblable, il n’avait pas – c’est le moins que l’on
puisse dire – la cote auprès des élèves. Ce
jour-là, il demanda inopinément, en regardant vaguement dans ma direction, qu’on
– il ne nommait pas sa piétaille – évoquât
des noms de penseurs engagés. Je citai Sartre et Camus.
Cela se passait durant l’année scolaire
1960-1961, dans un lycée d’Oran,deuxième
ville d’Algérie, dans une classe de terminale philo qui ne comptait que deux Arabes,
sous-ensemble étique, certes, dont je faisais partie. Le professeur me foudroya du
regard et me dit, sur un ton méprisant :
«Savez-vous qu’à l’occasion de la remise du
prix Nobel, M. Camus a été pris à partie par
un étudiant algérien sur son silence à propos de la guerre qui a lieu ici et que
M.Camus a répondu qu’il préférait sa mère
à la justice ?»
Je n’en savais rien. Tout avait entretenu
mon ignorance jusque-là : l’âge, le confinement de l’internat mais surtout la censure
de tout ce qui touchait aux «événements ».
Censure officielle et censure subjective :
mafamillecomptantbeaucoupde nationalistes morts ou croupissant en détention,
elle redoutait que je n’eusse à encourir
l’anathème de « famille de fellaghas » qui
était déjà notre lot au village natal – et
d’abord de la part de certains de nos voisins
arabes. J’étais écrasé de honte. Le silence
qui suivit la saillie du professeur fut de
plomb et dura une éternité. Je me sentais
comme livré tout entier à ma propre mort
Messaoud
Benyoucef
Ancien professeur de philosophie,
écrivain, auteur du « Nom du père »
(éd. de L’Embarcadère, 2005)
symbolique et le professeur devait veiller à
cequeriennevîntadoucirle travaildemortification qui était à l’oeuvre chez l’impétrant insensé qui avait perdu une occasion
de ne pas l’ouvrir.
La nature exacte de ce qui venait de se
produire ne commencera à se dévoiler à
moi que quelques semaines plus tard,
après que le professeur aura fait un autre
écart – un pas de côté – pour dénoncer
avec des mots cinglants, et sur une tonalité que nous ne lui connaissions pas, ce qui
était arrivé une journée auparavant : la ville, subitement, avait été prise de l’un de
ses accès de folie homicide que l’on nommait « ratonnade » et qui la laissait pantelante et ivre de sang. Les lettres de menace,
bientôt suivies d’attentats à l’explosif,
n’intimidèrent pas l’homme qui prolongea ses diatribes contre les auteurs de ces
actes par des articles dans le seul journal
capable de les accueillir, Oran républicain,
un quotidien de gauche, l’homologue d’Alger républicain.
Je considérais, éberlué, un homme seul
défiant et combattant par le verbe ce qui
était en train de devenir, à vue d’œil, une
toute-puissante organisation armée qui
allait plonger la ville dans un cataclysme. Je
compris alors que ma malencontreuse
réponse avait servi de prétexte bienvenu à
quelqu’un qui avait décidé d’en découdre
dans les pires conditions qui se puissent
imaginer,simplement parcequ’iln’enpouvait plus de se taire.
Pourledireautrement,jecomprisquela
chose politique avait fait une entrée retentissante dans le sanctuaire clos et supposé
neutre du savoir et ce, par décision de celui
dont c’est le devoir de garantir l’étanchéité
des « lieux » aux scories du monde extérieur. Et d’un mot, d’un seul, le professeur
avait fait de son coup de sabot à Camus une
force de dissolution immédiate de tout le
théâtre d’ombres parquoi la véritédes choses était travestie : plus encore que le mot
«guerre », celui d’« algérien » était le tabou
suprême ; or il avait été prononcé et cela
valait, ipso facto, reconnaissance d’une
appartenancepolitiquepropreà unpeuple
auquel ce droit était encore dénié.
La classe – ce groupe d’élèves unis, bon
an mal an, par les nécessités du management pédagogique – ne s’en remit pas ; le
professeur cristallisa, en effet, sur sa personne la haine des élèves les plus politisés,
ceuxque l’ondésignaitàl’époquepar leterme d’ultras. L’émergence de ce petit groupe délimita par effet spontané les contours
des autres sous-ensembles : les tièdes,
majoritaires et suivistes, les rebelles à l’ordre ultra, les trois qu’il me faut nommer
(Joseph,Pierre et Saïman,ces deux derniers
me sauveront simplement la vie lors d’une
ratonnade) et les deux Arabes que nous
étions, élevés maintenant, à nos propres
yeux, à la dignité politique d’Algériens.
Cette première chose qu’accomplit le
professeur, appelons-la reconnaissance, catégorie par laquelle advient généralement l’atomisation des fantasmes
unicitaires.
Mais par son rejet du paralogisme fallacieux de l’écrivain – présentant sous la forme d’une disjonction exclusive, ou ma
mère ou la justice, ce qui n’était que l’aveu
candide qu’il ne pouvait imaginer pour sa
mère d’autre statut que celui que lui garantissaitl’oppressiond’unpeuple–,notreprofesseur nous disait quelque chose que je
compris comme ressortissant à l’essence
même de la vie : il faut oser penser contre
« la mère » justement, contre l’ordre de la
tribu, contre l’ordre du sang.
Cette seconde chose-là, appelons-la,
comme le poète, « la petite voix qui dit
non»,oubiencommelephilosophe,principe de négativité, pour célébrer la divine
puissance du négatif (et aussi, je l’avoue,
pour donner quelque chose en pâture à
mon surmoi hégélien). La leçon de mon
Je considérais, éberlué,
unhomme seul
défiant et combattant
par le verbe ce qui était
en train de devenir
une toute-puissante
organisation armée»
professeur se dégageait, maintenant, dans
l’éclat du concept: pour avoir été incapable
de consentir au négatif, pour avoir craint
de se hisser sur ses sommets solitaires,
Camus se fermait les voies de la reconnaissancede l’autre parquoi l’on esthumain. Et
la formule peut aussi se lire dans le sens
inverse.
Et voyez comme vont les choses : c’est
au moment précis où l’on feint de débattre
de l’image de soi pour mieux stigmatiser
ceux que l’on accuse de ne pas avoir renoncé à l’ordre et aux oripeaux de la tribu, que
l’on élève Camus – cet homme qui n’a pas
renoncé à l’ordre de sa tribu – au rang de
totem national.
Ces temps, décidément, sont scélérats
qui voient le Barnum indécent de ceux qui
sont revenus de tout, de ceux qui ont renié
tout et son contraire, de ceux qui n’attendaient qu’un alibi solide pour se soustraire
à leur simple devoir d’humain, de ceux qui
ne rêvaient que de dénoncer les « pièges de
l’engagement » pour pouvoir se consacrer
– enfin ! – à leur petitesse, s’ébranler pour
de fabuleuses ripailles derrière une effigie
qui n’en peut mais, certes, mais qui aurait
dû y penser.
Voilà pourquoi, dès que j’entends
« Camus », je dégaine mon prof de philo,
l’hommequim’aappris cequ’être unhommeveut dire,l’hommequia renduà jamais
impossible que je puisse devenir ségrégationniste ou rentier d’une culture de la dette et/ou de la haine à l’endroit d’un pays et
d’une nation qui m’auront autant mutilé
que régénéré.
Mais j’allais oublier : au mois de juin,
après avoir passé la dernière épreuve du
bac et alors que j’attendais dans la cour
d’honneur le moment propice – celui où
les groupes de jeunes Européens se disperseraient – pour quitter le lycée et rentrer
chez moi, je vis, se dirigeant vers moi, un
condisciple ; c’était le chef des ultras de la
classe ! Il me dit que je n’avais, désormais,
nul intérêt à me trouver en ville (entendons:lavilleeuropéenne)etquesicelaarrivait et qu’il me rencontrât, il me ferait la
peau,lui-même.C’estainsiqu’ilparla,posément, calmement puis il ajouta : « Et voilà
pour ton prof !», en me tendant un bout de
papier. C’était un tract. Il y était écrit : « Yves
Vié-LeSage, chrétien-progressiste. Condamné à mort ». La signature comportait les
trois lettres de l’entreprise de l’Apocalypse
[OAS, Organisation armée secrète]. p
20 Culture
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Epoustouflant
Denis Podalydès
en Dr. Jekyll
Au Théâtre de Chaillot, l’acteur
interprète le héros de Stevenson
Théâtre
Q
ui est-elle, cette étrange créature qui s’avance dans la
pénombre ? Un homme ? Un
monstre ? Un comédien ? Ou tout
cela à la fois, que résume, sur le
plateau de la salle Gémier, au
Théâtre de Chaillot, un acteur
magique : Denis Podalydès, qui
interprète et met en scène Le Cas
Jekyll, réécriture contemporaine,
par l’auteure française Christine
Montalbetti, du mythe inventé
par Robert-Louis Stevenson à la
fin du XIXe siècle.
C’est le spectacle qui va faire
fureur à Paris, en cette rentrée de
janvier, avant de (re)partir en tournée un peu partout en France jusqu’à l’été (il a été créé à la maison
de la culture d’Amiens en mai
2009) : parce qu’il est fin, drôle, et
enveloppe délicatement son intelligence dans les replis d’un pur
plaisir théâtral. Et que Denis Podalydès y est plus que jamais époustouflant, dans cette partition qu’il
s’est taillée à sa mesure.
Il faut dire qu’elle semble faite
pour lui, l’histoire du respectable
Dr. Jekyll et de son double noir,
Hyde, hantant de ses forfaits les
bas-fonds de Londres, tant elle se
loge au cœur même du mystère de
l’acteur, cet explorateur par essen-
ce des zones les plus obscures de
l’homme. Le voici donc tel qu’on
le découvre dans son antre victorien de guingois, ce Dr. Jekyll qui
d’emblée, dans la confession qu’il
livre de son inquiétante aventure,
plonge le spectateur dans l’espace
d’un récit et d’un mystère trop
rares sur les scènes françaises : un
petit homme tout ce qu’il y a de
respectable, en costume de tweed
brun bien coupé (par Christian
Lacroix).
Mais voilà : « La vérité, c’est que
la vie studieuse que je menais alors
me paraissait, comment dire, une
chose étriquée. » Alors, Jekyll
inventa Hyde, créature de pulsions, libérée de toute morale. Et
Hyde prit peu à peu possession de
Jekyll, comme un rôle prend peu à
peu possession d’un comédien, en
Alors, Jekyll inventa
Hyde, créature
de pulsions, libérée
de toute morale
une troublante opération de
dédoublement à l’intérieur d’un
même être.
Ce qui est totalement jouissif,
dans ce Cas Jekyll, c’est que la transformation progressive de Jekyll
Denis Podalydès en pleine transformation en monstre velu, dans « Le Cas Jekyll ». AGATHE POUPENEY
en Hyde offre à la fois la matière
d’un formidable suspense théâtral, et une extraordinaire matière
de jeu pour Denis Podalydès. C’est
peu de dire que les métamorphoses de l’acteur sont fascinantes.
Elles n’ont pourtant rien de spectaculaire. Quelques signes – deux
mains velues, une perruque – y
suffisent. Mais le corps du comédien, à l’image de ce que constate
le savant fou qu’il incarne –
« Notre corps est éminemment
plastique et malléable », affirme
Jekyll – se transforme insensiblement au fil de la représentation.
Il y a par moments des échos de
Le «Pocahontas bolivien» reconstitué
U
n film muet à la gloire des
Indiens précolombiens
vient d’être restauré en
Bolivie, quatre-vingts ans après
son tournage,. Wara Wara était
sorti en salles à La Paz en janvier 1930, puis avait disparu de la
circulation, sans qu’aucune copie
ne soit conservée.
Producteur de la restauration,
Eduardo Lopez Zavala est fasciné
par cette œuvre indigéniste, un
cas unique dans le cinéma des premiers temps en Amérique latine.
« C’est le Pocahontas bolivien »,
s’exclame-t-il. Dans son atelier de
La Paz, ce jour-là, on travaille sans
relâche le soir pour peaufiner les
derniers détails. Il espère présenter bientôt le film, accompagné
de la publication des œuvres
musicales, picturales et littéraires
de José Maria Velasco Maidana
(vers 1900-1989), interprète et réalisateur de Wara Wara.
Créateur polyvalent, Velasco
Maidana appartenait à une avantgarde intellectuelle à la fois
www.zigzag-territoires.com
BERLIOZ I SYMPHONIE FANTASTIQUE I LE CARNAVA L ROMAIN I ANIMA ETERNA BRUGGE
JOS VAN IMMERSEEL
ANIMA ETERNA BRUGGE
& ZIG-ZAG TERRITOIRES
présentent
Sorties
vendredi 8 janvier 2010
Maestro Arte
la 5e symphonie de Beethoven
dimanche 10 janvier 2010
Le tempérament frondeur de Jos van Immerseel aidant, l’accent se porte
sur la gaieté irrévencieuse de Beethoven, ses défis insolents... L’allégresse
décomplexée, la virtuosité roborative des musiciens d’Anima Eterna rendent à
la musique de Beethoven sa rugueuse tonicité.
Gilles Macassar I ffff Telerama I 23/04/08
Concerts Symphonie fantastique de Berlioz aux
Folles Journées de Nantes les 29 et 30 janvier 2010
moderne, liée aux innovations
comme le cinéma, et traditionaliste, à la recherche des racines de la
nation. Sa démarche rejoint les
peintres, écrivains et photographes du Cuzco, qui ont lancé à la
même époque – les années 1920 –
un mouvement indigéniste au
Pérou.
En 1989, Mario Fonseca
Velasco, neveu du réalisateur, a
trouvé dans un placard 70 boîtes
contenant des centaines de morceaux de négatif nitrate, hautement inflammable. A défaut
d’une copie du film, Fernando Vargas a reconstruit le montage à la
manière d’un puzzle, aidé par une
pièce théâtrale à l’origine de l’argument et des récits publiés par
la presse lors de la sortie.
« Petite superproduction »
Wara Wara, sous-titré « le drame d’une race », évoque le XVIe siècle, lorsque les Espagnols détruisirent la société andine. Une scène
présente l’exécution au garrot de
l’Inca Atahualpa. Une princesse
indienne s’éprend d’un conquistador au prénom significatif, Tristan, joué par Velasco Maidana luimême, qui s’est souvenu sans
doute de la tradition courtoise et
du romantisme allemand.
Le tournage a eu lieu dans des
extérieurs des environs de La Paz
et sur le lac Titicaca. « Pour l’époque, dans un pays dépourvu de tradition cinématographique, c’est
une petite superproduction », note
le conservateur Pedro Susz, qui a
envoyé les matériaux trouvés à la
cinémathèque de Munich, pour
des travaux de préservation.
La musique du compositeur
Cergio Prudencio accompagne
l’action avec l’émotion requise.
Le baiser final annonce une nouvelle patrie fondée sur les deux
«races ». Un programme d’actualité, alors que le président d’origine
aymara Evo Morales entame son
second mandat le 22 janvier.p
Paulo A. Paranagua
(La Paz, envoyé spécial)
Richard III le boiteux dans cette
créature hybride, clin d’œil parmi
d’autres à un Shakespeare qui est
le premier grand poète de la dualité fondamentale de l’homme. Et
c’est comme si Jekyll accouchait
de sa part noire, lui donnant forme – presque – humaine, en une
étonnante opération de transmutation théâtrale.
Cet objet théâtral singulier est
porté par la magie d’une atmosphère à laquelle concourent
tous les éléments du spectacle. La
scénographie pleine de poésie
d’Eric Ruf, qui joue magnifiquement avec l’espace du plateau :
l’antre jekyllien, très Radeau de la
Méduse, en avant-scène, et, au
fond, les docks de Londres sous la
lune, d’une beauté expressionniste à couper le souffle. Les lumières en clair-obscur de Stéphanie
Daniel. Le texte d’une ironie vive
et délicate de Christine Montalbetti. L’utilisation de la voix off et
du hors-champ, qui donne une
qualité très littéraire à la mise en
scène…
Alors on la poursuivrait encore
longtemps, cette trop courte balade dans l’envers de Londres et
dans l’envers de l’homme, menée
avec allégresse par un guide hors
pair, en la personne de Denis Podalydès dont, décidément, l’étendue
du talent et des curiosités ne cesse
d’étonner. p
Fabienne Darge
« Le Cas Jekyll », de Christine Montalbetti, d’après Robert-Louis Stevenson.
Mise en scène et interprétation : Denis
Podalydès. Théâtre national de Chaillot,
1, place du Trocadéro, Paris-16e. Tél. :
01-53-65-30-00. Du mercredi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 h 30, jusqu’au 23 janvier. De 12 ¤ à 27,50 ¤.
Durée : 1 h 15. Puis tournée jusqu’en mai
2010 : Le Havre, Reims, Suresnes, Lyon,
Aix-en-Provence, Madrid (Espagne), etc.
Un monde envoûtant et érotique
Le «Julie» de Boesmans tient à la fois du théâtre et de l’opéra
L
e Belge Philippe Boesmans
(né en 1936) est de ces compositeurs qui ont la chance de
voir leurs œuvres créées en de
hauts lieux (le Théâtre de la Monnaie de Bruxelles lui a commandé
ses quatre premiers opéras, l’Opéra de Paris le cinquième) et immédiatement repris dans d’autres institutions prestigieuses. Parce que
trois de ses cinq ouvrages lyriques
– Reigen, (1993), Wintermärchen
(1999), Julie (2005) – sont écrits en
allemand – La Passion de Gilles
(1983) et Yvonne Princesse de Bourgogne (2009) sont en français –, les
maisons d’opéra germaniques y
sont peut-être encore plus sensibles que ne le sont nos institutions.
Pourtant, Julie, d’après MademoiselleJulie(1888), d’AugustStrindberg, a fait l’objet d’une reprise,
par le Festival d’Aix-en-Provence,
de sa production originale (signée
LucBondy auteur, avecMarie-Louise Bischofberger, du livret) et, comme Reigen, que beaucoup considèrent comme le chef-d’œuvre lyrique de Boesmans, cet opéra de
chambre a suscité plusieurs mises
en scène, dont celle du Canadien
Matthew Jocelyn, produite par la
Scène nationale d’Orléans, présentée à Paris, puis dans quelques villes françaises. Julie a été également
enregistré sur disque (1 CD Cyprès)
et gravé sur DVD (BelAir Classics).
De quoi faire verdir les compositeursmoinschanceuxou,tout simplement, moins doués.
Car Boesmans a le don de savoir
faire des opéras. Il y excelle par l’inventivité et l’expressivité de son
langage, par sa capacité à être de
son temps sans faire table rase du
passé, par son adresse redoutable à
composer une manière de musique spectrale, non par connivence
avec les musiciens du groupe de l’Itinéraire mais parce qu’il convoque des fantômes du répertoire
musical, pas vraiment cités dans le
texte mais dont certains motifs
récurrents, dans Julie, rappellent
Kristin (Agnieszka Slawinska) et Jean (Alexander Knop).
GÉRARD BEZARS/« LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE »
ici un incipit de Schubert ou de
Mendelssohn, là des Wesendonck
Lieder de Wagner (on entend
même le spectre de Shéhérazade
de Rimsky-Korsakov dans les solos
de violon !). L’auditeur se sent à la
fois en terrain familier et au long
cours aventureux d’un monde
sonore envoûtant et érotique.
Conversation
Ce qui manque peut-être à Julie
pour être unchef-d’œuvre à la hauteur de Reigen, de Wintermärchen
ou de Yvonne Princesse de Bourgogne, c’est l’usage brillant que fait
d’ordinaire Boesmans des lieux
communs du genre lyrique (airs,
ensembles, chœurs, etc.). Parce que
Julieest uneconversation, l’expression musicale dutexte se cantonne
à une sorte d’arioso (entre l’air et le
récitatif) continu qui, s’il a pour
mérite de laisser la pièce respirer,
quasi intacte, a l’inconvénient
d’aplanir quelque peu, selon nous,
sa progression dramatique. Mais,
cette réserve exprimée, on s’empressera de dire que si la création
lyrique était toujours de la qualité
de cette Julie, la vie musicale en
serait considérablement enrichie.
On n’aura pas retrouvé en cette nouvelle production la cruauté glaçante de la mise en scène
princeps de Luc Bondy. Mais le
travail de Matthew Jocelyn (assez
banalement éclairé) et le professionnalisme de la distribution
(moins convaincante que celle
de la création), de l’ensemble belge Musiques nouvelles et du
chef, Jean-Paul Dessy, sont loin
de desservir l’opéra du compositeur belge. p
Renaud Machart
« Julie », de Philippe Boesmans. Par
Carolina Bruck-Santos (Julie), Alexander Knop (Jean), Agniszka Slawinska
(Kristin), Ensemble Musique nouvelles,
Jean-Paul Dessy (direction), Matthew
Jocelyn (mise en scène). A l’Athénée
Théâtre Louis-Jouvet, 17, rue Boudreau,
Paris 9e, le 8 janvier. Jusqu’au 13 janvier.
De 14 €à 40 €..Tél. : 01-53-05-19-19. Sur
le Web : athenee-theatre.com. Reprise
du spectacle à la Maison de la culture de
Bourges, le 22 janvier (Tél. :
02-48-67-74-74), à l’Espace Malraux,
Scène nationale de Chambéry et de la
Savoie, le 27 avril (Tél. :
04-79-85-55-43), à la Rampe, Echirolles, le 11 mai (Tél. : 04-76-40-05-05).
Culture 21
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Le jour où l’eau de la Seine
faillit noyer le zouave du pont de l’Alma
Une exposition commémore la crue monumentale qui paralysa Paris il y a cent ans
Photographie
D
e l’eau jusqu’au sommet
des arcades des ponts, des
barques flottant au milieu
des artères haussmanniennes, des
bourgeois en habit allant voir
l’inondation comme on se rend au
spectacle… La grande crue qui a
frappé Paris en janvier 1910 a marqué les esprits des contemporains,
même au-delà des frontières de la
France. Sa mémoire a été entretenue depuis un siècle par de nombreuses images, (cartes postales,
photographies…), à la fois étranges
et familières.
Pour commémorer le centenaire de l’événement, la Bibliothèque
historiquedelavilledeParisamontéuneexposition :plus decent tirages originaux de photographies
souvent inédites issues de son
fonds, enrichie d’apports d’autres
collections parisiennes (le Musée
Carnavalet, la Bibliothèque Forney,
les Archives de Paris et l’agence
Roger-Viollet), et quelques acquisitions récentes. Le résultat est une
passionnante évocation de cette
crue, qui réussit à être spectaculaire sans basculer dans l’anecdote.
La montée des eaux, causée par
d’abondantes pluies et la fonte des
neiges, commence le 20 janvier
1910. En une semaine, le niveau
monte de 3,80 m à 8,50 m. Plus de
450 hectares se retrouvent sous
l’eau, douze arrondissements sont
touchés. Les gares d’Orsay et des
Invalides sont inondées, comme
celles de Lyon et de Saint-Lazare.
Le boulevard Saint-Germain, en janvier 1910. BHVP/ROGER-VIOLLET
L’électricités’arrête,lesquais deSeine sont envahis. L’eau s’engouffre
même dans les tunnels du tout
récent métropolitain. En quelques
heures, la ville est paralysée. Comme les Halles échappent à l’inondation,la villene connaîtpasdepénurie alimentaire. Mais les entrepôts
de Bercy sont noyés. En leur centre
se forme un lac malodorant de
5 mètresde profondeur,àlasurface
duquel flottent des barriques.
De nombreux Parisiens s’amusent du visage insolite qu’a soudain pris leur environnement. Les
chevaux suppléent les tramways,
des canots réquisitionnés permettent aux Parisiens de circuler…
«Avenue Montaigne, on a organisé
des promenades de plaisance en
barque. Pour deux sous, on passe au
pied des hôtels les plus cossus, et des
photographes prennent de vous un
portrait d’inondé pour la somme de
50centimes»,écrit GuillaumeApollinaire dans Paris Journal, le 29 janvier 1910, au plus fort de la crue.
L’exposition s’attarde, images à
l’appui, sur les saynètes incongrues, spontanées ou pas, entraînées par l’inondation, et qui feront
le tour du monde.
Le parcours thématique permet
d’aborder tous les aspects de l’épisode. La crue fut brutale, les eaux
mirent plus d’un mois à se retirer.
Outre lesdégâts matériels (estimés
à 400 millions de francs or), l’inon-
dation, réveillant des peurs ancestrales, a provoqué un élan national
de solidarité envers les 150 000
Parisiens et 200 000 banlieusards
sinistrés. Ainsi les affiches collectées à l’époque témoignent-elles
de la crainte des épidémies manifestée par les autorités. C’est pour
les éviter que le préfet de police
Louis Lépine fit déverser les
déchets directement dans la Seine.
L’image des monceaux d’ordures
déversés depuis le pont de Tolbiac
est saisissante.
Durant toute l’année 1910, des
opérations caritatives sont organisées pour venir en aide aux sinistrés. Dans le même temps, les cartes postales commémoratives
connaissent un engouement spectaculaire. La mairie propose à qui le
veut des plaques émaillées qui doivent être fixées sur les murs à la
hauteur maximale de la crue, pour
que les immeubles gardent la trace
del’événement.EtpourquelesParisiens n’oublient pas que le danger
n’est pas écarté : malgré les aménagements du cours de la Seine, Paris
restevulnérable.Lesbassinsderetenue assurent une baisse du niveau
de 60 centimètres seulement. p
Jérôme Gautheret
« Paris inondé 1910 ». Du 8 janvier
au 28 mars, du mardi au dimanche de
13 heures à 19 heures, nocturne le jeudi
jusqu’à 21 heures. Galerie des bibliothèques, 22, rue Malher, Paris 4e.
Visite virtuelle de l’exposition
et cartographie interactive :
inondation1910.paris. fr
Instantané Musique
Requiem tendance swing
INTRODUIRE la voix oraculaire
de la sibylle dans le parcours
d’une messe pour les morts, telle est l’une des nombreuses originalités du Requiem de Thierry
Lancino, qui a été donné en création, vendredi 8 janvier, Salle
Pleyel, à Paris. Déployé dans un
somptueux prologue, le chant
(mezzo-soprano) de la prophétesse qui officiait dans la baie de
Naples prépare l’auditeur à un
parcours spirituel des plus énigmatiques.
Le compositeur Thierry Lancino a redistribué les cartes du
requiem avec la complicité de
l’écrivain Pascal Guignard. Les
exclamations du Kyrie sont, par
exemple, lancées avant le
« requiem aeternam » qui ouvre
traditionnellement l’Introït.
Mais le résultat est très prenant,
comme le Dies Irae, qui semble
investi par une nuée de feux fol-
lets à tendance swing. La partition écrite par ce Français de 55
ans résidant aux Etats-Unis
manifeste de grandes qualités
dramatiques. Souvent par le
recours à des dispositifs inédits
(le piano préparé évoque la grotte de la sibylle) mais parfois en
toute simplicité (la prière chantée a cappella par la soprano
soliste). Aussi peu dogmatique
que le texte qui lui sert de support, la musique de Thierry Lancino balaye un large champ
esthétique sans jamais paraître
hybride. p
Pierre Gervasoni
Requiem (création) de Thierry Lancino.
Heidi Grant Murphy (soprano), Nora
Gubisch (mezzo-soprano), Stuart Skelton (ténor), Nicolas Courjal (basse),
Orchestre philharmonique de Radio
France, Eliahu Inbal (direction). Le 8 janvier, Salle Pleyel, Paris.
Téléchargement
Marie-Françoise Marais présidente de l’Hadopi
Conseillère à la Cour de cassation, Marie-Françoise Marais a été nommée présidente de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la
protection des droits sur Internet (Hadopi), qui enverra ses premiers
avertissements entre avril et juillet, a annoncé Frédéric Mitterrand, vendredi 8 janvier. Instituée par la loi du 12 juin 2009 de lutte contre le téléchargement illégal, cette structure est composée de neuf membres. Elle
est appuyée par une « commission des droits » de trois magistrats.
Art
Escroquerie sur un faux Picasso
Une antiquaire californienne est poursuivie pour avoir vendu un faux
Picasso commandé par ses soins à un faussaire. Elle avait acheté
1000 dollars un dessin, « La Femme au chapeau bleu », avant de le vendre 2 millions de dollars à une collectionneuse. Mme Khan est notamment
poursuivie pour contrefaçon et subornation de témoin. Les agents du
FBI ont saisi chez elle un tableau de Willem De Kooning, acheté
720 000 dollars, avec une partie des gains de son escroquerie présumée.
Après GRAN TORINO “CLINT EASTWOOD en état de grâce.
Magnifique !” #### Studio Ciné Live
“Un grand film d’émotions.” Paris Match
“Bouleversant.” Version Femina
3
AU CINÉMA LE 13 JANVIER
NOMINATIONS AUX
GOLDEN GLOBES
®
MEILLEUR RÉALISATEUR - CLINT EASTWOOD
MEILLEUR ACTEUR - MORGAN FREEMAN
MEILLEUR SECONDE RÔLE - MATT DAMON
22 Culture Rendez-vous
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
A l’expo avec
La fabrique de la culture
Galeries
Didier
Daeninckx
Christian Boltanski met
la dernière main à sa pyramide
Atiq Rahimi
Ecrivain
Galerie VU
Le cinéaste et écrivain Atiq Rahimi a revisité les collections de la
galerie VU en s’inspirant du mot
persan « Djan », qui signifie à la
fois le corps et l’esprit. Il en tire
une exposition élégante, où le
corps semble vouloir se détacher
du sol, où la nudité, au lieu de
dévoiler, cache nombre de fantômes. La photographie se prête à
merveille à ces petits jeux d’absence-présence. On relit avec un
œil neuf des photos connues : la
série « La Chute » de Denis Darzacq, où des adolescents voltigent en l’air, ou les travestis de la
rue Blanche de Christer
Strömholm.
Plus loin, Hicham Benohoud présente quatre séries récentes où,
avec des bouts de ficelle (littéralement), il exprime tensions et violences. Toutes les séries ne sont
pas aussi réussies que son travail
fondateur, sur la salle de classe,
mais les visages en gros plan de
jeunes Congolais, défigurés par
de simples fils tendus sur le visage, sont efficaces. p Claire Guillot
Le plasticien orchestre l’exposition «Personnes» au Grand Palais,
avec valises de vêtements, néons crépusculaires et battements de cœur
A
MARTIN BUREAU/AFP
L’écrivain Didier Daeninckx
publie des romans noirs et des
livres de fiction qui reviennent
souvent sur des affaires politiques ou sociales – l’Affiche
rouge, dans « Missak »,
l’exhibition de Kanak lors de
l’Exposition coloniale de 1931
dans « Cannibale ». Il ira voir l’exposition « Doisneau, du métier à
l’œuvre ».
La première fois
que j’ai rencontré
Robert Doisneau, il
devait faire un portrait de moi
pour la revue La Vie ouvrière, en
1985. Il m’a emmené dans la rue
Watt, un coin sinistre du 13e arrondissement de Paris, on voyait les
voies de la gare d’Austerlitz. Pour la
photo, il m’a donné un flingue, et il
m’a dit de le mettre en joue avec le
joujou! A ce moment-là, une voiture de police est passée, elle a ralenti, un flic a sorti la tête de la voiture,
avec son képi. Mais il a reconnu
Doisneau: il s’est contenté de lui
faire un grand signe. Et une semaine après, j’ai reçu une enveloppe
avec de beaux timbres de collection: Doisneau avait fait cinq tirages qu’il m’a envoyés. Dans mon
bureau, j’ai une reproduction
d’une image très peu connue de
Doisneau: un montage qui montre des usines qui crachent de la
fumée sur un ciel gris, superposées
à des mains d’ouvriers mutilées.
C’est une image d’une très grande
violence, qui montre les marques
du travail sur le corps humain. Une
photo saisissante, elle vous prend
au col. Les gens qui la voient pensent tout de suite à l’artiste John
Heartfield, mais personne ne pense à Doisneau!
J’ai envie de voir une exposition
qui montre une autre face du photographe. On lui a donné un côté
sucré, gentil, mais, dans son
œuvre, il y a des choses qui résistent. C’est comme pour Willy Ronis
ou Jacques Prévert : chez eux, il y a
ce côté joyeux, 1936, les congés
payés, l’amitié… Ils ont posé un
regard sur le peuple, pas un regard
extérieur parce qu’ils en faisaient
partie, ils ont montré l’amour, la
solidarité. Mais ils ont eu aussi un
regard sans gentillesse sur le monde, sur la cruauté, sur les corps abîmés. C’est comme Prévert, dont on
a fait le poète des gentils cancres: il
y a chez lui des textes d’une grande
violence». p
Propos recueillis par
Claire Guillot
Y
« Doisneau, du métier à l’œuvre »,
Fondation Henri-Cartier-Bresson, 2,impasse Lebouis, Paris-14e. Mo Gaîté. Jusqu’au
18 avril 2010.Tél. : 01-56-80-27-00.
travers les verrières enneigées du Grand Palais passe le
soleil, lumière d’aurore légèrement rose. «Vous ne pouviez pas
tomber plus mal. C’est la plus mauvaise des lumières », dit en riant
Christian Boltanski.Les visiteurs de
«Personnes » ne pourront faire cette expérience. L’artiste a décidé que
latroisièmeéditionde«Monumenta» n’aurait pas lieu au printemps,
comme les précédentes, mais en
hiver. A cette saison, les jours sont
plus courts. Or l’éclairage joue un
rôle essentiel dans « Personnes».
Dans la trop douce lumière de
neige, il faut imaginer la nef telle
qu’elle sera, envahie de pénombre,
éclairée seulement par des tubes
de néon accrochés bas, à peine
plus de 1,60 mètre au-dessus du
sol, et par la « douche » de lumière
qui descendra des hauteurs sur
une pyramide de vêtements de
plus de 10 mètres de haut.
Pour l’heure, des assistants disposent les vêtements sur les structures en tubes et grillages qui supportent le tas. De temps en temps,
un élévateur hisse jusqu’à la plateforme supérieure un sac de plastique blanc, lourd d’un quintal d’habits récupérés. Pour la pyramide,
Boltanski a voulu qu’ils soient de
couleurs vives et de toutes sortes :
pulls, chemises, tee-shirts.
Trop parfaite régularité
D’autres assistants extraient
d’autres sacs des dizaines de manteaux sombres – bruns et noirs
dominent – et les étalent sur le sol
de la nef en formant des carrés
égaux. Ce travail est minutieusement accompli par d’anciens élèves des Beaux-Arts. Le premier jour
du montage, l’artiste en a réalisé
trois, comme modèles. En passant,
il modifie les rapports entre les
tons ou dérange un peu la disposition quand elle est d’une trop parfaite régularité.
La division en carrés ordonne la
nef sur toute sa longueur. Elle est
d’autant plus sensible qu’aux
Galerie VU. 2, rue Jules-Cousin, Paris-4e.
Tél. : 01-53-01-05-03. Mo Sully-Morland
ou Bastille. Du lundi au samedi, de 14 heures à 19 heures. Jusqu’au 16 janvier.
www.galerievu.com.
Christian Boltanski sous la nef du Grand Palais. PAOLO VERZONE/VU POUR « LE MONDE »
angles de chaque figure sont boulonnées dans le ciment quatre poutresd’acier.Des filinstendusendiagonale soutiennent les tubes de
néon, un par carré. Les poutres portent aussi des haut-parleurs. Ils diffuseront le son d’un cœur qui bat,
celui d’une personne par carré.
Depuis plusieurs années, Boltanski
a entrepris en effet de réunir des
centainesd’enregistrementsdebattements pour ses « Archives du
cœur ». On les entendra dans un
demi-jour de crépuscule, tout en
marchant entre les carrés de manteaux étendus comme autant de
symboles de l’absence.
« Du côté des carrés et des battements de cœur, dit Boltanski, on est
encore du côté de l’existence. La
pyramide, c’est la mise à mort de
masse.»Sanscesse,unepincemontée sur une grue prendra, élèvera et
laissera retomber des vêtements
sur le haut du tas. On songe à
l’œuvrede1988,faiteelleaussid’habits récupérés, que Boltanski avait
nommé « Réserve Canada », nom
donné dans les camps aux bara-
ques où étaient triés et stockés les
effets des victimes des chambres à
gaz. Il confirme l’interprétation. Et
précise : «Les vêtements, c’est un fripier qui les a fournis. Il les reprend
après la fin de l’exposition. Beaucoupserontmisenpiècespourfabriquer du feutre d’isolation. Bien sûr,
ça m’afaitpenser aufeutre faitavec
les cheveux des morts dans les
camps. J’ai vu chez lui une machine
terrible qui déchiquette les vêtements.J’aipenséunmomentlamettre ici. Ce serait trop dur pour le visiteur. Mais l’idée demeure.»
ll ne refuse pas le mot « tragique». «Il faut que le visiteur reçoive
une émotion. Pour moi, il était hors
de question de proposer une petite
niaiserie conceptuelle, genre un verre d’eau tout seul au milieu de la nef
vide. J’ai de plus en plus de mal avec
ce genre-là. Je veux que ceux qui
viendront,etquineseront pasforcémentdeshabituésdesgaleriesd’art,
aient quelque chose à voir, qu’ils
aientdesraisonsdeparcourir l’espace, de s’arrêter, de regarder.»
Ce principe d’expression ferme-
Foules et obsession de la mort à Ivry
À « PERSONNES », au Grand Palais,
répond une deuxième exposition
simultanée de Christian Boltanski,
« Après», au MAC/VAL d’Ivry, du
15janvier au 28mars. Pour cet espace moins singulier – et moins difficile – que la nef du Grand Palais,
l’artiste a conçu un dispositif au
long duquel le visiteur retrouve
plusieurs des figures et formes
obsessionnelles de l’artiste : les
images de foules confuses dont la
projection s’arrête en donnant le
sentiment d’isoler un individu, les
labyrinthes de cubes noirs, les
mannequins géométriques drapés
de noir dont s’échappent des voix
posant des questions effrayantes :
«As-tu souffert en mourant ? »,
«De quoi es-tu mort ? »
« C’est plus fort que moi, dit calmement Boltanski. Quand je
regarde une actrice dans un film
des années 1940 ou 1950, je ne
peux m’empêcher de me demander : comment est-elle morte, de
quoi, quand ? Bien sûr, ce sont les
questions que chacun se pose à
propos de lui-même ou d’autres. »
Cette façon de poser si directement des questions communes à
tous compte pour beaucoup dans
la reconnaissance générale dont
l’artiste bénéficie aujourd’hui en
France. On apprenait ainsi en
début de semaine qu’il avait été
choisi par Culture France et la
délégation aux arts plastiques du
ministère de la culture pour occuper le pavillon français lors de la
Biennale de Venise, en 2011.
Choix judicieux, au regard de
la puissance expressive de
l’œuvre et de son rayonnement.
Mais choix tardif. Invité à participer à la Documenta de Cassel dès
1972, deux ans après ses premières Vitrines de référence, puis une
deuxième fois en 1987 – privilège
rare –, il a attendu 1981 pour être
exposé au Musée d’art moderne
de la Ville de Paris et 1984 pour le
Centre Pompidou. Ses travaux
ont été largement reconnus en
Allemagne, en Suisse et aux EtatsUnis dès les années 1980. « Personnes » sera présenté à l’Armory, à
New York, dans une version adaptée au lieu. p
Ph. D.
ment établi, Boltanski a cherché
quelle forme lui donner dans ce
lieu aux dimensions et à l’architecture si spécifiques. « Etre invité à
exposer ici, c’est comme l’être à
créer un opéra dont la musique
serait déjà composée et dont il faut
écrire le livret. Bien sûr, j’ai pris dans
mon garde-manger d’idées, dans
mon vocabulaire d’artiste. Mais il
fallaittrouvercommentfairealliance avec le lieu. »
Pour la lumière, il a donc trouvé
la solution la plus radicale : l’hiver.
« Pour la hauteur, j’ai pensé aux
mosquées. Leurs coupoles sont très
hautes, mais le sol est couvert de
tapis et les lustres suspendus très
bas. Il m’a paru évident qu’il fallait
aller dans le sens de l’horizontale
plus que de la verticale. On ne peut
se mesurer à des hauteurs
pareilles.J’ai fait grandir la pyramide et, maintenant, je m’inquiète de
la taille de la grue. » Catherine Grenier, commissaire de « Personnes », précise qu’en début de
réflexion elle a essayé de calculer
combien il faudrait de tapis pour
couvrir le sol de la nef. « C’était
dément. Des milliers. De toute
façon, Christian a vite trouvé son
idée définitive.»
Définitive, mais pas achevée.
Tout en discutant, Boltanski regarde son œuvre se faire. « Je me sens
dans la position d’un cinéaste. Son
film est écrit, mais il ne sait ce qui va
se passer que quand le tournage
commence. A l’heure actuelle, tout
n’estpasparfait.Ily aunpointàpartir duquel une exposition bascule
du bon côté. Je ne n’ai pas encore
atteintce point. Il faut quejechange
quelques petites choses, que j’introduise un peu de désordre. » p
Philippe Dagen
« Personnes », Monumenta 2010, du 13
au 21 janvier, au Grand Palais, avenue
Winston-Churchill, 75008 Paris. Entrée
4 ¤, tarif réduit 2 ¤. De 10 h à 19 h les lundis et mercredis , de 10 h à 22 h du jeudi
au dimanche, fermé le mardi.
Lise Sarfati,
Patrick Zachman,
Eric Hartmann
Magnum Gallery
L’agence Magnum a désormais
une vitrine en plein Saint-Germain-des-Prés, où sont vendus
tirages, livres, posters. C’est une
galerie, mais cela ressemble
plutôt à un lieu de rendez-vous
pour photographes tant on y croise de têtes connues.
Après la grande exposition
d’ouverture conçue par le voisin,
l’éditeur Robert Delpire, on peut
y voir des travaux de Lise Sarfati,
« Austin, Texas », portraits d’adolescentes picturales plongées
dans leurs pensées, et des images
plus anciennes ou méconnues,
comme de délicats petits formats
noir et blanc de Patrick Zachman
ou d’Eric Hartmann. p Cl. G.
Magnum Gallery, 13, rue de l’Abbaye,
Paris- 6e. Tél. : 01-53-42-50-27.
Mo Saint-Germain-des-Prés. Ouvert du
mardi au samedi de 11 heures à 18 heures.
www.magnumgallery.fr.
Thierry Dreyfus
Galerie Claude Samuel
Connu pour ses mises en lumière
spectaculaires de bâtiments (le
Grand Palais) ou de défilés,
Thierry Dreyfus expose pour la
première fois à la galerie Claude
Samuel des images personnelles,
où l’on retrouve son obsession
pour la lumière, traitée comme
une matière. Si certaines œuvres
ressemblent à des exercices de
style virtuoses un peu lisses, il y a
aussi des trouvailles étonnantes,
avec des miroirs qui créent des
trous dans l’espace, ou bien des
ampoules qui effacent l’image au
lieu de l’éclairer. p Cl. G.
Galerie Claude Samuel, 69, avenue
Daumesnil, Paris-12e. Tél. : 53-17-01- 11.
Mo Gare-de-Lyon. Du mardi au vendredi
de 10 heures à 13 heures et de 1 4 h 30 à
19 heures, le samedi de 11 heures à
19 heures. Jusqu’au 16 janvier.
www.claude-samuel.com
LE 6H30-10H Nicolas Demorand
Lundi 11 janvier à 8h20 :
James Ellroy, invité exceptionnel
franceinter.com
FRANCE INTER LA DIFFÉRENCE
Rendez-vous Culture 23
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Lever de rideau
Sélection CD
Les incantations blues punk
de Jeffrey Lee Pierce
Okou
Un CD avec Nick Cave, Debbie Harry, Lydia Lunch et autres complices
rend hommage au défunt leader du Gun Club
A
lbum hommage à Jeffrey
Lee Pierce (1958-1996),
défunt leader du Gun Club,
un des groupes les plus marquants
– et méconnus du grand public – de
l’histoire du rock américain, We
AreOnlyRiders–TheJeffreyLeePierce Sessions Project se démarque de
la moyenne des « tribute albums ».
Le genre commande en général
de faire reprendre les plus fameux
morceaux d’un artiste par quelques stars ou jeunes gens dans le
vent. Conçu par le guitariste londonienCypress Grove, avec qui Pierce
avait enregistré un album, en 1992
(Ramblin’ Jeffrey Lee and Cypress
Grove With Willie Love), We Are
Only Riders ne se compose, à une
exception près, que de morceaux
inédits joués par des musiciens
choisis en priorité pour leur relation personnelle avec cette figure
du punk blues de Los Angeles.
« Il y a trois ans, se souvient
CypressGrove,j’ai retrouvéune cassettedes maquettes très sommaires
enregistrées par Jeffrey au moment
où nous travaillions sur notre
album. Ces morceaux inachevés
pouvaientêtrel’occasionde rassembler des amis et admirateurs pour
compléter ce travail et rendre hommage à Jeffrey. »
Le casting est loin d’être négligeable. Le ténébreux crooner australien Nick Cave ; Debbie Harry,
chanteuse de Blondie, groupe dont
Pierce fut le président du fan-club,
à la fin des années 1970 ; Lydia
Lunch, icône trash de l’avant-garde
new-yorkaise ; l’inquiétante voix
grave de Mark Lanegan ; celle aux
aigus fêlés du disciple David Eugene Edwards, ex-16 Horsepower ; le
Bad Seeds Mick Harvey…
A une époque où
la new wave plastifiait
ses refrains sous la
blancheur des néons,
le Gun Club lardait les
siens de guitare slide
Ils investissent ce répertoire
avec une touchante conviction,
démontrant leur compréhension
des obsessions et du destin d’un
chanteur à la noirceur flamboyante, mort fauché, seul, malade.
Ces morceaux tardifs de Pierce
troquent l’hystérie électrique
contre une vision crépusculaire
des dérives existentielles. La gravité altière de Nick Cave ou de Lanegan, la mélancolie de Debbie Harry
(Lucky Jim, seul titre connu sur
lequel on entend la guitare posthume de JLP), le timbre tortueux
de Johnny Dowd ou la vitalité des
jeunesDanoisdes Raveonettes rappellent que, malgré les épreuves,
l’inspiration de Jeffrey Lee Pierce
ne s’était pas tarie
CommelesouligneCypress Grove, « Jeffrey est régulièrement cité
comme uneinfluencemajeure d’artistes célèbres comme les White Stripes, les Pixies ou REM. Mais peu de
gens connaissent l’homme et sa
musique ». Toutes les occasions
sont bonnes, en effet, pour partir à
L’exposition consacrée au géant
américain de la trompette entre
dans sa dernière semaine. Ceux
qui doutent encore de l’opportunité d’accorder à la musique une place dans les musées doivent impérativement se rendre à La Villette.
Films, objets, pochettes de disque
et, bien sûr, beaucoup de musique.
La chanteuse Tatiana
Heintz,
Française
de mère
ivoirienne,
et Gilbert
Trefzger,
guitariste suisse de mère égyptienne, nous indique leur site officiel, forment le groupe Okou dont
le premier album, Serpentine, a
belle allure et pas mal d’originalité. Un rien blues, un rien folk, un
rien jazz, un rien pop-soul acoustique… avec banjo, tuba (Dave Bargeron) et arrangements de cordes
(Gil Goldstein). La voix de Tatiana
Heintz est caressante, douce,
sans être éthérée. Même délicatesse dans le jeu de guitare et banjo de Gilbert Trefzger qui, là aussi, ne laisse pas ses doigts filer
dans la brume. Chacune des quatorze compositions accroche
l’oreille, par une conception fine
et l’attention à en faire de vraies
chansons. Okou peut certes faire
penser à Yael Naïm ou Norah
Jones (Jay Newland est à la production), mais sans que l’on pense que cela soit par manque de
personnalité. p Sylvain Siclier
1 CD AZ/Universal Music.
Steve Shehan
&Nabil Othmani
Awalin
Membre du Hadouk Trio (une Victoire du jazz en 2007), le percussionniste franco-américain Steve
Shehan continue son compagnonnage avec la musique et la
poésie touarègues, vers lesquelles l’a emmené Baly Othmani,
On a souvent cru déceler chez Jeffrey Lee Pierce
quelque chose de Jim Morrison... PETER NOBLE/REDFERNS
la découverte de l’intensité d’un
musicienquelecinéasteWimWenders décrivit comme « l’un des plus
grands chanteurs de blues de tous
les temps », de chansons dont Jack
White, le leader des White Stripes,
affirme qu’« elles devraient être
enseignées à l’école ».
L’écoute des premiers disques
duGun Club,Fireof Love(1981),Miami (1982), Death Party (1983), The
Las Vegas Story (1984) (ces trois derniersviennent d’être réédités, enrichis chacun d’un CD live au son
brut de décoffrage) reste une expérience saisissante. A ses débuts, ce
Texan aux origines mexicaines a
mêlé en précurseur la violence
punk à la noirceur du blues rural et
du hillbilly.
A une époque où la new wave
plastifiait ses refrains sous la blancheur des néons, le Gun Club lardait les siens de guitare slide, de
rythmes vaudou et d’incantations
de prêcheur sorti de La Nuit du
chasseur, le film de Charles Laughton (1955).
Avec ses allures de Marlon Brando péroxydé et bouffi par l’alcool,
le chanteur semblait invoquer les
démons de la déchéance. Plus
blues dans Fire of Love, plus
country dans Miami, plus ambitieux dans les arrangements de
The LasVegasStory, maistrop autodestructeur et caractériel pour
construire une carrière, il changera
souvent de musiciens et s’essaiera
àune carrière solo (l’excellent Wildweed, en 1985).
Souvent mieux accueilli en
Europe qu’aux Etats-Unis, ce Jim
Morrison trash avait une belle cote
enFrance.Grâce aux articles dePhi-
lippe Garnier, correspondant à Los
Angeles du magazine Rock & Folk,
grâce à la maison de disques New
Rose et à l’admiration particulière
des Français pour les figures maudites du rock. Le groupe Noir Désir
devra une bonne part de son incandescence à la furia du Gun Club.
C’est aussiun Français, le cinéasteHenri-JeanDebon, quia filméJeffrey Lee Pierce, en 1992, alors que
celui-ci vivait à Londres, sans
contrat, avec une santé dégradée.
Une quinzaine d’années plus tard,
ilenatiréundocumentaire,Hardtimes – Killin’Floor Blues (récemment sorti en DVD), sans doute un
des films les plus tristes et vrais
jamais tournés sur la solitude d’un
rocker déchu. « Pour moi, retient
aujourd’hui le réalisateur, c’était la
voix la plus sensuelle et la plus habitée qui soit. Et aussi une des plus
colériques. Mais c’était une rage
incroyablement lyrique. »
Dans Hardtimes, on croise Nick
Cave et aussi Cypress Grove, qui, à
l’époque, taquinait le blues avec
l’Américain. « C’était un personnageintensequi avaittendanceàtourner cette intensité contre lui-même,
insiste le concepteur de We Are
Only Riders. A la fin, ses démons ont
pris le dessus. » p
Stéphane Davet
We Are Only Riders - The Jeffrey Lee
Pierce Sessions Project, 1 CD Glitterhouse/Differ-ant.
Miami, de The Gun Club, 2 CD Cooking
Vinyl ; Death Party, de The Gun Club,
2 CD Cooking Vinyl ; The Las Vegas Story, de The Gun Club, 2 CD Cooking Vinyl.
Hardtimes - Killin’ Floor Blues, d’HenriJean Debon, 1 DVD Choses Vues.
Dernière minute
Musique
« We Want Miles »
Serpentine
Cité de la musique. 221, av. Jean-Jaurès.
Paris-19e. De 12 heures à 18 heures. Les
15, 16 et 17 janvier, nocturnes exceptionnelles jusqu’à minuit. Tél. :
01-44-84-44-84.
www.citedelamusique.fr
Biennale de quatuors
à cordes
A la Cité de la musique également, la quatrième Biennale de
quatuors à cordes propose, du 12
au 17 janvier, une intégrale de la
musique pour quatuor de Schubert en quinze concerts, ainsi que
huit créations de musique
contemporaine. Parmi les treize
ensembles français et internationaux conviés, les Arditti, Borodine, Diotima, Emerson, Hagen,
Juilliard, Prazak, Ysaÿe.
Cité de la musique, du 10 au 17 janvier.
poète et musicien de Djanet, au
sud de l’Algérie, avec qui il a enregistré trois albums. Après le
décès de son père, en 2005, Nabil
Othmani, 24 ans, prend le relais
pour transmettre à Shehan l’héritage poétique touareg. Autour de
la voix tendre du chanteur algérien, qui s’accompagne à la guitare et au luth, le musicien tisse des
mystères colorés, trace des lignes
fluides et mélancoliques. Au langage toujours subtil de ses percussions, il ajoute d’autres teintes
instrumentales, les siennes propres (piano, basse, synthés – un
peu trop gourmands d’espace)
ou celles des copains (Didier Malherbe, Ibrahim Maalouf, Claude
Samard…). Nabil Othmani sort
par ailleurs Tamghart In (1 CD
Reaktion, collection « Le chant
des fauves »), son premier album
solo. p Patrick Labesse
1 CD Naïve.
Christophe
Desjardins
Alto/Multiples
Près de
deux
heures et
demie d’alto et pas
une seconde de lassitude à
l’écoute du somptueux récital
enregistré par Christophe Desjardins ! Référencé (par son titre qui
renvoie à Eclats/Multiples de Pierre Boulez), mais nullement dogmatique (programme de quatorze pièces au langage renouvelé),
cet album est réparti sur deux
CD. Le premier rassemble des
solos (de Paul Hindemith à Elliott
Carter) qui ont balisé le XXe siècle.
Le second réunit des œuvres qui
font écho au passé et nécessitent
le recours à plus d’un alto.
Le procédé du re-recording permet à Christophe Desjardins de
maîtriser les exigences d’un trio
(Ockhegem-Maderna), d’un quatuor (Rihm) et même d’un septuor (Messagesquisse de Boulez)
avec une telle qualité expressive
qu’on oubliera la technique pour
ne parler que de magie. p
Pierre Gervasoni
2 CD Aeon.
Othmar Schoeck
Notturno
Christian Gerhaher (baryton), Rosamunde Quartett.
Le compositeur suisse Othmar
Schoeck
(1886-1957)
est l’auteur
de ce chefd’œuvre
singulier, un Notturno (1931-1933)
pour baryton et quatuor à cordes,
empreint d’une mélancolie crépusculaire et de cette couleur propre à un XIXe siècle qui n’en finissait pas de finir.
La densité extraordinaire de cette
musique (une vraie polyphonie à
cinq voix et non des Lieder accompagnés par quatre cordes) a dû
convaincre les interprètes (excellent quatuor, voix intelligente,
fine, kaléidoscopique de Christian
Gerhaher, qui a l’art de faire
oublier l’enregistrement de Dietrich Fischer-Dieskau) de s’en tenir
à ce court programme de… 43minutes. Il y avait largement la place
pour d’autres pièces de cet important compositeur, singulièrement
méconnu. p Renaud Machart
1 CD ECM New Series/Universal.
24 & Vous
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Du vent, des planches et de la neige
Elément indissociable du décor estival de nos plages avec sa floraison d’ailes
multicolores, le kite a décidé de prendre ses quartiers d’hiver. La neige et la montagne sont devenues le cadre des nouveaux ébats de cette pratique sportive, mais
aussi de loisir, associant un support de glisse à un cerf-volant de traction. Du 11 au
17 janvier, sur le site du col du Lautaret (Hautes-Alpes, à 2058 mètres d’altitude), le
World Snowkite Masters sera l’occasion pour les vainqueurs des championnats de
France freestyle qui se déroulaient samedi 9 et dimanche 10 janvier, de défier les
meilleurs riders mondiaux en ski ou en snowboard. Créé pour un usage nautique
dans les années 1980 par deux frères bretons, Bruno et Dominique Legaignoux, le
kite, qui compte près de 30 000 pratiquants et plus de 10 000 licenciés, est devenu la
deuxième discipline de la Fédération française de vol libre (FFVL) derrière le parapente.
Activité écolo-compatible, l’aile fonctionne avec des énergies éternellement renouvelables : la force du vent conjuguée à la puissance d’une vague ou, désormais, à l’attraction
d’une pente. Grâce au programme Hand’Icare, lancé par la FFVL, les personnes handicapées peuvent aussi éprouver ces sensations inédites. Autre objectif de la fédération : permettre, à terme, que le kite puisse figurer en tant que sport de démonstration « cerfvolant de sport » aux Jeux olympiques. p Jean-Jacques Larrochelle (PHOTO DR)
Informations : Federation.ffvl.fr et Serre-chevalier.com/Snowkite-Masters
Trouverlesmotspourrépondreauxenfantsadoptés
La réforme de l’adoption, en préparation, préconise notamment de renforcer l’accompagnement des familles
Psychologie
E
xpliquer l’adoption n’est pas
toujours chose facile pour les
parents adoptifs. Et, pour
l’heure, l’accompagnement fait
trop souvent défaut. Son renforcement est à l’étude dans le cadre de
la réforme de l’adoption, en préparation au secrétariat d’Etat à la
famille. C’était l’une des préconisationsdu rapport surl’adoption réalisé par Jean-Marie Colombani
(ancien directeur du Monde), remis
en 2008au président de la République. Cet accompagnement pourrait être développé dans le cadre
des consultations d’orientation et
de conseils en adoption (COCA).
Très vite, les enfants cherchent
à savoir d’où ils viennent. Questionner ses origines, c’est établir
les assises de son monde intérieur,
structurer son sentiment d’appartenance et se forger un sentiment
de sécurité. Il y a quelques décennies, il était possible de cacher à un
enfant qu’il était adopté. La révélation qui s’ensuivait était souvent
violente et traumatisante.
« Tous les psychologues s’accordent à dire qu’il faut que l’enfant
ait le sentiment de l’avoir toujours
su », assure Cécile Delannoy,
mère adoptive et aujourd’hui
grand-mère. En France, 80 % des
enfants sont adoptés à l’étranger,
et 60 % d’entre eux ont plus de 2
ans, ce qui a rendu cette culture
du secret obsolète. L’adoption est
intégrée dans le discours des
parents, et c’est bien souvent une
évidence pour les enfants. On dit
au bébé : « Comme je suis
content(e) de t’avoir ramené à la
maison », « Quand on est venus te
chercher… », « Quand tu es arrivé… »
Mais les choses se compliquent
lorsque vient le temps des questionnements, entre 3 ans et 6 ans,
quand l’enfant adopté se confronte au regard des autres. « C’est une
fausse équation de considérer que
maternité égale grossesse, et pourtant elle infiltre tous les esprits »,
explique la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval. Un
enfant peut ainsi revenir bouleversé de l’école parce que l’un de ses
camarades lui aura dit que sa mère
n’est pas sa vraie maman.
« On est dans une biologisation
des liens qui fragilise les parents
adoptifs, déplore la psychanalyste
Sophie Marinopoulos. En ce sens,
l’adoption vient nous interpeller
sur ce qu’est véritablement la
parentalité. » Pour répondre avec
justesse à son enfant, les parents
adoptifs ne doivent pas douter de
leur position. « Il faut que les
parents puissent respecter la dame
qui a donné naissance à leur
enfant, et la remercier pour leur
avoir fait ce don, considère
Mme Delaisi de Parseval. Ce remerciement symbolique est une façon
de se libérer en partie de la dette
qu’ils ont envers elle. »
Les parents
adoptifs ne doivent
pas douter
de leur position
Plus lesparents se sentiront légitimes,plus les réponses seront faciles. D’autant que la façon dont les
petits formulent leurs interrogations peut les heurter, les blesser.
« Les jeunes enfants ne mettent pas
de points d’interrogation », poursuit Mme Marinopoulos. Ils procè-
dent par affirmations. « Tu n’es pas
mon vrai papa » signifie ainsi :
« qu’est-ce qui fait de toi mon vrai
père ?» « Tu n’es pas ma vraie
maman » équivaut à : « faut-il que
je sois sorti de ton ventre pour que
tusois ma mère ? » « Ce que l’enfant
a envie d’entendre, c’est qu’il est à la
bonneplace.Ce dialogueva permettre la construction du lien familial », analyse Mme Marinopoulos.
« Les parents devront répondre
aux interrogations de leur enfant
qu’ils sont ses vrais et ses seuls
parents, quand bien même celui-ci
n’est pas issu de leurs corps », explique Mme Delaisi de Parseval. Mais
cela ne signifie pas gommer les
parents biologiques. « Il est nécessaire, pour se construire son identi-
té narrative, que l’enfant ait, dans
la mesure du possible, le maximum d’informations sur ses
parents de naissance », poursuit la
psychanalyste. Par ailleurs, il
importe, pour sa construction psychique et sexuée, que l’enfant
sache qu’il est issu d’un homme et
d’une femme.
Pascale et son mari, comme
beaucoup de parents adoptifs, ont
composé un album de photos
pour Anna, leur petite fille de
10 ans, adoptée dans un pays de
l’Est. Ils y ont mis des images du
voyage, à l’aéroport, de l’orphelinat, etc. L’enfant s’yplonge régulièrement, le montre à son entourage. La question la plus douloureuse que leur a posée leur fille est cel-
le de savoir pourquoi ses parents
biologiques l’avaient abandonnée.
« Tes parents n’ont pas pu, n’ont
pas su t’élever », lui répondent-ils.
La question du pourquoi taraude tous les enfants adoptés. « Il est
important d’en parler, explique
Françoise Vallée, psychologue clinicienne à l’espace adoption du
conseil général de Loire-Atlantique. Il faut que l’enfant donne du
sens à cela car, faute de réponses, il
risque de penser qu’il n’était pas un
bon bébé. Il faut lui donner les raisons dont on dispose dans le dossier, en se mettant à sa portée. »
Face aux demandes des enfants
d’aller dansleur pays d’origine, voire de rencontrer leur mère biologique, la prudence s’impose. « En
demandant à aller dans le pays où
il est né, l’enfant peut questionner
la solidité du lien avec sa famille
adoptive. Est-ce que je suis au bon
endroit ? », remarque Mme Marinopoulos. Si, malgré la réassurance
de ses parents, l’enfant persiste,
mieux vaut que cette décision soit
accompagnée par des professionnels. « Il faut y réfléchir, en discuter,
tester les motivations, explique
Mme Vallée. Cela peut prendre six
mois, voire un an. » Car la déception risque d’être forte. « A l’adolescence, le retour dans le pays d’origine peut aggraver les choses. Il semble plus facile chez les enfants plus
jeunes, vers 7-9 ans », analyse Cécile Delannoy, qui soutient des
familles dans le cadre d’une association. Dans tous les cas, il faut
que l’enfant sache que, là-bas, il
sera un étranger. p
Martine Laronche
« Au risque de l’adoption », de Cécile
Delannoy (La Découverte/Poche, 2008,
280 p., 11 ¤).
« Moïse, Œdipe et Superman », de
Sophie Marinopoulos, Catherine Sellenet et Françoise Vallée (Fayard, 2003,
352 p., 20 ¤).
« Famille à tout prix », de Geneviève
Delaisi de Parseval (Seuil, 2008,
389 p., 22 ¤).
La mode «éthique» combat les clichés pour se faire une place dans les rayons
A la différence de l’alimentation, l’offre d’habillement bio ou équitable reste méconnue des Français, qui l’associent encore au style «baba»
Tendance
F
ini l’époque où style « équitable » rimait avec ponchos
péruviens et autres tenues
folkloriques. 2010 sera l’année de
la mode « verte », qu’on se le dise.
Du jean à la robe de mariée en passant par la lingerie, les chaussures
ou le jogging, tous les rayons de
l’habillement y passent.
«La mode éthique est loin des clichés “babas cool” des années 1970.
On la trouve aussi bien en couture
qu’en prêt-à-porter, sportswear,
streetwear, ainsi que dans l’univers du bébé », confirme Isabelle
Quéhé, fondatrice de l’Ethical
Fashion Show, dont la prochaine
édition se tiendra lors de la semaine de la mode à Milan, en février.
Si on a longtemps reproché
aux vêtements bio leur manque
de goût, les créateurs rivalisent
désormais d’innovation pour proposer des collections à même de
séduire tous les consommateurs.
«Chic et éthique ne sont pas incompatibles, au contraire », insiste
Franck Zins, PDG de la maison
Zins, qui s’est associée à une jeune
créatrice de prêt-à-porter d’origine malienne. Ensemble, ils ont
créé BaFaro pour Zins, une ligne
qui décline vestes sahariennes,
pantalons, pulls, T-shirts et bermudas faits de coton biologique
et de fibre de lait. « L’idée, c’est
qu’on peut être élégant tout en restant cohérent avec ses valeurs de
consommateur responsable », précise Franck Zins. Il a même décidé
d’apporter une petite touche originale à ses modèles, en doublant
les poches d’un tissu anti-ondes.
Preuve qu’on peut être respectueux des hommes et de l’environnement, et dans l’air du temps.
Autres signes d’évolution : les
filières de fabrication se multiplient en France et à l’étranger et
les catalogues s’enrichissent. « De
plus en plus de marques proposent des collections construites et
complètes », constate Evelyne
Chaballier, directrice des études
économiques et prospectives à
l’Institut français de la mode
(IFM). Y compris dans le sport, à
l’image de la jeune griffe française Sébola, qui a développé une
gamme de vêtements alliant éthique, esthétique et technique,
confectionnés à base de bois ou
de polyester recyclé.
Manque de publicité
Pourtant, la mode éthique peine à émerger. Selon une récente
étude de l’IFM, 35 % des consommateurs ignorent l’existence
d’une offre d’habillement bio
et/ou équitable. Contrairement à
d’autres secteurs, comme l’alimentation ou l’automobile, la
mode responsable pêche par son
manque de publicité et sa distribution. Résultat : une offre peu
visible et encore limitée. Quant
aux clichés, ils sont encore bien
accrochés aux étiquettes.
« Bien souvent, quand on
démarche, on doit faire face aux a
priori et à l’amalgame entre éthique et ethnique ou hippie, déplore
Leticia Amorin, cofondatrice de
Pampa & Pop, une ligne féminine, colorée et pétillante venue
d’Argentine, qui fait la part belle
au cuir en proposant vestes cintrées et sacs à main tendance. On
ne veut pas être catégorisé : on est
d’abord mode et ensuite on est
éthique. »
Signe encourageant : les Fran-
çais sont chaque année plus nombreux à acheter des vêtements
bio ou éthiques, note l’IFM. Une
tendance qui s’accompagne
d’une prise de conscience croissante : « Les gens commencent à
se poser des questions sur la provenance des produits. Et quand l’impact carbone sera visible sur chaque vêtement [l’affichage carbone obligatoire sur les produits de
grande consommation est prévu
pour 2011], ça les poussera forcément à modifier leurs critères
d’achat », conclut Evelyne Chaballier. p
Elisabeth Pineau
Sur le Web Ethicalfashionshow.com
Disparitions 25
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
Expert de la lutte contre le dopage
Jacques de Ceaurriz
L
e directeur du département
des analyses de l’Agence française de lutte contre le dopage
(AFLD) et du Laboratoire de
Châtenay-Malabry (Hauts-deSeine), Jacques de Ceaurriz, est
mort, mardi 5 janvier, à 60 ans. Avec sa
consœur Françoise Lasne, il aura fait sortir la lutte antidopage de l’âge de la préhistoire en mettant au point le test de détection de l’érythropoïétine (EPO) dans les
urines. Publiée en 2000 dans la revue
scientifique Nature, la méthode a été
appliquée pour la première fois lors des
Jeux olympiques de Sydney, en 2000,
puis sur le Tour de France, en 2001.
Depuis, nombre de sportifs ont dû rendre leurs trophées pour avoir abusé de cette hormone qui améliore considérablement les capacités d’endurance en augmentant l’afflux de globules rouges dans
le sang. Avec Jacques de Ceaurriz à sa tête,
le Laboratoire antidopage de ChâtenayMalabry est devenu le plus performant
du monde. Quand les laboratoires de Los
Angeles ou de Madrid affichent des taux
de prélèvements positifs de 1 % à 2 %, celui
de Châtenay dépasse les 5 %.
Homme de l’ombre
« La lutte contre le dopage dans le sport
perd l’un de ses scientifiques les plus éminents, souligne l’Agence mondiale antidopage (AMA). Jacques de Ceaurriz était non
seulement un chercheur émérite, mais
également un homme d’une générosité
scientifique exceptionnelle, avide de partager ses recherches avec la communauté
antidopage pour faire constamment
avancer la lutte contre le dopage dans le
sport. »
Outre l’érythropoïétine, le chercheur
français et son équipe sont également à
l’origine de la mise au point du test de
dépistage des corticoïdes, autre substance très prisée des sportifs. Ses derniers travaux concernaient les autotransfusions
sanguines, technique de dopage toujours
indécelable et revenue à la mode dans le
milieu sportif depuis les progrès réalisés
dans la détection de l’EPO.
Pharmacologue de formation, le professeur de Ceaurriz avait commencé par
enseigner la chimie-toxicologie à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry
tout en travaillant sur les pathologies professionnelles liées aux pollutions industrielles pour le compte de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) de
Nancy avant de traquer les produits interdits dans les urines des sportifs. C’est
davantage par « opportunité » professionnelle que par « vocation » qu’il prend la
tête du laboratoire, en 1997, après le
Homme de l’ombre, Jacques de Ceaurriz,par l’efficacité des résultats de son laboratoire, s’est tout de même attiré quelques
inimitiés célèbres dans le monde du sport.
En 2005, le septuple vainqueur du Tour de
France, Lance Armstrong, s’en prend à son
travail après les révélations du journal
L’Equipe selon lesquelles le laboratoire de
Châtenay-Malabry a, au cours d’analyses
rétrospectives, retrouvé des traces d’EPO
dans les urines de l’Américain prélevées
lors de sa première victoire en 1999.
Un an plus tard, un autre coureur américain, Floyd Landis, se lance à son tour
dans une vaste campagne de dénigrement du laboratoire. Bataillon d’avocats
à l’appui, il conteste son contrôle positif à
la testostérone lors du Tour de France
2006 qu’il avait remporté. Concomitamment, le laboratoire de Jacques de Ceaur-
16 mai 1949 Naissance à Auxerre
1997 Directeur du Laboratoire
de Châtenay-Malabry
2000 Publication du test de détection
urinaire de l’érythropoïétine
2007 Directeur du département
des analyses de l’Agence française
de lutte contre le dopage
5 janvier 2010 Mort à Paris
Jacques de Ceaurriz, en juillet 2007. ROBERTO FRANKENBERG POUR « LE MONDE »
départ à la retraite de Jean-Pierre Lafarge.
Jacques de Ceaurriz, qui a pratiqué le
football et l’athlétisme lorsqu’il était
interne au Prytanée militaire de La Flèche
(Sarthe), rappelait aussi qu’il ne se sentait
pas investi d’une mission pour rendre le
sport plus propre. « Contrairement à ce
que l’on pourrait imaginer, au laboratoire, il n’y a pas de militantisme. On est
des professionnels, disait-il au Monde
après un Tour de France 2007 une nouvelle fois marqué par les scandales de
dopage. On est assez froids. Cela correspond à la brutalité de nos résultats : c’est
positif ! »
riz est victime d’une attaque informatique. Des documents internes sont
envoyés aux médias et aux instances dirigeantes du sport mondial dans le but de
discréditer ses résultats. Une information judiciaire est toujours en cours au
parquet de Paris pour identifier les commanditaires de l’intrusion informatique,
mais la piste de l’enquête mène vers un
ancien entraîneur de Floyd Landis.
En mai 2007, Jacques de Ceaurriz, qui
quittait rarement sonbureau, avait dû passer dix jours à Malibu, en Californie, pour
défendre le dossier du laboratoire dans la
procédure lancée par l’Agence américaine
antidopage contre le coureur. Il y avait
remporté une victoire éclatante.
Au sein du mouvement sportif, seule la
Fédération française d’athlétisme a déploré dans un communiqué la disparition du
directeur du laboratoire de ChâtenayMalabry. « Jacques de Ceaurriz incarnait
l’honneur de la lutte antidopage. Contre
vents et marées, il a permis le progrès et l’innovationdans ce domaine ô combien sensible pour l’éthique du sport », écrit Bernard
Amsalem, le patron de l’athlétisme français. Pas un mot, en revanche, à ce jour, du
ministère de la santé et des sports ou des
dirigeants du Tour de France. p
Stéphane Mandard
Chanteuse américano-mexicaine
Lhasa de Sela
O
bjet d’une affection particulière des milieux musicaux et des fans, fraternelle et nomade, la chanteuse
américano-mexicaineLhasa de Sela est morte, le
1er janvier, à son domicile de Montréal, des
suites d’un cancer du sein. Elle était âgée
de 37 ans.
Née le 27 septembre 1972 à Big Indian,
dans l’Etat de New York, Lhasa tenait son
prénom de sa mère, américaine, en référenceà la capitale du Tibet, et son nom, ainsi que la langue espagnole dans laquelle
elle chantait, de son père mexicain. Ainsi
Lhasa réconciliait-elle le bouddhisme du
Toit du monde et les catéchumènes du
Yucatan. Venue à la musique par le Québec, où elle s’était installée, elle conquit
Montréal avec La Llorona, paru en 1997, ce
qui lui permit de venir représenter le Québec au Printemps de Bourges la même
année, section Découvertes, puis d’intégrer le label français Tôt ou Tard.
Cetteenfant de la balle(une vie itinérante, neuf frères et sœurs, dont une sœur trapéziste, une autre funambule, une troisième acrobate de cirque) qui chantait dans
les bars de San Francisco à l’âge de 13 ans,
avait conquis les cœurs avec un album
latin, aux sonorités quelque peu âpres, réalisé avec le guitariste québécois Yves
Desrosiers, et riche de chansons incontournables, tel El Desierto, un tube rude
comme une pomme de terre gelée, sombre et enluminé comme la cathédrale de
Mexico. Elle y reprenait La Llorona (la
27 septembre 1972 Naissance
dans l’Etat de New York
1997 « La Llorona » (Tôt ou Tard)
2003 « The Living Road » (Tôt ou tard)
2009 « Lhasa » (Warner Music)
1er janvier 2010 Mort à Montréal
« pleureuse », inspirée de Cihuacoalt,
l’épouse de Quetzalcoatl, le Serpent à plumes des Aztèques), chanson traditionnelle mexicaine rendue célèbre par l’égérie
mexicaine de Pedro Almodovar, Chavela
Vargas.
Là où Vargas, et toute une dynastie de
chanteuses mexicaines, pleurait le cœur
dans la gorge, Lhasa ajoutait de la country,
une certaine dose d’hystérie rock, et développait une voix peu commune, barrée
Lhasa au festival des Vieilles Charrues, en 2004. DAVID LEFRANC/GAMMA
par la respiration et des cassures volontaires. Derrière cet édifice touchant parce
que fragile, Yves Desrosiers, ex-comparse
du rocker québécois Jean Leloup, avait placé un tamis de banjo, de caisses claires,
d’accordéon, de scie musicale, guitare
hawaïenne, violoncelle, placé à la manière
klezmer ou pan-bulgare.
Les textes de Lhasa, écrits en espagnol,
avaient du nerf, de la graine de passion.
Après le succès de La Llorona, elle s’était
installée à Marseille pendant plus de
deux ans pour préparer son deuxième
album, The Living Road, lancé à Montréal
en 2003, interprété cette fois en espagnol,
en français et en anglais, et toujours teinté de ses origines bigarrées – du gospel à la
ranchera.
En 2009, était paru un troisième
album, Lhasa, pour lequel une tournée
européenne était prévue à l’automne
2009. Mais, en raison de problèmes de
santé, elle avait dû l’interrompre en mai
après deux concerts en Islande et après
avoir présenté son nouvel album au Théâtre Corona, à Montréal, et aux Bouffes du
Nord, à Paris. Elle travaillait à un quatrième disque où elle voulait interpréter des
chansons des Chiliens Victor Jara et Violeta Parra.
Lhasa avait notamment collaboré avec
des artistes tels qu’Arthur H, Patrick Watson et les Tindersticks. En 2005, elle avait
été sacrée meilleure artiste des Amériques aux Awards for World Music de la
BBC. La Llorona, The Living Road et Lhasa
se sont vendus à plus d’un million
d’exemplaires à travers le monde. p
Véronique Mortaigne
26 Météo & Jeux
< -10°
- 5 à 0°
-10 à -5°
0 à 5°
Ecrans
5 à 10°
10 à 15°
30 km/h
TF 1
Brest
-2 0
-4 -2
-2 1
T
Orléans
-3 -1
Nantes
-4 2
0
102
Besançon
Clermont-Ferrand
Limoges
-4 -2
-6 -4
Paris
Lyon
0
-3
101 -2
-1 4
Marseille
-4 2
-4 0
-1 3
Jours suivants
Mardi
Nord-Ouest
Rome
Istanbul
Athènes
Tunis
Tunis
1015
Beyrouth
Rabat
4 8
Thalweg
Tripoli
Tripoli
A
Dépression
Front froid
Jérusalem
4 8
-3 0
-2 1
-4 -1
-7 0
-6 -2
-13 -3
-7 2
-6 -2
-8 1
4
8
Amsterdam
Athènes
Barcelone
Belgrade
Berlin
Berne
Bruxelles
Budapest
Bucarest
Copenhague
Dublin
Edimbourg
Helsinki
Istanbul
Kiev
La Valette
Lisbonne
Ljubljana
Londres
Luxembourg
Madrid
Moscou
Nicosie
Oslo
Prague
Reykjavik
faibleneige
-2 0
assezensoleillé 13 15
bienensoleillé
2 6
cielcouvert
6 10
faibleneige
-2 1
faibleneige
-5 -3
faibleneige
-2 -1
pluieetneige
2 5
averseséparses
8 11
cielcouvert
0 1
pluieetneige
0 4
0 2
éclaircies
-15 -10
brouillard
averseséparses 12 16
1 3
pluiemodérée
averseséparses 10 12
6 12
faiblepluie
-1 3
pluieetneige
0 1
pluieetneige
-5 -4
faibleneige
aversesdeneige -4 5
-15 -13
éclaircies
16 20
éclaircies
-7 -4
brouillard
-5 -4
neigesoutenue
6 7
pluieetneige
brouillard
cielcouvert
assezensoleillé
brouillard
bienensoleillé
pluiemodérée
neigesoutenue
cielcouvert
neigesoutenue
pluieetneige
-10
5
4
-5
-8
7
-6
-2
-10
0
-8
9
10
-4
-6
9
-3
0
-8
4
Alger
assezensoleillé
Amman
bienensoleillé
Bangkok
assezensoleillé
Beyrouth
éclaircies
Brasilia
éclaircies
Buenos Aires beautemps
Dakar
assezensoleillé
Djakarta
orageux
Dubai
beautemps
Hongkong faiblepluie
Jérusalem bienensoleillé
Kinshasa
averseséparses
Le Caire
beautemps
Mexico
cielcouvert
Montréal
éclaircies
Nairobi
averseséparses
2
11
23
20
19
21
22
26
18
17
17
24
12
5
-21
15
11
24
33
24
28
33
29
30
24
20
22
31
28
14
-12
24
Riga
Rome
Sofia
Stockholm
Tallin
Tirana
Varsovie
Vienne
Vilnius
Zagreb
FRANCE 3
Dans le monde
New Delhi
New York
Pékin
Pretoria
Rabat
Rio de Janeiro
Séoul
Singapour
Sydney
Téhéran
Tokyo
Tunis
Washington
Wellington
beautemps
beautemps
éclaircies
assezensoleillé
faiblepluie
risqueorageux
brouillard
assezensoleillé
bienensoleillé
bienensoleillé
assezensoleillé
averseséparses
beautemps
aversesmodérées
Cayenne
Fort-de-Fr.
Nouméa
Papeete
Pte-à-Pitre
St-Denis
aversesmodérées
bienensoleillé
averseséparses
risqueorageux
assezensoleillé
éclaircies
Outremer
7 21
-7 -3
-10 -3
15 24
8 15
26 33
-9 1
26 31
21 31
0 11
4 9
5 10
-8 -1
11 18
24
27
24
27
26
26
26
27
25
28
27
29
Météorologue en direct
au 0899 700 703
1,34 € l’appel + 0,34 € la minute
7 jours/7 de 6h30-18h
1
4
2
6
Ile-de-France
-5
-1
0
3
2
3
Nord-Est
-8
-3
-5
-1
-2
0
DUBAÏ
PLUS SOUVENT
12
by
Sud-Ouest
-4
3
3
10
5
10
Sud-Est
-3
4
3
5
4
5
20.35 Football.
Coupe de France (32es de finale). En direct.
22.40 Le Plein de buts. Magazine.
23.15 et 1.10 Soir 3.
23.35 Mad Max p Film George Miller.
Avec Mel Gibson (Australie, 1979, 90 min) W s.
CANAL +
VOL S PAR
SEMAINE
Film Christophe Barratier. Avec Gérard Jugnot,
François Berléand (Fr. - All. - Sui., 2004) s.
22.10 Faites entrer l’accusé.
Jacques Plumain, le fantôme de Kehl U s.
23.35 Journal, Météo (15 min).
FRANCE 3
20.35 Inspecteur Barnaby.
Série. Danse avec la mort. Avec John Nettles,
Laura Howard, Jane Wymark (GB, 2006) U s.
22.15 et 1.50 Soir 3.
22.40 7 à voir. La relève.
Magazine. Invités : Benjamin Lancar, Lauriane
Deniaud, Marie Bové, Alain Dolium s.
0.01 Journal d’une fille perdue ppp
Film Georg Wilhelm Pabst. Avec Louise Brooks,
Josef Rovensky (All., 1929, muet, N., 130 min).
CANAL +
20.45 Rugby.
Championnat Top 14 (18e journée) :
Toulouse - Clermont-Auvergne. En direct.
22.35 L’Equipe du dimanche. Magazine.
23.40 Ramène tes fesses...
à Copenhague. Documentaire (40 min) s.
ARTE
20.45 L’Aventure humaine.
M6
Série. Cobayes. Après la guerre (saison 5, 19 et
20/23, inédit) U ; A toute vitesse U. Le Chemin
de croix V. Avec Michael Stahl-David (2008) s.
23.40 Afterlife. Série. Do l’enfant do V.
Dans la peau de l’autre U (S2, 3-4/8, 100 min) s.
Au dé
départ de Paris. by Air France : signé Air France.
20.35 Les Choristes
Film Neil LaBute. Avec Samuel L. Jackson,
Patrick Wilson (Etats-Unis, 2008) U s.
22.40 Kali. Série [1 à 3/3] U s.
23.55 Mes stars et moi
Film Laetitia Colombani. Avec Kad Merad,
Catherine Deneuve (France, 2008, 85 min) s.
20.40 Numb3rs.
airfrance.fr
FRANCE 2
20.50 Harcelés
Les Rois mages Sur les traces du mythe (2008).
21.35 Louise de Prusse. Documentaire.
22.30 Boum ! Film Alain Gsponer. Avec
Katja Riemann (All. - Suisse, 2006, 100 min) s.
Mercredi Jeudi
-5
1
Invités : Sylvie Vartan, Eddy Mitchell, Madness,
Garou, Collectif Métissé, Patrick Topaloff... s.
22.50 On n’est pas couché.
Invités : Chantal Jouanno, Nicolas Rey, Kamini,
Cristiana Reali et Pierre Cassignard... s.
1.25 L’Objet du scandale. Invités :
Catherine Breillat, Jacques Weber... (120 min) s.
Le Caire
CANADA Abondantes précipitations près des côtes occidentales
Lundi
On retrouvera un ciel souvent gris
sur la moitié nord de la France, ainsi
que de Rhône-Alpes au
Midi-Pyrénées et sur le Pays Basque
en passant par le Massif Central.
Quelques flocons tomberont parfois
sur ces régions. Des éclaircies se
développeront en revanche du Pays
Nantais au Bordelais et le mistral
nettoiera le ciel en Méditerranée.
D
Film Louis Leterrier et Corey Yuen. Avec Jason
Statham, Shu Qi, Matt Schulze (2002) U s.
22.30 Les Experts.
Série. Drôle d’endroit pour des rencontres.
Fou furieux (S7, 3 et 4/24) V ; Le Mystère
de la chambre forte (S3, 23/23, 145 min) U s.
20.35 Les Années bonheur.
Bucarest
Ankara
Séville
Occlusion
Lever 04h43
Coucher 13h01
Lever 08h42
Coucher 17h13
10Sofia
05
Lisbonne
Lisbonne
Front chaud
Ajaccio
80 km/h
Températures à l’aube 1 22 l’après-midi
Aujourd’hui
Anticyclone
Duel homme/femme. Jeu. Invités : Eve Angeli,
Dave, Christine Bravo, Catherine Laborde...
23.10 New York unité spéciale.
Série. Egoïste U. Enfants des rues V
(saison 10, 19/22, inédit ; saison 9, 11/19) s.
0.45 Affaires non classées.
Série. La Marque du diable [1 et 2/2] (saison 1,
3 et 4/8). Avec Amanda Burton (115 min) V s.
FRANCE 2
Odessa
D
Zagreb
Belgrade
Alger
En Europe
-1 3
TF 1
20.45 Le Transporteur p
Budapest
Madrid
Nice
Perpignan
St-Guillaume
Coeff. de marée 45
D
10
15
A
Montpellier
Kiev
Milan
Barcelone
Barcelone
-3 -1
-3 2
Biarritz
Dimanche10janvier
20.45 Le Grand Quiz du cerveau.
Munich Vienne
Berne 0
1010
Chamonix
1000
-8 -4
05
10
Bordeaux
Toulouse
15
10
101
Grenoble
10 km/h
Bruxelles
-5 -3
T
Moscou
Copenhague
Minsk
Amsterdam Berlin
Varsovie
Prague
Londres
-4 -2
-4 1
15 km/h
-4 -2
Dijon
Poitiers
Dublin
Strasbourg
Rennes
St-Pétersbourg
Riga
Edimbourg
1030
1025
Metz
1005
Helsinki
Oslo
Stockholm
1035
-3 -2
PARIS
-1 2
3
A
Châlonsen-champagne
-3 -1
1
www.meteonews.fr
-3 1
Caen
Les soirées télé
> 35°
Samedi9janvier
Amiens
Rouen
30 à 35°
Reykjavik
-2 0
45 km/h
25 à 30°
10.01.2010 12h TU
Lille
0 2
20 à 25°
En Europe
Dimanche 10 janvier 2010
Le froid persiste
Cherbourg
15 à 20°
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
ARTE
20.39 Thema. De la CIA à la NSA.
20.45 Les Trois Jours du Condor pp
Film Sydney Pollack. Avec Robert Redford, Faye
Dunaway, Cliff Robertson (Etats-Unis, 1975) s.
22.35 NSA, l’agence de l’ombre Documentaire s.
23.30 Sting. A Winter’s Night (GB, 2009).
0.30 La Lucarne.
Les Shawaks d’Anatolie (2008, v.o., 95 min).
M6
20.40 Zone interdite.
Comment vivre quand on a perdu la mémoire ? s.
22.45 Enquête exclusive.
Au cœur des urgences de nuit (80 min) U s.
Les jeux
Mots croisés n˚10-009
Sudoku n˚10-009
7
Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr
1
2
3
4
5
6
7
8
9
3
Solution du n˚10-008
1
9
10 1 1 12
I
1
2
7
8
II
7
III
3
IV
2
6
7
9
1
9
5
4
2
5
4
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8
3
9
1
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9
6
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1
5
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1
3
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9
4
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4
1
2
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3
4
1
9
4
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1
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5
9
2
3
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3
7
5
1
8
4
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2
6
6
1
9
2
3
7
8
4
5
8
4
2
5
9
6
1
7
3
Expert
Complétez toute la
grille avec des chiffres
allant de 1 à 9.
2
3
Chaque chiffre ne doit
être utilisé qu’une
6
9
5
seule fois par ligne,
par colonne et par
8
5
carré de neuf cases.
http://yangeorget.blogspot.com/2009/12/sudokus.html
V
VI
VII
VIII
IX
Euro Millions
X
Résultats du tirage du vendredi 8 janvier.
Horizontalement
I. Brève rencontre dans la
confusion. II. Pour obtenir un
maximum de liquide. Descend
des Grisons. III. Prépare le
chanvre. Vient du fond des fosses.
IV. Renforce les bordures. La
rousse est printanière.
V. Ouverture de gamme. Les
autres chez Jean-Paul. Dans
l’erreur. VI. Solitaire qui n’aime
pas rester seul. Suit le vu. Rend le
renvoi plus difficile. VII. Souple et
vif. Le ciel des poètes.
VIII. Homme d’étude. Négation.
IX. Au cou des belles Tahitiennes.
Dans les Alpes avant J.-C. X. Se
font souvent dans le désordre.
Verticalement
1. Un tube qui peut faire des
succès. 2. Protection en surface.
Descend du Jura. 3. Bonne fortune
d’hier. Pour refermer. 4. Refuge.
Assura les affaires. 5. Leur place
est à la cuisine. 6. Au service des
travailleurs… en principe.
Annonce sur le tapis. 7. Fait la tête.
Irlande des poètes. 8. Saleté. Entre
en résistance. 9. Peut dire
n’importe quoi. A perdu sa
fraîcheur. 10. Fait passer un bon
moment. Fermez aux bouts.
En tenue. 11. Ouvre la porte
des cabinets. Assure le
rapprochement. 12. Chargées
à l’intérieur.
Philippe Dupuis
Solution du n° 10 - 008
Horizontalement
I. Lance-pierres. II. Epeires. Eole.
III. Ipomée. Ségur. IV. Tune. RTT.
NEP. V. Mi. Naguère. VI. Etayera.
An. VII. Tige. Nuement. VIII. IV.
Rets. Puni. IX. Vagir. Eue. En.
X. Enregistrées.
Verticalement
1. Leitmotive. 2. Appui. Ivan.
3. Néon. Eg. Gr. 4. Cimenterie.
5. Ere. Aa. Erg. 6. Peer Gynt.
7. Is. Tueuses. 8. Stère. Ut. 9. Rée.
Ramper. 10. Rogne. Eu. 11. Elue.
Année. 12. Serpentins.
4, 5, 14, 44, 46, 8 e et 9 e
Rapports : 5 numéros et e e : pas de gagnant ;
5 numéros et e : 840 125 ,40 ¤; 5 numéros : 158 942,60 ¤ ;
4 numéros et e e : 8 962 ,90 ¤ ; 4 numéros et e : 325,50 ¤ ;
4 numéros : 145,50 ¤ ;
3 numéros et e e : 107,10 ¤ ; 3 numéros et e : 31,20 ¤ ;
3 numéros : 17,80 ¤ ;
2 numéros et e e : 32,70 ¤ ; 2 numéros et e : 9,80 ¤ ;
1 numéro et e e : 14,10 ¤.
Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi. Tous les jours Mots croisés
et sudoku ; Samedi daté dimanche-lundi Echecs
Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13
Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ;
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Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ;
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Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60
Echecs n˚218
NOSTALGIE
Le match entre Boris Spassky et
Viktor Kortchnoï, qui s’est déroulé
en décembre à Elista (Russie), a
ravivé de glorieux souvenirs. Ces
deux joueurs ont représenté des
figures incontournables de l’« âge
d’or » des échecs. Originaires de
Leningrad (aujourd’hui SaintPétersbourg), ces deux joueurs
ont rapidement gravi les échelons
de la formidable hiérarchie échiquéenne de l’Union soviétique, au
point de faire partie des meilleurs
joueurs de leur pays (et donc du
monde), dès le milieu des années
1950. Leur match en finale des prétendants au titre mondial à Belgrade en 1977 fut l’un des duels les
plus dramatiques de l’histoire du
jeu. Cette rencontre fut notamment le théâtre d’une célèbre anecdote. En milieu de match, alors
qu’il était largement mené après
un départ calamiteux, Spassky
prit une curieuse habitude. Au
lieu de rester sur scène comme
cela était la coutume, il s’assit
dans la salle parmi les spectateurs,
suivant sa propre partie depuis
l’échiquier de démonstration.
Il ne revenait faire face à
Kortchnoï que pour jouer ses
coups, avant de retourner s’asseoir dans le public. Désarçonné
par ce comportement, Kortchnoï
perdit plusieurs parties d’affilée
avant de demander un time-out
pour raisons médicales, arguant
non sans humour qu’il avait des
problèmes de vision, car il ne
voyait plus son adversaire.
Kortchnoï remporta finalement
ce match, qui le qualifia pour le
championnat du monde de 1978
contre Anatoli Karpov. Trentedeux ans plus tard, les anciens
rivaux se retrouvaient pour un
match amical en huit parties.
Kortchnoï, toujours aussi alerte à
78 ans, fut le premier à ouvrir le
score dès l’entame du match.
Spassky égalisa lors de la partie suivante. Kortchnoï-Spassky, Elista
(5e partie), 2009 : 1. c4, e5 ; 2. Cc3,
Cc6 ; 3. Cf3, Cf6 ; 4. a3, d5 ; 5. c×d5,
C×d5 ; 6. Dc2, Fe7 ; 7. e3, a6 ; 8. Fc4,
Cb6 ; 9. Fd3 (une conception originale, mais qui sera magistralement réfutée par Spassky), Dd7! ;
10. b3? (ne voyant pas venir le danger, Kortchnoï poursuit son développement. Il était encore temps
de battre en retraite par 10. Fe2, f5 ;
11. d3), f5 ; 11. e4, g5!! (la superbe
pointe du jeu noir); 12. e×f5, g4 ; 13.
C×e5 (un sacrifice désespéré, mais
l’alternative13. Cg1, Cd4 n’était guère meilleure), C×e5 (en trois coups
brillants, Spassky a obtenu une
position gagnante); 14. Fe4, Cc6 ;
15. Ce2, Ff6 ; 16. Tb1, Dd6 ; 17. h3,
g×h3 ; 18. T×h3, Fd7 ; 19. Td3, Df8 ;
20. F×c6, F×c6 ; 21. Te3+, Rd7 ; 22.
Fb2, Cd5 ; 23. Dd3, F×b2 ; 24. T×b2,
D×a3 ; 25. Tc2, Tae8 ; 26. Dd4, Rc8,
et les Blancs abandonnèrent.
Après une victoire supplémentaire de chaque côté, la rencontre
s’acheva finalement sur le score
équitable de 4 points partout.
Problème n˚218 (problème de
Vilner [1925] et Tkatchenko
[2009]) : les Blancs jouent et font
mat en trois coups ***.
8
7
6
5
4
3
2
1
a b c d e f g h
Solution du problème n˚217 :
1. F×g6+!, et les Noirs abandonnèrent, puisque, après 1. …, R×g6 ; 2.
D×c2, la tour noire en e4 est clouée.
Joël Lautier
Carnet 27
0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
AU CARNET DU «MONDE»
Décès
Elisabeth Elefant-Amoura,
son épouse,
Agathe, Elvire et Lise,
ses filles,
Zahra Amoura,
sa mère,
Hadi, Zahia, Youcef, Zahir, Lila,
Saïd et Larbi,
ses frères et ses sœurs,
Toute sa famille
Et ses amis,
ont l’immense chagrin de faire part
du décès de
Aïssa AMOURA,
le samedi 2 janvier 2010,
à l’âge de cinquante-deux ans.
L’inhumation aura lieu lundi 11 janvier,
à 14 h 45, au cimetière du Montparnasse,
3, boulevard Edgard Quinet, Paris 14e.
Ceux qui le souhaitent pourront apporter
quelques fleurs blanches.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Madeleine Arthuys,
son épouse,
Sophie, Bertrand,
ses enfants,
Joachim, Ruben, Thomas, Simon, Clara,
Julie, Léo, Paul,
ses petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès de
Philippe ARTHUYS,
survenu le 6 janvier 2010.
Une cérémonie aura lieu à PonlatTaillebourg en Haute-Garonne, en la
chapelle Saint-Jean, suivie de l’inhumation
au cimetière, le lundi 11 janvier,
à 11 heures.
Cet avis tient lieu de faire-part.
Saint-Martin de Castillon. Apt. Paris.
Mme Jacques Bruant
Et ses enfants
font part du décès de
M. Jacques BRUANT,
directeur des Cours Bruant-Pollès,
à Paris de 1963 à 1996.
survenu le 12 décembre 2009,
en Avignon.
Mme Jean Carlen,
née Geneviève Helmer,
Mme Liliane Carlen-Chevrou,
M. Patrice Carlen-Helmer,
et leurs conjoints, Christian et Laurence,
leurs petits-enfants et enfants,
Agnès, Sabine, Jérôme, Thomas
et Astrid
Ainsi que toute leur famille,
font part de la disparition de
M. Jean CARLEN,
ancien chef des Services artistiques
de FR3 à Lyon,
survenue le 6 janvier 2010,
jour de l’Epiphanie,
dans sa quatre-vingt-dixième année.
La cérémonie religieuse sera célébrée le
lundi 11 janvier, à 15 h 30, en la chapelle
du cimetière Saint-Jean à Mandelieu,
suivie de l’inhumation.
La famille remercie celles et ceux qui
pourront ou souhaiteront s’associer à son
espérance.
Cet avis tient lieu de faire-part et de
remerciements.
Gilles et Marie-Claude Charaire,
Claude et Philippe Charaire Goubaux,
ont la tristesse de faire part du décès de
Mme Véronique CHARAIRE,
née KOVACS,
survenu en son domicile,
le 30 décembre 2009.
La cérémonie religieuse a été célébrée
le mercredi 6 janvier 2010, en l’église
Saint-Germain-des-Prés, Paris 6e, suivie
de l’inhumation au cimetière du
Montparnasse, Paris 14e.
126, quai Louis Blériot,
75016 Paris.
Mme René DEVILLER
née Andrée PICQUET,
veuve en première noce du
capitaine Robert BATTISTELLI,
s’est éteinte le 8 janvier 2010, à Paris,
à presque cent deux ans.
La célébration d’Adieu aura lieu le
mardi 12 janvier, à 14 h 30, à Notre-Dame
de l’Assomption, Paris 16e (métro Ranelagh).
Geneviève (†) et Louis (†) Roule,
Jean et Marie-Renée Deviller,
Jacques et Nicole Deviller,
Marie-Dominique et Félix Martin
et leurs familles,
Les familles Picquet, Théry
et Battistelli.
[email protected]
Laurent et Hélène Ryckelynck,
son fils et sa belle-fille,
Eva et Léa Ryckelynck,
ses petites-filles,
Lionel et Sylvie Chouchan,
Anne Chouchan, Denise Daubresse,
son frère et ses belles-sœurs,
Jérôme et Massako Chouchan,
Laure Chouchan,
Olivia et Andrea Calamai,
Thomas et Marie-Anne Chouchan,
ses neveux et nièces,
Françoise et Jean-Louis Baril,
Renaud et Martine Ryckelynck,
Isabelle Carnoy,
ses beaux-enfants et leurs conjoints,
Les familles Chouchan, Piermont,
Ryckelynck, Baril, Carnoy,
Ses amis,
Bertrand Weil,
son frère,
Françoise Klotz,
sa belle-sœur,
Rémi et Danièle,
Chantal et Alain,
Didier et Véra,
ses enfants,
Tous ses petits-enfants, arrière-petitsenfants, neveux et nièces,
ont la tristesse de faire part du décès de
Anne Marie KLOTZ,
née WEIL,
survenu le mercredi 6 janvier 2010.
Les obsèques auront lieu dans l’intimité
familiale.
ont la tristesse de faire part du décès de
Simone SOUCHI,
épouse RYCKELYNCK,
résistante,
créatrice d’entreprise, artiste,
le 6 janvier 2010,
dans sa quatre-vingt-septième année.
Ceux qui le souhaitent pourront lui
rendre un hommage au crématorium du
cimetière du Père-Lachaise, salle de la
Coupole, Paris 20e, entrée Gambetta, le
mardi 12 janvier, à 14 h 10.
Gustave Girardot
a la douleur de faire part du décès de son
compagnon
Jean-Antoine CLEMENTE,
survenu à Nice, le 3 janvier 2010.
Né à Barcelone le 8 décembre 1920,
enfant de la République espagnole qui
l’avait mobilisé avec la classe dite
« Biberon » en 1937, blessé sur le front de
l’Ebre, réfugié en France et interné au
camp de Barcarès en février 1939, puis
« résident privilégié », participe à la
résistance dans le Var et au débarquement
de Provence et enfin, naturalisé français en
1970 et Pacsé dès décembre 1999, il était
toujours resté fidèle aux idéaux de cette
République tout en soutenant les luttes tant
pour l’égalité sociale que pour la libération
sexuelle.
« Verde que te quiero verde »
Romancero Gitano.
Federico Garcia-Lorca.
Après l’incinération opérée le lundi
11 janvier, dans la plus stricte intimité, ses
cendres seront, selon ses volontés,
répandues dans la Méditerranée « Mare
Nostrum ».
191, rue Saint Charles,
75015 Paris.
47 ter, rue du Maréchal Joffre,
06000 Nice.
Verrières-le-Buisson (Essonne).
Cécile, Jacques, Danielle Fournier
et leurs conjoints,
Gabriel, Diane, Nicolas et Héloïse,
ses enfants et ses petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès de
M. Paul FOURNIER,
survenu le jeudi 31 décembre 2009,
à l’âge de quatre-vingt-sept ans.
Selon ses souhaits, les obsèques ont eu
lieu dans l’intimité familiale.
6, avenue du Général Leclerc,
91370 Verrières-le-Buisson.
Marylise Lebranchu,
députée,
Liliane Guevel,
Françoise Garnier,
Thomas Puijalon,
Mathilde Casteran,
sont profondément tristes de faire part du
décès accidentel de
Rennes. Paris.
Jacqueline Le Nail,
son épouse,
Mari, Donasian et Aziliz,
ses enfants,
Pierre et Marie-Madeleine Le Nail,
ses parents,
Elisabeth et Bertrand Cavalier,
Françoise et Emmanuel Hedde,
Denis et Isabelle Le Nail,
Jean-Marie et Claire Le Nail,
Pierre et Marie-Joseph Hérault,
ses beaux-parents,
Christine et Jean-Pierre Hérault,
Marie-Claude et Bruno Reucheron,
Sylvie et Christophe Hérault
Et tous ses neveux et nièces,
petits-neveux et petites-nièces,
recommandent à votre prière
Bernard LE NAIL,
HEC 70,
secrétaire général
du CELIB (1979 - 1983),
directeur de l’Institut culturel de Bretagne
(1983 - 2000),
éditeur (Les Portes du large,
depuis 2001),
décédé le 5 janvier 2010,
à l’âge de soixante-trois ans.
Les obsèques ont été célébrées le
vendredi 8 janvier, à 14 heures, en l’église
Saint-Clément (Rennes, quartier
Cleunay).
La famille remercie le personnel
hospitalier des services d’urgence et de
réanimation chirurgicale de Pontchaillou
(Rennes).
Marie Renée LE GRAND,
nous a quittés le 31 décembre 2009,
au Caire.
Elle participait à la Marche pour la
liberté et la paix à Gaza.
Molitg-les-Bains. Levallois-Perret.
Philippe Leroux,
son fils,
Sylvie Leroux-Triail,
sa belle-fille,
Angéline, Cyprien, Agathe,
ses petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès de
Marcel LEROUX,
survenu le 3 janvier 2010,
à l’âge de quatre-vingt-cinq ans.
Il repose en paix auprès de son épouse,
Geneviève.
Les obsèques ont eu lieu le 8 janvier,
suivies de l’inhumation au cimetière de
Molitg-les-Bains.
18, carrer d’Amunt,
66500 Molitg-les-Bains.
Notre globe-trotter
Michel Pierre ROUSSEAU,
kinésithérapeute,
géographe et historien,
leur collaborateur, collègue et ancien
collègue, à l’âge de trente-deux ans.
nous a quittés soudainement à l’âge de
soixante ans, le 5 janvier 2010, pour un
long voyage. Il sera dans nos cœurs
et pensées pour toujours.
Grenoble.
Anne,
son épouse,
Marie-Odile, Laurence, Hélène,
Olivier,
ses enfants,
Ses petits-enfants,
Sylvie, Roland, Béatrice,
ses beaux-enfants
et leurs enfants,
Mme Simone Chappellon,
sa sœur,
ont la douleur de faire part du décès du
docteur Robert HUGONOT,
professeur à l’université de médecine,
officier de la Légion d’honneur,
commandeur dans l’ordre
du Ouissam Alaouite,
à l’âge de quatre-vingt-sept ans.
ont la tristesse de faire part du décès,
à l’âge de cinquante-huit ans, du
docteur Dominique MEYNIEL,
praticien responsable
du pôle urgences et médecine
de l’hôpital Tenon,
chevalier de la Légion d’honneur.
Urgentiste passionné, il a contribué par
son action tant au sein de l’AP-HP qu’au
niveau national à la profonde modernisation
des urgences hospitalières.
Admirable médecin, il était pour tous
un exemple d’humanisme, d’ouverture aux
autres, de générosité, de créativité, de
capacité à rendre les relations humaines
chaleureuses et constructives, amenant
chacun à donner le meilleur de soi-même
au service des malades.
Ils expriment leurs vives condoléances
Le président de l’université Paris
Descartes,
Le doyen de la Faculté de médecine,
L’ensemble de la Communauté
médicale,
ont la tristesse de faire part du décès,
le 22 décembre 2009, de
Michel PAILLARD,
professeur de physiologie,
ancien doyen de la Faculté de médecine
Broussais - Hôtel Dieu,
ancien chef de service des explorations
fonctionnelles de l’hôpital européen
Georges Pompidou.
Ils expriment leurs sincères
condoléances à sa famille et à ses proches.
A Jeanne Moreau.
Je suis mort hier.
Votre souvenir m’accompagne
réchauffe mon cœur désemparé.
A vous pour l’éternité,
psychologue - psychanalyste,
ancienne syndicaliste agricole,
Hervé LE BORGNE,
Les obsèques civiles auront lieu le lundi
11 janvier 2010, à 15 heures, en la salle
municipale de Ploujean, à Morlaix
(Finistère).
Le président du conseil d’administration
de l’Assistance publique-Hôpitaux
de Paris,
Le directeur général
de l’Assistance publique-Hôpitaux
de Paris,
Le président de la Commission médicale
d’établissement de l’Assistance publiqueHôpitaux de Paris
Et toute la communauté hospitalière
de l’Assistance publique-Hôpitaux de
Paris,
Marina,
son épouse,
Jeannine,
sa sœur,
Daniel,
leurs enfants et petits-enfants,
Idir,
son fils spirituel,
Brigitte
et leurs enfants,
Roulla, Hassan
et leur fils,
Andreas, Koulla
et leur fils,
Georgina, Kypros
et leurs enfants,
Toute sa famille
Et amis d’ici et d’ailleurs.
La cérémonie religieuse sera célébrée le
lundi 11 janvier, à 14 h 30, en la chapelle
de « Ma Maison », les Petites Sœurs des
Pauvres, 10, rue Gandolière, Lyon 3 e,
suivie de l’incinération à 16 heures, au
crématorium de la Guillotière, 177, avenue
Berthelot, Lyon 7e.
David SARKISYAN.
Les amis
Et les collègues de
David SARKISYAN,
directeur du musée d’architecture
de Moscou,
ont la douleur de faire part de son décès
survenu le 7 janvier 2010, à Munich.
me
M Philippe Séguin,
son épouse,
Patrick Séguin et Sandrine Nunez,
Catherine Séguin
et Pierre-François Decouflé,
Pierre et Claire Séguin,
Anne-Laure Séguin,
ses enfants et leurs conjoints,
Alexandre, Héloïse, Adrien, Juliette,
Aurélien et Pauline,
ses petits-enfants,
M. Dominique Pasqualini
et Mme Abigaïl Lang,
M. et Mme Frédéric Pasqualini,
ses frères et belles-sœurs,
Mme Bernadette Hauradou,
sa tante
Et toute sa famille,
ont la tristesse de faire part du décès de
M. Philippe SÉGUIN,
Premier président
de la Cour des comptes,
ancien ministre,
ancien président
de l’Assemblée nationale française,
ancien député des Vosges,
ancien maire d’Épinal,
grand croix
de l’ordre national du Mérite.
La cérémonie religieuse sera célébrée
le lundi 11 janvier 2010, à 15 heures, en
la cathédrale Saint-Louis-des-Invalides,
Paris 7e.
L’inhumation aura lieu au cimetière
de Bagnols-en-Forêt (Var), dans l’intimité
familiale.
Juan Somavia,
directeur général
du Bureau international du travail,
Jean-François Trogrlic,
directeur du Bureau de l’OIT en France,
Les memebres du personnel,
ont appris avec grande tristesse la
disparition de
Philippe SÉGUIN,
ancien représentant
du Gouvernement français
au conseil d’administration du BIT,
président du conseil d’administration
de 2004 à 2005,
La cérémonie religieuse sera célébrée le
mardi 12 janvier 2010, à 10 h 30, en
l’église Saint-Louis de Grenoble, suivie de
la crémation dans l’intimité familiale.
Ni fleurs ni couronnes mais plutôt vos
dons seront versés aux Petites Sœurs des
Pauvres, à l’association RETINA France
et au Centre de la lutte contre le cancer
Léon Bérard.
décédé le 7 janvier 2010.
Un recueil de dons sera disponible au
profit de l’association PHARES.
Dans l’attente de la cérémonie, il repose
à l’hôpital Edouard Herriot, à Lyon 3e.
Ils présentent à sa famille et à ses
proches leurs sincères condoléances.
Les membres fondateurs,
Le Bureau
Et les adhérents
du Club Valmy,
rassemblé autour des valeurs qu’il portait,
ont la grande tristesse de faire part de la
disparition de
Philippe SÉGUIN,
Premier président
de la Cour des comptes,
ancien ministre,
ancien président
de l’Assemblée nationale.
Ils s’associent à la peine de sa famille
et de ses proches et leur présentent leurs
profondes condoléances.
Le conseil d’administration
de l’association d’amitié
« Comité France-Turquie »
a le très grand regret de faire part du décès
de son président d’honneur
Philippe SÉGUIN,
admirateur
de Mustafa Kemal Atatürk
et grand ami de la Turquie.
Marc Bernardin,
président.
(Le Monde du 9 janvier.)
Marie-Danièle Wanecq,
son épouse,
Jean et Gertraud Wanecq,
son frère et sa belle-sœur,
Jean-Louis et Martine Wanecq,
Henri et Virginie Wanecq,
François et Marguerite Wanecq,
ses fils et belles-filles,
Perrine Wanecq et Matthieu Bergon,
Matthieu et Rosa Wanecq,
Thomas, Florent et Adrien Wanecq,
Caroline et Benoit Pailloux,
Charles-Antoine et Camille Wanecq,
Justin et Joséphine Wanecq,
ses petits-enfants,
Lou, Emma, Prune,
ses arrière-petites-filles,
Alexandre et Florence Laurent,
Stéphane et Sophie Laurent,
Raphaële et Philip Roffey,
ses beaux-enfants
et leurs enfants,
Valentin et Oscar Laurent,
Romain, Arthur et Annabelle Laurent,
Constant, Clémence et William Roffey,
Anne Waton,
son épouse,
Eric Waton
et Kevin Waton et sa mère,
ses fils,
Nicholas et David,
ses petits-fils,
André, Nathalie et Esther Castagné,
ont la tristesse de faire part de la disparition
de
Christian WATON,
écrivain, scénariste, dialoguiste,
survenue le 5 janvier 2010,
dans sa quatre-vingt-deuxième année.
Une bénédiction sera donnée en
l’église Notre-Dame d’Auteuil, le lundi
11 janvier, à 10 h 30.
L’inhumation se fera au cimetière
Saint-Lazare, à Montpellier, le mardi
12 janvier, à 14 h 30.
135, rue de Sèvres,
75006 Paris.
4, rue Aubriot
75004 Paris.
21, rue Pierre Guérin,
75016 Paris.
Nantes.
Le docteur Samuel Zupnik,
son époux,
David et Myriam,
ses enfants,
Hannah,
sa petite-fille adorée,
ont l’immense tristesse de faire part du
décès de
Agnès Chantal ZUPNIK,
née REYMINGER,
survenu le 7 janvier 2010,
à l’âge de soixante-dix ans.
Un dernier hommage lui sera rendu
le jeudi 14 janvier, à 14 h 45, au
crématorium du cimetière-parc de Nantes.
Cet avis tient lieu de faire-part
et de remerciements.
Anniversaires de décès
Il y a dix-sept ans,
Xavier CORMENIER
nous quittait.
Les familles Fournier, Duflocq,
Gauthier, Le Guay, Parayre, Chaufour,
Jauny, Pellissier,
ses beaux-frères
et belles-sœurs
Et toute la famille,
Avec celui que nous aimons
nous avons cessé de parler
et ce n’est pas le silence.
Gérard Lavergne.
ont la douleur de faire part du décès de
M. Claude WANECQ,
architecte DPLG honoraire,
survenu le 6 janvier 2010,
dans sa quatre-vingt-neuvième année.
La cérémonie religieuse sera célébrée
le lundi 11 janvier, à 14 h 30, en l’église
Saint-Pierre, 90, avenue du Roule,
à Neuilly-sur-Seine.
Cet avis tient lieu de faire-part.
3, rue Edouard Nortier,
92200 Neuilly-sur-Seine.
Elias HARRUS,
10 janvier 2008 - 10 janvier 2010.
La douleur de l’absence.
La douceur du réconfort :
Il nous accompagne au quotidien.
« Le vrai tombeau des morts
c’est le cœur des vivants ».
Sarita,
sa femme,
Ses petits-enfants,
Ses arrière-petits-enfants,
Sa famille.
28 0123
Dimanche 10 - Lundi 11 janvier 2010
La France a peur,
la France épargne
Economie
Pierre-Antoine Delhommais
A
u-delà de la chance unique que
représente le fait de pouvoir décrire
en direct un événement historique,
il y a, pour les journalistes économiques,
depuis le début de la crise des subprimes,
une satisfaction toute particulière. Presque un petit goût de revanche. C’est d’être
(mieux/enfin?) considérés par leurs
confrères travaillant dans des domaines
autrement plus nobles et prestigieux. Les
relations internationales sont essentielles,
bien sûr, tout est naturellement politique,
tout est probablement écologique, mais,
sûrement et définitivement, tout est économique. A commencer par les préoccupations des citoyens. Américains, Chinois,
Russes, Espagnols, Allemands, Grecs, Islandais, Dubaïotes, pour tous, c’est ça aussi la
mondialisation, le podium des tracas est le
même. En un l’économie, en deux l’économie et en trois l’économie.
Les Français ne font pas exception. Leur
première inquiétude, pour 2010, selon un
sondage Harris Interactive pour RTL : la
dégradation du marché de l’emploi (69 %),
contre 33 % pour les conséquences du
réchauffement climatique et 18 % pour la
menace terroriste. Leurs raisons d’espérer ? La reprise économique (64 %) – pauvres Français, qui n’ont pas encore été touchés par la grâce de la décroissance –, puis
la hausse du pouvoir d’achat (57 %) – ,pauvres Français, qui n’ont toujours pas compris que consommer c’est pécher. Loin,
loin derrière, la prise de conscience des
enjeux écologiques, avant une hypothétique victoire de la France à la Coupe du
monde de football.
Billet Robert Solé
Génie français
On peut voir dans cette hiérarchie la
confirmation déprimante que l’intérêt personnel l’emporte sur l’intérêt collectif ou
au contraire le signe encourageant, comme diraient les Anglais, que l’église est
remise au milieu du village.
Au final, les Français se disent en majorité optimistes (60 %) pour 2010. Optimistes, mais précautionneux. En 2009, le
taux d’épargne des ménages a progressé
de 2 points, pour atteindre 17% des revenus, un niveau qu’on n’avait plus vu
depuis 1983. Preuve supplémentaire de cette prudence, ce sont des placements extrêmement sûrs que les Français plébiscitent
(Livret A et assurance-vie).
Première explication, la peur du chômage, qui incite à mettre de l’argent de côté
en prévision d’un éventuel coup dur.
Deuxième piste – plus polémique –, l’envolée de la dette publique, qui pourrait être à
l’origine de cette épargne de précaution,
phénomène connu, en science économique, sous le nom d’effet Ricardo-Barro.
C’est en 1974 que l’économiste américain
Robert Barro publie dans Journal of Political Economy un article qui va faire du
bruit: « Are Government Bonds Net
Wealth? » Une offensive en règle contre
l’activisme budgétaire keynésien, qui prétend stimuler les dépenses privées en creusant les déficits budgétaires.
Voilà, en (très) résumé, ce que dit Barro,
qui reprend un thème esquissé par David
Ricardo au début du XIXe siècle : les agents
économiques, rationnels, anticipent que
les dépenses publiques financées par l’em-
prunt nécessiteront tôt ou tard des hausses d’impôts. En conséquence, au lieu de
consommer, ils augmentent leur épargne
pour qu’eux-mêmes ou leurs enfants
(c’est l’altruisme intergénérationnel) puissent payer ces futurs impôts. Dans ces
conditions, les efforts du gouvernement
pour doper les dépenses des ménages par
l’emprunt sont neutralisés et les relances
keynésiennes vouées à l’échec. La dette
publique ne peut permettre un accroissement de la richesse privée, elle ne peut
avoir aucun effet positif sur la croissance.
Depuis que ce théorème a été énoncé il
Les agents économiques,
rationnels, anticipent
que les dépenses publiques
financées par l’emprunt
nécessiteront tôt ou tard
des hausses d’impôts
y a trente-six ans, controverses théoriques
et évaluations empiriques contradictoires
n’ont pas cessé. Avec la crise des subprimes et son caractère extrême, on va peutêtre enfin en savoir plus sur sa validité.
En attendant, l’épargne augmente un
peu partout dans les pays industrialisés.
Aux Etats-Unis, son taux est passé de 0 %,
au moment de la faillite de Lehman Brothers, à 7 %, son plus haut niveau depuis
quinze ans. Au Royaume-Uni, en un an, il a
bondi, sautant d’un taux négatif à près de
APRÈS “L’ÎLE” LE NOUVEAU FILM DE PAVEL
6 %. Les Français se situent donc nettement au-dessus – même s’ils sont loin des
Chinois (près de 50 %), obligés de mettre
de l’argent de côté pour tout; leurs dépenses de santé, leurs retraites, etc.
De quoi nourrir l’idée reçue d’une
exception française en matière d’épargne,
d’une France économe et prévoyante au
milieu d’un monde inconséquent vivant à
crédit. Idée certes plaisante, mais qui a l’inconvénient de ne pas vraiment se vérifier
sur une longue période. La France est en
ligne avec les autres grands pays, ses habitants ne sont pas plus fourmis ou cigales
que les Allemands ou les Italiens.
Mais le mythe d’une France du bas de
laine a la vie dure. Il est vrai qu’il a été
entretenu dans les manuels scolaires,
notamment au travers d’une figure symbolique: celle de Sully, « mythe de l’épargnant modèle», selon l’expression de l’historien Laurent Avezou, avec ses avatars
contemporains (Pinay, Balladur). Consécration posthume, le surintendant des finances d’Henri IV prêtera même, en 1939, son
effigie à un billet de banque de 100 francs.
Michelet, pourtant, avait observé que
Sully fut avant tout un homme d’affaires
modèle, «un restaurateur admirable de la
fortune publique [qui] avait une attention
extrême à la sienne. Non qu’il ait volé. Mais
il se fit donner beaucoup » . Bien avant
Ricardo et Barro, Sully avait compris les
liens très étroits entre finances publiques,
épargne et création de richesses privées.p
Courriel : [email protected]
LOUNGUINE
CRÉDITS NON CONTRACTUELS - © ALEXANDRA MOROZOVA
SI UN PRIX NOBEL de bureaucratie existait, la France n’aurait aucun
mal à le décrocher, grâce à l’invention du double trait d’union.
L’histoire est très simple. Depuis le 1er janvier 2005, les parents peuvent donner à leurs enfants soit le nom du père, soit celui de la mère,
soit les deux. Mais ce nom composé ne peut être transmis à la génération suivante, contrairement à des patronymes établis, comme JoliotCurie ou Ledru-Rollin. Alors, pour éviter la confusion – et c’est là que
le génie français se manifeste – une circulaire a imposé, sur les registres d’état civil, un double trait d’union aux bénéficiaires de la loi.
Par exemple Dupont--Durand. Trouvant la chose grotesque, des
parents ont saisi la justice. Celle-ci a mis cinq ans pour leur donner
raison : on va finalement tirer un trait sur le double tiret.
Nos nobélisables avaient-ils besoin d’inventer un nouveau signe de
ponctuation ? La langue française n’en manque pas. Chaque famille
aurait pu choisir le plus adapté à sa situation : Dupont & Durand
pour les couples très unis, Dupont ? Durand pour les indécis,
Dupont@Durand pour les branchés et, bien sûr, Dupont = Durand
pour les défenseurs de la parité. p
Le livre du jour
Je veux être président!
CEUX qui ont côtoyé Jean-François
Copé durant ses années lycée et
grande école se souviennent d’un
élève « un peu fayot », empressé à
lever la main et à vouloir participer, et qui agaçait pas mal de monde avec sa prétention à vouloir
devenir président de la République. Cette ambition dévorante,
quasi obsessionnelle, ne l’a pas
quitté. «Je n’ai jamais eu de problème de grosse tête, confie-t-il aux
auteurs de Copé, l’homme pressé.
Elle était grosse dès le départ.»
Le portrait que dressent Solenn de
Royer et Frédéric Dumoulin, journalistes respectivement à La Croix
et à l’AFP, du député de Seine-et-
Copé, l’homme pressé
Solenn de Royer
et Frédéric Dumoulin
L’Archipel, 352 p., 19,95 €
Marne, président du groupe UMP
de l’Assemblée nationale, maire de
Meaux, président de la communauté d’agglomération du pays de
Meaux, membre du bureau politique de l’UMP, secrétaire départemental de la fédération UMP de
Seine-et-Marne, président-fondateur des clubs Generationfrance.fr
et avocat dans le puissant et prestigieux cabinet Gide-Loyrette-Nouel
est fidèle, soigné, précis, complexe.
A l’image de leur sujet.
Aucun des aspects les plus controversés du personnage n’est éludé,
à commencer, justement, par le ris-
que de mélange des genres entre
ces diverses activités, ainsi que son
rapport à l’argent, qui peuvent prêter le flanc à la critique sur les
plans de la morale et de l’éthique.
«Gagner de l’argent, c’est un sujet
tabou en France, s’insurge M. Copé.
Mais réussir, ça veut dire gagner de
l’argent et en être fier. Il faut être
capable de parler de tous ces sujets
sans états d’âme. »
Sans pour autant aller jusqu’à mettre sur la place publique ses revenus, que les auteurs évaluent à
30000 euros mensuels. Plus que
le président de la République.
C’est un des traits de caractère qui,
au fond, rapprochent le patron des
députés UMP de celui auquel il
aspire à succéder. Entre les deux
hommes, en effet, si l’inimitié est
réelle, les analogies sont profondes. Ce côté décomplexé – «j’assume» –, cette capacité à rebondir
après les échecs ou les faux pas, cette manière très « pro » de faire de la
politique, à l’américaine.
« JFC» a observé dans les moindres
détails tout ce qui a permis à Nicolas Sarkozy d’asseoir sa victoire, il
en a assimilé les ressorts. Et c’est
avec le même souci d’organisation
méthodique qu’il s’applique à en
reproduire les mécanismes en vue
de 2017, ou… qui sait ? Il veut être
prêt à toutes les hypothèses, se rendre incontournable dans tous les
cas de figure, quel que soit le scénario. Toujours prêt, au cas où.p
Patrick Roger
pTirage du Monde daté samedi 9 janvier 2010 : 439 435 exemplaires.
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Nos abonnés et PAD trouveront avec ce numéro le cahier « TéléVisions ».
PIOTR MAMONOV
OLEG IANKOVSKI
TSAR, UNE ŒUVRE GRANDIOSE
LE POINT
UNE FRESQUE SPECTACULAIRE TÉLÉRAMA
LOUNGUINE, STAR DE TOUTES LES RUSSIES LE NOUVEL OBSERVATEUR
BAROQUE, ARDENT, D’UNE ENVERGURE SAISISSANTE PREMIÈRE ###
UN FILM PUISSANT ET MAGISTRAL LE FIGARO
FLAMBOYANT, BRULANT COMME LA GLACE, INOUI STUDIO CINÉLIVE ###
LE 13 JANVIER